Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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L'enfer, c'est le froid [Elise]

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Ligue des Sorciers
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Viridus Emerald
Viridus Emerald
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Mer 31 Déc - 0:32
Ce n'était pas tant que Viridus ait du courrier à envoyer, ou pas tant que ça ; une ou deux lettres peut-être, de temps en temps, lorsque quelqu'un avait besoin de son avis pour quelque chose. Curieusement, si sa vie sociale avait diminué, c'était de son propre fait. Il avait beau être ronchon, cynique, cinglant, il y avait toujours eu des gens pour essayer, sans doute dans un altruisme parfaitement déplacé, de maintenir une conversation. La plupart des gens le plongeaient dans un ennui profond. Avant, un joli minois ou simplement de la méfiance à son égard se seraient transformé en challenge, en envie de se faire accepter comme un loup dans une bergerie. A présent, sa patience s'émoussait plus vite que l'intérêt ne s'éveillait.

Néanmoins, ce jour-là, il avait deux missives à envoyer. Il fallait bien garder le contact avec les gens qui pouvaient lui être utiles, principalement des potionistes. Il espérait, jusque là en vain, que l'un d'entre eux parvienne un jour à contrer le poison qui l'avait diminué. Jusqu'à présent, on ne lui avait promis qu'une solution temporaire, à tester bientôt. Il ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou redouter le moment du retour à l'état qui était désormais normal.

En réfléchissant encore à ce problème relativement épineux, il s'était donc rendu à la volière, ses deux enveloppes précieusement en poche. Il avait bien une chouette personnelle, mais il fallait se rendre à l'évidence, rentrer chez lui pour simplement envoyer des lettres ne lui disait rien, les confier à son elfe de maison ne l'inspirait pas fort non plus, et l'oiseau ne pouvait pas vivre dans ses appartements.

L'avantage de l'enfance, c'était au moins que les escaliers ne le fatiguaient pas trop. Il dépensait toute l'énergie qui, habituellement, lui hurlait de courir partout, surtout lorsqu'il avait mangé du sucre. Évidemment, il se refusait à ces comportements indignes de lui. Restaient donc les escaliers. Il était à peine essoufflé en parvenant à la volière, mais ce souffle était clairement visible dans le froid des lieux.

Il avait toujours aimé l'endroit, malgré l'odeur de volatile et d'excréments qui prenait à la gorge. Autant il détestait les balais volants, autant la vue depuis les tours lui plaisait, bien qu'il ne l'aurait admis pour rien au monde ; le plus bel univers restait à tout jamais le lac et les sombres dortoirs de Serpentard. L'odeur faisait fuir tout le monde, un peu comme Viridus lui-même, et il avait un très léger faible pour les animaux, quoique ce ne soit pas de notoriété publique. Et puis, il faisait froid. C'était comme chez lui, où le climat magique faisait toujours neiger. Une blancheur absolue, froide prison pour un coeur éteint. Il avait beau considérer Poudlard comme sa véritable maison, on ne peut effacer les souvenirs d'enfance.

Le garçon émit un sifflement strident, une note particulière qui attira la chouette qui y était habituée. La sensation des serres autour de son bras était étrangement grisante. Il avait toujours aimé s'approcher un peu trop des flammes ; c'était ce qui l'avait rendu comme ça. L'animal était gigantesque, par rapport à lui, et il lui fallait toute sa maigre force pour soutenir son poids. Sans compter qu'elle aurait pu lui arracher le bras en s'envolant. Comme toujours, il allait avoir du mal à attacher sa lettre sans la déposer, mais Viridus Emerald était têtu. Tout ce qu'il pouvait faire comme avant, il le ferait.

La porte grinça en s'ouvrant à nouveau, et il tourna à la tête, ses lettres en main, la chouette sur l'autre bras.
Il soupira, visiblement agacé. Comme toujours.

« Dickney. Rendez-vous utile, et accrochez ça à cette bestiole. »

Définitivement, le froid lui allait bien. Sa voix était affreusement acide, pour un être aussi petit. Et encore, il n'avait rien contre cette étudiante en particulier, ça aurait pu être bien pire avec quelqu'un d'autre.
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Elise B. Dickney
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Lun 12 Jan - 21:47
« Et elle se sentait comme une geisha — au delà du reste, au delà du rien. Simple masque peaufiné, touche d'art esseulée. Qui avait-il d'autre, après tout ? Tristesse. Que regardaient-ils ? Que voyaient-ils ? Elise marchait et chaque pas faisait ondoyer sa chevelure — alors ils s'y perdaient, dans cette image. L'image éthérée d'un bout de femme massacré — par la vie, les mœurs ou les diverses beautés ; c'était selon. Dans sa moue placide persistait un calme étrange, de ceux que l’on hésitait à toujours croire ; que l’on redoutait dans leur statisme. Y allait-il avoir tempête ? — on ne savait jamais, jamais vraiment ; pas avec elle, disait-on.

Et c'était mal la connaître, Elise. L'Elise. Celle et son visage blanc; sa peau pâle et ses lèvres fines — il n'y avait rien de pulpeux, chez Elise. Juste de fines traces oscillant entre gris passé et or fuyant. C'était très jeune et pourtant un peu rouillé, aux bordures abîmées — tout était très mince, chez elle — toujours. Et tout partait dans l'extrême du rien, du milieu et du centre éperdu. Elise n'était pas une méchante fille, elle ne voulait le mal et ne prônait la violence, tant bien même cela-t-il pulsait dans ses veines, des fois — tels des jaillissements amers ; forts. Et tout était si simple, avec la magie ; l’on pouvait se rendre beau, impeccable et lavé de toute imperfection. C'était si simple oui, de masquer ses monstruosités en s'octroyant quelques superficialités.

