Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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[APOCALYPSE] happy together • peggy

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Gryffondor
cyclope-pathe



Ben Whitsett
Ben Whitsett
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Jeu 19 Fév - 17:54
Ces grands évènements fédérateurs qui déplaçaient des masses de peaux brûlantes, des troupeaux de bêtes bêlantes, d'immenses bancs de filles et de garçons niaiseux pareils à ces poissons écervelés des profondeurs dégoûtaient Ben.

Il entendait glousser ces pantomimes au détour d'un couloir, un rire énamouré se glisser comme un fil le long d'une mâchoire, et ses propres mandibules claquaient dans l'air qu'il mâchait comme de la cendre déjà froide. Il se traînait dans les allées avec son pas de charogne, en prenant soin de bousculer ceux qui croisaient sa route comme ceux qui voulaient l'éviter.

Déconstruire cette croyance abjecte que deux êtres, par la résonance des sentiments, pouvaient se fondre ensemble, était un plaisir démangeant comme une plaie qui se refermait avec lenteur. Deux âmes qui se colmatent en une par la seule force des choses, y avait-il boniment plus débile ? L'amour était un drone. Une fluide normatif qui coulait dans les veines de ceux qui voulaient encore croire à quelque chose de beau. Alors voilà, Ben n'y croyait pas, il croyait à la pourriture ; il ramenait ses bras ballants contre son corps percé de trous froids, de creux rouges, tremblant de toute sa chair désordonnée par l'amertume.

L’écœurement venait le piquer au tréfonds du ventre, grever sa tête de grimaces, couvrir de braises ses champs de douleur. Il avait déjà si mal partout de s'être battu avec un quidam dont le nom lui avait déserté l'encéphale qu'il ne la sentit d'abord pas - cette flèche qui siffla derrière lui jusqu'à son postérieur et s'y ficha. Et puis, le long d'une veine, quelque chose d'étranger se transvasa douloureusement en lui.

- Arrh...

Il se passa quelques secondes.
Sa main crispée sur sa fesse droite se détendit, et son faciès raidi par la colère maillée de souffrance changea.

Il n'y avait plus sur le visage de Ben aucune trace de fureur. Ses traits rageurs tous balayés et sa bouche tordue en une moue peinée venaient de disparaître de la surface de la terre pour laisser la place à un air doux, séraphique, et un immense sourire qui aurait aveuglé le soleil.

Ben se sentait merveilleusement bien. La pâleur de sa peau marquée de coups et d'estafilades jurait singulièrement avec la chaleur que débitait subitement toute sa personne - il émanait de son petit corps grêle une débordante joie et une aura guillerette qui lui donnait envie de danser.
Ben se mit d'un coup d'un seul à tourbillonner sur place, comme une toupie noire et rouge, éclatant d'un rire satiné qui résonna dans les couloirs.

- Je sens que ça va être une super journée !

Surexcité, ébloui, Ben arrêta de tourner sur lui-même et tenta de retrouver l'équilibre en titubant un peu. Il ne savait plus très bien vers où il allait ni ce qu'il comptait faire, mais ça n'avait plus d'importance. Il avait le sentiment qu'aujourd'hui serait particulièrement spécial. Premièrement parce que c'était la Saint Valentin, la fête des amoureux, et deuxièmement - deuxièmement, il n'en savait rien, pas besoin de raison !

Ben se mit à gravir les dalles de marbre d'un bon pas, saluant au passage ses camarades de toutes les années. Il ne comprenait pas trop pourquoi cet air hébété naissait sur leur visage, mais ce n'était pas grave, il espérait qu'ils allaient bien.

Ben entendait fleurir en lui une boule de bonne humeur dont les corolles blanches éclataient dans ses poumons : il écoutait monter dans ses tympans une mélopée douce, un parfum enivrant de gaieté pure. Oui, il savait où il allait, maintenant. Il en était certain. C'était un peu flou, un peu insensé, mais ses pieds inconscients le menaient avec entrain vers -

- PEGGY !

