Edgar ne s'était pas attendu à former avec Timothy les couleurs de Poufsouffle, mais il fallait avouer que ce qu'il avait cru être une blague de la part du brun... n'en était pas une. Timothy portait un costume jaune poussin. Bon, oui, ce n'était pas une robe de sorcier ridicule, mais... Comment expliquer ? Edgar avait eu un long temps d'arrêt en découvrant son charmant cavalier dans cette tenue. Avant de se laisser aller à sourire, après tout il aimait être vu, même si là, avec Timothy, il aurait apprécié un peu plus d'intimité. Mais il allait faire avec, profiter de ce superbe jaune pour illuminer sa soirée.

Lui était vêtu d'une tenue moldu, aussi, mais noire et très simple, le genre acheté en friperie mais encore en bon état. Il avait passé un très long moment à essayer d'arranger ses cheveux, sa cravate - mal mise - et tout ce qu'il était possible de modifier pour être sur son trente-et-un. Parce qu'il fallait dire qu'il y tenait à être beau ce soir, ne demandez pas pourquoi.

Enfin, formant les couleurs de la maison de Timothy ils sont descendus jusqu'à la grande salle pour prendre le portoloin et atterrir dans la chambre des secrets. Sur le chemin Ed n'avait pas osé prendre la main de Timothy, mais si celui-ci l'avait fait, il ne l'aurait pas lâché tout du long, "oubliant" le sens que ça aurait pu avoir...

-Hé bien, c'est... Bien plus surprenant que ce que racontait le livre, dit-il après quelques pas dans la salle, le regard posé sur l'énorme statue de Salazar.

Edgar observait la salle avec grand intérêt, la décoration n'avait jamais fait parti des choses auxquelles il faisait vraiment attention, mais aujourd'hui ça semblait capital de savoir comment ils avaient fait rentrer cette boule à facettes dans la bouche du sorcier de pierre.

Il ne remarqua donc pas que Timothy sortait enfin sa main de sa poche avec quelque chose entre ses doigts, et même il ne comprit ce qui se passait que quand Timo vint devant lui. Il posa enfin les yeux sur le Poufsouffle, qu'il avait évité de fixer depuis leur arrivée ici, puis baissa son regard vers la fleur.

-Oh... laissa-t-il échapper, admiratif.

Il le laissa placer l'épingle, rougissant sans s'en rendre compte. Ça lui faisait plaisir, même si maintenant il se sentait bête de ce que lui-même avait préparé, et, pour une fois, le fait qu'ils ne soient pas seuls dans la salle ne fit pas descendre sa gêne.

Il croisa un instant son regard quand il redressa la tête avant de fuir vers la fleur qu'il continua à observer, tout en serrant entre ses doigts ce qu'il avait caché dans sa poche, hésitant.

-C'est beau, dit-il la voix basse, merci.

La main de Timothy effleura la sienne et, avant même qu'il demande, Edgar l'enserra et entrelaça leurs doigts. Mince, c'était comme ça qu'il était bien, pourquoi se casser la tête à ce qui était gênant, ce qui convenait ou pas ? Il releva les yeux vers le front de Timothy et sourit franchement. Oui, le brun pouvait, parce qu'Ed ne chercherait pas de sens derrière tout ça, ce soir il s'empêcherait de penser et ferait ce qu'il lui plaît. Et justement il sortie son autre main de sa poche et tendit à Timothy l'épingle qu'il lui avait préparé.

-Je croyais que c'était un truc anglo-saxon en général, alors... hmm voilà, sourit-il un peu gêné malgré tout.

Il avait demandé de l'aide à Elise pour faire ce petit objet, seul il n'aurait jamais réussi. L'épingle portait un miroir lisse, en forme de disque et de 2 cm de diamètre environ (l'oeuvre d'une serdaigle, ça se voyait) sans plus. Il hésita un instant et l’accrocha finalement lui-même à la boutonnière de son ami.

-J'espère que ça ne te sera pas utile.

Un frisson le traversa au moment où Timothy reprit sa main, brûlant au passage légèrement son avant-bras. A peine, si peu... Pourtant, il avait l'impression de tout ressentir en centuple. Mais ce soir, il n'y penserait pas. Ils étaient amis. Voilà. Un ami à qui il est heureux de tenir la main de manière trop intime.

Alors, un sourire aux lèvres, il marcha avec Timothy vers le buffet - qu'il visait aussi. Ed avait tout d'un ventre sur patte. Il fixa la nourriture avec un intérêt intense, ses joues encore rouges de la réaction de Timothy. Même si le miroir n'était pas de lui, l'idée oui et... Et ça lui faisait terriblement plaisir la remarque de Timo. Il tendit le bras et attrapa un verre qu'il tendit à son cavalier, relevant les yeux bien loin du regard du brun. Il ne réalisa pas qu'en se tenant la main, jamais ils n'arriveraient à tenir et leurs verres, et de quoi manger. Mais il ne s'en occupa pas, l'écoutant.

