Garfield soupirait toutes les dix secondes. Un devoir de sortilèges. Il détestait profondément les sortilèges, depuis toujours, parce qu'il était une vraie quiche. Il se plantait régulièrement dans les mouvements, ses sorts avaient des effets inattendus.... Et on voulait qu'il explique plein de trucs au sujet desdits sorts qu'il ne maîtrisait pas ! La joue dans le creux de la main, il avait le coude sur la table des Serdaigles – parce que, quand on fait ses devoirs, c'est mieux de squatter la table des Serdaigles ou des Serpentards. Un vieux truc fourbe. Un peu comme les cruxiverbistes acharnés qui ne pouvaient pas s'empêcher de faire les mots-croisés des autres à leur place, certains Bleus ou Verts ne pouvaient pas s'empêcher de regarder les devoirs des autres pour pointer avec dédain toutes les fautes. Et des fautes, Garfield en faisait un paquet, alors ça l'arrangeait plutôt bien.

Malheureusement pour lui, il n'y avait pas foule ce jour-là. Alors il en était réduit à soupirer, à dessiner sur sa gomme ou sur un coin de parchemin. « L'importance de l'exactitude du ton lors d'un sortilège de précision. » Mais quelle horreur.

Une fille à assise juste côté de lui était en train de gribouiller furieusement sur un parchemin, les joues un peu rouges. Une petite Serdaigle... Jasmine ? Josette ? Un truc comme ça. A tout hasard, il regarda par dessus son épaule.

« Hey ! T'écris quoi ? »

Le blaireau était curieux de voir ce qui l'absorbait autant. Et puis s'il n'arrivait pas à travailler, autant qu'il embête quelqu'un d'autre.

Aujourd’hui, la grande salle est calme. Malgré les rires de certains, les murmures sont les seuls bruits que tu aperçois. Tu es assise à la table des Serdaigles. Devoirs finis, enfin, presque. Il ne restait plus que le devoir de divination que tu avais oublié dans ta chambre, il fallait que tu le fasses ! Regarde le professeur ! Il fait peur et il mange les enfants ! Mais… Ce n’est pas comme si tu étais nulle pour ce genre de chose, mais un peu quand même.

Tu te permets de sortir un nouveau parchemin de ton sac. Plume à la main, prête à écrire quelque chose d’awesome !

Sans t’en rendre compte ton parchemin se noircit rapidement.

« Il entre dans la salle, ton attention se fixe sur son corps élancé. Tu ne peux l’apprécier plus. Une flèche a atteint ton cœur mais tu ne peux l’éjecter. A cause de l’amour, à cause de ton amour. [...] Tu as peur qu’il te déteste, qu’il te rejette, qu’il t’abandonne. Tu crains qu’il ne voie pas dans tes gestes ce que tu ressens pour lui. S’il regardait dans tes yeux, il ne se verrait que lui. Lorsque tu le vois, le temps s’arrê-[...] »

Ta main avance à une vitesse surprenante. Tu passes une ligne.

« [...] Maladroitement, tes mains parcourent son torse musclé alors que c’est avec assurance qu'il t’allonge sur une table à proximité et qu'il - » Oh mon dieu, ça devient chaud. Tu ne te rends plus vraiment ce que tu écris, ça viens … tout seul à vrai dire. « [...]-gard te rend fou. Ta peau brûle à chaque endroit où il a posé ses lèvres et ses mains. Ta respiration s’alourdie, ton rythme cardiaque s’accé - [...]» Tes joues sont un peu rosées. Tu continue à écrire quelques lignes. Tu ne te rends compte que quelques secondes après que quelqu’un t’interpelle. Tu te retournes  et un Poufsouffle ? Il te demande ce que tu écris.  

« Hey ! J’écris une nouvelle pour pouvoir la publier dans pas longtemps ! »   Pourquoi est-ce qu’il le veut savoir en fait ? « Et toi ? Tu as quelques choses d’autres à faire ? Tu veux m’aider à trouver des idées pour finir ? Et puis qu’est ce que tu fais sur la table des Serdaigles, sans être accompagné par d’autres Serdaigles ?» C’était louche, ça… Peut-être est-ce qu’il attendait un de tes confrères de maison et que celui-ci était un peu long pour venir alors le blaireau vient te faire la cosette. Ah oui. « En fait, c’est quoi ton nom ? »

Une nouvelle ? Les Serdaigles étaient complètement cinglés, ça se confirmait un peu plus à chaque fois que Garfield en croisait un nouveau. Lui n'arrivait déjà pas à écrire les trucs obligatoires pour les cours, alors que dire de rédiger des nouvelles...

