"Moi je reste moi".
Louis fut étonné d'entendre ces mots. Il s'arrêta de sangloter un moment, puis reprit de plus belle. C'était vraiment injuste. Ses précédentes pensées se confortaient : Gertrude n'avait jamais de problèmes, elle. Il pouvait arriver n'importe quoi, elle prenait la situation du bon côté. Louis n'arrivait pas à faire ça. Il ne voyait aucun bon côté dans la magie, ni dans cette école. Il ne voulait pas les voir. Il voulait juste rentrer chez lui.

- Mais toi tu peux pas comprendre ! T'es née magique ! C'est normal pour toi tous ces trucs dangereux et bizarres. Moi ma vie était normale puis la magie est arrivée et a tout fichu en l'air ! Moi je suis pas moi parce que je suis pas sorcier, je le suis pas et on veut que j'en sois un alors que je veux pas.

Il renifla bruyamment. Sa voix toute fluette l'énervait. Ses poignets tous fins l'énervaient. Tout l'énervait. Il avait envie de crier très fort, de faire sa malle et de fuguer du château pour rentrer chez lui.
Dans son malheur, il entendit à peine Gertrude prononcer les mots magiques. Louis, en bon moldu, avait souvent regardé les films de Disney lorsqu'il était petit, et connaissait la plupart des chansons par coeur. Pourtant, il s'écoula plusieurs longues minutes avant que l'information n'atteigne son cerveau.

- Hakuna Matata... ? Il leva des yeux humides vers le vampire, renifla, puis esquissa un très vague sourire tremblant. Tu connais le roi lion ? Dis tu préfères Simba ou Kovu ? Tu trouves pas que Scar a la meilleure chanson ?

Mais Gertrude, comme à son habitude, se laissait porter par le fil de ses pensées et était déjà bien loin de l'expression qu'elle avait formulée. Elle voulait encore danser. Louis grimaça. Pitié, pas ça. Avec cette horrible robe, en plus, ça allait être encore pire.

- Mais je sais pas danser, tu l'as vu, je vais encore être ridicule et... Mais non ! Ta compagnie est très bien c'est pas la question !

L'enfant rougit ; ce n'était vraiment pas Gertrude, le problème. C'était une gentille fille, vraiment. Le véritable soucis, c'était l'environnement dans lequel ils était. Ce château puait la magie à l'en rendre malade.
Vraiment.

Gertrude l'écouta en se frottant le menton. Elle n'était pas certaine de comprendre parfaitement Louis. Mais elle avait bien écouté Monsieur le tableau et avait tout de même retenu plein de choses pas forcément super utiles mais qui désormais lui permettait de remplir entièrement les mots fléchés sorciers.

- Mais on ne devient pas sorcier, on né comme ça nan ? Parce que sinon tout le monde serait un sorcier. Je crois.

Elle était même quasi certaine, mais le quasi n'était pas plein. Alors il fallait toujours dire « je crois ». En tout cas, quoi qu'elle ait dit, ce fut suffisant pour calmer la jeune demoiselle en face d'elle aussi virile qu'une loutre qui semblait un peu plus rassérénée. C'était bien. Le petit sourire qu'il lui adressa fut un énorme bisou sur le morale de Gertrude qui était touché par les grosses larmes qu'il avait versé. Mais porté par ses pieds, se fut a peine si elle l'entendit prononcer ses questions.

Je me souviens plus bien des noms. Parce que je suis allée qu'une seule fois devant un tépé. Moi j'ai aimé toutes les chansons, j'ai même chanté même si je connaissais pas les paroles.

Gertrude dansait et dansait fort bien. Lorsqu'elle s'arrêtait c'est que c'était très important. Et la question qu'elle lui posa était très importante. Elle ne savait juste pas trop pourquoi c'était si important mais ça l'était. Elle fut vraiment très rassurée quand il affirma qu'elle n'était pas le problème. Mais elle ne comprenait pas pourquoi elle ne pouvait pas être la question. Elle aimait bien être la question. Et elle était une question si elle voulait !
Fronçant les sourcils elle se mit a réfléchir. Longtemps. Et quand enfin elle sut ce qu'elle allait faire, elle sût que c'était la meilleure décision de la terre. Elle avait vu ça quelque part dans un livre, il semblait de son devoir de fhomme d'agir ainsi.