Elise n'aimait pas ça — elle ne s'y était jamais amusée, n'avait pas même tenté. Il était rare qu'elle se regarde, dans l'ombre faussée du matin. Il était rare, oui ; qu’elle dévisage son reflet dans la glace savamment incrustée dans le mur d’à-côté. Souvent ses yeux étaient paisibles, tel le reflet d'un lac — imprévisible et dissimulant ses profondeurs aux regards de tout autre. Aussi c'était dans ce mystère voilé qu'elle s'observait, ne touchant pas grand chose et s'éloignant sans jamais trop tarder.
Mais des fois — oui, des fois elle s'y prenait, elle s'y perdait ; et c'était si facile, que de sombrer dans pans de fantasmes. Alors ses yeux se faisaient plus nébuleux, montraient le secret sans pour autant en dévoiler ses formes ; il n'y avait que l'augure et la silhouette de l'interdit. Et c'était imprononçable, bien trop intime — elle s'y perdait, oui, Elise: dans ses rêves et espoirs. Alors elle tournait sur elle-même, quelque peu — avait envie de demander quelques frivolités. Me trouves tu jolie ? Suis je a ton goût ? et c'était des questions sans destinataire, il n'y avait pas d'espace pour ce genre d'espérances. Ces instants passaient toujours très vite, bousculant en son intérieur de sombres lourdeurs — quelques tristesses passagères mêlées d'amertumes toutes aussi inavouables qu’acides.

Avait-elle le droit d'être ? D'aimer plus qu'elle ne le faisait déjà ? Arriverait-il un jour ou la reconnaissance lui tomberait dessus, tout droit et tout violemment — quoique même de biais elle n'aurait pas protesté. Tant qu'elle arrive un jour. Et c'était comme si elle était privée d'un quelconque once de réciprocité. Douleur.


Une voix. Tétanisme et sursaut; la blonde oscille entre deux mondes et se voit jetée au visage les eaux glacées de la réalité. Quelques clignements d'yeux, la voilà qui plante son âme à terre, elle y voit, à présent — le monde qui l'entoure et la petite silhouette un peu à sa gauche; très en avant. « Bien. » Et sa voix tonne, automatique — pur reflexe, presque écrit d'avance. Rangeant sa baguette, ses doigts ayant joué tout le long du trajet avec ; elle vint enserrer son cou d'une écharpe à ses couleurs. Dans cet intérieur croisant les fers avec l'extérieur; il faisait frais — froid.

Et c’était presque amusant de croiser Emerald à cette heure-ci du jour, celle déjà avancée ; celle ne pouvant plus reculer, revenir en arrière ou accorder un dernier rayon de pure chaleur. Son souffle laissait d’ailleurs s’échapper quelques chapes glacées, quasi cristallisées ; demi buée. Aussi avait-elle envie de rire, Elise ; tout à coup — pour rien, pour tout. Pour que trop et surtout pour n’importe quoi. Tout était si grotesque, l’instant le moment le lieu et même les formes — celles d’un enfant tenant d’un bras une chouette massive le submergeant presque. Sourire. Fin et délicat — rien ne devait être trop prononcé, avec le représentant des verts. Même la mesure était taboue, alors l’on ne savait jamais trop — certains avaient peur, d’autres s’indignaient ; comment agir sur la durée ?

« C’est une belle chouette, que vous avez. » Et elle n’avait pas pensé au professeur ; aux formalités et au reste — Elise était toujours si décalée. Accroupie, elle accomplissait besogne sans rien ajouter. Que pouvait-elle dire, après tout ? Le silence était bien trop rare pour être torché de quelques tirades faussement spontanées. La maladresse du néant. On aimait pas, les rien dits ; les bouches closes. L’on se sentait mal, dans le noir de l’imprononcé. Y avait-il encore personnes appréciant la juste valeur du silence ? Elise elle-même ne savait pas trop — elle le dépeçait toujours de manière incongrue, sans trop s’en rendre compte elle-même. Sa chevelure blonde ondulait souvent aux recoins de son visage, se déversant sur ses épaules ou dans son dos — elle était l’alibi de toute monstruosité. Le principe du masque, disait-on ; les beaux hommes sont toujours plus épargnés que les laideurs. Il suffisait de voir les préjugés, entre un blond et un brun ; c’était le brun qui s’attirait les préconçus du maléfique le premier. Misère.

« Vous permettez ? » Et toujours basse, les fesses sur les talons et les pointes des pieds ancrées au sol ; elle secoua quelque peu le sachet de friandises qu’elle avait amené avec elle. Après tout n’avait-ce pas été son intention de base ? Venir prendre l’air, nourrir son hulotte et peut-être même envoyer un mot très court à quelqu’un — n’importe qui, elle n’y avait trop songé. Une de ces personnes l’ayant oubliée, ou peut-être une de celle tentant de ; quoique sa famille semblait être un bon dernier recourt.

Elise ne savait jamais vraiment — Elise cachait ses affirmations sous des voiles d’incertitude.
Elise était la charognarde au cœur tendre ; alternant entre braise et glace, il n’y avait rien de très passionnant chez elle, disait-elle. Mais au final, qu’en savait-on ? Bancalité.
Elle souriait — toujours, un peu. A moitié ; de travers.
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Viridus Emerald
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Jeu 22 Jan - 20:30
Viridus avait failli émettre un claquement de langue agacé mais il s'était retenu ; le soupir était déjà suffisant. Après tout, la gamine était particulière. On aurait pu penser que le professeur Emerald n'avait aucun tact, mais c'était juste parce qu'il ne l'employait pas souvent pour autre chose que pour trouver les blessures des gens. Souvent pour les raviver, d'ailleurs. La douleur des autres était facile à provoquer, et c'était une émotion forte comme une autre, le genre de choses qui le faisaient se sentir vivant ; triste réalité. Il ne savait pas exactement ce qui était arrivé à la Serdaigle, et il s'en fichait, mais ce n'était pas une blessure qu'il sentait. C'était un gouffre. Il aurait pu y étaler tout le sel qu'il voulait, il n'aurait probablement jamais eu de réaction satisfaisante, c'était trop grand, quoi que ce soit.

Il n'était pas exactement agréable avec elle, mais il n'était pas ouvertement méchant non plus. Ça pouvait arriver, quand il sentait que rien ne déclencherait l'étincelle qu'il attendait, ou qu'il risquait de casser quelque chose d'irréparable. Il avait un sale caractère, mais la plupart des gens qu'il persécutait tenaient debout. Viridus essayait depuis des années de déterminer si Elise Dickney tenait debout, et la réponse était variable selon les moments ; dans tous les cas, il n'avait jamais rien perçu dans ses réactions qui lui indique autre chose que du vide.