« Une nouvelle ? C'est classe. Moi je rame sur un devoir de sortilèges. L'importance de l'exactitude du ton lors d'un sortilège de précision. Super joyeux. »

Il montra avec un soupir son parchemin, vide de chez vide, qui reposait abandonné sur la table. Il avait tout juste écrit le titre. Les sortilèges étaient son enfer personnel. Il aurait bien aimé croiser Evelynn. Elle était gentille, Evelynn, et la dernière fois, elle n'avait pas capté qu'il copiait.

« D'ailleurs c'est pour ça que je squatte. Les Serdaigles sont généralement plus utiles pour faire les devoirs, je viens traîner ma cravate jaune par ici comme on agite un gobelet pour mendier dans la rue. « Venez aider le débile, venez », tu vois l'idée ? Mais pour l'instant ça mord pas, alors si t'as besoin d'aide pourquoi pas, j'ai rien de mieux à faire ! »

Le blaireau est serviable, c'est là son moindre défaut.

« J'm'appelle Garfield. Garfield Andersem. Et toi ? »

Il subtilisa le parchemin de Jazzie pour pouvoir lire ce qu'elle avait déjà écrit. C'était plus facile de trouver des idées pour une fin lorsqu'on connaissait le début. Elle avait une écriture de fille, beaucoup plus propre que ne serait jamais celle de Fifi, mais on voyait qu'elle avait écrit vite. C'était un pur brouillon, un jet sur papier d'une inspiration soudaine.

« De quoi ça parle ton truc ? »

« Il entre dans la salle, ton attention se fixe sur son corps élancé. Tu ne peux l’apprécier plus. Une flèche a atteint ton cœur mais tu ne peux l’éjecter. A cause de l’amour, à cause de ton amour. [...] Tu as peur qu’il te déteste, qu’il te rejette, qu’il t’abandonne. Tu crains qu’il ne voie pas dans tes gestes ce que tu ressens pour lui. S’il regardait dans tes yeux, il ne se verrait que lui. Lorsque tu le vois, le temps s’arrê-[...] »

Elle écrit bien, dis donc.Un peu nunuche par contre, ça ressemblait à un roman d'amour dégoulinant, du genre de ceux dont il était sûr que sa soeur cachait sous son lit. Si le blaireau est serviable, il est aussi un peu lent d'esprit, à ne pas capter que tous les pronoms étaient au masculin. Mouais. La suite devait être bien niaise aussi. Il s'arrêta un instant de lire pour commenter, avec un léger sourire, un peu narquois mais toujours gentil, pas perturbé pour un sou... Puisqu'il n'avait pas compris. Évidemment.

« C'est sympa jusqu'ici. C'est pour publier dans quoi ? »

Il n'était pas au courant de l'existence d'une revue pour midinettes désoeuvrées à Poudlard, mais pourquoi pas, hein, après tout. En plus, la romance passionnée ne devait pas être très populaire chez les Poufsouffles, vu que les filles jaunes faisaient peur, ce qui expliquait sans doute qu'il n'en ait jamais entendu parler. Pas vrai ?

Un devoir de sortilège ? Il y en avait un ? Ah non… Tu n’avais jamais vu Garfield à ton cours de Sortilèges et donc forcément, tu n’avais pas les mêmes devoirs que lui. L'importance de l'exactitude du ton lors d'un sortilège de précision. Tu prends un peu de temps pour comprendre l’énoncé, et puis, tu fais les gros yeux. Par merlin ! C’est ça qu’on voit en 5e. C’est compliqué ! Toi qui avais déjà du mal à prononcer le nom des sorts comme Finite Incantate. Fallait-il le prononcé « finité incantaté » ou « finite encantate ». Si en plus il faut les prononcer sur un ton spécial… Le massacre en cours. Bien sur, ne comptons pas le sort cracbadaboum que tu utilisais presque tout le temps en duel et dont tu avais réussi à maitriser l’envoie.
Et puis il te montre son parchemin. Blanc de chez blanc. On est  bien d’accord : c’est difficile la 5e.