Gertrude se laissa tomber, un genoux a terre, attrapant dans le même mouvement les douces mains de Louis. Plantant ses yeux verts dans ceux de Louis, elle prit sa voix la plus grave pour s'exprimer.

- Mais Louis. Si tu n'es pas heureux d'être ce que tu es et d'être ici. On n'aurait jamais discuté ensemble. Et tu m'aurais jamais fais ma robe. Et moi je n'aurais jamais dansé avec toi. Ça en vaut pas la peine ?

Toujours un genoux au sol, ses mains emprisonnées entre ses longs doigts fins et blancs de vampires, Gertrude appliquait toutes les règles a la lettre. Ne pas cligner des yeux, se tenir droit, et mettre toutes les étoiles possible dans ses yeux. Parce que ce soir, elle ne pouvait pas être la princesse. Et que Louis en était une vrai avec des larmes aux yeux et tout, il était de son devoir de les sécher. Et elle trouvait quand même qu'elle faisait un prince assez convainquant. Un prince avec un super pantalon noir et une magnifique veste blanche avec des cerises.
D'un grand sourire de désarmement massif, trudy porta les petites mains pales a sa bouche et y déposa un gentil baiser tout doux.

Louis avait gonflé les joues, prêt à répondre avec conviction à Gertrude qu'on ne pouvait pas être né sorcier, puisque ses deux parents étaient les gens les plus normaux et les plus gentils du monde, et que de toute façon, les sorciers, qu'est-ce que ça y connaissait à la génétique, le tout de sa voix fluette de petite fille, lorsque la demi-vampire vêtue de la plus belle chemise à motifs de Poudlard... s'agenouilla devant lui.
Et lui posa des questions gênantes.
Et lui fit un baise-main.

Le petit Serpentard rougit furieusement ; ce qui, sur un visage de fillette, était déjà un peu plus mignon que sur celui d'un garçon bougon. Complètement désemparé, il ne sut pas vraiment si il devait retirer sa main, hurler, remercier Gertrude de sa gentillesse, rappeler qu'il était un garçon, pleurer dans un coin ou s'échapper de cet asile de fou.
Comme son cerveau n'arrivait décemment pas à traiter toutes ces informations et à s'arrêter sur un choix, il changea complètement de sujet.

- Il faudra qu'on regarde le Rio Loin ensemble alors un jour.

Prononcer ces quelques mots simples permirent à son esprit de prendre le temps d'effectuer des décisions et Louis arracha gentiment mais fermement sa main à celle de Gertude, et il recula de quelques pas, gêné par ces horribles chaussures dignes de celles que portaient sa petite soeur lorsqu'elle avait huit ans. Immondes.

- On aurait pu aussi faire tout ça si t'étais née normal, que j'étais resté normal et que si c'était une école normale. La magie apporte rien de bon là-dedans. Même si c'est toi, tu pourras dire tout ce que tu veux, j'aimerais jamais ça, la magie. Jamais.

Louis était un enfant têtu ; même soumis à une potion stupide, même enfermé dans des cachots humides, même devant une fille aux ascendances vampires douteuses.

Louis était fatigué, il en avait marre de cette soirée, et il voulait retrouver son apparence normale. Il jeta un oeil au portoloin qui ramenaient les élèves à la Grande Salle, mais n'osa pas s'en approcher.
Il n'avait vraiment, vraiment aucune envie de revivre cette désagréable expérience. Et pas très envie de blesser Gertrude non plus.

