Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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Laissez-parler les artistes (Monsieur Erudit)

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Kalev Hopwar
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Ven 2 Mai - 19:00

LAISSEZ PARLER LES ARTISTES


Depuis quelques jours, tous les soirs, en rentrant des cours de la journée, Kalev relisait le commentaire de Monsieur Erudit sur son dernier devoir d'histoire de la magie. C'était sa nouvelle motivation. Il trouvait dans ces quelques lignes la foi de se rendre à l'heure en potions, de gratter deux pages en sortilèges et de voir l'avenir dans les tasses. Un avenir où lui aussi était devenu un tableau splendide, élégant, distingué, cultivé, capable de motiver le plus démotivé des élèves parce qu'il avait écrit "travail remarquable" au milieu de plein d'autres mots compliqués mais qui réchauffaient le coeur.
Depuis que Monsieur Erudit avait précisé que reproduire sa toile était sans doute autorisé, Kalev s'était armé de papiers et de crayons de couleur et s'était évertué à tenter de réaliser quelque chose de magnifique pour le professeur le plus fascinant de Poudlard. Il n'était pas encore très fan de l'histoire de la magie, malgré un intérêt grandissant depuis quelques mois, mais il ne pouvait décemment qu'adorer l'enseignant de cette matière.

Son dessin, il fallait le dire, n'était pas franchement un chef d'oeuvre. Il y avait une tentative de reproduction de la toile de l'Erudit, en sans doute plus coloré et festif, comme si le carnaval s'était invité là-dedans, et le propriétaire du tableau tenait fièrement la carte de chocogrenouille à son effigie. Kalev était certain qu'un jour, une telle peinture existeraient, celle du jour où Monsieur Erudit était devenu un sorcier célèbre et aimé. En attendant, il y avait ce dessin, et c'était déjà pas trop mal.

Le Poufsouffle avait décidé que, cette fois, c'était la bonne. Il n'y avait plus de retouche à faire : il pouvait offrir son présent à Monsieur Erudit, le remercier pour son long et gentil commentaire, et regarder sa toile jusqu'à s'endormir devant. Bon, pas trop tard quand même, sinon le préfet fayot était capable de lui retirer des points pour escapade nocturne. Celui-là ne connaissait rien à l'art.
Très joyeusement, Kalev s'en était allé rejoindre le bureau du professeur, alors même que la plupart des élèves gagnaient leur salle commune en bâillant. Une fois devant la porte, il attendit un peu, hésitant. Puis il ouvrit la porte, très doucement : il ne s'agissait pas de faire sursauter Monsieur Erudit et de voir un livre tomber en bas du tableau, un coin corné par sa chute.

Tout aussi furtivement, Kalev referma la porte, puis s'approcha du tableau. Il prit une des chaises au devant de la salle, la tira, s'assit, posa son dessin sur la table et contempla très longuement les si jolies couleurs de l'Erudit, sa tête posée dans ses mains, avec un air rêveur. Il y avait des tas et des tas de beaux tableaux, à Poudlard, mais de très loin, la peinture de l'Erudit était sa préférée. Il y avait un petit quelque chose qu'il ne retrouvait pas dans les autres et qu'il n'expliquait pas.
Les minutes s'écoulaient sans qu'il ne prononce un mot, et l'adolescent finit par comprendre que la situation était sans doute gênante et bizarre. Il se racla alors la gorge pour attirer l'attention du professeur.

- Excusez-moi, monsieur, je sais qu'il n'est plus très tôt, mais vous croyez qu'on peut discuter un peu ?

Il garda pour lui que, en plus d'aimer parler avec lui, il adorait contempler son décor, son cadre, la moindre petite trace de rénovation.
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S.A.U.M.O.N
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L'Érudit
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Ven 2 Mai - 22:18
L'Érudit était installé dans son fauteuil, plongé dans un livre. Il lui avait fallu bien longtemps pour retrouver quelqu'un après le bibliothécaire – qui ne pouvait décidément plus tenir de pinceau – qui soit assez doué pour éditer sa toile et lui fournir de la lecture fraîche. Dix ans sans changer les livres de sa bibliothèque, c'était beaucoup trop long, et il avait trop bonne mémoire pour oublier leur contenu entretemps. Heureusement que Poudlard avait engagé une artiste pour ce nouveau cours de littérature. Quelqu'un de bien, vraiment.

C'était vraiment très long aussi, entre la fin du dernier cours du soir et le début de ceux du matin le lendemain, une nuit sans dormir. Du temps à tuer comme il pouvait, à aller embêter les gens, à gambader dans les peintures de toute l'école à la recherche d'une quelconque occupation... Lire était rafraîchissant, dans le contexte, mais cela n'apportait pas de compagnie. Il soupira légèrement. Au moins, cela apportait des connaissances neuves. Qui aurait cru qu'il y avait eu autant de ministres de la Magie différents depuis qu'il était un tableau ?

Un bruit attira son attention. C'était dans la classe, bien sûr ; son tableau était bien calme. L'horloge du fond n'émettait même pas de tic tac, avec ses aiguilles perpétuellement figées à l'heure du thé ; le moindre bruit dans ce silence de mort ne pouvait qu'être remarqué. L'Érudit leva le nez de son livre, ses petites lunettes de lecture sur le bout du net. C'était une monture dorée, assez ancienne, avec des verres qui lui donnaient des yeux de hibou. Son visage s'éclaira instantanément, et il plaça un signet dans son grimoire avant de le fermer avec délicatesse.

« Je vous en prie. Vous êtes le bienvenu, Monsieur Hopwar, l'heure n'a que peu d'importance. »


Il était inscrit dans son sourire que c'était véritablement le cas. Il déplia les jambes afin de s'asseoir plus dignement. Malgré qu'il donne presque toujours cours assis en tailleur, avoir un invité n'était pas pareil ; il regrettait d'ailleurs fortement de ne pouvoir lui proposer un thé. Être un tableau, c'était parfois devoir renoncer à la plus élémentaire des politesses.

Son étudiant était installé, c'était bon signe. Parfois, l'Érudit était déçu, quand quelqu'un venait juste lui apporter un message pour s'en aller juste après. Il était toujours tenté de suivre les gens, comme un chiot en manque d'attention, mais pour le nombre de fois où on ne lui avait pas adressé la parole en retour, il avait abandonné ; ce n'était pas facile de parler à quelqu'un en mouvement quand on devait traverser des tableaux, une vraie course d'obstacles. Mais là... De la compagnie, pour lui tout seul. Il sentit son coeur se gonfler d'allégresse, et l'expression de son visage y était inévitablement reliée.

« De quoi voudriez-vous m'entretenir ? Y a-t-il quelque chose qui vous tracasse ? »

Il aimait bien le jeune Poufsouffle ; ses devoirs n'étaient pas toujours parfaits sur la théorie, mais ses idées tenaient parfois du génie. Enfin, selon l'Érudit, qui était déjà un drôle de genre de génie... Son jugement était peut-être biaisé, juste un peu. C'était dans tous les cas une surprise très agréable.
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Kalev Hopwar
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Sam 3 Mai - 14:20
Kalev fut très content d'être le bienvenu. Il rendait très rarement visite aux enseignants, si ce n'était parfois le professeur Lovecraft, quelques minutes à la fin de ses cours, pour échanger discrètement un mot ou deux à propos de poésie. L'adolescent ne brillait pas vraiment par son intelligence, bien qu'il exagérait assez souvent sa stupidité, parce que c'était drôle, et il obtenait la plupart de ses bonnes notes par humour ou par chance. Réfléchir, à son âge, ce n'était pas franchement le principal sujet de préoccupation. Avant ça, il y avait le Quidditch, les filles, les amis, et c'était tellement plus intéressant !

- Vous savez monsieur, on apprend à être ponctuel quand les préfets rôdent, ne put s'empêcher de signaler l'élève en souriant. Il y en a un vraiment pas sympathique qui cherche toujours la petite bête. Je connais pas son nom, mais si je rentre tôt tard dans la salle commune, il me tombera dessus, et après ce seront mes camarades, et sans doute après madame Mantis, et entre nous, j'aimerai pouvoir vivre vieux et heureux.

