Tu t'es toujours demandée si ton destin était écrit quelque part, si réellement tous tes fait, tous tes gestes, étaient calculés depuis la création du temps et du monde. Tu t'es toujours demandée si tu n'étais qu'une logique. Tu t'es toujours demandée si le hasard existait. Toujours des questions, toujours une idée, toujours sans réponse. Tu as beau croire que Dieu existe, au fond de toi tu as toujours un doute. Tu pries pour lui, tu vis pour lui te disaient les bonnes soeurs. Mais maintenant tu n'en n'es plus aussi sûr. Tu vois ce monde, tu vis dans ce monde. Tout se mélange, tout s'entremêle, et au final, tu n'es toujours pas avancée. C'est fatiguant de réfléchir, c'est fatiguant de devoir croire en quelque chose. Et puis de toute façon, s'il existait, il ne te torturerait pas.

Pardon.
Excuse-moi.
Je suis désolé…
Ça ne marche pas à tous les coups.

Tes doigts passent contre le bois des meubles de la boutique Honeydukes, ils sentent les imperfections, ils effleurent les échardes. Tu lèves les yeux sur les étagères remplies de confiseries colorées qui te font saliver, laissant glisser ton regard d'un bonbon à l'autre. C'est calme aujourd'hui, à peine quelques rirent de premières années et de gloussements féminins devant un jeune homme qui lui fait la cour. Juste le son des pas du monde, juste le son des respirations et de l'exaltation, de l'envie.

Tu passes une jambe après l'autre, laissant maintenant ballant tes longs bras fins. L'expression toujours aussi calme tu t'arrêtes devant le présentoir des dragées de Bertie Crochue. Tu détails les paquets des bonbons farceurs. Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu fais ça, mais à chaque fois tu t'arrêtes comme ça, devant, et tu regardes, comme si tu calculais ton coup. Tu regardes les couleurs, les formes, mais au final tu prends la même boite, au même en droit, la boite qui se trouve tout en haut, à gauche.

Flânant jusqu'au comptoir tu prends au passage quelques suçacides, histoire d'en avoir un stock pour faire une farce à tes camarades si l'envie te prend un jour. Tu payes donc, remerciant doucement, puis tu te diriges vers la sortie.

Avant de passer la porte tu ranges tes achats dans un sac en vieux tissus marron. Un sac besace, plutôt ancien, que tu utilisais à l'orphelinat pour ranger tes affaires personnelles, décousue par endroit. Tu le mets donc suspendu à ton épaule, sortant de l'établissement....

En te cassant royalement la figure.

En effet, alors que tu sortais, tu as raté une marche, te retrouvant momentanément à faire une rotation sur toi-même et te retrouver sur le dos.

Une douleur lancinante te foudroie la colonne vertébrale et ton souffle se coupe. En cet instant tu te souviens avoir lu dans les tasses, en divination, que tu tomberais dans les escaliers. Lesquels ? Maintenant tu as la réponse.

Aoutch, putain ça fait mal.

Réalité.

La douleur est brutale. Elle est diffuse un moment, puis implose dans ta colonne vertébrale comme mille cristaux de verre dans la chair tiède d’un corps vivant. Ta respiration est coupée, ton cœur fait un bon qui te fait tourner la tête, ta vue est brouillée un court instant. Heureusement ton crâne n’a pas frappé le sol, c’est juste ton échine qui a encaissé le coup.

Les quelques secondes où ta vu s'est brouillée a laissé le temps à une personne de se pencher sur ton corps dans une fâcheuse posture. Celle-ci t'est familière. Des cheveux blancs, un regard bleu comme l'océan, la peau presque aussi pâle que la tienne, l'air calme. C'est Cyryiel. La jeune fille te tend la main avec des traits qui semblent un peu gênés, " Euh, tu veux un coup de main ? T'inquiètes pas, la marche glisse, ça m'arrive souvent aussi... ", encore légèrement sonner tu ne réagis pas tout de suite, tu te contentes de te redresser sur tes coudes, avant de te relever doucement et un peu maladroitement, tout en lui répondant sans la regarder dans les yeux, " Non. Merci. ", Camper sur tes deux jambes tu époussettes ta jupe noire. Tu portes l'uniforme de ton orphelinat quand ce n'est pas celui de Poudlard. De toute façon tu ne sais pas ce que tu peux porter d'autre.