Elle était si confiante, si certaine qu'elle allait le faire sourire et qu'après ils iraient de nouveau danser. Elle était rayonnante lorsqu'il lui proposa de regarder le roi lion ensemble. Elle l'était beaucoup moins quand il s'éloigna et lui expliqua sa vision des choses.
Chaque mots furent comme une piqûre de moustique sur son cœur. Sauf que ça donnait pas envie de gratter. Elle avait même un peu de mal a avaler sa salive, ce qui était quand même bizarre parce qu'elle n'avait jamais eu de soucis pour boire de l'eau.
Se relevant un peu chancelante, Gertrude fut surprise de voir que la salle se remplissait d'eau. Puis brusquement toute cette eau déborda sur la joue d'un vampire un peu trop maigre et un peu trop pâle qui était un peu trop triste pour une soirée aussi chic.
Écrasant de la paume de sa main une joue qui devenait aussi humide que la langue d'une sirène, Gertrude essaya du mieux qu'elle put de se racler la gorge pour retrouver un timbre clair. Mais c'était peine perdu. Et puis d'abord elle n'osait même plus regarder Louis dans les yeux.

Je suis normale. Et ma maman est normale. Et si tu n'e.. n'est pas d'accord alors je n.. ne veux pas regarder ton fi.. film avec toi.

Observant ses pieds comme si ses chaussures étaient une nouvelle sorte de plante vivace, la sorcière, essayait de maîtriser le tremblement de ses lèvres. Elle avait fais beaucoup d'efforts, elle aurait peut être dû rester dans sa chambre a manger des crêpes a la confiture. Au moins les crêpes a la confiture elles étaient contentes elles quand on les mangeait et en plus elles trouvaient tout le monde normal.

Redressant la tête après un effort presque insurmontable, la Poufsouffle, essuya de nouveau sa joue et prononça ses derniers mots avant de s'enfuir en direction du portoloin que Louis avait dévoré des yeux en lui disant tout ces trucs méchants.

- Même monsieur Em... Emerald est pas aussi méchant.

C'était vrai. Monsieur Emerald lui ba pour commencer c'était pas a lui qu'elle avait proposé d'aller à cette soirée. Et monsieur Emerald ne lui avait jamais fais comprendre lui qu'il aurait préféré qu'elle soit une sorcière plus normale. Lui il n'avait jamais rien caché de sa façon de penser a personne. Parce que monsieur Emerald lui au moins il refusait d'être son ami et que tout ce qu'il disait été pas très important.

Gertrude pleurait alors qu'elle n'avait presque jamais versé de larme de sa vie. Elle pleurait parce que sa normalité était pour elle une chose acquise tout comme son anormalité. Mais elle pleurait surtout parce que dans la bouche d'une certaine personne, elle s'était brusquement sentie comme elle n'aurait jamais dû se sentir. Comme une jeune fille honteuse.

Quand Louis vit les larmes perler au coin des yeux de Gertrude, il entra dans un état de panique sans précédent. Sans coeur manqua un battement, le rouge lui monta aux joues - le rouge de la honte, et non plus celui de la jolie gêne - et la culpabilité le frappa de plein fouet.
Désemparé, trop petit et trop bête pour savoir gérer ce genre de situation, il sentit lui aussi les larmes poindre le bout de leur nez. Sans réfléchir, il prit les deux grandes mains de la demi-vampire dans les siennes, puis s'écria d'une voix brisée par l'émotion :

- Pardon Gertrude ! C'est pas ce que je voulais dire. C'est pas dans le sens là. Ce qui est pas normal pour moi c'est la magie. Que tu sois vampire, marguerite, pokémon ou poulpe je m'en fiche tu sais. En fait je m'en fiche aussi que toi tu fasses de la magie parce que toi tu fais pas le mal avec mais trop de sorciers font n'importe quoi et font du mal autour d'eux et moi je supporte pas ça, je supporte pas cette magie là, moche, injuste, dangereuse...

Tout en parlant, Louis sentit franchement les larmes couler sur ses joues. Louis n'avait pas beaucoup d'amis. Il était un garçon bougon, colérique, buté et égoïste. Pourtant, il ne voulait pas blesser ses rares amis. Il était parfois un peu rude, mais envers eux, il n'avait pas de mauvaises pensées.