Critiquer une collègue n'était peut-être pas très intelligent, pensa-t-il après coup. Pourtant, que le professeur ne s'y trompe pas, Kalev aimait beaucoup madame Mantis ! A la condition de ne pas l'énerver. Là n'était toutefois pas le sujet. Il n'était pas venu pour parler du préfet fayot, ni de sa directrice de maison. Pour quoi étaitil venu déjà ? Ah, oui, son cadeau !
Un peu gêné, Kalev prit la feuille qu'il avait posé sur le pupitre et le tint bien droit devant le tableau, pour pouvoir le montrer à l'Erudit. Il se râcla nerveusement la gorge.

- C'est pour vous, en fait. Je voulais vous remercier pour votre commentaire sur mon devoir, et c'est un peu ce que j'aurais voulu rendre à la base, si j'avais eu plus de temps et de... talent. Il baissa les yeux quelques secondes. Kalev fanfaronnait beaucoup, mais devant l'immense toile et la gentillesse de son occupant, il se sentait toujours très humble. J'espère qu'un jour, vous aurez vraiment votre carte de chocogrenouille. C'est vrai que je suis pas un grand fan d'histoire de la magie, même si avec le temps j'y vois de l'intérêt dans certaines leçons, mais vous, en tant que prof, vous êtes vraiment chouette. Et je suis persuadé que de votre vivant, vous méritiez autant que Cromer de devenir un sorcier célèbre.

S'il trouvait aussi bien ses mots pour faire des déclarations d'amour aux filles, il aurait bien plus de succès. C'était fou comme l'art pouvait changer quelqu'un. L'art et le savoir. L'Erudit savait tant de choses qu'avec lui, Kalev craignait vraiment de passer pour un idiot, ce qui en temps normal ne l'inquiétait pas du tout. Il y avait des gens, comme ça, dans le monde, qu'on admirait sans toujours expliquer pourquoi.

- En plus, vous êtes vraiment beau. Enfin, je veux dire, vous êtes une magnifique peinture. Quand je vous regarde, vous et les autres tableaux de Poudlard, je me dis que mon projet d'avenir, c'est peut-être de devenir peintre de sorciers célèbres, pour enchanter leur toile, tout ça. Je sais pas trop en quelles études ça consiste, mais c'est sans doute super intéressant. On pense pas assez à ces gens-là. Sans eux, vous seriez tous comme les tableaux moldus, mornes, enfermés dans des musées.

Ce qui serait tout de même vachement triste. Poudlard sans le chevalier du Catogan, la grosse dame ou l'Erudit, ce n'était plus du tout Poudlard. Et puis Kalev se rendit compte qu'il parlait beaucoup, et qu'il était  peut-être temps de la mettre un peu en veilleuse.
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Lun 5 Mai - 0:23
C'étaient donc les préfets qui tracassaient le garçon. L'Érudit eut un sourire compréhensif ; on lui avait dit que l'un d'eux était très sévère, effectivement. Curieusement, il ne savait pas trop de qui il s'agissait non plus, mais il était assez peu concerné par les problèmes de discipline dans l'école. Ses collègues semblaient considérer qu'il y avait déjà assez à faire dans sa classe sans l'inquiéter avec ce qu'il se passait dans les couloirs.

Il hocha la tête à la mention du professeur Mantis. La dame était d'agréable compagnie, mais elle avait parfois de ces colères qu'il ne comprenait pas toujours, surtout quand elle lui disait qu'il était « bouché » - il était un tableau, par Merlin, pas un évier. D'ailleurs, son collègue de sortilèges avait fait les frais de ce tempérament, apparemment, même si personne ne voulait expliquer au vieux tableau ce qu'il s'était passé. Sans doute de peur qu'il s'en mêle, mais ça, il ne le savait pas non plus. Quoiqu'il en soit, les directeurs de maison étaient parfois un peu trop compétitifs pour lui, qui n'aimait rien tant que l'égalité pour tous.

Oh. Hopwar avait apparemment quelque chose à lui montrer. L'Érudit s'approcha un peu plus du bord de sa toile, se penchant pour mieux voir et rajustant ses lunettes pour observer correctement la feuille que le jeune homme lui tendait en expliquant les raisons de ce cadeau. L'Érudit ouvrit la bouche, et prit une grande inspiration pour répondre.

Et puis il se tut, et réfléchit. C'était un évènement tout à fait exceptionnel d'ailleurs, qu'il prenne le temps de pondérer ses paroles avant de les prononcer. C'était comme un souvenir qui remontait, en fait, quelqu'un qui lui montrait une représentation de lui. La dernière fois, c'était ce tableau dans lequel il vivait à présent, dont il avait animé le personnage qui était resté si longtemps à le fixer dans son laboratoire, inerte dans la toile. Et l'artiste s'était enfuie en pleurant, sous le nombre de ses critiques tout à fait objectives ; ce personnage ne ressemblait pas du tout à ce qu'il était de son vivant, certains objets étaient beaucoup trop fantaisistes, les livres pas assez détaillés... Il avait voulu aider, lui permettre de s'améliorer, et ce n'était que de la gentillesse au fond, mais son commentaire avait été tellement mal placé qu'il lui revenait à présent, des centaines d'années plus tard. S'il avait un jour oublié son propre nom, celui de la dame qui l'avait peint ne l'avait jamais quitté.

Cette pensée un peu triste parvint cependant à ramener un sourire doux dans son expression. Il avait appris quelque chose du passé, pour une fois, et c'était une occasion de réparer une erreur par ignorance en ne la reproduisant pas.

« Pardonnez mon silence soudain, mais votre attention me surprend autant qu'elle me ravit. C'est remarquable. »

Il avait toujours le discours facile, sauf quand il avait appris par l'expérience qu'il risquait de faire une gaffe – là, il marchait sur des oeufs. Il se redressa dans son fauteuil, et son sourire s'accentua un peu. 'Remarquable' n'était pas une critique artistique cohérente, pas très constructive, mais il s'accrochait à ses souvenirs pour se dire qu'il faisait bien. Il était un peu aveugle lorsqu'il s'agissait de socialiser, mais tirer des conclusions d'une expérience, c'était sa spécialité.

« Vous savez, j'aurais aimé avoir une carte de chocogrenouille, car il m'aurait fallu chercher moins longtemps pour retrouver mon nom quand je l'avais oublié. Pour le reste, je ne suis pas certain que mes accomplissements me valent un tel honneur – je n'ai sans doute laissé de trace qu'en tant que professeur. »

De son vivant, il avait fait pas mal de choses, mais rien qui lui vaille une reconnaissance particulière, sauf peut-être son obsession. Beaucoup s'étaient moqués, mais il ne l'avait jamais compris ; il était beaucoup trop concentré dans ses recherches pour écouter. A présent, il avait tout le temps du monde, alors il ouvrait grand ses oreilles pour rattraper le temps perdu. Encore une leçon. Quand personne ne l'écoutait, il se sentait misérable ; il n'y avait donc pas de plus beau cadeau à ses yeux qu'une attention inconditionnelle. C'était ce qu'il essayait d'offrir à ses visiteurs.

« Votre projet est en effet très intéressant. Les peintres magiques sont plutôt rares, à ce qu'on m'a dit, et créer une toile entière demande beaucoup de travail et de réflexion. »

A vrai dire, il ne savait pas grand chose de cet art, ce qui était une honte quand on était le produit de ce métier. Il réfléchit un instant en regardant le dessin.

« Je crois qu'en fait, il s'agit d'énormément de réflexion. Concevoir une toile vivante, ce doit être... Penser à celui qui l'habitera. Je suis plutôt bien loti en vérité, »
Il désigna son décor d'un geste du bras. « avec une pièce confortable, remplie d'objets intéressants, c'est plutôt agréable. Imaginez maintenant si j'étais dans un marécage, ou quelque chose du genre. Ce serait tout à fait détestable. Il faut des gens avec une bonne dose de bon sens pour ce genre de métiers, c'est une grande responsabilité. Je pense que cela vous irait à merveille. »

Et il en pensait chaque mot.

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Lun 5 Mai - 13:56
L'adolescent fut particulièrement heureux de voir le sourire de l'Erudit et de l'entendre exprimer ses remerciements. Kalev n'était pas assez tordu pour se poser des questions sur la sincérité et la véracité de ce qu'on pouvait lui dire : il se contenta de dandiner joyeusement sur sa chaise, satisfait, et persuadé de ne pas avoir perdu sa journée. L'air de rien, le Poufsouffle était content de s'être trouvé des modèles un suivre, en venant à Poudlard. A défaut d'avoir un réel projet d'avenirs ou de grandes ambitions, il savait quel genre d'individus il voulait être : quelqu'un d'aimant, d'attentif et d'heureux, qui se plairait dans ses passions comme la poésie ou le Quidditch. Il ne serait peut-être pas talentueux, mais il ferait de son mieux.

