Louis était un jeune moldu plutôt têtu, il fallait l'avouer. Son nez coulait ferme depuis quelques temps, et il toussait plus que de raison, mais sous aucun prétexte le petit Serpentard n'avait accepté de se rendre à l'infirmerie. Il maintenait que ce n'était qu'un petit rhum qui passerait tout seul, et qu'il n'allait pas boire une potion de sorcière pour une maladie qu'un bon vieux médecin tout ce qu'il y avait de plus normal dans ce monde pouvait soigner avec une pastille pour la gorge et un doliprane ; mais tout ça, c'était sans compter sur ses aventures de la journée.

Le garçon se trouvait bien mal, ce matin-là, mais toujours aussi buté dans ses idées, il était allé en cours malgré tout, et ce alors qu'il n'était vraiment pas en bon état. Il dormait à moitié debout, était très pâle, et semblait à deux doigts de s'évanouir ; ce que très justement, il finit par faire, en plein cours. Ah, la fièvre et ses ravages, forcément, lorsqu'on laissait les microbes traîner...

Du coup, par il ne savait trop quel concours de circonstances, Louis s'était retrouvé dans un lit bien blanc et bien confortable de l'infirmerie, un assez mauvais goût sur la langue. Un coup d'oeil sur la table de chevet à sa droite lui indiqua qu'on avait dû lui administrer une décoction assez infecte pour l'aider à se remettre sur pieds. Cette idée le dégoûta pas mal et il tira la langue en grimaçant. Si il mourrait dans ce lit, ce soir, ce serait bien parce que mademoiselle Euphrasie ou son assistant l'aurait empoisonné ; car oui, le soir était déjà tombé, et horrifié, Louis songea qu'il avait dû dormir longtemps, depuis sa faiblesse en cours de métamorphoses.

Louis se retournait sur son oreiller pour pouvoir à nouveau fermer les yeux et se reposer, parce qu'il fatigué, lorsqu'il entendit un bruit derrière les rideaux qui l'isolaient du reste de l'infirmerie. De ce qu'il comprenait, un nouveau patient venait d'arrive. Décidément. Un peu curieux, le Serpentard entre-ouvrit les pans de tissus du bout des doigts, et reconnus un camarade de maison. Tiens, qu'est-ce qu'il faisait là, lui ?

Ce camarade, c'était Waël. Ils n'étaient pas de la même année, mais ils tombaient assez souvent dans les mêmes cours, alors Louis le connaissait. De plus, ils partageaient la même salle commune, même si Louis n'était pas vraiment l'élève le plus loquace et le plus sociable de Serpentard. En fait, il n'aimait pas beaucoup Waël. Il le trouvait assez bruyant et bizarre. Leur point de vue n'était pas du tout le même, et le ton montait souvent, lorsqu'ils en venaient à se parler. Là, du coup, Louis était un peu déçu de devoir partager l'infirmerie avec lui. Il aurait préféré voir arriver Andrea... ou même Ginkgo. Quand on est malade, les amis, aussi magiques puissent-ils être, ça aidait à guérir.

- Je dormais et t'es arrivé et ça a fait du bruit, bougonna Louis.

Quelle question, quand même ! Il était à l'infirmerie parce qu'il était malade, bien sûr. De toute façon, ça s'entendait assez comme ça : avec son nez bouché, ses mots prenaient un accent bizarre, et il reniflait avec assez de régularité pour monter une nouvelle symphonie.

- Et toi t'es là pourquoi ? Il est tard. Louis était quand même un petit peu curieux. Et maintenant qu'il était réveillé, il n'avait plus très envie de dormir. Tu t'es blessé en tombant du lit ?

C'était sans doute un peu mesquin et pas très mérité, mais Louis était un assez sale gosse, de base, alors malade, il devenait encore plus vite bougon. Et puis, il était déçu. Il ne voulait pas de Waël pour lui tenir compagnie mais de quelqu'un de bien. Du coup, Waël trinquerait. C'était ça, d'être un enfant capricieux.

Waël était vraiment désagréable. Il lui parlait toujours avec ce ton condescendant qu'employaient les élèves les plus vieux pour le charrier. Louis n'aimait pas ça. Il n'aimait pas cette espèce de supériorité, sous prétexte qu'ils utilisaient la magie à tout va. Il n'y avait rien d'intelligent et de supérieur à ça. C'était même très stupide, de ne pas réfléchir à ses actes.
Louis raffermit la pries du drap blanc sur ses épaules, le rideau toujours entrouvert. Il était vexé. Il ne demandait aucune pitié à ce... ce... cette chose ! Waël n'était pas un ami et ne le serait jamais.

