Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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Holes in the sky — Deborah [Clôturé]

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Serdaigle
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Thomas Walter
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Ven 27 Mar - 16:09

Holes in the Sky
Deborah & Thomas


Ses yeux s’agrandirent et se perlèrent d’étoiles face à la porte qui venait d’apparaitre devant lui. Pour la première fois en six ans, il voyait la Salle sur Demande dont il avait tant entendu parler. La réalité voulait qu’il y soit allé, une fois, pour aller aux toilettes. Mais Thomas étant Thomas, il ne le savait pas. Prenant son courage à deux mains, il posa ses mains sur chacune des deux portes lourdes de bois et les poussa d’un geste héroïque en y mettant tout son poids. Lorsqu’il leva la tête, la salle devant lui n’était pas réellement ce qu’il aurait qualifié de « salle ». C’était un bordel, un vrai bordel. Des objets étaient un peu partout, empilés, ou cachés par des draps. Il s’engagea, intrigué, passionné, d’un pas calme, posé. Ses yeux tentaient de retenir chacun des objets qu’ils voyaient, son esprit s’imprégnait de l’ambiance si étrange de cet endroit à la fois inquiétant, à la fois merveilleux. Ce n’était pas réellement éclairé, mais il y régnait comme une sorte de clair de lune constant, de façon à ce qu’il puisse voir, sans pour autant que tout soit clair. Il n’y avait aucune fenêtre vers l’extérieur. Il s’arrêta devant un meuble et attrapa un petit livre posé dessus. Il était plein de poussière, recouvert d’une histoire secrète. Il l’ouvrit, doucement, en lu quelques lignes, tourna une page. Il se coupa. Le silence imposant de la pièce était lourd. Thomas reposa doucement le petit livre et regarda une nouvelle fois autour de lui, doigt saignant dans la bouche. Pourquoi la porte était-elle apparue, alors qu’il n’avait besoin de rien ?

La salle était beaucoup plus grande que tout ce qu’il n’avait jamais imaginé, et bien plus bordélique. Il continua son chemin au travers des nombreux objets, s’arrêta plusieurs minutes devant une plante qu’il arrosa d’un petit coup de baguette, et elle le remercia de milles câlins, l’emprisonnant entre ses feuilles, ce qui chatouilla Thomas et le fit rire. Il finit cependant par s’éloigner, se demandant réellement ce que voulait lui montrer la salle sur demande. S’il en croyait la légende, il saurait ce qu’il veut quand il le verrait. Thomas frissonna tant il faisait frais. Le temps semblait comme arrêté, même la poussière semblait comme emprisonnée ici. Son regard s’attarda sur une tente faites de draps. Il y en avait plusieurs, en réalité. Les draps flottaient dans les airs et couvraient des choses invisibles. Pris de curiosité, il s’engagea dans le chemin fait de draps, se perdit dedans, finit par tous les faire tomber sur lui, ressemblant soudain à un fantôme. Et lorsqu’il réussit enfin à sortir sa tête du noeud de tissu, il la trouva.

C’était elle que la salle sur demande voulait lui montrer. Il l’avait cherchée après le repas à la Grande Salle, se demandant pourquoi elle n’avait pas répondu présente au meilleur moment de la journée. Il avait prévu de lui parler de quelque chose qui lui tenait à coeur : il avait été accepté dans l’équipe de Quidditch, ce qui semblait impossible quand on savait qu’il avait touché plus de cognards avec sa tête que sa batte. Il n’avait jamais eu l’ambition d’en faire partie, mais maintenant qu’il y était, il était quand même content. Il avait voulu la voir, mais il ne l’avait pas trouvée, dans aucun couloir, pas dans leur maison commune, pas même dans les jardins. Elle aurait pu être en réalité n’importe où, et à l’approche du couvre feu, il était en direction du dortoir, déçu et inquiet, quand la porte était apparue devant lui par magie, et avait lu dans ses pensées. Derrière la tente de draps, il pouvait la voir, assise un peu plus loin, à côté d’une pile d’objets tous différents les uns des autres.