- Pardon Gertrude... pardon... Dis plus jamais que monsieur Emerald est moins méchant que moi, je dirais plus jamais que t'es pas normale... pardon...

Le jeune Serpentard sanglota très fort. Ses yeux étaient si humides qu'il n'y voyait plus grand-chose. Il lâcha les mains de la sorcière devant lui pour s'essuyer les yeux et se ressaisir un peu.

- On va faire un compromis. Je danserai avec toi quand tu m'auras appris, donc pas devant tout le monde. On peut faire ça après le club si tu veux. Et puis on parle plus jamais de magie tous les deux. Commença il y aura plus de problèmes. D'accord ?

Louis regarda Gertrude avec espoir. Après toutes ces mésaventures, il n'avait plus qu'une envie : aller se coucher.

Prête a s'en aller, en courant avec ses grandes jambes de garçon en pantalon, Gertrude fut pourtant retenue presque contre son grès par les mots qui fusèrent de la bouche du garçon. Une petite moue qui ne voulait pas se laisser convaincre venait étirer les joues devenues plus creuses, moins pleine de la vampire. Mais elle l'écouta quand même, regardant derrière lui, ne voulant pas fixer ses pieds plus longtemps parce que baisser la tête, elle aimait pas trop ça et que ça faisait mal au cou. Mais n'ayant pas le courage pour autant de le regarder droit dans les yeux, elle chassa de nouvelles larmes de ses yeux qui dégoulinaient comme du jus d'orange d'une carafe trop pleine.

Ce fut la suite qui la fit céder, regardant de nouveau le Serpentard qui disait des mots d'un sincère pardon, elle fut toute chamboulée de le voir pleurer. Si surprise qu'elle en oublia les siennes. Tout d'un coup elle se sentait coupable et même méchante mais aussi rassurée par ses derniers mots. Se mordant les lèvres, elle chercha ses mots avec difficulté.

- D'accord je le dirais plus, je suis désolée aussi.

Elle aurait aimé dire plus en fait mais plus aucun mots ne voulaient sortir. Elle n'avait d'ailleurs aucune idée de ce qu'elle aurait pu dire de plus, son esprit était aussi vide que son estomac.
Regardant sa chemise et non plus ses chaussures parce qu'elle avait dis qu'elle aimait plus ça, le compromis de Louis lui tira un petit « Oui » peut convaincu. Mais après tout c'était pas bien de forcer les gens. Et de toute façon elle restait un peu triste, alors ça faussait un peu ses pensées.
Haussant les épaules, elle se fit la réflexion que de toute façon elle ne connaissait pas le futur parce quelle n'avait pas de boule de cristal et qu'il n'y avait pas de nuage dans la chambre des secrets.

D'une petite voix un peu faible, elle demanda tout de même.

- On fait quoi maintenant ?

Autant demander, elle ne voulait plus être celle qui imposait ses choix.

Nous nous sentions tellement, tellement coupables.
Nous avons bien vu que nos mots n'y faisaient rien. Nous avons bien vu le regard demeuré humide de la fille devenue garçon devant nous.
Nous savions bien que nous n'étions pas très gentils. Au contraire. Nous étions rudes, têtus, capricieux. Nous étions de ces enfants que les parents qualifiaient de teigne, de tête à claque, de mal élevé. Ce soir, nous étions surtout méchants et maladroits.

Nous ne savions pas vraiment quoi faire. Nous nous dandinions d'un pied à l'autre, droite, gauche, comme un coucou. Nous nous sentions terriblement stupides.
Nous refoulions nos larmes, comme depuis le début de cette soirée, dans de petits reniflements agaçants de bambins. Nous étions si jeunes et si perdus devant tant d'émotions nouvelles.

- Nous... nous sommes vraiment désolés. Nous sommes allés un peu loin ? Tu sais, enfin... nous nous voulons pas vraiment blesser les autres. Mais les autres nous blessent et nous ne savons pas nous laisser faire. C'est un réflexe ? Et dans les autres il y a la magie et... et, en fait, nous détestons vraiment ce qui nous blesse, et, c'est vraiment compliqué. Mais pardon. Nous te demandons vraiment pardon.

