Garfield avait deux manières de gérer les choses qui sortaient de l'ordinaire. Soit il faisait comme si tout était normal, soit il paniquait complètement. Il n'y avait pas d'entre deux. Autant dire qu'à Poudlard, il était plutôt mal tombé avec ce genre de réactions. Bon, après... Les choses magiques étaient passées dans la première catégorie. Restait les relations sociales, qui étaient parfois carrément flippantes. Et quoi de mieux pour un bon stress qu'un grand évènement ?

A tous les coups, il allait faire une connerie. Il ne savait pas encore quand, ni quoi, mais il était probable que ce soit risqué. Voire suicidaire. La Chambre des Secrets, sérieusement ? Avec sa chance, il allait tomber nez à nez avec le machin qui était sensé vivre là dedans. Ou pire encore. Marcher sur la queue du machin en question, glisser, tomber, se casser une jambre PUIS se faire bouffer. Ouais, c'était plutôt son style. Et en parlant de style, c'était un autre gros problème.

Une fois qu'il eut mis de côté ses t-shirts débiles et son uniforme, il ne lui restait pas grand chose comme fringues correctes. Heureusement que sa mère insistait pour l'aider à faire ses valises à la fin de l'été, vraiment. Le problème, c'était que les trucs tout dans le fond étaient tout froissés d'y avoir passé dix mois, parce qu'il ne s'emmerdait généralement pas à mettre des fringues moldues après les cours, et qu'un jeans (troué) (et déchiqueté dans le bas) et deux t-shirts lui suffisaient la plupart des week-ends. Après les fouilles archéologiques, ce fut donc la chasse à l'elfe de maison, puis la supplique pour qu'il lance un sort de repassage. Où était maman Andersem quand on avait besoin d'elle ? Il aurait pu envoyer un hibou, ou aller ramper chez Zelda pour de l'aide, mais il avait décidé de se débrouiller tout seul parce qu'il ne fallait pas se leurrer, il rentrait chez lui dans pas longtemps et s'il y avait ne serait-ce que le début de mention d'une fille, il allait en entendre parler tout l'été, et nope. Bon, presque tout seul, parce qu'il avait quand même envoyé un hibou à son frère. Qui lui avait envoyé une veste, plutôt correcte, et une cravate... Aux couleurs de Gryffondor, probablement à cause des déboires de Garfield en la matière. Le salopard. Mais il avait fait avec. En se rappelant qu'il était un sorcier.

Bon, après, la métamorphose, c'était pas son truc. Il s'en était un peu rendu compte quand il s'était regardé dans le miroir. Un jeans noir, la veste noire d'Andrew remise à sa taille (grande victoire), une chemise blanche, c'était ok. Très bien. C'était même assorti aux Converses qui constituaient sa seule paire de chaussures, et qu'il avait nettoyées pour l'occasion. Le souci, c'était que changer les couleurs de la cravate n'avait pas forcément bien fonctionné, et le machin était brun caca. Après de longues hésitations, il l'avait enlevée et envoyée d'un geste rageur dans la poubelle. Et jeté un coup d'oeil à Wes qui se préparait à côté, en costume, sans avoir ramé pendant un siècle et demi. Tant pis, c'était pas si mal ; il avait défait deux boutons de sa chemise pour ne pas avoir l'air trop stupide, avait renoncé à avoir les cheveux autrement qu'en bataille, et s'était dirigé vers la Grande Salle, pour attendre gentiment devant la porte.

Il était, comme déjà mentionné, stressé. Et si le mieux qu'il avait trouvé n'était pas bien ? Et si un truc tournait mal ? Et si, et si, et si. Il prit une grande inspiration et s'adossa à un mur du couloir en croisant les bras pour essayer d'avoir l'air cool - ce qui n'était pas trop mal réussi, pour une fois, alléluia - et, mine de rien, scruter les gens qui arrivaient pour tenter de trouver sa cavalière. Il aurait dû s'y prendre à l'avance, il aurait dû envoyer un MIP à Elise pour savoir quelle tour était celle de Serdaigle, mais bon, comme d'habitude, il était à côté de la plaque. Il soupira, se grattant la nuque ; il ne savait même pas comment il allait retrouver Evelynn. Si ça tombait, elle était déjà à l'intérieur de la Grande Salle. Quel boulet.

Evelynn était stressée. Elle allait au bumblebee day. Elle y allait avec un garçon en plus — Garfield. Il avait également annoncé l’endroit où allait se dérouler le bal — La chambre des secrets. Elle avait entendu parler de la salle qui avait été créée par le créateur de Serpentard en cours d’histoire de la magie et ça ne lui avait rien annoncé de bon — Surtout avec le basilic qui devait s’y trouver. Enfin il l’avait surement enlevé pour pouvoir faire le bal.

Elle avait demandé à sa maman de l’aider à trouver une robe. Elle qui avait de bon goûts pour les choses moldues, en tout cas meilleur que Lynn qui avait que des vêtements simples et basiques. Lynn avait du également dire qu’elle y allait avec un garçon — Elle n’avait pas réussit à le cacher, elle avait essayé pourtant mais sa maman avait directement remarqué qu’elle ne lui disait pas tout. Et donc Lynn s’était retrouvée avec une robe bleu marine en semi-bustier, longue jusqu’aux genoux, attachée par-dessus l’épaule gauche. Le bas très léger ressemblait énormément à deux voiles, un transparent et l’autre opaque d’une couleur plus foncée que celle de la robe. Près de sa hanche, la robe était décorée de plumes blanches et d’un bleu plus clair. Lynn avait décidé de porter des ballerines ouvertes beignes sans décoration particulière pour accompagner la robe que sa maman avait choisi. Une fois qu’elle avait fini d’enfiler sa robe et ses chaussures, elle se coiffa d’un chignon légèrement relâchée et elle avait fini de se préparer. Elle attrapa une petite sacoche beige et y fourra sa baguette et quelques mouchoirs — on ne sait jamais si son nez commençait à couler. Elle se regarda une dernière fois dans le miroir avant de partir rejoindre Garfield. Heureusement que la couleur verte s’était dissipé peu après qu’elle ait pris la potion.

