Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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Young girl, you're out of your mind ■ Absynthe [ FLUFFY ♥ ]

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Serdaigle



Violet E. Jenkins
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Dim 16 Fév - 22:42
Andrea s'était fait piquer son dessert. Évidemment. Ginkgo était dans le coin, alors l'assiette n'était pas restée là trop longtemps. Violet avait esquivé son assiette telle une ninja devant la scène, histoire que le sien n'y passe pas aussi. Elle irait aux cuisines plus tard. Dans ses déambulations solitaires dans les couloirs, elle avait souvent fini par aller rendre visite aux elfes de maison, et il lui semblait qu'ils l'aimaient bien... Si elle expliquait la situation, elle pourrait sûrement avoir un autre morceau de clafoutis pour Andy un peu plus tard.

En attendant, elle avait un cours qui commençait bientôt ; il était l'heure de remonter vers les étages, elle s'occuperait de ça plus tard. Violet était partie de la grande salle avant tout le monde, comme d'habitude ; elle n'aimait pas rester à la vue de tous. Du coup, pas un chat dans les couloirs, à part le sien qui la suivait comme une ombre – une ombre assez effrayante d'ailleurs. Chamoche portait bien son nom, avec ses yeux purulents, ses oreilles déchiquetées et son poil épars. Mais... C'était la seule compagnie qu'elle voulait pour savourer son dessert en marchant dans les couloirs.

Il sentait bon, ce clafoutis. Une odeur de rose et de résine qui ne collait pas trop avec les cerises... Sans doute un coulis ajouté au dessus pour parfumer un peu plus la pâtisserie. Si seulement l'amortentia avait représenté pour Violet une odeur moins naturelle...

La dernière miette fut mangée juste avant qu'elle n'arrive au premier étage. Au détour de l'escalier, en haut des marches, Mr. Bridgestone montait aussi, retournant sans doute à l'infirmerie. Il avançait plus vite que Violet et soudain... Soudain, cela sembla insupportable. Elle déposa son assiette sur un pilier de la rampe, chose que l'ordonnée petite Serdaigle n'aurait jamais fait habituellement, et accéléra le pas. Son coeur cognait contre ses côtes, mais elle ne dit rien. Elle n'aurait rien su dire, de toutes façons, sa gorge était bloquée, elle ne pouvait qu'être son ombre, l'ombre pathétique d'une magnificence dont elle craignait de voir le visage tant l'arrière de ses épaules l'émouvait déjà.

Penchant la tête pour cacher son rougissement avec ses cheveux, la jeune fille se fit discrète, jusqu'à l'infirmerie, tant et si bien que la porte se referma devant elle ; Absynthe ne l'avait même pas vue. Devant ce pan de bois qui la séparait de l'être qui représentait l'univers entier pour elle à cet instant, Violet sentit les larmes lui monter aux yeux. Comment faire ?

Violet était une Serdaigle, même si elle était confuse. Elle savait réfléchir, et elle avait une certaine ambition, après tout ; quand elle voulait quelque chose – même si c'était généralement relatif aux études – elle s'arrangeait pour l'avoir. Elle prit une grande inspiration, et poussa la porte.

« Mr. Bridgestone... ? Je ne me sens pas très bien... »

Sa voix tremblait, elle avait de grosses larmes rondes au coin des yeux, tel un pauvre chaton triste.

« Je peux rester un peu près de vous ? »

Elle avait envie de dire qu'elle l'aimait, mais pour Violet, il n'y avait pas de plus grand amour que de se taire, parce que elle, si on lui disait qu'on l'aimait, elle ne le croyait pas. Malheureusement pour Violet, qui était si rationnelle, si délicate dans son approche, son pouvoir avait décidé de parler à sa place, sans qu'elle s'en rende compte.

A la seconde où Absynthe avait de nouveau été dans son champ de vision, l'atmosphère avait changé. On aurait presque pu la découper au couteau, tant elle était épaisse, une pression infernale qui semblait remplir la pièce comme un gros nuage qui aurait probablement été rose s'il avait été visible ; pas encore un charme adulte, non, mais pour la première fois de sa vie, Violet n'essayait pas d'être encore une enfant, parce que... Et bien parce qu'un seul regard au fantôme qui régnait sur les lieux suffisait pour comprendre qu'une enfant n'aurait pas ses chances avec Absynthe. Elle se rapprochait, le visage brûlant caché par ses longs cheveux bruns, presque hésitante mais il lui semblait que le monde s'était arrêté et ne reprendrait son cours que si elle approchait. Si elle le touchait. Elle rougit de plus belle, mais cela ne se voyait pas. Ce qui se voyait ? Probablement une scène effrayante, d'une presque-petite fille cachée derrière ses cheveux, qui avance résolument vers sa cible, entourée d'une aura qui pourrait paraître... Violente.
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Absynthe Bridgestone
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Mar 18 Fév - 16:30


Absynthe était de fort mauvaise humeur aujourd’hui. On leur avait rapporté que des philtres d’amour circulaient dans les couloirs, mais quand l’assistant de l’infirmière avait enfin réussi à mettre la main sur un flacon, il s'était avéré que les philtres étaient aussi illégaux qu’inefficaces. Une matinée de perdue. Absynthe s’était mis sans grande conviction à la recherche d’un responsable, mais comme toujours dans ces cas-là, tout le monde avait une bonne excuse. Les Poufsouffles ? Ils avaient un truc sur le feu. Les Gryffondors ? C’était la faute des Serdaigles. Les Serdaigles ? S’ils avaient eu l’idée de vendre des philtres d’amour illégallement, ils auraient eu la dignité de ne pas les rater. Quant aux Serpentards, ils étaient tous partis manger à cette heure-là. Comme d’habitude, ce n’était la faute de personne.
Absynthe avait la nette impression que tout le monde se payait sa tête. Ajoutez à cela qu’il n’avait pas beaucoup vu mademoiselle Euphrasie de la journée, elle qui était un peu la seule personne pour qui il faisait l’effort de sourire... et on comprenait qu’il tire une tronche de deux mètres de long en fixant son ragoût à moitié entamé dans son assiette.

Il décida de quitter les lieux sans attendre le dessert, et de retourner à l’infirmerie où se trouvait peut-être sa collègue - ou peut-être pas, de toute façon tout était préférable à rester ici. Il avait encore des tas de choses barbantes à faire, et si jamais un élève venait encore l’enquiquiner en prétextant une intoxication au faux philtre d’amour, il ne répondrait plus de rien. Il claqua un tout petit peu la porte derrière lui et se dirigea vers son bureau pour reprendre le bouquin sur les antidotes aux philtres d’amour qu’il avait emprunté le matin-même à la bibliothèque - encore du temps perdu - quand on l’appela.

Absynthe se retourna, et oublia pourquoi il était de mauvaise humeur.

Mr. Bridgestone... ? Je ne me sens pas très bien...

C’est vrai, c’était une belle journée après tout, pourquoi tirer la tronche alors qu’il aurait pu faire des tas de choses utiles, comme trier la paperasse, ranger le bureau, classer les dossiers des élèves, le tout en chantonnant gaiement ?
Cette pensée était tellement absurde qu’elle le ramena à la réalité, et il fronça les sourcils devant le visage terriblement malheureux de la nouvelle venue - Violet Jenkins. C’était étrange, mais pendant un instant, il avait cru avoir affaire à une autre personne.

Je peux rester un peu près de vous ?

Il se rendit compte qu’il la dévisageait en silence pendant tout ce temps-là et cligna des yeux, surpris par sa propre réaction.

