Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
Les potions ne sont pas faites pour la meilleure des choses.
Elle n'aimait pas cette soirée. Elle avait testée cette potion du courage, et se retrouvait avec des crocs, un teint pâle et cette soif constante dans la gorge. Bon sang, certes être un vampire lui allait bien, mais pas au point d'en être vraiment un ! Elle parcourait rapidement les couloirs, essayant de trouver un endroit où être seule pendant cette transformation.
Seulement, la potion qu'elle avait aussi bu juste avant la rendait tout excitée pour un rien, elle avait trop d'énergie et ne savait pas du tout quoi en faire. Elle allait devoir sauter à la corde pour se dépenser, ou bien faire un marathon en faisant le tour de l'établissement jusqu'à l'épuisement. Est-ce que les vampires s'épuisaient aussi rapidement que les humains ?
Bon sang, faite que oui. Elle aurait bien voulue se mordre les lèvres, mais avec ses canines pointues, ce n'était même pas la peine d'imaginer ça. Elle s'arrêta pourtant dans sa course, et se tourna vers des élèves parlant d'un certain prof qui fut transformé en nymphe. Et pas n'importe quel prof. Caesius. Le prof qu'elle ne pouvait pas voir au risque de lui sauter au cou et de le vider de son sa... Elle frémit en ayant cette pensée. Être un vampire n'était pas chose facile en fait.
Elle eut pourtant un petit, mais vraiment petit, à peine visible, sourire. Et fila. Elle ne savait pas où il pouvait être, mais cela ne pouvait pas être difficile. Si on était une nymphe des bois, où est-ce qu'on irait ? Dans un endroit vert. Avec de la nature. Comme une serre par exemple.
Un ricanement monta, et elle s'arrêta une nouvelle fois. Bordel, il fallait vraiment qu'elle redevienne normale. Non seulement elle ricanait machiavéliquement, mais en plus, elle avait envie de boire ce liquide rouge et vitale qu'elle pouvait voir couler dans la gorge de chaque personne qu'elle croisait. Que ce soit des sirènes ou des gobelins...
Elle se dépêcha en essayant de ne pas y penser. Et arriva finalement à destination. Elle grimaça en sentant toute cette nature, et se concentra sur sa victi.... Recherche. Il avait des cheveux roses le prof des Serdaigles, et tout ici était vert. Donc... Il n'allait pas être bien difficile à trouver s'il était ici. Avançant prudemment, elle finit par détecter une touffe de cheveux rose entre deux arbres. Bingo.
Aussi silencieuse qu'un chasseur qui s'apprêtait à … Elle s'arrêta encore. Non, elle n'allait pas vider ce prof de son sang. Et non, elle n'était pas une chasseuse. Elle soupira doucement, et reprit sa marche. Et apparut juste devant lui en le fixant.
Elle aurait bien rigolé pour se moquer de lui, mais cela aurait nuit à sa réputation. Alors elle se contenta de fixer son cou avec une envie presque démesurée de vérifier ce que cette gorge pouvait... Elle eut un frisson et détourna le regard, pour le reporter vers le prof. Enfin, ses yeux.
« Vous faites vraiment pitié. C'en est presque drôle de vous voir ainsi. »
Ne pas regarder son cou. Ne pas regarder son cou. Surtout, ne pas penser à son cou.
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Caesius Carthaigh
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Dim 3 Nov - 21:38
Le cours de botanique avait été affreux et drôle à la fois. Affreux pour le professeur, et particulièrement amusant pour les élèves. On pouvait dire, de manière général, que la journée du trente-et-un Octobre avait été euphorique pour beaucoup. Même Caesius, d'ordinaire si grave et apathique, s'était laissé aller à un peu de légèreté. Oh, c'était juste un peu. Mais c'était agréable de regarder Caesius et de se dire qu'il s'était un peu libéré du fardeau qu'il se forçait à garder.
Caesius avait été transformé en nymphe des bois. C'était, bien sûr, une transformation de Flavia Mantis, la redoutable maîtresse des potions. A la première respiration, ça avait été extrêmement désagréable pour Caesius. Il avait l'impression que l'oxygène lui montait très vite à la tête. Mais, finalement, il considéra qu'il n'avait pas à se plaindre de son sort, juste à se plaindre de sa mollesse – il aurait dû dire non. Il en avait souvent été incapable.
Certains s'étaient retrouvés en trolls, en chats, en gobelins – et même des sirènes nordiques. Non, Caesius n'allait pas ouvrir la bouche pour se plaindre. Ce n'était pas dans sa nature. Et nymphe de bois, en raison de son rôle de botaniste, ça le seyait plutôt bien.
Les nymphes des bois étaient peu courantes au Royaume-Uni, et donc à Poudlard. On les trouvait principalement en Europe, près de la méditerranée. Alors, pour la journée complète, Caesius devint une bizarrerie aux yeux de tous ses élèves – surtout les premières années. Ça l'avait fait tellement rougir, même avec sa peau brunie, couleur bois. Ca le touchait tellement, quand il pouvait faire plaisir – même si c'était en se ridiculisant un peu.
Mais, maintenant, il soupirait. La journée avait été extrêmement longue, depuis le petit déjeuner. Son apparence, qu'il avait pensé être handicapante, s'était révélé être un atout pour capter l'attention des élèves ; comme si un cours enseigné par une nymphe des bois était plus crédible que par un écossais roux. Il avait toujours eu un très fort accent.
Il préférait attendre que tous les élèves soient rentrés dans leur dortoir avant sortir du sanctuaire de ses serres ; croiser quelqu'un pourrait provoquer une situation laborieuse. Ces épaules étaient légères quand il rangeait les dernières fleurs. Il se disait qu'il y avait beaucoup de belles journées dans son année. Il sourit. Sa journée n'était pas terminée.
En se relevant, dans l'éclat d'un miroir sali par la poussière de la terre, Caesius aperçut une nouvelle fois son reflet. Il aurait pu s'habituer à cette apparence ; sa peau ressemblait à de l'écorce d'un vieux chêne, et ses cheveux à de larges pétales de fleurs roses. Son visage n'avait pas changé, mais il semblait cisaillé dans un tronc, bien plus anguleux. Ses sourcils étaient des branchages. Et il remarqua, en rougissant un peu, qu'il était bien plus gracieux dans sa posture.
