The past is in the past [Elise ~]

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Les dortoirs Serdaigles. Tu ne t'y fais toujours pas. Tu ne sais pas depuis combien de temps déjà vous êtes logés ici. Depuis combien de temps les jaunes et noirs se mêlent aux bleus et bronzes. Mais dans tous les cas, tu ne te sens pas à ta place ici. D'un côté, les Poufsouffles, qui ont l'habitude de te voir passer tes journées de façons extrêmement peu active, et de l'autre, les Serdaigles, qui ont tendance à te regarder comme une anomalie. Comme s'ils se demandaient comment un type comme toi a pu arriver en dernière année à Poudlard. Comment tu as pu terminer tes études en étant aussi peu... En étant tellement... En somme, en étant... Toi. Et la réponse est justement là. Affalé sur un canapé, tu observes les bourreaux de travail passer et repasser, certains filant demander de l'aide aux professeurs, d'autres allant squatter la bibliothèque, et tous. Tous plongés et impliqués dans leur travail. Mais toi, tu fais ce que tu fais de mieux. Tu te contentes encore du minimum. Et cela t'est bien suffisant.

Tu fermes les yeux. Tu as encore le temps avant de voir commencer le ballet des élèves. Même s'il semble avoir déjà commencé. Les quelques premières années sans options véritablement importantes et à l'emploi du temps assez léger ont déjà terminé leur journée. Quant à toi... Non, loin de toi l'idée de sécher un cours. Loooooin de toi cette idée. Tu avais juste un profond besoin de repos du à une migraine aussi violente que subite. Tu es passé voir à l'infirmerie juste avant, prétendant que tes lentilles ensorcelées avaient peut être besoin d'un réglage, avant de remonter ici. Et te voilà, les yeux clos, te prélassant en attendant la fin des cours...

Tu rouvres les yeux, alerté par le bruit des premiers groupes d'élèves. Et voilà. C'est parti. Encore une soirée à devoir supporter les allers et retours des élèves plus ou moins modèles. Non pas que tu aies quelque chose contre eux, mais... Tout ce mouvement, toute cette agitation pour. Pour. Pour du travail scolaire... Tout ça te fatigue rien que d'y penser. Même si tu sais que toi aussi tu devrais t'y mettre. Mais non. Tu auras toujours l'occasion de tout rattraper un peu plus tard. Tout... Ou du moins en ce qui concerne le scolaire. C'est l'idée qui vient de s'écraser au beau milieu de tes pensées. L'idée qui vient de s'incruster, alors que tu vois une certaine demoiselle entrer.

Encore un peu et j'en oubliais que c'est ta maison...

Tu parles d'avantage pour toi que pour elle. Tu te dis que certains ont du se retourner autour de toi, sans comprendre. Mais cela n'a pas d'importance. Tu l'observes quelques secondes, t'accoudant sur le dossier du fauteuil. Puis tu te laisses retomber sur le canapé. Oublier... Oui. Voilà ce que tu ferais mieux de faire. Oublier. Car tout ça, tu l'as mis de côté. Car cette chère Elise, tu pourrais presque dire que tu l'as aimée. Mais après tout, tout cela n'est plus que du passé.

Date d'inscription : 28/09/2013

Y'a les hommes,
Y'a les larves.

« Fais attention, Victor. » Il recule, bégaye, resserre les livres autours de sa poitrine et disparaît, sans plus un mot. La blonde soupire. Les premières années ont-ils toujours été si fragiles et maladroits ? A qu’en dire. Elle, ne s’en souvient pas. Reprends ton chemin, Elise. Oui. Non. Bon.

La demoiselle n’est déjà plus là.

