Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
poufsouffle
1189 pts
serpentard
918 pts
serdaigle
661 pts
gryffondor
612 pts

l'unité
203 pts
ligue des sorciers
223 pts

Caesius ▬ fondatrice retirée
Viridus ▬ administratrice
Kalev ▬ modératrice
Sloan ▬ modératrice
Flavian ▬ modératrice



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

Partagez

[chouquette] Tonight we are victorious

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Aller à la page : 1, 2  Suivant

Ligue des Sorciers
& créature & VOTRE ROI A TOUS



Prince Solus
Prince Solus
Messages : 158
Localisation : Dans le plus beau des lacs : le sien.
Date d'inscription : 14/03/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Dim 14 Fév - 21:28
Le Prince Solus, en amateur d'arts et de théâtre digne de ce nom, avait été tout à fait obligé par des obligations morales tout à fait personnelles, de se déplacer pour cette grande première d'une pièce très attendue à Londres. On en voyait l'affiche dans tous les cafés. Et dans toutes les rues. Partout partout. Même dans son propre lac artificiel ; sans doute un malfrat qui avait vandalisé l'environnement par cet acte de pollution. Peut-être même un agent de Monsieur Saumon engagé pour le tuer. La tentative était parfaite : nageant avec grâce, l'affiche se serait plaquée dans son visage et l'aurait étouffé. Ni vu, ni connu. Qui aurait soupçonné quoi que ce soit ?
Le Prince Solus secoua la tête ; il ne fallait pas être si paranoïaque et stupide, et éclaboussa un peu ses voisins de ce geste, à cause de ses cheveux humides qui lui descendaient sur les épaules. C'était long, une pièce de théâtre, il ne pouvait pas se permettre de mourir desséché ; alors il avait une bassine d'eau à ses pieds, et de temps à autres, il s'éclaboussait la peau. Il barbotait, comme qui dirait. La potion de condition humaine, ce n'était pas miraculeux, et ça n’empêchait pas tous les désagréments.

Après s'être réinstallé dans son siège, le Prince Solus balaya la pièce du regard. Il avait entendu dire que son valet préféré, ce bon Jaromir, venait lui aussi. Il aurait bien aimer l'apercevoir, lui faire coucou, et l'inviter à s'asseoir près de lui, mais il ne le trouvait pas. Quel dommage. Le Prince Solus jouait tristement avec une mèche de cheveux. Il aurait bien aimé offrir une petite boisson à Jaromir, juste comme ça, parce qu'il était de rtès bonne humeur aujourd'hui.
Malgré toute la marmaille.
Parce que quand même, personne n'avait daigné le prévenir que tous les rejetons de sorciers de Grande-Bretagne était conviés à cette grande occasion. Si il avait su, il aurait changé ses dates. Ces affiches manquaient cruellement de bonnes informations : une preuve de plus qu'elles avaient sans doute été conçues par des incompétents.

Justement, il y en avait un, d'enfant sorcier, juste à côté de lui. Avec du vert, là, sur les vêtements, au niveau de, comment ça s'appelait déjà ? Jaromir en portait parfois. Une savatte ? Le tissu autour du cou, quoi, était vert. D'après ce qu'on lui avait appris, ça voulait dire qu'il était à.... Serpenrare ? Et puis il avait des cheveux bizarres, un peu comme ceux de Jaromir. Peut-être que sa présence pourrait compenser l'absence de celle de son larbin favori ? Et puis au pire ce serait toujours une bonne étude sociale. Au pire du pire, ça lui ferait quelqu'un à embêter sous la nageoire.
Le Prince Solus se racla la gorge pour attirer son attention.

- Petit ? C'était embêtant de ne pas connaître le nom des gens. Sa majesté va vous appeler Jaromir Junior, voulez-vous ? Même si vous ne voulez pas c'est déjà décidé de toute façon.

Le Prince tenta d'esquisser un sourire qui se voulait un tout petit peu moins hautain, et un tout petit peu plus gentil.

- Comme vous et sa majesté allez être voisin pour cette représentation, elle a jugé bon de se présenter à vous même si vous la connaissez sans doute déjà : Prince Solus, ambassadeur des êtres de l'eau, prince héritier de son lac et maire du Royaume Solus.

Le prince agrandit son sourire davantage, de sorte à découvrir sa dentition ; et c'était un brin effrayant. En fait, tenter de converser ainsi était assez inhabituel de sa part, mais les gens changent comme on dit. Fréquenter Jaromir et la femme du sujet Morgan avait sans doute du bon.

- Vous êtes de Serpenrare à.... Poudelard, c'est ça ? Jaromir avait insisté pour qu'il apprenne le bon nom de l'école. Et vous.... vous vous y plaisez ?

Oui, bon, et maintenant. Il se racla encore la gorge. Que dire de plus ? De quoi ça conversait, les gens du commun, avec leurs enfants ?

- Vous... avez de bonnes notes à l'école ?

Et là, gracieuse diversion : une dame avec des pâtisseries commença à déambuler dans les rangs. Le Prince Solus trouva l'occasion fabuleuse, et sortit quelques gallions de sa poche : qu'il déposa, de sa main palmée, dans celle du garçon.

- Faites plaisir à sa majesté et allez acheter quelques pâtisseries, pour vous aussi. C'est la part que le larbin Jaromir n'aura pas parce qu'il a abandonné son altesse royale.

Le Prince Solus ne boudait pas du tout. Du tout. Du tout.
Revenir en haut Aller en bas

Serpentard
Survivant du royarcèlement



Perseus Kashirin
Perseus Kashirin
Messages : 304
Date d'inscription : 13/08/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Lun 15 Fév - 3:08




Le théâtre soulevait toujours un certain intérêt chez Perseus.
Le jeu ne l'intéressait jamais - ce n'était pas un acteur -, mais il assistait avec ferveur aux pièces qu'on lui laissait le loisir de voir ; aussi, il accepta très rapidement la sortie scolaire. Les airs feutrés du théâtre du Cercle glissèrent étrangement sur lui, emporta une partie de son attention ; il y avait un certain délaissement, lorsqu'il se sentait plonger dans cette atmosphère, et il ne regarda pas la place qu'il prit. Il croisait les jambes et enlevait sa cape parce qu'il avait chaud, son visage s'appuya avec négligence dans sa main ; Perseus partait du principe qu'il était seul, puisqu'il avait décidé de s'éloigner des autres - alors les convenances ne le gênaient plus, et le reste ne l'intéressait pas. Les histoires d'amour en elles-mêmes ne l'intéressaient pas - les talents purs ne l'intéressaient pas. Il n'avait pas même lu la brochure qu'on lui avait donné, s'était tout à fait repu du simple titre pour le moment - le pied qui ne touchait pas le sol s'agitait frénétiquement dans l'impatience, il était, en fait, purement curieux.

Un frisson le gêna, cependant, puisqu'il détesta les gouttes glacées qui glissaient contre sa nuque. Son visage se figea dans un froncement de nez qu'il oublia d'effacer, alors qu'il essuyait sans regarder de l'eau qui n'avait rien à faire là - il fallut le bruit d'une gorge qu'on racle avec décision pour piquer son attention. Ses lèvres, d'ailleurs, se scellèrent très vite sur une certaine sécheresse, il était très évident qu'il n'avait aucune décision de parler ; Perseus, pourtant, oublia très vite la torpeur dans laquelle il s'était laissé glisser.

Car, il n'avait jamais véritablement vu d'être de l'eau. Bien sûr, il connaissait le professeur Stathos ; mais même pourvue de jambes, cette personne s'en différenciait avec clarté, il ne pouvait s'agir d'un être humain. Le réflexe était malpoli sans doute mais ses sourcils se soulevèrent très naturellement - il faillit lui dire, Monsieur, vous avez les pieds dans l'eau, dans l'innocence presque, car il n'envisageait pas de voir un homme trempé et baignant ses pieds à ses côtés. Les choses lui venaient très naturellement, « Bonjour » d'une voix neutre ; Perseus hocha légèrement la tête qu'il avait soulevée de la mauvaise posture de son poing, oubliant de ravaler sa surprise, ou même d'écouter tout à fait - il n'avait strictement aucune idée de ce qu'il pouvait lui raconter. « Je m'appelle Perseus... » dans un ton toujours très neutre en vérité, il crut comprendre que ces mots là ne seraient pas entendus. Il n'essaya jamais de corriger sa mauvaise position, simplement de tendre la nuque un peu plus pour bien saisir ce que lui voulait cette énergumène - on lui parlait de royauté mais ces choses-là n'avaient aucun écho en lui. Prince Solus ? Il avait entendu parler d'un Prince Solus. Mais en vérité les affaires politiques intéressaient bien peu Perseus, et la monarchie lui était désagréable. S'il parvint à retrouver tout à fait ses moyens, il ne parvint pas à rattraper son incrédulité.