Nous tortillions nos mains dans notre dos, ce dos un peu creux de petite fille. Nous étions si mal à l'aise ! Notre regard fuyait celui de notre amie. Nous ne savions pas comment exprimer ce que nous ressentions. Nous aurions aimé faire un geste, mais rien ne nous venait à l'esprit. Nous voulions juste être pardonnés. Égoïstement pardonnés.
Nous aurions voulu que tout nous soit pardonné.

- Tu ne mérites pas notre mauvais caractère, toi. Ils le méritent presque tous, mais pas toi. Pas Andy, pas Violet, pas Gingko, pas toi. Vous êtes pas beaucoup mais dans tous les sorciers, vous vous ne méritez pas que nous soyons comme ça parce que vous... vous êtes aussi différents ? Vous êtes des sorciers c'est vrai et nous devrions vous détester, nous croyons ? Mais vous comprenez au moins un peu. Nous croyons.

Nous perdions les mots, nous perdions les gestes. Nous décidions d'abandonner, résignés. Nous n'étions pas faits pour être doux et sincères. Nous étions trop habitués à cacher nos faiblesses derrière de grands airs.
Nous étions si jeunes, et si vulnérables, que nous ne savions pas agir autrement. Nous étions si fragiles que nous avions besoin de tout ça.

Nous ne savons pas vraiment comment cette idée nous est venue. Nous ne savons pas vraiment pourquoi nous avons décidé de faire ça. Nous détestions ça, du plus profond de nous. Nous détestions ça plus que n'importe quoi d'autre. Plus que ces fées dégoûtantes, plus que les potions bizarres, plus que le professeur Emerald.
Nous détestions la magie, mais nous avons, malgré tout, sorti notre baguette d'un pli de notre robe.

Nous l'avons regardé. Nous la regardions rarement. Lorsque nous sortions notre baguette, c'était pour la lancer sur quelqu'un, comme une masse créée pour blesser, ou pour tenter de la briser, l'abandonner.
Cette fois, pourtant, nous l'avons tenu fermement en mains. Nous ne l'avions jamais tenu de la sorte. Jamais, pas même le jour de son achat.

- Ne... ne rigole pas...

Nous étions nerveux. Nos doigts tremblaient sur le bois d'ébène. Nous n'avions pratiquement jamais lancé de sort. Beaucoup de théorie, très peu de pratique.
Nous avons tenté de nous souvenir de nos cours de sortilèges. Nous nous sommes demandés, non sans grincer des dents, si le professeur Emerald serait témoin de cette prouesse.
Nous nous sommes concentrés, forts, très forts, sur un voeu, sur un souhait : celui du faire du beau, du doux, sans blesser, sans se blesser.

- Orchideus...

Nous avions murmuré ; et dans les mains de notre cavalière, ce fut un bouquet de fleurs de tournesol qui apparut. Un gros bouquet dans lequel les trois-quarts des fleurs étaient fanés. Un bouquet laid, mais un bouquet qui n'avait causé de tort à personne.

Nous avons soupiré de soulagement. Et puis, secrètement, nous nous sommes demandés si elle réalisait l'effort que cela nous avait demandé.
Nous avions utilisé la magie.

Gertrude ne comprenait pas tout. Ses sourcils se fronçaient légèrement sous l'effort mais les mots de Louis glissaient sur elle un peu comme de la rosée de petit matin sur les plumes d'un canard. Pardonner, ne pas pardonner, comprendre, être différent, pratiquer la magie ou non, faire du mal, le mériter ? Trop de mots qui n'allaient pas ensemble pour la jeune vampire. Elle comprenait tout juste que le jeune Serpentard n'aimait pas vraiment beaucoup les sorciers mais qu'elle ne méritait pas qu'il se fâche sur elle. Quelque chose comme ça. Mais comme il était en train d'essayer très dur de lui expliquer quelque chose, Trudy se disait que quand même, ça voulait dire qu'il voulait très fort qu'elle lui pardonne. Et comme c'était demandé très gentiment et avec beaucoup de courage, elle pardonna.
Ce quoi elle résuma par un...