Remonter au foyer, à son rythme –celui de l’habitude. Ricaner, aussi, face aux blairelles essoufflées. Puis les dépasser, faire mine de rien, garder la malice dans son placard. Arriver. S’arrêter. S’accouder. Observer. Révolution. Pourquoi les jaunes doivent-ils être si bordéliques ? Soit. Notre blonde ne sait pas. Argh. « Tu me suis, ou bien ? » Ton amusé sans trop être prononcé. Et lui qui parait au bord de la mort. Quelle idée de rester dans l’embrasure de la porte ; semblent brûler ses lèvres. Le rire de la blonde détonne dans l’air, mélange de spontanéité et de simplicité. Le gosse n’ose pas même bouger. Attendrissement. « Eh, ça va. » Elise a levé main, posant sa menotte dans les crins bruns du mignon. Puis s’est détournée, un instant, osant un pas. Croisant son regard, évidemment. Enfin. Quel bien grand mot, elle n’a même pas eu droit à un quart de seconde. Sans doute commençait-elle à le dévisager quand lui-même s’en lassait, arrêtait. Et ca la frustre. Allez savoir pourquoi. D’où vient ce pic, cette envie d’attention. Alors elle s’avance, se souvenant de faire un signe au petit protégé.

« Eh. Ne me snobe pas. »

Nonchalance pincée, humour décontracté. Oui, regarde-moi. Elle s’en serait râpé tête contre mur. Idée à noter. Bien qu’il ne soit pas présent, télépathiquement, dans son esprit –fort heureusement. Sourire de façade, celui qui cache les surprises, les colères, les envies. Elle s’assoit sur lui. Sans aucune quelconque délicatesse –à quoi bon ? Comme ça, de tout son poids. « Ah, là, j’suis bien. » Et maintenant, tu ronronnes. Ou pas. Mais il est vrai, oui, peu faux qu’elle s’y sent mieux. Plus libre. Au delà des regards perplexes, étonnés, voire blasés. Sa tête pivote, histoire de poser iris sur la chose-coussin. « Hm. Dure journée, n’est-ce pas ? Travailler, suer, puis se faire écraser. » Elle n’avait jamais commenté sa flemme, ou plus poliment, son manque de motivation. Après tout, elle-même dormait en cours. Vous comprenez, ça aurait été déplacé. Doigts fins qui viennent repousser les mèches gênantes, la blonde se sent un peu fatiguée. Mais qu’importe. Elle reste là, sans bouger –les pulsions sadiques sont pour l’instant épuisées. Et dans sa tête, des remarques.

Y avait-il toujours eu ce malaise ?
Hm.

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Un poids ? Oui, un poids pour le moins important. Qui vient de te tomber dessus. Sur l'estomac. Tu restes un instant le souffle coupé. Tu aurais pu t'attendre à tout, sauf à ça. Et tu la regardes, du coin de l'oeil. Tu finis par te laisser retomber. Tu fermes les yeux. Tu soupires. Tu soupires alors qu'elle prend ses aises, installée sur toi. Se faire écraser. En effet, oui. Pas qu'un peu en plus... Enfin. Tant pis. Quelle importance ? Aucune. Tu t'apprêtes à refermer les yeux. A reprendre ta léthargie. Comme si de rien était. Mais ce n'est pas le cas. Elle ne bougera pas. Pas tout de suite du moins. Et tu rouvres un œil. Tu la regardes. Tu l'observes. Rien qu'un instant. Bah. Comme si tu te préoccupais encore d'elle. Tu as tourné la page. Alors pourquoi elle vient encore t'ennuyer ? Tu ne sais pas. Et tu ne veux même pas savoir en réalité. Tu t'en contrefiches. Tu aurais voulu qu'elle te laisse dormir tranquillement. Mais il y a toujours ce qu'on voudrait que le gens fassent et ce que les gens font. Et tu finis par refermer l’œil. Tu finis par replonger dans la pénombre. Par lâcher un mot, paupières closes. Enfin. Pas un mot, non. Un son serait plus juste.

… Mrff.

Constructif, vraiment. Autant qu'utile. Et tu la repousses, un peu plus. D'une main lascive. Sans la virer véritablement sa place, mais tu la décales de quelques centimètres plus loin. Qu'elle ne t'écrase pas pile l'estomac. C'est vrai quoi. C'est inconfortable. Et puis de toutes façons... Pourquoi toi ? Il n'y a que toi qu'elle aurait pu venir déranger ? Non, clairement pas. Alors pourquoi venir s'installer sur toi en particulier ? Ca te dépasse.