- Vous savez monsieur, ce n'est que mon point de vue, mais on n'est pas forcément obligé de faire de grandes chances pour devenir quelqu'un de respectable. Il baissa le regard, un peu gêné. Parfois... parfois, on est soi-même une grande chose, quelqu'un de bien qui mérite tout le respect du monde. Il reprit un peu de confiance et retourna contempler les yeux du tableau. Je pense que vous êtes de ces gens-là. Et j'espère devenir quelqu'un comme ça, moi aussi. Quelqu'un qu'on apprécie et qu'on respecte. Et puis, si on vous a peint, c'est très certainement parce que vous étiez quelqu'un de très bien.

Kalev ne savait rien de l'Erudit. Il ne connaissait rien du personnage, de l'homme qu'il était, de ce qui lui avait valu un si beau portrait. Tout ce qu'il savait, c'est combien l'enseignant qu'il était aujourd'hui était doux, bienveillant, juste, et attentif à ses élèves. Cela lui suffisait. Il le maintenait : un jour, il serait lui-même un tableau. Un beau tableau qui pourra narguer l'Erudit, parce qu'il aura été peint avec des couleurs encore plus belles que les siennes.

L'adolescent recula un peu sa chaise pour se mettre plus à son aise. La tenue de l'enfant sage, ce n'était vraiment pas pour lui. Il avait besoin d'espace, de bouger. Il s'assit en tailleur sur la chaise de bois, ce qui était de son point de vue tout de suite plus confortable pour converser. Il n'était pas en cours, concrètement ; il avait bien droit à quelques gestes moins conventionnels.

- En effet, on vous imagine mal dans un marécage. C'est plus un truc d'aventurier. Vous ne ressemblez pas vraiment à un aventurier. Il aimait dans tous les cas beaucoup le point de vue de l'enseignant. Moi j'adore apprendre à connaître les autres. Passer au dessus de ce qu'on dit et de ce qu'on entend, se faire son avis, tout ça. C'est vrai que j'y avais pas pensé, mais peindre un portrait, c'est quand même connaître le modèle et lui offrir un tableau à son image... Vous trouvez que votre peintre vous a bien saisi ?

A peine eut-il prononcé ces mots qu'il les regretta déjà un peu : cette question était sans doute assez indiscrète. L'Erudit était un tableau, mais aussi et surtout son professeur. Il ne devait pas se montrer familier.
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Mer 14 Mai - 19:02
C'était un peu de chaleur dans son long ennui, finalement ; quelque chose qui rappelait à l'Érudit pourquoi il s'obstinait à rester en contact avec les humains plutôt que de prendre retraite dans sa toile à jamais. Être quelqu'un de bien... C'était dans le fond un peu abstrait quand on y songeait soi-même, quand on essayait de faire les choses pour le mieux sans trop savoir si le but sera atteint car on ne peut envisager tous les points de vue, mais un retour sur le sujet, qui indique que le sens choisi est le bon... C'était rassurant, au contraire de ce qui venait ensuite.

L'Érudit ne cherchait pas à un être un modèle, malgré son envie de partager son savoir, mais il en était apparemment devenu un sans le vouloir. C'était une perspective un peu effrayante, qui lui donnait la sensation de se tenir au bord d'un gouffre dont il venait seulement de percevoir l'existence ; il était une chose d'inspirer les jeunes gens – et tant qu'ils ne prenaient que les bons côtés, ma foi, pourquoi pas – mais il en était une autre de le savoir. Un sentiment de responsabilité, auquel l'Érudit n'était que peu habitué, puisque sa condition le poussait plutôt à être un distributeur de connaissances plutôt qu'un véritable enseignant. Est-ce qu'il avait vraiment mérité cette immortalité ? C'était difficile à dire, de son point de vue... Mais pour que le savoir se communique, peut-être. Parfois, il se disait qu'il n'était pas vraiment quelqu'un mais plutôt un livre vivant, quelque chose qui contiendrait ce qui ne doit pas être oublié, sans aucune rancoeur dans ce constat. C'était sans doute pour ça qu'on l'avait gardé, c'était une conclusion logique, mais comment expliquer ça sans se dévaloriser, alors qu'on venait de lui dire qu'il était quelque chose de grand et de bien ?

« Une fois de plus, je suis flatté... »


Il ne savait plus trop ce qu'il devait dire d'autre, et cela lui arrivait rarement, mais il écoutait, restant dans ce silence où l'on peut sentir l'attention de l'autre toute dirigée sur soi. Son sourire était un peu hésitant, à cause de ce nombre infernal de questions, mais néanmoins présent.

La question le prit encore au dépourvu. Dans un sens, il en connaissait la réponse, de par ses critiques lorsqu'on lui avait présenté la toile.

« Pour dire la vérité... » Il s'arrêta un instant, plus si sûr que ça de ce qu'il allait dire. « Je pense que oui. D'une certaine manière, disons. »

D'où est-ce que ça venait ? Probablement de Cornélia, et des questions qu'elle avait posées à ce sujet, sans même savoir qu'elle y touchait.

« Je ne ressemble pas du tout à ce que j'étais de mon vivant, c'est une chose certaine, le physique n'a que peu suivi. Peut-être... Idéalisé ? Je ne sais comment l'exprimer sans paraître présomptueux, puisque je tente là de vous parler de moi-même en tant qu'oeuvre d'art, ce que je ne peux faire sans émettre un jugement de valeur... J'espère que vous pardonnerez ces écarts. Quoiqu'il en soit... »

C'était un effort de mémoire considérable. Comment était-il, avant ? Il ne savait plus trop ; ça ne l'avait jamais préoccupé, il savait juste qu'il n'était pas comme ça. Et quelques détails.

« Je ne sais pas exactement quels points sont différents, car il y a bien longtemps que le souvenir de mon véritable reflet m'a quitté, mais je me rappelle que c'est très différent. Quand je suis mort, j'étais vieux, fragile, j'avais dépassé depuis des lustres l'âge auquel vous me voyez aujourd'hui. Il m'est un peu difficile de comparer. J'imagine que malgré les inconvénients, ce manque de ressemblance n'est pas si mal. »

Il s'éloignait par contre un peu trop de sa réponse initiale ; ses développements d'idées étaient sans doute un peu trop complexes pour qu'il puisse éviter de nombreuses parenthèses imbriquées jusqu'à son point final.
« Mais cependant... Je pense que l'ambiance me correspond. Si j'avais dû choisir une toile dans laquelle passer une éternité... » Au sens propre comme au figuré. « Je pense que j'aurais tout de même choisi celle-ci. » Il fit un geste vers son décor. « C'est rempli de livres, de choses qui existaient réellement chez moi... »

Son regard se fit vague, une fois de plus. Où est-ce que ça avait été, chez lui ? Qu'est-ce que c'était devenu ? Il secoua la tête comme pour chasser le brouillard qui s'infiltrait, les considérations trop complexes qui auraient pu le rendre plus fou qu'il n'était déjà, cette envie de se recroqueviller dans un coin qu'il ressentait souvent quand il cherchait son propre passé en ne connaissant que celui du monde entier. Il lui manquait des morceaux d'âme, et il devait s'abstenir de tâter ce vide sous peine de l'agrandir. Alors il sourit avec douceur.

