Carys regarda son assiette de clafoutis à la cerise. Elle aimait le clafoutis, mais pas les cerises. Il n'y avait pas beaucoup de fruits qu'elle aimait en réalité. Mais ça sentait tellement bon... Et ça serait du gâchis de ne pas le manger alors que les elfes de maison se sont donnés la peine de le faire... Tant pis, elle ferait un effort. Elle prit une grande inspiration et la bloqua avant d'avaler une bouchée, puis deux, puis trois, en le tout en entier. Quand elle avala la dernière bouchée, elle se remit à respirer et fit passer le tout avec du jus de citrouille. Voilà, elle n'aurait pas mauvaise conscience maintenant.

En discutant avec ses amis, elle se rendit compte que quelque chose de bizarre se produisait. L'une de ses amies avaient pratiquement sauté du banc pour courir se jeter dans les bras d'un Poufsouffle qu'elle connaissait à peine. Certains semblaient tout aussi abasourdis, d'autres nerveux. L'un d'entre eux éclata tout à coup en sanglot et s'enfuit en courant.

« JE SUIS AMOUREUX. »

Un silence perturbé, puis les bavardages reprennent. Carys écarquille les yeux.

« Je rêve ou Gingko vient de sauter par-dessus la table de Poufsouffle ? »

Carys regarda du côté des Serdaigles, puisque c'était de là qu'avais jaillis la furie. Ils ne s'en sortaient pas vraiment mieux là-bas non plus, elle assista même en direct à une Serpentard faire un plaquage digne d'un joueur de football américain à un pauvre Poufsouffle. Son regard dérive vers la table des Serpentards. Et elle le voit, lui.

C'est étrange. Elle se souvenait l'avoir vu et immédiatement placé dans la catégorie des personnes non fréquentables. Un Serpentard, d'une part, président du club d'hôtes, d'autre part. Elle s'était tout de suite dit qu'elle ne traînerait probablement jamais avec lui.

Alors pourquoi est-ce qu'elle se sentait irrémédiablement attirée vers lui ?

C'est comme si tout le reste n'avait aucune importance. Comme si tous les elfes de maison avaient rassemblé des projecteurs et que tous les feux étaient sur lui. Son coeur battait la chamade, et pourquoi est-ce qu'elle avait chaud tout à coup ? Même ses mains étaient moites. Ses jambes semblaient lutter pour rester immobiles au lieu de courir se jeter dans ses bras. Il était magnifique. Ses cheveux bruns, ses yeux sombres, sa gueule d'ange, sa cravate verte qui fait ressortir son-... VERTE. Verte Carys. Vert égal danger. Elle tourne les talons, paniquée, le rouge aux joues.

« Je... Il faut que j'te laisse ! Je m'sens pas bien.»

Elle abandonne son ami qui se fait traîner par le col dieu sait où et court vers le dortoir, où elle pourra s'isoler. A peine eut-elle fait dix pas que les larmes commencèrent à couler sur ses joues. Hein ? Elle prend appuie contre le mur en pierre et croise les bras autour d'elle, incertaine, vulnérable, triste. Pourquoi est-ce qu'elle était triste ? Elle ne le connaissait même pas, et c'était un Serpentard. Serpentard, Serpentard, Serpentard. Et puis merde.

Carys essuie rageusement ses larmes, et retourne vers la grande salle. Où était-il ? Là... Là, elle le voit. Évidemment, elle avait l'impression qu'il n'y avait que lui, que ses yeux ne pouvaient pas regarder ailleurs, que seule sa présence importait. Pourquoi lui ?!

Elle s'approche rapidement de lui, l'air furieuse. Oui, furieuse, même si elle a encore les larmes aux yeux. Elle l'attrape par sa cravate, le regarde, en colère, paniquée, presque désespérée.