Il mit plusieurs secondes à se dégager totalement des draps qui lui étaient tombés dessus avant de s’approcher d’elle. Thomas était de nature maladroite et bavarde. Ici pourtant, l’ambiance de la salle, ou la fatigue, ou il ne savait quoi lui disait de rester silencieux. Il s’assit doucement à côté d’elle, se mettant en tailleur, une position qu’il prenait très régulièrement. Il ne la regarda pas, hésitant sur ce qu’il devait dire. Qui viendrait dans un endroit si étrange pour s’asseoir ? C’était étrange. Elle était bizarre, au moins autant que lui. Thomas n’avait pas un don très prononcé pour remonter le moral des gens, parce qu’il ne le faisait surement jamais. En générale, il parlait, il racontait des blagues, et le tout était joué, quand il voulait bien prendre la peine de remonter le moral de quelqu’un. Dévoué, aidant il l’était. Il aimait bien rendre service, faire des choses pour les autres sans rien demander en retour (plus par stupidité que par générosité), mais il n’aimait pas les gens tristes, ça le rendait lui même triste, et il gérait très mal la tristesse.

- Lashlabask, Locomotor.

Il l’avait dit d’un ton très faible, presque un chuchotement. Des étincelles sortirent à toute vitesse de sa baguette. D’un coup sec, elles s’arrêtèrent dans les airs pour finalement recommencer à bouger, tout doucement, produisant une faible lumière autour d’eux. Il s’amusait souvent à combiner différents sorts, à en chercher d’autres utilités que ceux pour quoi ils étaient connus. Persuadé qu'il était possible d'en faire un seul et même sort, il n'avait pas encore trouvé la combinaison qui marcherait, mais s'amusait, pendant ses heures perdues, à essayer d'inventer ce sortilège qu'il apprécierait tant. Et il aimait bien faire ces petites étincelles, quand lui paniquait à l’idée d’être triste. Elles lui changeait les idées, et l’éclairage était beaucoup moins vif et plus reposant que celui du sort lumos.

- Tu te caches plutôt bien, j’aurais pas réussi à te trouver si j’avais vraiment voulu le faire. Enfin, c’est pas que je voulais pas te trouver, je voulais te trouver ! Mais volontairement j’aurais pas pu, enfin tu sais, c’est la salle sur demande qui est apparue toute seule et… Il y a longtemps que tu es là ?

Il avait trop parlé, même lui s’en rendait compte. Il aurait du préserver ce silence si pesant qui était installé dans cette salle. C’était comme si, comme s’ils n’y avaient pas leur place. Comme si toute l’histoire de ces objets était bien trop pesante pour l’endroit. Mais il cacha son mal à l’aise, surement plus du au fait qu’elle n’aille pas bien et qu’il ne sache pas quoi faire. Il sourit et la regarda, toujours en tailleur à ses côtés.

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Serdaigle



Deborah Bolton
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Mar 31 Mar - 23:23




THOMAS & DEBORAH
Le vent l'emportera tout disparaîtra mais le vent nous portera la caresse et la mitraille et cette plaie qui nous tiraille le palais des autres jours d'hier et demain le vent les portera

De la paume de la main, elle effaça la poussière d’une vieille boule de cristal, mais même ainsi son visage paraissait éteint, terne, sur la surface ébréchée du globe. Elle la tourna plusieurs fois entre ses doigts sans jamais chercher à voir plus loin que ce qu’elle pouvait apercevoir. Un bon voyant savait toujours qu’on ne se lisait pas la bonne aventure soi-même. Elle n’était pas douée pour les prédictions pourtant, pour les vraies prédictions j’entends. Souvent elle regardait le fond des tasses avec une épaisse concentration, une ride soucieuse creusant son front, mais elle ne trouvait rien. Elle ne cherchait pas. Deborah préférait inventer, imaginer des signes, des prémonitions. Ce n’était pas un truc de sorcière, plus un secret de menteuse. Mais elle portait une affection toute particulière aux objets, à ces vieilles choses d’un temps révolu. Elle y devinait des histoires, un renouvellement entre ses mains. L’impression qu’il suffisait de les tenir contre soi pour leur rendre une utilité, une vie. Elle regarda à nouveau la boule ébréchée, et une vague sensation se forma dans son esprit semblable à un présage triste et frileux.

