La rouquine marchait en balançant ses pieds. Elle errait dans les couloirs au bas plafond éclairé seulement par de lanternes au mur. Une drôle d'ambiance que ces cachots... Phoebe aimait bien. Certainement personnes trouvaient ça lugubre. Elle trouvait ça chaleureux. La lumière vacillante et chaude des lampes magiques éclairait doucement les allées, la fraîcheur du lieu était agréable, cette espèce d'odeur de renfermé et d’humidité devenaient accueillants lorsqu'on s'y habituait. Phoebe avait eu le temps de s'habituer. Elle passait une bonne partie de son temps libre à proximité de la salle commune des Poufsouffles à attendre ses amis, bavarder, rire.

Là cependant, elle n'avait pas de réelle raison. Elle n'avait rendez-vous avec personne, rien de bien précis en tête. Un serdaigle s'en va généralement étudier dans ces cas là. La rouquine n'en avait rien à faire. Elle n'avait aucun devoir en prévision, se souvenait suffisamment des cours pour ne pas être larguée au suivant, elle n'était pas à jour dans son travail mais elle pouvait travailler le soir venu, elle avait le temps. Il était vrai qu'elle se laissait souvent prise de cours, mais elle s'en sortait toujours. Alors à quoi bon ? Phoebe ne savait pas quoi faire, ne trouvant rien de mieux qu'adopter une drôle de démarche chevaline. Mais elle ne s'ennuyait pas. Elle avait la tête vide en fait.

Elle passa d'ailleurs devant le long couloir menant à l'entrée de la salle commune jaune sans y penser, retombant sur ses pieds comme si elle venait de sauter, trottinant lentement, passant à un pas lent. Elle passa l'angle, continua sur sa route sans but. Alors elle fut saisit par les épaules, hoquetant de surprise et retrouva face à un grand garçon. Un coup d’œil sur son blason lui appris qu'il s'agissait d'un poufsouffle, chose qui la rassura énormément. A vrai dire, si elle n'avait pas été si désarçonnée sur le coup, elle aurait reconnu le garçon face à elle.

Parce que quoi qu'il en pense, Phoebe le connaissait. Tout du moins de vu. Timothy, il s'appelait. Elle avait déjà entendu parlé de lui, rapidement, l'avait croisé dans les couloirs. Elle n'était qu'à moitié étonnée qu'il la connaisse néanmoins. Elle passait tellement de temps dans le secteur jaune. Elle était plus surprise par le fait qu'il l'ai remarquée...

« Je voulais savoir un truc… »

A peine le jeune homme eu commencé sa phrase que Phoebe se raidis. Il était persuadé qu'elle ne le connaissait pas, un peu de nervosité brillait dans ses yeux et... il voulait savoir quelque chose. Malaise. La dernière fois qu'elle avait rencontré cette situation, un pauvre garçon avait vu son amour rejeté et son cœur brisé. Elle ne le connaissait pas, il ne la connaissait pas, il ne pouvait pas l'aimer. Elle de même. Ils ne pouvaient avoir une relation, ils ne pouvaient avoir de sentiments l'un pour l'autre. Qu'il abandonne. Tout de suite.

Non, ne le dit pas, s'il te plaiiiit... priait la rousse en pensée, plissant les yeux de crainte.

« Pourquoi t’aimes autant les Poufsouffles? »

Ses paupières se joignirent accompagnée d'un souffle soulagé. Il n'allait pas lui déclarer un amour insensée. Phoebe s'autorisa à respirer à nouveau, palpa une des épaules saisies par le garçon et détourna le regard, laissant le temps à la nervosité de s'évacuer. Se raclant la gorge elle posa son regard sur le poufsouffle tout sourire. Un rire faillis lui échapper à la vue de cette tête presque bêta.

« Eh bien, commença-t-elle. Je ne sais pas vraiment. En troisième année j'ai rencontré Jodie McLuckie. Elle m'a présentée des amis, la plupart poufsouffles et... Eh bien, je les ai trouvé sympa. Plus que mes copains de l’époque. La plupart d'entre vous sont amicaux, joyeux, amusants, ouvert...Vous ne vous prenez pas la tête, c'est agréable. Au moins, je me sens pas stupide et intruse avec vous. Alors que les serdaigles... En fait, je les aime bien moi aussi, j'ai des copains, mais je ne me sens vraiment différente. Parce qu'on aura beau dire, les maisons ont des tendances ! Il faut croire que je suis un petit canard jaune chez les bleus aigles, ahah ! »

Voir un lion vert ou un lézard bleu ou même un furet rouge. Un peu tout Phoebe. En s'expliquant, elle avait commencé à faire quelques pas, ne regardant plus vraiment Timothy. Elle s'approcha soudainement de lui, demanda innocement, la tête inclinée :

« Pourquoi tu dis ne pas te sentir intégré ? »

Sa question aurait pu sonner comme : comment peux-tu ne pas être intégrée à Poufsouffle ?

Pourquoi avait-il sursauté ? Elle n'avait pourtant rien fait d'effrayant. A moins qu'elle se soit avancé trop brusquement. Peut-être. En fait, la réflexion ne fit qu'un passage lointain dans le cerveaux de la rousse. Phoebe, se contentait de le regarder s'expliquer, se confier, avec ce semi sourire doux et ce drôle de haussement de sourcil concentré propre à la jeune fille.

