« … et c’est pour ça que j’ai poussé Louis du haut des escaliers. Mais il va bien alors c’est pas important que je sois soi-disant en tort dans cette histoire ! »

Galatea boudait, les bras croisés, soufflant sur une mèche de cheveux rouges qui se baladait sur son visage depuis qu’elle entama son discours enflammé sur « Pourquoi O’Connor méritait de rouler bouler dans les escaliers » d’une bonne vingtaine de minutes. Evidemment, il a fallu qu’un préfet voit la scène et l’envoie en heure de colle, mais elle voulait tenter de négocier avec son père — parce qu’il faut bien tirer des avantages à ce qu’il soit professeur et du pouvoir qu’il exerçait — pour passer outre ce qu’elle considérait comme une perte de temps et une injustice pour avoir bravement tenter de sauver le monde d’un parasite nocif. 

« Et vraiment, je t’assure, c’était de la légitime défense, il allait me frapper ! Je l’ai vu lever la main ! »

… Ou bien peut-être que c’était juste une de ses mèches de cheveux qui avait bougé, mais dans les deux cas, l’important c’est qu’elle croyait qu’il allait l’attaquer et donc c’était réellement, en théorie, de la légitime défense. De la théorie poussée certes, mais il faut voir Louis aussi, il est toujours à préparer un sale coup. Il a une tête de vicieux, c’est normal qu’elle soit super vigilante quand elle est à côté de lui !

« Et de toute manière c’est lui qui a commencé. Je lui ai dit bonjour très poliment et il a directement été agressif. »

Ben quoi, c’est très poli de lui dire que sa coupe de cheveux ressemblait à une bombabouse poilue non ? Elle aurait pu dire que ça ressemblait à un Shaymin mort, mais il n’aurait pas compris la référence, et c’est encore moins flatteur, parce que Shaymin est le Pokémon le plus inutile du monde, d’abord. C’est Regis qui l’a dit. 

« Non vraiment, je ne mérite pas cette punition et je me ferai très claire à VIRIDUS EMERALD PARCE QUE LUI AU MOINS IL EST DE MON CÔTE ! Et c’est MÊME PAS MON PAPA ! »

Galatea utilise Croco Larme !

Alors oui, à son âge, les petites filles ne pleurent plus, sauf pour manipuler les garçons, parce que tous les garçons gentils sont sensibles aux larmes d’une demoiselle. Surtout quand ledit garçon gentil est son père et que ladite demoiselle n’est autre qu’elle-même. Utiliser la carte des larmes de crocodiles avec le regarde chien battu qui va avec et la carte du père indigne, c’était le triple combo gagnant pour déstabiliser le professeur de métamorphose.

Et si elle le sait si bien, c’est parce qu’elle utilise cette technique depuis des années. 

« A-Alors tu v-vas lui en p-parler hein ? Dis ? »

Pourquoi passer une heure à copier des lignes alors qu’elle pourrait s’en servir pour mettre de la teinture rose dans le shampoing de Lucas ou de la veracrasse dans le pot de crème de Wendy ?

Galatea prit une moue boudeuse en croisant les bras, toujours avec ses larmes de crocodiles au coin des yeux.

« Mais je suis très respectueuse envers mon numéro 3, c’est bien pour ça que je suis venue te voir en premier, parce que tu es mon numéro 1. »

Elle donnait des numéros aux gens qu’elle avait décidé d’épouser plus tard. Le numéro 1 était, bien entendu, son père. Le numéro 2 était le Prince Solus. Le numéro 3 Viridus Emerald. Le numéro 4, Heatus Bumblebee. Et le numéro 5, le premier ministre actuel de la magie — normalement, il aurait du être le numéro 2, mais il n’a jamais répondu à ses lettres, lui. Donc il a été relégué à la dernière place. Le soucis, c’est qu’elle avait aussi un classement pour les gens qu’elle souhaitait abattre. En numéro 1, Wendy Weatherfield, bien évidemment. En numéro 2, Louis O’Connor, le numéro 3 est le professeur Mantis et le numéro 4 le professeur Stathos. C’était parfaitement logique dans sa tête ceci dit, que numéro 1 et numéro 1 n’étaient pas DU TOUT la même personne, et tant pis si les autres ne suivaient pas.

« Et personne ne pense que je suis mal éduquée. Le premier qui dit ça je lui mets mon poing dans le nez ! »

Et c’était parfaitement acceptable de frapper quelqu’un quand c’était de la légitime défense contre une offense verbale, d’abord. La petite frimousse de la demoiselle eut une moue mi-dubitative mi-ronchonne, alors que son père ébouriffait ses cheveux. Elle roula des yeux. 