« Je vous prie de m'excuser. Je trouve donc que ma toile ne me représente pas comme j'aurais dû l'être en tant que personne, mais... Son ensemble est une assez bonne vision de ce que j'apprécie, et de ce que j'espère avoir été. Je pense que c'est une version un peu améliorée d'une pièce que j'ai bien connue, car elle m'a toujours été familière. Ou peut-être est-ce le désordre qui me met à l'aise, je ne sais pas. C'est, je pense, la différence fondamentale entre la manière dont l'on se sent et celle dont les autres nous perçoivent. Mon artiste me connaissait bien, peut-être mieux que moi-même. »

Politesse, retenue, explications honnêtes aux questions demandées... L'Érudit faisait même de l'humour, mais tout cela n'en restait pas moins compliqué pour lui.
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Sam 17 Mai - 14:22
Kalev écoutait les réponses du splendide tableau avec une attention toute particulière. Il se balançait gentiment sur sa chaise, les oreilles grandes ouvertes, les yeux rivés sur le portrait en mouvement. D'un certain point de vue, l'adolescent avait la sensation de se montrer un peu indiscret ; l'Erudit dévoilait certaines choses avec un grand naturel et une curieuse honnêteté, c'en était déconcertant, mais aussi rassurant ; Kalev n'était pas le seul idiot sur cette terre à répondre avec le coeur à tout ce qu'on pouvait lui demander, sans arrière-pensée. D'un tout autre côté, les paroles du professeur le passionnait. Outre cette douceur dans sa voix, sa condition de peinture vivante était fascinante. Parce que ce n'était pas un simple amas de tâches de couleurs, devant lui : c'était tout un homme, sa personnalité, son histoire, les restes d'une vie humaine passée il y a bien longtemps. Kalev ne pouvait s'empêcher de sourire.

- J'envie vraiment votre artiste. Ça devait être rudement passionnant de peindre une pièce aussi joli, et de connaître un homme comme vous. De vous parler, comme ça, ça me donne vraiment envie de poser des questions à madame MacFhionnlaigh sur les tableaux sorciers. Le blondinet eut un sourire espiègle. J'irai questionner d'autres tableaux, aussi. Je suis sûr qu'ils ont tous des histoires passionnantes. Pas...

Kalev s'interrompit, parce qu'il venait de tomber, et sa chaise avec. C'était quelque chose qu'il avait oublié : à se balancer sans prendre garde, on pouvait vite finir les fesses par terre. Bah, ça ne changeait pas vraiment de d'habitude. Il s'excusa poliment auprès de l'enseignant et, pour ne plus être tenté de jouer les acrobates, s'assit cette fois-ci à même le pupitre où s'associant griffures, taches d'encre et mots doux entre élèves.
Tout en ajustant son popotin sur la table, le Poufsouffle eut une pensée un peu triste. Un tableau était certes le reflet d'un individu du passé, mais c'était aussi quelqu'un de mort ; peut-être tragiquement. Il n'y pensait pas vraiment souvent à la mort : il n'aimait pas ça. La simple idée de perdre un être cher lui obscurcissait le regard et lui arrachait de longs frissons d'effroi.

- Vous pensez que des gens abusent ? Que certains sorciers font peindre la personne qu'ils aiment pour la garder avec eux longtemps ? Si un sorcier a sa femme malade, et mourante, vous pensez qu'il aurait l'idée de la faire peindre pour la "sauver" ?

Ce n'était tout de même pas dans ses habitudes de réfléchir autant, d'être si philosophique. Il y avait d'autres questions qui lui brûlaient les lèvres, mais elles ne se posaient pas. Si s'offrir un portrait enchanté était à la portée de tous, s'il y avait des lois, s'il était rassurant de savoir que, même mort, il resterait une trace de nous... et surtout, Kalev se demandait comment l'Erudit avait perdu la vie, et si c'était douloureux, la mort.
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Dim 25 Mai - 23:56
Le sourire de l'Érudit s'élargit ; encore de l'intérêt, bien placé de surcroît. Il serait heureux de recommander le jeune homme à sa collègue. S'intéresser à quelque chose, pour le vieux tableau, c'était toujours le début d'une grande aventure, et c'était avec une certaine émotion qu'il voyait quelqu'un démarrer la sienne propre. Dans sa longue vie et sa longue mort, il en avait vécu, des aventures du genre ! A en avoir peur d'aller embêter les gens, en fait, quand il se rendait compte du peu d'intérêt que certains avaient pour ses questions. C'est sans doute en vivant les choses désagréables soi-même que l'on peut le mieux les éviter aux autres.

Il avait cependant peur que le garçon soit déçu en interrogeant d'autres tableaux. La plupart étaient apathiques, l'ennui des siècles ayant au mieux tué leur enthousiasme, au pire leur santé mentale au grand complet. C'était par exemple le cas de Philibert, qui avait autrefois été le neveu de l'Érudit, mais qui était réduit à prononcer uniquement des phrases sans intérêt. Il n'y avait que peu de gens réellement dignes d'intérêt, sauf leur respect, et... Sa réflexion s'arrêta un instant, sur une idée donc l'apparence brillance l'éblouit une seconde. S'il était intéressé, peut-être Mr. Hopwar pourrait-il être d'une certaine utilité dans la sorte d'enquête qui le préoccupait pour l'instant ?

Le professeur allait couper la parole à son élève – même si c'était très impoli, et qu'il devrait présenter d'humbles excuses pour ce manque flagrant de considération – mais l'élève en question manqua de tomber de sa chaise, ce qui coupa momentanément son élan.

« ... »

Oh, une autre question. Il se concentra pour ne pas perdre son idée et réfléchir à autre chose en même temps.

« A vrai dire... Je n'ai pas entendu parler de ce genre de cas à Poudlard, mais... Il y a des gens qui, sans abuser, sont certainement contents de garder un lien avec l'être aimé. Si vous prenez par exemple le frère du jeune Mr. Dave – un de vos camarades, réparti à Gryffondor – qui est malheureusement décédé, le tableau qui le représente est bien accepté à la fois par son occupant et par son entourage. Ce n'est pas, de ce qu'il m'a dit, une douleur de le voir dans son cadre, mais plutôt l'adoucissement du vide qu'il a laissé ; j'imagine que chaque cas est différent, et que certaines personnes deviendraient folles à ne passer du temps qu'avec les morts, mais parfois... Parfois, il est bon de garder un lien, apparemment, puisque dans cette famille, c'est finalement une source d'apaisement, de ce que j'en ai compris. Malgré cela, du point de vue de l'entourage, et si l'on cherche une forme d'abus... Hmm... Pour commencer correctement, voyons voir. Je n'ai toujours pas réussi à déterminer si je suis exactement l'homme que j'étais, malgré que j'en aie les souvenirs et une personnalité qui a certainement évolué en plusieurs siècles, ou si je suis plutôt... Une image de ce qui a été, sans aucun lien direct avec le vivant, comme... Une photographie ? Oui, c'est plutôt correct, une représentation mouvante du réel sans âme propre. »

Il n'était pas sûr du nom, malgré qu'il ait été charmé de découvrir l'art de capturer des images. Assez perturbante, cette technologie, d'ailleurs, pour le tableau qu'il était ; les sujets ne parlaient pas, que c'était morne.

« La différence est subtile, plutôt d'ordre ontologique, puisque dans la vie quotidienne, je suis ce que j'étais, ou ce qu'il était selon comment on prend la question, mais à ce moment-là se pose le problème du sauvetage comme vous l'abordez. Si j'étais cet homme qui veut sauver quelqu'un, aurais-je en résultat un réel sauvetage d'une âme préservée dans le tableau ou une simple, peut-être pâle, copie de l'être aimé ? La question peut se poser, et rester toujours angoissante, dans un sens particulier, quelque chose du genre de... « Ai-je laissé mourir cette personne aimée pour n'en garder qu'un ersatz ? »... C'est absolument intenable, comme réflexion ; c'est chercher une vérité introuvable, et toujours se demander si l'essence de ce que l'on voulait conserver ne s'est pas enfuie... Et dans le cas hypothétique où c'est effectivement un sauvetage, que devient cette âme enfermée dans un objet, si elle n'a jamais voulu y aller ? La copie parfaite aurait cette même idée, admettons, puisqu'elle a le même caractère et les mêmes souvenirs, donc la réaction serait similaire. Mais je ne pense pas qu'il y ait de réelle différence pour le ressenti du sujet. Est-ce moins cruel de condamner à ce sort, s'il n'est pas souhaité, un ancien être biologique ou un nouvel être magique ? Pour moi, bien que je sois personnellement content de ma condition, c'est pareil. L'abus ne se situe à ce moment-là pas dans... La rétention d'une âme qui aspire au repos, puisque même en étant de le cas je n'ai aucune idée de si je suis un fantôme ou une espèce de biographie, ou dans la création de toiles à tort et à travers pour adoucir des deuils, c'est plutôt... »

Il fit enfin une pause pour réfléchir à la suite de son raisonnement peut-être un peu trop philosophique.