- Tu pleureras vraiment quand ton chaudron t'exploseras dessus et que t'auras ton visage brûlé jusqu'à l'os par tes bêtises, grinça l'enfant.

Le professeur Mantis leur avait raconté une histoire comme celle-là un jour, pour les intimider. Il était question d'un étudiant un peu trop distrait qui avait mal dosé ses ingrédients ; il s'en était retrouvé meurtri et défiguré pour le restant de ses jours. Même la magie réparatrice avait été incapable de lui redonner sa beauté passée. Autant dire que ça faisait réfléchir.

- Tu te crois intelligent, mais transformer une tasse en canard ça te servira à rien dans la vie. C'était vrai, quand même. A l'école primaire, Louis avait appris des tas de choses très utiles qui n'existaient plus à Poudlard. Même sans baguette, je sais faire du feu et le ménage.

Version bien moldue comme tout. C'était important, de savoir se débrouiller seul. Tous ces sorciers, d'ici à ce qu'ils se tuent avec leur foutu bout de bois enchanté, ils se seraient retrouvés au dépourvu parce qu'incapable de brûler une allumette ou de faire un bandage efficace. Des assistés, des inconscients et des fous.

Ce qu'il était pénible ! Est-ce qu'il s'entêtait vraiment à tout prendre de travers dans le simple objectif de l'énerver un peu plus ? Louis n'était pas très patient, de nature, vraiment pas, et là, fébrile et pleurnichard de part son état de santé, il avait très envie de lui casser les dents, à Waël. Méthode moldue, comme au temps de la cours de récréation : le premier à trop saigner pour renvoyer un coup finissait au tapis ! Même si dans les faits, Louis devait avouer ne pas avoir souvenance de s'être battu avant d'arriver à Poudlard. C'était cette école, qui le rendait mauvais et vicieux.

- En quoi les moldus ont moins que les sorciers, hein ? Donne des exemples ! On vit très bien comme on est. On a pas besoin de tous vos sorts dangereux, de vos bestioles mortelles et de vos potions tueuses. Louis tira le rideau pour masquer la vue de l'autre Serpentard, trop agacé. Ici on apprend rien qu'à faire du mal, et subir des mauvaises choses. T'es bête de pas comprendre.

Vraiment ! Comment ça, malhonnête et odieux ? En quoi être un sorcier le rendait meilleur que ses adorables parents, ou ses amis de l'école primaire, ou cette bonne vieille boulangère dont le pain était le meilleur du monde ? Louis n'aimait pas, mais alors pas du tout ce jugement de valeur. Bon, il l'avait dans le sens inverse, lui, d'un certain côté, mais il avait de très bonnes raisons à ça.
Louis toussa. A force de parler si fort, ils allaient réveiller quelqu'un. Est-ce que mademoiselle Euphrasie, en fantôme, dormait ? Bah, ce n'était pas important. Et son espèce de délégué ? Il s'énerverait, si on le réveillait ?

- Si être sorcier c'était si chouette, tu serais pas là à pleurer, finit-il par surenchérir. Si ta magie était si géniale, tu serais jamais malade, t'aurais jamais mal, y'aura rien de mal dans le monde. Mais c'est pas le cas du tout.

Et cette fois, il renifla. Foutue grippe ! Avec sa chance, il avait peut-être même attrapé la version magique de cette saleté, et il allait se réveiller le lendemain avec plein de boutons partout et une couleur bizarre. Comme cette fille de l'autre jour, là, qui courrait après une créature magique qui n'existait pas...

Mais bien sûr que si, il était moldu. Ce que Waël était bête, tout de même ! Aucun de ses deux parents n'était doté de la magie, et à sa connaissance, ses grands-parents non plus. Peut-être qu'il avait un oncle ou une cousine un peu magique sur les bords, mais dans ce cas-là, c'était suffisamment éloigné pour que Louis considère être un né-moldu pur et dur, comme son frère, et comme sa soeur.