Ton sac a été projeter derrière Cyryiel, alors sans un mot tu vas le reprendre, priant pour que la boîte de Bertie Crochue ne se soit pas ouverte dans le vole. Remettant la bride sur ton épaule, tu te retournes enfin vers la demoiselle pour la questionner, " Que fais-tu ici ? ", demandes tu en la regardant avec nonchalance. Pas que tu en as vraiment quelque chose à faire en soit, pas comme si tu t'intéressais à elle. Après tout, elle n'est rien d'autre qu'un pion comme un autre pour ta propre survie. Non, tu veux juste savoir si elle t'a vu dans cette boutique de douceurs. Tu ne voudrais pas qu'elle croit que tu aimes le sucre, que tu aimes la délicatesse.

Ça ne colle pas à ton armure.

Par contre, la douleur au dos est bien là, tu l'as bien sentit et tu t'en mords les joues. Serrant la sangle de ton sac tu espère que la douleur passe.

Ta camarade de maison te montre son sac bleu pétant en te disant avoir acheté quelques babioles. Non. Non. Non désoler, mais ce n'est pas "quelques" babioles. C'est une réserve complète qu'elle a faite. Rien qu'en regardant ce pauvre sachet tu sens dans ton sang qu'un diabète se développe à toute allure. Sinon quand elle dit cela avec une note de culpabilité gênée, tu la toises froidement de haut en bas en levant un sourcil, " Quelques... Bien sûr... ", Répètes-tu, l'air un peu septique. Tu détournes donc le regard, te sentant faire une overdose, même si au fond tu as une folle envie de faire de même.

Un court blanc s'installe entre vous, et tu décrispes légèrement la mâchoire. À force d'être aussi tendu, même sans te faire mal, tu vas finir par te manger l'intérieur des joues.

Rapidement Cyryiel reprend la parole ne te voyant pas réagir, " Si jamais tu es partante, on peut aller boire quelque chose de chaud, ça fera du bien à tes muscles, et ton dos sera un peu moins contracté, tu as l'air assez tendu. Ça te tente ? ", te propose-t-elle en te regardant. Quand les mots résonnent enfin à l'intérieur de tes parois crâniennes, tu sens une soudaine panique s'installer au creux de ton être.

Elle. Te. Parle.
Elle. T'invite ?
Elle... Sympathise.

Et la première chose que tu voudrais faire c'est de dire non. Non tout simplement et de prendre tes jambes à ton cou. Mais voilà, tu ne peux pas. Tu as fait une promesse au prêtre. Et tu dois t'y tenir. Sauf bien sûr en cas d'urgence. Genre Richard.

L'esprit un instant à l'ouest dans tes pensées, tu reviens tout de même rapidement à la réalité, regardant Cyryiel de côté, la voyant sans la voir en même temps, regardant un point à côté. Tu n'arrives toujours pas à regarder les gens dans les des situations comme ça. Tu as l'impression que la gêne pourrait se lire dans ton regard, alors tu le caches même s'il est toujours inerte, divaguant.

Desserrant ta poigne sur la sangle qui commence à grincer, tu lui réponds d'une voix calme, " Pourquoi pas. On a du temps en plus.", tu t'avances dans la rue avant de te retourner sur la jeune fille, " On va aux trois balais. ", pas de question. Juste une affirmation. De toute façon tu doutes qu'elle veuille aller à la tête du sanglier... Même si tu ne la connais pas vraiment, tu penses au moins que ce n'est pas son genre d'aller dans un bar glauque.

Tu es froide, trop dure, trop droite. Ça casse, ça brise, mais pas glace. C'est bancal, c'est coincé. Y'a un truc. Un truc loin. Très loin. C'est quoi déjà ? C'est brûlant. C'est délicat.

Mais c'est quoi déjà ?

Ça se mange ?

Tu laisses ton corps pâle draper d'ombre se dirigeait en silence vers le bar le plus fréquenter de pré-au-lard. Étrangement, le bruit que dégage ce lieu ne te dérange pas plus que ça, même, il t'apaise. C'est joyeux, convivial, chaud. Tout ce que tu n'es pas. Alors tu apprécies ça, tu te laisses couvrir par les braillements des sorciers, les chuchotements des secrets, et tu divagues.

Passant la porte, tu retrouves cette ambiance douce et agréable, mais aussi brutale et bruyante. Sans un mot vous trouvez une place, sur une petite table en fond de salle, après quelques bousculades, regard de travers échanger avec des sorciers qui prenaient un peu trop d'espace, sans se soucier d'autrui.