« Enchanté, Prince Solus », Perseus ne se montra jamais irrévérencieux, mais les politesses honorifiques ne lui venaient pas à l'esprit - il ne se croyait pas en situation de faire cela, en vérité, n'était pas là pour une énième guerre fictive de pouvoir : il voulait juste voir une pièce de théâtre. Le Prince, cependant, semblait particulièrement désirer lui faire la conversation - Perseus tâcha autant que possible de trouver une position plus appropriée dans son siège, appuya un regard toujours surpris mais d'une certaine courtoisie. Le sourire avait quelque chose de carnassier cependant, et le mouvement raide de sa tête témoigna de sa discrète méfiance. « Je suis dans la maison de Serpentard à Poudlard, c'est bien cela », il fit la correction avec une certaine douceur, mais il comprenait de moins en moins la conversation dans laquelle on le menait - « ... Oui, enfin, ce n'est pas parfait vous savez... Mais j'imagine que tout l'est toujours un peu » - il dit cela avec un certain dépit - « Les choses, en tous les cas, pourraient être bien pires. »

Le Prince ne semblait pas du tout à son aise dans l'art de la conversation, et quelque part cela était touchant ? Et révoltant, les deux se mariaient facilement dans son esprit, qu'on couronne une tête qui ne sache faire quelque chose que lui, Perseus, prenait du temps à maîtriser - il considéra alors en lui-même le Prince avec une certaine condescendance. Les codes de classes étaient quelque chose qu'on avait pris soin de ne pas lui enseigner. « Oui ? Je pense. Je fais en sorte d'en avoir, en tous les cas. » Mais pourquoi s'obstinait-il à lui parler, pourtant ? Un prince n'avait-il pas des esprits plus influents à qui il désirait s'adresser ?

Ah, mais les princes ont une qualité indéniable, n'est-ce pas : ils sont riches. Il y avait un vice qui s'était réveillé évidemment, Perseus, qui était venu pour une pièce de théâtre, s'agita autrement lorsqu'on lui offrit des pièces d'un tout autre ordre. Sans se laisser emporter, son regard gagna tout de même en vivacité - il ne prêta même qu'une attention secondaire au contact pour le moins curieux d'une main pourvue de palmes.
Pourtant, son papa lui avait toujours bien dit de ne pas accepter de cadeaux des inconnus.
Il se leva alors, quittant son siège il fut frappé du déshonneur qu'était de se faire offrir des choses - quoi, ce prince croyait peut-être le rabaisser ? Il avait tout à fait les moyens de s'offrir des sucreries, et puis, il n'avait pas faim ! La rébellion était tout à son honneur : il ne ramena qu'au prince de quoi manger. « Voilà une pâtisserie - malheureusement la vendeuse n'a pas voulu me dire à quoi elles étaient. », le geste fut douloureux mais il tendit le reste de la monnaie, « Et j'ignore qui est Jaromir, mais il pourra avoir sa part - je ne veux rien manger pour le moment. Mais je vous remercie de votre générosité. » Il maintint une certaine neutralité - mais le sourire poli lui semblait un peu factice maintenant, ses yeux comme toujours avaient du mal à mentir. Car il n'était pas un être de l'eau, n'est-ce pas ? Quel sujet croyait trouver un Prince Solus en lui ? Perseus se rassit dans le siège de velours dans un geste d'une nonchalance plus calculée qu'il ne le souhaitait ; il ne voulait pas sembler vexé, et sans doute n'était-ce qu'un de ces princes irréalistes - mais il y avait une certaine blessure à être ainsi considéré de haut. « J'imagine que vous devez beaucoup aimer le théâtre pour venir ici Prince, ça ne semble pas confortable pour vous. » La blessure était encore un peu vive mais il se laissa de nouveau couler dans un automatisme agréable - presque avec mansuétude, il voulait pardonner au Prince ce désordre interne. Perseus voulait simplement voir une pièce de théâtre, vous savez ? Ce n'était pas un jour pour s'indigner. Et avec un peu de chance, le Prince Solus arrêterait aussi de lui faire cet affreux sourire.


Revenir en haut Aller en bas

Ligue des Sorciers
& créature & VOTRE ROI A TOUS



Prince Solus
Prince Solus
Messages : 158
Localisation : Dans le plus beau des lacs : le sien.
Date d'inscription : 14/03/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Lun 15 Fév - 17:10
Ce devait être un bon jour pour l'humeur du Prince Sous, parce qu'alors qu'habituellement, il aurait froncé le nez en affirmant que ce petit sorcier manquait cruellement de conversation, il le trouvait, aujourd'hui, au contraire plutôt d'une agréable politesse. Il avait l'ai posé et bien éduqué. Il s'agissait peut-être d'un de ces élèves prometteurs dont parlait Flavia Mantis dans une de ces dernières lettres, cette dernière commençant à dater. Sans doute cette femme était-elle occupée.
Pendant que Jaromir Junior s'en était allé acheter des pâtisseries, le prince s'était délesté de son sourire maladroit, mais à son retour, oublia par ailleurs de le recouvrer. De fait, il cessa alors de montrer un visage qui ne lui allait guère, mais ne manque pas, en récupérant la monnaie, de remercier l'enfant.

- Merci, son altesse apprécie votre compétence. Tout le monde n'est pas de votre qualité vous savez. Parce exemple jusqu'à récemment, le sujet Jaromir, vous savez, mon valet, était fort incompétent. Mais il a changé, alors ce n'est pas pour cela qu'il ne mérite pas sa part.

Le prince croisa ses jambes avec élégance ; l'un de ses pieds nus, palmé lui aussi, vint alors cogner le siège vide à l'avant. Il posa la pâtisserie sur ses cuisses, et soupira. Si seulement Jaromir l'avait accompagné ! Depuis son héroïque sauvetage de sa personne, au Bumblebee Day, il avait beaucoup, beaucoup d'estime pour lui, et il avait décidé d'être plus... compatissant avec lui. Par exemple, il ne l'embêtait plus les dimanches : il allait chez la femme du sujet Morgan à la place. D'ailleurs, il l'avait fait écrire à Jaromir dans le règlement du Royaume Solus : le dimanche est jour de repos des Protecteur et Sauveur de sa majesté ; soit, Jaromir uniquement.

- Sa majesté et lui sont au théâtre le même jour, et il n'a pas invité sa majesté. C'est honteux. D'accord, le dimanche est son jour de repos, mais aller au théâtre, ce n'est pas du travail, vous n'êtes pas d'accord ? Il s'interrompit pour croquer une bouchée de la pâtisserie. Parce que comme vous le dites, sa majesté aime beaucoup le théâtre, vous voyez. Sa majesté est sensible à l'art. Elle adore les tableaux et les statues.

L'ambassadeur royal acheva de déguster son petit casse-croûte, qui tout de même, manquait d'un bon coup d'algue, et décroisa les jambes, pour les croiser dans l'autre sens. Et il poussa un nouveau soupir. Il avait tant pris l'habitude de la compagnie de Jaromir, et puis Jaromir le comprenait, lui et sa sensibilité artistique. Mais après tout, avait-il vraiment besoin de Jaromir ? Le Prince Solus jeta un regard en biais à son voisin.
Avait-il vraiment besoin de Jaromir alors qu'il avait Jaromir Junior ? Ce garçon était si poli. Il était, sans aucun doute, sensible à l'art. Et sans doute d'aussi bonne compagnie que Jaromir. Il en avait déjà les cheveux ; non, rectification, ses cheveux à lui étaient encore plus beaux.

- Mais oubliez le valet Jaromir, Jaromir Junior. Sa majesté préfère votre compagnie à la sienne aujourd'hui.

Et peut-être même pour toujours. Jaromir a-t-il d'aussi jolis cils, lui ?
Revenir en haut Aller en bas

Serpentard
Survivant du royarcèlement



Perseus Kashirin
Perseus Kashirin
Messages : 304
Date d'inscription : 13/08/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Mar 16 Fév - 14:44


L'odeur de l'or l'incommodait encore un peu, le nez de Perseus restait légèrement froncé comme s'il respirait quelque chose d'atroce ; il ne parvenait plus à se souvenir de son excitation pour le théâtre. Ce Prince ne rayonnait pas d'intelligence pour le moment, mais pour sûr, il rayonnait au moins par sa couronne - si elle n'était que verbale, cela ne l'empêchait pas d'irriter Perseus par les yeux, et par tous les pores ; pourtant, une faiblesse ne l'empêchait pas de lui trouver une certaine sympathie - peut-être d'en éprouver une certaine crainte. L'idée lui était insupportable mais Perseus ne pouvait - ne voulait lutter contre la force des choses en ce jour ;  un prince, qu'il soit humain ou non, avait un pouvoir bien plus naturel qu'un vulgaire élève. La logique décadente le faisait légèrement grincer des dents, mais le Prince, vraiment, semblait tenir à s'entretenir avec lui - et lui était de ces humeurs où l'on fait des choses qu'on n'aime pas forcément parce que l'on a un peu envie de changement. Les regards qu'il lui lançait étaient de biais mais pleins de sincérité. « Peut-être Jaromir ne voulait-il pas vous froisser » - il en parlait comme s'il savait pertinemment de qui il s'agissait, quoique pour être valet de ce prince-là, il devina qu'il fallait être un peu étrange - « ou qu'il avait prévu de voir cette pièce avec quelqu'un d'autre. » Le Prince Solus lui rappelait une reine fantasque d'un livre pour enfant, nul doute que ses employés souhaitaient le fuir. « C'est une pièce qui a plutôt des connotations amoureuses il me semble, alors il y a peut-être amené quelqu'un pour la promiscuité. » A cela il ajusta un haussement d'épaules, en témoin clair du fait qu'il fabulait tout à fait et que ça l'amusait quelque part.

