Le temps passe, le monde s’écoule, découle, loin, dans les abysses du jour, l’année décède, puis c’est nouveau, de l’an éclatant qui se présente maintenant lors du solstice du renaissant. Fin d’un cycle, fin d’une vie, fin d’un sourire, du chemin des larmes, c’est la main ballante qu’on dit au revoir. Alors le tyran svelte perché sur des talons aux arabesques d’or se plante dans un coin de la grande salle, déhanchement provocateur, avec ses orbes de jade elle détail l’atmosphère, elle juge les sourires, les rides, les fossettes. Elle attend. Elle a l’air sérieuse, elle a l’air calculatrice, elle en a tout l’air. L’air de tout. L’air de rien. L’ère maintenant. L’ère passée. Subtile façade, mais au fond elle cache toute autre chose. Rigide tableau au cadre beau, les traits qui la dessinent vraiment sont mollesse excitation. Jeu du poignet, délicate fourberie. Un rictus malin se peignant sur ses lèvres d’un rouge éclatant, elle s’avance le regard bordé de noir et de danses d’or à la vu du jeune homme blond, proie de ses envies, secret scellé et torturant. Sa taille se tortillant dans une démarche sûr, les breloques dans ses cheveux bruns tintent et scintillent sous l’assaut des jais lumineux des chandelles, les chaînes jaunes léchant de temps en temps le coin de sa mâchoire blanche. C’est l’empire de Chine dans un habit de satin vert serré dans un dragon d’or qui part à la guerre.

▬ J’ai failli attendre Varrene…, Lance-t-elle les mains sur les hanches, le sourcil haussé, posture impériale, Alors tu portes ma main… en bon gentleman que tu dois être.

Légère moquerie, presque obscène claquant sur la langue rose de mademoiselle. Le regard pétillant, le sourire se crayonnant en une mince esquisse, elle fait sa petite princesse, une main gracile se portant, attendant un support.

▬ Bon au portoloin, il parait que le Bday se passe dans la célèbre chambre des secrets ! C’est excitant !

La curiosité féminine se contient mal, mademoiselle essaye de contenir son excitation, mais ce sourire enfantin, envieuse d’aventure trahit sa condition de faible humaine.

C'est un claquement humide qui caresse prestement les tympans de la demoiselle, vacillante sur ses trop hauts talons de femme mûre, ses mains s'agrippent au bras finement fait de son cavalier, où un sourire qu'elle ne comprend ▬ qu'elle ne comprendra sûrement jamais, est dessiné, un peu grossier à ses yeux. La demoiselle impériale habillée de son pays, a grommelé, un peu vexée aux dire de ce jeune homme, mais n'a pas réagi, préférant l'intelligence pour une fois du silence, car oui, oui, aujourd'hui est un jour spécial.

Les yeux découvrant quelque chose de bien nouveau, de grandiose, le bruit se fracassant dans le creux de ses oreilles, elle se redresse en reprenant sa forme de princesse bien tenue, les yeux pétillant de quelque chose de nouveau. Pas de curiosité ou d'excitation, mais quelque chose de plus fort.

▬ Bon très cher il serait de convention, de marcher n'est-il pas ? Ou lieu de rester là à ne rien faire. Nous ne sommes pas fait de marbre ! ... pas comme certains...

Les yeux de la chinoise se sont posés sur un couple non loin d'eux, une fille toute de blancheur et fade, avec un garçon qui est son opposé. Les manières discrètes ne sont pas ce qui la caractérise et c'est sans gêne qu'elle les toise, avant de s'en désintéresser et d'accorder un grand sourire à sa proie ▬ son cavalier.

▬ Et j'ai une idée... Allons explorer les galeries ! Peut-être que l'on n'aura pas une nouvelle occasion comme celle-ci !

La main gracile à la finesse élégante se détache du bras pour enlacer les doigts de l'autre dans une étreinte pressante et désinvolte tout à fait innocente, tirant son sujet d'étude favori dans... l'inconnu.

Seuls.