Ça lui arracha un sourire. Mais il disparut aussitôt. Il s'était retourné et trouvé nez-à-nez avec Proserpine Bradbury.
Lui qui ne voulait croiser aucun élève – c'était peut-être l'une des pires situations. Il avait encore un large pot de fleur dans les mains.
Caesius fronça les sourcils. Proserpine ne l'avait jamais aimé, et il n'avait jamais compris pourquoi. Ça l'avait souvent blessé – il n'avait jamais osé à en parler à Ruber. Mais jamais elle n'avait été aussi incisive. Elle se contentait, habituellement, de maintenir sa bouche close et de lui cracher des regards noirs.
« Vous faites vraiment pitié. C'en est presque drôle de vous voir ainsi. »
Caesius n'était pas quelqu'un qui aimait les affrontements, mais il y avait quelque chose de vraiment pénible dans la manière dont elle le méprisait. Le regard dur, le sourire mort, Caesius avança en l'esquivant agilement pour aller ranger le pot de fleur à sa place, avec les autres. Il dit, assez fort.
« Votre attitude est irrespectueuse, Miss Bradbury. Ne me forcez pas à retirer des points à Gryffondor. »
Il se mordit la joue. S'il avait été un professeur plus compétent, ce ne serait jamais arrivé qu'un élève lui parle ainsi. Il lui tournait le dos en déplaçant et rangeant les dernières plantes. Il n'avait pas vu que Proserpine était très pâle et avec des cernes sous les paupières.
« Je vous conseille de retourner dans votre salle commune, il est bientôt l'heure du couvre-feu. »
Non, Caesius n'aimait pas la confrontation. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle fasse volte face et s'en aille, en claquant la porte. Qu'elle le déteste, si elle le voulait – il le savait déjà. Mais il ne savait jamais comment ne pas montrer sa peine quand on lui jetait de la haine au visage.
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Mar 5 Nov - 17:40
Les potions ne sont pas faites pour la meilleure des choses.
Sa réaction ne l'étonnait pas vraiment. A vrai dire, il avait tendance à tourner la tête quand elle le foudroyait du regard. Oui, parce que Proserpine ne l'aimait pas Caesius. Elle le détestait presque. Parce qu'elle avait peur quelque part. Mais ça, elle ne l'avouera jamais. Alors elle le regardait encore avec ses yeux sombres, elle observait le moindre de ses gestes, le fait qu'il lui lui avait rendue un regard dur et qu'il l'avait soigneusement évitée en allant ranger son pot de fleur.
Seulement, Proserpine ne montra pas une once d'émotion sur son visage. A croire qu'elle était plus fermée avec lui qu'avec les autres. Ce qui était normal quand on détestait quelqu'un.
« Vous pouvez m'en retirer autant que vous voulez, je me fiche bien de cette compétition entre maison. »
A vrai dire, elle n'avais jamais suivit ce truc. C'était ennuyant et assez fatiguant. C'était juste un système poussant aux élèves de mieux travailler pour être la fierté de leur maison. Que ce soit travailler durant les cours ou en dehors. Mais ça encore, elle s'en fichait. Comme le Quidditch et les autres activités barbantes de Poudlard. Quelque fois, elle se demandait bien pourquoi elle était ici.
Alors elle fixait son dos alors qu'il parla ensuite de couvre feu. Elle avait une excellente excuse pour cela justement, et apparemment, il ne l'avait pas vu non plus.
« Je ne préfère pas retourner dans la salle commune maintenant. Je risque de tuer quelqu'un sans vraiment le vouloir. Même si je m'en fiche un peu finalement. »
Ses pensées la torturait en lui faisant tourner en boucle des images d'un liquide rouge et très savoureux. Pendant un moment, elle se demandait si ces créatures avaient tout le temps soif comme ça. Ou alors, si elles pensaient à ce genre de choses dès qu'elle voyait quelqu'un qui contenait de l'hémoglobine dans son corps. D'ailleurs, quand elle regardait le prof en face d'elle, elle avait l'impression de pouvoir voir à travers sa peau sombre de fines veines qui ne faisaient que l'appeler.
Ou alors sa transformation lui faisait perdre la tête.
« D'ailleurs je vous conseille d'éviter de tendre le cou. Je risque de vous mordre. »
Elle approchait doucement, et plissa légèrement le nez. Bon sang, pourquoi elle était un vampire hein ? Pourquoi pas un tableau ?
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Caesius Carthaigh
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Ven 13 Déc - 22:52
Il avait planté ses mains dans la terre pour y enfoncer ses pensées. Il ne voulait pas affronter l'élève, là, dans son dos. Ses doigts s’agitaient dans le terreau ; qu'elle était cette façon nouvelle et désinvolte de lui parler avec tant de familiarité ? Caesius la nymphe ne comprenait pas. Ses sourcils broussailleux – c'est le cas de le dire – se rejoignaient presque pour former une ligne. Devant lui, il sentait les embruns de la terre lui monter jusqu'au nez ; ça titillait ses sens nouveaux de nymphe. Il ferma les yeux, inspira ; il devait trouver une façon de désamorcer le conflit. Ne serait-ce que pour Ruber.
« Je ne préfère pas retourner dans la salle commune maintenant. Je risque de tuer quelqu'un sans vraiment le vouloir. Même si je m'en fiche un peu finalement. »
Interpellé, Caesius se retourna lentement en haussant les sourcils ; il avait été tellement préoccupé par l'animosité qu'elle lui portait qu'il n'avait pas fait attention à son physique. Elle était différente. Elle avait les yeux rougis, cernés de violine. Sa gorge était tendue, et ses lèvres amincies et serrées. Elle était extrêmement pale, et ce n'était pas le résultat de l'ombre de la lune traversant le toit de verre sale. Il comprenait. Et comme si elle lisait dans ses pensées (était-ce possible?), elle ajouta dans un rictus :
« D'ailleurs je vous conseille d'éviter de tendre le cou. Je risque de vous mordre. »
Caesius déglutit – oh, il la croyait. Peut-être que la transformation de Flavia Mantis l'amènerait à expulser toute à haine à son égard. Appuyant ses paumes contre l'établi derrière lui. Il avait encore la fragrance de la terre dans les narines et les mains sales. Il soupira.