D'accord.

Et dans son esprit, tout vint se ranger dans un petit tiroir appartenant au passé. Son chagrin, son malaise, elle oublia tout d'un simple mot en accord avec sa conscience.
La douceur soufflait de nouveau sur les pleines désertiques de sa rancune et de la peine, Gertrude avait retrouvé son regard lumineux et aimant qu'elle utilisait généralement pour faire fleurir de son amour les plants de son potager.
Pourtant elle voyait bien que son d'accord n'avait pas eu le même impact sur le garçon jeune fille. Il avait l'air encore tourmenté. Et Trudy savait désormais par expérience qu'un jus de fruit ne suffisait pas a l'aider a retrouver le sourire.
Elle se balança donc un peu en avant, puis en arrière. Le regardant chercher sa baguette dans sa robe.
Oh.
Peut être que finalement il était quand même en colère ? Mais non, on est pas en colère quand on demande aux gens de ne pas rigoler. Ou enfin peut être que si.
Ses yeux ronds regardèrent la baguette de Louis, se demandant bien se qu'il allait en faire et si ça allait être réellement drôle. Et si elle devait rire quand même ? Ou était ce mieux de prendre un air sévère pour lui faire plaisir ?

Puis brusquement son regard fut dissimulé par une végétation luxuriante de grandes tiges. Levant son nez, elle admira brièvement les braves fleurs qui tentaient de garder leur jolie teinte jaune. Des tournesols. Son nez se pinça et elle plissa les yeux, tentant tant bien que mal a garder un air sérieux, mais c'était très compliqué quand un aussi gros bouquet occupait vos bras.
C'était quand même très compliqué de garder cette tête. Et jugeant que de toute façon Louis ne la voyait pas, elle plaqua les fleurs contre son visage plus fort pour qu'il ne puisse pas voir l'énorme sourire qui venait dévorer son visage. C'était le bouquet le plus brave du monde, des fleurs entre la vie et la mort qui lui étaient offertes a elle et qu'elle ferait revivre. C'était certain.

Louis était quand même un garçon vraiment particulier. Trudy savait qu'il aurait aimé qu'elle le frappe avec son bouquet magique mais elle décida de continuer de le serrer contre elle, comme un grand cadeau qui lui était destiné.

Il est a moi je le garde !

Au cas ou, elle préférait le mettre en garde. Baissant le bouquet assez bas pour que ses yeux dépassent des fleurs, elle lui offrit le sourire le plus oculaire du monde magique.

Je t'aime beaucoup.

C'était sorti comme a son habitude, sans qu'elle ne se pose de questions, parce qu'elle en avait juste envie.

Gertrude humait les fleurs, Louis cachait sa baguette dans une poche de sa robe ; les choses revenaient presque à la normale. Presque, parce que Gertrude était toujours un beau garçon, et Louis demeurait une petite fille aux yeux humides.
Le stress s'évacuait lentement par des expirations profondes de la part du jeune Serpentard dont les mains moites se nouaient nerveusement. Gertrude le rendait nerveux, et c'était inexplicable.

Aussi piteux soit le bouquet, il semblait plaire à la demi-vampire, et Louis peinait à déterminer si cela le rendait heureux ou encore plus dégoûtée de lui-même ; parce que quelques en soient les raisons, il avait utilisé la magie. Il avait levé sa baguette, prononcé un sort et fait appel à la fibre magique en lui, comme tous ces imbéciles autour de lui. Il avait mis sa vie et ses principes en danger pour... pour une fille.

- Ouais. Enfin, oui, oui il est à toi. De toute façon t'as bien vu elles sont moches elles vont mourir alors fais-en ce que tu veux. En plus ce sont des trucs magiques donc ce sera toujours moins bien que ce qu'on fait pousser au club avec nos mains.