« Pour moi, l'abus est de rendre malheureux quelque chose capable de ressentir, et c'est une chose valable pour toute forme de vie. En somme, dans tous les cas... Je crois que... Hm. C'est peut-être égoïste, vous savez, mais d'un point de vue interne, le bonheur du tableau est plus important que celui de son artiste ou de son entourage. Les vivants passent, et dans la plupart des cas, ils changent, ils guérissent de leurs maux ou ceux-ci s'arrêtent d'eux-mêmes, les douleurs s'effacent avec le temps. L'être dans le cadre y est pour bien plus longtemps, et s'il n'avait pas envie d'y être, son éternité sera un enfer si elle n'est pas arrêtée, d'autant plus qu'il paraît que nous sommes légèrement obsessionnels – même si je n'ai rien constaté de tel, je dois être un peu trop impliqué pour être objectif. Tant que le tableau s'accommode de son sort, ce n'est pas de l'abus, mais si cette supposée obsession se porte sur les mauvaises choses, l'immortalité devient un cadeau empoisonné. »

Il sourit, avec la sérénité de celui qui vient d'exposer une idée longuement réfléchie. Une idée tellement développée qu'il en avait oublié de lui parler de Cornélia, en fin de compte, mais après des siècles à philosopher... L'Érudit ne devait pas être prié longtemps pour exposer un point de vue atrocement complet.
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Kalev Hopwar
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Mer 28 Mai - 15:20
Le professeur parlait beaucoup. Kalev ne s'était jamais vraiment rendu compte du débit oral de l'enseignant. Bien entendu, il suivait ses cours depuis six ans maintenant, mais l'entendre parler de la législation de l'élevage des hippogriffes en Irlande et se perdre en paroles philosophiques étaient deux choses tout à fait différentes. En outre, si la première, à défaut d'être complexe, n'était pas des plus palpitantes, la seconde attisait tout de suite plus l'intérêt du Poufsouffle qui devait malgré tout s'accrocher pour tout suivre. Malgré les apparences, Kalev avait un cerveau, et un cerveau plutôt bien formé lorsqu'il daignait l'activer, mais il restait un adolescent de seize ans dont la tête était occupée à moitié par le contenu de son dîner, et l'autre par le dernier single de Kiho sorti la semaine passée.

- Mais, monsieur... dans je sais plus trop quel cours, peut-être en sortilèges ou en divination, on a parlé du miroir du rasède. Il ne se souvenait plus trop du nom exact. On nous a dit que des personnes mourraient à trop regarder dedans. Ce serait pas un peu pareil d'avoir le tableau de quelqu'un qu'on aime mais qui n'est plus vraiment là ? C'est un peu la même chose quand même. C'est un peu comme... des illusions du passé. Sans vouloir vous vexer.

Il ne voulait pas que l'Erudit commence à croire qu'il le dévalorisait, ou qu'il le prenait pour une sorte d'existence futile ou résidue d'un passé dont tout le monde se fichait. Il venait de le dire : il trouvait la vie de tableau enchanté aussi complexe que fascinante. Seulement, il ne pouvait pas s'empêcher de se questionner. Ce qui était peut-être bien, d'ailleurs, de son point de vue : on ne devait pas choisir son métier d'avenir au hasard et le regretter, alors si Kalev n'était vraiment pas sûr de ce que serait fait demain, il préférait aussi bien se pencher sur des questions d'une telle importance que d'être pris au dépourvu.
Mais l'air de rien, le personnage de la peinture offrait un point de vue étonnant auquel l'adolescent n'avait pas du tout pensé. Il était normal qu'en tant qu'être humain bien vivant, il se soit placé du côté de la vie qui côtoie le mort ; mais monsieur Erudit visait juste en précisant que, dans le fond, c'était bien le tableau qui finirait seul, délaissé de ses proches. Et c'était assez triste.

- Je vois, soupira l'élève. Finalement, l'art moldu est un peu moins cruel quand même. C'est parfois compliqué la magie. Mais d'un côté, c'est vraiment étonnant et passionnant, et ça permet de faire des rencontres géniales, et... et puis, avoir l'éternité pour soi peut aussi être quelque chose de génial,enfin, je crois. Mais... mais j'aimerai vraiment pas finir tout seul. C'est moche, la solitude.

Ce n'était sans doute pas très délicat à dire devant un tableau vieux de plusieurs siècles, mais Kalev n'avait jamais avancé être une lumière de tact et de réflexion. Lui, tout ce qu'il savait, c'est que même si il persistait à être peint dans ses vieux jours, il ne voulait être séparé de ses amis et de ses proches pour rien au monde.

Ce qui était sûr, c'est que Kalev était très content de l'immortalité de l'Erudit, même si c'était un peu égoïste. Comme ça, il avait fait une très bonne rencontre, avait trouvé un de ses modèles dans la vie, entretenait une discussion riche, et surtout, cet homme était un véritable puits de savoir.
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Dim 13 Juil - 21:07
L'Érudit n'avait pas voulu s'étaler autant sur le sujet, mais l'idée qu'il en avait trop fait ne lui avait même pas traversé l'esprit. Il souriait, paisible, en attendant l'avis de son étudiant, sans même penser qu'il l'avait probablement noyé sous les informations et réflexions philosophiques en tous genres. Il s'avéra vite que, s'il n'avait probablement pas tout retenu – qui pouvait l'en blâmer ? - le garçon avait beaucoup de ressources. Le vieux tableau aimait bien les étudiants de ce genre, curieux et passionnés. Pas forcément dans sa matière, c'était là tout le drame ; il aurait voulu trouver quelqu'un qui aime tout, en long, en large et en travers. Mais en attendant, les gens comme Kalev faisaient son bonheur à chaque fois qu'il les croisait.

Il balaya d'un geste de la main les inquiétudes que le jeune homme avait visiblement de l'avoir vexé, en se rasseyant en tailleur dans son fauteuil. Dans ce genre de cadre, il envisageait tout comme sujet d'étude, lui-même compris, alors il n'y avait pas moyen de le froisser, si toutefois ce moyen existait en dehors.

« Le miroir du Risèd. »
Il ne pouvait pas s'empêcher de corriger, au passage, ne s'inquiétant pas d'une quelconque vexation. « C'est exact. Mais interrogez-vous sur la santé mentale de quelqu'un qui se laisse mourir à force de contempler ses désirs, plutôt que de se lever et d'essayer de les atteindre. »

Les questions étaient infiniment délicates, car les réponses n'en étaient ni noires ni blanches ; une infinité de nuances venaient compliquer la moindre affirmation. Il avait toujours aimé ce jeu, retrouver l'équilibre après chaque élément nouveau, comme un funambule qui rectifie imperceptiblement sa position régulièrement. Il était d'ailleurs curieux de constater qu'il en était incapable quand le sujet touchait de trop près à ce qui l'obsédait ; cet esprit parfaitement logique entrait dans la confusion la plus complète lorsqu'il était question d'amour. Là, il continuait sur sa lancée, avec précision et intelligence.

« Avoir le tableau de quelqu'un que l'on aime, mais qui n'est plus vraiment là... C'est un peu. On m'a dit que les moldus parviennent à capturer des images mobiles, mais qu'elles sont l'image exacte du passé, incapables de présenter autre chose que ce qui s'est passé, trait pour trait. Je ne sais plus comment cela s'appelle, mais je trouvais l'idée plutôt intéressante, mise en rapport avec ma condition. Ce serait exactement pareil de s'accrocher à ces images animées, sans âme, et de se laisser mourir en les regardant, que pour un de mes proches de dépérir à force de me parler. Quoiqu'il mourrait d'ennui bien avant, si l'on en croit certains de vos camarades. »

Il était assez clairvoyant pour ne pas se détacher de l'objet qu'au fond, il était. Une image. C'était sans doute un peu différent, puisque les tableaux pouvaient parler ou ressentir, mais s'attacher trop à leur présence revenait au même. C'était la différence entre l'équilibre – encore lui – et la folie, la différence entre l'urne sur le manteau de la cheminée que l'on passe une vie à contempler, et celle qui ne fait que rappeler les bons souvenirs pour permettre d'avancer. La mort était infiniment compliquée chez les sorciers.