« Je crains que du sang de nymphe ne vous rassasie pas, Miss Bradbury. »
Il ne disait même pas ça pour plaisanter – inflexible Caesius. Alors, il fit ce qu'il avait toujours fait lorsqu'on lui brandissait une fourche aiguisée juste devant son nez ; il s'inquiéta pour elle.
« Si les effets de la potion vous incommodent, vous devriez vous rendre à l'infirmerie. »
Le dernier mot s'étrangla dans sa gorge. Il prit une inspiration.
« L'infirmière (il était incapable de prononcer son nom sans pâlir), prends soin des élèves qui vivent difficilement le maléfice du professeur Mantis. »
Il espérait ainsi l'aider, c'était certain ; mais quelque part, c'était l'affrontement de ses canines qu'il souhaitait éviter.
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Sam 21 Déc - 15:43
Les potions ne sont pas faites pour la meilleure des choses.
Décidément, il était bien ennuyeux à se préoccuper d'elle. Pourtant, sa tête lui aurait presque fait rire en découvrant la créature qu'elle était devenue à cause de la potion. Elle se contenta donc de le fixer en silence, alors qu'il lui conseillait d'aller voir l'infirmière. Son fin sourcil s'arqua en le voyant blêmir en mentionnant l'infirmerie. Il n'aimait pas cet endroit apparemment. Pourquoi donc ?
« Vu comment vous blêmissez, ce serait plutôt vous qui devriez y aller à l'infirmerie. Et personnellement je n'ai jamais goûtée de sang de nymphe, alors ça sera à moi de décider s'il a bon goût ou pas. Et s'il me rassasiera. »
Non pas qu'elle comptait croquer ce prof, mais c'était juste pour voir s'il allait encore refaire une tête étrange ou pas. Ce qui était intriguant surtout, c'était le fait qu'il n'avait pas l'air de se soucier de sa haine envers lui, et qu'il voulait quand même l'aider malgré tout. Elle l'avait comprit quand il lui proposa d'aller à l'infirmerie pour qu'elle se sente mieux, et elle serra les poings plus fort.
« Et je n'ai absolument pas besoin de votre aide. Je sais encore me débrouiller seule, j'ai pas besoin des larbins de mon père. »
Voix acide, yeux foudroyants. Elle pouvait être blessante dans ses propos, et elle le savait pertinemment. Seulement, elle ne pourrait jamais apprécier Caeisius. Jamais. Parce qu'il lui prenait son père, et qu'à cause de lui elle se sentait encore plus seule. Plus mise à l'écart de la vie de son paternel. C'était pour ça... Pour cette unique raison qu'elle ne pourrait jamais le sentir. Qu'elle ne lui ferait jamais confiance.
Qu'elle le détesterait encore très longtemps.
« N'essayez pas de vouloir m'aider. Ça ne serait que du temps perdu. »
Non, elle était mieux seule. Seule avec ses livres et ses pensées. C'était ses seuls amis si on voulait, les seuls qui avaient son entière confiance. Lui, il était trop gentil avec les autres. C'était le genre de personne à se faire écraser par sa gentillesse, à cause du profit et des intérêts des autres, et qui ne ferait qu'en souffrir à la fin.
Quelque part, elle le plaignait ce prof trop gentil. Car il devait souffrir encore plus qu'elle du fait justement qu'il soit gentil. C'était presque pathétique.
« C'est stupide de vouloir aider quelqu'un qui vous déteste. »
Elle avait à peine murmurée cette phrase. Mais elle le pensait vraiment.
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Lun 3 Fév - 12:35
Elle ressemblait beaucoup à son père. Parfois, il s'étonnait de ne pas s'en apercevoir davantage. Elle n'avait ni ses rides, ni sa fatigue. Elle n'avait pas la voûte de son dos, ni son cou tendu. Elle n'avait pas sa peau tannée par les années, ni même son œil noir. Peut-être avait-elle son fardeau. Elle avait sa fierté et sa dureté. Elle avait se nez qui se pique dans les airs et qui raconte que rien ne la touchera. Elle avait cette peau faite de métal ; elle avait aussi, il le savait, ce caractère sanguin qui lui faisait serrer les poings et claquer la langue. Elle ressemblait beaucoup à son père, Ruber ; ça le frappa d'un coup.
Elle visait juste ; il avait toujours su viser juste, à la table des professeurs, pour le muer dans un silence soudain et lui empourprer les joues. Et, elle avait raison ; dans la cornée des autres, il n'était qu'un larbin, qu'un sous-fifre. Il était le débutant, celui qui n'arrivait pas à se débrouiller avec ses propres mains et ses propres doigts. Elle avait raison, il n'était qu'un larbin ; pourtant, il avait l'impression de plus que ça. C'était une amitié qui était née, douloureusement, difficilement, entre les deux hommes.
Mais ce n'était pas le moment de parler de ça ; sinon, il se prendrait deux crocs dans la jugulaire, et il n'était pas sûre qu'elle lui laisse assez de sang pour aller demander un peu d'aide. Toujours pas question d'aller à l'infirmerie. C'était toujours un bézoard dans son ventre.
« C'est stupide de vouloir aider quelqu'un qui vous déteste. »
Il était resté figé, tout ce temps. Il n'avait jamais su que faire de son corps ; surtout dans des instants comme ça. Il n'y avait que son souffle qui s'animait ; vestige d'une âme ruinée, craintive, pétrifiée de gentillesse. Ses mains essayèrent de se lever, pour appuyer ses mots, mais elle s'arrêtèrent d'elle même ; ça, il ne savait pas faire. Il s'appuya contre le plan de travail à sa gauche. Du terreau s'enfonça mollement dans sa paume de bois.
« Peut-être me détestez-vous, Miss Bardbury. »
Il avait peur de déclencher un incendie ; il ne resterait rien de sa serre. Bien sûr, qu'il savait qu'elle le détestait. Avaler la haine ne lui était pas étranger.
« Mais ce n'est pas mon cas. »
Ses phalanges grattèrent nerveusement la poudre de terre sur la table de bois. Il avait la peau rêche. Exceptionnellement, il ne quitta pas son élève de ses yeux brunis par le maléfice.