« Toi... Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu m'as fais ?! »

Elle ne peut s'empêcher de penser qu'il est encore plus beau de près. Si elle cherchait "magnifique" dans le dictionnaire, on verrait simplement sa photo. Et elle ne sait pas ce qui lui prend, une impulsion, tout à coup, elle tire un peu plus sur sa cravate pour le forcer à se pencher, doucement malgré tout. Et elle l'embrasse. Tendrement. Elle a l'impression qu'il n'y a pas meilleure sensation au monde, elle se sent comblée, heureuse.

Puis tout à coup, elle s'écarte, elle le lâche, recule, plaque une main sur ses lèvres. Non. Pas lui, pas un Serpentard, jamais ! Son esprit semble lutter contre quelque chose, mais elle n'y arrive pas. Elle ne peut pas se résoudre à être raisonnable, fuir, l'oublier.

« Pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris, je... »

Carys passe une main dans ses cheveux. Elle se retient de les arracher pour retrouver un semblant de raison. Elle avait eut le coup de foudre pour un Serpentard.

Carys ? Il connaissait donc son prénom ? Mais comment était-ce possible ? Ils ne s'étaient jamais parlé auparavant. Se pourrait-il qu'il l'ait observée pendant tout ce temps ? Se pouvait-il qu'il ait également des sentiments pour elle ? Ça paraissait fou, impossible. Et pourtant, comment pouvait-il en être autrement ? Elle qui se faisait si petite devant les Serpentards, elle qui faisait tout pour ne pas attirer l'attention... Comment un homme comme lui aurait-il pu s'intéresser à elle ? Pas le temps de lui poser la question qui lui brûle les lèvres, Icarus se reçoit un verre de jus de citrouille à la tête. Elle lâche un petit couinement se surprise, l'air inquiète.

« Ehm... Est-ce que ça va ? »

Bien sûr que ça allait, ça n'était que du jus de citrouille, pas de l'acide ! Pourquoi elle avait l'impression que c'était un cognard qu'il avait reçu à la tête et non un gobelet ? Il avait le visage et les cheveux trempés. Elle tendit la main pour voir s'il n'avait pas gardé une bosse, mais il lui prit le bras et l'entraîna plus loin. Un contact électrisant qui lui envoyait mille vagues de bien-être. Carys jeta un coup d’œil dans la salle. Elle n'avait pas remarqué, mais tout était devenu chaotique, entre crise de larme, de jalousie et d'incompréhension. Ça partait dans tous les sens, elle évita de justesse une cuisse de poulet destinée à la fille à sa gauche, qui apparemment était beaucoup trop proche d'un Gryffondor qu'elle n'eut pas le temps de voir.

Il l'entraîne dans une salle, la fait rentrer comme s'ils fuyaient une bande de zombies. Ce qui n'était pas si loin du compte comme situation. Il referme la porte derrière et lui désigne une chaise, pourtant elle n'a pas envie d'aller si assoir. S'il restait debout, elle resterait à ses côtés. Le jeune homme tente de sécher ses cheveux, mais le jus de citrouille était collant. Ses cheveux d'ébènes... Elle détourne son regard vers ses yeux pour l'écouter parler, comme si la moindre de ses paroles étaient capitales, que sa vie en dépendait.

Il était... gentil. Rassurant. Plus que tout, il voulait rester avec elle. Carys avait l'impression qu'elle ne pouvait pas être plus heureuse.

« Oui... Reste avec moi, s'il te plait. Tant que tu es là, tout ira bien. »

Elle s'avance vers lui et décide de lui sécher les cheveux elle-même, frottant doucement son crâne avec le tissu, frôlant discrètement ses mains au passage. La proximité ? Ça ne la gênait pas. Elle plante ses yeux dans les siens.

« Ça te fait mal ? Tu as une bosse ? »

Les gobelets n'étaient pas en plastique ici après tout. Tu ris légèrement en penchant la tête sur le côté. Angélique. Ça ne te ressemble pas.

« Héhé. Tu sens la citrouille maintenant... »

Mais ça la dérangeait pas. Elle aimait bien les citrouilles.