Elle ramena ses jambes contre sa poitrine et releva la tête, elle ne distinguait plus la sortie depuis longtemps, mais un cimetière d’instruments en tout genre qui semblaient s’ennuyer, pour la plupart dissimulés sous les draps blancs et sales. Elle se retrouvait saisie dans cette atmosphère de grisaille, enveloppée, étouffée dans un silence oppressant, engloutie par une assemblée d’antiquités. Tout était à la fois trop grand et à la fois trop resserré autour de son petit corps engourdi. C’était comme s’égarer dans un labyrinthe, tomber dans un trou et se fouler une cheville, échouer sur une île déserte après un naufrage. C’était toujours l’attente. L’attente qu’on vienne vous trouver, vous sauver. Mais Deborah ne croyait pas vraiment qu’on viendrait lui tendre la main, pas dans la salle sur demande.

Peut-être l’avait-on oubliée à son tour, un peu comme on avait dû oublier tous ces objets. Un temps, elle avait souhaité disparaître. Alors la porte était apparue, elle avait pénétré dans la salle sans vraiment s’en rendre compte, comme dans un rêve où on avançait à tatons, à demi éveillée. Elle s’était cherchée un petit coin où s’asseoir, un petit lopin de terre pour son petit corps, un peu encombrant ici, incongru, tentant vainement de se fondre derrière un monceau de poussière. Puis très simplement, elle n’avait plus bougé, et l’idée qu’on ait pu la chercher lui semblait saugrenue. L’éclat de rire qu’elle entendit au loin lui fit une étrange impression. Ca n’avait pas l’air réel, comme l’heure qui s’écoulait, flottante et indécise. Ici, plus rien n’avait vraiment d’importance.

La scène qui suivit, pourtant, lui apparut surréaliste. Le balancement des draps un peu plus loin ne l’inquiéta pas étrangement, ou peut-être à cause de la paire de chaussures qu’elle voyait dépasser de sous les draps. Et puis. Thomas. Elle le regarda s’approcher, ses yeux grands ouverts, brillant d’un étonnement nouveau. Il n’y avait bien que Thomas pour s’empêtrer ainsi, mais le voir s’avancer toujours debout, sans qu’il ne se renverse en marchant malencontreusement sur un objet, ça, c’était le plus incroyable à ses yeux. Et rien que pour ça, ça ne semblait pas réel. Pourtant, sa présence ne la surprenait qu’à moitié. C’était comme s’il n’y avait eu que Thomas et sa maladresse légendaire pour venir la déterrer au fin fond de son terrier.

Elle détourna immédiatement son regard et observa ses pieds, comme il s’asseyait à côté d’elle. Un vague malaise s'empara d'elle, un frisson sur son bras qui effleura quelques secondes à peine le sien. Elle mordilla une mèche de ses cheveux noirs, comme elle ne voulait pas le regarder, ni même lui parler. Elle attendait pourtant, ostensiblement, qu'il prenne les devants, et ce fut plus ou moins ce qu'il fit, à sa manière, avec cette curieuse combinaison de sorts dont il devait avoir le secret. Elle-même n'y avait jamais pensé. Elle se demanda encore une fois pourquoi. Mais elle n'en contempla pas le résultat, résolue à garder sa tête baissée, à ne fixer que ses pieds dans un geste d'obstination têtue. Mais elle ne pouvait pas faire semblant qu'il n'existait pas, ou faire comme s'il ne l'avait jamais trouvée, quand bien même elle essayait encore, faiblement, en ne le regardant pas.