- Je peux pouvoir utiliser la magie et être moldu dans ma t... entama le garçon avant de s'interrompre. Comment ça, aucun sort ne l'avait tué, lui ? Il se redressa dans son lit, tira violemment le rideau, et jeta un regard noir à son camarade. Qu'est-ce que t'en sais que la magie ça m'a pas tué ! Tu connais pas ma vie. J'ai pas de raison de l'aimer, ta magie. Je te donne toute ma magie si toi tu l'adores autant !

Vraiment, volontiers. Louis aurait fait n'importe quoi pour être moldu à la place d'Andrea, par exemple. Bon, d'un côté, il préférait savoir le cracmol privé de tout pouvoir, c'était plus rassurant pour sa sécurité, mais se débarrasser de sa magie aurait été le plus grand des soulagements.

Ce que Louis détestait, lorsqu'on s'évertuait à le contredire et à encenser la maudite sorcellerie, c'est qu'on finissait toujours par tomber sur cet argument assez épineux des inventions moldues dangereuses, ou celui de la magie qui fait aussi du bien, parfois. Louis devait l'avouer, et ça le dérangeait vraiment beaucoup, qu'il n'avait rien à répondre à ça. C'était la même rengaine, à chaque fois.

- C'est pas n'importe qui qui peut utiliser ta bombe, grogna l'enfant, bras croisés. A dire vrai, les armes, la bombe nucléaire, c'était très lointain pour lui : il ne comprenait pas tout. Toi avec ta magie, tu peux faire n'importe quoi, avec juste un bout de bois taillé.

De son point de vue, il y avait plus de chance que Poudlard finisse en fumée à cause d'un incendio récalcitrant d'un élève nul en tout que de recevoir une alerte à l'attentat de la part du gouvernement ; même si le gouvernement, c'était aussi une notion trop compliquée pour le jeune garçon. En fait, là, Louis n'arrivait vraiment plus à suivre Waël, et c'était hautement irritant. Il se croyait plus intelligent, supérieur, et tout ? Il ne pouvait pas parler de choses plus simples, plus réelles pour un enfant comme lui ?

- Au moins les moldus inventent plein de choses géniales. Moi, des sorts bons et sans risques, j'en connais pas. On t'apprend pas ça ici. On t'apprend qu'à te défendre des sorts mauvais, à faire des potions mauvaises, à chasser les gens mauvais... c'est la preuve que la magie est mauvaise.

Son frère était mort en chassant la magie et ses mauvais utilisateurs, après tout. Ça voulait tout dire.

Ça y est, il est en colère. C'est ce que tu voulais ? Trouver quelqu'un lui faire perdre patience, lui faire perdre la boule ? Ton but se résumait donc à ça ? Affligeant, Waël. Non pas que tu puisse être capable de mieux. Mais tu aurais pu, si tu ne cherchais pas à prouver à tous que l'on pouvait être intelligent et imbécile.
Il tire de toutes ses forces sur le rideau, et son œil brillant de rage te transperce.

Tu le vois, maintenant, tout en entier. Tu la vois, sa haine et sa peur de ce monde qu'il ne comprend pas.
Et tu te prends au jeu.
Parce que quasiment à chaque fois, tu gagnes. Et que tu t'ennuies, aussi. C'est ta peur, hein, l'ennui.


▬ Ah oui. J'avais oublié ce détail. C'est vrai que les Moldus ne contrôlent absolument rien. Et alors leurs armes le sont par des menteurs, des manipulateurs, et des tueurs. Ce sont les pires de tous, je sais qu'ils le savent. Mais les Moldus savent aussi qu'ils ne peuvent rien y faire, alors ils se complaisent dans cette situation. Ils se sentent en sécurité quand le monde, aussi dangereux soit-il, ne leur appartient pas. Quand tu les rejoindras, ta Magie ne te quittera pas. Elle n'est pas en toi. Elle est toi!

Tu éclates de rire. Waël, tu es cinglé. Ce rire est un rire franc, un rire d'enfant, un rire dément. Monstrueux. Tu es méchant, et tu es fou. Et en plus, ta tête tourne, les marteaux continuent de se faire plus violents.
Mais jouons encore.