Euh oui, bien sûr ! Installez-vous, dit-il en montrant un des lits. Qu’est-ce qui vous arrive ?

Absynthe regretta un peu qu’Euphrasie ne soit pas là, elle qui était si gentille et si douce, elle aurait sûrement été plus à-même de rassurer miss Jenkins, qui semblait très perturbée, et... D’accord, c’était surtout une excuse pour ne pas se retrouver seul avec la Serdaigle, une situation qu’il redoutait depuis sa dernière rencontre avec elle - même si ça n’avait pas vraiment été elle, au final.

Vous... vous voulez un mouchoir, peut-être ?

Peut-être était-ce ce souvenir qui lui permettait de ne pas perdre tous ses moyens et lui faire un gros câlin pour la consoler (ce qui aurait été extrêmement déplacé) ou peut-être était-ce autre chose. En tout cas, Absynthe n’osa pas trop s’approcher alors qu’il lui tendait une boîte à mouchoirs rose avec des petits moutons bleus en imprimé qui flottaient gaiement sur le papier comme des nuages paresseux - les préférés d’Euphrasie. Il recula même d’un pas, en fait. Il se sentait bizarrement tiraillé, sans savoir pourquoi. Mais comme Violet avait vraiment l’air mal en point, il ne se posa pas davantage de questions, et à aucun moment il ne se rendit compte du charme qui agissait sur lui.
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Mar 18 Fév - 17:27
Violet regarda le lit une seconde, mais ça voulait dire s'éloigner. Elle était tout juste assez proche pour ne pas fondre en larmes ; il lui semblait complètement invraisemblable d'aller s'asseoir un peu plus loin. Elle secoua la tête, et cela fit couler les deux grosses larmes tout juste retenues. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait, mais elle avait l'impression d'être en train de se noyer à quelques centimètres de la surface, avec tout ce délicieux oxygène juste à portée.

Elle ne voulait pas de mouchoir. Et elle ne voulait pas non plus qu'il recule. Non, juste non. Elle tendit la main pour le retenir, mais il avait l'air d'avoir peur ; pour une fois qu'elle voulait que quelqu'un l'aime, il avait peur, parce que... Oh misère. Violet se rendit compte tout d'un coup que son pouvoir lui avait échappé, et elle en ravala la plus grande partie, avec difficulté, mais elle ne parvenait jamais à le contrôler totalement. Non. Non... Elle l'aimait. Elle ne pouvait pas le faire fuir. Alors elle fit ce qu'elle avait envie de faire, et elle s'approcha brusquement pour passer les bras autour de l'infirmier. Elle nicha son petit nez contre sa chemise, ses larmes mouillant le tissu.

« Partez... pas... » Un sanglot. « Je veux pas vous faire peur, je suis désolée, je contrôle pas, s'il vous plaît, restez, je fais pas exprès, je vous promets, je, je suis désolée. »

Plissant très fort les yeux, elle serrait les poings sur la chemise dans le dos d'Absynthe. Il devait sûrement se dire qu'elle était un monstre. Il n'allait sûrement jamais l'aimer, d'ailleurs il ne pouvait pas l'aimer, puisque tout l'amour qu'elle inspirait était artificiel. Mais il fallait qu'elle essaye au moins, parce que s'il partait, tout allait s'arrêter. Il était l'air, le soleil, l'entièreté de l'univers.

Doucement, sa respiration se calmait, grâce au fait qu'elle était accrochée comme une sangsue à son aimé. Elle leva le nez, parce qu'il était beaucoup trop grand pour elle... Un membre du personnel. Quelque part dans le fond de sa tête une sonnette d'alarme résonnait, mais l'ampleur de son amour l'étouffait.

« Mr. Bridgestone, je crois que... » Elle plissa le nez comme si elle cherchait elle-même une explication logique. « Je crois que je vous aime. Je suis désolée. »

Elle chuchotait, de la même façon que si c'était un secret ou une insanité. Au final, ce n'était sans doute pas très éloigné ni de l'un ni de l'autre. Violet était désolée de l'aimer, parce qu'elle était un fardeau, elle en était persuadée ; elle ne pouvait que s'imposer aux autres, pas leur plaire réellement.

« Je peux rester près de vous alors ? » Tout le temps. Chaque seconde de chaque jour. Jusqu'à ce que la mort nous sépare. « Je me ferai toute petite. Je sais très bien me faire toute petite. »

...Violet avait de gros problèmes, depuis longtemps, ce n'était pas une nouveauté. La potion ne faisait que l'amplifier, monstrueusement, et cela prenait des proportions inquiétantes.
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Mar 18 Fév - 22:30
Lorsque Violet Jenkins se mit à pleurer pour de bon, Absynthe eut une réaction bizarre avec sa boîte de mouchoirs, un peu comme s’il voulait s’en débarrasser, puis se retenait au dernier moment, dans un espèce de moulinet désordonné qui lui donna l’impression d’être particulièrement stupide. Le pire étant quand même que Violet Jenkins pleurait devant lui, pauvre petite, il avait dû dire ou faire quelque chose de travers, ce n’était pas possible autrement, elle avait vraiment l’air très très mal, mais quel crétin. Et tout en se fustigeant intérieurement, il chercha quelque chose à dire, mais rien ne vint, parce qu’Absynthe n’était pas doué pour consoler les filles en pleurs. Surtout quand la fille en question était Violet Jenkins - il essaya de ne pas penser aux derniers souvenirs qu’il avait d’elle. Il avait peur de faire quelque chose de déplacé, mais rester planté là alors qu’elle pleurait sous son nez lui semblait aussi insupportable que de... que de... que de passer une journée sans voir Euphrasie.

Oh.

Elle se jeta sur lui avant qu’il ait complètement réalisé ce qui était en train de se passer.

Partez... pas... Je veux pas vous faire peur, je suis désolée, je contrôle pas, s'il vous plaît, restez, je fais pas exprès, je vous promets, je, je suis désolée.

Euh. fit Absynthe, tout à fait pathétique.

Il ne l’avait absolument pas vu venir et il se retrouvait là, sa boîte à mouchoirs à imprimés moutons dans une main, les bras écartés comme s’il n’osait pas la toucher - ce qui était tout sauf une impression. Ce n’était pas... Enfin, ça ne se... Merlin, pourvu que personne n’entre dans l’infirmerie maintenant.
Il avait un peu de mal à comprendre ce qu’elle disait car son nez était à moitié enfoui dans sa chemise, et entre les sanglots et les reniflements, il n’entendait rien d’autre que des excuses - ce qui lui semblait à la fois bizarre et tout à fait adapté à la situation gênante qu’il vivait là. Mais Violet n’aurait pas dû s’excuser d’être aussi triste, enfin, il pouvait comprendre que, euh... qu’on soit un peu désespéré parfois, au point de... d’être en manque d’affection ? Même s’il n’était sûrement pas la personne la mieux placée pour ça. Que devait-il faire ? Il ne pouvait pas la laisser dans cet état-là... mais il n’allait pas lui rendre son geste, tout de même. (Une petite partie de lui trouvait que c’était la meilleure chose à faire, enfin, il était clair que la pauvre petite méritait un câlin.) Le seul geste pas trop déplacé qui lui vint instinctivement fut de lui tapoter l’épaule, mais c’était tellement léger qu’elle ne sentit probablement rien. Absynthe s’éclaircit la gorge, mais même comme ça, sa voix était un peu rauque. Pourquoi se sentait-il aussi désemparé ?

