Pan est affamé.
Tangible réalité. Il se demande — pourquoi,
ô grand pourquoi — son estomac décide de se réveiller une fois le couvre-feu engagé. Il a pourtant bien mangé lors du repas dans la soirée — espérant,
souhaitant — se replier derrière les lourds rideaux d'une douce félicité. Recherchant un silence plus ou moins confortable et un bon livre à dévorer.
Hélas. Voilà que ses plans s'envolent — sous les coups sans pitié de ce ventre affamé.
Il se relève de son replis, une grimace ennuyée peignant ses traits fatigués. Une moue frustrée fait son chemin sur ses lippes rosées tandis qu'il se faufile vers l'entrée de la tour — et puis — il se retrouve bien vite entouré de corridors mal éclairés tandis que le passage se referme en un claquement sec.
Il dévale les escaliers qui le séparent du rez-de-chaussée — essayant de ne pas trébucher, sautant quelques marches en passant pour finir par déraper et changer totalement d'escalier.
Il arrive enfin devant ce tableau de poire — essoufflé — qu'il s'empresse d'aller faire glousser. Déjà le doux parfum des cuisines emplis ses narines. Il ne fait qu'un pas, avant de se faire repérer par trois petits elfes excités. Pan ne peut empêcher un sourire ravis de prendre place sur ses lippes tandis qu'il observe leur petit manège familiers. Après toutes ces années, il s'y est habitué.
— «
Bonjour Daisy, pourrais-tu m'apporter un petit encas ? » dit-il doucement à une elfe aux yeux globuleux et aux grandes oreilles plissées.
C'est la seule qu'il arrive à reconnaître parmi cette marée de petits êtres qui ne semblent jamais fatigués. Ils crient, ils sourient, toujours ravis de préparer à manger. Qui est-il pour leur refuser ce plaisir inné ?
Pan s'installe sur le coin d'unes des grandes tables — unes de celles que l'on retrouve à l'étage au dessus et à laquelle il a l'habitude de s'empiffrer — appelons un chat, un chat. Et déjà une tarte à la citrouille apparait comme par magie —
haha — à ses côtés.
Un air gourmand prend possession de son visage, tandis qu'il détache un tranche délicatement.
À peine entamée, voilà qu'il entend une voix presque apeurée au dessus du brouhaha habituels des elfes.
— «
eeeexcusez-moi ? je ne fais rien de mal, je viens seulement nourrir mon chat. »
Pan pousse un sourire ennuyé — ou est-ce rassuré ? — avant de se retourner. Il s'est placé dans le coin de la pièce, bonne ou mauvaise habitude imbriquée dans son psyché. Ainsi il observe, sans jamais vraiment se faire repérer. Il se recule légèrement, bouge discrètement sa tête — afin de pouvoir visualiser le propriétaire de cette voix troublée.
Grand —
tsk — dadais blond —
oh, est-ce du vert qui lui enserre le cou ? Il ne sait pas trop quoi en penser. On parle tout de même d'un gars aimant les chats —
les chats. À cette pensée le jeune homme pousse un grognement presque dégoûté.
Avant de réaliser — il se lève d'un coup, oscillant, ses mains fouillant ses épaules avant de passer dans ses cheveux rebelles — blanc javel. Il soupire, se gratte la joue — Archimèdes a dû préférer rester sur son perchoir dans le dortoir, il est hors de danger.
Oh.
Une fois levé, il est plus que visible de la porte d'entrée — où se trouve cet étranger.
Pan sort un petite rire nerveux de sa gorge, ses doigts viennent une nouvelle fois se glisser entre ses mèches enneigées.
— «
Mi casa es tu casa. » finit-il par dire avec un accent espagnol des plus mauvais.
Il se tourne finalement totalement vers l'entrée.
Sa tarte à la citrouille totalement oubliée.
© gasmask