▬ Tu sais que dans ton monde parfait, on me droguerait tous les jours pour que je me 'calme' ? On m'éteindrait. Pour que je ne dérange plus, je suppose. Ça s'appelle 'rééquilibrer les connexions entre les neurones'. Quelle appelation barbare, quand on y pense. Enfin, là n'est pas le problèmes Louis. Juste, tu vaux à coup sur mieux que ce métro-boulot-dodo. Ça condamne ça ! Et pour les cours, c'est en manipulant les choses dangereuses qu'on les maîtrise. Si tu as une arme et si tu apprends à l'utiliser, tu ne seras pas obligé de te changer en tueur, hein. La voiture aussi c'est dangereux. J'ai même entendu un père qui avait mis sa fille dans.. Une machine à laver, un truc dans le genre. C'est dangereux la science. Là, c'est comme si tu apprenais un peu plus tôt. Comme ça, t'as pas envie de faire l'expérience après. Comme si tu apprenais à te servir d'une arme à douze ans plutôt que de le découvrir par toi-même plus tard.

Tu avais peut-être plus ou moins craché le mot père. Mais en attendant lui non plus n'était qu'un géniteur pour avoir infligé ça à une enfant.
Peut-être que Louis, le rebelle, le séparatiste, le fou furieux et l'agressif avait des raisons de haïr la Magie comme toi tu ne supportais pas le monde Moldu. Peut-être qu'il y avait des raisons à tout. Que c'était la clefde la compréhension de l'humanité que de comprendre une personne.

Plus la conversation avançait, plus Louis se demandait sur quel planète il s'était réveillé, tout de même. Est-ce que c'était le fait d'être malade qui rendait Waël aussi bizarre, aussi imbuvable ? Le deuxième année avait l'impression de discuter avec une sorte de petite adulte, et ce n'était vraiment pas drôle. Louis avait l'habitude de se prendre la tête avec ses camarades, même Waël. Il avait l'habitude des arguments qu'il ne pouvait pas contrer et qu'il détournait, parce qu'il était jeune, parce qu'il refusait d'avoir tort, et parce que c'était beaucoup plus facile, à douze ans, de rester buté que d'admettre ses torts et de se remettre en question. Mais là, Waël parlait de choses qui faisaient peur, de choses de grandes personnes, qui ne lui donnaient même plus matière à s'énerver tant ça lui apparaissait loin de sa réalité à lui ; faite de films tout doux, de peluches, de jeux vidéos, de chocolat et, à ses heures perdues, de caprices en tout genre.

- Arrête de vouloir jouer les grands, ronchonna Louis comme avec tristesse. Tu parles de choses que tu connais pas. T'es pas beaucoup plus vieux que moi, fais pas comme si tu savais tout.

La guerre, la mort, la folie, le mensonge, la manipulation, les armes, la science... c'était là l'enchaînement de mots et d'idées beaucoup trop abstraites pour un enfant. Louis n'était pas plus stupide qu'un autre, peut-être seulement plus fermé d'esprit, mais concrètement, c'était quoi tout ça ? Lui, la mort, ça lui évoquait seulement son frère. Et c'était encore bien abstrait, justement. Comment son frère était-il mort, pourquoi, les causes, les conséquences ? C'était tellement, tellement complexe, que son esprit enfantin préférait tout reporter sur la faute de la magie. C'était normal. C'était humain. C'était innocent.

Louis vit sa baguette magique, posée sur la table de chevet. Sans trop savoir pourquoi, il l'a pris entre ses mains, et s'installa confortablement sur son oreiller. Il n'aimait pas sa baguette, et ceci depuis le premier jour. Le vendeur avait dit qu'elle était du bois des gens infernaux, anticonformistes, fidèle à ses convictions. Encore des trucs compliqués, mais c'était tout de même bien plus proche que les histoires de meurtre et de normalité.

- Croire qu'on te donne ta baguette pour ce que t'es, ça je peux y croire. C'est un peu comme la magie des livres qu'on lit quand on est petit. Le problème c'est que la magie c'est vraiment pas comme dans les livres. Dans les livres, la magie, elle t'enlève pas les gens que t'aime. Ca, c'est facile à comprendre. Je comprends pas tout ce que tu dis, moi. T'es bizarre et je t'aime pas, de toute façon.

Waël enchaînait tellement de réflexions sans queue ni tête que même Louis perdait le fil de ses pensées. Alors, perplexe, il fixa le noir de l'ébène de sa baguette, en se demandant si un jour, il finirait vraiment par la casser, pour s'en débarrasser.