Oh, pas qu'elle soit stupide. Mais de toutes les manifestations de la douleur qu'il avait pu voir, la douceur était peut-être la pire. Pas de colère, pas d'apparente tristesse, juste un calme à toute épreuve, même quand elle n'en avait pas l'air. Le calme de celle qui est remplie à raz bord d'un problème qui ne doit absolument jamais déborder, qu'il ne faut surtout pas secouer. Elle en avait l'apparence, d'ailleurs. Finesse et grâce aident à ne pas trébucher.

Il ne savait pas trop si tant de délicatesse lui donnait envie de hurler, de la brusquer, pour entendre le son qu'elle ferait en se brisant, si toutefois il pouvait se prétendre susceptible d'y arriver, ou s'il voulait juste n'en avoir rien à faire. Cette décision en suspens créait quelque chose entre les deux, étrangement. Une espèce d'intérêt un peu morbide, mais du respect. Il n'était pas encore certain de vouloir faire craquer la façade lisse de la jeune fille, mais il observait dans tous les cas. Si jamais quelqu'un d'autre s'y résolvait avant lui, il voulait observer ce qui en ressortirait. Il y a bien des manières de réveiller quelqu'un qui semble vivre comme un somnambule, et toutes comportaient le risque de dommages irréparables. S'il n'avait pas été son professeur et s'il n'avait pas eu cette apparence, il l'aurait sans doute considérée comme un défi. Quelque part, elle avait de la chance ; sans cette distance, il se serait peut-être moins appliqué à ne pas toucher cette fragilité qu'elle essayait si fort de cacher. Il était probable que sa curiosité l'aurait poussé à essayer de savoir si ce vide qu'il pressentait était crevasse ou volcan éteint. Il avait toujours aimé jouer avec le feu.

Laissant de côté ces considérations interdites, il hocha la tête, sans grande conviction. La chouette était belle, oui, et il permettait qu'elle fasse ce qu'elle voulait, tant qu'elle faisait ce qu'il avait ordonné. C'était pour ça qu'il l'avait appelée, d'ailleurs ; son bras s'engourdissait, il était temps que l'animal décolle. Ce fut chose faite quelques instants plus tard, et il massa l'endroit où les serres s'étaient accrochées.

S'il avait été compatissant, il lui aurait demandé une bonne fois pour toutes ce qui la rongeait, pour une fois qu'il se retrouvait seul avec elle. Mais feindre le désintérêt était tellement plus facile. La politesse revenait à la traiter en égale, ce qui n'était pas une bonne idée non plus.

« Vous auriez pu faire plus vite. »

Viridus sonnait comme le professeur qu'il était. Exigeant, impérieux. C'était mieux comme ça. La chaleur était réservée aux situations où il pouvait trouver un intérêt personnel. Néanmoins, les lettres étaient parties, et y penser lui rappelait leur contenu. Son humeur s'en trouvait un peu allégée, s'il osait avoir de l'espoir. Il lissa son vêtement pourtant immaculé, dans un des nombreux gestes qui paraissaient déplacés sur un enfant.

« Vous apprendrez que vous avez peut-être contribué à me faire redevenir normal, Miss. Au moins pour un jour de temps en temps. » S'il avait été un jour normal un jour, évidemment. Tout dépendait de quoi on parlait. « Ça ne vous intéresse sans doute pas, et j'imagine que vous ne vous souvenez pas de l'état dont je parle, mais c'était important. »

Il ne voyait même pas pourquoi il l'en informait. Ce n'étaient pas les affaires de la jeune fille, et il aurait dû retourner vers la porte dés que la chouette s'était envolée ; il n'était habituellement pas bavard. Il lançait les mots comme des poignards, rarement gaspillés pour autre chose qu'atteindre le plein coeur de la cible. Et pourtant, il lui racontait sa vie, même sans aucune chaleur. Peut-être était-il un peu trop seul, peut-être avait-elle le malheur de piquer son intérêt depuis trop longtemps endormi.
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Elise B. Dickney
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Ven 23 Jan - 22:01
« Elise voulait crier — Elise voulait courir. Elise voulait se laisser aller à la haine et aux rancœurs. Elise voulait, oui — elle voulait apprendre à désirer de manière égoïste. Ne l’était-elle pas déjà ? Par ses regards, par ses attentes et ses pensées. Etait dit des incompris qu’ils ne voulaient être compris — était-ce vrai ? Elise, ô Elise, que nous dis-tu ; de toi, des autres ?

Elise aimait parler — Elise voulait pleurer. Elise se contentait de vouloir, car Elise s’interdisait beaucoup. Ses pieds étaient sur terre et sa tête ancrée dans de sombres réalités pourtant oui pourtant son esprit était un évadé — un évadé du morbide et de l’inaccessible. Alors Elise rêvait, un peu ; beaucoup — elle rêvait ce qu’elle ne pouvait que rêver, scellait ses lèvres et interdisait tout débordement.

Des fois elle n’y arrivait pas. Alors quelques répliques salées s’échouaient à terre, dans l’air — à qui le voulait bien. A qui ne voulait pas. Vance n’avait jamais voulu entendre ses remontrances, Vance avait dit comprendre mais peut-être n’avait-il rien compris. Peut-être elle-même n’avait-elle rien saisi. Peut-être étaient-ils deux imbéciles. Peut-être était-ce elle, le problème. A tout, à beaucoup — de nombreux.

Et elle était là, la Geisha — le corbeau et l’ébène. Elise avait les cheveux dorés et le regard nébuleux, Elise était une chose aux courbes fines et aux sourires sincères. Les yeux ne mentent jamais, disait-on. Au contraire des esquisses faciales ; ils étaient la porte à l’âme. Pourtant Elise avait brouillé son regard sans trop le vouloir — elle ne faisait que renvoyer des images.

Elise était une gamine — Elise avait grandi trop vite, Elise s’était trop hâtée. Elise se brûlait les ailes et sans attendre se forçait à s’envoler à nouveau. Elise frôlait le soleil et ne tardait à s’échouer dans la neige. Elise était l’espérance et elle ne savait plus quoi faire.