«  Roh mais je l’ai aidé non ? A descendre les escaliers. Manu operandi, comme je sais qu’il aime pas la magie. C’est pas être gentille ça ? Mais tu sais pas comment il est Papa ! Il est toujours à crier que la magie c’est pas bien, et à embêter les Serpentards, il utilise même pas sa baguette en duel ! Tu veux que je te dise, moi je suis sûre que c’est un Morganien ! Et quand j’aurai la preuve qu’il l’est eh ben il verra ce que c’est que d’avoir des problèmes ! »

C’était une accusation très grave qu’elle venait de faire, accuser O’Connor de faire de la magie noire, mais il le cherchait en même temps, il a tout de l’être louche qui fait parti d’un culte !

Et là. Là. La carte Myrddin. Peut-être la plus grosse faiblesse de Galatea. Sa moue boudeuse se transforma en mine triste. Ce n’était pas juste, ses frères n’étaient pas encore assez grand pour aller à Poudlard, et elle ne les voyait plus que par miroir magique en dehors des vacances scolaires. Même son père pouvait les voir de temps en temps au Pré-au-Lard, mais pour elle, ça devait encore attendre un peu. Les deux monstres lui manquaient affreusement, et ça la rendait triste de ne plus les voir aussi souvent et de ne plus pouvoir s’occuper d’eux.

Et franchement, elle ne peut pas faire confiance à une nourrice qui dit qu’elle aurait choisi Carapuce comme premier Pokémon.

« Bah Louis serait parfaitement capable d’embêter Myrddin tu vois ? Il est méchant Papa. Et les méchants méritent d’être punis. »

Là-dessus, elle ne changerait pas d’avis. Mais au moins, elle était plus calme et avait arrêté de gesticuler en criant haut et fort à l’injustice. 

Galatea ne pu s'empêcher de hoqueter au mot "violente", comme si elle était réellement offusquée de ce mot qui ne la qualifiait absolument pas. Et puis qui, dans sa vie, n'avait jamais frappé, insulté ou poussé quelqu'un, ne serait-ce que par accident ? Ca arrive à tout le monde de bousculer une personne sans le faire exprès, quand c'était un peu trop bondé dans les couloirs. Eh bien c'est exactement ce qui s'est passé avec Louis, il y avait un peu trop de monde alors qu'elle voulait passer, sa main s'est tendue toute seule, elle s'est poussé pour faire de la place et hop, gravity happens. 

Sa moue boudeuse s'intensifia quand il joua la carte du père malheureux. Mais enfin, même pendant ses cours, O'Connor était irrespectueux ! Il devrait être content qu'elle venge l'honneur de la famille en lui donnant une bonne leçon. La petite marmonna dans sa barbe.

« Alors quand il me traite moi et toute la famille d'idiots je suis censée le laisser faire ? »

Son père était vaillant et fort, mais pas le genre vaillant et fort à aller combattre des dragons. Plutôt le genre vaillant et fort pour se débarasser d'une araignée dans la maison et élever trois gamins à lui tout seul. La plus virile de la famille, c'était elle, et c'était son devoir à elle de sauver l'honneur, exactement comme dans Mulan.

Elle se redressa un peu sur sa chaise quand son père parla de magie sans baguette. Ce n'était pas du tout le genre que pratiquait O'Connor puisqu'il ne faisait pas de magie du tout, même pas en duel — à se demander pourquoi il en faisait d'ailleurs. Mais si son père avait raison, alors oui, peut-être qu'elle pourrait demander des cours au professeur Emerald. Ca serait un bon moyen de se faire bien voir et de pêcher des informations, tout en gagnant en puissance. 

« Tu penses vraiment qu'il serait d'accord ? Il a l'air du genre... occupé. »

Et ce n'est pas comme si elle pouvait demander ça au milieu de nul part. Son père ne disait que du bien de Viridus, mais elle ne savait pas du tout si c'était réciproque, donc elle n'était même pas certaine de pouvoir jouer cette carte... Ceci dit, advienne que pourra. Elle tenterait le coup, un jour. 

« Encore une fois, je n'étais pas méchante, c'était le la légitime défense, c'est lui qui avait commencé... Et puis s'il faut être méchante pour être une sorcière puissante et respectée alors peut-être que je devrais être méchante. »

Elle croisa les bras et releva le menton si fort que ses cheveux fouettèrent le vide, détournant le regard, avec un air boudeur. 

