Il était l’ainé, techniquement, il devrait savoir ce qui se passait, il devrait savoir comment la rassurer et au final, c’était la pagaille ambiante et toutes ses tentatives de réconforts ne faisaient qu’empirer la chose. Bien joué Jefferson ! Il se promit de demander à Light ou à Kalev de lui parler un peu des maladies afin d’éviter ce genre de situation à l’avenir. Il n’y connaissait rien, mais Wes n’avait pas le choix, Wendy comptait sur lui, il ne pouvait pas la laisser tomber. Le garçon s’accroupit donc devant la petite sorcière tandis qu’il l’observait de plus près.

« Hum… Mes parents sont moldus alors je suis pas très fort avec les maladies magiques, en fait. On dirait un peu la varicelle mais en vert ? C’est pas très méchant et ça part vite mais il faut surtout pas que tu te grattes ! »

Wesley ne connaissait qu’une seule méthode infaillible pour ça. C’était vraiment une situation de crise, alors cela appelait des moyens de crise. Le grand dadais récupéra sa baguette dans sa poche avant de murmurer

« Accio Gants de boxe. »

Il n’était même pas certain que quiconque en aurait ici, ni même à qui il devrait les rendre mais il mènerait son enquête plus tard. Il était persuadé que son sort avait échoué comme rien ne venait pendant plusieurs secondes avant de voir foncer une paire de gants rouges volante. Il les tendit aussitôt à Wendy.

« Mets ça, ça empêchera d’empirer les choses ! Et si tu es pas rétablie, je… on trouvera un moyen, on mettra une potion dans le punch ou je ne sais pas, on trafiquera les teintures magiques ou fabriquera un sortilège ! Mais je te jure, si tu es verte, on sera tous vert ou rose, ou bleu ! Comme ça, tu pourras venir au bal et personne ne te dira rien ! Mais tu seras guérie ! »

Ils étaient repartis pour une volée de marches tandis que Wendy tanguait à chacun de ses pas. Le poufsouffle craignait de la voir rater une marche d’une minute à l’autre. Aussitôt sa décision prise, Wesley monta plusieurs marches rapidement, histoire d’avoir un peu d’avance sur la jeune fille, avant de poser un genou à terre pour lui offrir son dos.  Il tourna son visage vers elle toujours sans se relever.

« Ca ira plus vite comme ça. Je veux pas te voir courir comme tu es malade, tu risques de tomber et te faire vraiment très mal alors accroches toi bien et on fonce à l’infirmerie. Et si tu as envie de vomir, hum,… tu me le dis, okay ?»

Place, place, dragon en pyjama à bord, laissez passer l’ambulance humaine si vous ne voulez pas vous faire carboniser!

La cavalerie grimpait les escaliers, recevant au passage quelques regards un peu étonné. Ils avaient sans doute l’air très chouette, tous les deux, et connaissant les bruits de couloirs et la bizarrerie ambiante du château, bientôt la rumeur se rependrait sans doute comme quoi « La Capitaine de l’équipe des Jaunes a une nouvelle technique d’entrainement super bizarre : Les joueurs ne font pas de trekking dans la foret interdite avec des sacs très lourds mais ils doivent porter des troisièmes années toute la journée.»  Mais Wesley s’en préoccuperait plus tard, pour l’instant toute son attention était reportée sur sa passagère qui une fois de plus ne voulait pas déranger.  Elle était bien plus petite que lui et toute légère, elle voulait même retenir des jets de flammes. C’était tellement attendrissant comme comportement qu’il en riait doucement.

«Il y a pas de quoi. Personne ne va mourir ou se transformer en dragon aujourd’hui. Mais en tout cas, j’apprécie beaucoup que tu n’utilises pas tes nouveaux super pouvoirs sur moi. Et pour info, non tu n’es pas lourde du tout, fais moi confiance, je vais pas te laisser tomber, promis. »

Les marches défilaient et Wes se sentait un peu plus détendu, malgré tout. Puis Wendy reprit la parole et il manqua de s’arrêter, un peu surpris, avant de se reprendre et de continuer l’ascension. Par reflexe, il se serait bien tourné pour faire face à Wendy, mais dans la conjonction actuelle des choses ça n’allait pas être possible. Heureusement, quelque part, ça permettait à l’adolescent de pas laisser voir qu’il avait les oreilles un peu rouges face à un compliment qu’il ne trouvait pas justifié. Il se racla la gorge pour se donner le temps de trouver quoi répondre.

« Oh euh… c’est pas être gentil, c’est normal ? N’importe qui aurait fait la même chose. Je crois qu’il faut essayer de traiter les autres comme on voudrait qu’ils nous traitent pour changer un peu les choses.  Et puis, il y a des gens supers dans les autres maisons aussi!»

Ca faisait un peu philosophie de comptoir, mais n’était-ce pas après tous les valeurs de leur maison ? La patience. Se dire qu’aucun effort n’était vain, que petit à petit on pouvait faire changer les choses doucement. Qu’à force de parler aux gens, ils finissaient par s’ouvrir. C’était sans doute profondément naïf, mais il ne sentait pas qu’elle allait se moquer, il pouvait lui parler franchement.

« On dit souvent qu’on est un peu la maison des Bisounours et tout, et c’est un peu bête dit comme ça mais j’aime vraiment être là.  Alors même si  des fois notre Salle commune est un peu bruyante et  le monde crie parcequ’on a piqué le fauteuil préféré ou on a mangé des bonbons d’un tel  sans demander au final, je sais pas, mais ça m’a toujours donné l’impression d’être un peu une sorte de grande famille bizarre tu vois? »

Un grand sourire amusé qu’elle ne pourrait sans doute pas voir.