Et soudain, Carys réalise à nouveau à quel point elle n'est qu'à quelques centimètres de son visage. Son visage si parfait, les mains toujours sur sa tête, les yeux dans les yeux. Elle peut sentir son souffle sur sa peau, sur ses lèvres. Son cœur rate un battement avant d'accélérer à nouveau comme un fou. Pourquoi lui faisait-il autant d'effet ? Elle ressentit l'irrépressible envie de l'embrasser à nouveau. Pourtant elle voulait lui laisser le choix cette fois. Elle l'avait forcé tout à l'heure, il fallait que ça soit différent maintenant.

« Icarus... »

Un souffle. Son prénom. Où l'avait-elle entendu déjà ? Elle ne savait même plus. Elle savait qu'il s'appelait ainsi, elle avait déjà entendu parler de lui. Pourtant ça n'est que maintenant qu'elle se rend compte à quel point il était important pour elle.

Carys ferme les yeux, dans l'attente.

Faites qu'il l'embrasse.

Faites qu'il l'aime.

Faites qu'il ne la repousse pas.

Attend.

Carys rouvrit les yeux, peinée. Attend, ça voulait dire non ? Est-ce qu'il la rejetait ? Mais... Non, au fond. Pourquoi est-ce que ça l'étonnait ? Ça paraissait si évident. Attend. Ce simple mot lui faisait autant d'effet que s'il avait refusé. Elle avait l'impression que son coeur se brisait en mille morceaux. Elle avait l'impression qu'elle allait pleurer. Ses yeux commençaient déjà à ruisseler.

Elle le regarde, incrédule. Une blague ? Prisonniers d'un sort ? Non, c'était impossible, aucun sort n'était capable de faire ce genre chose. Ses sentiments étaient authentiques, elle le savait, ça ne pouvait pas en être autrement. Comme si son âme était lié à la sienne et qu'elles ne devaient jamais plus être séparées. Alors pourquoi ? Pourquoi ça le ferait souffrir qu'elle l'embrasse ? Quelle l'aime ? Elle ne voulait pas le faire souffrir. Elle ne voulait pas qu'il soit triste à cause d'elle. Mais comment pouvait-elle faire pour faire taire ses sentiments pour lui ?

Si elle essayait de s'éloigner, elle se mettrait à pleurer. Tout à l'heure, elle avait eut l'impression qu'on arrachait son cœur lorsqu'elle a tenter de s'enfuir pour ne plus le voir. Elle avait eut l'impression qu'on le lui arrachait, lui plantait des épines, des aiguilles empoisonnées dont le poison toxique se répandait dans chaque veine, une douleur atroce, insupportable.

S'éloigner de lui serait insupportable.  

Icarus retire ses doigts de sa bouche. Elle baisse les yeux, confuse, désolée. Elle prend sa voix la plus douce possible.

« Je ne veux pas te faire souffr-...! »

Surprise.

Il l'embrasse. Carys est confuse, perdue.

Elle ne comprend plus rien.

Mais elle avait la certitude qu'elle était heureuse. Que son cœur explosait de joie. Et... Et c'est fou, mais elle a l'impression qu'il trouve ça aussi agréable qu'elle. Alors elle passe ses bras autour de son cou. Elle avait l'impression de flotter dans un nuage, que tout son corps se réchauffait agréablement. C'est doux, agréable, sucré...

Et ça avait un léger goût de citrouille.

Carys ose à peine y croire. Il l'avait embrassé. Il ne l'avait pas rejeté, malgré ce qu'il avait dit. Elle s'écarte à peine pour reprendre son souffle, les yeux mi-clos.

« Je t'aime. »

Deux mots. Les plus difficiles à prononcer. Elle ne les avait jamais dis auparavant.

Comme s'ils ne devaient être adressés qu'à lui.

Icarus.

Carys pencha légèrement la tête sur le côté. Dangereux ? Qu'est-ce qui pouvait l'être ? Elle lui avait seulement avouer ses sentiments. Et contrairement à ce qu'il semblait penser, ça n'était pas si simple. C'était des paroles qu'elle avait toujours redouté. Des mots qu'elle n'avait jamais osé dire, et que pourtant, elle avait toujours voulu entendre.