Le Prince ne cessait de l'éclabousser en se dandinant ainsi sur sa chaise, mais une sage petite voix lui murmurait de ne pas faire de vague - le trait d'esprit était très mauvais, cette voix-là avait un humour déplorable - et il se contentait de s'essuyer avec discrétion. Son cœur était déjà plus léger : il fit au Prince Solus son sourire le plus amical. L'art avait des secrets subtils que Perseus ne connaissait pas en vérité, ses yeux ne l'avaient pas assez éprouvé et il y eut dans sa gorge de puants relents de jalousie - il ne supportait pas l'idée que le Prince puisse le surpasser sur le plan culturel : il trouvait ça infiniment plus humiliant que la pièce. D'ailleurs, finalement, il avait un peu faim. « Les tableaux et les statues ont d'autres intérêts que purement artistiques à Poudlard », il dit cela laconiquement pour ne pas laisser ses vices paraîtres, en tous les cas son sourire s'était évanoui ; « Je ne sais pas où l'art commence et s'arrête chez nous, les sorciers. C'est bien plus clair chez les moldus. » - les moldus ne se voyaient pas donner cours par leurs œuvres -  « En tous les cas, j'aime beaucoup le théâtre aussi.» A cela comme une réponse, les lumières de théâtre s'éteignaient une à une, et Perseus retrouva très instinctivement la mauvaise posture - disons qu'elle était guidée par la passion, mais il songeait aussi qu'il ne voulait pas faire d'efforts pour un vulgaire prince. La jeunesse a cette effronterie très tendre : il ne s'apercevait pas à quel point c'était stratégiquement stupide.
Il sourit de nouveau au Prince sans comprendre. Les jours de la royauté devaient être bien seuls pour qu'on tienne tant à la compagnie d'un jeune homme de dix-sept ans. En outre, on refusait toujours de le nommer proprement. « De toute façon, je suis là et pas Jaromir, alors autant préférer la mienne. » Il était peut-être enfin de voler sa future augmentation à ce Jaromir. Tant mieux : il avait un plaisir à peine coupable à déranger des inconnus qui travaillent pour des princes.

Perseus regardait un peu cela avec des yeux d'enfants ; il suivait avidement les comédiens des yeux, souriait quand il fallait sourire, fronçait les sourcils quand il fallait être grave. Il en oubliait ses très bêtes préoccupations, et entre autre les choses lui semblaient bien plus faciles comme cela : lorsqu'il n'oubliait pas la présence de Solus, il s'en accommodait tout au plus comme s'il devait partager la table d'un élève qu'il ne connaissait pas vraiment. En vérité Perseus lançait parfois des regards qui se perdaient - il faisait cela par réflexe, relevait les yeux vers le Prince puisqu'il était son seul expiatoire social, lorsque quelque chose de littéraire piquait sa curiosité sur scène, pour chercher un peu de cette incompréhension ; mais il retournait toujours à la pièce avant de prendre connaissance de la réponse. Véritablement, Solus aurait pu être un chat, Perseus n'aurait pas fait la différence. Il y eut un court entracte, et Perseus eut le temps de trouver un sourire incroyablement naturel. « La pièce vous plaît, Prince Solus ? » Ça ne l'intéressait pas vraiment, mais il était toujours porté par cette molle effervescence - il avait simplement envie de poser la question.




Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

Ligue des Sorciers
& créature & VOTRE ROI A TOUS



Prince Solus
Prince Solus
Messages : 158
Localisation : Dans le plus beau des lacs : le sien.
Date d'inscription : 14/03/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Mar 16 Fév - 20:41
Le prince était content de se savoir approuvé par son jeune voisin. Il adorait qu'on aille dans son sens. En fait, c'était même curieusement agréable de ne pas être contredit. Malgré toutes les qualités que trouvait récemment le Prince Solus en Jaromir, il ne pouvait passer à côté de son effronterie, de cette petite habitude tenace de le reprendre à chacune de ses paroles. Pour le meilleur et pour le pire. Jaromir Junior, lui, était cent fois plus docile. Rien que cela rendait sa compagnie préférable. Oui, ça, et le fait que lui ne s'en allait pas batifoler. D'accord, d'accord, il avait lui-même conseillé à son valet de se marier il n'y avait pas si longtemps que ça, mais c'était juste parce qu'il était déprimé, ce pauvre Jaromir, et que son altesse n'était pas sans pitié. Mais en réalité, comment pouvait-il préférer courtiser une sorcière de bas étage plutôt que de savourer l'art aux côtés de son monarque ?
Blessé dans son amour propre, le Prince Solus se jura de ne plus se rendre au théâtre qu'avec Jaromir Junior. Lui au moins ne le blessait pas. Lui était calme et posé, et ne se dandinait pas sur sa chaise comme si celle-ci était un nid de scorpions. Lui manquait juste un tout petit peu d'écailles pour devenir complètement digne de respect.

Parce que la pièce débutait, l'ambassadeur décida de se taire. Il n'aimait pas qu'on lui gâche son spectacle, il n'allait pas l'infliger aux autres ; pas à Jaromir Junior, quoi qu'il en soit. Peut-être que quelqu'un d'autre, il l'aurait enquiquiné en se plaignant du piètre jeu d'acteur de la sorcière censée incarner une vélane, ou en prenant toute la place sur les accoudoirs, ou en renversant sa bassine d'eau par terre. Mais quel intérêt avait-il présentement à faire fuir Jaromir Junior ? Il y avait quelque chose qui naissait entre eux, le prince le sentait. Un lien puissant. C'était chimique, il le sentait jusque dans les extrémités de ses nageoires. Et le progressif dessèchement de sa peau provenait bien moins de la chaleur de la salle que de cette curieuse sensation qui parcourait son corps.

L'entracte venue, le Prince Solus fut particulièrement satisfait d'entendre Jaromir Junior engager la conversation à nouveau sans qu'il ne l'y invite ; découvrir la réciprocité de ce sentiment de confiance et de son intérêt lui était tout à fait plaisant, et ce sourire qu'affichait l'adolescent, il aurait été mentir de le nier, faisait trembler jusqu'aux fondements de ses principes royaux. Un homme du commun pouvait-il décemment afficher expression si raffinée ? N'était-ce pas le privilège des fils de rois ?

- Oh et bien... pour être honnête, sa majesté trouve le jeu de l'actrice un peu pauvre. Elle manque de charme vous ne trouvez pas ? Pour une vélane. Pas que sa majesté trouve un quelconque intérêt en les vélanes, mais leur réputation les précède. A choisir, à dire vrai... Le Prince Solus regarda intensément Jaromir Junior. A dire vrai, sa majesté juge le charme de cette femme si inexistant qu'elle estime que vous auriez fait vélane bien plus séduisante.

Vraiment. Plus il le contemplait, plus il s’accrochait à cette réalité. Tout en Jaromir Junior respirait davantage la sensualité que le moindre centimètre carré de cette sorcière en contrebas. Il fallait avouer qu'elle n'avait pas l'attirante chevelure de son voisin de siège et qu'à cette distance, il ne pouvait juger de la beauté de ses cils. Et sa voix était moins agréable à l'oreille, aussi.

- Mais cela à part sa majesté trouve la pièce acceptable. L'histoire aurait été mieux s'il s'était s'agit de l'histoire d'amour entre un être de l'eau et un humain plutôt qu'une vélane, mais tous les scénaristes n'ont pas bon goût. Au moins la mise en scène est intéressante. Et puis, en votre compagnie, sa majesté ne peut que passer du bon temps.