« L'art moldu est moins cruel, oui, en ce qu'il ne donne pas vie aux souvenirs, il ne fait que les retranscrire sans leur donner de libre arbitre. Je pense que nous touchons là à tout ce qui nous sépare des moldus, aux mystères dont nous les avons préservés. C'est la même chose pour les fantômes, savez-vous... Peut-être encore pire. Si vous souhaitiez faire taire un tableau, vous pourriez le déplacer, ou dans le cas le plus extrême, le brûler. Un fantôme ne disparaît jamais, pour le meilleur comme pour le pire. »

Il sourit, pas perturbé pour un sou par ses propres mots qui étaient pourtant d'une grande dureté, avec beaucoup de douceur, la patience de celui qui veut partager son savoir.

« Je comprends que vous ne veuillez pas finir seul, c'est une condition difficile. Il y a plusieurs manières de contrer cela. La mienne est d'être placé au bon endroit. Il y a toujours bien quelqu'un dans le château à observer, ou avec qui parler. Je n'échangerais ma place pour rien au monde. »
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Mar 15 Juil - 18:47
Kalev buvait les paroles de son professeur sans l’interrompre. Un petit gong en provenance d’une horloge lui signala que l’heure raisonnable pour regagner son dortoir était largement dépassée, mais tant pis. Il s’en fichait. Il était bien, à converser avec cet être singulier, et les potentielles punitions des préfets lui apparaissaient bien lointaines. Il n’avait aucune envie de partir, et le montra clairement en se réinstallant plus confortablement sur le pupitre qui accueillait son fessier depuis la chute de sa chaise.
La question de la santé mentale éveilla une grande réflexion en Kalev. Il ne s’était absolument jamais penché sur ce genre de question. Les choses de l’esprit étaient très compliquées pour lui. Les ambitions aussi. Il était quelqu’un de simple qui se laissaient vivre au jour le jour et qui esquivait les difficultés autant que faire se peut. Il ne connaissait rien de la vie. Et discuter avec l’Erudit l’en faisait lentement prendre conscience.

- D’un côté, c’est quand même dur d’obtenir ce qu’on veut, non ? Moi j’aimerai bien être un meilleur joueur de Quidditch, pour aider mon équipe, mais je suis plutôt médiocre malgré ma persévérance. Il eut un rire gêné et passa une main maladroite dans ses cheveux. J’aimerai bien être un peu plus sérieux aussi, mais c’est plus fort que moi, je dois tout tourner en ridicule. Puis j’aimerai rester jeune et bête et ne pas avoir à me poser des questions pour l’avenir, mais ça, c’est vraiment impossible.

Le Poufsouffle se mit à balancer ses pieds nerveusement. Cette discussion était aussi passionnante que bizarre, sur certains aspects, et il avait l’impression de ne pas s’être autant interrogé de sa vie ; du moins, de ne jamais avoir partagé ses interrogations avec quelqu’un. Kalev n’était pas le genre de personne à partager ses doutes et ses soucis. Il voulait un monde heureux autour de lui, pas inquiéter ses proches.

- Ce sont des photos, précisa-t-il lorsqu’un trou de mémoire perturba le discours de son professeur. J’en ai déjà vu, et je trouve quand même que tout immobile, c’est moins… immersif. Il n’était pas sûr du sens de ce terme. Je veux dire, quand les photos bougent ou que les tableaux parlent, ça donne l’impression que la personne est vraiment là, elle n’est pas figée. Moi, je vous trouve aussi vivant que n’importe qui ici. Et vous n’êtes pas ennuyeux !

Cette dernière exclamation était sortie un peu toute seule. C’était néanmoins plus fort que lui, il n’aimait pas qu’on chahute ce si beau tableau. Il convenait que sa matière n’était pas la plus passionnante, encore que son avis sur le sujet avait grandement évolué, mais l’enseignant, lui n’était pas inintéressant.

- Je sais que j’ai beaucoup dormi dans votre cours et que ma note aux buses était vraiment nulle, mais c’est parce qu’au début, j’aimais vraiment pas. Avec le temps j’ai commencé à trouver l’histoire de la magie bien plus chouette mais j’ai carrément trop de retard pour réussir à suivre alors je prends la solution de facilité et je continue à dormir. Mais vous y êtes pour rien vous. Vous êtes un bon professeur.

Kalev eut un sourire timide et sincère. Il ne disait pas ça pour flatter l’homme du cadre : il le pensait réellement. Il préférait largement le tableau à sa directrice de maison, ou le professeur Lovecraft, malgré les effrayantes rumeurs à son sujet, à l’adorable mais sournois professeur de sortilèges. Il n’expliquait pas ses préférences, mais il les assumait complètement. Enfin, il divergeait. Leur thème n’était pas l’enseignement, mais la relation à la mort : un sujet vraiment, vraiment complexe, qui, en définitive, ne lui évoquait qu’une chose.

- Je ne sais pas vraiment si je suis quelqu’un de trouillard, mais vous savez, j’ai vraiment peur de la mort. Pas tellement de mourir moi, mais que quelqu’un autour de moi meurt. Je ne veux pas être séparé des gens que j’aime. Je veux les protéger, qu’ils soient heureux, je veux les voir sourire et qu’on s’amuse tous ensemble. Je crois… je crois que si quelqu’un que j’aime mourrait, je serais de ceux qui s’attachent trop à une photo qui bouge ou à un tableau à leur image. Je sais pas si j’arriverai à faire comme vous dites, à aller de l’avant.

L’étudiant afficha une mine triste, presque égarée. Il n’avait jamais confié cette peur, à personne. C’était son secret, sa crainte cachée. Et dans le fond, c’était une peur qui correspondait très bien à sa personnalité.
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Ven 25 Juil - 0:25
C'était un mode de discussion qui plaisait beaucoup à l'Érudit ; exprimer son point de vue, puis pouvoir réfléchir à celui de l'autre. Le garçon s'exprimait forcément dans un langage différent du sien, mais il comprenait ce qu'il voulait dire, du moins en avait-il l'impression. Il écoutait avec patience, écoutant un mot après l'autre, s'en imprégnant, les retournant dans sa tête pour essayer d'en tirer de nouvelles choses à ajouter à sa réflexion.

« Si tout était facile, l'ennui serait le pire fléau de cette Terre. Parfois, le travail est en soi plus agréable que de toucher au but. »

Dans son cas, et pour la plupart des tableaux, c'était sans doute vrai, mais même lui s'était passionné pour un sujet qu'il n'arrivait pas à lâcher même après des siècles. S'il avait résolu toutes les énigmes qui le gardaient éveillé, cela aurait à coup sûr causé son malheur. A la joie des découvertes, il préférait l'excitation des recherches.

« Pour le Quidditch, je dois avouer ne rien y connaître, mais est-ce que vous êtes sûr que vous voulez être plus sérieux ? » Il sourit. « Il y a une différence entre ce que les autres attendent de vous et ce que vous voulez. Bien sûr, répondre à des attentes peut vous rendrez heureux, dans le ricochet de la satisfaction de l'autre, mais si c'est plus fort que vous, c'est peut-être qu'au fond, vous aimez cette manière d'être. Quant à l'avenir... Vous avez des rêves. C'est un bon début. »

Quelque part, il se reconnaissait un peu là dedans, avec les efforts qu'il faisait pour être un minimum cohérent, et sa désolation à chaque fois qu'il constatait une situation dans laquelle il n'était d'aucune utilité ; mais, à son sens, ce n'était évidemment pas pareil. Il était vieux, après tout, et il avait eu tout le temps de faire ce qu'il voulait – à outrance, même, sans prêter garde à personne, avant de se rendre compte que les gens disparaissaient plus vite que la plupart des livres, et qu'il aurait peut-être dû faire un peu plus attention à l'éphémère. Avec le recul et l'immortalité, c'était évidemment plus facile de concevoir des remords.

Son sourire s'adoucit devant les compliments, et peut-être plus encore devant les justifications. C'était sans doute ce qu'il aimait le plus dans son métier, ce pourquoi il ne remercierait jamais assez le directeur de lui avoir fait confiance : savoir insuffler un peu d'intérêt à ses élèves. Qu'importe s'il dormait, il en tirerait sans doute quelque chose. L'Érudit ne pouvait pas se targuer de donner la matière la plus utile de l'école, il était bien au courant, mais il lui semblait tout de même que les leçons du passé avaient une grande utilité dans le présent.