« ... Dangereux ? »

Il détourne le regard en marmonnant quelque chose. Elle fronce les sourcils, confuse, elle ne l'entend pas. Est-ce qu'il essayait de lui dire quelque chose ? Ou peut-être qu'il parlait à un être invisible. Il parait que certaines personnes pouvaient voir des créatures invisibles aux autres. Elle regarda dans la même direction que lui, mais rien à faire, elle ne voyait rien.

« Qu'est-ce que tu dis ? »

Il lui demande de la regarder, de l'écouter, et elle s'exécute. Il aurait pu lui demander d'aller capturer une licorne dans la Forêt Interdite qu'elle l'aurait fait. Et elle exagérait à peine. Il s'interrompt, laissant sa phrase en suspend, alors que Carys attend patiemment la suite.

Icarus la prend dans ses bras, sans explication aucune. Elle ne comprend pas très bien, mais ses bras se referment volontiers autour de lui aussi. Sa tête est près de son cou, elle respire furtivement son odeur. Au-delà du jus de citrouille, elle avait l'impression que son odeur lui avait toujours manqué. Elle aimait cette odeur. Elle l'aimait lui.

Tout à coup, elle s'écarte. Elle s'arrache à la chaleur de son corps contre le sien. Pourtant, elle a les yeux qui pétillent, son visage affichant une expression de pure surprise.

« C'est vrai ? »

Elle encadre son visage dans ses mains.

« C'est vrai Icarus ? Tu m'aimes ? »

Carys a du mal à y croire, tellement de mal. Il était tellement radieux, tellement gentil, prévenant, il était parfait. Alors qu'elle... Elle n'avait aucune confiance en elle ! Elle se trouvait tellement pathétique à côté de tous les autres élèves de Poudlard. Pas assez jolie, ni intelligente, ni même douée dans quelque chose en particulier. A part rêver. Et elle rêvait n'est-ce pas ? Ça n'était pas possible autrement. Elle avait l'impression qu'un rêve se réalisait oui, mais que son bonheur ne tenait qu'à un fil, qu'il n'était qu'une bulle de savon qui risquait d'éclater à tous moments.

Hésitante, elle lui prend doucement la main. Elle avait besoin de ce contact pour se rassurer. Pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas, qu'il était bien là avec elle, que ça n'était pas une illusion.

« Alors ça veut dire que... Si je te prends la main, ça ne te fera pas souffrir ? »

Elle fit un pas vers lui.

« Et que si je veux rester avec toi, ça ne posera pas de problème ? »

Elle posa une main sur sa joue, doucement, et parla à voix basse.

« Et que si je veux t'embrasser encore... Tu ne me repousseras pas ? »

Carys avait peur. Elle avait comme un mauvais pressentiment, comme si ses tripes faisaient les montagnes russes. Elle avait peur qu'il change d'avis et repousse ses avances.

Carys laisse couler ses paroles dans ses veines, comme si elles répandaient l'elixir de la joie dans son corps, laissant simplement une sensation d'euphorie. Ça ne le dérangeait pas qu'elle lui prenne la main. Ça ne lui posait pas de problème si elle restait à ses côtés. Et il ne la repousserait jamais quand elle voudrait l'embrasser. Et c'est lui qui se penche doucement vers elle pour s'emparer de ses lèvres. Il l'aimait.

Elle avait l'impression que sa langue avait été trempée dans du Felix Felicis, parce qu'elle ne pouvait pas s'imaginer plus chanceuse qu'en ce moment même. Icarus l'embrassait. Passionnément. Elle était comblée. Elle lui rendit son baiser avec toute la tendresse dont elle était capable. Jamais elle n'aurait pensé que ce serait aussi agréable d'aimer, et d'être aimée en retour ! Si seulement le temps pouvait s'arrêter, s'arrêter pour les laisser apprécier la présence de l'un l'autre, leur contact, si proches qu'ils pouvaient sentir le coeur de l'autre battre à l'l'unisson contre leur poitrine, leur chaleur corporel, leurs lèvres.