Hurler, crier.
Le pourrait-elle ? Elle ne savait pas.
N’avait jamais tenté, après tout ; ne le ferait sans doute jamais — ou peut-être, oui.
Car elle voulait, oui — essayer, un jour ; de crier.
Vraiment.


Aussi ria-t-elle. Ce fut simple et réel, détonant et irrégulier. Elise ne riait jamais à tort, souvent pour rien. Il ne fallait jamais douter d’Elise — elle aimait la vie et ses contours plus que quiconque. Elise était une positive, Elise était une combattante. Elise ne s’apitoyait pas sur elle-même ; elle détestait ça et ne se l’autoriserait sans doute jamais. Elise était une femme, ou du moins un bout de femme — en construction. Aussi avait-elle ri, chuinté comme le faisaient certaines chouettes. Le tout avait été bref, mais elle n’avait pu empêcher quoique ce soit.

Elise était spontanée — réfléchie mais spontanée.

Elle ne restait plus de trois minutes à choisir son coup, aux échecs. Cinq était sa limite, son garde-fou. Aussi aurait-elle voulu répondre oui, j’aurais pu à son professeur ; mais elle avait trop attendu, était restée dans le silence et l’indécision — un peu plus et il l’avait dépassée.

Tirade intime.

Roide — elle ne savait vraiment comment réagir. Devait-elle s’apitoyer et compatir ? Etrangement le tout la rendait assez indifférente. Emerald parlait peu de soi — quoique jamais. Aussi toujours accroupie la blonde préfète ne put s’empêcher de se laisser gagner par l’aise et la sympathie ; de celles mystérieuses et irritantes dans leur silence. Un sourire étira ses lèvres rougies par le froid et des commissures brûlantes de simplicité virent s’ajouter à la danse. Dans ses yeux, la malice était ; sereine et mesurée.

« Je me souviens — ce n’est pas quelque chose que l’on peut oublier. » Et elle n’aurait pas supporté — quoique prendre l’apparence d’une gamine d’une dizaine d’années ne l’aurait pas dérangée. Mais rester dans sa forme ; la sienne, l’actuelle — jamais elle n’aurait pu.

Rester piégée ainsi, en pleine mutation — gardant des traits de jeune femme en transition, sans jamais en être une pleinement. Scellée dans un entre deux, dans un entre rien. N’être qu’un bout de quelque chose ; qu’un reste de soi-même, qu’un résidu de présent futur et passé mêlés. « Vous ne resterez pas toujours ainsi, vous savez. » Et justement, qu’en savait-elle ; à parler ainsi, comme une empotée. A conserver son esquisse rosée ; à regarder ailleurs, à le fixer de moitié. Elise n’était pas une mère ni une savante — encore moins une devin. Et pourtant, cela lui avait semblé naturel ; de l’ajouter, de l’annoncer. Le roi des serpentards n’avait pas besoin d’être rassuré, elle le savait bien — et pourtant.

Un sifflement se fit entendre, musical et fin — le ton avait été bas, la note hautement placée et en quelques secondes tout s’était achevé. Aussi Elise n’avait pu s’empêcher d’élargir sourire et de montrer pan de dents quand son hulotte s’était approchée, venant se poser sur son poignet — l’animal était ridiculement petit, en comparaison de celui d’Emerald. Aussi finit-elle par laisser ses fesses toucher terre, genoux relevés — et pendant qu’elle donnait un bout de chair à sa chouette ; elle ajouta : « L’important est de ne pas se perdre soi-même, j’imagine. »

Quand on était réduit au statisme physique, que devenait le reste ? Etes-vous toujours le même ? Aurait-elle voulu le poignarder avec violence. Bien sur que non. Les hommes changeaient, aussi se demandait-elle si ils ne mutaient pas pour mieux s'incarner eux-mêmes.

Quel visage aurait le gamin à ses côtés si son intérieur ressortait à son travers ? Quelle silhouette aborderait-il ? Et elle; que serait-elle, qu'en serait-elle ? Et elle se sentait tout d'un coup épuisée, l'Elise; abattue par des forces invisibles.

A trop penser l’on finissait souvent pas macérer.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Clignement d’yeux, paupières qui se replient sur elles-mêmes ; lassées, fatiguées. Un peu plus et elle en aurait pleuré — de ce vide énorme la plongeant dans des choses qu'elle n'était pas; dans des rebords lui étant inconnus et lui consumant d'un bond conscience et sureté d'existence.
Elise était, Elise n'était — sans les autres, qu'étions-nous ?

Nous n'étions plus, justement.
— Elle ne demandait qu'un regard, qu'un sourire et qu'une main sur sa peau. Elise ne demandait qu'un peu de chaleur.
Un retour — une surprise.

La confiance.
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Viridus Emerald
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Jeu 29 Jan - 22:57
Viridus scrutait son élève alors qu'elle parlait, ignorant ce rire qui aurait pu être un manque de respect mais pas tout à fait. Elle se souvenait ; il ne savait pas si c'était particulièrement flatteur ou particulièrement inquiétant... Ou juste normal. Il avait autrefois eu un drôle d'équilibre entre la lucidité et la vanité. Distinguer l'un de l'autre lorsque l'on se sert de sa beauté comme une arme n'est pas toujours simple, après tout. Il continuait, d'ailleurs, mais il n'y avait pas de fierté à sourire comme l'enfant qu'il n'était pas pour voir fondre comme neige au soleil la méfiance des gens. Le jeu avait perdu une bonne partie de son attrait. Viridus adulte était beaucoup plus agréable grâce à ce goût pour la manipulation. L'enfant choisissait plus soigneusement ses moments pour faire semblant d'être autre chose qu'aigri. Là où le charisme suffisait avant, la froideur devait suppléer, histoire de maintenir une autorité devenue fragile.

Il se demandait pourquoi elle se rappelait, ce qui avait créé le souvenir. Il avait beau avoir un caractère infect, c'est toujours déstabilisant de constater qu'on a marqué la mémoire de quelqu'un, il ne faisait pas exception. La seule chose dérangeante, c'était de constater qu'il pensait à lui-même au passé. Il eut un petit rire sans joie.