Thomas était trop grand pour être discret, bien plus encombrant qu'elle ne pouvait l'être, même dans ses mots sa maladresse ne le quittait pas. Il s'enfonçait malgré lui, en temps normal, Deborah aurait souri. C'était après tout, un trait qui la faisait rire chez le Serdaigle. Un poids parut néanmoins se détacher de ses épaules, elle se sentit soulagée. Soulagée peut-être de le savoir là, à ses côtés, et plus seulement seule dans cet endroit étrange, soulagée de sentir les lumières danser au-dessus de sa tête, éclairer une sourde pénombre, sentir la chaleur revenir sur ses joues déjà froides, enfin soulagée de cette audace incertaine, d'avoir brisé ce silence sans fin.  

- Je ne sais pas. Un moment. Je ne voulais pas qu'on me trouve. Comment tu as fait pour venir jusqu'ici sans rien casser ? C'est bizarre. C'est comme si tu n'étais pas vraiment là. C'est vrai, qu'est-ce que tu ferais là après tout ? Je suis toute seule. Tu n'es peut-être qu'un drôle de rêve.

La voix était mal à l'aise, dubitative peut-être. Mais elle n'osait pas le regarder, de peur qu'il s'envole, comme il était arrivé, de peur d'avoir mis le doigt sur la supercherie. Elle ferma les yeux et enfouit son visage entre ses mains. Ce n'était peut-être qu'un cauchemar, une hallucination, une mauvaise farce d'un de ces objets magiques, amère d'avoir été abandonné, pourrissant d'ennui, et qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que d'essayer de la rendre folle. Ce n'était peut-être même plus Thomas. Elle n'avait plus regardé que ses longues jambes. Peut-être qu'il avait perdu sa tête, et qu'un cadavre se moquait d'elle, attendant qu'elle relève ses yeux emplis d'espoir pour y faire naître la crainte et l'angoisse. Elle se rappela la boule de cristal ébréchée, gisant quelque part à ses pieds. C'était peut-être ça son mauvais présage.

- J'ai oublié ma baguette magique dans le dortoir. Je voulais lancer un Lumos, mais je ne pouvais pas du coup. Et puis je n'ai pas fait attention. Je me suis retrouvée là, et je ne me souvenais plus de la sortie. Je me suis un peu perdue au milieu des objets. Et je n'ai plus eu envie de partir. Je voulais me cacher sous un drap... J'ai trouvé une boule de cristal mais elle est cassée je crois. Je suis pratiquement sûre que ça porte malheur ! Tu vas peut-être me dévorer ! Et je ne peux pas me servir de mes cours de défense contre les forces du Mal parce que j'ai pas ma baguette magique !

Elle parlait avec un débit soutenu, sa voix paraissait chavirer sur des eaux houleuses. Alors seulement, Deborah éclata en sanglots.

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Mer 1 Avr - 20:57

Holes in the Sky
Deborah & Thomas


Il rigola. Comment avait-il fait pour venir ici sans rien casser, c’était une très bonne question. Il ne savait pas trop s’il devait le prendre mal ou bien, mais finalement, la réflexion le fit suffisamment rire pour qu’il le prenne bien. Il avait tout de même fait tomber un drap, enfin des draps, et s’était retrouvé bloqué dedans. Mais tout ça, elle ne pouvait pas le savoir. Peut-être le savait-elle, il n’en savait rien. Il aurait voulu être dans sa tête, à ce moment précis, savoir ce qu’elle pensait, ce qu’elle avait, sans se montrer intrusif. Il n’osait pas, pas trop lui demander. C’était comme lorsque l’on demande à un patron une augmentation : on ne sait pas si l’on peut se permettre de réellement le faire ou non. Ils étaient pourtant amis, il n’y a pas de malaises entre amis. Mais c’était différent, cette fois-ci. Comme si elle était englobée par un nuage de tristesse qu’il ne pouvait contrer. Alors il se contentait d’être assis à côté, d’être là, quand même. Il ne savait pas si cela suffisait; mais il n’avait rien d’autre à faire en ce moment précis. Il l’écouta jusqu’à la fin, laissa planer une petite seconde de silence.