Mais tout a une fin.

Il se recule pour respirer. Elle se rend compte seulement après qu'elle a le souffle court. Elle sent que son sang lui est monté jusqu'aux joues entre temps. Il passe sa main dans ses cheveux avec un sourire, un sourire à faire fondre les plus grands glaciers de l'Antarctique. C'est un contact si agréable... Elle pourrait s'y habituer. Elle pourrait s'habituer à n'importe quoi tant que c'était pour lui. Elle écarquille les yeux, un peu déstabilisée par sa question.

« Quoi ? Bien sûr que je veux rester avec toi ! »

Sauf si... Il ne le voulait pas ? Est-ce qu'elle avait mal compris ? Non. Elle en eut la certitude quand il se pencha vers son oreille. Elle ferma les yeux pour mieux savourer les mots qu'il lui glissait. Elle en pleurerait de joie si elle ne jugait pas qu'il avait suffisamment salit son uniforme à cause du jus de citouille.

Carys le serre fort dans ses bras. Elle avait envie de rire, de pleurer, n'importe quoi tant que c'était dans ses bras.

« Reste avec moi, c'est tout ce que je te demande ! Je t'aime aussi, je ne veux pas te quitter. Ne me laisse pas. Je ne me suis jamais sentie aussi heureuse avec quelqu'un. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime Icarus, et je crois que je ne pourrai jamais te le dire assez. »

Elle était bien là, contre lui, dans ses bras. Elle ne voulait pas aller ailleurs. Au diable les cours. Au diable Poudlard. Seul Icarus comptait pour elle en cet instant. Elle ferme les yeux.

« J'ai conscience qu'on ne se connaît pas encore beaucoup, mais on peut apprendre ensemble. Je sais que nous sommes faits l'un pour l'autre. Je ne compte pas passer le reste de ma vie avec un autre que toi. »

Ça sonnait un peu comme...comme une demande en mariage. Elle rougit et enfouie un peu plus sa tête dans son cou, embarrassée. Décidemment, elle ne savait pas ce qu'elle avait aujourd'hui, mais c'était une journée riche en émotions, elle a du en faire le tour en l'espace d'une heure, même pas. Elle s'écarte finalement. Ils faisaient un peu les choses à l'envers... Généralement on apprend à se connaître avant de se confesser.

« Parle-moi de toi. Je veux tout savoir, n'importe quoi, le moindre détail. »

Et elle graverait chacune de ces informations dans son coeur. Tout ce qu'il lui dirait serait capitale. Elle lui fait un sourire engageant pour l'encourager.

Icarus voulait qu'elle reste avec lui pour toujours. Carys songeait sérieusement que c'était le plus beau jour de sa vie. Au fond, elle avait toujours été en mal d'amour, que ça soit celui de ses parents ou des autres. Elle n'arrivait même pas à s'aimer elle-même. Que quelqu'un le lui dise enfin, le lui rende, le lui fasse sentir, c'était la sensation la plus merveilleuse au monde.

Un baiser, furtif, léger, dans son cou. Il provoque mille frissons, fait s'envoler mille papillons dans son ventre. C'est étrange, inédit, mais pas désagréable. Ça la fait rougir, ses doigts se crispent légèrement aux vêtements du jeune homme. Elle s'écarte pourtant, se retient de demander plus par curuisité, le regarde dans les yeux pour l'écouter.

« Une famille Noble ?! »

Sa confiance en prend un coup. Elle se sentait déjà si petite à côté de lui, et maintenant elle apprenait qu'il était issue d'une famille noble ! En plus de ça elle croyait se souvenir qu'il était également président d'un club, batteur dans l'équipe de Quidditch, et Préfet de Serpentard....

Serpentard.

Une douleur aiguë la frappe au crâne, comme un coup de poignard. Carys se redresse par réflexe, l'air légèrement alerte, mais la douleur disparaît presque immédiatement pour ne laisser qu'un sentiment doux et chaleureux. Qu'est-ce qui s'était passé ? Ça n'avait pas d'importance, elle secoua la tête pour se concentrer sur les paroles d'Icarus.