Edgar avait décidé de ne pas trop se casser la tête, mais ça n'empêchait pas son instinct de survie d'être présent et tous les warnings s'étaient mis en route à la proposition du Poufsouffle. Depuis qu'Ed avait accepté l'invitation pour ce bal et lu le livre sur cette chambre, il avait su qu'il faudrait absolument éviter les galeries souterraines. Il n'arrivait déjà pas à se gérer face à Timothy quand il y avait du monde autour, alors seul à seul, c'était fichu d'avance.

Il baissa donc la tête vers le verre qu'il s'était choisi, peu à l'aise pour mentir :

-Je pensais qu'elles étaient bloqués ? Fin... ça me tente pas trop, on risque de tomber sur des couples entrain de... voilà. Alors je préfère pas.

A cette idée ridicule il esquissa un demi sourire. Il se sentait idiot. Tout ça, ces souterrains, ces mystères, même les couples entrain de fricoter dans les coins, il trouvait que c'était drôle, une aventure, un truc de dingue à faire sans réfléchir. Mais il se connaissait bien mieux qu'il pouvait sembler.

Un soupir de soulagement s'échappa des lèvres d'Edgar, infime, mais bien là. Il avait eu peur que Timothy insiste, mais heureusement, il lui sourit et effaça en quelques mots son début d'angoisse. Rassuré, il se mit à observer les toasts douteux - donc délicieux - sur la table, avant qu'un soupir lui fasse redresser la tête vers le joli poussin.

Il l'écouta, ses yeux passant de leurs doigts entrelacés, au verre, au buffet, il rougissait légèrement : Timothy aimait beaucoup sa main. Le Gryffy caressa du pouce le dos de sa main, se forçant à rejeter bien loin la chaleur que la pression de celle de Timo contre la sienne provoquait dans sa poitrine. Ça pétillait, il ne comprenait pas, il ne voulait pas comprendre. Il dévia de nouveau vers le buffet, semblant réfléchir alors qu'il remettait - encore et toujours - ses idées en place. Pourquoi fallait-il qu. Il fit taire ses pensées et infligea à son cavalier des mots pour remplir ce qu'il refoulait, rapidement, il pondit une solution au problème :

-Si ce n'est que ça qui te dérange, on a qu'à partager un verre, comme ça l'un boit pendant que l'autre mange !

Il avait son grand sourire d'occasion, celui qui était trop grand. Dire qu'Edgar ne savait pas mentir et pourtant... C'était ce qu'il faisait quotidiennement, comme s'il était doué seulement pour certains mensonges : comme avoir l'air détendu alors que le doux poids du brun contre son épaule, là, près de lui, le faisait étrangement frissonner.

Il se mordit la lèvre en l'entendant et enchaîna rapidement :

-J-J'ai à peine dormi aussi ! C'est comme avant la rentrée, enfin, je sais pas si ça te fait ça aussi ?

Il aurait bien voulu demander ce qu'il avait fait pendant cette insomnie, mais il redoutait le "et toi" auquel il aurait été difficile de répondre sincèrement... Pour palier à ça il observa le gâteau qui lui faisait de l’œil aussi - même si pas assez étrange à son goût - et délicatement il prit le verre de la main libre de Timothy.

-Vas-y, sers-toi, il a l'air tentant !

On ne pouvait pas nier qu'Edgar avait pensé à déposer lui-même le bout de gâteau dans la bouche du Poufy, mais il veillait à éviter les drames. Il aimerait bien, un jour, expérimenter la vie sans toutes ses limites... Ce serait si léger, mais il s'en savait incapable. Alors, il sourit simplement à Timothy, son bras toujours contre le sien.

-T’es un ange, Ed !

Le compliment fit un instant rire Edgar, mais rien qu'un instant, parce qu'il fut coupé par le départ de Timothy pour sa chasse à gâteau. Il ouvrit la bouche, surpris. Mais. Il croyait qu'il ne voulait pas lâcher sa main. Idiotement blessé, il attrapa son verre qu'il avait logiquement posé sur la table. Ah, il se trouvait brusquement stupide dans cette tenue, dans cette salle pleine de couple, devant ce buffet, sans Timothy pour capter son attention.

Mais heureusement, le poufsouffle revint bien vite, une jolie part sur son assiette.

-Tu veux goûter ? C’est bizarre comme ça, mais on fait avec les moyens du bord, non ?