« Je suis votre professeur. Il est de mon devoir de vous aider. »
C'était trop guindé – trop aseptisé, professionnel, fade. Ce n'était pas vraiment Caesius, sa douceur et son affabilité. Mais s'il avait toujours appris à prendre la haine sur lui, il n'avait jamais réussi à être lui-même lorsqu'on ne voulait pas de son aide.
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Mer 12 Fév - 19:13
Les potions ne sont pas faites pour la meilleure des choses.
Elle avait envie de le frapper en fait. Il était trop gentil comme homme, il allait se faire marcher dessus, piétiner au possible parce qu'il ne savait pas faire autre chose que d'aider, il n'avait pas vraiment de volonté à laisser les gens qui avait, soit disant, besoin d'aide. Avant, elle aurait pu être comme ça aussi, attentionnée même avec les gens qui ne l'aimait pas, gentille et douce, souriante, sensible. Mais ça, quand elle voyait ce professeur, elle ne voulait pas l'être.
Non, quelque part, elle prenait ça comme une faiblesse. Lui, était faible du fait qu'il avait l'air de dépendre des autres. Elle, ne dépendait de personne.
« Le fait que vous soyez professeur ne changera rien à ma considération en votre égard. Allez donc aider les autres élèves, il doit y en avoir qui doivent avoir plus de problèmes que moi. »
Elle fronça les sourcils, montrant une expression méprisante. Car oui, elle le méprisait, elle voulait qu'il disparaisse, qu'il lui laisse son père rien qu'à elle. Elle ferma ses yeux sombres, essayant de garder son calme. Car son instinct de vampire lui criait de lui sauter dessus et de le dévorer. De lui prendre tout son hémoglobine et de ne rien laisser. Ses canines lui faisaient un mal de chien, et elle recula encore en sentant l'odeur de la nymphe.
Bordel, il fallait qu'elle trouve de quoi se nourrir. De calmer cette soif, cette brûlure à la gorge. Car cette forme avait beau être froide et implacable, elle lui faisait perdre rapidement son sang-froid à cause de cette soif. Et cela risquait de lui coûter cher.
« Il n'y a qu'une personne qui peut m'aider. Mais cette personne... »
Cette personne, il lui avait prit. Cette personne veut renouer les liens avec elle mais c'était trop tard. Cette personne, c'était son père simplement. Elle avait besoin de le sentir contre elle, de pleurer sur son épaule toute la tristesse qu'elle avait depuis tant d'année, elle avait besoin de sa présence simplement.
Ouvrant ses pupilles, ses yeux noirs le fixaient avec une lueur des plus menaçante.
« Est-ce que vous savez ce que c'est de... D'avoir l'impression qu'on vous vole la seule chose dont vous avez besoin ? »
Elle en avait marre. Marre de se retenir sans cesse. Marre de le voir avec son père et son air insouciant. Marre de rester seule à cause de lui. Quelque part, elle ne voulait pas renouer avec son père non seulement par sa fierté, mais aussi parce qu'elle ne voulait pas le supporter avec elle. Un pas en avant, ses crocs sortit, elle ne détachait pas son regard de cet homme. Finalement, cette forme lui convenait parfaitement de par la menace qu'elle représentait. Car là, c'était exactement ce qu'elle était.
Une menace.
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Caesius Carthaigh
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Ven 21 Fév - 19:48
Il n'était pas doué pour ces choses là. Il s'obstinait, inlassablement, à vouloir aider ses élèves ; pourtant, il était si maladroit. Pourtant, il faisait tellement d'erreurs – il avait rarement la phrase qu'il fallait et un air trop affable. Il était trop doux, et certaines fois, cette douceur en était irritante. Il voyait la ligne des sourcils de Proserpine se froncer de plus en plus ; la moue méprisante et colérique de sa bouche tirait vers le bas. Ce n'était pas comme ça qu'il allait arranger les choses, peu importe toute la volonté qu'il y mettait. Peut-être que ça, ça le touchait plus qu'autre chose.
« Le fait que vous soyez professeur ne changera rien à ma considération en votre égard. Allez donc aider les autres élèves, il doit y en avoir qui doivent avoir plus de problèmes que moi. »
Elle se méprenait – elle se méprenait tellement, mais il sentait son assurance lui glisser entre les doigts. Il n'avait jamais su la garder bien longtemps, et déjà sa bouche s'asséchait, et déjà les mots s'échappaient de sa tête et il ne les retrouvait plus. Ses épaules s'affaissèrent. Il aurait voulut lui répondre quelque chose avec un ton rassurant et posé – un ton qui dit qu'il a l'autorité pour veiller sur les autres, et qu'il ne cherche pas sa considération. Juste ça aurait suffit, mais il ne trouva pas cette phrase. A la place, il bredouilla presque, sa gorge un peu cassée.
« Mais actuellement, c'est vous qui êtes ici – pas un autre élève. »
C'était vrai – il allait rarement chercher les élèves en souffrance, sauf quand ça lui claquait au visage. Il les laissait venir vers lui, avec lenteur, avec méfiance, pour enfin pouvoir être une oreille – parfois une épaule. C'était son devoir de directeur. Caesius était un monstre d'égoïsme.
« Il n'y a qu'une personne qui peut m'aider. Mais cette personne... »
Caesius releva ses yeux assombris par le philtre de métamorphose vers elle. Il lui sembla qu'un éclat de tristesse, fugace, mourut sur son visage. L'instant d'après, il n'y avait plus que la braise d'une colère violente. Il sentait les choses s'aggraver – il n'avait jamais réussi à gérer ce genre de situations. Quand tout se complique ; quand tout s'écroule.
« Est-ce que vous savez ce que c'est de... D'avoir l'impression qu'on vous vole la seule chose dont vous avez besoin ? »
Il avait tellement, tellement de mal à comprendre – la souffrance de Proserpine lui avait parut si étrangère, si confuse. Et c'était dans ces instants là que Caesius échouait. Il n'arrivait pas à comprendre de quoi elle lui parlait. L'incertitude passa sur son front lorsqu'il se plissa.
