Welcome to me ▬ Neam

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C'est qu'il

marcherait vite, cet imbécile. Il est tout petit, et il teint ses cheveux en bleu. Je l'ai déjà vu traîner avec un sixième année qui me donne des cours de Soin.

Je n'ai pas honte. Je n'ai pas honte de me faire aider par un cadet. Ce serait ridicule. Il est meilleur que moi, en bon Serdaigle il a déjà étudié le programme de 7e. Et pourquoi ne pas utiliser tout outil qui se profile à l'horizon, au juste ? Ce serait de la fierté mal placée. Et je me targue d'être bien plus intelligent que ça.

Je suis même un génie. Bref.

Il finit par arriver au sommet de la tour ouest, dans la volière, et j'aime autant vous dire que ce n'est pas trop tôt. Il est minuscule, comparé à moi, mais quelle vitesse pour de sis petites jambes...

Je reste un moment dans les escaliers - il m'a tellement distancé qu'il ne doit même pas avoir notifié que je le suivais. J'aurais pu le héler, mais franchement, non. Pas question. C'est bien trop disgracieux. J'en profite pour reprendre mon souffle, histoire de ne pas avoir l'air ridicule une fois devant lui. L'image, c'est important. Je dirais même que c'est capital.

C'est précisément pour ça que j'ai envie de détruire la sienne - celle qu'il s'efforce de se donner, parce que jusque là, Théorphrate "Neam" Yamstrof Hicknern, inconnu au bataillon. Heureusement que je me suis renseigné. Enfin, ce n'est pas comme si je ne le faisais pas toujours, mais ce pauvre enfant est vraiment un terrible anonyme.

Ce n'est pas mon cas, évidemment. Tout le monde n'a pas entendu le nom Stratton au détour d'un couloir, ce serait exagéré de le dire, cependant il y a assez de gens qui savent exactement qui je suis pour que je ne me sente pas seul. Quand ils me voient, ils me reconnaissent.

Et aujourd'hui je vais le faire entrer dans ce petit groupe.

Ce n'est certainement pas par hasard que j'ai jeté mon dévolu sur lui. Non, j'ai commencé à l'observer quand il traînait avec mon professeur particulier. Il le collait d'une manière que je n'avais encore jamais vue, leur relation tient vraiment du poulpe et de son rocher. Ca m'a paru très singulier, et en creusant, j'ai découvert par hasard qu'il était assez colérique si on savait où toucher - ou à contrario qu'on était stupide.

Ca allait être si facile. Ah... Pauvre petit Théophrate. Clio Scylla est sur tes pas.

Je termine de monter les marches en me parant de ma superbe, et en entrant, je suis droit, altier, noble. Je lui jette un regard qui se veut non hostile.

▬ Ah... Tu ne serais pas Théophrate ?

Je tords même ma bouche en forme de sourire léger.

▬ Quelle chance, je voulais te demander...

D'après mes sources, avec ces deux petites phrases je vais le faire enrager. A coup sûr.

▬ Orphée et toi, vous êtes ensemble, non ?

Date d'inscription : 07/07/2013

Are you kidding me...

Neam envoyait toutes les semaines une lettre à son père. Il savait qu'il l'avait laissé seul derrière lui, alors il faisait cet effort qui maintenant relevait plus d'une habitude agréable, que d'une corvée. Il faisait ça le mercredi soir. Il écrivait assis dans son lit, ou contre le dos d'Orphée, puis il partait chercher sa peluche de chouette à la volière. Il aimait bien ce lieu, malgré l'odeur et l'apparence... douteuse avec tous les petits os d'animaux au sol. Oui, il appréciait parce que c'était haut et il n'y avait que lui et ces boules de plumes. Il y passait de longs moment à observer le mode de vie de sa chouette avant de lui donner la lettre et de la laisser voler jusqu'à là où survivait son paternel. C'était ses petites habitudes, le genre qui se passait chaque semaine sans aucun changement, sans que jamais il ne soit dérangé. Parfois il croisait quelqu'un, mais ça permettait de discuter un peu, c'était pas désagréable. Alors, quand en voulant quitter la pièce il vit ce septième année il lui adressa un beau sourire, sans imaginer que celui-ci voulait lui pourrir sa soirée.

Neam connaissait de vu ce serdaigle, parce qu'il passait beaucoup de temps dans la salle commune et donc, au bout de six, il reconnaissait les gens et assemblait leur apparence à leur prénom. Ce n'était pas très difficile, surtout quand on vivait toute l'année avec ces personnes. Mais, malgré sa facilité à parfois reconnaître, il ne faisait pas attention aux réputations qui pouvait tourner autour de telle ou telle personne. C'était, à son avis, se fier à n'importe quoi et se tromper à coup sûr – même s'il avouait trouver passionnant de comprendre pourquoi telle personne avait une rumeur douteuse qui traînait sur elle. Tout ça pour dire qu'en toute innocence il faillit passer son chemin sans s'arrêter devant Clio.

