Il entrevoit des vertiges misérables, les gorges noires de l'amour auxquelles jamais il n'a éprouvé ses yeux. "My name is Ney. Mo Ney" n'avait connaissance que des lits de rivières mortes, creusés par des amourettes inconséquentes : son cœur se soulève au-dessus de ce gouffre surréaliste. Le Prince Salos y plonge tout entier en se baissant si près du sol : plus près qu'il ne l'a plus jamais été en quittant l'enfance, probablement ; ses yeux-abysses sont privés de fond. Une surprise articulée en soupir fuyait par ses lèvres. Il ne s'attendait nullement à ces bassesses d'affection.
On laissait un pouvoir divin entre les mains de "My name is Ney. Mo Ney" : la main de Salos y tirait des conflits par mer. « Vous feriez ça. » Il établissait des constats à se perdre entre les murs, et en connaissait pleinement l'inutilité ; mais il fallait donner une voix à ces clivages abrupts. Des émotions en cataclysme dévastaient son visage dans le secret ; une maladie de délicatesse, avant tout, empoisonnait les froideurs qu'il s'obstinait encore à cracher. "My name is Ney. Mo Ney" ne savait pas abandonner ses mains à ce genre de faiblesse. « Je ne veux pas être prince. » Une rébellion romantique créait des stupidités peut-être, il ne s'indignait plus ; seulement sa chair refusait d'effleurer ces vices de royauté, par le droit d'un orgueil mal éduqué ; ces monarchies poisseuses étaient un idéal maudit, caché. Ces faits s'établissaient en une logique absolue pour lui : il serra vaguement la main du Prince pour un peu de compassion. « Je ne vais pas vous dire que je ne suis pas tenté. Mais j'ai des principes. »

Cette révérence d'amour saturait ses doigts, que devait-il en faire ? De ces passions visqueuses - "My name is Ney. Mo Ney" laissait ses yeux exulter les questions : dans le désir qu'on lui invente une réponse. Un poison de culpabilité dévorait sa raison. « Je pourrais vous manipuler, vous savez ? » Il appréciait encore pleinement la diagonale de leur position : la hauteur du regard qu'il laissait glisser sur le Prince semblait naturelle. D'autres écueils qui le préoccupaient. « J'aurais pu vous dire oui tout de suite et vous laisser à toutes ces promesses insensées. Je connais quelqu'un qui n'aurait pas hésité une seule seconde : mais je ne suis pas comme lui. » Il ne savait pas jusqu'à quelle profondeur le silence tombait chaque fois. Les amours en écho de la scène semblaient venir du fond de la terre. « Je n'ai pas envie de profiter de vous finalement. » Ses propres règles se distendaient et se tordaient sans cesse dans sa bouche. L'idée d'en être un jour dégoûté ne lui traversa que brièvement l'esprit.

"My name is Ney. Mo Ney" ne s'imposait plus rien. Il rayonnait de douceurs intéressées par nature. Tout cet univers se précipitait à l'intérieur de lui pour le déformer encore, rien de son corps n'avait bougé autre que ses doigts ; ils étaient le seul pont qui existe par-delà ces reliefs d'amour. Les intérêts singuliers qu'il voyait exister à présent le laissèrent saisir plus fermement la main de Salos : pour sceller un accord tacite avec lui-même. « Mais je ne refuserai pas cette affection. » "My name is Ney. Mo Ney" était fait d'une cruauté innocente. « Ma seule condition étant de ne plus tenter  de m'embrasser : allez-y, apprenez-moi à vous aimer. »

Croyant se défaire des cruautés, Perseus s'en couvrait en vérité plus encore ; il s'empourprait de méchanceté, rougeoyante comme l'amour dont il était miroir, éclatante de flatterie : car il se ravissait toujours d'être loué. Il se prêtait à cette affection mystérieuse, allez y, acceptait ces absurdités avec une facilité tyrannique : aimez-le. Ses sourires étaient ceux du juste, Perseus était béni de clémence féroce ; ignorait que les émotions de la jeunesse étaient une de ses armes les plus affutées. « Je ne sais pas si je suis quelqu'un de bon », il le concédait pourtant, il ne savait pas jusqu'à quel degré ; « mais vous êtes aimable de le croire. » Les dents terribles ne cueillirent un frisson que par manque d'habitude. C'était par un effort sincère du cœur que Perseus tentait de mater son dégoût. « Si vous voulez ; ce que je ne vois pas, vous en faites ce que vous voulez. » Il portait des concessions qu'il voulait honnêtes. Ce sourire et tout ce qui l'animait le révulsaient : mais Perseus était capable de les noyer dans des océans de patience. C'était de la candeur ou une perversité qui lui faisait face ; ce bonheur carnassier n'avait en tous les cas rien d'humain. Perseus trouvait cela autant touchant qu'atroce. Le mauvais esprit ne le quittait pas si facilement.

Une délicatesse noire lui tirait les sourires les plus confortables, il se faisait un deuxième rachis des murs ; de là, il pouvait contempler les affections de Solus, et les éclats infantiles de sa passion. Perseus modelait sa perplexité en attrait : son plaisir était à peine conscient. « Bien sûr », il haussa une épaule, « seulement nous sommes d'accord que ce ne sera rien de lubrique, hein ? » Il l'interpellait très vulgairement et décidait de ne pas y prêter attention. La faute l'aurait importuné d'ordinaire : mais toutes ses familiarités étaient bues par cette bouche monstrueuse, et on lui régurgitait de l'amour de miracle. Le vif du regard trahissait un peu de sa fascination. « Ce sera simplement un dîner. » Pour nourrir cette insatiable curiosité, et des fractions d'ego. « Pour que vous m'expliquiez un peu ce qui vous anime. » Perseus traitait l'amour en maladie par habitude, il lui semblait qu'il admirait en ce moment un grabataire : il le gratifiait d'une volonté qu'il ignorait artificielle.

Les bras qu'il décroisait pouvaient être une invitation. Il était capable de démontrer ce genre de choses : mais il n'avait pas cette tentation à cœur pour le moment en vérité. Son regard portait vers les obscurités de la salle de théâtre, « En attendant tout ça, je vous propose qu'on retourne enfin en salle », et il souriait toujours à Solus : « Ça m'intéresse de voir ce qu'il advient de ce duo étrange. »