« Tant que je suis pas un cauchemar, tu peux me prendre pour un rêve autant que tu veux ! »

Il rigola de nouveau et tourna son visage vers elle. Elle regardait ses mains, ses pieds, il ne savait trop quoi, mais son regard était baissé. Tout aussi triste que sa voix. Thomas contracta ses lèvres et les fit bouger de droite à gauche, cherchant quelque chose à faire pour lui remonter le moral. Il n’y avait rien à faire. Ou plutôt, il ne trouvait rien à faire, ce qui était d’une grosse différence. Alors il l’écouta, parler, décrire son histoire de la journée. Thomas n’avait jamais eu peur du noir, mais il aimait la lumière. Il était quelqu’un de lumineux. L’obscurité ne lui faisait pas peur, mais il l’évitait. Alors il ne la comprenait pas trop, et il l’écoutait divaguer, sur une boule de cristal. Lui aussi il divaguait Thomas, trop souvent pour qu’on puisse le suivre. Suivre ceux qui le faisaient étaient un jeu d’enfant. Il continuait à l’observer, elle qui regardait ses jambes, elle qui regardait il ne savait quoi.

« Je ne veux pas te dévorer. »

Il lui sourit gentiment, espérant croiser son regard, qui ne vint pas. Elle était bien trop figée sur le sol. Il l’observa un petit moment, puis regarda la boule de cristal qu’elle avait cassé. De toutes les matières qu’il suivait, il n’y en avait qu’une sur laquelle il n’arrivait pas à être positif et à se dire que ça pourrait toujours lui servir : la devinette. Il ne comprenait pas l’intérêt, pas le pourquoi du comment. Il reprit tout de même sa voix douce pour enchainer sur ses pensées très profondes.

« Pourquoi je voudrais te dévorer ? Je ne dis pas que tu n’es pas appétissante mais… » Qu’est-ce qu’il venait de dire là ? [b]« Enfin, pas dans ce sens là hein ! … Enfin, c’est pas ce que je veux dire… Enfin. Enfin, je ne mange même pas de viande donc… »

Mais des sanglots le coupèrent dans son élan. Dire qu’il allait raconter une merveilleuse histoire sur le pourquoi il ne mangeait pas de viande ! Quel garçon bien, qui ne veut pas avoir l’impression de contribuer à la mort d’un animal qui serait tout de même mort dans tous cas. Il se tourna vers elle, la regarda un petit moment, un peu étonné. Bien était tout de même un terme qui ne convenait pas forcément. Il avait au moins répété enfin cinq fois dans la même phrase, pour en plus dire strictement n’importe quoi qui allait certainement tout faire sauf la consoler. Mais de là à ce quelle pleure ? C’était parce qu’il avait dit qu’elle était appétissante ? Il se maudissait d’être autant un boulet, bien qu’il se douta que ce fut pour autre chose. Mais quoi ? Il était étrangement calme, dans ce moment où il aurait du paniquer. Paniquer, car il ne savait jamais comment se comporter. Et c’était une fois de plus le cas. Il n’était pas courant de voir les gens pleurer. Il n’était pas courant de devoir les consoler. La seule personne qu’il avait réellement vu pleurer, c’était sa soeur, quand son petit ami l’avait joyeusement abandonnée pour une autre. Cela faisait deux ans.
Il observa les petites étincelles qui volaient doucement : il ne savait quand même pas trop quoi faire. Et il se disait qu’il ne fallait pas s’éloigner, pas maintenant alors qu’elle pleurait. Il préféra passer son bras autour de ses épaules froides et il l’approcha contre lui. Il avait toujours été tactile avec ses amis, et ce soir, il était présent pour elle, il voulait qu’elle le sache, même s’il le faisait d’une façon un peu trop maladroite. Des frissons parcoururent son dos.