« Une famille où on t’accepte comme tu es, même si tu es toute verte ! Alors on doit veiller les uns sur les autres. Tu viendras me voir à l’infirmerie si jamais je me transforme en sirène, d’accord ?»

L’infirmerie se dessinait à peine plus haut. C’était bizarre parceque grace à cette maladie, il avait pu au moins sympathiser avec Wendy, c’était bien.

On lui avait toujours dit de faire bien attention à ce que les gens lui disaient. Etre une oreille attentive c’était une bonne chose. Wesley écoutait souvent la petite Océan qui babillait sur son petit déjeuner et le grand garçon lui pretait autant d’attention que si elle lui délivrait le secret de l’univers. C’était un peu la même chose avec Wendy, elle avait utilisé la voix « sérieuse » mais c’était pour mieux en rire. Wendy était verte, oui, mais l’assimiler à la force herculéene de Miss Hulk était vraiment trop amusante pour retenir un éclat de rire.

« C’est gentil, je m’en souviendrais à l’avenir ! Si je dois avoir une maladie j’essayerai d’avoir des ailes roses. »

Les dernières marches furent accompagnées des mots de la petite sorcière sur sa maison. Wes ne la connait presque pas mais il sentait déjà une vague d’affection naitre pour sa cadette. On sentait clairement dans ses mots à quel point elle aimait ses camarades de maison. Une maison, c’était bien le mot. De trouver en Wendy quelqu’un qui partageait le même point de vue, aussi bisounours ou risible aux yeux des autres, ça lui mettait du baume au cœur. Le jeune homme se promettait d’essayer d’engager plus souvent la conversation avec elle si l’occasion se présentait, il y a de ses liens qui se comprennent uniquement en se promenant en pyjama, avec des gants de boxe et une apparence de petit dragon. Une fois à destination, le poufsouffle posa un genou à terre pour laisser glisser sa passagère avec l’ombre d’un sourire.

« Et vous voila arrivée, Mademoiselle. »

L’infirmerie était calme de bon matin, Wendy pourrait se reposer tranquillement et recevoir des soins un peu plus efficaces que des gants de boxe. Le tic-tac de la pendule avait quelquechose d’assez reposant. L’horloge qui affichait une heure bien particulière. Il jeta un coup d’œil àsa montre avant de s’excuser auprès de sa cadette.

« Il faut que je file, je vais avoir cours. Je peux prévenir ta classe que tu es malade si tu veux ? Je repasse après les cours pour voir comment tu vas d’accord ? Tu aimes quoi comme bonbons? »

Gandalf, il avait cours de sortilèges, Emerald allait avoir sa tête ! … Il pouvait quand même se permettre un détour, les responsabilités avant tout, pas vrai ? Dans sa poche il n’y avait que ceux pour Le Chat, Wendy étant une jeune fille proche du dragon et non du félin, le poufsouffle s’arrangerait pour lui en ramener. Comment remonter le moral d’après les poufsouffles : les bonbons. Ca et Kiho.

Le poufsouffle était presque certain de pouvoir identifier Juliet mais les indications de Wendy confirmaient son intuition. Une Poufsouffle rousse, du même âge  avec des cheveux longs, il voyait. « La plus jolie » selon sa cadette.  Il pencha légèrement la tête sur le coté en relevant la nuance dans son discours mais ne commenta pas d’avantage, gardant juste son intuition en tête et se contentant d’acquiescer. Après tout, les gens que l’on aime sont toujours beaux à nos yeux. Mais la description demeurait très spécifique. Si il devait indiquer comment trouver son meilleur ami, il aurait sans doute été plus proche du « un grand brun avec les sourcils froncés et qui fait semblant d’avoir l’air renfrogné » mais c’était peut être différent chez les filles. Ou tout simplement pour Wendy et Juliet tout court.

L’adolescent se fendit d’un léger sourire attendri tandis que la petite sorcière noblement essayait de le libérer d’obligations imaginaires. Wes était coupé de la même étoffe, il se souvenait avoir eu trop souvent la même attitude, ne jamais vouloir déranger. En grandissant, il apprenait peu à peu à laisser les autres être gentils sans se répandre en des litanies de « Ce n’est pas nécessaire, vraiment ! » C’était drôle d’essayer de le faire comprendre aussi à quelqu’un d’autre.

« Si je te le propose c’est que je le veux bien, ne t’en fais pas ! Et puis quand on est malade, les bonbons c’est bien connu, ça aident à guérir plus vite ! »

La véracité scientifique de ses propos n’avait pas été vérifiée par des médecins mais Wesley voulait juste faire sourire la plus jeune qui le remerciait encore. C’était presque embarrassant, tant de gentillesse alors que c'était juste normal comme comportement. Il aurait fallu être un monstre sans coeur pour laisser Wendy toute verte et toute seule.

« Y’a pas de quoi : Concentres toi juste sur aller mieux. Une promesse est une promesse : quand tu seras rétablie on ira voler. On se dit à tout à l’heure plutôt!»

Deuxième bruit d’horloge et le jeune homme s’éclipsa après un dernier sourire chaleureux pour la demoiselle avant de dévaler les escaliers. Ce n’était pas le moment de rater une marche dans les escaliers et se prendre une gamelle digne des dix meilleures chutes de Garfield Andersem et de rejoindre Wendy à l’infirmerie qu’il venait à peine de quitter en se fichant une cheville en l’air.  Bon, entre dix minutes de retard et quinze minutes, il n’y avait pas vraiment de différence ?