Tout le problème est et demeure. Avec ou sans noyaux ? Seul dilemme jusque la minute d'après. Les cerises, les cerises t'en prends les queues, tu les noues avec ta langue, tu joues à la plus conne. Mais quand elles ont pas de queue. Alors tu les manges en clafoutis. Et depuis quand tu manges des clafoutis ? A Londres y'avait des clafoutis peut être ? Pourquoi à Poudlard. Non ça va pas. Et ça a cette odeur de saleté acidulée, de truc TROP sucré.

▬ C'est pas si bon que ça, les cerises.

Fallait que Victoria te plante ladite chose dans le gosier. Et c'était pas si mauvais, non, ça se calait avec douceur à ton palais, avec un presque soulagement. Ou bien, ou bien tes nerfs avaient lâché. Le calme ambiant était en fait euphorie, tu ne comptais plus les élèves qui partaient dans une valse toute personnelle, quelqu'un sous le bras. Peut être quelqu'un de tétanisé/affolé/blasé/dépassé sous le
bras.

Tellement plus plausible.

On se demande pourquoi elle est en train de danser dans les escaliers qui tournent à n'en plus respirer. Quoi. Sloan ? Ivre. Croyez, croyez ce que vous voulez. Pourquoi elle se rue chez ses aiglons, pourquoi elle s'élance dans le couloir... Pourquoi...

▬ Je me sens tellement biiiiieeeeeeeeen !!

Mais encore. Il fallait qu'elle saute sur la plus oiselle, la plus brillante pour sa perfection. Oui il fallait que ce soit elle. La magnifique créature dont elle agrippait soudainement le visage, écrasant ses joues entre ses deux mains.

▬ Oh Evelynn Grace Hayleeees épouse-mooooooooi !!!

Non.
Ne fais pas ça.
Ne...

Et elle lui prend fougueusement son sourire, dans un baiser passion, fusion, confusion.
Y'a de quoi vous couper le souffle.

Que disions-nous déjà ? Le avec ou sans noyau était le plus gros problème. Oui, je me souviens. La question suivante ne serait-elle-pas pour le coup... Avec ou sans la langue ? Courez petits enfants, le clafoutis et sa cerise ont frappé ! Je sais Holmes, je sais. Tu l'avais senti jusque ton suc-gastrique. Puis c'était remonté comme un cœur entre tes lèvres, que la beauté des mots ne suffisait pas, qu'il fallait t'éprendre, te soumettre à la plus folle des attractions. Cette sensualité soudaine AH. Ce désir puissant qui t'avais prise, pour que tu coures et finalement, finalement tu captures l'étreinte immaculée d'une jolie petite bleue... bleue dans tous les sens du terme.

▬ Enfin mon amour... enfin tu sais que tes lèvres sont le meilleur réceptacle dont je puisse rêver.

Non que dis-je, tant de perfection dans un réceptacle. Le refuge... le petit... oh ce petit oh oui. Evelynn oh. Alors, alors quand son aimée s'inquiète, se fait à l'idée que peut être, Sloan puisse souffrir d'un quelconque mal. Sloan s'agrippe à son poignet, la retient qui s'éloigne.

▬ Qu'est-ce-que tu dis...

La voilà qui sent des pétales tomber de ses yeux tant le spectacle de son amour est déstabilisant. Son amour est soudain si beau, dans une panique si inhabituelle, dans ses rougeurs inopinées. Evelynn, Evelynn...
Sloan pleure à chaudes larmes, s'écrase au sol, sans lâcher cette main, fixe le sol. Pleure, pleure, pleure encore. Elle voudrait sourire à son amour.
Mais.

▬ Tu ne vois donc pas comme je t'aime.

Brise, son cœur se brise, soudain sans nom, sans refuge. Oui, mon grand amour, elle pense. Qu'ai-je de si inconnu.

Oh c'est frustrant, oh tu pleures encore. Oh c'est brûlant comme cette passion qui te mange les poumons, qui explose au fond de ta poitrine.

Mon amour,
mon amour.
Mon grand amour.


La plus grande tragédie est celle d'un amour clafoutis, indécis, imprécis, pourtant si avouable. Si voulu.
Si cerise.