Toutes les deux vous aviez l'air un peu gênait, mais l'atmosphère que dégage l'établissement, te détend un peu. Tu laisses glisser un peu ton regard sur la population, ton sac toujours à l'épaule. Dans cette situation tu te retrouves terriblement mal à l'aise. Tu aimerais même mourir. Mais cela sera pour une autre fois, ou du moins pas dans l'immédiat. Ta camarade commence à te poser plusieurs questions à une vitesse folle, " Tu veux boire quoi ? Et ce que ça te dirais de manger quelque chose ? ", alors que tu ouvres la bouche pour lui répondre, elle reprend de suite la parole, " Tu fais la collection des cartes ou non ? Si oui choisit une des deux, le karma te guidera peut être ! Si non, ben il n'est jamais trop tard pour commencer. ", Woh, woh, woh ! Y'a un truc qui s'est passé entre il y a même pas dix minutes et maintenant. Tu as l'impression d'avoir une autre Cyryiel en face de toi. Tu ouvres un peu la bouche en regardant les boites, puis tu la fermes, puis... enfin tu balbuties, " Ah euh... Celle-ci , tu désignes celle de gauche, Et... oui je fais la collection des cartes. ", tu as été prise de court, tu ne pouvais pas refuser.

C'est plutôt gênant... tu prends la petite boîte, la regarde attentivement. Avant de l'ouvrir tu jettes un regard à Cyryiel et tu la remercies. Tu retires la petite ficelle et une chocogrenouille se jette aussitôt dans la foule.

Raah... tu as encore oublié que c'était vivant.

Alors tu regardes la petite bête faire des bonds sur la tête des gens, " Oups… ", tu reportes ton attention sur le paquet, et tu vois que tu as obtenue... ," Hengist de Woodcroft, de ce que j'ai lu de lui en histoire de la magie, il a été chassé de chez lui par des moldus au moyen-âge et serait venu en écosse en aillant fonder pré-au-Lard. Ici il semblerait que cela soit son ancienne demeure.", dis tu toujours en regardant la carte. Tu es tellement plongée dans tes explications que tu en oublies le serveur qui est juste à côté de toi, " Et vous ? Que voulez-vous ? ", tu lèves la tête embarrasser, " Oh, du thé au pissenlit. S’il vous plaît. ", tu regardes vaguement Cyryiel, et le serveur s'en va. Tu plisses les yeux, sur la fenêtre derrière la demoiselle, sur une tâche noire, fronçant les sourcils... tu vois un chien. Un gros chien noir. Menaçant.

Il te regarde, tu le regardes. Ton regard de perle se fond dans les ambres de l'animal qui découvre ses crocs. Tu sens tes lèvres tremblaient légèrement, tu te sens autre, tu te sens agressive d'un coup, et tellement peureuse. Tu as envie de feuler. Comme un chat qui veut se défendre, mais une voix familière te parvient, " Tu es sure que ça va ? ", tu clignes des yeux, perdant ceux de la créature et trouvant ceux de Cyryiel, " Tu es toute pale, c'est ton dos qui te fait mal ? ", tu la regardes. Tu laisses un silence. Non. Pas ton dos. Tu l'as même oublié au final, avec la chaleur du Pub cela a endormi la douleur. Non tu n'as pas mal. En fait tu as quoi ? C'est difficile, c'est perdu loin. Et le serveur arrive et dépose vos commandes. Déclic. Ton regard redevient taciturne, nonchalant, " Oh euh oui ça va. Ça va... C'est mon teint... enfin ma peau naturelle. Mon dos va bien ... enfin ça va. ", tes mots s'entrechoquent, c'est bordélique, plus si clair. Tu regardes ta carte, histoire ne pas paraître trop perdu, " Disparu. ", tu soupires et pose la carte sur la table.

Regardant ton thé, tu sens une odeur champêtre. Ça te rappelle un peu ton enfance. Ça te rappelle un peu Annabelle. Il y a deux sucres sur le côté, mais tu ne les mets pas, tu mets ta cuillère dans le liquide, et tu tournes. Tu tournes sept fois et parle, " Sinon... non je n'ai jamais eu cette carte. Enfin pas dans ma collection actuelle. Je n'aime pas non plus vraiment l'histoire de la magie. Enfin... pour moi c'est une évidence. ", dis-tu la tête poser sur ta main, accoudait à la table. Tu ne sais ce que tu aimes vraiment. Tu sais juste que tu connais toutes les cartes par coeur, et que tu es douée en Histoire. Alors ton regard nordique s'éloigne derrière la fenêtre. L'animal n'est plus.