Miss Jenkins ? dit-il doucement, très prudemment.

Il avait peur de faire une bêtise et d’empirer la situation. Violet semblait se calmer un peu. Elle leva le visage vers lui (Absynthe se dit vaguement qu’elle devait être la seule fille au monde à rester jolie quand elle pleurait) et :

Mr. Bridgestone, je crois que... Je crois que je vous aime. Je suis désolée.

Ah.

C’était la déclaration la plus embarrassante qu’on ne lui ait jamais faite. Pourtant il avait eu droit à un nain-cupidon, une fois. Même ce souvenir ne le gênait pas autant. Il voulut s’écarter mais quelque chose le retint, peut-être la peur de voir ces grands yeux se remplir encore de larmes. Mais il ne pouvait pas rester là sans rien faire.

Euh.

Il aurait dû réagir plus rapidement. Il en aurait sûrement été capable en temps normal. Mais quelque chose - le charme de Violet - l’empêchait de la repousser de façon claire et nette et de lui remettre les pendules à l’heure. Qu’est-ce qui lui prenait ? Elle avait quatorze ans, lui vingt-sept, inutile d’être membre du Magenmagot pour déduire que tout ceci était aussi sage que légal, sans compter qu’il était membre du personnel, tiens, et elle élève ! Cette situation pouvait lui coûter sa place.
Cette idée horrible le ramena à la réalité et il repoussa gentiment Violet.

D’accord, miss Jenkins, euh. Peut-être que dire d’accord à ce moment-là n’était pas une bonne idée. Il se reprit rapidement : C’est gentil à vous. Gentil ? Sérieusement ? Bon. On va mettre ça sur le compte de son éloquence habituelle. Et, euh... vous pouvez rester là un moment si vous voulez.

Mais ne me collez pas, se retint-il d’ajouter. La pauvre gamine était vraisemblablement très perturbée, il avait un peu peur de la relâcher dans la nature comme ça. Il préférait garder un œil sur elle le temps que... qu'elle reprenne ses esprits. Ou qu’Euphrasie revienne. Il aurait très honte de lui expliquer la situation, mais peut-être saurait-elle comment s’y prendre, elle. Après tout ce n’est pas comme si la moitié de l’école ne tombait jamais amoureux d’elle.

Tandis que lui, bah.
Franchement.

Vous êtes sûre de ne pas vouloir vous asseoir ? Je peux vous faire un mot pour vos cours de l’après-midi, si vous voulez. Asseyez-vous, d’accord ? Et prenez un mouchoir.

Quelle idée.
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Mer 19 Fév - 5:16
Bizarrement, alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que les sanglots de Violet redoublent d'intensité, ce ne fut pas le cas. Dans sa logique tordue, elle pouvait accepter rationnellement même sous l'influence d'amortentia que ses sentiments ne soient pas réciproques, puisqu'on ne pouvait pas l'aimer sans interférence surnaturelle, selon elle. Elle hocha la tête en reniflant, acceptant de se détacher de l'infirmier.

"Je trouve ça bizarre aussi, vous savez."
Serdaigle dans l'âme, elle essayait de trouver une explication. "J'ai toujours fait très très attention d'aimer personne, et là... Si j'étais loin de vous, le monde s'arrêterait de tourner. Mais c'est pas grave. Je comprends."

Encore une fois, elle chuchotait, baissant les yeux vers le sol en rougissant assez violemment, ce qui n'arrangeait pas l'état de son visage après les larmes. Elle attrapa un mouchoir pour s'essuyer les yeux, et regarda le lit sur lequel Absynthe voulait qu'elle s'asseye depuis le départ, avec un certain dégoût. Mais bon... Il ne l'aimait pas, et elle entendait presque son coeur se briser en petits morceaux, une fissure à la fois. Ce fut pire à chaque pas qu'elle faisait en s'éloignant ; lorsqu'elle fut assise, on aurait dit qu'elle avait avalé un cactus entier tant ça avait l'air douloureux.

Son chat, qui explorait la pièce depuis qu'elle y était entrée, vint se nicher sur ses genoux, pour tenter de la réconforter. Il sentait bien que quelque chose ne tournait pas rond. Et Violet se remit à pleurer, à chaudes larmes, parce que c'était de la torture, purement et simplement, mais que son caractère et les mauvaises expériences passées l'empêchaient de se battre. Tant qu'elle pouvait rester près de son amour, le contempler, elle n'irait pas trop mal. Même si elle aurait préféré qu'il l'aime en retour. Qu'il soit heureux de la voir, pas juste embarrassé de son comportement. Elle était trop jeune encore pour espérer quoique ce soit d'autre, mais cette pensée était comme une pierre au fond de son estomac, énorme et douloureuse. A chaque pensée qui lui traversait l'esprit au sujet de ce que pourrait être leur amour s'il le lui rendait, Violet se sentait un peu plus mal.

"Je ne vous... Embêterai pas. Faites comme... Si... J'étais pas là..." Et d'ailleurs, si sa simple présence l'embêtait, elle s'en irait. Par amour pour lui. Vers le fond du lac, probablement, et il était fort probable que ce soit visible dans le regard désespéré qu'elle posait sur l'homme.

La jeune fille se tut, étouffant ses sanglots dans la fourrure de l'animal auquel elle se raccrochait comme à une bouée dans la tempête, et qui darda un regard plein de reproches vers Absynthe. L'air de dire... Bien joué, vraiment.
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Mer 19 Fév - 13:31
S'il y avait un septième pied sous terre, Absynthe s'y trouvait probablement en cet instant. Que Violet lui demande de faire comme si elle n'était pas là lui faisait mal, physiquement mal, s'entend, comme s'il était celui qui venait de se prendre un râteau. Et le regard accusateur de son horrible chat n'arrangeait rien, évidemment. Minable. Violet avait l'air complètement perdue, et si l'idée qu'elle puisse l'aimer avait encore du mal à l'atteindre - enfin, sérieusement, lui ? - la voir souffrir lui tordait le ventre dans une culpabilité atrocement familière. Il ne voulait pas la blesser. Le mal était fait, mais il ne voulait pas empirer la situation. Surtout qu'elle avait l'air littéralement au bord du gouffre. C'était tout bonnement effrayant. Une partie de lui regrettait de l'avoir repoussée - ce qui était tout aussi horrible en soi - et il ne savait pas vraiment ce qui le retenait de la prendre dans ses bras. Il n'aurait pas fait davantage, Absynthe était le genre de personne qui savait se contenter de très peu (n'est-ce pas), parce que qu'il ne méritait rien d'autre que ce très peu. C'était ainsi que sa culpabilité se manifestait. Il avait déjà du mal à accepter les bêtes compliments qu'Euphrasie lui faisait parfois, alors une déclaration, surtout aussi innocente que celle de Violet, représentait l'impossible. Mais il ne pouvait pas l'expliquer à la principale concernée, elle ne comprendrait pas.

Et donc, louée soit la culpabilité en cet instant. Il s'approcha du lit avec la nette impression que s'il ne le faisait pas, Violet sauterait par la fenêtre - on était qu'au premier étage, mais tout de même - et croisa instinctivement les bras. Au cas où elle tenterait un autre euh, rapprochement imprévu. Il n'était pas certain d'avoir la force de la repousser une seconde fois, la pauvre. (Une partie de lui avait toujours envie de lui faire un câlin et de la consoler comme une pauvre petite chose battue.)