Il pilonna sur place. Il espérait ne pas lui avoir fait peur.
Ses deux bras maigres s'ouvrirent comme des promesses, et son cœur battant pulsait comme un tambour sous son t-shirt incrusté de taches ensanglantées. Peggy avait cet adorable air un peu perdu gravé sur ses lèvres, et la rondeur svelte de son visage lui donnait envie de la serrer de toutes ses forces contre son torse. Et c'est ce qu'il fit, annihilant la distance qui les séparait d'un petit bond rieur.

- Coucou ! Tu vas bien ?? Je suis trop content de te voir !

Il relâcha un peu son étreinte pour laisser respirer la poufsouffle, lui présentant le plus éclatant des sourires tatoué sur ses joues rosées. Son ton était infiniment joyeux.

- Tu sais, on ne se connaît pas très bien toi et moi, et c'est vraiment dommage. Alors puisqu'on est là tous les deux, on devrait remédier à ça. T'es pas d'accord ?

Son œil unique pétillait d'allégresse. Il se saisit de ses petites mains aux phalanges si fines. Il craignait presque de les écraser avec les siennes. Il ne voulait qu'une chose - qu'elle dise oui. Il avait tellement envie de se faire des amis ! Pourquoi n'en avait-il jamais eu, d'ailleurs...? Cette pensée absurde le traversa pour le laisser un peu perplexe, mais ce n'était pas si grave.

Autour de lui, des odeurs douces et lumineuses flottaient comme des volutes irisés. Il ne sentait plus son palpitant grossir en lui tel un ballon près d'exploser, mais il adorait cette sensation toute neuve - quelque part dans un méandre de son esprit, il devinait qu'il ne s'était jamais senti aussi bien.


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Poufsouffle



Peggy Renner
Peggy Renner
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Sam 28 Fév - 14:05

Peggy se mit à paniquer. Tout son corps s'était mis à trembler, elle sentait les larmes venir et la morve commencer à couler de son nez, elle avait replié les bras contre son corps dans une vaine tentative de protection face au rhinocéros béat en train de la charger qu'était Ben. Qu'est-ce qui lui était arrivé ? Pourquoi voulait-il soudainement lui parler ? Qu'est-ce qu'elle avait fait ? Pourquoi un câlin ? Peggy était rouge comme une tomate. Peggy ne comprenait rien à ce qui se passait.

Elle ne sortait pas trop, elle ne se promenait pas tellement. Peggy aimait la bibliothèque, Peggy aimait le calme de sa chambre, Peggy aimait la salle commune des Poufsouffles et la grande salle du château où elle pouvait observer les autres élèves, seule dans son coin, sans déranger personne. Elle avait fini par connaître tout le monde, de façon un peu superficielle : et Ben, l'une des premières choses qu'elle avait appris sur lui, c'était qu'il ne fallait jamais l'approcher. Il faisait peur. Même maintenant, avec son immense sourire tout joyeux, il faisait peur. Et quand il était dans son état normal, il semblait prêt à frapper quiconque se mettait en travers de son chemin.

Il avait même réussi à perdre un œil pendant les grandes vacances. Il y avait des rumeurs, on disait que c'était de la faute de Flavian – Flavian, l'une des seules personnes avec qui elle pouvait le mettre en couple dans ses histoires sans se sentir coupable pour le compagnon imaginaire de Ben. Ils avaient l'air d'aller bien ensemble, tous les deux, à être aussi dangereux l'un que l'autre. Ben n'avait pas le droit à beaucoup d'histoires d'amour. C'était difficile d'imaginer Ben amoureux.

Peggy avait toujours été heureuse de rester distante envers tout le monde, et elle n'avait jamais cherché à se rapprocher de personne, et surtout pas de lui.  Si ça lui arrivait de rêver d'avoir des amis, elle n'avait jamais eu envie d'y inclure Ben.