"Je suis flatté que vous vous souveniez. Vous étiez jeune. Je pense que la plupart des gens se sont habitués à cette forme-ci, je pense que je pourrais presque passer inaperçu en tant qu'adulte. On verra ce que ça donne."

On aurait dit qu'Elise essayait de le rassurer, et il ne savait pas quoi faire de ça. Elle n'aurait pas pu oublier, il ne resterait pas toujours comme ça. Il n'avait pas besoin de sa pitié, et serra imperceptiblement les dents pour ne pas le lui expliquer directement. Il ne voulait pas se lancer là dedans. Néanmoins, la jeune femme ne semblait pas voir le problème, le ton léger plutôt que compatissant. Il la regarda sans rien dire, sa curiosité prenant le pas sur la vexation. Elle avait l'air perdue sur une autre planète, d'une lenteur dont il aurait aimé savoir si elle tenait du vide ou du chemin que les mots devaient parcourir entre trop d'idées pour s'exprimer. De l'intelligence qu'il avait perçue sur les nombreuses copies corrigées, il pouvait déduire qu'il s'agissait du deuxième cas, sans plus de certitude.

Elle parla encore, et il ne put retenir un claquement de langue frustré, presque inaudible. Sa dernière phrase lui offrait pratiquement une des entrées du château de cartes. Il pourrait essayer de l'influencer, d'appuyer sur cette considération si peu courante qu'elle devait exprimer quelque chose de profond, juste pour voir ce qui en ressortait. Très tentant. Mais il ne pouvait pas vraiment. Il avait posé des barrières, il y avait des raisons.

Il finit enfin par reprendre la parole, avec calme et une certaine fatigue de toutes ces réflexions. Il ne parvenait décidément pas à être sage ; il aurait dû rompre la conversation avant même de l'entamer, il ne savait pas ce qui lui avait pris. Ou peut-être que si. Elle le rendait curieux, réveillant le pire de ses défauts.

"J'imagine que vous connaissez l'histoire, comme tout le monde ou presque. Question changement, le moins qu'on puisse dire, c'est que j'en sortirai grandi."

Le trait d'humour était plus malicieux qu'amer ; après cinq ans, il valait mieux en rire. Viridus s'étira, étrangement gracieux malgré son corps d'enfant. Lorsqu'il ne faisait pas attention, ses mouvements trahissaient son âge.

"Est-ce que vous me trouvez détestable, Miss ?"

La question était posée avec une légèreté que lui-même trouvait surprenante, surtout que c'était sorti tout seul, en contradiction totale avec la distance nécessaire, déjà évoquée plusieurs fois. Peut-être que ce lieu était ensorcelé pour faire ressortir ce qu'on ne voulait pas dire, en plus d'être froid et sale. Néanmoins... Viridus n'avait toujours pas envie de tourner les talons. Il se savait sujet aux opinions de son entourage, souvent très tranchées, et il avait envie d'entendre tourner les rouages de cet esprit apparemment complexe, à défaut de s'autoriser à y glisser un grain de sable.
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Elise B. Dickney
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Dim 1 Fév - 17:57
« Et elle était énervée, et elle était trahie — et elle était, Elise ; l’Elise.
Elle ne savait pas, aimait dire qu’elle ne savait rien. Elise ne voulait pas savoir alors qu’en son fort intérieur elle savait très bien. Les larmes dégoulinaient en elle comme certaines dévastaient les joues des autres. Et c’était douloureux, presque tragique — elle n’y pouvait rien, s’était perdue dans ses choix ; voulait sans vouloir, désirait sans agir. Aussi frôlait-elle la déception, aussi parlait-elle, aussi mouvait-elle, parfois. Aussi espérait-elle, aussi voulait-elle ; agissait-elle.
Se fracturait le cœur et se brisait les ailes.

Elise voulait crier, Elise voulait pleurer. Elise voulait être laide, belle ; elle voulait être quelque chose de fort, que ce soit dans la faiblesse comme dans tout autre chose. Elise voulait se faire voir, se faire entendre — et pourtant dans un creux poussiéreux de son être elle désirait l’invisibilité. Pour ne plus avoir à subir les pressions, les regards et les attentes. Pour ne plus souffrir, pour ne plus chercher la compréhension, pour ne plus avoir à parler — pour ne plus avoir à se soucier d’exister. Elise n’aimait ni la trahison, ni le rejet — Elise n’aimait pas et subissait. Aussi voulait-elle tout jeter, tout balancer. Et elle était en colère, en colère de son impuissance, en colère de voir le temps filer sans elle ; de voir les gens l’oublier comme si elle n’était autre que grain de poussière, alors qu’elle ; qu'elle se souvenait — alors qu’elle, qu’elle continuait, oui. A imaginer, à penser ; à vivre et à aimer.

Elle en avait marre l’Elise, et elle voulait hurler — voulait sentir des flots brulant parcourir ses joues. Car elle se sentait humiliée, car elle se sentait de plus en plus incomprise ; car chaque espoir finissait ensevelit par des briques et des briques de noir. De désespoir. Car à chaque pas un obstacle plus haut se formait, car à chaque mouvement le vent tout contre elle se renforçait, rugissait. Car ses mots finissaient perdus dans le néant ; car ceux qu’elle écoutait ne voulaient pas l’écouter. Fausse réciprocité.

Et c’était laid — elle le savait. Ces blessures, ces plaies de toutes parts dans son corps. Ces douleurs dans son dos, ces rancœurs noyées ; ces tentatives d’énervement réduites au silence. C’était laid, que de se montrer ; c’était laid, que de refuser ce que l’on proposait. Laid de craquer. Elise n’avait jamais, jamais eu droit au débordement. Dans les gestes de sa mère elle avait senti les attentes l’envelopper puis l’engloutir toute entière. Aussi n’avait-elle rien dit, aussi avait-elle souri — et dans chacune de ses esquisses tout était parti de travers. Elise était bancale, oscillant entre ce qu’elle était, ce qu’elle aurait voulu être ; ce qu’elle voulait être et ce que l’on voulait qu’elle soit. Elise était tout, Elise était les attentes ; Elise était le rien par excellence. Elise se savait puis s’ignorait, Elise se levait, marchait — se pensait courir, se sentait courir.