« Je vous remercie, du fond du coeur. » Il inclina légèrement la tête, une main sur ledit coeur. « Je pense que vous devriez avoir moins de mal l'année prochaine, si vous vous efforcez de suivre dés le début. L'histoire est un éternel recommencement, de toutes façons. »

Et en terme de recommencement, c'était toujours la même histoire. La vie, la mort, et tout ce qui arrive avec ces deux états, les plus immuables de la nature. Il écouta avec attention, et retint un soupir léger comme une plume. C'était l'une des définitions de l'amour qui s'exprimait là, il reconnaissait au moins celle-là, depuis le temps qu'il la croisait régulièrement. Peut-être sa forme la plus simple à comprendre, de son point de vue.

« C'est une peur légitime, » fit-il après un instant de silence, « et je pense que... Si songer à une telle perte donne une impression de vertige, on ne tombe pas d'aussi haut qu'attendu. Je ne suis pas expert dans le domaine... »

C'était absolument ironique, d'ailleurs, avec le temps qu'il passait à l'étudier, mais il n'était plus arrivé depuis longtemps qu'il craigne terriblement de perdre quelqu'un. Dans toute sa chaleur, il y avait quelque part beaucoup de raison, protégeant un coeur trop fragile comme une gangue de glace ; un humain qui meurt, c'est inéluctable. Il avait le regret de perdre une agréable compagnie, comme d'autres auraient pleuré la perte d'un animal chéri ou la destruction d'un très bel objet, mais quitte à se battre contre des moulins, il le faisait plutôt dans ses recherches. On n'empêche pas le temps de passer, et il avait vu trop de vies défiler pour y être encore sensible.

« Vous auriez peut-être moins de mal que ce que vous croyez. Ce qui semble insurmontable finit toujours par passer, si l'on est équilibré ; vous me semblez avoir la tête sur les épaules. Et il faut dire que le monde magique offre un certain nombre de solutions. Il n'est pas nécessaire de les éviter, il faut juste... Oui, de l'équilibre. Vous ne passez pas vos journées accroché à tous les gens que vous aimez simultanément. Si l'un d'entre eux était un tableau, serait-ce fort différent de lui accorder quelques heures pour discuter de temps en temps que de passer le même temps en compagnie de l'humain qu'il était ? Comprenez-moi... Je ne parle pas de détachement complet. Juste de ne pas virer dans l'obsession. Et même s'il n'y a plus de trace de la personne que vous avez apprécié, et bien... » Il réfléchit un instant, puis sourit. « Les fantômes et les tableaux ne sont au final qu'un souvenir vivant. Et des souvenirs, vous en avez plein la tête. »
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Mar 29 Juil - 18:44
Kalev hocha la tête, signalant qu'il avait entendu et compris. Chaque phrase de l’Erudit demandait une analyse intelligente, car chacune d'elle était à la fois complexe et très intéressante. En l'occurrence, oui, si tout était facile, on ne tirerait plus de plaisir de rien. Tenter de s'améliorer permettait de se donner un objectif et de se surpasser. Dans le fond, Kalev aimait bien travailler sa technique en Quidditch. Ce qu'il aimait moins, c'était l'échec, l'idée de décevoir son équipe. D'un côté, personne n'aimait se sentir minable, non ?

- Je peux vous poser une question un peu indiscrète, monsieur ? Il se rendit compte que, depuis tout à l'heure, la conversation était relativement intime, aussi cette demande préalable tenait-elle plus de la politesse qu'autre chose, mais c'était important à ses yeux. Vous avez déjà commis des erreurs que vous regrettez beaucoup ? Ou déçu des gens de votre entourage ? Parce que foirer mes examens, c'est quelque chose, mais quand ça concerne des amis, je tolère tout de suite moins bien de pas réussir... Alors que je sais que je dois rien aux autres, mais... je sais pas si vous comprenez ?

Et puis, il fallait dire, son professeur s'en fichait très sûrement, de ses états d'âme. Seulement, Kalev se sentait vraiment en confiance, à ce moment-même, et il devait bien avouer que c'était agréable de pouvoir parler à quelqu'un. Il ne voulait pas confier ses petits soucis insignifiants à ses amis. Parler au tableau était moins dérangeant ; il avait une telle sagesse et un tel recul !

"L'histoire est un éternel recommencement". C'était beau, très bien dit. Cela lui inspirait presque l'introduction d'une nouvelle poésie ; mais Kalev n'était pas là ce soir pour laisser aller se idioties. Même si il les aimait beaucoup, ses idioties. Un jour, il écrirait un poème sur l'Erudit. Dans le fond, la vie aussi était un recommencement. On naissait, grandissait, vieillissait et mourrait, c'était inéluctable ; et si le Poufsouffle l'acceptait très bien pour lui, c'était une autre paire de manches pour les autres.

- Vous avez sans doute raison. Je comprends pas forcément tout, mais ce que vous dites est cohérent... mais je crois que quand on a mal, on ne raisonne pas comme ça. Je sais pas, j'ai jamais perdu personne moi, je sais que j'ai de la chance. J'ai toute ma famille, tous mes amis, mon seul animal de compagnie est très en forme... j'ai jamais vraiment souffert. Alors j'ai peur du jour où ça arrivera parce que je serais sans doute pas assez fort pour gérer ça. Je suis pas vraiment quelqu'un de courageux. Sinon j'aurai été à Gryffondor.

La logique même. Plus brave, il aurait été des lions ; plus malin, il aurait été des verts. Plus intelligent, il aurait été des Serdaigle. Mais ces qualités n'était pas vraiment les siennes. Lui était juste simple. Amical, loyal, persévérant, et simple.
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Ven 8 Aoû - 21:50
Les sujets relativement sensibles de la conversation n'étaient pas un problème pour l'Érudit, puisqu'il n'avait qu'une notion assez relative de l'intimité. Cela ne s'était d'ailleurs absolument pas arrangé avec l'âge et la mauvaise habitude de fureter dans tous les coins et de parler de n'importe quoi avec n'importe qui ; au contraire, cette discussion était peut-être une amélioration par rapport à d'autres, il n'y avait pas d'information indélicate sur autre que lui-même.

Il hocha la tête pour faire signe au jeune homme de continuer après sa première question, puis haussa les sourcils dans une sincère perplexité. C'était une question à laquelle il n'avait a priori pas de réponse intéressante. La vérité était qu'il avait probablement déçu beaucoup de gens, mais qu'il ne s'en était évidemment pas rendu compte. Ou, peut-être aussi, qu'il avait oublié, depuis le temps.

« Je ne sais pas trop. » Il était honnête, il ne savait de toutes façons pas être autrement. « J'imagine que les erreurs font avancer, peut-être plus que les réussites ? »

Il s'humecta les lèvres, à la recherche de la suite de sa réponse. L'Érudit n'avait pas vraiment d'ami à décevoir, au fond, et il en avait rarement eu. Celui qui s'approchait le plus de ce concept étrange à l'heure actuelle était probablement le fantôme de Serpentard mais quelle erreur aurait-il pu commettre pour le décevoir ? Il songeait à chacun de ses collègues, aux gens intéressants qu'il avait côtoyé.

« Je ne suis pas sûr de comprendre. Mais. » Il plissa les yeux, préparant avec soin la manière d'exposer les choses. « Je pense qu'il peut arriver que je sois... Indiscret ? Dans mes recherches. Et apparemment, les gens n'apprécient pas. Je ne m'en rends pas compte la plupart du temps, jusqu'à ce qu'on m'en fasse la remarque. »

C'était peut-être les seuls moments en dehors des chahuts dans sa classe – qui le rendaient las plutôt que de le mettre mal à l'aise – où il avait une quelconque impression désagréable vis à vis d'un contact humain. Il sourit, candide,

« Ce n'est pas vraiment comparable à l'échec d'une tâche donnée puisque la seule chose que l'on me demande de faire est d'instruire les étudiants, et on ne peut pas dire que le plus gros effort vienne de moi. Mais c'est ce que j'ai de plus proche. Un exemple concret, hm... Il paraît que la plupart des gens n'ont pas apprécié mon expérience de la Saint Valentin – un jour étrange s'il en est, il a une histoire tout à fait remarquable, et... » Il se tut brusquement, prenant conscience qu'il divaguait un peu, et toussa un rien avant de reprendre sur la bonne voie. « Et, donc. Si je regrette cet affreux malentendu, il reste que cette erreur m'a appris beaucoup de choses. »

Peut-être pas dans le sens normal des choses, en fait, puisqu'il pensait plutôt à ses recherches qu'à un comportement socialement acceptable – comme « ne pas mettre des potions non sollicitées dans le dessert des étudiants » - mais bon, c'était un apprentissage comme un autre.