Elle ne savait pas vraiment où se situait la chambre des secrets. On lui avait dit que c’était dans les sous-sols donc elle avait déjà pris du temps pour descendre tout les étages et maintenant qu’elle se trouvait dans les sous-sols, elle ne savait plus où aller. Elle attendit quelques temps près des escaliers et décida de suivre les autres élèves qui avaient l’air de se diriger à la chambre des secrets. Elle suivit les gens d’un pas hésitant et se retrouva devant la porte. Elle s’arrêta avant l’entrée et commença à regarder dans les alentours. Elle repéra Garfield appuyé sur un mur.

« Garfield ! »

Elle s’approcha de lui, en faisant signe de la main.

« Je suis en retard ! Désolée ! Je ne t’ai pas fait trop attendre ? »  

Elle avait pris un air plus ou moins inquiet. Elle fut étonnée également de sa tenue. Il avait l’air très classe avec sa chemise déboutonnée et l’ensemble lui allait bien. Ca ne dérangerait pas Lynn de le voir plus souvent comme ça.

Il y avait des gens qui arrivaient de partout. Dans son stress, Garfield n'avait probablement pas remarqué qu'il était un peu à l'avance ; ou peut-être était-ce que les demoiselles prenaient un temps infini à se préparer. Comme Alix, par exemple. Il lui avait semblé, quand il avait traversé la salle commune, que c'était un infernal champ de bataille. Quand il vit passer sa capitaine, il comprit pourquoi. Qui que ce soit qui l'ait aidée, c'était du bon boulot – parce que bon, c'était Alix quoi, même s'il avait déjà vu cette robe quelque part (quel privilégié), elle s'était manifestement trouvé une bonne fée. Il allait faire un commentaire quand il perçut la menace qui lui était destinée – oops. Elle n'avait peut-être pas apprécié le fou rire la dernière fois qu'il l'avait vue bien habillée. Fou rire qui ne tarda pas à se répéter dés qu'elle fut assez loin pour ne plus pouvoir se retourner. Il fallait bien quelqu'un dans Poudlard pour se foutre un peu d'elle, sinon ses chevilles n'allaient plus passer les portes, il lui rendait service, voilà. Et puis ce n'était pas de sa faute si elle n'était vraiment pas son genre – en toute honnêteté, évidemment, et même si elle était très jolie comme ça, c'était sans aucun doute beaucoup mieux qu'il ne se transforme pas en machin rougissant et balbutiant dans sa proximité directe.

Un peu comme après qu'il eut entendu son nom, et qu'il se soit retourné par réflexe, son rire s'éteignant. Il aurait été d'un meilleur effet de fermer la bouche, mais bon, il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Il cligna des paupières deux-trois fois ; Evelynn lui parlait, et il n'entendait qu'à moitié ce qu'elle racontait. Heureusement qu'il était appuyé contre le mur.

Après trente bonnes secondes de silence complet, il se rendit compte qu'il était sensé parler. Bouger. Faire quelque chose. Il se redressa précipitamment, sans la moindre idée de ce qu'elle venait de dire, la nuque écarlate.

« Tu es. »

Pas mal d'adjectifs lui passaient par la tête. Dont « pas verte » (très naze, zéro pointé). Mais il fallait bien avoué qu'il avait été soulagé d'apprendre que sa dragoncelle s'était résorbée à temps.

« Vraiment très belle. »

Ouais. Cliché, mais très bien. Il se sentait un peu débraillé, en comparaison, mais bon, il avait fait ce qu'il pouvait. Il ne savait en plus pas très bien comment se comporter, ce qu'il pouvait faire ou pas, c'était délicat. Il ne pouvait pas nier qu'elle était très jolie, qu'il l'appréciait beaucoup, tout ça, mais ce n'était pas sa petite amie, et il s'était promis, juré, de ne pas faire de gaffe. Enfin, pas de gaffe trop grave, parce qu'il avait la poisse, mais voilà ; il n'avait pas la moindre idée de s'il était convenable même de lui tenir la main. Il prit une grande inspiration. C'était un bal. Donc. Il lui proposa son bras ; c'était bien comme ça qu'on faisait ?

« Allez, on a un portoloin à prendre. »

Il lui sourit, essayant de faire abstraction de ses joues qu'il savait toutes rouges ; il rougissait trop facilement, c'était gênant, mais au moins, elle ne pourrait pas douter de la sincérité du compliment. Dans tous les cas, il était temps de se dépêcher ; la fête avait probablement déjà commencé.

Evelynn était à coté de lui mais il n’avait pas l’air de l’entendre. Était-il perdu dans ses pensées ? Pourtant il s’était retourné vers elle quand elle l’avait appelé. Elle l’appela plusieurs fois mais il n’avait pas l’air de réagir. Était-il malade ? Après une trentaine de secondes de monologue suivi d’un silence, il commença à parler. Commencer était bien le terme à utiliser parce qu’il s’était arrêté après deux mots. Evelynn commença à s’inquiéter. Est-ce que ses cheveux étaient mal coiffer ? Est-ce que la robe ne lui allait pas ? Ou bien est-ce que les chaussures n’allaient pas avec la robe ? Lynn retenait son souffle. Elle attendait que Garfield finisse sa phrase. Elle mâchouillait presque sa lèvre inférieure de stress. Et puis il le dit. Elle ne pensait pas à ça – pas du tout. Elle est étonnée, elle ne sait plus où regarder et finit par baisser son regard vers le sol. Ses joues sont surement rouge – ne parlons même pas de ses oreilles.

« Merci beaucoup… » finit-elle par chuchoter.

Un petit sourire discret apparut sur son visage, alors qu’elle regardait toujours le sol. Elle était contente que sa tenue plaise à Garfield. Elle n’y avait pas particulièrement passé beaucoup de temps mais ce peu de temps avait été bien dépensé.