Galatea suivit son père du regard, à tel point qu'elle se fit mal à coup à soutenir son regard avec une moue boudeuse et les bras croisés quand il se planta devant elle. Elle s'attendait à un énième sermon où elle se défendrait bec et ongle en clamant la légitime défense, mais sa réaction fut tout être. Il faisait les yeux de chiens battus.

Ça aussi, ce n'était pas du jeu ! C'est le privilège des enfants que d'utiliser les yeux de chiens battus, pas des adultes ! Myrddin avait beau être plus âgé que Percy, c'était probablement lui qui faisait craquer tout le monde, absolument tout le monde. Elle l'avait déjà vu faire ça à la boulangerie, si bien que la boulangère lui donna une sucette gratuite. C'était une attaque terrible, et elle se sentit faiblir, mais alors très légèrement.

« J'étais pas sérieuse. Bien sûr que je veux pas être méchante. Mais être trop, trop gentille, c'est pas bien non plus. C'est un coup à se faire toujours rouler dans la farine ou se faire marcher sur les pieds, et je veux pas être comme ça. Je veux être une femme forte, indépendante et puissante ! Et respectée aussi ! Et pour ça il faut un minimum de... de détermination et d'autorité ! »

Galatea bouda encore plus quand son père s'accroupit à sa hauteur et lui tapota le bout du nez comme si elle était un chaton. Elle se frotta le nez et croisa les bras, le rouge aux joues.

« Personne n'osera s'en prendre à lui justement parce que les autres auront trop peur de moi ! C'est le meilleur moyen pour être tranquille. C'est pour ça que les professeurs Emerald et Lovecraft n'ont jamais de problèmes. Mais regarde le professeur Carthaigh... »

Caesius avait toujours l'air d'avoir besoin d'une bouée à chaque bras et à la taille, d'une frite d'une planche et d'un hélicoptère pour maintenir la tête hors de l'eau. Ou bien ce n'était qu'une impression mais à chaque fois que le professeur Morgan était autour, il se ratatinait complètement.

« Mais je ferai plus attention, disons. J'essayerai de ne pas être "violente" tant que ça n'est pas justifié. Tu ne veux quand même pas que je me laisse faire si on me lance un crache-limace dans les couloirs hein ? »

Parce qu'il était hors de question qu'elle se laisse marcher sur les pieds !

Ma salamandre pour un harem n’était pas très convaincue, après tout l’effet de peur pouvait mener à l’intimidation, et l’intimidation à la soumission. Ceci dit, plus elle réfléchissait, plus elle reconnaissait que ça n’était sûrement pas la bonne méthode pour conquérir le monde. C’est que ça ferait beaucoup trop peu de gens à qui faire confiance et beaucoup trop qui risquent de la poignarder dans le dos. Ce n’était pas exactement comme ça qu’elle voulait se faire respecter. Plutôt par son intelligence et sa puissance. Le respect et l’intimidation, c’était pas vraiment pareil au final. L’intimidation se crée, le respect se gagne.
Elle devrait noter ça quelque part.

La petite fut un peu déstabilisée quand Qui veut épouser ma fille la porta dans ses bras comme si elle avait encore deux ans, mais elle n’allait pas s’en plaindre : elle avait beau avoir horreur qu’on la voit comme une enfant, son père serait toujours la seule exception. Peu importe le temps qui passerait, même une fois qu’elle aurait vingt ou trente ans, il y aura toujours une petite enfant en elle pour son père. Elle rit légèrement.

« T’es bête papa. Tant que tu restes avec moi je vois pas comment je pourrais devenir méchante ! »

Certes, elle n’était peut-être pas non plus sage comme une image, mais tout restait quand même relativement innocent. Personne n’était blessé, personne ne s’était vraiment plaint à un professeur et personne ne l’avait menacé de mort jusque là. Chevalier Phénix ne comptait pas, parce que c’était juste un morveux qui lui rendait bien la pareille de toute manière. Elle leva les yeux au ciel.