Ah c’est donc pour ça qu’il squatte chez vous. Il est malin celui là. Et puis c’est vrai. Les autres Serdaigles faisant parfois la même chose avec tes devoirs. Mais la plupart du temps, je pense qu’ils ne regardaient même pas ta copie, vu les âneries que tu écris, ils avaient bien raison. « Je peut t’aider à le faire, ton devoir. » Ecrire un peu de blabla, c’est toujours mieux que ne rien rendre du tout. Il se ramassera peut-être plus qu’un T. « Après ça bien sur. » en pointant, son parchemin à elle.

Donc ce jeune homme était Garfield… Andersem… Tu avais déjà entendu ce nom mais tu ne te souvenais plus d’où. « Moi, c’est Jazzie Jones. Ravie de te rencontrer ! » Sans même que tu t’en rende compte, Garfield t’avait pris ton parchemin pour le lire. « C’est une histoire d’amour ! C’est tellement mignon ! J’hésite encore à faire une fin heureuse ou pas…»

Il arrête de lire, et quelque chose t’étonne. Il ne te fait pas de remarques sur le fait que ce soit une romance entre deux hommes. La plupart des garçons qui avaient lu tes histoires ne t’adressaient même plus la parole. Et te crachaient presque dessus. Et ce n’était pas seulement les garçons.

« Ce n’est pas vraiment pour publier… C’est plus pour distribuer, tu vois ? Je fais un exemplaire propre, je le copie et je partage mon travail gratuitement.» Parce que si tu les faisais payer, ça n’aurait pas de sens ! Il faut être généreuse et puis, c’est une passion, tu le fais parce que tu aimes ça ! Si un jour, on te proposerait de les vendre, tu diras « non », pas vrai ?

Tu reprends le parchemin, et tu relis ton travail. «Hé, tu penses que je devrais changer et faire la narration en il ? Parce que si c’est une fille qui le lit, ça n’aura plus le même sens. » Tu n’y avais jamais pensé. Si on lisait correctement, bien sur que c’était un homme à qui on s’adressait avec le pronom « tu » mais pour les personnes … Comment dire… plus lent d’esprit, c’était plus difficile. Autant faciliter la lecture pour tout le monde.

Le public que tu vise, c’est bien TOUT poudlard.

JAZZIE. C'était donc ça. Il y était presque, il était fier de lui. Et en plus, elle voulait l'aider à faire son devoir. Tout ça était parfait. Même si elle était plus jeune, c'était une Serdaigle, et les Serdaigles étaient naturellement doués, non ? Aah, le joli cliché.

« Une histoire d'amour, hein ?... ça s'voit. »

Son sourire se fit un brin plus prononcé, alors qu'il écoutait ce qu'elle expliquait. Pas qu'il se moque, hein. Elle était mignonne dans le fond, et Garfield aimait bien ce qui était mignon, même si au nom de sa réputation de mâle il évitait de l'afficher. Parce qu'il avait une réputation de mâle, évidemment. Dans sa tête au moins.

« C'est pas mal ça, au moins tu fais connaître ton travail. T'en fais beaucoup comme ça ? », demanda-t-il distraitement, reprenant sa lecture.

Il était arrivé à un moment de l'histoire qui le fit rougir un peu, et glisser un regard incrédule vers Jazzie. Elle avait de drôles d'idées, pour une petite chose mignonne. Visiblement, c'était le point de vue d'une fille, et il avait un peu de mal à rentrer dans l'histoire, parce que bon. C'était non seulement dégoulinant d'amour, mais aussi dégoulinant d'autres trucs un peu plus louches. Enfin ça le serait dans un avenir proche, avec toutes ces mentions de mains, lèvres, tables et – gasp – torse musclé. En définitive, cette fille avait un problème. Mais bon. Il était rare de ne pas rencontrer quelqu'un avec un problème, dans cette école de fous, alors il lui donnait le bénéfice du doute. Surtout si elle était douée en sortilèges.

« Y a... euh, beaucoup de gens qui lisent des trucs du genre ? »

Juste par curiosité, hein. Même si ça lui plairait bien d'avoir des noms, surtout si y en avait à Poufsouffle. Et puis, enfin, il tiqua sur une question après qu'elle lui eut repris le parchemin des mains.