« Que vous vole-t-on, Miss Bradbury ? »
Sa voix tremblait encore un peu. Il sentait le danger – ce n'était absolument pas la conversation à avoir lorsqu'elle était sous le charme d'Halloween. Caesius avait pourtant la certitude que, peu importe les circonstances, ce dialogue aurait toujours été aussi amer. En la voyant avancer dangereusement vers elle, il leva deux paumes prévenantes.
« Je vous déconseille de m'attaquer, j'ai un plant d'ail à quelques pas d'ici. »
Ce qui était un mensonge, mais Caesius n'avait jamais su comment gérer ce genre de situations.
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Sam 22 Fév - 2:10
Les potions ne sont pas faites pour la meilleure des choses.
Il faisait touours comme s'il ne comprenait pas. Il niait toujours, mais pourtant, ce n'était pas comme si elle le disait directement. En même temps, quelle chose précieuse était-il apte à lui voler ? Se rendait-il seulement compte qu'elle parlait de lui ? Non, vu son air perdu, elle n'en avait pas l'impression.
Non seulement il était trop gentil mais aussi stupide. Peut-être qu'il pensait que rien n'était de sa faute, peut-être qu'il pensait qu'il ne méritait pas d'être coupable. Rien que cette pensée la mettait encore plus hors d'elle. Un plan d'ail ? Bizarrement, l'odeur ne lui venait pas dans le nez. Et pourtant, ce n'était pas comme si ce genre de truc de se sentait pas à des kilomètres à la ronde. Alors elle avançait jusqu'à être totalement face à lui.
Il était plus grand, et sa peau et ses yeux étaient plus sombre à cause de la métamorphose en nymphe. Il paraissait aussi plus fragile, plus... Sensible ? Les nymphes en même temps.
« Que me vole t-on qui puisse avoir de la valeur pour moi, professeur Cartaigh ? »
Glaciale. Même un iceberg n'aurait pas fait mieux. S'il réfléchissait un minimum, il pourrait comprendre. S'il était au courant de ce qu'il y avait entre son père et elle, ce conflit qu'elle gardait actif depuis des mois et des mois, il pourrait comprendre. S'il était si gentil et compréhensif, il pourrait comprendre.
Seulement, le voulait-il ? Ou bien était-il trop lâche pour l'admettre ?
« A votre avis monsieur. Quelle personne peut avoir de la valeur pour moi ? »
C'était peut-être plus clair maintenant. Si on parlait de personne, et non pas d'objet. Car elle s'en fichait des bien matériel Proserpine. Ce n'était que des objets. Enfin, sauf sa baguette magique, mais là c'était une autre histoire. Son statut de vampire lui rappela à l'ordre, et elle inspira l'air bruyamment. Ses yeux rouges le fixaient ensuite, et on pouvait presque voir toute la violence qu'elle se faisait pour ne pas lui sauter à la gorge. Mais quelque part, s'il avait un goût d'arbre, ça allait être décevant. Penser à cette possibilité la calma un peu, et mit une main sur sa gorge pour la masser, comme si cela pouvait calmer la brûlure qu'il y avait.
« Vous êtes vraiment bête ou bien vous le faites exprès ? »
Avait-il enfin comprit ? Comprit pourquoi elle le détestait tant ? Pourquoi elle ne pouvait pas le supporter ? Pourquoi elle ne pouvait pas le voir sourire avec son père ? Son père... Cela lui fit mal de penser à lui d'un coup, et elle recula du professeur nymphe. Elle sentait qu'elle allait craquer, et ce n'était certainement pas le moment. Elle ferma les yeux et s'appuya sur un arbre en se courbant vers l'avant. Bordel.
Ce n'était pas le moment.
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Jeu 27 Fév - 16:12
Caesius Carthaigh n'avait jamais connu son père. Ce n'était même pas pour une histoire de sorcellerie ; c'était d'une banalité affligeante. Sa mère lui avait expliqué, avec les mots doux que seules les mères savent prendre, qu'il avait eut peur lorsqu'elle était tombée enceinte. Il était parti du jour au lendemain, un mot d'excuse griffonné sur un morceau de parchemin déchiré. Les sorciers ne sont pas si différents des moldus ; les peurs humaines sont toujours les même.
C'était peut-être pour ça qu'il n'avait jamais compris la souffrance de Proserpine. Lui avait été chéri – un peu trop même – par une mère qui n'avait plus que lui. Elle lui avait toujours enserré fébrilement les doigts lorsqu'ils se rendaient sur le chemin de traverse, essuyant les tâches qu'il se faisait sur le visage, recoiffant ses cheveux roux en essayant vainement de les plaquer en arrière. Lui, n'avait jamais souffert de ce manque ; sa mère avait toujours tout fait pour qu'il soit l'enfant le plus choyé.
Mais ce n'était pas le cas de Proserpine ; il y a certaines personnes qui sont plus maladroites que d'autres dans l'expression de leur sentiments. C'était le cas de Caesius, désormais, qui buttait sur le contact avec les autres tout en le recherchant désespérément. C'était aussi le cas de Ruber ; même Caesius, plutôt lent en ce qui concerne les sentiments, l'avait remarqué. Ruber était un être de souffrance ; comme l'était sa fille.
Il ne comprenait pas la place que lui, Caesius, vingt-huit ans, occupait avec ce collègue et ami – une place de trop.
Proserpine s'énervait ; il comprit qu'elle n'avait pas cru un instant à cette histoire de plan d'ail. Ce n'était pas étonnant, elle était vive – tellement vive, que si elle se jetait sur lui, elle le mordrait certainement. De toute façon, il aurait trop peur de la repousser sans la blesser ; c'était une de ses grande craintes.
Mais il ne comprenait toujours pas ce où elle essayait d'en venir – ah, si. Enfin.
« A votre avis monsieur. Quelle personne peut avoir de la valeur pour moi ? »
Son père – cette relation si pénible qu'elle devait entretenir, cette distance qu'il voyait entre eux dans les couloirs, lorsqu'ils se croisaient. Caesius comprit.