Edgar, un verre dans chaque main, regarda avec perplexité le morceau de gâteau que lui tendait Timothy. Il y avait certaine chose qui font réagir plus que les autres, ça n'a aucune logique, c'est comme ça. Et il se trouvait que cette scène, exactement celle-ci – les vêtement en m- s'était produite la veille-même dans son imagination. Alors, quand il réalisa ce qui se passait il vida d'une traite son verre, son visage virant rouge gryffondor, il le posa sur la table, libérant ainsi une de ses mains et il alla attraper la fourchette, évitant de regarder Timothy, et il mangea le morceau de gâteau. Il lui parut bien fade à côté de tout ce qui secouait sa poitrine... Il lui tendit la fourchette.

-C'est plutôt pas mal, dit-il les yeux baissés.

Il se mit à triturer la fleur sur sa boutonnière, cherchant à moyen de calmer... tout ça. Merde, pourquoi sa main n'était plus dans la sienne ? Il ne l'avait réalisé qu'après coup qu'il l'avait lâché mais... mais cette fichue main avait pris trop d'importance, il posa son regard sur elle, il la voulait dans la sienne et comme il avait décidé que se tenir la main n'était pas dans les choses louches interdites par sa tête il ne rendit finalement pas la fourchette à Timothy. Il la posa dans l'assiette et vint récupérer ce qui lui appartenait par décision du haut conseil qui ne comportait que lui comme membre.

Et les revoilà avec le même problème que tout à l'heure, mais Edgar s'en fichait comme de la dernière pluie. Il prit une gorgée du verre du blaireau, et laissa les choses ainsi. Il aurait pu poser le verre et prendre l'assiette pour que Timothy puisse manger pendant qu'il tenait, mais. Non. Ça ne lui vint pas à l'idée.

Il aimait bien le voir sourire, enfin, l'entre voir plutôt parce que ses yeux ne s'arrêtait jamais longtemps à ce niveau là. Mais il appréciait la petite étincelle que ça provoquait dans son ventre.

Il avait récupéré sa main et il la caressait doucement, pour plus qu'elle ne parte, sûrement – vous savez, faites des cadeaux et les gens resteront, c'était le même principe. Il suivit du regard l'autre main déposer l'assiette puis lui prendre le verre, il le laissa faire, sans comprendre jusqu'à ce que Timothy – sûrement par décision de son propre haut conseil – prenne sa main, la détail avec une attention qui réchauffa les joues d'Edgar et entrelace leurs doigts. Son cœur rata un battement.

-Elles sont à moi ce soir !

Un second battement raté et Edgar hocha la tête, sans avoir le temps de réfléchir, bien sûr qu'elles étaient à lui ! Cette évidence le frappa une seconde, avant qu'il ne comprenne qu'ils se tenaient les deux mains et... Une main ça marchait. Mais deux ! Deux c'était beaucoup ! C'était. C'était enfin voir le regard que Timothy posait sur lui, sentir les caresses sur sa peau. C'était réaliser qu'entre ami ce n'était pas ça que l'on faisait. Au creux des mains du brun, celles d'Edgar devinrent moites, un frisson glacé traversa son corps, laissant une sueur froide se déposer sur sa nuque. C'était un peu trop. C'était tout ce qu'il voulait. Mais quelque chose tremblait dans sa poitrine, s'accrochait à ses côtes et exigeaient la fuite. Il retira sa main de celle du Poufsouffle et attrapa le verre qu'il venait de déposer sur la table, il le vida d'une traite, le reposa et reprit la main. Il inspira un bon coup. Voilà. Il avait eu l'air ridicule, ça aurait été de l'alcool il aurait fait une sale grimace et ça lui aurait permis de faire passer ses rougeurs idiotes, mais ça n'en était pas. Bordel, il se sentait comme une fille à trembler comme ça ! Timothy. Pourquoi n'y avait-il que lui dans sa tête ? Il serra les mains dans les siennes. Il n'était qu'un idiot, il ne savait plus comment se jouer de lui-même... Quel nouveau tour devait-il trouver pour passer du temps avec le garçon qui lui plaisait ?

-Hmm... Bah... C'est. C'est un peu le principe quand on est cavalier ? finit-il par souffler en fixant la broche miroir.

Pourquoi devait-il agir contre lui-même, contre ses envies ? Il ne se comprenait pas, plus. Mais il se connaissait, oh ça oui. Il avait conscience du dégoût que provoquait la chaleur de la peau de Timothy contre la sienne, de la peur aussi qui le rongeait et de l'Angoisse. Ils n'étaient pourtant pas seuls ! Il tentait de résister, de faire semblant, de tirer Timothy vers la piste de danse vide. On ne verrait qu'eux, que lui. Il fallait qu'il trouve une solution, quelque chose... pour pouvoir faire comme s'il n'y avait rien, alors qu'il y avait tout.

-Pourquoi attendre ? Il y a déjà de la musique, souffla-t-il en cherchant à le guider sur la piste.