Mais là, au milieu de l'immense câlin que le grand garçon lui offrait, Peggy avait perdu tout son calme et toute sa tête. Dans sa confusion elle n'arrivait plus à faire quoi que ce soit d'autre que de paniquer. Ben était en train de lui parler, et elle n'entendait rien. Ben lui faisait un grand sourire, et elle ne comprenait rien. Ben lui prit gentiment les mains dans les siennes. Ben voulait apprendre à la connaître. Ben voulait être son ami. C'en était trop pour Peggy, et Ben lui faisait peur.

Et devant la question du grand Gryffondor, Peggy se mit à pleurer.

Elle n'avait jamais su gérer la moindre attention portée envers elle. Et là, elle pleurait, les larmes dégoulinaient le long de ses joues et la morve de son nez, elle hoquetait et reniflait, se retenant à peine d'éclater en sanglots, énormes et bruyants, simplement parce que ça ne ferait qu'attirer encore plus l'attention sur elle. Mais pour une fois, tout le monde semblait l'éviter. Peggy ne voyait même pas les regards de pitié qu'on lui envoyait à elle, la nouvelle victime de Ben, qui devait sûrement être en train de la martyriser pour une raison ou une autre. Tout le monde restait sagement à distance. Peggy n'en voyait rien, et elle pleurait toutes les larmes de son corps. Elle restait plantée là comme une imbécile, les mains prisonnières de celles de Ben, immobile et incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Elle ne savait pas quoi faire.
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Gryffondor
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Ben Whitsett
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Lun 16 Mar - 13:33
Il était dévasté.
Il ne comprenait pas. Dans ses bras aimants, tremblante et terrifiée, elle venait de fondre en larmes. Elle disparaissait sous ses propres torrents, ses mains toutes molles fermement scellées aux siennes. Sa peau était d'une froideur blessante. Il semblait pour Ben que son cœur, qu'il n'avait jamais senti si immense, se déchirait en minuscules lambeaux sous la coupure désolée de ses sanglots.

Ben était complètement déboussolé par ce qui se passait, et sa confusion était d'autant plus grande que personne ne s'alarmait de rien. Plusieurs visages aux traits familiers les contournaient pareils à des obstacles, des piliers invisibles, dans une sinistre normalité - comme si ce tableau gravé dans la peur n'avait rien de si terrible.

Peggy avait-elle toujours été comme ça ? Avec le peu qu'il savait d'elle, comment réagir, que dire ? Il se souvenait l'avoir entendu murmurer par d'autres, il se souvenait de certains mots ; bizarre, toute seule, timide, sensible ; il se souvenait de quelques bruits de couloir qui sonnaient déjà faux lorsqu'il se les ressassait dans son crâne comme des signaux de détresse éteints. Non, cette réaction était trop virulente, trop allergique pour que ça vienne d'autre chose que lui.

Il jetait des regards comme des balles perdues autour de lui pour appeler à l'aide, pour supplier un inconnu d'un revers des cils, mais voyant qu'on ne lui répondait que par des détournements d'yeux précipités, il tenta de rassembler ce qui lui restait de contenance et de la transmuter en mots.

- Peggy, je ne voulais pas te faire de mal. Je suis désolé. Pardonne-moi. Il ne faut pas pleurer, s'il te plaît, excuse-moi de te faire pleurer, est-ce que c'est de ma faute ? Pardon, Peggy.

Des mots gentils, des mots encrés d'une peine qui ne se retrouvait nulle part dans la monosyllabe d'habitude si revêche de son prénom.

Il lâcha doucement ses mains et repris dans l'air embué de savon ce qu'il lui fallait d'oxygène pour ne pas bafouiller. Il était d'une pâleur ectoplasmique qui montrait la couleur de son désarroi.