Louis se dandina d'un pied sur l'autre, l'air bougon et le regard fuyant. Ses joues rosies le brûlaient. Il se demandait ce que Gertrude pouvait bien penser de lui, en ce moment. Il l'avait rabrouée et insultée, puis il avait utilisé la magie contre toute attente, montrant qu'il était un garçon incapable de tenir parole, et maintenant, il critiquait le cadeau qu'il venait de lui faire.
Il était vraiment minable, comme cavalier ; mais c'était la faute de la magie. Elle l'avait changé en fille et mis sur les nerfs. Tout était toujours la faute de cette foutue magie.

Alors perdu dans ses réflexions sans fin, le jeune Serpentard ne comprit pas tout de suite la dernière phrase que prononça son amie. Il dû attendre quelques secondes pour que l'information lui parvienne toute entière ; et ceci fait, une étrange réaction chimique se produisit dans le corps de fillette de Louis.
Sa peau jusque là rosie par une gêne légère vira au rouge cramoisi, de la tête aux pieds ; les joues et le nez, surtout, brûlaient. Il avait chaud, atrocement chaud, malgré sa robe toute légère et l'humidité de la chambre des secrets, et quelque chose de bizarre se produisait das son ventre. Pas vraiment agréable, ni désagréable. Juste bizarre. Et, vraiment, il avait très très chaud.

Figé comme une statue, il mit du temps à reprendre vie, d'abord par le tremblotement de ses lèvres, puis par des bégaiements incompréhensibles. Son cerveau n'arrivait plus à suivre, baigné dans un bain d'émotions beaucoup trop nouvelles et diverses pour un garçon de treize ans changée en fille.
Lorsque enfin il trouva le courage d'articuler, il cria presque, à l'adresse de la demi-vampire :

- JE-... Moi aussi je t'-... euh, Gertrude, je t'-.... JE T'AIME BIEN.

Il respira très fort : dire ce genre de chose, lorsqu'on était pas Gertrude, justement, c'était très coûteux en énergie.
Ravagé par le malaise, l'incompréhension, les sentiments et la confusion, il décida que le seul moyen de s'en sortir était la fuite. Du bout du doigt, Louis désigna le portoloin.

- Je-... j'ai mal au ventre, je vais à l'infirmerie. D'accord ? ENFIN NON. Pas l'infirmerie. Jeeee.... vais prendre un doliprane. Et dormir. Je, j'ai super chaud, je me sens pas très bien, et euh, le jus est peut-être mal passé ? Enfin, on se voit demain au club de jardinage... ? BONNE NUIT !

A l'étroit dans ses petites ballerines, Louis courut vers le portoloin et, ignorant tout sentiment de peur de la magie, se jeta dessus, et eut tout le loisir de se rappeler son dégoût lorsqu'il fut arrivé dans la grande salle, secoué d'une nausée inouïe.
Louis détestait la maudite magie.

Un oh pouvait se lire sur les lèvres de la demoiselle qui se demandait bien ce qui pouvait causer ce mal de ventre. Peut être que le jus de citrouille qu'ils avaient bu était pas bon ? Mais alors dans ce cas ne devait elle pas elle aussi aller a l'infirmerie ? Un peu inquiète plus pour lui que pour elle elle adressa un dernier coucou a Louis qui était déjà loin.
Se retournant, seule vers la salle encore pleine, un grand sourire vint de nouveau couvrir son visage. Peut être qu'elle allait reprendre une verre pour être certaine que c'était pas ça qui donnait mal au ventre.

S'en allant en gambadant dans ce grand corps de garçon, elle adressa un nouveau coucou a Mademoiselle Emerald et s'en alla camper en face du jus de fruit, bien décidée a tester plusieurs fois le contenu de ce saladier.

Elle avait chaud a l'estomac Gertrude mais elle estimait que ce n'était pas avoir mal. Même si ce soir elle avait un peu pleuré, finalement, elle gardait un très bon souvenir de ce bal. Il était désormais temps de réfléchir au panier de fruit et légumes qu'elle allait déposer sur la table de chevet de Louis à l'infirmerie et du compte rendu qu'elle allait lui faire sur le jus de fruit.