« Vous êtes vraiment bête ou bien vous le faites exprès ? »
Elle l'avait coupé parce qu'il ne disait toujours rien – mais que pouvait-il dire, là, maintenant ? Il venait de comprendre, avec difficulté, la raison de regards meurtriers qu'il se prenait toujours de plein fouet. Il voulait la rassurer – ce désir s'alluma soudain dans son ventre avec cette envie de lui dire qu'elle n'avait pas à s'en faire. Personne ne lui volait quoique ce soit. Ruber était son père et elle semblait l'oublier ; il le serait toujours, peu importe leur froideur respective.
« Pardon je. Vous n'avez pas à -, s'empressa-t-il de balbutier. »
Quand soudain, elle recula brusquement, s'arquant contre une de ses plantes (miraculeusement inoffensive), comme si une douleur fulgurante venait de lui perforer la poitrine. Il n'était pas si loin. L'inquiétude froissa son visage, mincit sa bouche en une fine ligne et il se précipita à ses côtés. Hésitant, il tendit une main pour la poser sur son épaule bien frêle pour un si fort tempérament – était-ce la potion du professeur Mantis qui l'a rendait ainsi ? Il faudrait peut-être qu'il lui en parle – il ne supportait pas de savoir les élèves en souffrance.
« Est-ce que tout va bien, Miss Bradbury ? »
Dans la situation actuelle, l'appeler ainsi l'interpella ; elle était celle qui portait le nom de famille de Ruber Bradbury. Sa famille ; elle devrait le savoir.
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Ven 28 Fév - 1:50
Les potions ne sont pas faites pour la meilleure des choses.
Il ne comprenait pas, ou alors pas de la même manière qu'elle. Elle eut un mouvement de recul et sursauta en sentant sa main sur son épaule, tandis qu'elle releva le regard pour planter dans le sien. Ses yeux rouges montraient à quel point elle était affamée, et surtout qu'elle était en colère. Elle le poussa de toutes ses forces en entendant son nom de famille.
Bradbury. Avant, ça voulait tout dire pour elle. C'était sa famille, son père et sa mère. Maintenant, il ne restait que son père. Son père qui l'avait laissé derrière elle après le décès de sa mère. Son père a qui elle en voulait encore terriblement de cet abandon.
« Non... Vous ne pouvez pas m'aider... Personne ne le peut. »
Elle était seule Proserpine, convaincue que de toute façon, personne ne pouvait la comprendre. Non, personne n'était à sa place, personne ne pouvait savoir à quel point elle souffrait en réalité. Parce qu'elle ne le disait pas, elle laissait tout derrière son masque impassible et glacé. De toute façon, elle était mieux seule non ?
Ses yeux se refermèrent et elle secoua la tête.
« Et est-ce que j'ai seulement l'air d'aller bien ?! Non ! Je vais mal ! Je vais mal depuis des années ! Mais ça, ça... Personne ne le sait. »
Son cœur eut un sursaut, comme quand avant qu'on éclate en sanglots. Et elle ne voulait pas pleurer devant ce prof. Non, elle était trop fière, ça serait montrer une Proserpine faible que de pleurer ainsi. Ravalant ses larmes avec difficultés, elle laissa un silence pesant s'installer. Serrant les poings, elle se mordit les lèvres pour essayer de calmer son nouvel instinct.
« Ne m'approchez pas... J'ai besoin de personne de toute façon. »
Elle était seule depuis des années après tout, alors pourquoi ça changerait maintenant ? Pourquoi ressentirait-elle ce besoin d'être entourée alors que seule, elle était tout aussi bien ? Seulement, ce sentiment d'être incomprise ne faisait que s'agrandir. Car au fond, si son père l'avait laissé, c'était à cause des autres... A cause de gens comme ce professeur.
Alors elle ne pourrait pas les aimer. Jamais.
Jamais.
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Caesius Carthaigh
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Mer 12 Mar - 22:01
C'est alors qu'elle lui rappella quelqu'un. Elle lui rappela des dizaines de visages. Elle lui rappela des grimaces tordues, des moues passives, quelques fronts agressifs barrés par des sourcils froncés. Elle lui rappella beaucoup, beaucoup de monde, ces élèves qui, pour Caesius avaient tous un nom. Ces élèves qui, pour Caesius, avaient tous une souffrance. Ça ne l'avait jamais regardé et ça n'aurait jamais dû le regarder. Il avait été trop faible, trop influençable en voyant une joue mouillée ou un œil fuyant. Il s'était approché avec un air serein tapissant son visage, tendant une main aidante, prononçant des mots qu'il aurait aimé qu'on prononce pour lui. Lui qui avait été incapable d'accepter de l'aide et qui, maintenant, la prodiguait avec une facilité maladive.
Est-ce que tout va bien ?
Mais bien sûr que non, ils ne vont pas bien ; ce sont des adolescents. Ce sont des boules de colère, des nœuds de conflits, ce sont des amas d'angoisses, de soucis, de persécutions, parfois, de chagrin, souvent. Ce sont des murmures et des cris qui s'entrechoquent et qui jamais ne se comprennent. Ce sont des adolescents en souffrance qui enfoncent tout au fond de leur côtes pour que ça ne ressorte jamais. Mais ça ne marche pas – ça n'a pas marché pour Caesius, ça l'a rongé, il est rouillé et son cœur grince. Eux, ils ont encore la possibilité d'exploser.
Proserpine lui explosa au visage ; un peu. Pas trop – elle avait encore la retenue que sa dignité, si grande qu'elle intimidait Caesius, lui imposait. Elle était tellement grande, tellement plus grande que lui qu'il n'osa pas bouger en la voyant se fissurer devant lui.
« Non... Vous ne pouvez pas m'aider... Personne ne le peut. »
Elle avait les cheveux d'un pourpre profond ; elle lui rappela une autre jeune fille, tout aussi digne, tout aussi grande, à l'explosion meurtrière et aux cheveux lagon. Il avait entendu cette phrase tellement de fois, au final – à chaque fois qu'il avait tendu sa main. On l'avait toujours refusé, parce qu'il n'avait jamais su rester à sa place. Il était un professeur. Certains disait que ce n'était pas son rôle ; lui avait la certitude que c'en était l'essence.