Avec. Ou sans. Avec ou sans les larmes, elle se sentait un peu pendue par les deux ficelles de l'avant-bras, un peu poussée à la tristesse et en fait, ça ne la rendait que plus mélancolique de son amante. Parce qu'elle était persuadée, persuadée que le monde ne tournait plus rond. Qu'on était arrivés à la fin de la magico-sphère, qu'Evelynn avait été emportée par un ouragan.
Oui, on lui avait ramené ce corps sans logique, sans cœur, aucun, même plus les yeux pour pleurer et Sloan était au bord du gouffre soudain de la passion... Oh quelle tragique épopée.

Sloan... ne mange plus de clafoutis, pitié.

Elle attrape le mouchoir, lance une moue reconnaissante teintée de perte et se mouche bruyamment, comme ces filles plaquées d'un coup d'un seul dans leur chick-flick. Puis elle tremble, mais plus tellement, plus elle marche, plus elle se rassure.

▬ T'es peut être juste une copie d'elle, mais je vais prendre soin de toi, c'est pas grave.
Oui, c'est rien, elle murmure. Un peu hagard l'air, un peu trempés, les yeux.
Tu veux dire quoi, par "prendre soin de toi" hum ?

Il y a pourtant des choses qu'elle ne perd pas, comme ce sourire qui se retrace avec perplexité sur les lèvres lorsque Lynn se reprend un peu et elle lui prend la main, avec une lenteur inexplicable. Peut être qu'elle est un peu endormie, pas tellement présente, rien qu'une docilité affolée, angoissée. Sloan, Sloan dans quelles cerises t'as croqué.

Elle relève les yeux à son appel. Voilà, voilà pour une fois que c'est dit sans hésitation, elle n'est plus qu'une déçue qui se demande, ce qu'elle a à changer. Quoi.

▬ C'est...

Elle avance vers cette aimée, Evelynn, un peu trépassant, un peu pâle, un peu confuse comme n'importe quelle âme appelée à la peine, caresse doucement le poignet de la jeune Serdy.

▬ Je... Je... vois pas de quoi tu parles.

Sloan est animale en amour, Sloan est sauvage, un peu inadaptée, anarchique, sifflante et cassante comme le vent. Elle se penche vers Evelynn, renifle son cou comme une louve embrasserait la lune de son museau.

T'as perdu la tête, mon Evelynn.

Poésie, clafoutis.

Odeur qu'elle ne parvenait soudainement pas a reconnaître, qui lui semblait, dans les souvenirs, plus familière même que le contact d'Evelynn. Son simple toucher, l'amener à s'y raccrocher, comme une dépendance, elle tremblait. L'euphorie refusait de retomber.

Mais l'euphorie ne touchait pas Evelynn. L'euphorie si elle était présente pour elle ne faisait que la noyer de questions, des suppositions futiles, des évidences pourtant aux yeux de Sloan. Ses yeux se plissèrent doucement, sans qu'elle parvienne à répondre aux interrogations de la jeune serdaigle. Elle recula, comme Evelynn le voulait, recula encore pour prendre une distance.

Son visage se fendit en deux, littéralement, entre déni et acceptation. Entre hypothèse du réel et perte vers l'imaginaire. Puisque son imaginaire lui criait de l'aimer, puisque son réel se contentait de lui rire à la figure. Et la voici, dans cet espace isolé, cette intimité toute perdue, a laquelle elle ne souhaite maintenant qu'échapper.

Alors. Alors tout est flou, tout est confus. Elle ne sait pas quoi retenir de ces paroles, de son nom crié trop fort. Oui tout est perdu, tout est tellement loin... de leur idéal. De son bien, de leur bien. Tout s'abandonnait soudain au mal.

Voilà, voilà Sloan. Tout ça pour une part de tarte.

Une main se presse au cœur, ses yeux se ferment. Elle pense disparaître, elle n'a pas bougé d'un pouce.

▬ Je pensais. Qu'on savait. Que tout était possible...

Mais il était tout d'un coup si dur de se retourner, si dur, d'aller ouvrir la porte, de la passer. Surtout quand la porte est notre pire cauchemar. Surtout quand Holmes tente d'ouvrir une porte.

▬ Je... sais pas pourquoi mais.

Soudain, elle pleure.
Soudain, elle a besoin de pleurer.

▬ Je... t'aime... Evelynn. J'ai... besoin de toi, Evelynn.

Tellement que ça te broie.
Tellement que tu ne contrôle plus tes spasmes, que ça te projette en avant, que tu tentes d'agripper quelque chose.

As-tu seulement le droit de la toucher ?