Carys retrouve rapidement son sourire, elle s'illumine presque. Lui aussi aimait beaucoup les animaux ! Ça lui faisait plaisir qu'ils aient quelque chose en commun. Et devenir un soigneur magique, ou devenir professeur à Poudlard... C'était une idée formidable ! Et il dit... Et il dit qu'il renaît, qu'il renaît pour être avec elle. Il veut savoir tout sur elle aussi, mais elle n'est pas sûre de vouloir lui dire quoique ce soit. Il n'y avait rien dont elle était particulièrement fier, ni d'intéressant en réalité. Elle hésite, incertaine.

« Il n'y a pas grand chose à dire sur moi... »

Elle n'avait jamais été douée pour parler d'elle. Encore plus à quelqu'un de prestigieux. Pourtant elle voyait qu'il voulait savoir quand même, qu'il l'encourageait à le faire. Elle fuya son regard un instant, gênée. Elle était vraiment nulle. C'était pourtant une des choses les plus simples à faire non ? Parler de soi ? Un peu de nerf.

Elle prend sa main entre les siennes, puis inspire profondément.

« Je suis née sur l'île d'Anglesey, dans la Mer d'Irlande, au Pays de Galles. J'ai grandi dans un milieu... Très modeste. Mes parents sont enseignants dans la petite école primaire du village. Ils sont plutôt sévères. On avait juste un petit cottage et un poulailler mais je me souviens que je m'amusais à parler aux poules et aux poussins. Et aux chiens du village. Les chevaux du voisins aussi... Parfois des oiseaux quand j'en voyais. »

C'était embarrassant de parler de ça. Quand elle était petite, ça lui avait posé problème.

« J'avais une imagination débordante. Je croyais dur comme fer que les animaux pouvaient me comprendre, ou que les fées existaient, et avec les dragons, les licornes, les sirènes... Je croyais même qu'il y avait un basilic dans la grotte près de chez moi. Je refusais d'y aller sans un miroir. Et je n'aimais pas beaucoup m'approcher des eaux. J'étais terrifiée à l'idée qu'un Kelpy surgisse et m'entraîne au fond pour me dévorer. »

Elle s'éclaircit la gorge. Il y avait beaucoup d'autres choses plus 'intéressantes' à dire.

« Sinon... Je suis née-moldu, alors je n'avais aucune idée de l'existence de Poudlard jusqu'à il y a 7 ans. Ils n'ont pas très bien pris la nouvelle, ils aiment la monotonie du quotidien et tout ce qui est ordinaire. Ça ne collait pas beaucoup avec moi. C'est toujours assez tendu quand je suis obligée de revenir pour les vacances. »

Elle creusait pour chercher de quoi d'autre elle pourrait lui parler.

« J'ai eu beaucoup de mal à m'intégrer. Aucune des matières ne m'étaient vraiment familière, les lieux étaient déstabilisant, je ne savais pas ce que je faisais à Gryffondor. Et puis hmm... J'ai aussi, très peu confiance en moi, alors ça n'a pas beaucoup aidé. Ça n'a pas été simple, mais j'ai fais de mon mieux pour essayer de changer tout ça. J'ai été très contente de voir qu'on nous apprenait les soins aux créatures magiques. C'est ma matière préféré, pour une née-moldu comme moi, c'est fascinant ! D'apprendre que tout ce qu'on pensait n'être que des contes sont en fait réalité... »

Elle soupira.

« Et en fait, je crois que je n'ai jamais aligné autant de phrases d'un coup en parlant à quelqu'un. Désolée, j'ai complètement monopolisée la conversation... »

Finalement, Carys avait parlé beaucoup plus qu'elle ne comptait le faire. Elle baisse un peu la tête, gênée.