Au point d'en oublier peu à peu l'abandon de Jaromir. Au point d'en oublier peu à peu cette cuisante trahison. Le Prince Solus ne cherchait plus son valet du regard : il était tout entier focalisé sur Jaromir Junior et ses boucles noires. Il mourrait envie d'y passer ses mains palmées, pour voir si celles-ci étaient plus douces que celles de Jaromir.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

Serpentard
Survivant du royarcèlement



Perseus Kashirin
Perseus Kashirin
Messages : 304
Date d'inscription : 13/08/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Ven 19 Fév - 3:09


Le Prince Solus semblait secoué de quelque chose d'étrange - d'un autre étrange que le dégoût du royal ; simplement, comme une vague, comme quelque chose de terrible et d'un peu sordide ; Perseus sentait brûler entre ses vertèbres la terrible sensation d'être sincèrement mal à l'aise. Peut-être était-ce parce qu'on ne lui avait jamais laissé voir si loin dans les yeux d'un être de l'eau, ou peut-être était-ce parce qu'il était très rare qu'on le regarde de cette façon - le plaisir égoïste que l'on retire de ce genre d'échange est trop facilement ombragé par les dizaines de choses qui le troublaient ici. Pourtant les mots ici étaient toujours ceux du théâtre et Perseus se raccrochait avec une dignité feinte à sa prétention de connaissance, mais il détestait les critiques dont il ne saisissait pas le sens. « Je ne trouve pas », sans le vouloir il dit cela un peu brutalement car il y voyait une offense à son œil, « en tous les cas, je ne pense pas que ce soit le but. C'est plutôt un défi pour une comédienne de s'approcher du charme d'une vélane, je pense. C'est plus intéressant. » Il ne retint pas un demi-soupir - c'était pure spéculation sa part, il prenait le théâtre directement par le cœur. Il ne parvenait pas à saisir en quoi le théâtre serait un plaisir, s'il n'était pas au moins un jeu. Si le Prince était si expert qu'il le prétendait, il n'en supporterait pas l'humiliation. « Au moins, elle est jolie. » Et puis - il connaissait déjà Summer, alors il craignait d'imaginer ce qu'une véritable vélane ferait sur une scène telle que celle-ci. Gorgée de tous ces regards, elle aurait fait tout autre chose de cette Saint-Valentin qui, cette année enfin, semblait être tout à fait normale.

Perseus laissa traîner ses yeux sur la scène comme on peut le faire lorsqu'on réfléchit à autre chose, ou au moins, lorsque l'on veut le faire croire pour s'éviter une conversation. Il ne parvenait pas à déterminer si le Prince Solus était à ce point obsédé par lui-même, ou s'il attendait de lui qu'il comprenne quelque chose de terrible. De si terrible, qu'il ne voulait pas y penser. Il leva les yeux au ciel pour se distraire. « Avec un être de l'eau ce ne serait pas pareil Prince, », il osa reposer les yeux sur lui, « les vélanes sont attirantes par nature. Pardon si je me trompe, mais il me semble que cela ne soit pas une des caractéristiques magiques de votre espèce. » A part avoir des écailles et sentir l'iode, d'ailleurs, en avaient-ils ? Oh, peut-être était-ce ce profond orgueil, mais peut-être aussi était-ce un propre des gens couronnés et ce peu importe la nature de leur sang. Les lèvres de Perseus se plièrent à un nouveau sourire courtois ; il n'avait absolument aucune idée de la conduite qu'il devait conduire face à un prince qui, visiblement, semblait le confondre avec un majordome. Avait-il quoique ce soit d'un suivant ? Avait-il, même, simplement le propre des soumis ? Cela glissa un froncement de sourcil à sa politesse. « J'ai soif », Perseus coupa presque le fil de l'échange, il en oubliait d'accorder le cours de ses pensées avec la conversation - c'était véritablement un jour de paresse pour son attitude, « il fait trop chaud ; j'imagine que vous devez vous dessécher sur place, même avec cette malheureuse bassine. » Oh sans doute n'était-ce pas des mots que l'on adresse à un homme  - à un être, de cette stature, mais il ne pouvait pas s'inquiéter à la fois de ses manières et de s'il suait comme un phoque. « Je vais aller chercher à boire » - son attention se remplit d'un chagrin difficilement camouflé à la fin de sa phrase, puisqu'il comprit qu'il devrait également rapporter quelque chose au Prince, comprendre, payer quelque chose au Prince - « donc je vais vous ramener quelque chose aussi ». De tout son cœur Perseus espérait qu'on le rembourserait pour ce si délicat service. Serait-il vraiment radin de sa part s'il arrosait simplement le Prince d'un aguamenti ? Astrid aurait-elle raison ?
A cela, Perseus se leva sans hésiter davantage : il refusait de vivre dans un monde où Astrid aurait raison.



Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

Ligue des Sorciers
& créature & VOTRE ROI A TOUS



Prince Solus
Prince Solus
Messages : 158
Localisation : Dans le plus beau des lacs : le sien.
Date d'inscription : 14/03/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Ven 19 Fév - 20:23
Oh... alors il ne le trouvait pas attirant... Le Prince Solus cacha sa déception en analysant les nageoires de ses bras avec le sérieux et la minutie de l'horloger. Et bien, il était vrai que Jaromir Junior visait juste, on sentait là tout le poids de sa culture, mais c'était si peu agréable à entendre. En effet, en effet, les êtres de l'eau n'étaient pas particulièrement beaux ; c'était l'apanage des sirènes, leurs hideuses cousines des eaux du sud. Petites vipères s'il en était. Seulement, lui n'était pas n'importe quel être de l'eau. Il était un prince ; et tout prince de son lac était plus resplendissant que les autres. On le constatait dès l'oeuf. Mais voilà, Jaromir Junior n'avait jamais vu son oeuf. Pour cause, il était né des dizaines d'années trop tard pour cela.

- Alors vous trouvez cette banale actrice jolie mais accusez sa majesté de manque de charme... vos goûts sont curieux, Jaromir Junior. Très curieux. Est-ce votre jeune âge qui trompe vos sens ?

L'ambassadeur ne voyait plus que cela. On n'expliquait pas un tel dédain autrement. De nombreux philosophes l'avaient affirmé : l'ignorance était la source de bien des maux. Et quoi de plus ignorant que la jeunesse ? Lui-même n'était encore qu'un être de l'eau en devenir, un têtard à l'échelle aquatique. C'était sans doute pour cela qu'il ne comprenait pas ce sentiment d'attirance entre lui et son voisin. Cette alchimie dépassait toute sensation déjà ressentie auparavant.

Et cette alchimie fut brisée par le mouvement qu'amorça Jaromir Junior. Il s'était levé, au moment même où le Prince Solus s'apprêtait à satisfaire sa curiosité en tendant sa main palmée vers ses boucles brunes. Soif ? Oui, pourquoi pas, c'était une bonne idée. Le prince n'était jamais contre se désaltérer. Mais pourquoi laisser l'objet de son obsession le quitter pour une telle trivialité s'il lui était possible de l'accompagner ?

- Attendez. Le Prince Solus se leva, toisant Jaromir Junior de toute sa hauteur, et sortit les pieds de sa bassine. Sa majesté vous accompagne ; et vous invite.

Le prince abandonna sa bassine derrière lui, et emboîta le pas au sorcier, marchant près de lui, si près qu'il passa un bras écailleux autour de ses épaules comme pour le guider. Seulement, Jaromir Junior, comparativement à un être de l'eau, était petit, et le tableau de leur étrange duo avait un petit quelque chose de ridicule, dont le prince ne se formalisa nullement.
Arrivé au bar, le Prince Solus s'assit, et invita son voisin à l'imiter ; puis demanda au serveur sa meilleure boisson pour son jeune compagnon, et quelque chose aux algues pour lui-même, et paya aussitôt pour s'assurer de ne pas voir son compagnon dépenser quoi que ce soit ce soir. Lorsque l'on était souverain, on pouvait bien se montrer généreux. C'était même plutôt bien vu.

- Pour continuer la discussion précédente... trouvez-vous vraiment l'histoire d'amour entre un sorcier et un être de l'eau... inintéressante ? Jugez-vous que l'espèce de sa majesté n'est pas digne d'être aimée ?

On contait pourtant des histoires à ce propos aux plus jeunes êtres de l'eau ; les histoires de sorciers amourachés d'un être de l'eau, s'établissant au bord du lac de leur aimer pour le voir chaque jour. Et, parfois, grâce à la magie, le sorcier se retrouvait capable de nager auprès de sa moitié, ou l'être quittait son lac pour vivre parmi les sorciers.

Le Prince Solus jeta un regard insistant à Jaromir Junior. Peut-être que ce genre d'histoire pourrait se répéter ce soir. Peut-être le destin était-il déjà à l'oeuvre. Son verre de thé froid aux algues en main gauche, il approcha la droite du visage de Jaromir Junior, et en écarta une mèche de cheveux.

- Pour un sorcier, vous, vous avez du charme.