Spoiler:

Tes pleurs explosent comme des cris, amour. Sloan se stoppe, Sloan oublie soudain. Sloan ne veut plus la toucher, le contact cuisant d'Evelynn, elle n'en veut plus. Non. Non, elle ne veut plus la toucher. Pourtant elle s'entendait encore, bafouiller des excuses, l'apostropher de chagrin, de regrets, mais quels regrets. On a rien, il y a rien. Rien de vécu, rien de passé. Tout stagne devant elle, soudain, cette petite qui ne bouge plus. Elle recule alors, éclate d'un rire nerveux qu'elle dissimule en plaquant son avant bras contre des lèvres brûlantes.

Elle peut retrouver le goût d'un autre, d'une autre, elle ne veut pas de tout ça. C'est trop sucré, elle pense, elle peut. Dans l'isolement, dans la distance diabolique, elle sait, ça griffe son visage de larmes. Elle comprend pas. Elle arrive pas. Il y a pas de bon sens, là. Elle est folle. Elle est folle c'est ça. Après. A la fin de ce repas immonde. Oh cette cerise oh.

▬ Evelynn. Evelynn !

Pas besoin de douceur, pas besoin de patience, elle la secoue, la secoue encore. Putain qu'est-ce-qu'il y a. Et a son contact. A son contact comme des effluves, un alcool lui monte à la nuque, lui prend la gorge, remonte vers son nez. Sa poigne devient tendre, ses mots se perdent dans des larmes.
Non qu'est-ce-que...

▬ .... mais...

Elle lâche la fleur qui s'attache à son sol, elle recule, se redresse, se relève. Ses joues s'embrasent, tout se manifeste par un simple grognement, un murmure incomplet, Sloan s'éloigne, Sloan sent sa poitrine et elle hurle. Elle hurle : pourquoi tu t'en vas sale garce !

C'est comme être ivre. Oui c'est comme être ivre. Mais c'est violent, c'est la goutte triste, le sentiment qui lui mange son corps, qui l'empêche de quitter Evelynn.

Mais Sloan. L'amour. Le temps, rien ne colle. Rien, rien, rien.
Elle ne veut pas être de ceux-là, elle veut s'enfuir, elle ne veut pas qu'une larme remplace son rire, elle veut s'en aller, c'est tout.

Elle recule, elle se bloque, continue, abandonne la petite à son cocon, recule, atteint la porte l'ouvre. Et s'envole, et s'envole, elle la claque.

Courir, courir, trouver un endroit calme, un endroit qui existe, un endroit où on peut respirer !

▬... J'ai rien fait de mal. Rien de mal. Rien. Rien. Rien du tout.

Je voudrais que tu sois de celles qui en rient, qui se bidonnent, qui s'écrasent au sol, mais je suppose que t'es juste Holmes hein. T'es comme ça, t'es pas très loin d'Evelynn, sur certains points.
Et regarde, un peu de progrès.
Pour une fois, tu blesses quelqu'un !

Une seconde.
Une fuckin' petite seconde.
Parle-t-on vraiment de Sherlock Holmes ?
Ah, ah, pour le coup je crois pas.

Puisque ça fait tilt là haut, Sloan est prise d'un élan sherlockesque, s'élance dans le couloir vers la chambre de la belle Lynn. Mais pas pour l'embrasser cette fois-ci !

▬ ... Sloan Temperance Holmes. Action ! Réaction !

Elle ouvre la porte de manière chevaleresque ! Pour un peu, ce serait presque héroïque. Mais derrière la carrure assurée qu'elle se dessine toute seule en s'approchant de l'Evelynn la plus recroquevillée au monde, elle est un peu, très, beaucoup paumée.
La brunette saisit l'autre brunette par dessous les bras, la ramène à son niveau, l'assoit sur le lit.

▬ Evelynn ! Evelynn Grace Hayles tu te bouges ! Tu m'expliques.

La Sloan déterminée à sauver des vies était un peu... trop directe.

Spoiler:

- une seconde, pour analyser - On est observatrice. Les pupilles se dilatent graduellement, sous des yeux plissés. Se convainquent, qu'on est pas là pour rien. Ecoute ! Ecoute Evelynn ! Son nez ne la trompe plus, ses mains ne sont pas moites. Ce qui lui piquait le nez est parti - ça disparaissait comme un bonbon qui pique à la langue, pas grand chose, pas grand chose -. Elle a du mal à s'acclimater à la fraîcheur de la pièce tant son corps irradiait. La brunette se redresse, se pose contre le bord de la fenêtre.