Une lueur de panique passe dans ses yeux. Icarus avait beau dire que tout ça ne poserait pas de problème, elle ne pouvait pas faire autrement que s'en soucier. En plus, l'année prochaine, ils seront séparés, puisqu'elle ne serait plus à Poudlard et qu'il devait encore rester une année. Est-ce qu'elle était prête à redoubler pour lui ? Oui, oui sans doute. Quelle importance. Ce n'est pas comme si elle allait manquer à qui que ce soit chez les moldus. Elle n'avait nul part où aller à part Poudlard. A part auprès de lui.

« Je suis sûre que tu le feras. »

Il prend doucement sa main pour la poser sur son cœur. Elle releva la tête vers lui, tâchant de se concentrer pour mieux sentir ses battements pulser contre sa paume. Il fait parfois des embardés, il palpite irrégulièrement, plutôt rapidement. Est-ce que c'était elle qui lui faisait cet effet ? Carys se demanda si son cœur battait ainsi également. Elle rit légèrement, un peu nerveuse.

« C'est problématique, je suis allergique au pollen. »

Eh oui, elle était capable d'humour quand elle le voulait. C'était rare. Pourtant elle avait l'impression qu'elle pouvait se laisser aller avec Icarus. C'était si simple de lui parler. Il dégageait une aura qui donnait envie de venir vers lui, et on savait qu'il écouterait. Il était juste comme ça, Icarus.

Il lui demande de s'approcher. Elle s’exécute. N'importe quoi pour être plus proche de lui. Il place sa tête sur son épaule, ça ne la dérange pas. Son odeur était plus forte à cet endroit. Elle ne savait pas exactement à quel parfum ça s'assimilait, mais c'était intoxiquant. Elle voulait trouver le moyen d'avoir cette odeur à portée de main, n'importe quand. Peut-être grâce à l'Amortencia...

Ses mains se resserrent sur les vêtements du Serpentard, dans son dos. Carys voyait la situation avec un peu de recul ; et tant d'amour d'un coup l'angoissait un peu. Il disait pouvoir renoncer à tout pour elle, et il était vrai qu'elle avait dit quelque chose de similaire, mais son "tout" à elle et le sien étaient radicalement différents. Elle n'avait pas grand chose à perdre pour sa part, alors que lui, c'était le contraire, il avait tout pour lui. Ça la rendrait triste qu'il abandonne quoique ce soit, même si c'était pour elle.

« Mais... »

Il la serre plus fort contre lui. Toutes ses belles explications volent en éclats. Elle ne voulait pas être raisonnable. Elle voulait être égoïste pour une fois. Elle voulait pour elle, et il n'y avait rien qu'elle désirait plus au monde. Rien ne les empêcherait d'être ensemble désormais.

Embrasse moi...

Et elle le fait. Pour quelle raison est-ce qu'elle refuserait ? C'était tellement agréable. Et en plus c'était lui qui le demandait. Carys lève la tête pour chercher à nouveau ses lèvres, comme si elles lui avaient déjà manqué, comme si elles étaient faites l'une pour l'autre. Elle ne sait pas exactement combien de temps elle a continué à l'embrasser, mais quand elle eut du mal à respirer, elle s'écarta, fébrile, restant tout de même contre lui, au creux de son cou. Elle se rappela qu'il l'avait embrassé là aussi, et la sensation étrange que ça lui avait procuré. Elle pose ses lèvres sur la chair qui lui était exposée, attendant une réaction, qu'il l'encourage ou la repousse. Finalement, elle continue quand même, c'était tiède, doux et lisse. Ça sentait comme lui. Elle descendit un peu plus vers ses clavicules, jusqu'à ce que ses yeux entrent en contact avec le tissu vert émeraude de sa cravate. Ses sourcils se froncent légèrement.

Carys se souvenait que le vert était sa couleur favorite auparavant. Quand est-ce que ça avait changé ? Et pourquoi ? En quoi cette couleur la perturbait autant ? La freinait ? Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir pleine d'amertume en voyant cette teinte. Comme si c'était dangereux. Elle ne voulait pas associer cette couleur à Icarus. Doucement, elle passe ses mains sur sa cravate pour la défaire, délaçant le nœud autour de son cou. Elle la fait finalement glisser, la gardant dans sa main. Possessive. Puis c'est ses bras qu'elle passe autour de son cou, et elle continue de l'embrasser là, de l'autre côté.  