Et le prince esquissa un de ces sourires peu naturels et effrayants dont il avait le secret.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

Serpentard
Survivant du royarcèlement



Perseus Kashirin
Perseus Kashirin
Messages : 304
Date d'inscription : 13/08/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Dim 21 Fév - 23:32


Spoiler:


Les velours rougeoyants sous les lumières chaudes - le roulement de voix au bord des tables, où se traînent des couples sous le nom d'une fête dont il n'a cure. Les raclements des verres. Les souffles qui montaient et descendaient très calmement dans sa trachée - il y avait un million de choses auxquelles Perseus tentait de raccrocher sa défaillante attention, pour imposer le silence à ce très doux cri d'alarme qui s'était réveillé ; dressé, même, sous le grattement glacial des écailles contre sa nuque. Il avait remercié mécaniquement le Prince mais n'avait pas posé les yeux sur sa boisson, laissait ses doigts le découvrir, le faire tourner sur place comme s'ils pouvaient deviner les goûts et les couleurs par-delà le verre - Perseus simplement ne voulait pas prendre plein contact avec la réalité dans laquelle il se trouvait actuellement. Il pensa un moment pouvoir se laisser flotter dans le désir primaire qu'il avait eu, l'idée très élémentaire d'un bon moment, que l'on passe, seul, dans une obscurité anonyme, à voir des amours crier et pleurer des textes. L'idée le séduisait toujours, il en souriait même ; pourtant il était là à boire avec un quelconque prince dont il se fichait éperdument et on avait laissé des écailles contre son cou. Son infinie courtoisie s'étiolait doucement sous le poids de quelque chose de bien mauvais ; et il luttait mollement pour sauver ce jour.
Ses yeux ne s'étaient pas posés un seul instant sur ceux du Prince : mais les yeux ne scellent pas les bouches.

On lui parla de quelque chose d'inquiétant comme l'amour aussi Perseus s'empressa-t-il d'entamer sa boisson, et il priait pour de l'alcool ; et il devait la boire lentement, longtemps, il boirait les glaçons, le verre même s'il le fallait - mais il voulait à tout prix imposer une lenteur réglementaire à la conversation dans laquelle il se trouvait piégé. « Ce n'est pas ce que j'ai dit », il s'était interrompu au milieu du verre, car il sentait que le silence commençait à manquer de naturel ; « simplement c'est une caractéristique des vélanes. Mais j'imagine que toute histoire d'amour a son intérêt, peu importe l'espèce en jeu. » Sa raideur glissait doucement hors de lui à mesure qu'il parlait, et il se laissait de nouveau aller à une agréable nonchalance ; son dos quittait la droiture des paniques, et il plia l'une de ses mains pour y poser la joue ; l'autre, dans un geste mécanique très enfantin, faisait tourner la paille dans sa boisson pour en mélanger les couleurs. « Mais l'amour ne m'intéresse qu'au théâtre. » Il dit cela un peu comme une fatalité mais il n'en pensait pas moins ; s'il retirait un plaisir tout dénué de matérialisme des amours adolescents, les siens ne duraient jamais longtemps et l'ennuyaient toujours. Puisque ses yeux étaient devenus très sérieux en disant cela Perseus les guida lentement vers Solus - mais la profondeur qu'il y trouva l'effraya vite.
Il voulut boire encore, mais la main de Solus l'interrompit avant.

Cela faisait deux fois que sa peau se tendait, comme un chat peut s'hérisser tout à coup, sous des écailles étrangères, mais c'était surtout la délicatesse qu'il y voyait qui l'apeurait. La douceur avec laquelle on chassait cette mèche de sa vue pour lui permettre de contempler autant que possible le Prince Solus, sa majesté qui avait la main plongée dans ses cheveux, les cheveux de Perseus qui, lui, oubliait comment l'on respire.
L'interrogation resta sur ses lèvres comme la paille.
Qu'est-ce qui se passait ?
C'était une interrogation très sincère, de Perseus à Perseus : les fesses sur un tabouret et un verre à moitié vide, une pièce de théâtre, un bar, un prince - ses cheveux, très clairement, à quel cirque le faisait-on participer ? Ses paupières ne tombaient plus et sa voix ne sortait plus ; sa mâchoire s'était contractée, sa pomme d'Adam, suspendue dans sa gorge, en attente qu'il parle ou vomisse, ou hurle - « ... Merci ? » C'était sorti tout seul - sur le ton d'une erreur qu'il était lui-même surpris d'avoir commis.
Le sourire du Prince Solus le souleva dans un frisson. « Ne faites plus ça. » Sourire - ou lui toucher les cheveux, le toucher, simplement, pour un trop grand nombre de raison : simplement, ne le faites pas. Pourtant il n'avait pas encore su ravaler sa surprise ou son dégoût et sa voix gardait une douceur très neutre en disant cela ; mais c'était quelque chose de clair, de vif, c'était un ordre pour ainsi dire, à un prince, il ordonnait sans inquiétude. De nouveau pourtant il se tendait sans faillir, et ses deux mains se posèrent à plat sur le comptoir. « Prince, je pense que l'entracte s'achève bientôt et qu'il faut retourner en salle. » Et peut-être la solitude dans le noir n'était pas préférable mais il voulait, fuir, voulait vraiment s'éloigner des perspectives vertigineuses de cet échange. A l'encontre du souhait qu'il avait formulé plus tôt, Perseus saisit son verre et le finit d'une seule traite, pour se défaire définitivement de tout ce qui pouvait le retenir à cette place. C'était quelque chose de lourd, de bien trop sucré pour une bouche sèche de gêne et de chaleur - des fruits entassés dans un genre de mélange contre-nature, mais la soif était un sort qu'il préférait aux gestes ambigus qui s'adressaient à lui.
Il souhaitait si fort partir en vérité qu'il  en oubliait des choses élémentaires - comme boire proprement, par exemple, et en entrevoyant sa délivrance, il s'étrangla avec la toute fin du cocktail.
Sa violente quinte de toux, et les coups vifs qu'il s'assénait dans le thorax, dissolvaient toute sa prestance - mais surtout, retardaient très nettement le moment où la pièce mettrait définitivement un barrage entre Solus et lui, et il préférait presque mourir ainsi que de voir le Prince s'approcher.





Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas

Ligue des Sorciers
& créature & VOTRE ROI A TOUS



Prince Solus
Prince Solus
Messages : 158
Localisation : Dans le plus beau des lacs : le sien.
Date d'inscription : 14/03/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Lun 22 Fév - 20:34
Le Prince Solus esquissa un mouvement de recul léger, et un froncement de sourcils dubitatif accompagne le geste, quand le jeune sorcier à nouveau lui donna un ordre. La deuxième fois, déjà, depuis le de cette pièce monotone, et tout comme à la première fois qu'il l'y avait repris, l'être de l'eau n'eut pas à s'offusquer. Il y avait toujours cette étrange alchimie qui l'attirait vers Jaromir Junior et l'empêchait de s'emporter contre lui. Ce n'était pas très grave. Cette insolence avait quelque chose de touchant. Pour une rare occasion, le prince désirait presque être contredit. Le défi était tentant, aujourd'hui. D'autant plus venant d'un vulgaire sorcier, mais un vulgaire si charmant ; et cette façon qu'il avait de s'adresser à lui ne le rendait que plus attachant. Alors, le Prince Solus se plia à son ordre, et se dévêtit de ce sourire qui ne lui correspondait pas, pour arborer à nouveau cette expression un peu noble mais hautaine qu'on lui connaissait mieux.

- C'est amusant, comme vous inversez les rôles entre sa majesté et vous, ce soir, en lui donnant des ordres. A elle, prince, et ambassadeur. Mais le jeu est intrigant. Plus que celui des acteurs là-bas.

Oui, vraiment, il s'appliquait volontiers à répondre aux désirs d'un autre, aujourd'hui, plutôt que d'imposer les siens de quelques impératifs envoyés avec la confiance en soi la plus inébranlable de Londres. Pourtant, l'idée lancée de rejoindre leurs places abandonnées avant la fin de l'entracte raidissait les muscles du prince dont les traits se durcirent un peu, tout déconfis qu'il était. Il n'avait pas envie. Il n'avait pas envie de ne plus pouvoir se tenir face à Jaromir Junior, ni ne plus converser avec lui sans réprimande de leurs inaptes voisins, et n'avait pas plus envie de quitter cette bulle privilégiée qui les encerclait tous les deux ; lui, et le jeune sorcier, et ces verres qui ajoutaient un peu de raffinement à leur conversation.

- Sa majesté trouve que la vue sur la scène est très bonne ici aussi, et que ces places ont l'avantage, outre l'accès à la boisson, d'isoler des badauds.