Je suis désolé, miss Jenkins. Il avait besoin de s'excuser lui aussi, il se sentait vraiment trop mal. Quel monstre faisait pleurer une jeune fille aussi douce et gentille que Violet Jenkins ? Il faut avouer que c'est un peu... délicat, comme situation, dit-il avec tout le tact qu'il possédait.

C'était plus que délicat, c'était... carrément déplacé, mais bon. Absynthe était mal placé pour reprocher à un ou une élève d'avoir un faible pour un membre du personnel N'EST-CE PAS. Même si, maintenant qu'il y réfléchissait, ses sentiments à lui n'avaient jamais atteint de telles extrémités. Il ne se rappelait pas avoir jamais voulu se pendre avec la cravate rouge et or qu'il n'attachait jamais juste parce qu'il n'avait pas eu droit à sa visite quotidienne à l'infirmerie. Ce qui était très bien, sans quoi il aurait probablement fini par se tuer à force de vouloir se blesser volontairement - ça par contre, ça aurait été nettement préférable par la suite selon lui, mais ne changeons pas de sujet. Quelque chose dans les propos de miss Jenkins le dérangeait : elle-même avait l'air de trouver ça bizarre. D'accord, on ne contrôle pas ses sentiments, mais quand on passe une matinée à chasser de fausses potions d'amour, on a quand même l'intelligence de faire le rapprochement. Même sept pieds sous terre sous le charme d'une demi-vélane, oui oui. Absynthe remerciait intérieurement que cela soit tombé sur Violet, qui était une personne visiblement pragmatique et réfléchie, sans quoi il n'aurait peut-être pas cherché plus loin.

Quand vous dites que vous trouvez ça bizarre, euh... excusez-moi de vous poser la question, mais depuis quand avez-vous euh... remarqué que, enfin...

Il avait vachement de peine à le dire quand même, et fit un vague geste de la main en espérant qu'elle comprendrait. Il aurait bien aimé jeter un coup d’œil au livre sur les antidotes qu'il avait pris ce matin, mais il était dans le bureau, et il doutait qu'une disparition momentanée de sa part, même brève, rassure Violet. Il fit même l'effort de s'asseoir à côté-d'elle-mais-pas-trop-près-non-plus sur le lit, c'est dire s'il tenait à ne pas malmener davantage le cœur qu'il venait de briser.
Monstre, semblait dire le chat.
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Violet E. Jenkins
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Mer 19 Fév - 21:47
Il se rapprochait un peu, et Violet reprenait espoir. Elle ne se sentait pas elle-même, sans quoi elle n'aurait jamais fait ça. Et ça, c'était pour la première fois de sa vie s'appliquer à utiliser son pouvoir. Pas comme une explosion, comme un gaz qui remplirait la pièce, pas comme tout à l'heure où ç'avait été inconsciemment, sous le choc d'un amour naissant. Non, c'était comme un air de musique qui se confond dans le vent, comme un pendule hypnotique qui oscille à peine... Une toute petite voix qui semblait émaner d'elle avec beaucoup de persuasion, et qui disait « rapproche-toi encore un peu ». Aie confiance, crois en moi.

Sans doute que si elle avait accepté cette partie d'elle-même, Violet aurait été répartie à Serpentard. Et là, quelque chose passait au dessus de sa volonté habituelle. Quelque chose n'appréciait d'ailleurs pas qu'elle essaye de raisonner, comme si l'amortentia avait une volonté propre qui la poussait à rester cachée en redoublant d'intensité après un moment de lucidité. C'était complètement insensé, mais Violet souriait, calmée, de son sourire le plus innocent. Yeux de bambi grands ouverts dans le petit minois à peine rougi. Juste le voir s'approcher, c'était que tout n'était pas perdu... Viens un peu plus près. Elle hocha la tête pour lui répondre.

« C'est un peu délicat, oui. Mais être près de vous, ça me suffit, vous savez. Jusqu'à ce que je sois assez âgée, là je vous épouserai. »

Son sourire s'élargit un peu, creusant des fossettes dans ses joues, montant jusqu'à ses yeux, alors qu'elle parlait sur le ton de celle qui énonce des faits certains. L'Amour arriverait presque à lui faire parler d'enfants, ce qui serait encore plus flippant, si sa détermination à ne jamais en avoir n'était pas aussi bien ancrée. Hors de question de voir une petite fille souffrir du même problème.

Il posa une question qui fit froncer les sourcils à Violet. Depuis quand... ? Elle ne se rappelait pas vraiment, en fait. C'était une drôle de question. Il lui semblait que c'était depuis toujours. Elle gratouilla distraitement le chat, qui ronronnait pendant qu'elle cherchait, en vain.

« Je ne sais plus. » dit-elle finalement. « Mais c'est pas grave, si ? »

Il s'assit. Pas assez près au goût de la jeune fille, mais pas assez près que pour qu'elle arrête complètement de réfléchir. Parce que Violet avait l'habitude de se battre contre elle-même, en fin de compte... Mais une chose à la fois. Elle ne pouvait pas réfléchir et contrer son pouvoir en même temps.

« Je me souviens de la grande salle. Des escaliers, et je vous ai vu, et vous êtes tellement beau. » Elle ferma les yeux. « Et vous sentez tellement bon. »

Un peu comme le clafoutis, en fait. Imperceptiblement, Violet se décala vers l'infirmier. Un tout petit peu à la fois, pendant que son pouvoir chantonnait doucement. Aie confiance, crois en moi.
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Jeu 20 Fév - 0:23
Violet se calmait, et l’atmosphère devenait un peu moins lourde. Absynthe se détendit un peu, rassuré qu’elle ne pleure plus. S’il avait regardé le chat cette fois, il l’aurait probablement fixé l’air de dire "tu es encore plus stupide que tu en as l’air".

C'est un peu délicat, oui. Mais être près de vous, ça me suffit, vous savez. Absynthe hocha la tête, il ne voulait pas la contredire, même s’il était clair qu’elle croyait dur comme fer à ses sentiments. Elle aurait presque pu le convaincre, si... Jusqu'à ce que je sois assez âgée, là je vous épouserai. Je. pardon ?

Il la fixa comme s’il essayait de déterminer si elle lui faisait une grosse blague ou si elle était vraiment convaincue de ce qu’elle disait. Elle disait les choses avec tellement de calme, c’en était... déroutant, même pour lui. On aurait dit une petite fille qui pointe du doigt le prince charmant d’un conte de fées en disant vouloir le même quand elle serait grande, et qu’ils auraient une jolie maison, avec un joli jardin, un chien et des gamins. Sauf qu’Absynthe était un peu le contraire de tout ça, maladroit, râleur, irresponsable, en bref clairement pas fait pour une vie de famille bien réglée. De toute façon il ferait probablement un époux pathétique. Mais là encore, il ne contredit pas Violet. Non, non, se disait-il. Ne la fais pas pleurer encore une fois. Il préférait la voir sourire, même si son brusque changement d’attitude était étrange. La situation était toujours gênante, mais plus agréable à vivre, d’un coup. Elle avait vraiment un joli sourire. C’est lui où il y avait une odeur bizarre ? Lorsqu’elle répondit à sa question, il eut un temps de retard, avant d’hocher la tête. Non, bien sûr que ce n’était pas grave. Enfin. Il ne se rappelait plus pourquoi ça lui avait semblé très important, tout d’un coup. À quoi il pensait, déjà ? Elle avait vraiment un joli sourire. Le chat ronronna. Il se sentait plus détendu, d’un coup. Même s’il gardait ses distances. Il savait que c’était important, même si la raison lui échappait là tout de suite... ça allait lui revenir.