Et. Qu'est-ce que tu fais làààà ?

Ton fatigué. Crevé. Las. Exténué. Malgré le fait que tu ne le sois pas vraiment. Mais toutes ces bêtises te fatiguent. Elles te crèvent. Elles sont lassantes. Exténuantes. Et tu te couvres les yeux du revers du bras. Pour laisser filtrer encore moins de lumière. Pour plonger un peu plus dans l'obscurité. Pour essayer de pouvoir dormir. Essayer seulement.

Date d'inscription : 28/09/2013

rire
puis oublier.

« Et il la repoussait, un peu, moyennement — elle ne bougeait pas, se laissait faire. Sa journée l’avait fatiguée, aussi lui adressa-t-elle un regard moelleux aux prémices indifférentes. « Ce que je fais là, hein ? » Laissa-t-elle couler hors de ses lèvres. Se foutait-il d’elle ? Il était toujours, toujours si décontracté, si amorphe et sans relief — cet homme n’en était pas un. C’était à la fois plus, à la fois moins ; un mélange de rien. « Je suis chez moi, je te rappelle. » Et c’était presque piquant, mais déjà passé ; à moitié oublié. « Ma maison, mon dortoir — ma couleur. » Acheva-t-elle, illustrant ses propos d’une main évasive, levée puis rabaissée.

Que pouvait-elle bien ajouter ?

« La journée est bientôt finie, seuls les quatrième années sont vers la foret interdite pour les Soins aux créatures et les septièmes années sont en cours de runes. Les sixièmes années ont été dispensés du cours de potions — donc je suis rentrée, après avoir un peu flâner. » C’était comme réciter une leçon, sauf qu’ici le but premier n’était pas d’instruire, mais plutôt de paver. Telle une de ces vieilles berceuses, celles que l’on redemande encore et encore, Elise parlait ; son ton était doux, dénué de vices ou de préjugés. C’était un coulis désintéressé, elle énonçait les faits ; murmurant les évidences — qu’avaient-ils à se dire, tous les deux, hormis ces banalités, de toutes façons ?

Alors elle s’exprimait, se laissait porter par quelques idées.

Un seconde année vint à elle, comment s’appelait-il, déjà ? Ah, oui, Joffrey. « Elise ? » Et il était hésitant, mais tout sourire — c’était un tout bon, quasi fougueux. Et elle l’imaginait déjà, pendant ses cours de vol ; tentant d’imiter quelques lions valeureux. « Hm, Joffrey ? » Son sourire s’était fait grand, très tendre ; Dickney n’avait jamais réussi à beaucoup aimer — mais jamais elle ne détestait vraiment, aussi, l’on pouvait dire qu’elle avait changé ; et qu’à cet instant précis, elle se modulait encore ; c’était sans fin. « Tu sais, pour le tournoi de Quidditch… J’ai entendu des poufsouffles tout à l’heure qui disaient qu’on était sans doute les moins bons ; mais je suis pas d’accord. » Et c’était une moue un peu crispée qui se formait sur le visage de la capitaine — oser critiquer la maisonnée qui les hébergeait était d’un manque de délicatesse évident ; elle n’appréciait pas beaucoup ce comportement. « Tu sais, notre équipe est toute récente, je suis en train de finaliser l’inscription de nos deux derniers membres. Mais ça ira — on finira pas dernier, des entrainements sont prévus puis ; non, ne t’inquiète pas, ça ira. » Et c’était tendre, un peu trop lent, sans doute ; aussi, mais qui s’en souciait ? « Ouais. Ouais ! Puis je te vois tu sais, des fois, le soir qui rentre du terrain ; même le matin tu y vas — alors tiens. » Et il lui tendit une petite figurine représentant un éclair de feu ; la blonde explosa de rire — sans pour autant prendre trop de voix. « C’est gentil, merci ; mais tu sais, on obtiendra un éclair d’or pour Pan ! Comme ça, ce sera encore mieux. Puis dans quelques années ce sera toi, dans l’équipe, Joffrey. Allez, à plus tard. » Et elle le congédiait d’une menotte leste, saluant au passage l’attrapeur des jaunes passant par là. Il est pour toi cet éclair de feu, heh. Enfin bon, nos moutons. « Tu es batteur, maintenant — tu ne t’entraines donc jamais ? Pourquoi tu as intégré l’équipe ? » Oui, maintenant, ça la titillait. « Etait une époque où tu n’assistais jamais à un seul match. »