« Ah oui, allons-y ! »

Elle prit le bras que Garfield lui proposa – embarrassée mais il fallait bien. Elle remarqua également qu’elle n’était pas la seule à rougir furieusement. Garfield avait également les joues rouges et les oreilles d’une couleur identique. Encore lui, le rouge pouvait très bien aller avec sa tenue alors que Lynn, il y avait quelques problèmes d’harmonie de couleur. Peut-être que le sang redescendra avec le temps.

« Un portoloin ? »

On ne lui avait pas dit. Elle ne savait pas qu’ils devaient prendre un portoloin pour aller à la salle de bal.

« Je n’en ai jamais utilisé… »

Elle s’était inquiétée sur la réaction qu’avait eue Garfield et maintenant, c’était le portoloin. On lui avait expliqué le principe et comment on devait l’utiliser mais elle n’avait jamais eu l’occasion d’en utiliser un. Elle se laissa guider vers les portoloins et une fois devant, elle inspira et expira plusieurs fois. Son teint avait du tourner du rouge vif au blanc linge.

« Est-ce qu’on peut y aller à deux ? »  

Elle avait peur. Elle avait vaincu le peur des cognards au quidditch mais les trucs dans le genre – téléportation, disparation, etc. – ça lui faisait toujours un peu peur. On ne peut pas nier que toucher un objet puis se trouver dans un endroit bien plus loin faisait peur.

« Donc à trois, on le touche en même temps ? »

La présence de Garfield la réconfortait en quelque sorte. Il était maladroit et parfois un peu bizarre mais il l’avait aidé la dernière fois à l’infirmerie et en duel, il était gentil.

« Un… Deux… Trois… »

Elle toucha le portoloin et ferma les yeux en même temps, espérant que ça ne fasse pas mal, que tout se passe bien – Elle aurait été croyante, elle aurait surement prié.

Evelynn rougissait aussi ; à part que sur elle, c'était mignon. Garfield, lui, devait sûrement avoir l'air ridicule. Mais bon, ça valait sans doute la peine ; il se sentait à la fois embarrassé et heureux de l'avoir à son bras, un geste un peu stupide, qui ne voulait rien, dire, mais rien que la présence de la petite main qui s'accrochait à lui suffisait à lui réchauffer le coeur. Il n'avait pas à regretter d'avoir, pour une fois, eu un peu de courage.

Elle n'avait jamais utilisé de portoloin, et ça le fit sourire gentiment.

« C'est pas très compliqué. »

Evelynn avait l'air tellement stressée. Quelque part, c'était encore plus mignon. Pour une fois que ce n'était pas lui qui flippait pour n'importe quoi, ça le faisait se sentir un minimum en contrôle de ce qui se passait, chose plutôt rare. Il avait la possibilité de la rassurer, c'était assez agréable ; il avait beau ne pas être un macho, loin de là, il fallait tout de même avouer qu'une occasion d'être l'homme de la situation, c'était valorisant.

« On va y aller en même temps, là où on va est super proche donc ça ira vite, on sent presque rien ! C'est plus perturbant sur les longues distances. » Ils prirent leur place dans la file, et Evelynn était toute blanche. C'était un peu inquiétant. « Mon frère habite en Roumanie, du coup quand on va lui rendre visite, c'est à chaque fois par portoloin. Faut juste faire attention à l'atterrissage, ça va plutôt vite. »

Ce fut bientôt à leur tour, et Garfield hocha la tête pour répondre à sa question, comptant en même temps qu'elle pour toucher l'objet au même moment. À peine quelques secondes et une sensation étrange plus tard, ils étaient à destination, Fifi priant très fort pour conserver son équilibre. Par miracle, Merlin, Bouddha, Dieu ou qui que ce soit l'avait entendu. Il était debout.

Résistant à son envie de le faire remarquer - « T'asvu t'asvu t'asvu je me suis pas plantéééé » - il s'appliqua plutôt à faire en sorte qu'Evelynn ne tombe pas non plus, si elle avait été désorientée comme c'était souvent le cas.

« Est-ce que ça va ? Tu te sens d'avancer ? »

L'endroit était plutôt sombre, malgré la boule à facettes plutôt kitsch dans la bouche de la statue de Serpentard. Ce n'était pas exactement le lieu le plus enchanteur qu'on ait pu trouver, humide, et. Oh.

« T'as pas froid ? »

La température était différente de la Grande Salle, forcément, ils étaient sous terre. Si Garfield avait une veste, sa cavalière avait les épaules nues. En fait, c'était un peu beaucoup de choses à prendre en compte en même temps, avec la musique assourdissante qui résonnait dans la grande salle caverneuse.

« Qu'est-ce que tu veux faire ? »

Pas danser, par pitié.

Garfield l’avait rassuré. Pour lui, ce n’était pas la première fois les portoloins. Il avait l’air de s’y connaitre. Et donc c’était parti pour un tour. Quelques secondes – peut-être moins – il était dans la chambre des Secrets. Bon la sensation qu’elle avait ressentie était bizarre mais elle était supportable. Ce n’était pas si mal en fait. Lynn eut quelque mal lorsqu’ils arrivèrent mais elle su garder son équilibre enfin, elle se tenait
surtout à Garfield après la téléportation.

« Je vais bien… Oui, je pense que je peux avancer sans problème. »

Elle lui décrocha un sourire. C’était sympa qu’il s’inquiète pour elle. La salle n’était pas vraiment accueillante – ce n’était pas la chambre des secrets des Serpentards pour rien. Elle se tenait toujours au bras de Garfield alors qu’elle regardait les alentours.

« Oh maintenant que tu en parles, il ne fait pas aussi chaud que dans la grande salle ici. »

Elle se frotta les bras avec sa main libre pour se réchauffer un petit peu. Ils étaient dans des sous-sols humides et peu éclairés. La chambre des secrets était supposée ne pas être accueillante donc c’était logique en quelque sorte.

