Napoléon DesrosiersMessages : 58 Date d'inscription : 25/07/2015
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Sam 5 Sep - 9:42 | BOBBIE&NAPOLEON S'Rothe-Zäuerli Les idées de Napoléon Henry ne tenaient du génie que leur nom, un presque rien de merveilleux, tandis que les gens ordinaires s’accordaient à dire qu'elles se distinguaient surtout dans leur remarquable capacité à nuire à autrui. Elles étaient nées du chaos sous sa frange, d'un champ de bataille capillaire, d'un désordre mental, véritable fléau pensé pour plonger tout le château dans un océan trouble de désastre. Aucune n'avait jamais rien présagé de bon, elles germaient donc déjà maudites pour ravir et distraire leur fourbe créateur, petit bonhomme jeteur de confusion, amateur d'un jeu de malheur. Il n'y avait d'ailleurs aucune raison pour qu'il en aille différemment aujourd'hui.
Napoléon maniait sa baguette avec une dextérité propre au rang qui convenait à un imminent directeur. Il touchait au but, et cela n'annonçait clairement rien de bon. Il dirigeait sa symphonie diabolique d'un sourire pervers, maître d'orchestre enchanteur, alors qu'il s'acharnait à faire céder la serrure close de la salle des potions. Le simple fait qu'il ait spécifiquement envie d'y entrer en dehors de ses heures de cours constituait soit-dit-en-passant une preuve alarmante, le signe précurseur d'un imminent cataclysme dont il comptait bien être l'objet déclencheur.
Comme bien souvent lorsqu'il se lançait dans quelque faramineux projet, Bobbie Clarke se tenait tout juste derrière lui, telle la fidèle assistante du magicien, porteuse d'accessoires. Cela faisait longtemps que sa présence n'était plus remise en cause et qu'il n'hésitait plus à l'entraîner dans la quasi totalité de tous ses plans absolument foireux. Ils formaient ce couple de petites pestes fabuleusement en vogue, une liste de méfaits au moins aussi longue que la chevelure de la blairaude au compteur, les artilleurs d'une vilenie perfide, canonnant les navires ennemis de mesquinerie, le vent en poupe de leurs deux franges assorties. La blonde et le brun.
_ Hé, la goudou. Tiens là bien, parce que si tu la lâches...
Il se lécha de la pointe de la langue le coin des lèvres, ne se donnant pas même la peine de se retourner vers elle, la voix seule laissée volontairement en suspend suffisait pour lui laisser imaginer le pire si jamais elle osait gâcher de sa gonflante stupidité tout ce qu'il s'était évertué à faire. Attraper cette chauve-souris, gigotante entre les petites mains de Bobbie, n'avait pas été une partie de plaisir.
_ Je te laisserai croupir dans les cachots. Surtout, je m'arrangerai pour que tu y restes assez longtemps pour que tu y crèves la faim, et te donner à bouffer ton noueux.
Et dans le bleu glacé, figé de ses yeux, derrière les contours d'un rictus finement dessiné, au sens cruel, le vice humain dansait. Il espéra d'ailleurs un instant que la jeune Poufsouffle lâche malencontreusement leur amie volante, dans l'idée de mettre à exécution l'abject châtiment. Puisqu'il avait la passion secrète de tourmenter sa camarade, parce qu'il se serait réellement plu à l'enfermer, même quelques heures, pour faire naître sur son visage trop propre la face cachée du désespoir. Il l'imaginait déjà rampante à ses pieds en train de le supplier de lui ouvrir, de la pardonner... Il suffisait d'un rien, qu'il se retourne, l'oblige à libérer la bestiole pour crier au drame. Les cachots n'étaient pas si loin, la retrancher à l'intérieur, il pouvait y parvenir...
_ Alohomora.
Mais il venait de rendre possible l'entrée dans la caverne de Flavia. Car quand le loup n'était pas là, les souris aussi dansaient.
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