Je me souviens de la grande salle. Des escaliers, et je vous ai vu, et vous êtes tellement beau. La Grande Salle ? Et vous sentez tellement bon.

Absynthe la fixa bizarrement, pourtant la situation ne lui semblait pas plus gênante que ça. Elle aurait dû. Il essaya de se rappeler pourquoi. Mais avant, il devait répondre quelque chose, ça aurait été impoli. Voyons voir...

Euh... merci.

Ouais, c’était bien ça. Il restait délicat tout en ne prenant aucun risque. Même s’il avait envie de lui retourner le compliment, mais ça aurait été un peu bizarre quand même. Déjà parce qu’il n’avait jamais été sensible au parfum de qui que ce soit à part Euphrasie - ah oui, il y avait quelque chose en rapport avec elle, ça lui revenait maintenant... mais quoi ? Ensuite parce que ça voulait dire qu’ils étaient vachement proches quand même et...
Oh.
Absynthe se rendit compte que Violet était en train de se décaler vers lui. Il fallait qu’il bouge. Mais ça recommença. C’était la deuxième fois déjà. Quand il la regardait en biais, il voyait une autre personne. Il cligna des yeux. C’était quoi ce délire ? Violet n’était pas blonde.

Miss Jenkins, vous devriez reculer.

Il aurait dû trouver ça effrayant. Mais Violet ne semblait pas effrayée. Elle souriait calmement - elle avait vraiment un joli sourire. Peut-être qu’il se faisait des films. Peut-être qu’il ne se passait absolument rien. Peut-être que c’était dans sa tête. Avait-il précisé qu’elle avait vraiment un très joli sourire ?

... je crois, ajouta-t-il après un instant de réflexion.

Il y avait une bonne raison à ça aussi, mais Absynthe avait oublié. Le chat ronronnait toujours. Quel idiot. Absynthe fronça les sourcils, les bras toujours croisés, dans un gros effort de concentration. Qu'est-ce qu'ils faisaient là, déjà ? Il baissa les yeux sur sa blouse d'infirmier et eut un peu de peine à se rappeler pourquoi il portait un truc aussi moche. Non, c'est vrai. Elle était sale, tâchée, il ne savait pas depuis combien de temps il ne l'avait pas lavée, et en-dessous il avait une vieille chemise noire, et ses pantalons était élimés, et ses chaussures étaient trouées, et il n'avait pas mis de cravate, comme toujours, et il n'était pas coiffé bien sûr - Merlin, c'était déjà un miracle qu'il se rase. Il ne voyait vraiment pas comment Violet pouvait le trouver beau. C'est vrai, même lui il ne se serait pas trouvé beau. Il eut un peu honte. Une pensée encore plus bizarre le prit soudain : il fallait qu'il fasse un effort. Ça aurait dû l'horripiler, mais il trouva l'idée tout à fait normale, et c'était peut-être ça, le plus flippant de tout. Il n'avait pas un peigne quelque part ?
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Violet E. Jenkins
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Lun 24 Fév - 23:37
Son amour pensait qu'elle devait reculer. Violet pencha la tête sur le côté sans vraiment comprendre. Il était sans doute préoccupé par une question de réputation, mais elle l'avait déjà rassuré sur la pureté de ses sentiments ; quand elle serait en âge, elle ferait un honnête homme de lui. L'hésitation d'Absynthe agrandit le sourire de la jeune fille. Il voyait bien qu'elle ne devait pas reculer. Ils étaient faits pour être ensemble, au plus près l'un de l'autre. Ce qu'elle faisait avec son pouvoir ? Ce n'était pas important. C'était juste pour l'aider à se détendre un peu, à accepter sa présence, elle ne faisait rien de mal. Absynthe avait sans doute de la chance, d'ailleurs, que Violet soit encore si jeune. Elle n'avait envie de rien de plus que de le câliner comme une énorme peluche. Une peluche qui avait sans doute du travail, honte d'être là, et aucune envie de se laisser faire, mais le philtre d'amour éliminait toutes ces pensées gênantes du cerveau de la jeune fille.

« Vous pourriez m'appeler Violet ? Ça me ferait très plaisir. »

Elle souriait toujours en se levant avec des gestes étonnamment mesurés, comme si elle essayait d'approcher une licorne sans lui faire peur. Elle ne voulait pas faire peur à Absynthe comme elle l'avait fait au début, c'était hors de question... Il ne l'aimerait probablement jamais, mais il acceptait de la garder près de lui, et c'était déjà merveilleux malgré la douleur que lui causait la certitude de ce rejet. Violet s'approcha encore un peu, jusqu'à se retrouver debout devant l'infirmier.

« Je vous aime. »

Rougissant furieusement, elle déposa doucement un très léger baiser sur sa joue, et puis... Et puis elle n'arriva plus à reculer, parce qu'elle était si bien près de lui. Il sentait si bon, sa présence était si rassurante... Elle s'installa à califourchon sur ses genoux, profitant qu'il était confus, pour se blottir contre lui, le nez contre sa chemise pour s'enivrer de son odeur. La sensation d'être à sa juste place sur Terre l'envahit comme une vague de soulagement et elle fut, peut-être pour la première fois de sa scolarité, totalement détendue en présence d'un autre être humain.

« Je vous aime tellement », fit-elle d'une voix un peu étouffée.

Elle avait juste envie de rester là, comme un gros koala, accrochée à l'infirmier pour le restant de ses jours. C'était une vie agréable, de rester contre quelqu'un d'aimé, une chaleur bienfaisante, rassurante. Violet en aurait presque ronronné, à la manière d'un chaton heureux. Quelque chose au fond d'elle protestait contre ce bonheur, contre la léthargie qui s'emparait d'elle à être si bien contre Absynthe, mais elle était beaucoup trop bien pour écouter cette voix désagréable.

A vrai dire, elle était tellement bien qu'elle aurait pu s'endormir. S'endormir contre son amour, c'était le rêve absolu... Peu importait qu'elle l'empêche complètement de bouger. Ses yeux se fermèrent. Elle ne somnolait pas encore, elle ne faisait que profiter de l'instant autant qu'elle le pouvait, mais elle se détendait en écoutant les battements de coeur d'Absynthe comme s'ils étaient la plus douce des musiques à son oreille. Et, tout aussi doucement, son aura de séduction refluait, à la manière d'une marée qui redescend.
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Absynthe Bridgestone
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Mar 25 Fév - 21:23
Violet s’approcha et les doigts d'Absynthe jouèrent nerveusement avec le col de sa chemise, comme pour tirer sur le nœud d’une cravate qu’il n’avait pas. Il n’arrivait pas à croire qu’il se comportait de cette façon devant elle. Qu’elle le mette dans cet état. Elle était tellement douce, et gentille, et... et Absynthe ne savait pas d’où lui venait cette impression de déjà-vu. Pourtant il n’avait jamais vu Violet comme ça. Il s’en serait souvenu. Il ne comprenait pas ce qu’elle lui trouvait. Il n’était ni présentable, ni capable de lui rendre ses sentiments. Probablement parce qu’il ne la méritait pas, songeait-il. Qu’il était pitoyable.

Je vous aime.