« Comment ça, en il ? » Le garçon plissa les yeux, indécis sur ce qu'il avait compris. Il y eut un silence, du moins entre ses oreilles. Un long silence qui duuure et... « Attends. Pause. Le point de vue, là, c'est un mec qui parle ?! Mais c'est, euh, non attends. J'ai mal lu, hein ? »

L'entièreté de la Grande Salle l'avait probablement entendu, mais bon, il sentait un peu mal ce qu'il venait de lire, d'un coup. Il attendait patiemment que Jazzie réexplique. Il avait sûrement mal compris.

Histoire d'amour. Forcement. Tu n'avais pas la plume pour écrire des histoires autres que d'amour. Tu avais essayé... et ça revenait toujours à une histoire à l’eau de rose entre deux hommes. Tu ne pouvais pas t'en empêcher. C’était plus fort que toi.

" J’en ai encore dans ma chambre et chez moi... je veux dire chez mes parents. J’ai des brouillons et des petits dessins aussi mais je suis plutôt mauvaise pour ca donc je ne préfère pas les montrer. "

Il est entrain de lire. Tu remarques que ses joues rougissent un peu. Il doit être au moment ou le héros se faisait allonger sur la table. Tu adorais ces moments-là!
C’était excitant et ca te donnait des frissons dans le dos! ca ne faisait pas tout les yaoi bien évidement. Il y en avait d'autres qui étaient plus doux et qui te faisaient grandir des papillons dans le ventre. Ceux-là aussi étaient géniaux!

"Beaucoup de gens? Je ne sais pas vraiment... je ne reçois pas beaucoup d'écho sur mes écrits. J’ai juste une amie qui me donne souvent son avis. Victoria, tu connais? Elle a un petit ami donc je ne la vois pas très souvent ces temps-ci"

oui, forcement, elle devait penser a son copain avant toi et puis elle était heureuse quand elle te parlait de lui l'autre jour donc tu ne pouvais pas lui en vouloir. Et puis elle t'avait promis un rendez-vous juste après la st-valentin, ce qui te donnait une raison de plus de ne pas la détester. Elle sent bon aussi quand vous faites des câlins mais ca, tu le garde pour toi, non?

"Hmmm... En il. Au masculin."

Tu t'en doutais. Il n'avait juste pas remarqué que c'était une romance entre deux hommes... il va surement t'ignorer maintenant et toi qui pensait que tu pouvais avoir d'autres amis garçons que Sandy... pas que tu n'aimais pas Sandy, tu l'adorais même mais il était souvent occupé avec le quidditch et a passe du temps avec Romeo et que tu ne voulais absolument pas interférer, il fallait qu'ils finissent a deux!

" Tu n'avais pas compris?! Je pensais que c'était évident. Il faut que je change ca." Tu prends ta plume et tu repasse en revue tout les pronoms et tu griffonne et tu change en il. " Et puis, évite de crier, on m'a déjà engueulé parce que je faisait trop de bruits dans la grande salle. Je ne veux pas de me faire virer enc - ."

Tu t'arrêtes dans ta phrase et tu commence à écrire. Éclair d'inspiration.

[...] son battement de cœur s'accélère. Il ne peut plus résister. Il n'arrive plus à penser correctement. Il s'offre corps et âme a lui [...] la lumière qui traverse les stores le réveille, en ouvrant les yeux, il remarque que l'homme qu'il a toujours aimé est a ses cotés. Il sourit et le care - [...]

Tu souris. C’est encore un peu brouillon mais c’était fini. Il fallait juste que tu le copies au propre. ca faisait un moment que tu n'avais pas écrit aussi vite un yaoi. La dernière fois tu avais pris 2 semaines pour écrire une crotte... peut-être était-ce grâce à Garfield?

Des dessins ? Oh misère. Que personne ne lui apprenne jamais à les animer, surtout. Le nom de l'amie de Jazzie fit tiquer Garfield. Normal, après tout.

« Victoria ? » Il était un brin alarmé. « Comme dans Poufsouffle, couettes et ukulélé ? »

Comment ça, la description était un peu réductrice ? Mais pas du tout. Garfield haussa un sourcil. Si c'était elle...