Encore et toujours le regard dans la vague, tu prends ta tasse et la porte à tes lèvres pâles. La chaleur te donne des frissons, ça parcourt ton corps froid, ça s'écoule dans ta gorge, enlace tes poumons, réchauffe ton coeur, te remplit d'une étrange allégresse. Par contre tu trouves que cela a un goût plutôt... humm... étrange, pas si agréable que ça. C'est amer. Tu préfères le sucre. Tu poses ta tasse et tu reprends d'un ton pensif ," Tu crois aux prédictions ? Tu sais... les tasses en divination.", et ton regard croise celui de Cyryiel, tu l'observes, tu la sondes, sans vraiment chercher quelque chose, puis tes lèvres s'étirent une nouvelle fois, " Je trouve ça ridicule. Comme si des feuilles de thé pouvaient prévenir l'avenir. ", sur ces mots tu hausses les épaules, et fini la dernière gorgé de ton thé. Tu regardes les feuilles au fond... ça ressemble à... une tâche. Une tâche brunâtre. Ou bien, avec un peu d'imagination une girafe. Ou dans l'autre sens... un chien, un loup ? Tu penches le récipient humide vers Cyryiel , " A la limite... je peux dire voir une girafe... ", et tu parles. Tu parles plus. Tu vas croiser une girafe dans ta vie ? Pourquoi pas.

La demoiselle en face de toi semble proche de l'étouffement lorsque que tu parles de prédiction. Tu retiens ce comportement brusque, mais ne dit rien. Peut-être une feuille de thé mal passée dans sa trachée. Tu te contentes juste de lever les yeux vers elle, écoutant ce qu'elle a à dire, n'apprenant rien de très important. De toute façon, peu de gens prennent au sérieux la divination. C'est tellement abstrait, si hasardeux. Et tellement droit en même temps. Personnellement, tu n'as jamais été une lumière dans cette matière, et c'est bien la seule. Mais étrangement, cette année tu ne t'en sors pas trop mal. Même si à ton avis l'enseignante ne doit pas prendre que du sucre dans son thé lors des corrections de copies, ou avant de vous faire cours. D'où le fait que tu te retrouves avec des notes pas si mauvaises.

Dans la foulée tu hoches simplement la tête, quand elle te dit que ta girafe-loup ressemble aussi à un marteau. Haussant vaguement les épaules tu souffles un, " Oui. ", léger. Pour toi cela reste des feuilles de thé humides. Rien de plus. Rien de moins. Alors que Cyryiel penche sa tasse vers ton regard, ta mâchoire se crispe, " On dirait un S dans la mienne, enfin, je crois. ", et tu détournes les yeux de cette forme. Tu les poses de nouveau dans ta tasse et dit, " Je vois plutôt un chemin. ", à son sujet, pour détourner cette image qui te dérange.

S comme serpent.

Regardant de nouveau, l'ancienne place du chien noir, ton esprit divague un peu et une question franchit tes lèvres, " Tu crois que le Sinistros existe ? ", et tes perles claires se posent dans les yeux océan de ta préfète de maison, " Des gens en parlent. Mais il n'y a aucune preuve... ", jouant avec les gouttes restante dans ta tasse, tu modifies l'emplacement des amas bruns, déformant la masse noire. Perdue dans tes pensées. Comme toujours. Loin de tout. Loin du coeur.

Prenant une inspiration tu observes Cyryiel, n'arrivant pas à avoir un sourire. Mais ne voulant pas la mettre plus mal à l'aise et pour reprendre sur une note plus douce tu réponds à sa première question que tu avais presque oublié, " Sinon j'ai quatre cartes de sorciers... enfin cinq maintenant.", en désignant la nouvelle, " J'ai perdu toute celle de mes autres années... et toi ? Tu en as combien ? ", demandes tu en posant tes coudes sur la table et croisant tes mains, toujours en la regardant.

C'est plus fort que toi. Tu dois imprimer les gens dans ton esprit. Tu dois tout savoir de leurs mimiques, de leurs gestes, de leurs réactions.

Ça te permet de te protéger des autres.

Alors tu observes aussi le reste. Tu sens la note douce du trèfle qui vient de sa tasse, et reportant à nouveau tes prunelles sur elle tu la questionnes à nouveau, " Tu es irlandaise ? ", d'une façon plus douce, plus anodine et détendue.

En fait, le thé aux pissenlits fait son effet finalement.

Tu fais en sorte d'écouter ton interlocutrice, avec toute l'attention que tu peux lui porter. Étrangement tu te surprends à apprécier sa présence, cette discussion sans réel intérêt. Finalement tu trouves que d'être sociable un instant n'est pas si mal, que c'est plutôt agréable même. Tu te surprends à aimer un instant l'espèce humaine. De toute façon tu ne vois rien de mauvais chez Cyryiel. Tu ne ressens rien de toute façon. Rien de concret. Rien que tu comprennes. Tu sens juste un truc doux, un truc léger. Tu ne sais pas si c'est un sentiment, une ambiance ou une impression. Tu ne sais pas, mais tu t'y plais. Peut-être que tu te trompes au sujet de Cyryiel, elle est peut-être malsaine, mais pour le moment tu n'en vois rien. Tu ne vois qu'une innocente.