Etait un temps ou tu étais différent.

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Je t'écoute. Ouais. Ouais, je fais cette erreur. Pourquoi au juste ? Qu'est-ce que j'en sais. J'ai probablement rien d'autre à faire. Quoique. Si en fait. Je voudrais essayer de dormir. Mais je peux pas. Parce que t'es là. Mais je peux pas non plus te dire de dégager. Fût un temps où je l'aurais fait en fait. Quand j'y réfléchis bien, ouais. Ouais, à un autre endroit et à un autre moment, je l'aurais fait sans hésiter. Et pourtant. Pourtant, pourquoi je le ferais pas, ici et maintenant ? C'est une bonne question. Et j'y répondrai pas. J'ai pas de réponses à y apporter. J'ai pas envie d'essayer de répondre. Et j'écoute, d'une oreille distraite. Je t'écoute en train de réciter les emplois du temps de chaque classe. Et j'arrive pas à comprendre comment on peut accorder tant d'importance à ça. Bah. J'ai jamais fait attention à mes horaires. Ou du moins ça fait un moment que j'ai arrêté. Ouais. Depuis cet accident stupide. Bah. Quelle importance après tout. Je fermais les yeux. Et j'écoutais. Sans rien dire. Parce que j'avais rien à dire. Ou si j'avais quoi que ce soit à annoncer, le fait est que je savais pas du tout ce que ça aurait pu être.

Et voilà un gamin qui arrive. Toi là. Occupe la un peu. Arrange toi pour la faire partir d'ici. C'est ce que j'aurais aimé pouvoir lui dire. Mais avec elle assise là. C'aurait été un poil compliqué. Et me voilà obligé d'écouter leur conversation. Sans y porter le moindre intérêt. Si ce n'est un sourire arraché. Un sourire en demi-teinte. Presque là. Sans vraiment l'être. Amusant. Mais je n'avais rien dit. Je m'étais contenté d'un petit sourire. Un très léger sourire. Moqueur ? Ouais. Peut-être. Probablement. Qu'est-ce que j'en sais après tout. Et le voilà qui repart déjà. J'ai pas tout suivi. Comme si ça m'intéressait. Et te voilà qui revient à la charge. Pourquoi ? Tu m'expliquerais si je te le demandais ? Je pense pas. Et voilà que tu reposes le Quidditch sur la table. Comme quoi j'allais jamais au moindre match avant. Et d'autres inepties. Que j'ai pas le courage d'écouter. Je vais vraiment devoir te répondre ? Je ferme les yeux un instant, un bras sur le front. J'aurais bien soupiré, mais non. Pas cette fois. Je contentais d'inspirer. Pour expirer profondément.

Etait une époque où mon intérêt se tournait vers d'autres choses.

Réponse froide. Calme. Presque sèche. Non. Juste dénuée de couleur. De teinte. Et oui. D'autres choses. D'autres personnes. Pourquoi au juste ? Pourquoi cet intérêt s'était-il éteint comme ça ? J'sais pas. J'en sais rien. Y'avait eu mes yeux. Mon accident. Et les choses avaient commencé à basculer. A se renverser. Renversées... Comme de la crème. Et merde. J'ai faim maintenant.

Date d'inscription : 28/09/2013

Le grand n'importe quoi
du non sens.