« Si c'est elle, c'est moi le petit ami, en fait. »

C'était un moyen un peu étrange de découvrir des trucs sur la personne qu'il était sensé aimer. Surtout des trucs dans ce goût-là. Victoria aime lire des histoires avec des garçons qui s'envoient en l'air ensemble. Merlin que c'était glauque.

Jazzie confirma ses craintes, avant de repartir dans un élan d'inspiration. Elle a l'air contrariée. Et Garfield n'a aucune envie de contrarier la seule Serdaigle qui ait eu l'air intéressée par son devoir jusque là. En plus, elle était mignonne. Et amie avec Victoria. Il prit une grande inspiration.

« Je... Ouais j'avais pas compris. Mais bon, ça change pas grand chose, hein. » FAUX. Tellement faux. « Juste une, euh, perspective différente. »

Beaucoup trop gentil, et beaucoup trop intéressé pour son propre bien, le petit Pouffy.

« C'est un genre particulier, j'aurais juste pas cru que, euh... ça existe. Voilà. »

Il était clairement mal à l'aise, mais il essayait. Vraiment. Et il regardait Jazzie avec une espèce de fascination morbide, l'intérêt qu'on porterait à un adorable boursouflet s'il s'était soudain mis à manger des gens. Parce que c'était un peu ça, en fait ; elle était mignonne, adorable même, avec une bouille des plus innocentes... Et elle écrivait dix cochonneries à la minute. C'était complètement surnaturel. Il était peut-être temps de revoir sa fameuse théorie sur les filles : y a pas que les filles de Poufsouffle qui faisaient peur. En fait, les filles (tout court) faisaient peur.

Et par contre... Il ne put pas s'empêcher de lire par dessus son épaule. Juste parce que c'était trop bizarre que pour en détourner les yeux, hein. Il n'était pas homophobe. Il aurait dû l'être, et il avait vraiment essayé en plus, juste pour avoir une raison en plus de détester Pan. Et puis le truc avait eu un copain, qui l'avait déscotché de Zelda, et Garfield s'était surpris à trouver cette relation – qui ne le concernait pas du tout à la base – vachement cool. D'ailleurs, Nausicaa devait le prendre pour un psychopathe, à sourire comme un con à chaque fois qu'il le croisait. Voilà. Pas homophobe, mais pas intéressé non plus.

Apparemment, l'histoire était presque finie. Ou...

« Ah ils repartent pour un tour ?! »

...Pourtant, à leur place, lui, il aurait été fatigué, quoi. Euh, attendez. Non. MAUVAISE PENSÉE.

Ferret transformation.

C’est finit. Enfin tu peux t’en aller, sortir de cette pièce inconfortable pour ton sommeil. Tu empruntes les différents escaliers et couloirs qui te mènent au dortoir des blaireaux. Ton petit chez toi, douillet et chaud. Tu te trouves devant la porte, puis frappe en rythme pour l’ouvrir. Tu rentre et tu te dirige vers le dortoir, passant la salle commune, et voilà, ton lit. Tu le vois, tu t’affales dessus et t’endors lentement. Tu somnoles, et sous ta main, de la fourrure se trémousse. Hein ? Ca doit être ton furet, Jupiter. Tu essaies de le prendre dans tes bras et de le caresser… Et tu rends vite compte que ce n’est pas la petite boule de poils. Elle a un corps humain, frêle et pâle. Tu sursautes. Tes yeux rencontrent un homme avec des oreilles et une petite queue touffue. Tu hésites, tu ne comprends pas vraiment.
- « Jupiter ? »
Il cherche ta main, te demandant de le caresser. C’était lui, tu en étais certain. Tu le caresse, gêné de caresser un « homme » mais c’était ton petit furet à toi et tu ne pouvais résister à ces petits yeux.
- « Qui t’as transformé, toi ? » La petite créature balbutia une réponse que tu n’arrivas pas déchiffré.
- « Hmmm… Peu importe, tu es toujours aussi mignon. » Tu lui caressas ses petites oreilles. Lui pinças légèrement les joues. Quelqu’un ? Tu te précipitas à la porte, et tu sortis, en la refermant dans la même seconde. Un autre jaune te demandant  de signer une pétition pour tu ne sais plus quel raison, tu signas le papier et tu attendis qu’il reparte pour retourner de l’autre coté de la porte. A peine le temps de clore l’entrée, que des lèvres se posèrent sur les tiennes. Entrouvrant ta bouche, laissant faufiler sa langue. Lorsque vous vous séparassiez par manque de souffle, les joues du petit furet devinrent rouges et il baissa les yeux, évitant ton regard, essayant de fuir la situation qu’il venait de créer. Tu en décidas autrement, étrangement, tu te sentis attirer par la nouvelle forme de ton furet, et par lui. Vos lèvres se rencontrèrent à nouveau. La situation allait vite. Peut-être trop vite. Tu le poussas. Tu le plaquas sur ton lit. Tu l’embrassas avec passion à l’origine inconnu. Lui murmurant des mots mielleux. Sans cesse… sans cesse… Au fur et à mesure, tu te retrouvas nu. Accompagné de la chaleur de vos deux corps. Tu n’attendis pas pour le dévorer et lui enlever l’innocence de son corps humain. Vos débats amoureux continuèrent  jusqu’à ce que le petit furet s’endorme dans tes bras. Good night sweetheart.