Et puis le néant.
La chute, l’herbe coupée sous les pieds.

Plus le bonheur était grand, plus la désillusion était pénible ; disait-on. Elise le savait bien. Elle avait mal, avait si mal qu’elle se sentait comme ces animaux à peine né — comme ces aveugles encore trempés se tordant vers une simple impression de lumière. Et elle était là, noyée et débordée par des émotions qui dévalaient en son être par milliers. Et elle était là, à tendre une main hésitante vers la chaleur, à espérer dans ses draps l’où personne n’irait la chercher ; dans les recoins fermés de son esprit, elle était là oui — à chercher quelqu’un. A chercher quelque chose. L’épanouissement, la reconnaissance — juste un pan de confiance et d’attention.

Rire — absurdités.  
La blonde redressa minois, un sourire tranchant ses lèvres rosies ; les craquelant sans plus de cérémonies. Elle était calme, sereine, riait de ses propres songes — il n’était jamais bon de trop penser. Après tout Elise aimait, aimait la vie et le monde ; les sorciers et la magie. Pourdlard était une maison comme d’autres paveraient sa vie — ses rires n’y étaient jamais forcés. A quoi bon désespérer — à quoi bon se prétendre noire ou blanche, quand il existait le gris ; parfois noyé d’ombres, au tantôt trempé de tièdes tendresses. Haussement d’épaule, ses iris dérivèrent tout contre les pierres usées de la volière alors qu’elle écoutait son professeur parler. « Vous vous sous-estimez. » Aussi était-elle restée statique. Les paroles d’Emerald lui disaient tout et pourtant si peu — tel le vide s’ouvrant face à vous sans pour autant vous montrer sa profondeur. Et dans un sens elle avait envie de se lever, de le quitter ; là, au beau milieu d’une de ses tirades, d’une de ses intimités. Alors pourquoi, pourquoi restait-elle là ; sans bouger ni même ciller ? Elle n’était qu’une gamine, après tout. La majorité ne lui avait rien apporté, hormis son permis de transplanage et son droit d’user magie à volonté. Et puis, que savait-elle ? Juste des mots et des formules, juste des dictons et des leçons. Et qui était-elle, qui était-elle oui pour lui jeter de telles absurdités ? Soupir profond. « Et puis, qui ne se brûle pas les doigts une fois dans sa vie. » Que ce soit vis à vis d’une femme ou d’autre chose — tous y passaient. Et elle s’y retrouvait, Elise, à lui balancer des paroles sonnant comme des pardons. Aussi ne s’en souciait-elle vraiment, ses moues désabusées tranchant toute impression — qu’il ne s’y méprenne pas, elle n’en avait rien à faire. Qu’avait-il de pathétique, après tout ? Qu’avait-il à prendre en pitié ? Elle avait beau regarder, dévisager et scruter ; elle ne voyait rien à pleurer. Tout était propice à la moquerie, au contraire. Emerald savait beaucoup, mais au final ne comprenait plus grand chose. Il n’avait sans doute jamais aimé et son obstination lui avait déjà coûté dans les environs de cinq années d’existence. L’enfant se rend compte que ses brûlures sont passées le jour ou soudainement il arrête d’y penser — alors, il ne suffit plus que de réaliser le fait ; celui tout grand et tout puissant. Peut-être était-ce aussi son cas ; à lui — lui piégé. Peut-être ne lui restait-il qu’à lâcher prise, qu’à trouver autre chose, qu’à laisser passer — alors, alors peut-être réaliserait-il l’énormité. Peut-être se rendrait-il compte qu’il n’y mettait plus autant d’importance ; alors sans doute oui sans doute que tout s’arrêtait. Que d’une demande et d’un supplice tout serait passé, oui — un soupir et il serait, enfin ; celui qu’il avait toujours été. Dans sa tête, du moins. Le grand, fort et charismatique Viridus Emerald. « Avez-vous tendance de parler de vous au passé ? » Et ca lui était sorti tout seul ; en continuité avec son air perdu reprenant conscience de l’existence du monde extérieur, et de son locuteur, en somme. Entre autre.

Sourire.
Plus rouge que rose, cette fois-ci ; le froid brûlant et fissurant ses lèvres, entaillant ses commissures. Dites-moi. Ou qu’il ne lui dise pas, ou qu’il s’en aille — elle ne savait pas.
Ne s’en préoccupait pas.
Etait juste venue là.
Exister.
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Viridus Emerald
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Sam 7 Fév - 21:14
Parmi toutes les réponses qu'il aurait pu recevoir, il avait envisagé quelque chose de ce genre. Un renvoi dans une certaine normalité, ou du moins une tentative ; certes, il exagérait peut-être. Il n'était sans doute pas le monstre qu'il s'appliquait à faire ressortir. Pour être tranquille, pour honorer son père ou pour ne pas admettre qu'il avait tort, les raisons ne manquaient pas, mais les raisons ne comptaient pas vraiment non plus. Les gens avaient généralement bien trop peur pour essayer d'appuyer sur ses failles à lui. D'ailleurs, il fallait commencer par les trouver.

Ce n'était ni dans son attitude, ni dans son apparence ; il y avait peu de choses susceptibles de le désarçonner. On pouvait se rendre compte qu'il était incohérent – tolérant pour tout ce qu'on ne lui avait pas formellement interdit de tolérer, suffisamment intelligent pour comprendre la nature humaine et une bonne partie de la magie, mais pas assez pour avoir l'esprit ouvert... C'était de l'obstination, bien entendu, il se savait en tort, mais s'enfonçait si loin dans la mauvaise foi qu'il n'en sortirait sans doute jamais complètement. On pouvait nier complètement le charisme qu'il savait avoir, comme peu de gens y parvenaient – c'était toujours déstabilisant, mais c'était peut-être les gens qu'il laissait le plus souvent approcher, puisqu'ils étaient assez fins que pour ne pas s'être laissés impressionner.