Ses lèvres fendirent son visage accompagnés d'un hoquet amusé à la comparaison avec le skittle. C'était une drôle d'image qui plut à la gourmande jeune fille. Les skittles c'était bon. Les smarties aussi. Ainsi, la jeune fille ne voyait pas le problème, quand bien même Timothy disait ça avec fatalisme. Allons bon, si maintenant être exceptionnel, un peu original parmi les originaux c'était une mauvaise chose, où allait la magie ? Quoique, Phoebe était un peu mal placée pour penser ça, mademoiselle convenance.

Et pourtant, elle se reconnaissait un peu en ce poufsouffle. Le garçon n'aimait pas les même choses que ses compagnons, il se sentait en opposition totale avec leur mode de vie est de pensée. Il se sentait comme le cyan au jaune, le poisson au blaireau, le terrassier au paysagiste. Et si...

« Et si c'était ce qui faisait de toi un poufsouffle ? »

Sa question était un peu vague, mais elle n'ajouta rien sur le moment, le regard interrogateur, comme si le sens était évident. Après tout, elle l'avait compris, alors le monde entier l'avait compris. Dans son cerveaux ça marchait comme ça. Sauf que dans le cerveaux de Phoebe il y a aussi tout un réseau de pensés qui viens expliquer chaque mot. Hors, ce réseau n'était qu'à elle. La rouquine s'en rendu compte au bout de quelques secondes et s'empressa d'ajouter :

« Je veux dire... Tu as peut-être – sans doute raison. Quand j'y pense, les poufsouffles sont un peu un... pot pourri comme tu dis. Il y en a pour tout les goûts et de toutes les couleurs. Poufsouffle est une maison d'originaux qui arrivent même à l'être entre eux. Originaux, je veux dire. »

Il n'y avait qu'à voir Jodie et Alix. Jodie était très une bonne copine à Phoebe, une fille toute gentille, douce et innocente. Voir carrément naïve. Aussi rose à l'intérieur qu'à l'extérieur. Elle n'était pas toujours très futée mais elle était adorable, incapable de la moindre méchanceté. Si sensible qu'elle en avait perdu la parole. Un petit bout de princesse en sucre. Et à côté de ça, il y avait Alix Barthelemy, la capitaine de l'équipe de Quidditch. Aussi guerrière et féroce que Jodie était candide et précieuse. Une vraie tigresse acharnée et dominatrice, parfois plus viril que certains garçons. Elle menait son équipe à la baguette, n'avait aucun mal à imposer le respect et pourtant était juste et généreuse. Populaire, amicale, bonne, dévouée. Deux filles biens différentes mais portant les même couleurs.

« Je reprend tes mots : ils aiment ce qui est beau. Toi, tu trouves les choses moches belles. Elles deviennent donc belles à tes yeux. Donc, tu aimes des choses belles. Comme eux. Tout est une question de point de vue, Timothy, exposa-t-elle en souriant, illustrant toujours grossièrement ses mots avec ses mains, lui donnant l'air d'une danseuse de macarena. De toute façon, tout le monde est différent de tout le monde. Le seul réel point commun, celui qui nous rassemble, c'est que nous sommes des êtres humains. Ça marche même avec les moldus, tu vois ?! Tu n'est pas quelqu'un de prétentieux, égoïste et ambitieux, si ? Tu n'es donc pas un serpentard – bien que je sois assez généraliste pour le coup, ils ne sont pas tous aussi antipathique, enfin bref. Je ne te crois pas aussi intrépides et casse-cou qu'un gryffondor et, vu l'amour que tu as l'air de porter à ma maison, tu ne dois pas être beaucoup plus fait pour les serdaigles. »

Tout dans son sourire montrais qu'elle ne lui en voulait pas. Après tout, elle même n'aimait pas tout ses compagnons. Elle avait appris à les accepter à force de les fréquenter, mais certains l'insupportait grandement. A commencer par Dux Windsor et Superbia, censée être la représentante ectoplasmique des bleus. Splendide image qu'elle donnait de leur maison. Enfin...

« Tu dois être un original toi aussi. Par tes loisirs, tes intérêts, ta façon de penser ou peut-être juste ta façon d'être. Et puis, je ne te connais pas vraiment, mais je pense pouvoir dire que tu es quelqu'un de sympathique et avenant. Il ne tien qu'à voir comment tu m'a abordé. Enfin... Je peux comprendre que tu ne te sentes pas à ta place, c'est normal, mais dis toi que si Sir Le-Grand-Choixpeau, elle prenait toujours une voix de duc péteux quand elle parlait du tout puissant couvre chef, ça l'amusait, t'as répartie chez les blaireaux, c'est sans aucun doutes parce que tu y as ta place plus que partout ailleurs.... Une vraie fleur séchée pour le pot-pourri ! »

Sur ces derniers mots flatteurs pour certains, désoeuvrant pour d'autres, Phoebe éclata de rire. Ce grand rire qui nous fait plisser les yeux, remonte et rosir les pommettes et sourire à pleine bouche. Elle appréciait ce Timothy et sans trop comprendre pourquoi, elle avait l'impression de se faire la morale à elle même. Sans pour autant entendre ses propres conseils.