« J’aurais du mettre une veste ou quelque chose comme ça… »

Elle n’avait pas du tout pensé à ça. Elle s’était inquiétée de pleins d’autres choses mais pas ça. Au pire, elle pouvait s’y faire. Elle avait déjà vécu pire, au Quidditch par exemple. Quand il pleut, ou quand il y a beaucoup de vents – être sur le balai n’est pas la chose la plus chaude qu’on est ressentie.

« Hmm… Est-ce qu’on peut aller dans les tunnels ? »

Elle aurait bien aimé visiter la fameuse salle – celle dont on avait parlé et dont personne ou presque n’avait déjà mis les pieds.

« Enfin… Si ça ne te dérange pas… »

Peut-être que Garfield voulait faire autre chose : Chercher à manger ou à boire, s’asseoir ou encore danser.

Elle avait froid. Meilleure nouvelle de l'anné... euh. Non. Il ne voulait pas penser ça, évidemment. Non. Avoir froid c'était nul. Vraiment nul. Maiiiis. Quand même.

« Attends une seconde. »

Évidemment, c'était couru d'avance, le geste le plus cliché de ce siècle, mais ça lui faisait bizarrement plaisir, quelque part dans sa logique tordue, dans la continuité de la possibilité qu'il avait eue de la rassurer pour le portoloin. Garfield enleva sa veste pour la déposer sur les épaules d'Evelynn.

« Voilà. C'est pas le moment de retomber malade, tu en sors tout juste en plus. »

Il ne se risquerait pas à lancer en sort, comme il voyait à présent quelques personnes faire, parce que son niveau en sortilèges était à peu près au même stade que l'amour qu'il portait au professeur de cette matière, autant dire pas grand chose. Ce n'était pas pour rien qu'il avait depuis longtemps arrêté de frimer en duel avec des sorts qui pouvaient être douloureux s'ils lui revenaient sur le nez. Mais bon, ça, il n'allait pas le crier sur tous les toits, autant que le monde entier croie à un style particulier – comme si le monde entier était dupe de son talent inné quand on le voyait se planter à tous les cours de pratique. De toutes façons, c'était mieux, voilà, il avait décidé ; il regarda ailleurs un instant histoire de cacher son sourire stupidement ravi.

Il eut un soupir soulagé en constatant qu'il n'était pas question de danser, puis un sourire ravi. Explorer les galeries, c'était tout à fait dans ses cordes – quoique... Enfin tant que ça ne glissait pas.

« Non non, ça me dérange pas, on y va ! »

Du coup qu'il avait enlevé sa veste, elle ne tenait plus son bras, et il ne savait pas trop ce qu'il devait faire. Évidemment, il fit le choix le plus lâche et le plus stupide, celui de rester à côté d'elle les bras ballants, avant de les enfoncer dans les poches de son jeans pour n'avoir pas l'air trop bête.

« Hem... » Il se gratta la nuque, pas convaincu de faire les choses correctement, mais bon. « Allons-y. »

C'était difficile d'être un garçon dans ce genre de situation, en fait. Il ne savait pas si ce qu'il faisait était acceptable, s'il en faisait trop il la mettrait mal à l'aise, pas assez aussi, et s'il la connaissait, c'était un genre de proximité plutôt nouveau, surtout qu'elle était jolie, et... Heureusement qu'il n'y avait pas de mur tout près, il lui aurait sûrement présenté son front. Ou pas, parce que ça aurait été encore pire question dignité, quoique cette question ne soit précisément pas son fort, d'après les différentes dates festives de l'année scolaire qui avaient mal tourné. École de fous, pour sa défense.

Il faisait un peu sombre dans les tunnels, mais pas autant qu'on aurait pu s'y attendre, avec les minuscules fées qui se chargeaient de l'éclairage, milliers de petites lucioles. Avec ces petites étoiles qui volaient doucement près des parois supérieures, la Chambre des Secrets en aurait presque perdu son aspect lugubre, d'autant plus que les longs couloirs semblaient avoir été nettoyés pour l'occasion. Après quelques minutes de silence, il se pencha vers elle sur le côté avec un sourire en coin, chuchotant avec emphase.

« Pas trop peur du basilic ? »

Hinhinhin.

Mais le pire ne vint pas. Garfield, comme un vrai gentleman, prêta sa veste à Evelynn.

« Oh ! Tu n’es pas obligée … »

Elle était un peu gênée et embarrassée en même temps. Comme ça, ils avaient l’air d’un vrai couple, partageant le même habit l’un après l’autre. Puis après qu’elle ait porté la veste, Garfield n’avait plus que sa chemise, peut-être que maintenant c’était lui qui allais avoir froid…

« Enfin merci… »

Elle ne pouvait pas vraiment refuser. Elle appréciait énormément le geste qu’avait fait Garfield. Elle pouvait surmonter ses joues rouges avec un petit sourire de joie.
Ils ne partirent pas de suite dans les galeries – Lynn attendait une sorte de déclenchement chez Garfield, comme si c’était lui qui menait la danse et qui disait quand avancer ou pas. Elle ne pouvait qu’attendre un signal sonore, vu qu’elle ne tenait plus le bras de Garfield et ses bras avait fini croisés en dessous de la veste noire. Puis c’est ce qu’il fit après quelques secondes, un « allons-y » un peu hésitant.

« Oui… »

Elle commença à marcher dans le même sens que Garfield, le tunnel était plutôt grand et plus chaleureux qu’on ne le penserait grâce aux fées qui éclairaient – C’était presque romantique. Après quelques minutes de marche, Garfield brisa le silence avec une question qui effleura l’oreille de Lynn. Elle fut étonnée et s’arrêta de marcher.

« Hmm… Il n’y a pas de basilic, si… ? »

Son affirmation sonnait énormément comme une question. S’il y avait le basilic dans ses tunnels, bien sur qu’elle aurait peur. Tout le monde aurait peur – enfin, ceux qui ne sont pas de sang pur.