« Elise ne savait pas quoi dire.
Aussi garda-t-elle le silence, se contentant d’agrémenter ce dernier de quelques sourires diffus et respirations banales, presque éventées — Bartholomew ne lui faisait aucun effet. Depuis quand était-elle si étrangère à ses humeurs ? C’était déstabilisant, mais étrangement ; cela ne la perturbait pas plus que ça. Ils étaient tels deux inconnus, se côtoyant depuis des années tout en prenant soin de bien s’oublier — ils changeaient oui, s’étaient connus, s’étaient appréciés ; et ne faisaient rien pour combler les fossés qui s’allongeaient, gagnant en profondeur. « Je vois. » Avait répondu avec simplicité la préfète, n’ayant rien à ajouter dans le ton — et elle détestait ça. Elle détestait ces quelques lettres alignées dans une indifférence vendue tel un plat réchauffé. C’était vétuste et désobligeant, c’était insipide et sourd ; oui, ils étaient tous deux dans les vestiges de souvenirs à peine refoulés, discutant sans se soucier trop du reste — cherchant à fuir, ne voulant pas totalement partir.

Un garçon vint. « Elise, tu viendras dans nos dortoirs, ce soir ? » Avait-il lâché. Et cela avait été dit avec une telle spontanéité et un tel manque de tact qu’elle avait ri — son timbre s’était alors répercuté dans quelques bruits de fond, rebondissant mollement tout contre d’autres éclats de voix. Elise aimait beaucoup rire, dernièrement. Cette année l’avait changée, les responsabilités venant avec tout au pareil. Aussi, quand son regard s’attarda une fraction de seconde tout contre son siège vivant, elle se dit que tout avait beaucoup changé. Lui, eux ; le reste, le monde et les gens. « Juste un peu, nous avons des invités, en ce moment. » Avait-elle lâché à l’attention d’Alfred. Ce jeune homme était une pure merveille, il alliait innocence, érudition et couleurs vives à lui seul ; il entendait par sa venue quelques aides en étude des runes, alors qu’il savait pertinemment qu’elle n’était pas la meilleure dans le domaine, vu qu’elle ne pratiquait pas — n’ayant pas l’option. Etaient alors sous entendu des jeux et des discussions bordées d’humour et de tendresse, se faisant piquer par quelques rappels vis à vis du professeur de sortilège, la blonde préfète leur rappelant de prendre sur eux ; même si il ne restait qu’une année — et qu’il était alors très tentant de laisser passer un commentaire peu approprié.

Mais ils étaient de la maisonnée Serdaigle ! Etait attendu d’eux un comportement des plus professionnels, n’est-ce pas ? Les stéréotypes battaient forts, à leur sujet. Des rats de bibliothèque pince-sans-rire, disait-on d’un côté ; clamant de l’autre leur toute grande frigidité. Et peut-être Elise y avait cru, elle aussi, pendant longtemps — elle s’était plongée dans des silences sans précédents, sans chercher à briser la glace. « Tu es dans l’équipe, mais jamais tu ne t’entraines vraiment, Bartholomew. » Avait-elle finalement accordé à l’allongé, regardant du coin de l’œil le septième année disparaître au coin d’un détours. Il allait lui manquer — ils allaient tous lui manquer. Et c’était dans ces instants là qu’Elise se sentait lasse, car elle avait peur ; si peur de l’oubli. Des distances et des froids solitaires, au lendemain des étreintes brûlantes, vigoureuses puis caressantes.

Sa modulation avait été nimbée de sarcasmes, quoique le tout eût gardé une certaine douceur ; plongeant dans le demi murmure désobligé.