Et pourtant elle l’aimait. Cette simple déclaration renforça le nœud de la culpabilité au fond de son ventre. Croyait-il. Un sentiment qu’il redoutait lui tordait les entrailles, en tout cas. Absynthe eut un léger mouvement de recul quand Violet se pencha, effrayé qu’elle ose s’approcher davantage. Il piqua un fard quand elle l’embrassa sur la joue. C’était tellement innocent, tellement adorable. Absynthe avait un faible pour les choses innocentes et adorables. Et il n’avait plus rougi comme ça depuis longtemps.
Il avait l’impression de redevenir adolescent. De retrouver un peu de son innocence perdue. Merlin, comment pouvait-elle faire remonter autant de choses en lui ? Il passa une main sur son visage pour cacher sa gêne. Il ne comprenait pas pourquoi il réagissait aussi violemment. Ça avait un goût familier, pourtant. Horriblement familier. Ça lui faisait peur, mais il devait se l’avouer : il tombait amoureux de Violet Jenkins.

Cette pensée lui aurait semblé déplacée un instant plus tôt, mais il ne se rappelait pas pourquoi. Tout lui semblait plus clair, à présent. C’était comme si un voile s’était levé et qu’il voyait Violet sous un jour nouveau. Ce n’était pas pour autant qu’il savait comment réagir. Il n’avait qu’une envie, qu’elle reste. Pourquoi le lui aurait-il proposé un peu plus tôt, sinon ? Oui, c’était parfaitement logique. Il l’aimait, et depuis longtemps lui semblait-il. Il ne réalisait pas que ces sentiments étaient dirigés contre deux personnes à la fois.

Violet se retrouva dans ses bras sans qu’il ait eu le temps de faire quoi que ce soit. Non, il aurait sûrement pu faire quelque chose, mais il était trop absorbé par ses gestes, sa voix, son odeur et ce très joli sourire. Il n’en revenait pas qu’elle fasse une chose pareille. Elle sentait vraiment bon, cela dit. Absythe tourna légèrement la tête parce que ses cheveux lui chatouillaient le menton. Là, contre sa joue, c’était mieux. Sans s’en rendre compte, il lui rendait son étreinte. Ça lui semblait étrange. Ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas eu quelqu’un dans les bras comme ça. Pourquoi ? Il se sentait tellement bien. Pour la première fois depuis longtemps, il ne pensait à rien d’autre qu’à l’instant présent. Il ferma les yeux et serra doucement Violet contre lui. Il n’arrivait pas à croire qu’elle ait pu l’effrayer.

Alors restez, murmura-t-il tout bas, de peur de la faire fuir.

Il ne voulait plus qu’elle parte. Jamais, jamais. Il resterait avec elle pour toujours, si elle voulait vraiment de lui. Il ne pouvait peut-être pas lui rendre ses sentiments avec la même force qu’elle, mais si sa simple présence lui suffisait, alors il l’acceptait. Il ferait tout ce que Violet voudrait. Même si ce n’était pas grand-chose - juste la tenir dans ses bras, comme ça. Il le ferait, même si c’était la seule chose qu’il ait à faire de toute sa vie, puisqu’elle était un fantôme et lui pas.

Quoi ?
Absynthe ouvrit les yeux.

Il avait l’impression de sortir d’un brouillard épais et cotonneux. Ou d’une longue pièce de théâtre. Avec les lumières qui se rallument, la musique qui s’arrête, et l’odeur de Violet qui s’estompait.
Violet.
Jenkins ?
Absynthe cligna des yeux, perdu.
Ah.
Et comprit.

C’est là que la porte de l’infirmerie s’ouvrit.

Il bougea pour voir qui entrait, même s’il était évident dans tous les cas que ce n’était pas bon pour lui, vu qu’il y avait toujours une élève à moitié endormie sur ses genoux.

Euh.

Ce n’est pas du tout ce que vous croyez.
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Violet E. Jenkins
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Mer 26 Fév - 12:52
Il faisait chaud, dans les bras de l'infirmier, une chaleur rassurante, et il lui rendait son étreinte. Il la serrait contre lui, en lui demandant d'y rester... C'était peut-être à ça que ressemblait le bonheur. Elle y serait restée pour toujours, juste à écouter son coeur battre.

Un bruit de porte, quelque part dans le lointain... Violet s'en fichait, de la porte, elle était bien là. Mais Absynthe bougea, et parla - enfin, hésita -, et ce n'était pas à elle qu'il parlait. Elle eut un léger pincement au coeur ; il avait l'air gêné. Elle comprenait, mais c'était déchirant de constater le fossé entre eux. Elle leva le nez, un peu sonnée, pour dévisager l'intrus. Les intrus, plutôt.

Et elle ouvrit de grands yeux en voyant la personne qui entrait. Elle ne connaissait pas le garçon qui était debout, mais elle voyait bien qui était celui dans ses bras ; elle avait toujours aimé le Quidditch, après tout, et son frère était un insupportable Gryffondor.

« Mr. Bridgestone ? » Elle passa une main sur sa joue, comme si elle voulait le réveiller en douceur, avec une infinie tendresse. « On a besoin de vous je crois. »

Violet l'appelait doucement, pour essayer de le sortir du brouillard dans lequel elle s'était appliquée à l'enfoncer un peu à la fois. Elle se leva, même si ce geste était à contrecoeur. Elle ne pouvait pas laisser la situation en l'état.

« Mr. Bridgestone, il faut que vous fassiez quelque chose. »

De toutes petites larmes aux yeux parce qu'il était une fois de plus prouvé par le temps de réaction d'Absynthe que son affection était nocive, Violet s'écarta – oh, juste de quelques dizaines de centimètres, c'était trop douloureux, et elle devait lutter contre son envie de lui prendre au moins la main. Il fallait le laisser respirer, et surtout observer la scène. Elle se mordilla la lèvre inférieure. Son amour était sûrement un héros. Il allait arranger le problème. Et puis elle pourrait retourner se blottir contre lui dés qu'ils seraient partis. N'est-ce pas ?

Spoiler:
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Mer 26 Fév - 13:23
Emmet, Sandy pesant lourd dans ses bras, tourna la poignée de la porte de l’infirmerie, innocent quant au drame qui se jouait derrière. Après tout, quelle personne sensée – ou insensée, parce qu’on ne pouvait pas dire que le vampire avait toute sa tête, à cet instant précis – aurait pu deviner que l’infirmier était en train de flirter avec une demi-vélane qui avait, au moins, 10 ans de moins que lui ? Probablement personne. Le souffle court à cause de sa course, Weibb s’avança donc à la volée, avant de marquer une courte – bien méritée – qui servirait à exprimer sa surprise.

En effet, 2 des personnes qu’il tentait d’éviter soigneusement étaient l’une sur l’autre, en train de se pelotter à moitié, dans une position qui – il en était à peu près sûr – était strictement interdite dans l’enceinte de Poudlard… Du moins entre membre de l’administration et élève. Les sourcils du demi-vampire se froncèrent un bref instant, tandis qu’il essayait de comprendre pourquoi Violet était sur les genoux d’un Absynthe aux joues rouges, collées contre con corps. Est-ce que la demi-vélane avait craqué sur l’infirmier, et usé de ses pouvoirs pour arriver à cette situation compromettante ? Il n’avait jamais entendu dire que la Serdaigle était à ce point machiavélique mais, comme déjà dit plus haut, il l’avait toujours soigneusement évitée afin de ne pas perdre le contrôle face à cette femelle.

« Je… »

Répondit-il en écho à la gêne d’Absynthe. Il transportait dans ses bras un type qui ressemblait de plus en plus à un cadavre mais, à cet instant, il n’était pas sûr que sa situation était la plus gênante. Heureusement, Violet avait encore tout son esprit – du moins, c’est ce qu’il se permettait de penser – et elle eut la bonne idée de s’exprimer avec la douceur d’un koala sur le point de dévorer une tige de bambou. Ah oui, Sandy, l’Homme qu’il aimait de tout son cœur, était en train de se vider de son sang dans ses bras. En quelques foulées élégantes, Emmet vint le poser avec délicatesse sur un lit – par le caleçon de Merlin, il était de plus en plus pâle ! – avant de balbutier un :

« Désolé de vous déranger dans vos… »

Batifolages ?