« Ils l’ont retiré avant le Bumblebee day, non ? »

Inconsciemment, elle se rapprocha de Garfield. Cherchant son bras malgré la veste, comme si elle cherchait une sécurité. Malgré que ce n’était pas la meilleure protection.

Sa question avait mieux marché que tout ce qu'il aurait pu espérer en la posant. C'était tellement mignon de voir Evelynn avoir peur, il n'aurait pas dû se moquer mais c'était impossible de résister. Il s'efforça de dissimuler son sourire.

« Je sais pas, c'est ici qu'il vit normalement... Si ça tombe ils ont enlevé le grand mais il avait fait des petits. »

Il chuchotait toujours, très sérieux, pour bien en rajouter une couche. Il lui semblait qu'elle se rapprochait ; elle devait vraiment avoir peur, c'était trop drôle. Il ne tint que quelques secondes avant d'exploser d'un rire joyeux.

« Je te fais marcher, je suis désolé, c'était trop tentant. »

Elle s'était arrêtée, aussi Garfield se plaça devant elle pour lui parler, c'était plus pratique. Malgré qu'ils soient dans un tunnel, la plupart des gens étaient sûrement en train de trinquer ou de danser, aussi n'y avait-il pas énormément de passage. Le garçon pencha la tête pour regarder Evelynn, en souriant doucement, et il lui caressa la joue ; un drôle de geste, mais l'espèce de demi-pénombre agrémentée de fées lumineuses s'y prêtait plutôt bien, dans le fond.

« Tu m'en veux pas ? »

Il se mordilla la lèvre inférieure. Situation étrange, vraiment. Jusqu'à ce qu'il lève le nez vers le plafond, intrigué par un détail.

« Il... pleut ? »

C'était du cassage d'ambiance, vraiment. Garfield soupira, souriant à moitié. Jusqu'à ce qu'il se rende compte d'un courant d'air. Il vira au vert, ou à une couleur très proche, avant de regarder vers le bas avec crainte. Une jupe. Ses vêtements avaient changé, et il avait bien peur que ce ne soit pas la seule chose. Il prit une grande inspiration.

« Qu'est-ce qu'il se passe encore ? Y a un problème je. Oh non de... Hiii. »

Sa voix. Il porta ses deux mains à sa gorge comme s'il était en train de s'étrangler, choqué par tant d'aigüs. Ce qui lui permit de sentir au passage, sous ses avant-bras appuyés sur son buste, qu'il y avait là un relief qui n'avait rien à y faire. De vert, il devint blanc comme un linge.

« Je... Je suis une fille ? »

Cruelle réalité qui n'acceptait aucun déni. Il n'avait pas encore capté qu'il n'était pas le seul dans le cas. Sans même avoir essayé de bouger, il trébucha, se raccrochant tout juste au bras d'Evelynn... Qui ne ressemblait plus des masses à Evelynn, en fait. C'était comprendre dans le même temps que cette stupide potion l'avait collé sur des chaussures à talons (Merlin au secours) et que sa cavalière avait changé autant que lui.

« Désolé. Je. Oh la vache. Okay non. Ça va pas le faire. »

Il soupira. Ses genoux tremblaient, pas moyen de tenir debout correctement, et il ne savait même pas si c'était dû à son accoutrement ou à la panique.

Des petits ?! Que veut-il dire par petits ? La poigne d’Evelynn se resserrait. Garfield n’avait pas l’air de rigoler en plus. Elle se rapprocha de lui encore plus. Ok. Respirer. Les basilics se n’étaient pas si méchants que ça. C’était juste très effrayant et donc on supposait directement qu’ils étaient agressifs. Toutes les possibilités imaginable et inimaginable passèrent par la tête d’Evelynn, on pouvait presque entendre ses méninges surchauffer mais ce fut un rire qu’on entendit – Garfield.

Evelynn s’était éloignée. Elle n’en revenait pas qu’il l’ait fait marcher comme ça. Elle baissa la tête et fit une moue boudeuse. Il méritait bien qu’on le boude. Evelynn avait vraiment eu peur. Imaginez-vous un énorme serpent et touus ses petits dans des couleurs à peine éclairer, ça donnait la chair de poule.

Puis il lui caressa la joue, un touché inattendu pour Evelynn qui voulait bizarrement lui faire subir son silence en tant que punition. Elle faillit répondre alors que ses oreilles commençaient à se colorer mais des gouttelettes tombèrent dans les tunnels et dans la chambre des secrets – interrompant les interactions entre Garfield et Evelynn.

Quelques secondes et tout avait changé. Garfield s’était transformé. Il avait gardé ses lunettes mais son costard qui lui donnait un air plutôt cool se changea en une robe qui lui allait tout aussi bien. Ce n’était pas tout, il avait maintenant des cheveux encore plus long que ceux d’Evelynn et peut-être une poitrine plus volumineuse.

« Tu es devenue une fille… Ma voix ! »

Puis Evelynn se rendit compte qu’elle n’avait plus les mêmes sensations aux niveaux des jambes et des bras – c’était couvert ? Elle n’eut pas vraiment le temps de se tâtonner afin de voir les changements de son corps que Garfield faillit tomber. Evelynn lui prêta son bras qui n’était plus aussi fin qu’avant – enroulant sa main autour du bras de Garfield afin de mieux le tenir.

« Je pense qu’il y a un problème… »

Sa voix – Elle était grave. Genre grave comme un garçon. Elle n’eut pas les mêmes réactions que Garfield mais ça l’a choquait tout autant. Mais avant, il fallait régler le problème de Garfield et de ses talons. Evelynn ne savait pas porter ce genre de chaussures – c’était bien pour ça qu’elle avait opté pour des ballerines.

« Tu veux essayer de les enlever ? »

Ce n’était pas très hygiénique de marcher pied nu dans les tunnels de la chambre des secrets mais c’était toujours mieux que de s’étaler comme une carpette.
Dans tous ça, Evelynn ne pouvait plus vraiment bouder Garfield.