Elle n'arrivait pas à s'arrêter.

Carys le sentit frissonner. Elle se demandait si c'était par dégoût ou parce qu'elle avait atteint un point sensible. Elle se stoppa, dans l'attente, restant comme hypnotisée par sa peau si blanche, retenant son souffle. Elle sursaute légèrement quand il remonte ses mains sur ses cuisses, un contact auquel elle ne s'attendait pas et qui lui fait monter le rouge aux joues. Qu'ilui remonte sa main le long de son dos lui donne des frissons tout le long de sa colonne vertébrale, des picotements qui semblaient l'inciter à faire des folies.

Il s'empara de ses lèvres, encore. Elle ne comptait plus. Ça n'avait pas d'importance, car ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'ils le feraient. Elle le sentait du plus profond se son être. Et leur baiser était plus long cette fois, elle avait l'impression. Et sans doute avec un peu trop de passion. Un soupir s'échappe de ses lèvres quand c'est à Icarus de descendre dans son cou. Ses bras relâchent légèrement leur emprise pour lui laisser plus d'espace, sa tête se relève par réflexe pour lui laisser pour d'accès. Ça la gênait quelque part, mais au fond, elle en voulait plus. Comme si elle ne pouvait pas se rassasier de son contact. Contact qu'il continuait de lui prodiguer.

Carys contracte le ventre en sentant la main du jeune homme directement sur sa peau nue. Son coeur recommence à faire des embardées. Pourquoi il la touchait là ? Personne ne touchait cet endroit d'habitude. Il voulait vérifier qu'elle n'était pas grosse ? Ça n'aurait pas été plus simple de le lui demander ? Elle allait lui poser la question quand il posa ses lèvres à la place de sa main. Les frissons lui coupèrent le souffle, et ses mains remontèrent dans ses cheveux. Mais qu'est-ce qu'il lui faisait ?

Une demande. Un ordre. Une supplique. Une promesse.

Elle se laisse allonger, les mains toujours perdues dans ses cheveux. Fascinant. Elle n'avait aucune idée de ce qui se passait. Son cerveau refusait d'assimiler les informations. Son corps était en mode pilote automatique. Elle ne comprend pas la situation, elle sait juste qu'il est là avec elle. Icarus. Elle le regarde, d'un air curieux.

« As-tu des origines Vélanes ? »

Ses mains redescendent sagement sur ses épaules alors qu'il est au-dessus d'elle.

« J'ai beau cherché... Je ne vois pas d'autres solutions. Il y a quelques heures à peine tu m'étais totalement indifférent et maintenant... C'est comme si mon amour aurait du être une évidence. »

Carys prenait de plus en plus de recul. Et si c'était le cas ? Et si elle était sous l'emprise de son pouvoir ? Si tout ça n'était que des belles paroles ? Et que se passerait-il si le charme était rompu ?

Trop tard.

Sans trop savoir pourquoi, Carys se met à pleurer. C'était étrange. Elle avait l'impression qu'elle était à deux doigts de mettre le point sur quelque chose de douloureux, quelque chose que son esprit, son coeur repousse. Quelque chose qui semblait prêt à se briser d'un instant à l'autre. Est-ce que son amour était vraiment superficiel ? Un coup de foudre aussi violent, aussi puissant, est-ce que ça existait vraiment ?

Au diable les questions.

Carys fait pression sur la nuque d'Icarus pour le serrer dans ses bras. Pas pour l'embrasser, juste pour le sentir contre elle. Elle voulait se rassurer. Se dire que tout allait bien. Que tout irait bien. Amour superficiel ou pas, elle ne voulait pas s'en défaire, pour la première fois de sa vie, elle se sentait chanceuse. Chanceuse et heureuse.

« Je te promets que je resterai avec toi, quoiqu'il arrive. Je te jure que je ne t'oublierai jamais. »

Comment le pourrait-elle ?