Mais tu es peut-être trop naïve.

Et soudain ton organisme se raidit. Tu te remets à te méfier, ton regard un instant allumé, redevient taciturne, mais ton attention est toujours présente, tu recommences à calculer, à observer en détail.

La demoiselle te dit qu'elle a elle aussi perdu sa collection de cartes. Décidément, il faut croire que pas mal de monde a perdu son petit trésor cette année. Soupirant, donnant une fausse image de compassion, tu croises tes bras sous ta poitrine, et te cale bien dans ta chaise.

Alors qu'elle te confirme ses origines, elle te demande les tiennes. À ce moment tu baisses le regard, ne sachant pas trop quoi dire. Tu ne sais pas grand-chose de toi, de ton histoire. Tu doutes même sur tes origines. Même si avec ton nom de famille tu ne peux pas trop te tromper. Du tout tu te lances, tu joues la carte de la vérité, " Je suis Irlandaise par ma mère. Et je suis russe par mon père... d'où mon prénom et mon nom de famille.", et sur le mot famille tes doigts se crispent sur tes bras, et une douleur te lance dans le dos. Tu es la descendante de deux familles de sang-pur disait le prêtre, mais il semblerait que la famille Strakh n'est pas très connue. Ce qui est une bonne chose pour toi au final.

T'éclaircissant légèrement la gorge, tu te redresses et reprends ta position initiale les coudes sur la table et les mains enlaçaient. Tu décides de dissiper l'attention qu'elle pourrait porter à tes origines, mais tu ne voudrais pas que tout Poudlard sache que tu es orpheline, alors tu lui poses des questions sur elle, " Sinon... française dis-tu ? Tu sais le parler ? J'ai essayé de l'apprendre étant petite... Mais je ne m'exprime pas très bien. ", tout en dévoilant des choses futiles, dans le but de satisfaire peut-être sa probable curiosité de Serdaigle.

Étrangement tu n'as pas envie de lui mentir.

Tu te penches vers la table, accoudé au bois, regardant intensément Cyryiel, demoiselle aux cheveux de neige comme toi. Vous passez de sujets en sujets, d'informations futiles à informations futiles. C'est très étrange pour toi comme situation. Et tu te prends à penser qu'il faut un mal pour un bien. Alors que ton masque de glace fond doucement dans la chaleur joyeuse du Pub, tu vois les commissures de ta camarade se crisper en un sourire. Alors tu trouves que cette mimique sur ses lèvres est magnifique. Que tu aimerais faire ça aussi simplement aussi. Un automatisme comme elle, comme Benedict... comme les autres. C'est si doux et charmant.

Alors qu'elle te pose une question sur ta maitrise de la langue cyrillique, tu baisses les yeux sur ta tasse, les feuilles brunes encore bien humides, « Oui je le parle. Je l'écris, et donc je le lis également. », dis-tu aussi simplement. Tu laisses échapper un léger soupire d'entre tes lèvres pâles, te souvenant des cours de ton prêtre. Il avait insisté sur le fait que tu devais apprendre la langue, sans t'expliquer vraiment pourquoi, mais tu avais obéis, docilement. Tu ne voulais pas décevoir le bon prêtre. Ton précepteur. Ton Père. Tu vouais, et tu lui voues toujours, une obéissance démesurée. Il est toujours conciliant avec toi, toujours doux et agréable. Tu te plais à te souvenir de son regard lors des messes. Chaleureux. En fait pour toi, il est tout. Il est ta seule famille.

Cyryiel te sort de ta rêverie en un instant, et tu lèves tes prunelles vers elle pour lui répondre, « Oui je fais partie de l'équipe. Je suis batteuse d'ailleurs. », ta douleur au dos remontant lorsque tu te crispes. Tu t'es prise pas mal de cognard dans les côtes. Moins qu'Elise, mais tout de même. Et puis tu sens encore les limaces dans ta gorge... Brrr... c'est dégoutant.

Alors que tu te redresses, ta mâchoire te crispe. C'est de nouveau douloureux. C'est fou ce qu'une petite chute peut être assassine. Te tortillant sur ta chaise tu demandes, « Tu veux qu'on rentre ? Demain on a cours. Il ne faut pas rentrer trop tard. », en effet, il serait préférable de ne pas se retrouver devant le concierge. Tu ne sais pas vraiment quelle heure il est, mais tu veux rentrer. C’est plaisant de parler, mais tu te sens fatiguée… et mal à l’aise.