Encore une fois, Louis ne comprit pas tout. En fait, depuis que Waël était entré dans l'infirmerie, il ne comprenait plus rien à rien. Outre le fait qu'il était enrhumé et plutôt fatigué, son aîné enchaînait les réflexions bizarres et dénuées de sens, et maintenant, ça se répercutait sur ses actes. Il était fou, ce garçon ! D'où il montait dans son lit, comme ça ? Méfiant, Louis eut pour réflexe de retrousser le nez et de jeter un petit regard hautain à l'autre garçon, tout en se collant sur un côté du lit. Adossé à son oreiller, baguette dans la main, il s'évertua à ne pas le toucher. Dire que c'était son lit à lui, à la base. Quel culot !

- T'as peur de dormir tout seul ou quoi ? Tu fais l'adulte qui sait tout et après tu viens pleurer, t'es vraiment nul, l'assassina Louis sans le moindre tact.

Et puis voilà qu'il essayait de négocier. C'était quoi ce retournement de veste impromptu ? Il y avait un insecte magique bizarre dans ses draps qui l'avait piqué ? Les potions de mademoiselle Euphrasie commençaient à lui monter au cerveau ?
Louis hésita assez longuement à répondre. Il s'en fichait bien de connaître les motivations de Waël quant à sa peur des moldus. Et puis, de quoi est-ce qu'il pouvait bien avoir peur ? Lui aussi, c'était un moldu ! Un moldu capable de tenir une baguette, mais il était un être humain, comme tout le monde.

- T'es quand même pas futé en vrai, lâcha le Serpentard, comme une brique. Si t'as peur des moldus, t'as peur de toi. C'est encore pire nul que d'avoir peur de son ombre quoi.

Quand même, ça, n'importe qui pouvait le comprendre. Si Louis avait réussi à avoir une réflexion logique là-dessus, le si doué Waël allait bien saisir toute l'étendue de la stupidité de ce qu'il avançait ! Ce serait bien fait, tient. Qu'il se trouve un peu idiot, pour une fois. Il était tellement agaçant !

- Et puis ça coule de source de pourquoi j'aime pas la magie. Tout le monde le sait ici. Elle fait le mal et le fait très bien.

Depuis le temps qu'il le rabâchait à qui voulait l'entendre, la notion aurait dû être assimilée. Waël n'était définitivement pas si intelligent que ça.

Louis n'y comprenait vraiment rien à rien. C'était quoi son problème, à Waël ? Un coup il l'insultait, puis son ton s'adoucissait, puis à nouveau il s'emportait après lui, puis il prenait de la place dans son lit, et au milieu de tout ça, il disait des tas de choses bizarres et compliquées, et voilà que maintenant, il reprenait ce ton désagréable et presque insultant. Louis commençait à être sérieusement agacé. En plus, la potion de l’infirmière faisait de moins en moins effet, et son nez se bouchait de plus en plus, alors il parlait de plus en plus d'une voix qui n'était pas la sienne en temps normal.

- Tu ragonde n'imborde quoi, en bait. Y'a que les gens fous qui tuent des gens et je zuis bas fou. Il croisa les bras, vexé. Et doi qui utilises la bagie d'importe comment, t'as plus de chance de tuer quelqu'un que boi ! Et de toute façon, cette discussion elle est trop bizarre.

Louis prit un mouchoir dans la boîte sur la table de chevet et soulagea bruyamment son nez. Il en rajouta même une couche, histoire de bien vriller les tympans de son camarade de chambre, puis il jeta le papier dans la petite corbeille à côté du lit. A défaut d'avoir bon caractère, le garçon était bien éduqué.
Le jeune Serpentard s'apprêtait à rétorquer quelque chose à nouveau lorsque Waël s'étala lamentablement par terre. Louis songea qu'il n'y avait vraiment aucune cohérence entre ses mots et ses gestes. Il parlait comme un adulte, comme quelqu'un d'intelligent, mais il agissait de façon encore plus gamine que lui. Décidément, il n'aimait vraiment pas Waël. Sans la moindre once de compassion pour l'alité, l'enfant pointa son camarade du doigt.

- Bien fait ! Compte pas sur moi pour t'aider. Utilise ta magie puisque t'es si fort et qu'elle est si géniale. De toute façon, tu m'as souhaité de mourir, donc tu mérites pas que je t'aide.

Et puis quoi encore. Louis n'était pas une bonne poire. Surtout pas avec celui-là. Il y avait bien sa baguette de posée sur la table de chevet, pourtant. Il aurait pu aider l'autre malade. Mais il en était hors de question. Vraiment hors de question.