Comment ça, leur directeur de maison, plus viril ? Cette fille avait un sérieux problème. Non pas que, s'il était réaliste, Garfield se prenne pour un dieu, mais euh. Carthaigh ? Vraiment ? Question modèle de masculinité il aurait pris, euh. Morgan, c'était trop bizarre. Donc deuxième choix, Leone ou Helgoland, sûrement. Mais bon. Chacun ses idées tordues hein.

Jazzie était tellement bizarre qu'il allait éviter de commenter certains trucs, au risque de passer pour un con. Il ne voulait surtout pas savoir comment elle avait découvert ses pouvoirs magiques si ça incluait deux mecs tout nus, sérieusement. Peut-être qu'elle avait rendu un mur transparent pour se rincer l'oeil. Il voulait bien la formule pour les vestiaires de Quidditch, si c'était ça, mais non, il ne demanderait pas.

Et voilà qu'il se retrouvait à être surveillé par un Serdaigle pour ne pas qu'il s'enfuie – il ne pouvait pas nier qu'il en avait envie, elle donnait même des noms à ses guguss la fille. Luké, encore plus débile que son prénom à lui. Il se demanda si c'était toujours les mêmes personnages, ou si elle changeait parfois.

Un siècle plus tard, environ, où il était tombé endormi la tête dans les bras sur la table, il allait avoir sa réponse. Sérieusement quoi... Qu'est-ce qui lui avait pris de s'asseoir là ? Cinglés de Serdaigles. Et en plus elle revenait de son périple au bout du monde pour lui sauter dessus comme une excitée en hurlant des trucs qu'il n'avait jamais entendu que dans des hen... jeux vidéos. Et là, y avait pas de sous-titres.

Secoué comme un prunier, il se redressa avec le peu de courage qui lui resta et prit une grande inspiration. Encore un truc à lire. Il commença par se le décoller du visage, histoire de ne pas loucher sur les lignes.

En voyant le titre, il crut qu'il allait vomir.

Et puis... Et puis. Dortoir des blaireaux. JUPITER. Comme dans Jupiter, le furet de Kalev. Son envie de vomir se transforma brusquement en envie d'exploser de rire. Mais il devait se retenir, parce que ça avait l'air de lui tenir tellement à coeur... Il n'avait pas envie de blesser Jazzie, elle était comique comme fille. Alors il lui présenta le visage le plus inexpressif qu'il put trouver, directement inspiré de Bartholomew. Même s'il devenait tout rouge à force de se retenir de rire. Lorsqu'il eut lu la dernière ligne, dans le plus grand silence malgré Jazzie qui avait l'air de sautiller dans tous les sens, il la regarda avec un air très, très sérieux.

« Jazzie. » Sa voix était étranglée, rauque, remplie d'émotion mal contenue. Ne pas rire, ne pas rire, ne pas rire. « Je crois qu'il va me falloir une copie de ça. »

Oh que ça allait être bon de faire lire ça à Kalev.

Jazzie avait l'air un peu hallucinée par sa demande. Sans vouloir être mesquin, il pouvait bien comprendre, ça ne devait pas être tout les jours qu'un garçon appréciait son travail. Ou alors les garçons très gays. Ce que Garfield n'était pas. ... Et si elle se le mettait en tête, avec le fait qu'il voulait une copie ? Si elle s'imaginait des trucs quant à ce qu'il voulait faire avec ça... ? Non. Elle savait qu'il sortait avec Victoria. Excellente justification.