Il y avait effectivement un problème, et de taille. Des exclamations de surprise leur parvenaient de la salle principale, où Garfield suspectait qu'il se passait exactement la même chose. Il prit une grande inspiration, qui lui sembla beaucoup plus difficile que d'habitude. Après tout, c'était un évènement festif à Poudlard. Comme la Saint Valentin, par exemple, où la moitié du château était devenu cinglé. C'était à se demander comment il avait survécu cinq ans dans tout ce bazar, alors il pouvait bien relativiser le fait d'être une fille, tant que ce n'était pas définitif. Parce que franchement, rien que la tenue c'était l'enfer. Il ne pouvait pas imaginer son alter ego féminin choisir un truc comme ça de son plein gré. Mais bon, après, ce qui leur était tombé dessus était peut-être juste cruel. Comme en lui donnant des échasses, par exemple. Il hocha la tête, et s'accrocha de plus belle à Evelynn le temps de se mettre sur un pied et d'enlever la première des chaussures ; heureusement, ce n'était pas un machin compliqué avec une sangle, aussi ce fut rapide, et il put enfin se détacher de sa cavalière.

« Je crois que c'est mieux, même si c'est pas l'idéal. »

D'accord, c'était un peu dégoûtant, mais c'était mieux de marcher que de ramper. Sa robe frôlait le sol, ne montrant pas au monde entier son absence de chaussures, ce n'était pas trop mal. Il pouvait toujours... Son sang se glaça dans ses veines à l'idée de tout ce qu'il y avait eu dans les poches de son pantalon, y compris sa baguette magique, mais il eut tôt fait de trouver sur le côté de ses jupons les ouvertures presque invisibles de grandes poches cachées dans la masse de tissu ; tout y était, de la baguette au mouchoir usagé, en passant par la petite fiole qu'il gardait précieusement, en priant pour que rien ne lui arrive d'ici la fin de la soirée, même sans être sûr d'oser l'offrir quand il en serait temps. Il soupira de soulagement en sortant sa baguette. Ce n'était pas tous les jours qu'il prenait l'initiative de faire de la magie, en sachant qu'il n'était pas très doué, mais il allait essayer. Un sortilège d'imperméabilité heureusement réussi l'isola bientôt du sol.

« Okay, c'est mieux. »

Il avait paré au plus pressé, aussi pouvait-il regarder plus attentivement Evelynn. Et soupirer tout doucement, pour qu'elle ne l'entende pas. Il était vaguement déçu, parce que tout ça était vraiment bizarre, et qu'en plus d'en être une, il se comportait comme une fillette. Se passant une main dans les cheveux, comme il le faisait toujours quand il était nerveux, il put constater avec des sentiments partagés qu'il avait à présent une crinière qui lui tombait dans le dos. Au moins, la teinture magique était restée, d'après les quelques mèches qu'il voyait, et il n'était pas rousse. Toujours se focaliser sur le positif. Il aurait bien aimé avoir un miroir, pour constater l'étendue des dégâts. En vérité, il était plutôt mignonne, mais sans se voir, il craignait le pire.

« Désolé. J'ai... Un peu paniqué. »

Il ne savait pas trop quoi dire, en fait, alors il baissa les yeux dans une attitude qui, transposée sur une fille, devenait plus mignonne qu'embarrassée.

« J'espère que ça va pas rester... Enfin.... »

Il hésita. Il ne voulait pas la vexer, mais il la préférait vraiment en fille, d'un point de vue esthétique, même s'il se sentait toujours aussi bizarre en sa présence.

« J'aimais mieux comme c'était avant. Mais bon. Tu veux faire quoi, du coup ? »

Posant la question à toute vitesse pour essayer d'atténuer son aveu et sa gêne, il rougit ; il avait cette impression horrible de ne pas être à la hauteur, avec toute cette pression qu'il mettait sur lui-même pour que les choses se passent bien et l'acharnement de cette école de fous à venir à chaque fois le contrarier.

Dans la panique, le changement de sexe d’Evelynn ne l’avait pas grandement affecté. Peut-être qu’il était simplement plus confortable. On ne pouvait pas comparer des chaussures de ville avec des ballerines qui faisaient mal à l’os du pied. Et bien évidemment, la robe était plus serrée qu’un costard-cravate. Elle avait aussi remarqué que ses cheveux étaient beaucoup légers. Un poids en moins qu’elle appréciait beaucoup quand même.

Il ne se tint sur Evelynn que quelques secondes – elle aurait bien aimé l’aider un peu plus longtemps. Parce que malgré tout, son cavalier – devenu fille – était très mignonne avec sa longue robe et ses cheveux longs détachés.

C’est vrai que marcher pied nu, ce n’était pas le top. Peut-être que Garfield pouvait apprendre à marcher avec ses talons. Quoique – C’était difficile de faire ça en quelques minutes et dans un tunnel presque pas éclairer. Déjà qu’Evelynn qui avait essayé avec des petits talons de même pas 5cm s’était presque étalée comme une crêpe sur le sol. Mauvaise idée donc.

Oh ! Garfield sortit d’une poche invisible si on ne la cherchait pas sa baguette. C’est vrai qu’ils étaient autorisés à utiliser la magie si ça ne visait personne. Enfin – Si ça ne visait personne méchamment. Mais Evelynn ne savait pas vraiment ce qu’il voulait faire avec. Elle attendit et Garfield fit son incantation. Rien n’était apparu. Rien de visible ne s’était passé et pourtant il avait l’air satisfait. Hmmm…

« Que s’est-il passé ? »

Peut-être qu’il ne fallait mieux pas savoir. Quelques mains qui passent dans les cheveux sans bruits apparent d’aucuns des deux sorciers. Evelynn ne savait pas vraiment quoi faire. Elle avait beau avoir la forme du cavalier maintenant elle était toujours aussi perdue qu’une fille dans un tout nouveau couple. Puis c’était Garfield qui brisa le silence. Un désolé qu’il ne devrait normalement pas prononcer.