Et ce furent des mots que son compagnon aux yeux de soie n'entendit peut-être pas, le prince le surprenant à engloutir son verre avec presque autant d'efficacité qu'une sirène noyait un marin égaré. Le geste l'avait hypnotisé. Il y avait quelque chose de fascinant, dans les muscles de cette gorge qui se bombait à chaque gorgée. Il y avait quelque chose d'encore plus obsédant dans ces lèvres humides, peut-être sucrées par la boisson, peut-être trop sèches, en fait, à cause de cette chaleur ambiante ; à moins que ce ne soit que lui, dont les écailles supportaient difficilement les effets d'un tel exil hors de l'eau.

Puis, sans prévenir, Jaromir Junior toussa, toussa tant qu'il parut au Prince Solus comme un signal de détresse. Seulement, comment réagit-on à ce genre de cas d'urgence ? Devait-il paniquer, appeler des secours, ou bien cela passerait-il de lui-même ? Le temps d'y réfléchir, cela semblait aller un peu mieux, et le Prince Solus décida de s'afférer à un geste simple ; celui de poser sa main dans le dos du garçon, peut-être d'une manière un peu trop insistante, et de l'inviter à se rasseoir en le délestant de son verre ; et le prince garda cette main vidée de son fardeau dans la sienne, jurant que les potions de condition humaine n'effacent pas entièrement les palmes ; car comment nouer des doigts lorsqu'on a des palmes ? Et frustré, il se contenta d'enfermer la main du sorcier entre les deux siennes.

- Si l'action n'a pas manqué d'élégance, votre précipitation vous a malgré tout pratiquement coûté la vie, exagéra le prince sans le réaliser. Si vous aviez si soif, il suffisait de le dire.

Alors le prince commanda-t-il au barman une boisson plus simple pour aider son jeune ami à se remettre d'aplomb ; quelque chose comme de l'eau au citron, ou à la menthe, à ce que cet inutile figurant voulait bien lui offrir. Puis cherchant à croiser le regard de Jaromir Junior, le prince caressa subtilement le dos de la main de cette captivante figure.
Revenir en haut Aller en bas

Serpentard
Survivant du royarcèlement



Perseus Kashirin
Perseus Kashirin
Messages : 304
Date d'inscription : 13/08/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Sam 27 Fév - 20:10

Spoiler:



L'air rentrait avec difficulté dans sa gorge, Persée préférait mourir dans l'instant ; le détail des évènements était une moquerie infinie à son nez. Il y avait un rire affreux, ou un sérieux qui le décontenance dans cette main des Poissons qui se faufilait entre ses omoplates. Les écailles traversaient la matière, pour s'étaler sur sa peau en une empreinte d'acide - ses épaules se tendirent aussitôt, dans la fermeté du dégoût. Persée voulait tendre une main et repousser cette permission royale, mais ne parvint à s'y résoudre ; regagna simplement son siège. Et les yeux le brûlaient - sa toux bruyante avait attiré les regards évidemment, et ils s'accrochaient encore sur eux, un Soleil contre un Mirphak ; il y avait des curiosités, il y avait des idées dégoûtantes dans les pupilles, évidemment, ou cela les amusait. Il meurt, sous la honte. « Ça va aller, c'était juste une fausse route » - sans doute le ton était-il un peu sec - « est-ce que vous pourriez - lâcher ma main ? S'il vous plaît ? » Ses doigts ondulèrent péniblement entre les mains palmées pour témoin. Ses pupilles soutenaient un inconfort révolté, c'était une exigence travestie en demande : une comédie à laquelle Persée ne voulait pas assister. Cette baleine princière s'étalait en une affection visqueuse et lui, Algol, ne la comprenait pas du tout. Les échos amoureux des Céphée et Cassiopée sur la scène lointaine étaient lourds d'ironie.
L'attention du pulsar se perd : les douceurs adverses ricochent sur lui en déflagrations stellaires. Persée posait des yeux éveillés partout sauf sur le caillou de météore qui se collait à lui ;  cherchait un rythme à attraper pour échapper aux vices de la colère. Le verre fut accueilli comme on accepte un poison : encore que celui-ci ne lui offrait pas le luxe de le tuer. Les Pléiades aux tables alentour retombaient dans une lascive turbulence ; la naine brune s'éloignait derrière le comptoir : ils étaient encore seuls dans cet océan d'étoiles. La Pégaside et son étrange satellite marin. Persée buvait en silence.

Et puis un voile poisseux s'étalait sur sa joue : il fallait croire qu'on le prenait pour une tartine de corail.
Les yeux que Persée posa sur cet astéroïde, cet incroyable orgueil géocroiseur, étaient fous de lumière : plus que de la colère, il y avait une incompréhension surnaturelle. Quelque chose comme : pourquoi lui triturait-on le visage. Encore. Ou pourquoi s'obstinait-on à ce point à entrer en collision avec lui aujourd'hui. Pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Pourquoi eux ?
Un geste vif repoussa la main.
« Je vous avais demandé de ne plus faire ça. » Persée posait le verre dans un calme qui ne se donne pas en spectacle, mais ses yeux étaient ardents. « Premièrement parce que ça me met extrêmement mal à l'aise » - tout en s'essuyant la joue, les mains, pour se laver des poussières de cette météore intrusive, sans délicatesse, « et deuxièmement parce que j'ai dix-sept ans. Et - peu importe votre couronne, vous me restez inconnu ; inconnu couronné, peut-être. Et je veux dire, il y a un milliard d'autres raisons pour lesquelles vous ne devriez pas être en train de me tripoter le visage. »

C'était une supernova, furieuse, brûlante, de colère dressée sur des jambes, qui se levait pour partir. Il n'y avait aucun angle de galaxie pour lui mais Persée voulait, au moins, quitter celui-ci, fuir ce trou noir supermassif prêt à engloutir toute sa puissance, et sa lumière ; cette étoile massive ne comprenait pas du tout le sens de cette prédation céleste : mais les sens n'étaient pas ses appels principaux. « Je vais partir. » Ça tombait dans sa voix comme une catastrophe. « Retourner m'asseoir en salle et regarder cette pièce, tout simplement. Parce que vous êtes très aimable, mais aussi très déplacé, et qu'on nous regarde. » Persée tenait à parler à un volume normal - dans un ton qui jure avec la sécheresse de ses attitudes. « Vous savez, je m'en fiche bien que vous soyez prince ou quoique ce soit d'autre. Ça ne me gardera pas les fesses vissées à côté de vous. »


Spoiler:

Revenir en haut Aller en bas

Ligue des Sorciers
& créature & VOTRE ROI A TOUS



Prince Solus
Prince Solus
Messages : 158
Localisation : Dans le plus beau des lacs : le sien.
Date d'inscription : 14/03/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Lun 29 Fév - 19:57
Il y avait quelque chose sous les écailles du prince qui s'agitait. Deux pensées, deux sentiments, là-dessous s'affrontaient. Il y avait, d'une part, quelque chose qui s'approchait de la tristesse, sans doute. Ce dégoût dans les yeux du jeune sorcier, la dureté de son ton, le rejet de sa compagnie, étaient autant d'éléments qui faisaient se sentir le prince plus humble. Et puis, de l'autre côté de ce chahut intérieur, il y avait comme un ronronnement, la satisfaction toujours présente que cet individu lui impose ses valeurs, ses choix, ses opinions. Cela, sans peur. Cela, sans ciller. C'était, vraiment, tout autant révoltant qu'admirable. Et face à l'urgence de la situation, face au risque de perdre à jamais la possibilité de faire comprendre à cet être d'exception, en quoi il méritait d'être qualifié d'exceptionnel, le Prince Solus porta une main à son coeur dans un geste de pardon, et déclama de sa voix la plus coulante :

- Veuillez pardonner son altesse si ses gestes ont pu vous offenser. Vous savez... Il s'avère que son altesse est quelque peu confuse.

C'était ça. Le bon mot, c'était la confusion. Le Prince Solus était rendu bien moins confus en raison de ce qu'il ressentait, que du fait qu'il ne savait exactement comment agir. Il s'avère, en effet, que ce prince là n'est jamais tombé amoureux de nul autre que de lui-même, et rien n'est plus simple que de se comporter avec soi-même, comme rien n'est plus dur que de se comporter avec autrui. Alors, par ignorance, il s'était conduis avec impudence, et le voilà rabroué. Alors, toujours alors, peut-être que, pour réussir à racheter ses erreurs, lui suffisait-il de s'exprimer davantage, et d'agir un peu moins.

- Elle comprend ce qui lui arrive, ce n'est guère le problème, continua de développer le prince. Seulement cela la surprend. Et, de plus, si elle serait capable de l'exprimer dans sa langue natale, elle craint que les mots dans votre langue lui manquent. Mais elle va tenter.