La plupart des gens qui s'essayaient à la dissection mentale sur lui n'arrivaient pas à grand chose, il était trop joueur, et il y avait trop d'aspérités en évidence pour qu'on remarque ce qui était susceptible de le toucher vraiment. Il ne déclenchait en somme que des réactions violentes. C'était tant mieux, l'indifférence le rendait malade. Il semblait cependant que la jeune fille en face de lui était plus subtile que la moyenne. Il s'accroupit, bras croisés sur les genoux, se mettant au niveau de ce sourire un peu fou, un peu froid, pour répondre sans plus de chaleur.

« Quel sens de l'observation... étonnant. »

Il ne pouvait pas nier que ça lui plaisait. Qu'elle aurait pu avoir une place à Serpentard. Ce n'était pas tous les jours que cette pensée lui venait, puisqu'il aurait plutôt eu tendance à rêvasser sur comment vider la maison de ceux qui ne lui convenaient pas. Même si, au final, il s'occupait de chacun de ses élèves, sans exception, à sa manière un peu tordue, il n'était pas généreux sur les invitations.

« Il y a des erreurs qu'il ne vous appartient pas de pardonner, malheureusement. Mais votre avis me fait chaud au coeur, vraiment. »

Le rictus qu'il arborait soulignait l'ironie dans sa voix, un ton franchement déplacé dans la bouche d'un enfant. Malgré tout, c'était sans doute la première fois qu'il se rendait compte qu'il n'était ni considéré comme le dernier des salauds, ni comme une pauvre petite chose digne de pitié. Peut-être qu'Elise se souvenait vraiment. Peut-être qu'elle se rendait compte de ce qu'il n'osait envisager, si elle le lisait si facilement.

Et c'était encore plus drôle, d'une manière tordue. Elle venait de lui annoncer haut et clair qu'il devait faire attention à ce qu'il disait, à la manière dont il agissait, car elle n'était pas naïve. Peut-être pas assez naïve, d'ailleurs, pour... quoi ? Dix-huit ans, sans doute ? Il eut un soupir amusé, et secoua la tête.

« Vous êtes étrange. »

Ce n'était pas insultant, même si ç'aurait pu l'être, c'était juste un constat. L'idée sortait un peu de nulle part, mais c'était continuer à parler pour ne pas répondre à la question, même si quelque part, la réponse était déjà là. L'omission était en soi un aveu, et la question n'était de toutes façons pas vraiment importante à ses yeux. Ce qui comptait, c'était cette impression de découvrir quelque chose de nouveau.

« Vous devriez faire attention à ce que vous dites, dans tous les cas. Et vous rappeler à qui vous parlez. »

Le ton était plus amusé que méchant, plus curieux que sévère. Presque un conseil sincère, à appliquer avec le reste du monde, comme s'il était obligé de le dire dans un sursaut de conscience, comme si elle n'était vraiment, vraiment pas obligée d'en tenir compte.
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Elise B. Dickney
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Sam 14 Fév - 21:48
« Il y avait ces choses inavouées, ces démons qui ne voulaient pas nous quitter. Il y avait la peur — celle incapable de nous laisser. Il y avait cette crainte oui ; celle de se retrouver derrière — celle de se voir abandonner. Il y avait ces encore et toujours, ces désespoirs amers et rancœurs rouillées. Il y avait tant, oui ; tant de choses capables de faire mal. Tant de choses pouvant faire plier genoux, fracasser âme et briser cœur. Il y avait tout, il n’y avait rien — juste un paquet de sentiments à moitié délavés. Il n’y avait jamais assez, il y avait toujours trop — on ne savait jamais vraiment. Elise ne voulait savoir, en tout cas ; même si elle savait déjà.

Et ça faisait mal, d’être ici ; seule à comprendre. Et ça faisait mal, de vouloir s’accrocher ; d’aimer et de continuer. C’était douloureux, oui ; de croire, d’espérer et de désirer. Aussi ne savait-elle pas ; aussi hésitait-elle. Aussi oscillait-elle — fallait-il hurler ou bien garder silence ? Fallait-il hausser le ton dans l’espoir de faire sortir toutes ces monstruosités, ou l’enrouler dans une froide délicatesse pour mieux les étaler ? « Vous savez — » Rire. Elle était là, Elise, l’Elise. Elle était là, oui ; à hésiter et à se laisser trainer. Ses jambes repliées contre elles, elle était là oui ; à vagabonder. Ce n’était pas qu’elle cherchait ses mots, elle les avait déjà — bien ancrés en elle. Ce n’était pas qu’elle tentait d’attirer l’attention, ce n’était rien de tout cela non — elle ne savait juste pas. Pourquoi elle était là, pourquoi elle restait là. Pourquoi elle écoutait son professeur, pourquoi elle ne le quittait pas. Elle ne savait pas, non ; pourquoi elle poursuivait. Pourquoi prenait-elle la peine ? Que cherchait-elle ? Aussi était-elle là ; oui — à soupirer, à rire et à se laisser aller. Son regard fondait et dégoulinait, glissant aléatoirement vers quelques formes grisées alors que ses lèvres pincées tanguaient entre rouge et rosé.

Elle se sentait lassée.
Lassée de tout cela — lassée de comprendre, lassée d’observer. Peut-être en avait-elle marre, d’écouter et de répondre. Peut-être en avait-elle assez, de parler ; d’exprimer et de raconter. Peut-être était-ce là tout le problème — peut-être était-ce pour cela que l’on ne la comprenait pas. Et c’était triste, et c’était là ; au dessus de tout — de ses forces et moyens. Aussi avait-elle voulu hurler, oui. Aussi avait-elle voulu combattre ; se débattre et pleurer. Elise avait tout voulu, Elise avait voulu un rien puis désiré des montagnes — elle avait tout essayé. Aussi s’était-elle demandée si la violence n’était pas la solution à sa souffrance. Elle s’était alors imaginée, là ; à courir et voler — à hurler et s’arracher de chaudes larmes, d’énormes sanglots. Et c’était sans doute un peu bête, peut-être un peu futile — oublierait-elle ? Ces songes et idées ? Elle ne savait pas — se disait juste qu’il était temps de laisser tomber. Au diable les mains tendues, se disait-elle — à jamais les sourires et les chaudes tendresses. Sans doute n’était-elle pas bonne pour cela ; peut-être le tout ne la réussissait-elle pas. Soupir.