- Il faut une distance, il y a besoin de. Il ne faut pas brusquer un oiseau blessé. Il ne faut pas lui arracher de plumes. Il ne faut voir que comme ça. Ne pas penser que l'idée était tragédie. Que tout était parti d'un clafoutis, que c'était plaisanterie et c'était tout. - Sloan amène une main à sa bouche, tousse doucement. Elle virevolte un peu, se sait encore vibrante. Une valse qui ne veut pas la lâcher, en bon cavalier.

▬ ... Je... Evelynn tu... On...

Rare qu'elle hésite. Que tout se ramène à des mots. Mais soudain, celle qu'elle jaugeait de sourires au hasard d'un couloir, ne voulait lui apparaître que sous un masque. Un masque grandiose, aux ornements magnifiques. Elle pouvait cerner sur ses joues, quelque brillance. Tracer le chemin de larmes. Elle avait déjà pleuré, mais n'avait fait pleurer personne.

▬ A qui tu penses. C'est pas à toi, de demander les excuses, Eve.

Elle soupire.

▬ Je... t'ai fait quoi.

Oui y'avait eu un espoir, une fraction de remise en question. Sloan qui se défait un peu de la pose habituelle et se crispe. Fixe les lèvres d'Evelynn, se demandant ce que ses sens on à la pousser à l'instinct primitif du désir charnel. - que ses neurones se rejoignent entre deux synapses et lui crient de la toucher - de la violenter, presque. Le corps d'Evelynn, pourtant intact. Appelait celui de la charmée, à s'approcher. Elle eu un bref sentiment d'incompréhension, de perte de contrôle. Un abandon soudain, de sa propre pensée, quitte à tout reprendre à la folle échappatoire. Parce que ce jour-là, quelqu'un était venu, casser le camp en deux parties égales et pas quatre.

▬ ...Voilà le but.

Elle eu droit, au lieu d'une réponse, à une résolution partielle, de Sloan. Sherlock n'était jamais loin. Evelynn pouvait se parer de honte, et partir dans le dérisoire, et s'amouracher du silence. Sloan voyait clair, retardait naturellement la fourberie du jour rose salvateur. Se hissa, quitta la fenêtre, fit un pas en avant, braqua ses doigts contre ses cheveux, les plaqua derrière ses oreilles. Mais Eve, aurait des réponses.

▬ Que tout, tout se mélange ! Et qu'on soit littéralement... confrontés... à tout le monde. Et... sans aucune retenue... sans aucune logique, parce que le filtre d'amour, ne suit aucune logique... c'est tout simplement brillant !

Brillant. C'est là, que l'enfant refait son apparition et que Holmes se fige, se gèle sur place. Avale, sans parvenir à relever les yeux sur Eve.

▬ ...Merlin... moi... qui n'avait jamais embrassé qui que ce soit.

En voilà une révélation.

Un sentiment tout autre la prenait. Ce n'était pas un retour soudain de passion, ou un désir étrange et inapproprié. C'était de la confusion. Sloan avait stoppé le débat intérieur comme si tout devait brutalement s'arrêter. - mettre une barrière psychologique entre ce qui s'est passé et ce qui arrivera après - Elle savait qu'en rire avec Evelynn serait impossible. Parce que la brunette n'était pas de ce genre là. - et quand bien même, cela semble innocent, elle ne se remettrait pas de la même façon que sa camarade serdaigle - On était pas tous là pour en rire, mais au moins on s'était pas déchiré le cœur.

La jeune bleue s'assied à même le sol, dévisage un instant Evelynn et perd ses yeux à gauche et à droite. Ce qui lui faisait bizarre, c'était cette intimité qui n'avait rien à faire là. Quand elle étaient deux filles à se dire bonjour la veille et à se retrouver intimidées par un baiser volé le lendemain. Personne n'avait voulu ça. - pourquoi toujours chercher un coupable. - Et comme à son habitude, Sloan sourit tout simplement.

▬ Je pense. Qu'il y avait trop de clans. Et que leur stupide tour consistait à... nous rapprocher hum ?

Vous pouvez constater que ce n'est pas très réussi. - enfin, espérons qu'ensuite, plus tard ils plaisantent là-dessus devant une bonne tasse de thé... -