A tous ces problèmes, toutes ces craintes, il n'y avait qu'une seule solution : fuir. Il ne pouvait-voulait pas laisser Tim en plan, alors il fuyait dans sa tête les conséquences de ses actes. Il ne pourrait plus se regarder dans un miroir après ce soir.

-Un slow ?

Ce n'était pas la bonne musique, Edgar.
Mais il en crevait d'envie.

Timothy avait l'air ailleurs, pas longtemps, mais Edgar qui était de plus en plus attentif au garçon entre ses mains l'avait vu. Il avait serré un peu plus ses mains entre les siennes, pour qu'il lui revienne.

Et il lui revint, le tirant à son tour vers la piste. Ils étaient ridicules à se tenir les mains, à aller danser comme ça alors qu'il n'y avait encore personne, mais on ne vit qu'une fois, en effet ! Et puis Edgar aimait être le centre des regards, il n'avait aucune honte ou pudeur... ou presque. Parce que, quand Timothy lâcha sa main pour entourer sa taille et l'attirer contre lui, la salle entière disparu et il n'y avait plus que le son de tambour qui résonnait trop rapidement dans sa poitrine. Le regard du Gryffondor papillonna ailleurs, fixant les gens, beaucoup de gens. Oui. C'est bon. On se calme et... Timothy tenait sa taille.

Il n'aimait pas se retrouver dans cette posture bien trop féminine à son goût : pourquoi ne pouvait-il pas tenir la taille de Tim également? Mais, en même temps qu'un léger agacement, tout autre chose montait aussi. Il aimait sentir ses mains contre lui, même... même tremblantes. Edgar baissa la tête et ce dit que zut, après tout, il n'avait plus rien à perdre. Alors, naïvement, il passa ses bras autour de ses épaules, posant malgré tout son front sur son épaule pour ne pas avoir à observer le tableau qu'ils auraient pu faire – l'imaginer suffisait à lui retourner l'estomac.

Ses mains tremblaient aussi et si on lui demandait, il aurait préféré que Timothy agisse plus vite, plus brusquement, que naturellement ils commencent à danser, parce qu'alors, l'évidence de la situation ne se ferait pas sous ses yeux. Il tourna la tête et observa le Poufsouffle en contrebas. Clairement, ils n'étaient pas simples amis... Mais pour le moment, parce que ses ongles commençaient à se planter dans ses paumes, parce que quelque chose d'étrange secouait sa poitrine, il ferait comme s'il n'avait rien vu.

-Prêt ?

Il rit, doucement pour ne pas casser... tout ça.

-Il faut croire.

Il lui sourit en se redressant un peu, croisant une légère seconde son regard avant que ses pupilles ne s'échappent ailleurs et qu'il se mette à danser maladroitement. Il n'était pas très doué, mais il s'en sortait si Timothy aussi. Lentement, hors du rythme de la chanson qui passait, il leva les yeux vers le plafond de pierre et il se laissa penser à voix haute, sans l'imaginer : « passer du temps avec toi, c'est comme lire un bon livre... », mais quand il se rendit compte il ne fit que baisser les yeux pour revenir au front de Timothy, étrangement.

Timothy ne dit rien et Edgar... ne savait plus s'il était déçu de ce silence ou si c'était pour le mieux. Il sentait l'angoisse dans son ventre, mais. Mais il n'avait pas menti, ce n'était pas trop... si en fait, c'était trop. C'était pire qu'une déclaration et c'est là, trente secondes après l'avoir dit qu'il se remis à planter ses ongles dans ses paumes, son regard partant vers un ailleurs bien, bien loin de la réalité. Tout cela parce qu'il savait que Timothy avait compris. Il n'avait pas fait une déclaration - des sentiments ? -, il n'avait fait que murmurer ce qu'il penser et c'était bien. Bien plus.

Et Timothy gardait le silence, et lui était de plus en plus incapable de danser. Il le sentait, tout contre lui, sa poitrine résonnant contre la sienne, c'était... une réponse suffisante, peu gênante, c'était la meilleure, celle qu'il pouvait choisir de comprendre où non. Mais dans toute sa paradoxité il voulait ça et il voulait plus, alors qu'il savait qu'il ne pourrait pas y faire face.

-Te regarder, c’est lire le plus beau des poèmes. Te toucher, c’est écrire ce poème.

Son cœur cessa de battre, l'air quitta ses poumons, ses joues rougirent et ses pieds se figèrent au sol. Il le sentit se presser délicatement contre lui et il aima ça. Sa bouche se ferma, s'ouvrit. Il l'avait su, depuis le départ : il n'était pas capable de gérer ça. Il l'avait ravagé en quelques mots.

Son silence choqué dura un moment, jusqu'à ce su'il recule, se libérant ainsi des bras de Timothy, s'il ne le retenait pas.

-Je... Je vais au toilette.

Et déjà il partait - s'il pouvait - marchant vite.