« Activités extra-scolaires, mais j’ai eu un petit souci. »

Les larmes revinrent en masse dans les yeux du demi-vampire qui, impuissant, observait l’œuvre de sa nature monstrueuse. Ça se trouve, Sandy était déjà mort, et c’était lui et sa nature diabolique qui en étaient responsables. Emmet inspira difficilement avant de se tourner vers Absynthe, et de lui lancer un regard humide et suppliant qui n’allait pas sans rappeler celui d’un chiot pris sur le fait alors qu’il faisait ses besoins dans le tas de journaux pour le feu de ses maîtres. Et qui appelait à l’aide, soit dit en passant, comme si le pauvre infirmier allait savoir d’office quel était le souci… Quoique les quantités monstrueuses de sang qui continuaient à s’échapper de la gorge du pauvre mutilé étaient toujours déversées.



HRP:
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Absynthe Bridgestone
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Mer 26 Fév - 21:34
Absynthe n’était pas là. Enfin si, mais juste physiquement. Son esprit était parti très trèèès loin au moment où il avait réalisé que deux autres élèves, l’un à moitié mort, étaient entrés dans l’infirmerie. Pas seulement parce qu’il était encore sous l’effet du charme de Violet, mais parce qu’il venait de réaliser qu’on allait le renvoyer, qu’il finirait peut-être devant le Magenmagot pour agression sur mineur, qu’ils allaient se rappeler qu’il avait déjà commis un crime par le passé, qu’ils se demanderaient pourquoi on avait laissé un fou-furieux pareil dans la nature - dans une école – qu’il prendrait perpète et finirait ses jours à Azkaban où il supplierait pour un baiser de Détraqueur qui ne viendrait jamais deviendrait fou et –
Et Violet eut le bon sens de le réveiller avant que son délire mental ne l’emporte trop loin. Absynthe cligna des yeux. Mr. Bridgestone, c’était lui, oui oui. On avait besoin de lui. Parce que. Parce qu’il était infirmier. Voilà. Ça lui revenait.

Monsieur Bridgestone, il faut que vous fassiez quelque chose.
Euh, oui. Bien sûr. Ok.

Il se leva à la suite de Violet. Entre-temps, un des deux élèves avait posé son comparse agonisant sur un lit, de sorte qu’Absynthe put bien prendre conscience de la bouse intersidérale dans laquelle il était à l’instant présent. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire ? Parce qu’on n’admettait pas tous les jours un élève pissant le sang par la carotide à l’infirmerie de Poudlard, c’est moi qui vous le dis. Ce genre de cas finissait à Ste-Mangouste, et inutile de rappeler qu’Absynthe n’avait absolument pas la carrure d’un infirmier de l’hôpital pour sorciers. Il se mit à faire les cent pas sans s’en rendre compte, la tête entre les mains. Réfléchis Bridgestone, réfléchis. C’est pas le moment de faire une connerie. Tu dois avoir la situation en main. Tu as la situation en main, ok ?

Ok. Ok, ok. Ok.

La remarque d’Emmet le ramena à la réalité :

Désolé de vous déranger dans vos… activités extra-scolaires, mais j’ai eu un petit souci.

Il esquissa une grimace. Sur le coup il avait envie de lui dire de se mêler de ses oignons, mais ses oignons étaient là, justement, à agoniser sur le lit en se vidant de leur sang.

Je vois ça. Qu’est-ce qui lui est arrivé ?

Il se pencha au-dessus de l’élève qu’il reconnaissait maintenant comme étant Sandy Lindon, la star du Quidditch et des Gryffondors, ce qui ferait très moche en première page de la rubrique nécrologique de la Gazette du Sorcier demain matin. *... ok.*

Maintenez la pression sur son cou pendant que je vais chercher...

Il ne finit pas sa phrase et s’éloigna sans se soucier de qui répondrait à sa demande. L’important était d’endiguer l’écoulement de sang avant que le pauvre Lindon ne passe du statut de star du Quidditch à celle d’enveloppe corporelle déssechée. Absynthe s’empara de linges propres - beaucoup de linges propres -  de compresses, de désinfectant et de fil et d’une aiguille parce que Merlin, il avait trop peur de faire une connerie avec sa baguette. En même temps le gamin était en train de mourir, il ne pouvait pas vraiment empirer la situation, pas vrai ? *Vrai.* Cette pensée le rassura et il revint près du lit en enfilant ses lunettes et des gants. Sa baguette se trouvait dans la poche arrière de son jean, il la prit aussi. Et se rappela des deux élèves à côté de lui. Conscient de ses capacités limitées, il dit :

Quelqu’un devrait aller chercher mademoiselle Euphrasie.

Quelqu’un qui n’était pas lui puisque, malgré tout, il était le seul à savoir à peu près quoi faire dans une situation pareille. Il jeta un bref regard à Violet, qui fondrait sûrement en larmes si elle devait s’exécuter, puis à Emmet, qui avait l’air dans le même état. C’était comme avoir un bébé chat et un bébé chiot sur les bras. Plus un type qui agonise à côté.

Si aucun de vous n’en est capable, je vais vous demander d’être euh... physiquement et mentalement avec moi, parce que je vais avoir besoin de toute l'aide possible.

Parce que tout seul, c’était mort. Sans mauvais jeu de mot. Absynthe se sentit paniquer mais inspira à fond pour se calmer. Il en était capable. Enfin. Il ferait de son mieux. Il mit deux doigts dans la blessure béante pour chercher la carotide de Lindon et faire pression afin de ralentir l'écoulement du sang. De l'autre main, il pointa sa baguette sur la gorge du blessé en réfléchissant très fort. Diffindo ? Merlin non, surtout pas celui-là. Vena reparo ? Jamais entendu parler. Il ne prendrait pas le risque d’essayer et de voir ladite veine exploser sous ses doigts. AH. Il savait.

Impedimenta.

Ralentir l’écoulement du sang par un sortilège d’entrave lui paraissait être un bon début.
HJ:
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Violet E. Jenkins
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Jeu 27 Fév - 11:24
Les yeux de Violet passaient du cou du blessé aux taches sur la chemise de celui qui l'avait apporté. Ce n'était pas très difficile de faire A + B, même en étant complètement dans le pâté ; sa maman avait tout de même un peu fait son éducation. Elle répondit à la place d'Emmet.

« Tu es un vampire. » Elle se corrigea toute seule rapidement. « Un demi-vampire, sinon tu ne serais pas admis à Poudlard. »

C'était énoncé sur le ton du fait scientifique, une simple constatation.

« Et tu as perdu le contrôle... Je compatis. Je sais que c'est pas pareil, mais ça m'arrive tout le temps. » Ses yeux glissèrent irrésistiblement vers l'infirmier.

Elle était vraiment triste pour le garçon. Violet au moins ne risquait pas de tuer quelqu'un, à part si elle le voulait vraiment ou s'il se blessait en étant distrait par elle. C'était moins culpabilisant, même si ça restait pénible. Mais d'un autre côté, elle se décala un tout petit peu vers Absynthe, sous prétexte de regarder ce qu'il faisait.