« Bon, on laisse tomber O’Connor, de toute façon il sert à rien. Tu peux me dire directement si je vais être punie ou non, et de quoi ? Comme ça pourra parler d’autre chose ! Coooomme, mon entraînement d’animagus, ou de legilimens, ou d’occlumens, et aussi où est-ce qu’on va partir pour les prochaines vacances d’été, tout ça tout ça… Des sujets vraiment intéressants quoi ! »

Tea avait entendu parler de quelques élèves avec ces capacités, et elle se demandait comment ils avaient fait pour les obtenir. Elle avait entendu dire que le professeur Emerald s’était occupé de la plupart des animagus, qui étaient quasiment tous à Ton avenir c'est aussi concret qu'un neurone de troll, évidemment. Pourquoi serait-elle une exception ? Quant aux autres, ils étaient un peu partout ailleurs répartis dans les maisons, elle supposait qu’ils avaient plutôt appris tout seuls. Elle trouverait sûrement des livres à la bibliothèque et quelqu’un sur qui s’entraîner. Est-ce que ça ne serait pas drôle de rentrer dans la tête de Chevalier Phénix par exemple ? Elle demanderait à Régis de l’aider. Au moins il n’avait pas de secrets pour elle, ça ne devrait pas lui poser problème. De toute façon, il n’était pas capable de lui refuser quoique ce soit, et c’est pour ça qu’il est trop cool.

« Pour les vacances, j’aurai dis l’Australie. C’est joli et y a pleins d’animaux à voir ! Et il parait que dans certains quartiers on peut avoir des kangourous dans notre jardin qui viennent faire coucou ! Je pense que plus tard j’aurai une maison en Australie. »

En plus il y avait tellement d’animaux qui ont inspiré Pokémon là-bas, elle les collectionnerait tous dans son super laboratoire secret sous-terrain.

Galatea resta debout une fois que son papa la reposa par terre, elle savait bien qu'elle était peut-être un peu trop grande pour être encore portée comme ça, pas comme ses frères — qui lui manquaient toujours horriblement d'ailleurs.

« Mais non mais non, y a aucune raison que l'un de nous devienne méchant, à part si on se fait akumatisé mais quelles sont les chances ? Puis on n'est pas en France de toute façon ! »

Malheureusement les références étaient peut-être un petit peu trop précises pour que Sven comprenne un traître mot de ce qu'elle venait de dire. Elle avait beau avoir 12 ans et s'intéresser à certaines choses qui n'étaient pas forcément de son âge, Galatea restait toujours aussi fan de dessins animés. Quand on a des petits frères, il faut bien, de toute manière.

Le sujet des vacances la contraria un peu, déjà parce que ça semblait être un "non", et ensuite parce qu'il semblerait que ça soit, en plus de ça, la faute de Darcy. Elle croisa les bras avec un air bougon, se disant que maintenant elle devait sûrement se la couler douce, et partir en vacances quand elle le voulait vu qu'elle n'avait qu'à payer pour elle toute seule maintenant. Comme c'était simple, la vie, quand on abandonnait tout ce qui prenait trop de place et trop de temps sans remords.

« Quand je serai maître du monde, on pourra voyager partout gratuitement. »

En fait, c'était stupide de payer pour voyager, surtout en portoloin. Ce n'est pas comme si ça prenait tant de temps à fabriquer, si ? Ca ne ferait pas perdre énormément de travail quand même. C'était déjà fatiguant de devoir se rendre au ministère le plus proche, remplir des papiers et faire la queue, si en plus il faut payer pour ça, c'était un peu trop. Autant pour l'avion, elle pouvait comprendre, autant un portoloin, non. La petite bouda un peu plus.

« Non, je veux partir nul part si on n'est pas tous ensemble ! Déjà que je peux pas voir Myrddin et Percy tous les jours, je vais pas non plus passer les vacances loin d'eux ! »

Elle soupira lourdement, un bon gros soupir de résignation.

« C'est bon, je comprends, on va rester à la maison. C'est pas comme s'il ne fera pas beau ou qu'on ne pourra pas aller à la piscine... »

Galatea n'était pas spécialement déçue, elle avait même un peu de mal à se rappeler à quand remontait ses dernières vacances hors de la maison, probablement quand ils partaient avec leurs grands-parents, en fait. C'est vrai que parfois en revenant des vacances et que tous ses amis lui parlaient de leurs voyages à l'étranger, des plages ou des montagnes, des animaux et des paysages, ça donnait un peu envie... Mais c'était sympa aussi, de passer tout son temps à flemmarder dans son lit pour faire la grasse matinée, de voir sa petite famille tous les jours, jouer aux jeux vidéos, regarder des dessins animés toute la journée...
Vraiment, pas besoin d'être riche pour passer de bonnes vacances.