« Et est-ce que j'ai seulement l'air d'aller bien ?! Non ! Je vais mal ! Je vais mal depuis des années ! Mais ça, ça... Personne ne le sait. »
Une nouvelle rafale – la déflagration effleure son visage. Caesius vit ses incisives se planter dans sa lèvre inférieure et ça lui pressa le cœur. Quelque part, elles étaient si semblables – profondément différentes, mais la solitude semblait leur avoir volé leur vie.
Pourquoi – pourquoi, alors qu'il avait porté tant d'attention à la solitude Amethyste, n'avait-il jamais été frappé par celle de Proserpine.
« Ne m'approchez pas... J'ai besoin de personne de toute façon. »
Ses sourcils tombèrent ; il avait la réponse. Proserpine avait quelqu'un pour elle, ici, à Poudlard – il fallait juste qu'elle le retrouve.
Elle souffrait et le visage de Caesius se froissa. La potion de Flavia ne devait rien arranger aux grondements qui roulaient en elle. Il voyait passer sur son visage, successivement, la brûlure de la haine et la fébrilité de la peine. Il fronça les sourcils, lui tourna le dos et parti plus loin dans la serre.
Pendant quelques minutes, ses grandes mains fouillèrent quelque part dans un de ses nombreux plants. Son visage était concentré – il avait le visage de celui qui doit faire quelque chose d'extrêmement important et qui ne doit pas échouer ; l'aider. Au bout d'un moment, il finit par trouver la petite plante timide aux fleurs nocturnes qu'il cherchait. D'un geste précis du sécateur qu'il avait sorti de sa blouse, il en coupa une de ses feuilles marrons. Revenant auprès de Proserpine, il la lui tendit du bout des doigts.
« Prenez, mâchez-ça, ça n'a pas très bon goût mais ça devrait apaiser la sensation de la soif pour quelques minutes. »
A l'autre bout de son bras, il y avait le visage de Caesius. Il souriait, paisiblement ; c'était tout ce qu'il avait jamais su donner.
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Jeu 13 Mar - 15:55
Les potions ne sont pas faites pour la meilleure des choses.
Il ne disait rien et tant mieux quelque part, elle n'avait pas envie de savoir ce qu'il pouvait ajouter. Non, elle ne voulait pas entendre des paroles qui se voulait aidante et rassurante, elle ne voulait rien de la part de ce professeur. Et quelque part, elle se demandait bien pourquoi il tenait tant à vouloir l'aider alors qu'elle n'en avait rien à faire de lui.
Il était trop gentil, ça le perdrait. Car ce qu'il faisait, ce n'était pas sûr que ce soit rendu, ce n'était pas sûr qu'on puisse lui tendre la main comme lui le faisait. Elle se renfrogna à ce genre de pensées et secoua la tête quand il lui tourna le dos pour aller chercher quelque chose. Elle avait presque pensée qu'il l'aurait laissée tranquille et seule au milieu de cette serre. Quelque part, ça n'aurait pas été pire.
Il revint avec une feuille marron en parlant de sa soif. Que cela pouvait la calmer durant quelques minutes. Bon, ça par contre elle pouvait accepter, sinon elle allait tuer quelqu'un et elle n'avait pas envie d'avoir d'ennuis. Prenant la feuille brusquement, elle la mit dans sa bouche en la mâchant. Bon sang ce que c'était dégoûtant. Mais elle pouvait sentir sa soif disparaître, même temporairement.
Elle le fixa ensuite, puis se redressa pour lui faire face, toujours en mastiquant cette plante totalement immonde. Mais le goût amère dans la gorge la calmait bizarrement. Calmait ses larmes qui menaçaient de couler. Beurk, c'était vraiment dégoûtant en fait.
« C'est parce que vous êtes proche de mon père que vous vous sentez obligé de venir me voir ? Parce que vous êtes au courant de ce qu'il y a ? »
Cela ne l'étonnerait même pas qu'il soit au courant. De toute façon, elle n'avait rien à cacher. Enfin presque rien. Arquant un sourcil, elle soupira ensuite pour détourner la tête.
« N'essayez pas de vouloir régler ce problème. De toute façon, c'est de sa faute à lui. Pas la mienne. Et je ne pourrais pas lui pardonner. C'est tout. »
Oui, c'était entièrement de sa faute. Grimaçant, elle finit par lui tourner le dos pour cracher la feuille de sa bouche. Elle ne sentait plus la brûlure, mais ce n'était pas une raison d'avoir tout le temps ce truc qui dégoûtait son palais. Et on se demandait pourquoi les jeunes n'aimaient pas les légumes. Question stupide.
« … Je ne suis certainement pas la première à vous le dire, mais vous êtes trop gentil. Et les gens comme vous se font facilement piétiner par les gens qui demandent trop d'affection. Vous êtes grand, vous savez vous débrouiller seul. Mais parfois, on dirait pas. »
Elle disait ce qu'elle pensait, et même si c'était un prof, même si elle lui devait du respect, il fallait que ça sorte. Non pas qu'elle s'inquiétait pour lui, elle ne faisait que constater. Et elle l'avait déjà remarquée avant, mais ce Carthaigh avait l'air vraiment débile des fois avec son sourire niais. Et les gens comme ça, quelque part, elle se demandait pourquoi ils étaient comme ça. Pourquoi il était si gentil au juste ? Se tournant pour lui refaire face, elle croisa ensuite les bras comme elle le faisait si bien pour plisser les yeux en plantant son regard dans le sien.
« Pourquoi vous êtes comme ça ? Pourquoi vouloir aider les gens en souriant de cette manière ? »
Même si elle n'espérait pas vraiment de réponse, qui ne tente rien n'a rien.
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Caesius Carthaigh
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Sam 15 Mar - 15:31
Que les autres aillent mieux – c'était son obsession. Quand elle se saisit de la petite feuille brune et qu'elle la glissa dans sa bouche, Caesius sentit le soulagement se frayer un chemin entre ses côtes. Bien sûr, la feuille avait un goût mauvais, particulièrement amer, mais ça lui arracha un sourire quand il aperçut sa grimace. Au moins, elle n'avait plus le visage de celle qui allait s'effondrer.
Il n'y avait rien de plus gratifiant que d'apaiser les autres – cette pensée là, elle était férocement égoïste. Bien sûr que Caesius était un homme égoïste, et cette tare lui donnait l'envie de se régurgiter lui même. Mais Proserpine avait l'air mieux – apaisée, juste un peux. Il se sentait respirer plus librement.