Car c’était douloureux — telle une de ces agonies vous laissant étouffer pendant une éternité. « » Regard en coin,  remontant lentement. « » Elise avait du mal, oui — à parler ; tout d’un coup. Aussi remontait-elle de ses obsidiennes le gamin qui n’en était pas un ; aussi venait-elle plonger ses yeux dans les siens. Les siens à lui — sans doute une des seules choses qui à jamais ne saurait changer. Qu’avait-il à dire ? Soupir. Encore. Infime. Lèvres entrouvertes, arrêt ; puis mouvement. Mains venant frapper cuisses, épousseter le tout — blonde qui se redresse, ses cheveux basculant en avant ; écrasant le vide et parcourant son buste — à elle. Elle Elise. « Au final, à qui ai-je affaire ? » Sourire — plus présent qu’absent, plus éthéré que véritablement formé. Et elle le dévisage, la blonde — à moitié redressée, son coulis doré dévorant son visage, obstruant partiellement son champ de vision. N’était-il pas plus que l’ombre de lui-même ? « Vous êtes étrange, monsieur. »

Et c’était ça. Et c’était juste — [et] que cherchait-il ? La compréhension ? Une distraction ? Qu’on ne la fasse pas rire — Elise en avait juste marre. Elise en avait juste assez, oui : de comprendre. De saisir. De dessiner les courbes effacées et de retracer ce que les autres ne voulaient pas entendre. Ce que les autres n’arrivaient eux-mêmes à comprendre. Pourquoi était-ce elle parmi les autres ? Aussi repensait-elle, oui ; repensait-elle à Adel et à tous les autres. Repensait-elle à ses échecs et ses attentes, à ses réussites et abandons. Aussi se souvenait-elle ; oui. De tout ce qu’elle aurait sans doute aimé oublié — de ce qu’elle n’arrivait cependant à outrepasser. Egoïsme ? Ego ? Egocentrisme ? Sans doute un peu de tout ; qu’on la juge et qu’on la balance dans le tas des autres, dans le tas des tous. Qu’on la classe comme banale et déchiffrable, comme inintéressante ou juste un peu trop insolente. N’attendait-elle pas cela ? Sourire entaché de tristesse ; moue peiné — que pouvait-elle bien leur donner. De plus, de moins ? Haussement d’épaules — la blonde songeait juste à s’en aller.

« Que reste-t-il de vous — » Emerald. Monsieur. Viridus. Directeur ou tout ce que vous voulez — il ne s’agissait que de titre. A qui s’adressait-elle ; oui ? A quoi devait-elle faire attention ? Son caractère ? Ses nombreuses irascibilités ? Certes. Sans doute avait-elle juste trop parlé. Elle à moitié ici à moitié ailleurs, à comprendre et à creuser ; à se mentir et à s’enfouir. Elle disait vouloir arrêter mais poursuivait et aimait. Après tout, n’était-ce pas ce qui la définissait ? Insaisissable — inaccessible. Et ça la faisait bien rire; tous ces mots.

Ils ne la dérangeaient plus vraiment, après toutes ces années.
Sourire — rire avorté ; dos droit et cheveux posés.
« Peut-être devrais-je vous laisser. »
Elle avait envie de le toucher — puis de s’en aller.
Comme toute brise, comme tout vent.
En simple courant.
Elise.
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Viridus Emerald
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Lun 23 Fév - 17:31
Viridus observait. Elle retournait ce qu'il disait, et il ne parvenait pas à déterminer si ça lui plaisait ou si ça l'irritait ; aperçu d'un esprit tortueux, ou simple gamine insolente ? Difficile à dire. Il se contentait de regarder, d'écouter, roulé en boule, le menton sur ses bras croisés.

Lorsqu'elle eut fini, il sourit, de ce sourire doux qui atteignait ses yeux sans les faire briller comme s'il avait été un vrai enfant. Il était entre deux âges et, lorsqu'il n'utilisait pas cette dualité à son avantage, ça se voyait fort dans le mélange de mimiques et d'attitudes qu'il utilisait, tantôt très adulte, tantôt adorable chaton. Encore cinq ans comme ça et il se comporterait peut-être complètement comme un bambin.

"Peut-être devriez-vous, oui."

C'était dit pensivement, aucun ordre sous-jacent. Elle voulait s'enfuir, et il se demandait s'il devait la pousser à partir ou la garder là par pure curiosité. Un jour, peut-être, Viridus comprendrait que les gens en général n'étaient pas des pions à son entière disposition.

"... Ceci dit."

Bien trop absorbé dans sa réflexion quant à savoir quoi faire d'Elise, comme si elle avait officiellement rejoint son coffre à jouets personnel, il avait presque oublié de parler. Les mots avaient résonné comme les pas d'une danse compliquée, un retour brusque à la proximité ; ce n'était pas l'attitude la plus sage, et de loin.

Viridus secoua la tête, atterré. Elle voulait partir, et elle était fragile, ou du moins il la voyait comme telle. Il essaya d'envisager un autre angle. La plupart de ses étudiants n'auraient pas été aussi calmes en sa présence, et elle avait l'air d'attendre quelque chose. De quoi avait-elle besoin ?

Ce n'était en rien une question altruiste, juste l'analyse des possibilités qui pourraient la mener à parler encore, à le laisser essayer de comprendre. Il finit par prendre une décision.

"Si un jour vous cherchez un endroit calme pour étudier, mon bureau vous est ouvert."

Il se redressa, lissant mécaniquement le tissu de son pantalon. Il ne pouvait pas faire mieux, à son avis, qu'une main tendue. C'était une proposition sans en être une, désintéressée, non-invasive. Il lui donnait emprise sur sa curiosité, tout en l'alimentant par ce même geste ; il attendrait de voir si elle saisissait l'occasion ou s'il se trompait sur son compte. Viridus était patient.

Sans un mot de plus, il se dirigea vers la sortie.
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