Ben sentit s'appesantir le long de ses paupières une pluie salée qu'il ne pouvait retenir. Ce n'était pas ses larmes, c'était les autres ; les larmes de Peggy qui montaient à ses propres yeux. Il ne pouvait pas supporter de la voir si accablée. Quelque chose à l'intérieur de sa poitrine se brisait comme sa voix.

- Je voulais juste te parler. J-je ne voulais pas t'effrayer. Pardon de t'avoir fait peur. Si tu veux, je te laisse tranquille, je m'en vais.

Il hoquetait, perdait ses mots sous sa langue, levant avec un spasme son poignet à ses yeux pour les frotter honteusement.

Peut-être que c'était ça, cette sensation glaciale tout à l'heure : celle qui l'avait heurté une poignée de secondes en voyant passer des élèves au regard de plomb et de dégoût dans le couloir.

Soudain, ça lui apparut clairement, comme en lettres de sang à la surface de ses yeux rouges. Personne ne l'aimait. C'était une certitude qui lui venait du fond du ventre, tout au bout des viscères. Il faisait peur aux gens. Il repoussait comme un aimant aux pôles sordides toute possible attraction et toute possible lumière.

Pourquoi ? Il ne comprenait pas. D'aussi loin qu'il puisse fouiller dans les isthmes attristés de son cerveau, il ne trouvait pas la réponse.

Tombèrent de sa bouche quelques mots qui ne semblèrent pas les siens et lui brûlèrent les oreilles lorsqu'il les entendit.

- Je crois que je n'ai pas d'amis.


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Poufsouffle



Peggy Renner
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Lun 6 Avr - 10:26

Quelque chose bloquait dans le cerveau de Peggy.

Normalement, à cet instant précis de la chronologie poudlarienne, une voix morne de documentaire animalier serait en train de décrire les mœurs carnivores du Gryffondor, en train de jouer avec la petite gazelle de Poufsouffle avant de lui bouffer les entrailles dans une scène floutée mais remplie de sang qui gicle et de bruits de craquements répugnants propre à choquer les petits enfants et les âmes sensibles. Mais le lion de Gryffondor était juste en train de se répandre en larmes devant Peggy, qui elle n'y comprenait plus rien, et qui ne savait plus quoi faire.

C'était tout juste si les excuses de Ben arrivaient à pénétrer ses oreilles.

Ben lui lâcha les mains, et prit une grande inspiration, les larmes perlant le long de ses yeux. Il avait juste envie de lui parler. Peggy avait lu beaucoup d'histoires d'amour pour savoir que ces quelques mots, il faut qu'on parle, n'annonçaient jamais rien de bon, mais toutes les scènes à venir qu'elle pouvait envisager ne correspondaient pas du tout avec la situation en cours. Il n'avait pas eu envie de lui faire peur non plus. Il était même prêt à partir, comme un amant éconduit.

Rien de tout cela ne faisait sens.

Rien de tout cela n'avait d'ailleurs d'importance. Une sorte de déclic s'opéra dans la tête de la petite Poufsouffle : elle avait là une ouverture, inespérée, miraculeuse, pour s'enfuir le plus vite et le plus loin possible, avant que l'immense chat des Gryffondors arrête de jouer avec sa proie, et ne se décide enfin à la dévorer vivante.

Et n'écoutant même pas les derniers mots de Ben – Ben qui n'avait pas d'amis puisqu'il passait son temps à martyriser tout Poudlard par principe – Peggy prit les devants. Enfin, les derrières. Enfin, elle prit la fuite. Elle détala. Fit un grand bond en arrière, se retourna, trois enjambées paniquées, et une sorte de force élastique la ramena vers son prédateur. Inéluctablement. Cruellement. Un peu comme une mauvaise blague.

Et la petite sorcière retomba brutalement dans les bras de Ben, qui tomba à la renverse avec elle, s'effondrant lourdement dans le couloir savonnette avant de glisser jusqu'à son entrée. Le lion ne faisait sûrement rien d'autre que jouer avec sa proie. Peut-être avait-il même prévu tout cela. Peggy n'en savait rien. Peggy se noyait dans la panique.