« C'est parce que vous êtes proche de mon père que vous vous sentez obligé de venir me voir ? Parce que vous êtes au courant de ce qu'il y a ? »
Caesius haussa un sourcil surpris et ne répondit rien – bien sûr, elle n'allait pas se défaire de son mordant parce qu'elle avait mastiqué un remède. Il n'avait jamais eu l'occasion de faire sa connaissance auparavant – ce n'était pas comme si Ruber allait faire les présentations, ils étaient déjà incapables d'établir un dialogue entre père et fille. Mais Caesius, retenant un sourire, songea qu'il appréciait véritablement son caractère. C'était quelqu'un de fort – l'exact opposé de ce qu'il était.
« N'essayez pas de vouloir régler ce problème. De toute façon, c'est de sa faute à lui. Pas la mienne. Et je ne pourrais pas lui pardonner. C'est tout. »
Il n'y avait rien à répondre à cela non plus – Proserpine avait juste le besoin de cracher les morceaux de haine qui gisaient dans son ventre depuis si longtemps. Il n'avait jamais eut vraiment d'avis sur la question, car ce n'était pas une discussion qu'il avait souvent avec Ruber. Quelque part, il avait envie de lui répondre – tu as raison, Proserpine. Mais il avait la certitude que si l'ont rapportait ces propos à Ruber, quelque chose se briserait entre eux (et il se prendrait une sacrée remise en place). C'est juste qu'ils n'avaient jamais su se parler.
De nouveau appuyé contre l'un de ses tables de travail, Caesius regardait Proserpine avec un regard adouci – c'était en grande parti dû au fait qu'il n'avait plus peur qu'elle lui saute à la gorge. Il souriait. Il souriait toujours dans l'espoir d'adoucir les peines. Un crachat le sorti de sa rêverie quand elle lui jeta un reproche au visage.
« Je ne suis certainement pas la première à vous le dire, mais vous êtes trop gentil. »
Les yeux de Caesius s'écarquillèrent un instant, puis il laissa s'échapper un doux rire. Caesius ne riait pas souvent ; quand il riait, on aurait dit que le vent s'engouffrait dans les feuilles d'un arbre. Ce n'était pas très bruyant.
« Pourquoi vous êtes comme ça ? Pourquoi vouloir aider les gens en souriant de cette manière ? - Parce qu'il le faut bien, tout simplement, expliqua-t-il à demi-mot après avoir atténué son rire. »
On le lui avait déjà demandé – on avait déjà haussé un sourcil sceptique devant ses sourires, sa gentillesse, son affabilité ; sa bêtise. Il n'avait jamais vraiment su quoi répondre – c'est comme ça, c'est juste comme ça. Ce n'était pas comme si il pouvait être honnête. Il souriait encore lorsqu'il se baissa sous son plan de travail pour en retirer deux tabourets rouillés par l'humidité ambiante. Il prit place sur l'un deux et désigna de sa main droite le deuxième.
« Si tu le souhaites, tu peux venir t'asseoir. Aussi, si tu en as envie, tu peux rester dans la serre jusqu'à ce que les effets de la potion se soient dissipés. Comme ça, il y aura moins de risque que tu attaques quelqu'un. »
Il lui souriait toujours. Il y avait quelque chose de maladroit dans les mots qu'il venait de souffler ; ça disait que ce n'était pas grave, si elle l'attaquait. Ce n'était que lui, et Caesius n'était pas un homme qui connaissait la rancoeur envers les autres.
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Mer 19 Mar - 12:57
Les potions ne sont pas faites pour la meilleure des choses.
Non, ce n'était pas simple, ce n'était pas simple de sourire quand on en avait pas envie. Et Proserpine ne pouvait pas le comprendre de ce point de vue, parce qu'elle ne faisait jamais des choses qu'elle ne voulait pas faire. Et le voir sourire lui donnait une drôle de sensation dans le dos.
Elle n'aimait pas ça, non pas du tout. Elle avait envie de le frapper. Parce qu'elle aimait pas ce genre de personne trop gentille, simplement. Non, elle n'aimait pas leur sourire ni leur gentillesse gratuite. Elle l'avait dit avant, ce genre de personne était celle qui se faisait le plus facilement piétiner.
Il prit deux tabourets en reprenant la parole et elle détourna la tête. Elle avait clairement comprit le message. Ce n'était pas grave si elle lui sautait dessus pour l'attaquer et planter ses crocs dans sa gorge. Bordel, c'était quoi ce prof au juste ? Elle en avait une boule au ventre et préféra se laisser glisser le long de l'arbre pour se mettre en boule.
Bon sang, pourquoi ça tombait sur elle au juste ? Laissant sa tête sur ses genoux, elle finit par fermer les yeux.
« C'est débile ce que vous faites. Les personnes comme vous ne devraient pas être comme ça. »
Non, ils ne devraient pas exister. Car au final, ils souffraient plus qu'ils ne rendaient joyeux avec leur sourire. Ils voyaient le monde avec un regard optimiste et encourageaient tout le monde à ne pas abandonner, à se dire que tout était possible et surtout, qu'un mal ne venait pas sans un bien. Elle en avait vu tellement des gens comme ça, qui souriaient mais qui pleuraient une fois seul. C'était triste de se dire que même les personnes souriantes étaient triste dans le fond.
Car après tout, tout le monde l'était. Seulement, chaque personne avait sa manière de le montrer. D'autres se plaignaient, d'autres s'isolaient, d'autres ne le montraient pas simplement.
« Vous souriez mais au fond, est-ce que vous êtes vraiment heureux ? Pourquoi vouloir mentir au juste... Vous avez quelque chose à vous reprocher pour vouloir être comme ça avec les autres ? »
C'était une supposition, elle ne connaissait rien de ce professeur, mais sourire ainsi n'était pas normal. Il devait y avoir quelque chose d'autre, un truc qui fait qu'il soit comme ça, à lui tendre la main encore, alors qu'elle le méprisait. Relevant la tête, elle le fixa droit dans les yeux. Si jamais il mentait, elle le devinerait facilement.