Parce qu'elle avait beau, de monstre à monstre, comprendre le problème et compatir de tout son coeur, il y avait un truc qu'on apprenait aux petites vélanes – et demi-vélanes – dans les livres de contes quand elles étaient petites. On fait attention aux vampires, parce que ces trucs-là ont tendance à apprécier un repas séduisant. Enfin bon, celui-là avait l'air de préférer les autres garçons, à vue de nez.

Absynthe n'avait pas l'air de savoir trop quoi faire. Violet remonta ses manches, et attrapa un linge épais dans la pile qui commençait à entourer Sandy. Elle pressa sur la blessure du mieux qu'elle pouvait ; elle au moins ne risquait pas d'avoir envie d'un peu de rab. Elle releva la tête pour regarder Absynthe, parce qu'elle ne pouvait pas le quitter des yeux, il était beaucoup trop beau. L'aiguille et le fil dans sa main l'étaient un peu moins. Est-ce qu'il avait conscience d'être un sorcier ?

« Vous ne pouvez pas partir et me lais... Laisser Sandy. » C'était beaucoup plus rationnel. Elle prit une grande inspiration, en manquant de s'étouffer avec l'odeur qui se dégageait du lit et des vêtements de Sandy. Elle plaignait vraiment Emmet. Heureusement que ce n'était pas lui qui avait du sang plein les mains. « Et je ne peux pas aller chercher mademoiselle Euphrasie, on va se dire que j'ai tué quelqu'un dans le couloir et on aura tous des ennuis. »

Elle eut une moue innocente, qui masquait son profond manque d'envie de voir apparaître le fantôme. Mademoiselle Euphrasie était beaucoup trop proche de l'infirmier et... Et Violet ne pouvait pas s'empêcher de ne pas vouloir une autre fille – une femme, par Merlin, concurrence déloyale – dans la pièce, même si elle était morte.

Absynthe avait ralenti le débit qui s'écoulait de la blessure. Ce n'était pas encore parfait, mais il mourrait moins vite. Violet essayait de réfléchir, mais ce n'était pas évident, avec la voix dans sa tête qui lui chantonnait de relâcher la pression, de laisser Emmet se démerder avec ses bêtises et de retourner se nicher contre Absynthe. Elle pourrait, si elle se concentrait vraiment, elle arriverait sans doute à lui faire oublier que quelqu'un était en train de mourir, et... NON. Concentre-toi. Elle ravala le peu de son aura qui avait réussi à lui échapper. Il fallait se contrôler et réfléchir. Revoir son sens des priorités. Elle était une Serdaigle, elle devait savoir réfléchir, c'était dans ses cordes.

« Un Reparo, ça marcherait ? Ou une potion ? Y a pas un truc pour qu'il refasse du sang ? », demanda-t-elle d'une voix étranglée.

Elle était en troisième année, elle n'y connaissait pas grand chose, mais ça lui semblait évident d'essayer de refermer la plaie. Ou de rendre un peu de sang à Sandy pour remplacer celui qui était sorti soit pour décorer Poudlard, soit pour rendre un peu de couleurs aux joues du demi-vampire.
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Emmet F. Weibb
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Sam 1 Mar - 20:23
Emmet était terrorisé. Premièrement, il avait mangé du clafoutis, et était tombé follement amoureux. Puis il avait vécu des plaisirs charnels plus… poussés que d’habitude. Ensuite, il avait quasiment butté l’homme qu’il aimait. Maintenant, d’autres personnes étaient au courant de sa nature de demi-vampire – même s’il n’avait rien dit, la présence des traces de dents dans le cou de Sandy était assez explicite pour que l’autre tête de 3ème année comprenne… C’était beaucoup pour une seule journée, et il hésitait, à cet instant précis, entre fondre en larmes et buter les 2 personnes qui étaient au courant de ce qu’il était… Il n’avait qu’à les mordre aussi, utiliser leur sang pour en redonner à Lindon et freiner son inévitable mort, aller cacher les cadavres dans un endroit sûr – genre sous le saule cogneur – et…

Et là, Absynthe parla de « quitter Sandy », ou quelque chose du genre, pour aller chercher Mlle Euphrasie, une vraie infirmière, capable. Cette fois, c’en était trop pour le pauvre Serpentard qui, sagement, décida de céder à la pression et de se mettre à pleurer toutes les larmes de son corps en serrant fort la main de celui qu’il aimait. Il était bien loin, le Emmet froid, calculé et réfléchi qui ne se laissait jamais déborder… Et il était bien inutile, aussi, presque une gêne. Cette idée le fit redoubler de sanglots, et il lança un regard foudroyant à Violet, qui, bizarrement, s’était écartée dès qu’elle avait compris ce qu’il était. Au moins, elle, elle ne risquait pas de tuer les gens quand elle utilisait son pouvoir, et sa nature avait plus de chances de servir ses ambitions qu’autre chose. La vie était trop injuste.

Perdu dans ses larmes, Emmet regarda Absynthe mettre ses doigts dans la plaie – bizarrement, il trouvait ça assez appétissant… Ce qui n’allait pas pour le rassurer quant à sa nature d’horrible monstre. D’une oreille distraite, il entendit l’incantation, vit le sang couler plus légèrement et… Sans qu’il ne comprenne pourquoi, son estomac lança un hurlement de protestation, qui lui fit venir le rouge aux joues. Non non non, il n’était pas ce genre de personne, il pouvait se contrôler et il n’aimait pas le sang tant que ça ! La preuve sur le lit de l’infirmerie, d’ailleurs.

Honteux, Weibb décida qu’il était temps d’arrêter de pleurer, et d’agir. Courageusement, il plissa les yeux, fronça le nez, dans une horrible grimace de constipé, et retint les dernières larmes jusqu’à ce qu’elles refluent vers ses sinus. Ceci étant fait, il entendit la phrase de Violet, et un mot en ressortit, qui lui donna une idée pour aider Absynthe : « Potion ». Il y avait quelque temps, il avait acheté un flacon de Felix Felicis, la potion de chance. À la base, il avait l’intention de tricher à ses exams, parce que ses notes n’étaient pas au beau fixe ces derniers temps – allez savoir pourquoi. Mais, et même s’il avait utilisé une grande partie de son argent de poche pour ça, il allait l’utiliser pour Sandy. Piteusement, il posa une main sur le bras d’Absynthe et, le regard un poil fuyant, il murmura :

« Euh… »

Oui, c’est bien Emmet. C’était comme ça qu’il allait faire avancer les choses. En plus, à cause des pleurs multiples, il avait soif et sa voix était toute cassée. Inspiration, on se reprend et il dit, sortant d’une poche intérieure de sa robe le fameux petit flacon :

« J’ai… TROUVÉ un flacon de Felix Felicis… DANS LA SALLE COMMUNE ! »


Menteur menteur, tellement débordé par ses sentiments que sa crédibilité est nulle.

« Je voudrais que vous la buviez pour sauver Sandy s’il vous plaît. »


Emmet avait toujours vouvoyé ses professeurs, et même si, en temps normal, il considérait Absynthe comme un moins que rien, il ne le lui avait jamais dit et lui avait toujours montré un certain respect, tout en faisant en sorte de rester le plus loin possible de lui la plupart du temps. Après tout, c’était le mieux placé pour découvrir que c’était un demi-vampire. Bref, le Serpentard lui donna donc la fiole et, la main toujours posé sur son bras, il dit, ses yeux se remplissant de larmes à chaque nouvelle parole :

« Sauvez-le je vous en suppliiiie ! »

Et voilà, il venait d’éclater en pleurs à nouveau. Pathétique.




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