Et ce fut un cri de détresse qui s'échappa de ses poumons.

« ME FAIT PAS MAAAAL ! »
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Gryffondor
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Ben Whitsett
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Sam 6 Juin - 15:59
Elle ne l'écoutait pas. Elle ne voulait pas l'écouter. Des alarmes polyphoniques dansaient dans ses yeux baignés d'une mer d'angoisse, mille vibrations de terreur chargeaient l'air de panique, toutes les transmissions neuronales éclataient brusquement.

Rien de ce que faisait Ben présentement n'était classifiable sur une échelle connue, et l'unique vecteur par lequel passaient ses gestes, ses mots et ses respirations, elles-mêmes trop douces pour ses poumons, ne trouvait pas logique ou de nom. Perdu en lui-même, perdu devant Peggy, égaré comme elle dans leurs larmes à contresens qui irriguaient le plus immense des désarrois, il ne savait plus à quoi servaient les indénombrables veines qui pulsaient sous sa peau.

Peggy s'enfuit. Elle se mit à courir, les pas tétanisés, vers le bout du couloir. Les demi pleurs de Ben ne lui permettaient plus de distinguer qu'une silhouette frémissante aux longs cheveux tressautants, un point mobile aux contours fumeux qui s'éloignait de lui par embardées de terreur.

Soudain la silhouette fit volte-face. Puis demi-tour. Puis sans crier gare, comme un fantôme indécis, traînée et entraînée par une insoupçonnable énergie, elle revint dans la même frayeur tout près de son corps dégingandé.

Abasourdi, Ben se frotta nerveusement la tête avec le bout des doigts, aussi pâle que démuni, et observa Peggy sans trouver dans sa cervelle malade les mots justes à dire ou à penser. Elle venait de partir, il l'aurait juré - et elle était à présent revenue, face à lui, sur ses deux jambes. Il était hagard.

Il y avait chez les garçons et les filles de leur âge ce phénomène d'attraction répulsion qui régissait parfois certaines mouvances, certains élans des organes, ces faits insensés qui s'égrenaient parfois sans qu'on les explique. Ben voulut croire, dans l'effervescence, à un mouvement d'humeur, un stress patenté, peut-être à quelque chose d'inné qui se produisait lorsque Peggy rencontrait quelqu'un, incapable de donner de l'ordre à son émotion. C'était peut-être ça, c'était peut-être un espoir. Il fallait simplement la mettre en confiance. Sa mâchoire se serait disloquée pour trouver un mot doux si celle de la jeune fille ne s'était pas ouverte en cascade.

- ME FAIT PAS MAAAAL !

Surpris par son cri rauque, Ben recula d'un pas.
Ils étaient là tous deux avec leurs yeux d'oisillons arrachés au nid, détrempés par une épouvante qui changeait pour l'un est l'autre de définition, incapables d'une interaction normale. Non, ça n'avait rien à voir avec un trouble du coeur. Ca ne provenait pas d'une ingérence émotionnelle. Ca n'était pas Peggy. Me fait pas mal.

Le problème, c'était lui.
L'empathie sincère qui gonflait Ben entier, inoculée comme un antidote aux toxines abritées par ses artères, neutralisait la forme diabolique de son vrai visage. Elle retenait par de solides sangles les monstrueuses horreurs en sommeil dans sa peau. Alors, reprenant doucement le dessus sur ses sanglots, sa confusion mentale, l'effritement de son coeur, Ben renifla une dernière fois et prit une longue inspiration. Le pauvre ne savait pas que l'anesthésie gavait d'une drogue récréative ses immondices pour les convertir en écoeurantes douceurs.

Et maintenant, il était calme.
Il était simplement triste.

Me fait pas mal ?
D'où venait cette crainte absurde ? À qui viendrait une idée aussi sordide, aussi infecte ; qui serait assez abject, dans le creux de la tête, pour s'en prendre seul à tous ?