Cependant, il avait une réponse un peu plus affirmative au second point qui tracassait son élève ; c'était tout de suite plus facile, et son sourire se fit plus sibyllin.

« Le courage n'a rien à voir avec le fait d'être à Gryffondor. Ou de ne pas y être, pour le même prix. »

C'était sans doute la maison que l'Érudit affectionnait le moins, dans ses traits dominants, puisqu'on y retrouvait une certaine impulsivité dont il était plutôt dépourvu, mais il ne croyait pas à une division nette des maisons.

« De la même manière que tous les Poufsouffles ne sont pas travailleurs, tous les Serdaigles ne sont pas de grands savants, et tous les Serpentards ne veulent pas devenir ministre de la magie... Il y a en chacun de petites choses qui auraient trouvé leur place un peu partout. Ce serait bien triste si tout le monde se conformait à ces stéréotypes. »

L'Érudit aimait particulièrement se glisser dans l'une des toiles ornant le bureau du directeur pour aller discuter un moment avec le Choixpeau Magique, et il avait appris un certain nombre de choses au contact de l'objet historique qu'il trouvait si fascinant de par son héritage direct des fondateurs de Poudlard.

« Chacun a du courage en lui, comme de l'intelligence, et de l'ambition. Simplement, les formes que prennent ces qualités sont différentes. Le courage peut vouloir dire protéger quelqu'un d'un danger physique, ou oser parler en public pour exposer un point de vue différent, ou même monter sur un balai ou une estrade de duel devant une foule attentive à la moindre erreur. L'intelligence peut être sur un plan intellectuel, mais il existe une intelligence sociale, la statégie, la compréhension logique ou la mémoire. Vous pouvez travailler dur pour atteindre un but, mais doit-il forcément être de ceux que l'on considère comme de haute valeur par convention ? Il n'y a pas que le pouvoir dans la vie, il peut y avoir le but tout à fait louable de réussir parfaitement les choux à la crème – et il paraît que c'est plutôt difficile. Je pense que vous êtes bien plus complexe que vous ne l'imaginez. Il y a sans doute un morceau de Gryffondor en vous, comme des autres maisons. Il est juste moins présent, et peut-être pas tout à fait orthodoxe, ce qui explique votre répartition ailleurs. Ce n'est pas pour autant que vous n'avez pas le droit de vous penser courageux, ou intelligent, ou rusé. Vous voyez juste les choses différemment, et c'est heureux, il faut de tout pour faire un monde. »

L'Érudit pouvait se targuer d'être simple, puisqu'il avait l'excuse tout à fait acceptable d'être un tableau, et assez vieux de surcroît. Il savait cependant que ce n'avait pas été le cas de son modèle, et qu'un humain bien portant était rarement aussi lisse qu'il n'y paraissait au premier abord.
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Kalev Hopwar
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Mer 13 Aoû - 11:38
Les erreurs faisaient avancer ? Peut-être bien. Pourtant, Kalev n'avait pas vraiment l'impression de réussir à apprendre de ses ratés et de ses échecs. En fait, il avait l'impression de toujours devoir prendre beaucoup de temps pour parvenir à un résultat. Au Quidditch, dans les cours, dans ses relations aussi parfois. Il n'était pas vraiment de ces gens qui réussissaient tout rapidement. Il lui fallait s'entraîner longtemps, apprendre assidûment et côtoyer longuement une personne pour obtenir des résultats. Il ne se sentait pourtant ni bête, ni nul. C'était assez bizarre, en fait.

- Il y a des gens qui n'échouent jamais, fit-il remarquer. Il y a des gens avec beaucoup de talent pour lesquels tout semble facile. C'est parfois un peu démotivant. Je ne crois pas avoir un caractère spécialement jaloux, alors je m'en fais pas de trop pour ça, mais parfois, moi aussi j'aimerais bien réussir quelque chose du premier coup. Être persévérant, c'est bien, mais c'est fatiguant parfois aussi.

Bon, là, comme ça, il n'avait pas d'exemple en tête, mais il savait que certains élèves de Poudlard était vraiment impressionnants. Justement, Alix l'était en Quidditch. Elle était une vraie meneuse, et une grande batteuse. Et Garfield aussi, était une sorte de héros. Malgré toutes ses blessures, il se relève sans cesse pour apporter la victoire à l'équipe.

Kalev tiqua un peu lorsque le professeur parla de Saint Valentin. Il releva brusquement le nez, jusque là un peu trop occupé à regarder ses doigts se tortiller. Il avait bien compris ? L'honorable tableau était mêlé à la pagaille qui s'était créée ce jour-là ? Il n'aurait pas cru. Néanmoins, il ne dit rien ; si son interprétation était mauvaise, il aurait l'air bien bête, et si la honte était loin de le tuer, il appréciait de garder un minimum de dignité devant l'imposante peinture.

- C'est un peu rassurant de se dire que même les adultes sont capables de se tromper. Parfois, on la l'impression qu'ils sont parfaits et intouchables et que la jeunesse est le pire mal du monde. Ils font des leçons de moral à n'en plus finir qu'on ne comprend pas toujours, comme si eux étaient nés déjà grands... c'est un peu étrange, parfois.

Le Poufsouffle écouta alors ce que l'Erudit avait à dire sur les qualités de chacun et le rapport avec la répartition. C'était, une fois encore, intéressant. Et, une fois encore, Kalev ne saisissait pas tout, mais l'essentiel était compris, et lui permettait de rebondir sur les propos de l'enseignant.

- Non, vraiment, je vous promets que je ne suis pas du tout courageux ! Il eut un rire discret et agita la main en signe de négation. Je ne sais même pas comment je fais pour monter sur un balai, parce que je suis vraiment un trouillard pour plein de choses. J'essaye de pas trop le montrer, parce que ce n'est pas très cool, comme trait de personnalité, mais même mon frère se moquait de moi quand j'étais petit.

Kalev se demanda un instant pourquoi il racontait tout ça. A cette allure, le tableau allait être celui qui le connaissait le mieux dans cette école, alors qu'il était un adulte, un adulte décédé qui plus est, qui avait sans doute bien d'autres préoccupations que de se soucier d'un pauvre étudiant venu défier le couvre-feu pour parler.

- L'intelligence... c'est compliqué. Je ne sais pas si je le suis. J'ai un peu trop longtemps boudé les études, même si je fais de plus en plus d'efforts, parce que j'ai juste voulu faire n'importe quoi et m'amuser. Du coup, je ne pense pas vraiment être un grand sorcier, sur le plan de la théorie comme de la pratique. Mais je sais des choses, et je pense que je sais réfléchir. Par contre, l'ambition... moi, ma seule ambition, c'est de vivre heureux, avec ma famille et mes amis. Une vie simple et avec beaucoup de joie. Puis un jour finir dans un beau tableau pour écrire de la poésie, et transmettre du savoir, comme vous. Et il y aura un furet dans ce tableau, aussi, parce que je ne vais nul part sans mon animal !

Bon, ça, c'était un peu ridicule, mais Kalev y tenait, à sa boule de poil. Peut-être que de dire que l'on voulait devenir un tableau était déplacé, face à un immortel qui n'avait peut-être pas demandé à être peint ; il n'en savait rien.

- Enfin, surtout, tout ça pour dire, je sais que le choixpeau hésite parfois pour la maison, mais je crois que ça n'a vraiment pas été dur pour moi. Je me serais vraiment pas senti à ma place ailleurs.

Pour le coup, ça, c'était une vraie certitude, pas juste un "je crois", comme il avait tendance à beaucoup les aligner depuis le début de cette conversation.

- Et vous, vous avez étudié à Poudlard ? Vous étiez de quelle maison ? Enfin, si ce n'est pas trop personnel. Désolé.

Il fallait vraiment qu'il arrive à se rappeler avec un peu plus de force que l'Erudit était un professeur, et lui un pauvre élève parmi d'autres. Son indiscrétion devenait de pire en pire.
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