Home is behind, the world ahead (Juliet)

Invité **Invité**

Juliet ouvrit de grands yeux et fit un « oh » silencieux. Kalev n’était pas doué avec les créatures magiques. Pas un seul instant elle ne s’en serait doutée ! En même temps, tout ce qui avait trait aux créatures magiques lui paraissait incroyablement facile et très intéressant. Et puis, les créatures magiques étaient comme les créatures moldues : avec les mêmes émotions, mais avec un petit truc en plus qui les rendait originales et merveilleuses à leur façon. Oui, même les verracrasse et les Scrouts à Pétard. Alors à voir Kalev si attaché et si soigneux envers son furet, elle ne se serait pas imaginé un seul instant qu’il aurait des problèmes avec les créatures magiques. Et puis, Kalev était son héros, c’était difficile de l’imaginer moins doué qu’elle dans une chose quelconque.

Maintenant qu’elle y pensait - elle s’en sentait un peu coupable - ça la rendait assez fière, en fait. Comme si elle aussi pouvait être quelqu’un qu’on pourrait être fier de connaître. Un modèle. Elle aimerait bien un jour pouvoir guider des gens de la même façon que Kalev l’avait guidée ces deux dernières années, ne serait-ce que par l’exemple. Elle se rendait compte aussi qu’à trop l’idéaliser, elle avait mal appris à connaître le « vrai » Kalev - et pas un instant elle ne s’imagnait qu’il était moins bien que celui qu’elle connaissait, juste… différent. Elle se promit de passer plus de temps avec lui durant les quelques rares mois qu’il lui restait à Poudlard ou, au moins, de lui envoyer des tas de lettres quand il commencerait sa vie d’adulte.

Elle écouta avec attention toutes les consignes qu’il lui donnait à propos de Camille, même si elle était certaine qu’elle n’en aurait pas besoin. Qui, qui dans le monde entier supporterait de perdre un ami tel que Kalev ? Et encore plus son meilleur ami, et quelqu’un d’aussi gentil que Camille ! Mais Juliet connaissait mieux Kalev que Camille, même si elle les appréciait tous les deux, alors elle ferait ce que Kalev lui disait. Il en savait plus qu’elle, de toutes façons. Et puis justement, elle aimait bien Camille, elle serait contente d’avoir une excuse pour aller le voir plus souvent et lui demander comment il allait. Elle se sentait tout à coup investie d’une mission presque divine qu’elle ne laisserait jamais de côté. Elle acquiesça, un sourire aux lèvres, en gloussant un peu.

« Promis, je ferai bien attention à Camille ! Mais je suis sûre qu’il ne voudrait jamais arrêter d’être ton meilleur ami, ou même avoir un nouveau meilleur ami. Les meilleurs amis, c’est pour la vie, c’est comme ça. Je ferai attention à ce qu’il soit heureux. »

Et puis, parce que ça lui brûlait la langue, elle demanda :

« Et je pourrais t’envoyer des lettres moi aussi ? Pour euh. Pour te donner des nouvelles de Camille, bien sûr… Enfin, et pour discuter aussi ? Moi j’aime beaucoup discuter avec toi. Parce que tu es très intelligent et que tu connais la vie. »

Date d'inscription : 07/07/2013

Kalev se le demandait, si les amis, c'était réellement « pour la vie ». La famille l'était : il y avait des liens de sang et de génétique, aussi compliqué que tout cela soit quand on était un sorcier qui n'avait jamais mis les pieds dans le moindre cours de sciences de sa vie. Il n'y avait pas besoin d'avoir étudié ce genre de choses pour savoir que les membres de sa famille étaient liés à soi par quelque chose de complexe. Mais les amis, qu'est-ce qui les retenait auprès de soi ? Juste des sentiments. Quelque change d'intangible et de changeant. C'était important, les sentiments, mais incroyablement fragile. Un rien pouvait les bousculer, les faire naître ou les faire mourir.
Arrivé au milieu de sa septième et dernière année, Kalev s'interrogeait. Il s'interrogeait sur ces choses abstraites. Sur l'amitié. Demeuré si longtemps auprès de ses amis, il n'avait jamais ressenti le besoin de se tordre les idées pour comprendre qu'il les aimait, car ils étaient perpétuellement là, à ses côtés, mais à partir de demain ? Incapable de se dire bonjour tous les matins, allaient-ils rester si proches ? Continueraient-ils de s'aimer tous aussi forts ? On disait beaucoup de choses, comme le fait que le temps apaisait les blessures, mais ne chassait-il pas aussi l'amour ?

Kalev aurait tellement, tellement aimé vivre dans une petite société close, pour toujours. Un lieu agréable comme Poudlard, avec son château convivial, son vaste parc fleuri, son ambiance, sa magie, ses habitants. Ils y auraient vécu et vieilli tous ensemble sans jamais se quitter. Chacun aurait fini par trouver sa place, et il n'y aurait plus eu besoin de partir sous prétexte qu'un diplôme nous était délivré. Il y aurait toujours des élèves, toujours des professeurs, mais il y aurait peut-être aussi plus de soigneurs de bêtes, plus d'amoureux des serres et plus de bons médecins pour s'occuper de tout ce petit monde, et tout aurait été parfait. Pourquoi partir ? Pourquoi chercher à s'en aller ? On était si bien, lorsque l'on avait tout ce qu'il nous fallait à porter de main, et ses proches avec soi.