Oui, il fallait essayer. Un bon monarque était sincère. C'était une grande qualité, la sincérité ; ça, et la détermination, et bien d'autres choses encore. Si Jaromir avait été là, il aurait su le conseiller. Si Jaromir avait été là, il aurait su le guider. Seulement, le prince était seul face à la perfection, et seul il devrait se débrouiller. Alors le Prince Solus prit une grande inspiration et se leva, peut-être pour se donner à la fois plus de prestance et de courage.

- Il s'avère que sa majesté est tombée amoureuse de vous. Elle vous aime. Je vous aime.

Le prince détourna les yeux un très bref instant sous l'incertitude des mots, mais soutint à nouveau bien vite le regard du sorcier, parce qu'aucun roi n'avait pas à détourner les yeux, après tout. Puis l'être de l'eau se questionna. Parler de lui à la première personne, ce n'était pas arrivé depuis ce séjour dans le désir, avec Jaromir, alors que leur vie était menacée. Le Prince Solus ne parlait de cette façon que lorsqu'il descendait de ses grands chevaux et s'admettait l'égal d'autrui. Que lorsque sa confiance en lui surdimensionnée s'effritait quelque peu.

- S'il vous plaît, n'en soyez pas trop choqué. Son altesse a un coeur, elle aussi, et votre âge n'est pas un frein. Pour être honnête avec vous, si celle-ci était un sorcier tout comme vous, elle ne serait que de peu plus âgée que vous le n'êtes. Son altesse est un jeune prince, et la jeunesse a ses mystères qu'aucun sang royal ne peut résoudre.

Que pouvait-il dire de plus pour sa défense ? Dix-sept ans, cela ne remontait foncièrement pas à si loin pour lui. Il n'en avait que cent sept. A l'échelle de sa race, il demeurait un jeune adulte, ou un adolescent tardif, selon ce que l'on pensait de son comportement. Mais son comportement, le Prince Solus apprenait à le corriger, dans les bons jours. Il était dans un bon jour. Dans un assez bon pour faire un effort supplémentaire.

- Veuillez accepter ses sentiments, Perseus.

Le prince espérait que ce prénom était le bon. Le prince espérait que ses sentiments avaient été reçus. Lentement, le prince s'approcha du sorcier. Et parce qu'il avait retenu la leçon, il ne toucha pas le visage du garçon, mais commença lentement à pencher ses lèvres en direction des siennes.
Revenir en haut Aller en bas

Serpentard
Survivant du royarcèlement



Perseus Kashirin
Perseus Kashirin
Messages : 304
Date d'inscription : 13/08/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Dim 6 Mar - 13:30




Perseus battait des cils sur l'incompréhension, et il croyait s'étouffer une deuxième fois. Des mots comme ceux-là, ça se coince dans la gorge plus facilement que n'importe quoi. Un sang furieux s'ouvrait dans ses joues, en hémorragie de honte, ou d'alarme. Il était humilié que des choses pareilles lui soient dites, ou qu'elles tombent dans toutes ces oreilles amoureuses qui se tendent, devant cette scène absurde, cette créature princière qui se répand et s'égare devant un adolescent - devant un Perseus, qui a la gorge ouverte, les sens au bout des yeux. Il avait envie de fuir, et il n'en avait pas l'habitude : c'était douloureux. Parce que ses yeux erraient avec la panique des enfants, qu'il pensait - voulait ne plus être, pourtant ; il allait balbutier, perdre ses moyens : se noyer dans une bêtise superbe, en réalité. Mais toutes les fibres de ses muscles se mirent à siffler, en serpents mortels, piégés, ils saisissent. Il avait les iris ronds, la bouche aussi ; le visage tout entier rangé en le plus brut refus : les doigts autour du menton de Solus, Perseus avait les poumons pleins, de toute la puanteur d'un baiser qu'il n'avait pas eu. Il le tenait fort. Les phalanges criaient à sa place son indignation. « Vous ne pouvez pas faire ça. » C'était un pouvoir qu'il soustrayait volontiers à des princes. Qu'il soustrairait à tous les dieux de la Terre s'il le fallait : plus encore s'ils avaient un tel orgueil qui gonflait sous leurs écailles. « Je vous l'interdis. » C'est un culot. Perseus vit de ce genre de choses. Mais : il n'était pas en colère. Il exultait un calme plastique, ou une panique docile, affrontait sans ciller cette contre-nature de royauté, qu'il tenait comme on bloque une morsure. « Je ne vous aime pas, je ne vous connais pas, je ne vous aimerai jamais. Peu importe ce que vous ferez ou penserez, ça ne se passera pas : je les empêcherai d'arriver. » Il était très doux, en vérité. « Je suis désolé. » Comme pour un cœur adolescent. Il ne voulait pas préciser : parce que c'est absurde, parce que c'est fou, parce que c'est atroce, cet amour-là, et puis c'est un éclair - un tonnerre de bêtise, vraiment. Mais il ne voulait pas blesser plus que de raison, lui-même, ou Solus, ou son propre honneur. Et surtout, il ne voulait pas - il ne voulait, surtout pas, comprendre. Il était terrifié parce qu'il trouverait : il était trop jeune pour cela.

Le silence devait temporiser cette blessure et Perseus appuya un regard entendu, lorsque sa main repoussait doucement Solus, le relâchait, alors même que son propre souffle tombait lourdement - maintenant qu'il pouvait respirer, tout cet air voulait le fuir à tout prix. Il voulait changer de peau, crever ses yeux, au moins, pour ne plus rien voir ni de Solus, ni de ce bar, ni de cette journée. Et tout ce peuple atroce le dévisageait sûrement ; il était de dos mais dès qu'il se tournerait ils verraient, à quel point il est jeune, et qui il est, et ce qu'il fait. Et avec des perversités pareilles du regard, ils croiront tout savoir sûrement : de ce qui était en train de se passer.
Perseus était révolté.
Sa gorge se racla sur un océan d'embarras, ou de rage. Il déguisa sa nuque de dignité et la releva droitement ; son bras dessina un geste discret. « Donc je vous suggère de m'oublier. D'accord ? Pensez plutôt à Jaromir, et nous allons calmement retourner en salle. » Et le calme était capital : s'il le voulait, il s'enfuirait en courant, mais tout était de se soustraire aux curiosités des regards. C'était toujours ces ordres plein d'orgueil ou d'innocence ; Perseus ne priait pour aucune réponse, il se contentait de partir, sans précipitation, ni trop de lenteur, il mentait un très beau naturel. Les couloirs étaient glacés. Les voix des comédiens résonnaient comme dans un autre monde ; il regardait ces fragments d'existence par l'entrebâillement d'une porte. « Prince », il était fatigué ou agacé maintenant qu'ils étaient seuls, « je vais aller m'asseoir ailleurs, d'accord ? Et vous allez retourner à votre place, avec votre bassine. » Les yeux qu'il releva vers Solus étaient froids, eux aussi. « Loin de moi. »


Revenir en haut Aller en bas

Ligue des Sorciers
& créature & VOTRE ROI A TOUS



Prince Solus
Prince Solus
Messages : 158
Localisation : Dans le plus beau des lacs : le sien.
Date d'inscription : 14/03/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Mer 9 Mar - 17:52
Le Prince Solus fut arrêté dans son geste, et bien davantage qu'une frustration, ce fut pour lui comme un hameçon qui lui déchirait la gorge, tant les mots du jeune sorcier l'estomaquaient et lui nouaient la voix. Cette interdiction de le toucher procurait à l'être de l'eau comme une douleur physique, et sentir toutes ses écailles se décrocher de sa peau ne lui aurait pas été une vision plus atroce que celle du regard empli de dégoût de Perseus. Du dégoût envers lui, un prince. Les princes que l'on regardaient si souvent avec admiration et envie, parce qu'ils avaient tout ce que le commun des mortels n'auraient jamais, parce qu'ils incarnaient de hautes valeurs que les vulgaires ne pouvaient qu'effleurer.

- Vous êtes encore plus prétentieux que moi, lâcha le prince avec amertume, pour vous penser capable de donner des interdits à quelqu'un de mon rang.

La dureté des mots du jeune sorcier inspiraient des tremblements dans la voix du prince qui perdait peu à peu de sa majesté, dans son langage comme dans son attitude ; et à l'entendre clamer qu'il ne l'aimerait jamais, ses épaules s’affaissèrent légèrement comme sous le poids d'un soudain fardeau. Il était rude, pour quelqu'un qui appréciait autant qu'on l'aime et qu'on l'admire, de s'entendre dire que l'on n'aurait jamais de valeur aux yeux d'une personne ; surtout d'une personne aimée.
Caché par une main palmé, le coeur du prince saignait.

- Vous pouvez garder vos excuses, le mal est fait, déclara le Prince Solus. Il fallait se ressaisir. Sa majesté n'a guère connu de plus grande déception qu'en ce jour. Il ignorait que sorcier aussi froid puisse exister.

