Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
Localisation : le banc de réunion des pas doués anonymes
Date d'inscription : 27/01/2014
Dim 10 Mai - 19:34
Deborah, Deborah tu vas un peu loin. Elle est prise ailleurs, Sloan tu sais bien. Pourtant, elle avait rien fait de mal, la petite serdaigle. Elle a bien écouté Garfield, elle a tenu ses mains contre sa poitrine docile, elle a gardé les yeux grand ouvert même si elle rêvait d’aller s’endormir pour tenir à l’entraînement de demain (elle savait qu’Elise allait les faire se lever tôt). Y avait dans sa tête deux vers de son poème préféré, y avait dans sa tête de quoi lui faire oublier la douleur - de quoi l’occuper, comme la plupart des heures d’infirmerie qu’elle connaissait. - Oui, Sloan avait l’habitude de s’en prendre dans les bras, les coudes, la tête, le cœur. N’importe où, n’importe où tant que ça finit par s’en aller. Alors Sloan, ça y est t’as repris les mauvaises habitudes de Papa et Maman ?
Sloan aimait pas les mécaniques, les mécaniques du cœur encore moins, comme les yeux qui s’attardent contre les siens. Elle a l’impression d’se voir, elle a l’impression d’avoir de l’amour peint sur le visage. Et Deborah est lasse - et comment lui en vouloir ? - Sloan elle se refuse l’espace qui lui est tant vital d’ordinaire, aussi bien que ses principes s’emballent, ses pensées s’égarent plus, elle veut l’écouter, elle veut réparer, se réparer, ou les réparer peut être. Mais y a tellement qui veut exploser cette nuit, elle est plus bien sûre de s’en sortir vivante. Elle sait bien qu’elle pourrait être violente, elle sait bien qu’elle pourrait y changer quelque chose, crier au secours. La frousse, la prend par les épaules, la soulève d’un long frisson, tracé le long d’sa colonne. Non, non Sloan, t’offusques pas, c’est rien, c’est que Deborah. Deborah et d’la pommade. Elle connaît la règle, mieux vaut prévenir que guérir.
Deux principes dans ta vie, Sloan. Pas laisser tomber les gens. Mais qu’est ce que t’as fait avec Noah. Avec Deborah. Delia. Victoria. Wesley. Non Wesley tu l’as retenu par le bras, ou plutôt c’est lui. Oui t’as tenu debout parfois, mais c’était rare, c’était rare Sloan. Maintenant elle s’agrippe au bout d’son lit comme un dernier supplice, les yeux baignés de larmes sur lesquels on semble pas encore bien prêt à placer le mot “tristesse” ou “honte” ou “regret”, ou “abandon”. Abandon s’soi-même, Holmes ?
Sloan, calme-toi. Mais elle sait pas, elle sait pas exactement ce que fait Deborah ou pourquoi leurs bouches se disent bonjour. Là le haut d’son corps décolle, elle va pousser la brune loin, elle va la pousser jusqu’à ce qu’elle tombe et qu’elle arrête de faire ça. C’est qu’elle a mis du temps, du temps à comprendre qu’on lui volait des sentiments, davantage à réaliser que c’était pas ce qu’il fallait, encore plus à se dégager, ça se faisait patient, comme un filet contre sa figure qu’on déposerait pour la retenir. Mais Sloan bouge pas. Elle reste là à se plaquer les mains contre les seins, à attraper son pyjama de l’autre main.
Y a une fille qui l’a embrassée ce soir, et Sloan était triste d’avoir fait comme ses parents. Sloan s’en fichait, qu’une fille l’ai embrassée. Elle s’est relevée, elle a prit son oreiller. Elle a reculé, Sloan, elle a passé une main dans ses cheveux, elle a dit : "Pourquoi est-ce-que t’as fait ça ? Parce que je t’ai laissée ? Est-ce-que c’est parce que je t’ai laissée ?"
Serdaigle
Deborah Bolton
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Date d'inscription : 31/01/2015
Sam 16 Mai - 0:38
SLOAN & DEBORAH
sometimes I wish I could delete people, one day your name didn't make me smile anymore, and so after all not even a single 'hello', oh darling go buy a brain.