En revanche, elle comprit que son papa n'était pas très satisfait de sa réponse, parce qu'il semblait plonger en pleine réflexion, comme d'habitude quand il faisait ce geste en particulier, se pincer l’arête du nez. C'était un peu un mode alerte rouge ces moments-là, parce qu'il ne prêtait plus attention à ce qui l'entourait jusqu'à ce qu'il sorte de sa transe. La petite sursauta quand il trébucha sur un livre, puis sur le tapis, avant d'écarter tous les meubles pouvant possiblement faire tomber son pauvre père hors de sa trajectoire de réflexion — y compris le chat, juste au cas où.

Juste quand elle était en train de pousser la chaise, Sven mentionna Paris. Immédiatement, elle repensa à son dessin animé.

« Ooooh Paris serait super !! On irait voir la Tour Eiffel et le Louvres et le Parc des Princes et le Stade de France et l'arc de Triomphe ! Mais c'est pas super cher Paris ? »

Elle savait que c'était une des destinations les plus populaires, que c'était censé être la ville la plus romantique aussi et puis Régis lui en parlait beaucoup puisqu'il y était une grosse partie de l'année.

La mention du camping lui fit cligner des yeux. De mémoire ils n'avaient jamais fais de camping, mais ça impliquait une forêt, une tente et un feu de bois avec des chamallow et des barbecue sûrement, alors elle était pour. Ele hocha la tête vigoureusement.

« Du camping ça peut être coool ! On va acheter une tente ? Ce serait côté magique ou moldu ? Parce que les tentes moldus c'est assez petits pour quatre personnes quand même... Mais sinon on pourra faire pleins de balades et pêcher ou ce genre de trucs non ? »

Galatea était certaine que ses frères adoreraient ça aussi, ils étaient à un âge où c'était encore difficile de les épuiser, mais qui s'amusaient de tout et de rien, et puis ça leur ferait du bien de changer de décors aussi.

« On va y aller en portoloins du coup ? Ou en train ? Il parait que le train passe sous l'eau ! Ou alors en bateau ? C'est génial les bateaux, j'aime les bateaux. On pourra faire du kayak aussi ? Et grimper aux arbres ? Construire une CABANE dans les arbres ? »

Galatea hocha la tête, elle n'avait rien contre être peut-être un peu à l'étroit, ça n'était jamais que sa famille après tout, ils avaient dormi tellement de fois dans le même lit quand ils étaient tout petits qu'une fois de plus ou de moins ne ferait pas de différence.  

Elle le regarda de bas quand il posa sa main à plat sur sa tête, ça lui arrivait de temps en temps, pour la mesurer elle ou ses frères. Sur l'encadrement de la porte de la maison, ils notaient encore chaque année la taille que chacun faisait — sauf son papa évidemment, parce qu'il ne grandissait plus, mais ces derniers temps elle-même avait énormément grandie, sans qu'elle s'en rende vraiment compte. Elle savait qu'elle passait doucement d'enfant à presque adolescente, mais à ses yeux les adolescentes étaient tellement débiles qu'elle préférait encore rester enfant, ou passer directement à la case adulte.

La petite couina quand il ébouriffa ses cheveux, déjà indomptables — elle n'avait jamais aimé les coiffer ou les brosser plus de trois fois le matin après le réveil. Pour ça aussi, les adolescentes étaient stupides, elles pouvaient passer trois ans devant un miroir à modifier leurs visages avec une tonne de maquillage. Non, décidément, elle ne voulait pas passer par l'adolescence, et avec son caractère, c'était comme si elle était en perpétuelle crise de toute façon.
Elle décala la grande main de son père pour la mettre contre sa joue et s'y frotta comme un chaton qui réclame des caresses avec un air un peu bougon.

« Mais non, t'es pas vieux, t'es exactement comme t'étais quand je suis née. Enfin, sauf les cheveux.»

Elle ricana, parce que ça, évidemment, c'était de sa faute, mais ça lui donnait un coup de peps.

« Et c'est bien si je reste pas toute petite. Ça fait un bébé de moins et quelqu'un en plus pour te supporter. Moi, dès que j'aurai seize ans, je trouverai du travail pendant les vacances et je rapporterai des sous aussi. Comme ça on partira plus souvent en vacances. »

Galatea avait beau être jeune et sans doute idéaliste, elle savait quand même qu'avoir trois enfants à nourrir avec un seul salaire de prof était un peu difficile à gérer, et elle ne voulait déjà plus être une charge ou une bouche à nourrir en plus.