« Oh, ne t’excuse pas… »

C’était normal de paniquer dans ce genre de situation à vrai dire. Le truc qui n’était pas normal, c’était peut-être qu’Evelynn n’ait pas autant paniqué que Garfield. Mais ça ne l’avait pas changé énormément en fait. Une poitrine plus plate, des cheveux plus courts, des épaules plus larges et quelque chose en dessous de la ceinture mais qui n’avait pas changé grand-chose pour le moment.

« Oh… c’est vrai que c’était mieux avant mais… tu… je … je veux dire … en fille, tu n’es pas si mal – enfin, tu es plutôt mignonne… »

Elle essaya de regarder vers le sol – se cacher les yeux avec les cheveux longs qu’elle n’avait plus. Zut. Euuh… Changer de sujet peut-être ?

« JE NE SAIS PAS … CE QU’ON PEUT FAIRE ? »

Une voix aigue qui se casse en milieu de phrase. Un peu trop forte pour le tunnel. Elle aurait voulu fuir – courir loin mais elle ne pouvait pas faire ça. Elle avait juste assez de force pour se cacher les yeux avec ses mains – tenter de cacher ses joues rouges carmins - et attendre que quelque chose se passe.

C'était vrai que, vu de l'extérieur, il devait n'avoir rien fait de magique.

« Un sort d'imperméabilité. Je sens rien comme ça. »

Mine de rien, quelques fois, il avait de bons réflexes. De temps en temps. Pas souvent. Mais ça ne résolvait pas tout, parce qu'ils n'avaient apparemment aucune idée de quoi faire de cette situation ni l'un, ni l'autre. Garfield semblait fasciné par le sol ; déjà qu'il n'avait pas énormément de confiance en lui à la base, même s'il s'appliquait généralement à bien faire semblant, ce changement n'était pas pour le mieux.

En plus, être – temporairement, il fallait l'espérer – une fille lui amenait toutes sortes de questions super bizarres en tête. Comme par exemple, l'espoir de ne pas devoir aller aux toilettes. C'était le problème avec tous ces évènements bizarres qui jouaient avec les identités des gens. Il ne se souvenait que trop bien de cette cuvette de toilettes qui l'avait nargué un bon moment quand il s'était retrouvé dans le corps de Pan, à hésiter entre laisser sa vessie exploser et l'envie future de se laver les mains au lance-flammes. Bon, là, c'était lui, mais c'était lui en fille. Et il avait beau être euh. Informé, ça ne changeait pas grand chose à la gêne.

Evelynn parlait, cependant, et cela le sortit de ses réflexions étranges. Pour mieux le faire rougir. Comment ça, il était mignonne ? C'était complètement loufoque d'entendre l'adjectif au féminin, en traduction mentale ça ne voulait rien dire, et il ne savait pas trop ce qu'il devait dire à ça. Est-ce qu'il était mieux en fille qu'en garçon... ? Non, ça c'était vraiment une réflexion féminine, comme quand on dit à une fille qu'elle est jolie aujourd'hui et qu'elle se demande si c'est parce qu'elle est moche tous les autres jours. Mais si ça tombait, Evelynn préférait les filles. ... Okay non. Arrêter de penser. Parler.

« Je. Merci. T'es pas mal non plus... »

Il hasarda un coup d'oeil vers elle après avoir parlé – logique, toujours complimenter avant de regarder correctement. Mais bon, s'il était honnête et pas complètement focalisé sur le fait qu'il était un mec – à la base – et que donc il ne regardait pas les autres mecs – les vélanes ça compte pas – il devait bien s'avouer que ce n'était pas faux, elle faisait un joli garçon. MAIS une bien plus jolie fille. Un jour, il arrêterait d'être psychorigide, mais ce n'était pas ce jour-là.

L'éclat de voix le fit légèrement sursauter, assez pour qu'il la regarde en face. Et qu'il se rende compte qu'effectivement, il ne gérait pas du tout, pour le coup. Il se sentait coupable de réagir aussi mal, alors que visiblement, il n'était pas le seul à être perturbé. Il prit une grande inspiration, qu'il bloqua quelques secondes. Il avait beau ne pas être lui-même, ça ne l'empêchait pas de se comporter comme tel. Enfin, correctement, parce que se comporter comme lui-même c'était pas toujours le meilleur des plans. Il eut une pensée fugace pour Kalev, dont il était sûr qu'il devait s'amuser comme un dingue – si lui non plus ne devait pas faire pipi, parce que là, on était partis pour des heures d'explications après.

Il s'approcha d'Evelynn, ne sachant pas trop quoi faire et... Oh et puis flûte. S'il avait été lui-même, ça aurait été plus facile, mais tant pis. Il était sensé monter sur un balai, pas en avoir un dans le fion, merci bien. Il prit ses mains dans les siennes doucement, pour les écarter de son visage, en essayant de former le sourire le plus convaincant qu'il puisse trouver.

« C'est pas une catastrophe. On peut s'amuser quand même, ça finira par partir ! »

Bon okay, il était presque sûr que les choses allaient retourner à la normale. Un peu de foi dans sa directrice de maison, même si elle était flippante. Il lâcha une des mains d'Evelynn, pour passer sa main libre sous le menton de la Serdaigle, lui faire redresser la tête pour qu'elle le regarde, qu'elle voie qu'il s'était calmé.

« Qu'est-ce que tu veux faire ? »

Il n'y avait pas tellement d'options en fait, c'était une fête. Il les passa mentalement en revue, avant de les énoncer.

« On peut continuer d'explorer, ou retourner dans la salle principale voir ce qu'il s'y passe. On peut même essayer de danser si tu veux. »

Quel effort magistral. Peut-être pour camoufler le fait qu'il n'avait pas proposé d'aller boire un verre au buffet ; avoir de la suite dans les idées, c'était aussi ne pas boire quand on avait peur d'aller aux toilettes.