- Calme-toi, Peggy. Je ne te ferai pas mal, je te le promets.

Maintenant, aveugle à la lueur de l'ironie, il lui fallait comprendre.

- Pourquoi est-ce que je te voudrais du mal ? Est-ce que c'est quelqu'un qui t'a dit ça ? C'est vraiment affreux. Jamais je ne pourrais être aussi cruel, c'est absolument impossible.

Ben était suppliant. S'il avait été juste un tout petit peu plus faible, il serait tombé à genoux. Restant un peu à distance pour ne pas répandre le feu à nouveau, il la regardait avec la peine, la vraie, au fond de ce qui lui restait de regard. Il lui fallait des explications - il lui fallait savoir d'où venait cette subite solitude, ce sentiment de désordre, cette chose qui au fond de son ventre n'était pas à sa place.

Qu'est-ce qui lui échappait ?


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Poufsouffle



Peggy Renner
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Ven 14 Aoû - 15:06

Il était vraiment terrible, Ben. On le lui avait bien dit, qu'il était dangereux, ou plutôt Peggy l'avait entendu au détour d'une conversation, et elle l'avait vu, parce qu'elle ne participait pas à la vie en société mais qu'elle l'observait – Peggy aimait beaucoup regarder les autres vivre. Mais Ben, la seule vie qui l'animait c'était celle d'un prédateur, il ne vivait vraiment que lorsqu'il pouvait planter ses crocs dans sa proie. On le lui avait dit qu'il était dangereux. Mais elle ne s'était jamais rendue compte à quel point jusqu'à maintenant.

Peggy ne pouvait pas s'enfuir ni disparaître comme elle en avait l'habitude. Elle était coincée, comme pris au piège, le dos pesant contre la frontière qu'elle ne pouvait pas franchir sans être inéluctablement traînée en arrière jusqu'aux-devants du lion. Elle n'avait pas le droit d'être hors de portée. Et Ben, lui, la regardait, triste à en mourir, en lui demandant pourquoi – pourquoi est-ce qu'elle pensait qu'il allait lui faire du mal.

Et la gamine paniquée se mettait à penser que ce n'était peut-être pas un jeu, en fait, que peut-être était-il sincère, ce qui ne faisait que rendre la situation encore plus effrayante – parce que, pendant combien de temps est-ce que tout ça, ça allait durer, et puis, est-ce qu'il est complètement lunatique ou est-ce qu'il est drogué ou est-ce qu'il essaye simplement de changer ou est-ce qu'il a perdu d'autres choses avec son œil pendant ces vacances, elle ne savait pas, en fait, Peggy, elle ne savait pas. Et il était là, il voulait lui parler.

Il voulait être son ami.

Peggy restait à distance.

Elle n'arrivait pas à lui répondre. Comment faire, par où commencer ? Elle ne se voyait pas lui annoncer franchement qu'il était un dangereux délinquant, mais, quand même, c'était vrai, et, hoquetant un début de réponse qui s'achevait avant même de former un mot, Peggy remonta ses mains contre elle, un peu comme un geste de défense mais pas que, et puis, elle en posa un sur son œil, en miroir de l'oeil que Ben avait perdu, avant de vite effacer son geste, comme honteuse de ce qu'elle venait de communiquer. Peggy n'osait rien dire.

« Je veux pas. » balbutia-t-elle pathétiquement. « Toi tu- Tu- te bats- tout le temps- et moi pas, moi je veux pas ! » C'en était presque un silence que sa réponse, au vu de tout ce qu'elle taisait. Elle se battait, pourtant. Elle appuyait sur la limite à ne pas franchir, un pied en arrière, tentant de s'enfuir malgré tout, et Ben devait bien sentir de son côté le sortilège le tirer. Peggy ne savait pas comment se délivrer de sa prison, et Ben n'avait même pas l'air de savoir qu'il était son geôlier.



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