- C'est si tu m'envoie pas de lettres que je vais me fâcher, plaisanta-t-il pour couper court à ses idées étranges. Je vais te dire un truc Juliet. Physiquement, je pars. Je veux dire, mon corps, ma tête, tout ce qui m'appartient va bouger. Je sais pas encore où, mais ce sera plus ici à Poudlard. Il pointa alors son coeur du bout d'un doigt. Mais ce qu'il y a là-dedans, ce sera toujours ici. Dans le château. Dans la salle commune. Sur les bancs. Dans le stade. Mes sentiments, mes souvenirs, et plein de choses que je comprends pas toujours très bien, ça restera ici.

Il avait encore la sensation de dire des choses étranges, voire un peu niaises. Peut-être effrayantes. Peut-être exprimait-il de façon détournée un refus d'avancer dans la vie et que ce n'était pas très positif, mais était-ce sa faute si Poudlard était sa seconde maison ? Si ses amis étaient sa seconde famille ? Si lui n'avait rien besoin de plus qu'un lit où dormir et qu'un sourire pour le réchauffer ? Il l'avait dit, le disait encore : il n'avait ni voeu, ni ambition, si ce n'était le souhait cbher d'être heureux. Et ce bonheur passait par tous les moments formidables qu'il avait passé ici, et qu'il espérait passer encore.

L'adolescent étouffa un autre bâillement. Ils discutaient depuis un moment, non ? Il ne savait plus très bien. Avachi dans le fauteuil, il aurait pu s'endormir là, au milieu de la salle commune, mais il se réveillerait sans doute avec un désagréable mal de dos qu'il préféra éviter. Il donna alors une impulsion à ses jambes et se mit debout.

- Enfin, tout ça tout ça. Avant l'avenir, y'a les examens et les matchs, et si on regarde pas ce qu'il y a devant soi, on trébuche, donc inutile de fixer l'horizon comme dirait je ne sais pas trop qui. On va aller dormir, d'accord ? Il adressa un sourire à Juliet. Et puis, toi aussi t'es intelligente. D'après monsieur l'Erudit, on a tous de l'intelligence entre nous, et à ce tableau, je suis persuadé qu'on peut lui faire confiance.

Il tapota la tête de sa cadette avec un geste affectueux, lui souhaita bonne nuit, puis prit le chemin du dortoir des garçons. Il se frotta les yeux ; ils piquaient, et ne s'en rendait compte que maintenant. Peut-être était-ce parce qu'il avait pleuré. Il espérait que Juliet garderait le secret. Il avait envie de lui faire confiance. Il avait aussi un peu plus envie d'avoir confiance en demain, grâce à cette petite conversation. C'était une bonne chose.

Invité **Invité**

Kalev était un vrai poète, un vrai de vrai, un artiste qui connaissait la Vie, un véritable philosophe, et Juliet était toute admirative. C’était si profond. Oui, il y aurait toujours une part de Kalev à Poudlard, cela ne faisait aucun doute. Après tout, Juliet n’avait jamais connu Poudlard sans Kalev ! Oh bien sûr, au début, elle ne le connaissait pas très bien, mais quand même. Il était là, dans un coin de l’image, à discuter dans la salle commune pendant que Wendy et elle faisaient des batailles explosives. Il faisait partie de sa vie, de la vie de tous les Poufsouffles, il avait marqué Poudlard pour de bon.

« Oh oui ! Tu seras ici pour toujours, ça c’est sur ! » Dit Juliet en serrant instinctivement son poing sur son coeur.

Et puis, elle était bien contente que Kalev ait envie de recevoir ses lettres. Elle n’écrivait pas très bien, Juliet, mais elle ferait des efforts ! Et elle demanderait peut-être à Wendy de relire ses lettres aussi, pour éviter les fautes… Quoique… Elle n’était pas sûre de vouloir que Wendy lise tout ce qu’elle disait à Kalev. Elle rougit un peu, soudainement. Elle aurait bien voulu parler de Wendy à Kalev, lui qui avait déjà tout deviné, ça la démangeait un peu. Elle aurait beaucoup voulu avoir des conseils de sa part, lui qui s’y connaissait si bien en amour. Il aurait sûrement pu lui dire comment faire tomber Wendy amoureuse d’elle. Mais bon, elle n’avait pas pu lui en parler plus tôt, parce qu’il fallait parler de ce qui le rendait triste lui d’abord, mais maintenant… Juliet entrouvrit la bouche, mais Kalev parla avant.

Il lui dit qu’elle était intelligente. Juliet savait qu’elle n’était pas très intelligente, en vrai, mais ça lui plaisait que Kalev le dise et le pense, parce qu’elle l’admirait beaucoup. Bon, ils allaient aller se coucher alors, Juliet acquiesça et lança un « bonne nuit ! » enjoué, noyé dans un bâillement qu’elle ne pu pas retenir. Elle ne savait pas si elle arriverait à revoir Kalev seul à seule avant la fin de l’année, alors peut-être qu’elle devrait lui envoyer une lettre pour lui parler de Wendy… Elle préférait parler, Juliet, les mots écrits et elle, ça ne collait pas toujours. Elle vit Kalev disparaître derrière la porte qui menait aux dortoirs des garçons. Elle s’étira un peu, bailla de nouveau, prit dans ses bras Samson qui s’était endormi à ses pieds, et alla elle aussi se recoucher.

Elle espérait que Kalev n’était plus trop triste.

**Contenu sponsorisé**