« Genre une copie ? Un duplicata ? Une réplique ? Quelque chose dans le genre là ? » 

Il hocha vigoureusement la tête. Exactement ça. Il ne s'attendait juste pas à ce qu'elle se lève dans un joli 'BONK' de genoux sous la table pour faire une danse de la... joie ? Cette fille était vraiment bizarre. Garfield écarquilla les yeux. Effrayante. Mais bon. Elle restait mignonne, dans son genre flippant.

Jazzie lança un sort de duplication, et le parchemin s'envola... Pour que deux parchemins atterrissent. Garfield les attrapa comme si c'était quelque chose de précieux, un vif d'or par exemple, regardant la feuille avec adoration. Il en tendit un à Jazzie, et posa l'autre sur la table. La promesse d'une excellente blague. Hinhinhin.

« Merci ! Rah, c'est parfait, t'es la meilleure ! »

Qu'est-ce qu'il pouvait rajouter à ça ? Que ça allait lui être très utile ? Non, elle pourrait l'interpréter de travers et eurk eurk beurk. Il lui adressa donc un grand sourire.

« Si tu écris des trucs sur les Poufsouffles parfois, tu me les fais relire quand tu veux. Oh et, tu veux bien signer celui-ci ? »

...Ok, c'était complètement louche. Mais c'était son devoir de prévenir ses camarades de leur apparition dans de la littérature, n'est-ce pas ? Il ne voulait pas être méchant avec Jazzie, pas du tout, il respectait son hobby un peu bizarre, parce que quand lui se mettait à parler de jeux vidéo à Poudlard, on le regardait parfois de travers, mais il fallait tout de même avouer que le hobby en question était vachement drôle pour l'oeil de celui qui y voyait l'occasion de le faire lire aux protagonistes.

Savoir pourquoi... ? Ah, c'était une question difficile. C'est qu'il n'avait pas du tout envie de vexer Jazzie, et qu'il lui semblait qu'utiliser son écrit – qui n'était pas si mal d'un point de vue euh, stylistique ? – comme une blague, c'était pas spécialement très gentil, c'était ne pas vraiment la prendre au sérieux, et il ne voulait pas qu'elle ait cette impression, parce que dans le fond ce n'était pas si vrai que ça.

« Euuh. »

Très éloquent, bravo.

« Bah. C'est bien écrit, ça concerne ma maison, j'ai envie de faire partager, donc voilà. Tu devrais faire une gazette en fait, un truc du genre, pour que les gens puissent lire. »

Au delà de cette idée de blague, qui n'aurait sans doute pas de vraie répercussion sur Jazzie, autre que faire connaître son travail, - et dans tous les cas, haters gonna hate – il semblait à Garfield que c'était tout de même cool. Elle avait l'air contente que quelqu'un l'écoute, et ça n'avait pas l'air d'être le cas souvent, en fait, comme il s'en était déjà fait la réflexion. C'était peut-être un chouette cadeau à faire à quelqu'un que de l'écouter parler de sa passion bizarre. S'il pouvait permettre à quelqu'un de, pour une fois, ne pas avoir l'impression d'embêter le monde en s'étalant sur son hobby inhabituel, c'était bien aussi. Ce qu'elle écrivait pouvait bien être bizarre, si elle s'amusait, après tout, hein. Alors dans les raisons, même s'il ne le disait pas à voix haute parce que ça aurait pu être interprété comme de la pitié alors que ça n'en était pas, on pouvait sans doute rajouter que c'était pour lui faire plaisir.

Et puis il baissa les yeux sur son devoir, et se mordit la lèvre inférieure.

« Ah bah non. »

En effet, ça n'avait pas avancé d'un pouce. Il soupira faisant tourner sa plume entre ses doigts.

« C'est pas grave. Ma moyenne en sortilèges peut pas descendre plus bas, de toutes façons. T'as des idées pour tes prochains écrits ? »

Il se pencha sur son parchemin tout de même. Ça ne lui posait pas de problème de papoter en travaillant, il allait dans tous les cas écrire des inepties.