Oh. Rien de spécial à cacher. Un sort d’imperméabilité – Evelynn n’aurait jamais pensé à ça. On pouvait presque croire qu’Evelynn était plus moldu que sorcière et pourtant elle avait vécu autant de temps avec son père que sa mère. Peut-être que c’était parce que sa mère était moldu.  Et puis à quoi bon savoir ça.

Le compliment d’Evelynn n’était pas le meilleur, c’est vrai. Quel garçon voudrait savoir qu’en fille il était mignonne ? Et en plus, qu’on utilise un adjectif féminin pour le décrire. C’était bizarre. Elle voulait rattraper le coup – rajouter une réflexion. Lui dire qu’elle le préférait quand même en garçon – parce que les filles, c’était pas vraiment son truc (surtout après Sloan à la st-valentin).

« Ah… euh… »

Elle n’eut pas le temps de le faire – Garfield lui avait déjà répondu et n’avait pas l’air de le prendre si mal.

« Merci… »

Donc elle n’était pas mal en garçon – à vrai dire, elle ne pouvait pas être pire qu’elle ne l’était déjà. Elle avait juste changé de sexe – Juste. Mais ça ne devait pas être le style de Garfield.  

C’était toujours Garfield en face d’elle. Un Garfield physiquement différent mais le Garfield qu’elle connaissait quand même. Ses yeux fermés et cachés par ses mains se ré-ouvrèrent lorsqu’elle sentit ses mains s’en allés à cause – grâce – à son cavalier, un sourire sur les lèvres. Toujours un peu incertaine, elle regarda ailleurs – pas pour longtemps. La main du poufsouffle se bloqua sous son menton – maintenant elle ne pouvait que le regarder. Il –enfin elle – était calme. En temps normal, ça l’aurait calmé elle aussi mais Garfield était proche – enfin, pour Evelynn. Elle le regardait – les yeux grands ouverts et les joues encore plus rouge qu’avant. Elle ne bougeait pas.  Elle se libéra que lorsqu’il posa sa question.

« … Euuh… Je ne sais pas … pas danser… enfin – je danse mal… »

Elle baissa la tête – l’entièreté de son visage rouge tomate. Une petite pause, essayant de calmer ses rougeurs.

« J’aimerais bien m’asseoir, me reposer ou quelque chose comme ça… enfin… si tu veux faire autre chose, je ne suis pas contre… »

Elle avait un peu oublié qu’elle était à une fête, en fait. Pour elle, c’était comme si elle était dans une bulle avec Garfield.

Garfield eut un petit rire, vachement soulagé en fait. Au moins, ça faisait un point commun.

« Je sais pas danser non plus. C'est déjà bien quand je finis une journée sans me planter, alors danser... Mais bon, au cas où tu voulais, je demandais ! »

Elle était vraiment toute rouge ; peut-être qu'à retardement, elle était encore plus perturbée que lui, c'était possible. Il essaya très fort de ne pas appliquer sa réflexion principale d'un peu plus tôt à la jeune fille, parce que... Merlin, c'était encore plus bizarre.

« S'asseoir c'est très bien, ça me va. »

Quand on est assis, on tombe plus difficilement, logique implacable. Il avait l'habitude d'envisager toutes les catastrophes possibles dans une situation donnée, puisqu'il y avait des chances qu'une d'entre elles lui tombe sur le nez. Même si, généralement, c'était en essayant d'éviter un problème qu'il se plantait. Là, sa robe était beaucoup trop ample, et il y avait de fortes probabilités pour que le machin devienne fourbe à un moment ou un autre, et décide de s'entortiller dans ses jambes. Ouais, s'asseoir, c'était bien.

Après, il fallait déterminer où, parce que ce n'était pas très évident. Si l'endroit où ils étaient semblait plutôt peu fréquenté – probablement que tout le monde était dans la salle principale, ou que ceux qui se promenaient aussi dans les tunnels cherchaient plutôt un coin sombre quelconque où ne pas être dérangés – il n'était pas vraiment confortable. Enfin. Il regarda autour d'eux. Il y avait, pas très loin, un renfoncement dans le mur qui laissait un petit muret assez large pour s'y asseoir. Bingo.

Il voulut aller vers l'endroit, mais il avait oublié qu'il tenait la main d'Evelynn – on prend vite l'habitude de ces choses-là. Il rougit. Est-ce qu'il devait la lâcher ou... ? Encore un million de questions, le fait qu'il soit un fille n'avait rien changé sur ce plan, il avait terriblement peur d'être incorrect. Et puis il décida qu'elle avait l'air bien trop mal pour qu'il la lâche. Il l'attira doucement avec lui.

« Je crois que là ça devrait aller. »

L'espèce de muret était assez haut, et lorsqu'il s'assit, il ne touchait plus le sol, mais ce n'était que quelques centimètres. C'était un peu étrange de se dire qu'ils étaient au milieu d'une fête... Bien sûr, la musique leur parvenait, principalement par des basses sourdes et l'aigü de la voix du chanteur – devenu une chanteuse, ça changeait un peu le répertoire – et il y avait le bourdonnement des conversations, parfois un mouvement quand quelqu'un passait au bout du couloir, mais tout ça était fort loin, en somme. Il pouvait bien y avoir du bruit, cela n'empêchait pas le silence d'être fort lourd, surtout dans la demi-pénombre, avec toutes ces fées partout ; il ne savait pas trop quoi dire, assis à côté d'elle sans la regarder, mais avec leurs mains jointes entre eux, ce paradoxe. Il baissa les yeux, pour ne rencontrer que le tissu noir de sa robe qui brillait un peu par endroit, et sa main libre aux ongles vernis – mais quelle horreur. Il finit par se racler la gorge – très féminin, très distingué – et se tourner vers elle, juste un peu.

« Je peux faire quelque chose pour que tu te sentes mieux ? »

Au moins, c'était plutôt direct, même s'il aurait sans doute été mieux d'entamer une discussion plutôt que de lui faire remarquer qu'il avait vu son trouble.