Elle aurait voulu cesser de s’énerver, regretter même son geste, indécent, qui lui ressemblait si peu. Elle se demanda où elle avait bien pu disparaitre, quelle sorte d’entité malfaisante avait pu prendre sa place. Depuis quand, cette Deborah, si tranquille, si paisible, se permettait-elle ce genre d’avance ? Elle rougissait, mais on n’aurait su dire exactement s’il s’agissait de colère ou bien de honte. Elle se demandait bien, où avait disparu la Debby qui savait ce qu’elle faisait, celle qui ne se permettait jamais de folies en vrai, si ce n’était dans sa tête. Et même ce désir là, elle ne l’imaginait pas tant en rêves. Mais elle restait là, à fixer Sloan. L’espace de quelques secondes, elle pensa à elle comme une victime, sa victime. C’était la première fois qu’elle prêtait ce statut à quelqu’un d’autre qu’elle-même, et qu’elle se donnait le rôle du bourreau.
Deborah ne souhaitait pas revenir en arrière, car elle savait bien que cet acte-ci portait une trace indélébile. On ne pouvait pas l’effacer, juste prétendre qu’il ne s’était rien passé. Ce ne ressemblait pas juste à un caprice. Ses lèvres lui avaient échappé. Elle regardait Sloan, à peine, s’emparer de son t.shirt dans une attitude pudique, se dissimuler derrière ce coussin, avec une distance évidente, comme on tenterait de se rassurer, comme on tenterait de se protéger. Elle n’en revenait pas elle-même, pas vraiment. La situation lui avait échappé, c'était cela. Mais. Maintenant qu'elle s'en rendait compte, elle se sentait prête à reprendre le dessus, elle se sentait prête à se sortir de ce mauvais pas. Deborah se rassurait. C'était encore l'une de ses spécialités. Plus simplement encore, elle ne voulait plus voir Sloan. Sloan et sa posture de vierge effarouchée, Sloan et sa fragilité, Sloan et cette douleur triste peinte à l'encre noire sur son visage. Deborah ne savait pas faire autrement, que de faire face à sa culpabilité en la fuyant. C'était la raison pour laquelle, on ne l'avait pas envoyée chez les Gryffons. Elle se complaisait dans sa lâcheté. Elle avait encore une fois blessé quelqu'un, comme cela lui arrivait souvent, en ne pensant qu'à elle, en ignorant les sentiments de l'autre, avec égoïsme, pour trois fois rien, en même temps qu'elle s'infligeait sa peine, son propre chagrin qu'elle ne comprenait pas suffisamment encore pour l'identifier d'un nom, d'un concept.
Rien ne s'affichait sur son faciès que cette expression immensément creuse, cette étincelle morte dans le fond de l'oeil, ce trou noir, béant, dans lequel elle se sentait aspirée. Une fois attirée, il n'y aurait plus de retour possible. Elle comprenait que son navire coulait. Elle sombrait dans un puits sans fond. Mais où était la corde pour en ressortir ? Elle cherchait des réponses, quelque part en elle-même. Elle chercha encore qui pourrait bien les lui donner. Sloan ? Non. Sloan n'était que le cyclone sur son chemin, le vent qui déchire les voiles, renverse le mât et creuse la coque, soulevant des raz de marée de questions, d'interrogations secrètes, qu'elle réceptionnait en elle-même, et qu'elle noyait à son tour. Chamboulée. Elle enchaînait les états, avec la sensation d'être montée hasardeusement dans un train sans chauffeur, roulant trop vite pour qu'on ne puisse l'arrêter, prêt à dérayer, ou pire, se dirigeant tout droit au fond du précipice.
Pourquoi ? Elle se posait à présent les mêmes questions. Le goût de la vengeance ? Deborah sentait qu'il y avait plus que cela. Mais qu'aurait pu-t-elle dire à Sloan, ainsi cachée derrière ce coussin ? Qu'elle l'ignorait elle-même ? Ce n'était pas juste. Et Deborah était bien sûr loin d'être parfaite, mais l'injustice ne faisait pas partie de sa liste de défauts, ou au moins, pas de manière permanente.
_ Pour quoi d'autre voudrais-tu que ce soit ?
Elle se leva, récupéra sa baguette magique. Elle agissait mécaniquement. Elle voulait juste s'enfuir, comme à son habitude. Ce n'était décidément pas juste. Elle inspira un grand coup. Elle irait finir sa nuit dans la salle commune, sous une pile de couvertures, et tout irait mieux alors. Elle étoufferait ces quelques instants sous la chaleur de la laine, d'où ils ne ressortiraient plus jamais. Il restait à mettre une chose au clair. Deborah ne voulait pas le reconnaître, mais cela lui coûtait de dire ça. Ca lui serrait quelque chose.
_ Faisons comme d'habitude, et ignorons-nous. Tu ne veux plus me voir et je ne veux plus te voir.