Le Prince Solus renifla dédaigneusement. Sa réparti faiblissait. Il ne trouvait plus quoi dire à cet humain face à lui pour le pousser à ne pas le quitter, sans s'abaisser à le supplier ; car l'idée de passer le reste de ce spectacle, le reste de sa vie, loin de lui comme exigé, était tout bonnement impensable. Le prince n'avait jamais été aussi acculé de toute sa vie, si ce n'était face à son père ; parce qu'un père de prince était un roi, qu'un roi lui était forcément supérieur, et que le prince ne désirait rien de moins au monde que de décevoir le roi.

- Sa majesté a traversé un désert mais celui-ci était bien moins aride que cette conversation, finit par soupirer le prince. S'il vous plaît, apprenez à la connaître. Sa majesté a des qualités, contrairement à ce que vous semblez croire. Elle a à coeur d'être une bonne personne, vous savez. Si elle devenait mauvaise, elle ne pourrait plus s'aimer, et une vie sans amour ne vaut pas la peine d'être vécue.

Cela étant sans préciser qu'il s'agissait d'un amour narcissique, ni que son échelle des valeurs était quelque peu tronquée par son esprit princier.

- Alors prenez le temps d'apprendre à aimer sa majesté.

Puis qu'un véritable baiser, de ceux que les princes charmants offraient aux princesses, ne lui était guère permis, le Prince Solus choisit de saisir la main de Perseus et de l'effleurer de ses lèvres, dans le geste sans doute le plus tendre qu'il ait fait de toute sa vie.
Un prince n'était pas que bon à donner des ordres ; il pouvait aussi suivre l'étiquette des contes de fées.
Revenir en haut Aller en bas

Serpentard
Survivant du royarcèlement



Perseus Kashirin
Perseus Kashirin
Messages : 304
Date d'inscription : 13/08/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Lun 14 Mar - 18:54




Il ne voulait rien entendre : les tympans du Prince avaient été rompus par le luxe. Perseus croyait moins en l'amour qu'en des caprices du cœur ; ses yeux versaient des mépris diluviens : il n'y avait pas d'autres réponses à des moqueries pareilles. Plié par des exubérances en tempête, il laissait le mur le tenir à sa place, et se faisait spectateur de cette scène, de ce théâtre de royauté qui se farde d'amour pour aujourd'hui ; il haussait les épaules. « Je me fiche bien de votre rang Prince Solus, je ne fais pas de courbettes. » Plutôt des acrobaties dont il avait le secret ; mais il n'avait rien à attendre de tout cela, aujourd'hui, on avait piégé Perseus dans une farce qui lui échappait. Pas la moindre méchanceté pourtant ne savait couler de lui, il ne parlait pas pour se dresser ; il y avait plutôt une sincérité trop brute peut-être, pour dire un peu à ce prince, ou à peu importe sa stature, quel est le monde auquel il appartient, et qui est si différent de celui de cet homme : il ne voulait pas pour autant le briser. « Vous ne pouvez pas forcer quelqu'un à vous aimer. » Qu'enseignait-on dans ces royaumes ? Le Prince avait une naïveté centenaire, Perseus en avait tout à coup une compassion impressionnée ; il ne voulait toujours pas le blesser : il lui laissa sa main pour consoler tous ces rêves. Cela n'en rendait pas le baiser plus agréable.

Perseus oublia une prière que personne ne les voie et regardait simplement. Ses paupières se closent à moitié sur un Prince qui lui baise la main. Dans d'autres circonstances, il s'en serait délecté. Ces écailles misérables auraient gonflé toutes ses veines avec le sang d'un indicible orgueil. C'était une soumission : c'était une requête. D'un prince, pour lui. Pourtant : il avait simplement un peu de pitié. Son soupir était le souffle des concessions. « Admettons. » Il retira sa main sans brusquerie, « Si vous tenez tant à ce que je vous aime alors oubliez un peu votre couronne. », croisa les bras sur sa poitrine. « Parce que je déteste ce genre d'attitude, vous voyez ? Cette espèce de suffisance, ça - », sa voix se versa dans une acidité, « - m'exaspère. », ou une amertume.  Une intrigue finissait par naître dans ses yeux cependant, puisqu'il retendait sa colonne vertébrale ; son visage reconnaissait une sollicitude. « Vous êtes bien prince des êtres de l'eau, n'est-ce pas ? Mais moi je suis bien humain. Alors n'agissez pas comme si vous pensiez que je suis votre sujet. » Car il s'agit bien d'une pensée : le genre de fantasme surréaliste, pour l'esprit de Perseus, qui est dans une tête écrasée et déformée par des couronnes absurdes. Sa voix souriait pour lui : une lumière contre-nature dans le nocturne de ses yeux. « Nous sommes juste deux personnes qui voulaient voir une pièce. Non ? »

Perseus tend encore l'oreille pour un silence. Le coin de ses yeux guette les phrases par la porte, les attrape et fabrique une histoire pour elles : puisqu'il n'en connaît pas les réalités ; l'exercice lui est plaisant. Une vélane factice lui parlait de sincérité de l'amour. Des curiosités en voiles lui explosèrent au visage. « Ce que vous faites, Prince, c'est vraiment de l'amour ? » Encore, ses yeux se fermaient un peu. « Vous m'aimez vraiment assez pour ça ? »


Revenir en haut Aller en bas

Ligue des Sorciers
& créature & VOTRE ROI A TOUS



Prince Solus
Prince Solus
Messages : 158
Localisation : Dans le plus beau des lacs : le sien.
Date d'inscription : 14/03/2015



[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Sam 19 Mar - 16:42
Rejet, rejet, rejet sur rejet, et sa majesté se glisse davantage dans la peau d'une héroïne de comédie romantique éconduite par le gentleman pour laquelle elle donnerait sa vie. Le forcer à l'aimer, oui, si seulement cela était possible ! Seulement, le prince était un être de l'eau, et son espèce n'apprenait guère l'art des potions. Il aurait voulu envoûter Perseus d'un philtre d'amour, pour lui insuffler ses sentiments, tout en conservant cette part de rebellion tout à fait charmante en lui. Sa suffisance ? Le Prince Solus s'en débarrassait volontiers pour l'honneur de tenir la main de cette incroyable personne. Sa couronne... ? Sa couronne, c'était plus épineux. Sa couronne, c'était plus sujet à débat.

- Puis-je vous proposer, plutôt que d'abandonner ma couronne, de la partager avec moi ? Comprenez-moi bien. Il s'agit moins de goût du pouvoir que de voir. Je suis seul héritier ; un peuple compte sur moi. Je ne puis le délaisser, même brûlant d'amour pour vous.

C'était tout le problème de son statut, tout son fardeau ! Il ne pouvait, jamais, pour aucun caprice que ce soit, délaisser ses obligations. Il y avait bien trop de conséquences. Il aurait aimé, oui, parler d'homme à homme avec ce jeune sorcier, n'être qu'un manant comme lui, mais les chose n'étaient pas faites ainsi.

Pourtant, le prince ne comprenait pas toutes ces réticences. Sa couronne n'était en rien un obstacle aux sentiments. Les contes le narraient toujours ; les princes épousaient les gueuses et tous finissaient heureux. Peut-être, s'il avait eut un jeune frère, aurait-il été capable d'abdiquer. Mais le Prince Solus était seul à porter le poids de l'héritage.

- Je pense qu'il s'agit vraiment d'amour, parce que concevez que je quitterai royaume et famille pour vous si j'ignorais toutes les répercussions qu'un acte aussi égoïste pourrait avoir.

Le Prince Solus était trop ignare des choses de la vie pour savoir que l'amour, très justement, était égoïste. Peut-être parce qu'il n'avait jusqu'alors aimé que lui-même.
Accompagnant les mots de gestes, l'être de l'eau s'agenouilla devant son amour, tenant toujours sa main. Était-il ainsi assez bas, assez inférieur à lui pour daigner recevoir son intérêt ? Le prince leva les yeux vers le sorcier.

- Alors, plutôt que de devoir m'abaisser, puis-je vous demander le droit de vous hisser à ma hauteur, de vous considérer comme mon égal ? Car vous en possédez indubitablement toutes les qualités. Vous êtes, à mes yeux, un prince également.

Un prince sorcier, un prince de Londres. Si celui-ci devenait ministre, peut-être, oui, peut-être pourrait-il rentrer dans son lac l'esprit en paix, certain de pouvoir accorder toute sa confiance à cette persone si franche et si pleine de charisme.
Revenir en haut Aller en bas




Contenu sponsorisé


[chouquette] Tonight we are victorious Vide

Message[chouquette] Tonight we are victorious Empty
Revenir en haut Aller en bas

[chouquette] Tonight we are victorious

Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
WIGGENWELD ! :: 
 :: La place universelle :: Le théâtre du Cercle
-
Vote pour WW parce que tu l'aimes ♥