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Silence. Elle voit. Tant mieux pour elle. Plus le temps passe et plus cette formulation me fatigue. Voir. Ouais. Si seulement. Si seulement je pouvais en être garanti, de cette capacité à « voir ». Je vois. Et bah non. Pas moi. Pas complètement. Je peux tout aussi bien cesser de voir d'un jour à l'autre. Et elle, elle voit. Tu vois. Alors profites-en. C'est stupide ce genre de réflexions. Mais pourquoi je m'en étonne encore. Je fermais les yeux. Tête tournée sur le côté. Je portais mon regard vers l'âtre. J'observais les flammes danser. Ah. Partir. Sauter dans le réseau de cheminées, et partir. Loin. Quelque part. N'importe où. Mais loin d'ici. De cette école. De cette magie. Combien de fois j'ai pu y penser ? Je sais même plus. Bah. De toutes façons. Qui serait assez fou pour s'émouvoir d'un départ parmi tant d'autres ? Je sais pas. Probablement pas grand monde. Enfin. Tant pis.

Et en voilà un autre qui arrive. Pitié toi. Là. Toi. Occupe la. Embarque la tout de suite dans ton dortoir si tu veux. Mais débarrasse moi de ce poids. Etait un temps où ça ne m'aurait pas plus dérangé que ça. Un temps où ce rire m'aurait arraché un sourire, plutôt que ce soupir de fatigue. Mais les choses changent. Les temps changent. Les gens changent. Oui. Etait un temps où cette intervention m'aurait fait réagir. Mais non. Plus maintenant. Deux étrangers. Voilà ce qu'on aurait dit. Mais est-ce que je l'avais jamais connue avant. Est-ce que je peux dire qu'on a été proches, fut un temps ? J'sais pas. Même pas. Bah.

Quelle importance.

Et voilà que je parle sans m'en rendre compte. Je gardais les yeux fermés. Réfléchir semble même réclamer des efforts. Dormir. Rattraper ces heures de sommeil perdues. Voilà ce qui m'aurait plu. Mais se perdre en palabres et discussions creuses... Un programme inattendu. Mais l'inattendu. La surprise. La nouveauté. Quelle importance. Non, vraiment. A quoi bon se perdre en paroles. A quoi bon répliquer. Les choses ont changé. Elle l'a dit elle même. Mais il restera toujours des choses qui ne changeront pas. Reste à savoir quoi. Et qu'est-ce que j'en sais moi ? Pas grand chose. Presque rien. Rien. Mais encore une fois : Quelle importance ?

Date d'inscription : 28/09/2013

Une passante,
une statue.

« Foutaises. » Avait murmuré avec violence muselée Elise à l’égard de la chose sur laquelle elle siégeait. Et que vouliez-vous qu’elle ajoute ? Il n’y avait rien à dire, cet homme n’était rien, non ; plus rien. Était-elle assez bonne pour endosser cet air indifférent à longueur de journée ? Plus à présent, les temps changeaient, elle le savait bien — le vivait assez. Plus avec lui. Mais tout de même, pourquoi ; pourquoi se laisser aller de la sorte ? « Tu es pathétique. » Et c’était sorti avec un naturel tout particulier, frôlant le désabusé. « Vaux-tu encore quelque chose ? » Un sourire diffus avait parsemé ses traits, faisant ressortir son regard ; elle en aurait presque ri, mais le cœur n’y était pas. « Une larve. Un cancre. Tu n’as pas des poils dans les mains, mais de véritables baobabs. Je ne comprends pas, tu sais. » Ses yeux étaient froids, impersonnels. « Mais je ne veux plus comprendre. Il n’y à rien à savoir — même ton adhésion dans l’équipe des blaireaux relève d’un miracle que je ne peux saisir. Ils étaient en manque d’effectif ? » Un son mou sortit d’entre ses lèvres, tout aussi moqueur que fade. « Comment peut-on avoir de l’estime en toi ? Tu n’en as pas toi-même. Les jaunes t’acceptent ? Tu arrives à t’intégrer ? Et tu ne te sens pas trop à l’étroit ? Enfin dans ta tête je veux dire. » Chuchotis infinis qui s’entendaient à peine ; aux prémices de l’inaudible. « Tu es égocentrique, Bartholomew. Et l’égocentrisme, on en guérît souvent jamais. » Sur ce, elle se leva ; passant une main diffuse dans ses cheveux — qu’allait-elle bien faire à présent, s’en aller ; sans plus un mot ?
Elle n’avait rien à prouver.

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