-Ah... Tu ne serais pas Théophrate ?

Le dit Theophrate s'arrêta net et se tourna vers lui très lentement. Il pensait qu'il en avait fini avce ça, du moins avec sa maison, il pensait que c'était plus que clair que c'était Neam et pas Théophrate. Il lâcha un soupire.

-Neam.

-Quelle chance, je voulais te demander..

Son regard se radoucit, et il l'incita à continuer. C'était rare qu'un « inconnu » veuille lui poser une question. Tellement rare qu'il ne se méffia pas.

-Orphée et toi, vous êtes ensemble, non ?

-Hein ? laissa-t-il échapper, mec, tu connais même pas mon nom, alors en quoi c'est tes affaires ?

Il rentra ses mains dans les poches de son jeans, le dos légèrement contracté.

-Si tu veux tout savoir, non, on l'est pas. Content ?

Le pauvre avait perdu son sourire. Ça l'agaçait tellement qu'on lui pose encore et encore cette question. C'était pourtant évident qu'ils étaient pas ensemble ! Ils passaient pas leur vie à se rouler des patins comme les pots de glus qui traînaient partout dans le château, alors c'était simple : ils étaient amis. Point. Fallait arrêter de voir des gay partout, sérieusement ! L'amitié ça existe. Même si tous deux sont souvent ensemble c'est normal vu qu'ils sont meilleurs amis, tu sais abruti, des gens qui s'apprécient pour ce qu'ils sont sans avoir à copuler.

Il s'apprêta à continuer son chemin mais se retint au dernier moment.

-Pourquoi tu veux savoir ça ?

Il allait quand même pas lui faire une déclaration là maintenant ? Fallait pas abuser, hein ? Purée, ça lui fichait la chair de poule cette situation.

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J'aime tant

les voir se retourner comme ça, ignorant encore qui je suis, se comportant avec moi comme avec n'importe qui. C'est naïf, et j'aime ça. J'aime quand ils ont encore ce regard bateau, sans émotion spéciale, celui qu'ils ont tout le temps.

J'aime ça puisque je sais que je vais le changer.

Comme il est mignon, comme il est crédule. Je ne suis pas si bon comédien que ça. Ah, l'ingénu ! Que j'aime ça, que j'aime ça.

Je me redresse, surpris - quel langage, sérieusement.

▬ Bien sûr que je connais ton nom, tu es... Théophrate Hicknern. Non ?

Le ton va monter, je le sens. C'est si facile, je jubile. Mon sourire n'est pas si feint, je me sens vraiment joyeux.

Pas heureux, seulement joyeux. C'est mieux que rien.

Je joints les doigts devant moi, c'est un tic quand je réfléchis. Je cherche ma formulation.

▬ Figure-toi, Théophrate, que oui, je suis content de l'apprendre. Ravi, même.

Que dire maintenant ? J'hésite. Je pourrais "m'intéresser" à Orphée, ou bien à lui. Lequel est le pire ? Je pense qu'il m'ignorerait, si je tournais autour de mon professeur particulier.

▬ Ca me soulage, même, dis-je, pour gagner du temps.

Ah...
J'ai trouvé. C'est encore mon vrai visage qui sera le plus hideux pour lui. Alors mon sourire simple se tord et devient mauvais tandis que je me penche pour l'enfermer entre le sol et ma hauteur. Je suis comme l'ombre du monstre, dans ces films pour enfants moldus.

▬ Comment dirais-je... J'ai de projets pour lui.

La transition entre "vous êtes ensemble" et une torture psychologique précise aurait été trop bizarrement tournée. Certes, dans tous les cas je passe pour un malade - ne suis-je pas malade, de toute façon ? - mais je préfère que ce soit logique et bien organisé. Voici donc ladite transition :

▬ Ça n'aurait pas été possible s'il t'avais aimé... Enfin, s'il n'était pas libre.

J'espère qu'il n'est pas stupide, je n'ai pas envie d'expliquer mes sous entendus qui eux-même expliquent largement ce que j'ai l'intention - prétends avoir l'intention - de faire. Ce serait stupide de vraiment vouloir du mal à Orphée Teresia, il me donne des cours supplémentaires en Soin aux Créatures Magiques.

Mais l'important c'est que Théophrate le croit.

▬ Merci, Théophrate.

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