« Il était une fois, une famille de corbeaux qui vivait près d’un champ. Elle allait souvent y picorer la nourriture dès que le fermier avait le dos tourné, car les fruits y étaient beaux et savoureux. »

Que faisait sa mère quand il était plus petit et qu’il pleurait ? Elle lui racontait les plus belles histoires que le monde n’ait jamais connu. Comme les mamans avaient toujours les solutions miracles, les seules qui fonctionnaient tout le temps, il changerait les idées de la jeune fille et lui raconterait une jolie histoire, qu’il avait lue il y a quelques jours. Elle l’avait marquée, pour une raison qu’il ignorait, et il avait même pleuré, à la fin, tant il avait été touché. Oui, cette histoire irait parfaitement dans le contexte de cette triste soirée. Il attrapa une autre étincelle qui tombait et qui se transforma en cendre au creux de sa main. Il souffla dessus pour qu’elle s’envole, et elle reprit de son éclat. Le monde magique était réellement un monde remplis de surprises.

Ainsi débuta sa petite histoire. (ALERTE BOULET).

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Deborah Bolton
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Sam 4 Avr - 15:28




THOMAS & DEBORAH
Le vent l'emportera tout disparaîtra mais le vent nous portera la caresse et la mitraille et cette plaie qui nous tiraille le palais des autres jours d'hier et demain le vent les portera

Il y avait un je-ne-sais-quoi de rassurant, dans les rires de Thomas. Une sensation presque agréable qui semblait vous susurrer une délicieuse rengaine dans le creux de l’oreille, et qui vous laissait songer que, probablement, tout irait bien. Un quelque chose de naturel qui lui sonnait comme un réconfort. Bien sûr, il ne la dévorerait pas. Parce que ce n’était jamais que Thomas dans toute sa splendeur, armé de ses mots maladroits qu’il jetait comme autant de lancers de fleurs entre deux éclats. D’une certaine manière, Deborah s’en accommodait parfaitement, elle en était familière. S’il devait y avoir une chipie entre eux deux, le rôle lui revenait de droit, ne fusse que pour le nombre de sottises qu’elle pouvait lui débiter à la seconde. Ou pour ce simple malaise qu’elle instaurait d’elle-même entre eux par ces larmes stupides. Elle était peut-être en train de faire l’enfant, ou peut-être n’était-ce en réalité qu’un habile stratagème, un de plus, pour se positionner au centre de toute son attention, ou plus simplement pour le torturer un peu, le retrancher dans ses limites, parfois dans celles un peu fragiles d'une amitié jolie. Il aurait suffi d'un peu d'égoïsme. Mais en un sens, ne l'était-elle pas ?

Bientôt elle sentit l'étreinte se refermer autour d'elle, et son corps vint à se raidir, par une obscure crainte. Elle devait paraître minuscule à côté du grand Thomas. Sa tête n'arrivait pas à la hauteur de la sienne. Il était vain d'essayer de s'en dégager, c'était comme être pris au piège.

- Des cor... beaux ?

Deborah reniflait bruyamment, haletante, tandis qu'elle ravalait ses sanglots, le corps entier saisit par d'imperceptibles soubresauts. Peut-être Thomas était-il plus redoutable qu’il ne le laissait penser, car déjà la jeune Serdaigle frottait lentement ses yeux pour y sécher la dernière averse. Il était si simple d'attiser cette naïve curiosité enfantine, si simple de chasser ces gros chagrins qui n’avaient pas lieu d’être, si simple de remplacer la peine par la promesse d'une fin heureuse. Car c'était bien là le drame de tous les contes de fée, n'est-ce pas ?

Oh. Comment résister à l'appel d'une douce aventure ? Elle n'avait jamais pu. Deborah n'était sans doute bonne qu'à ça, à rêver de fables à la Once Upon a Dream.
Alors seulement, elle quitta sa contemplation du sol pour reporter toute son attention sur le jeune sorcier. N'était-il pas merveilleux d'ailleurs ? Tellement. Deborah l'observait sous un jour nouveau, à la façon de ces gens qui vous demandent de soutenir sur vos épaules le poids du monde, le fardeau de l'Humanité, qui en attendent tellement qu'ils seraient les premiers à se casser la figure après vous, si vous veniez à échouer lamentablement dans votre tâche.

Deborah qui pleurait, qui chouinait, n'était clairement pas aussi jolie que Deborah qui souriait. Les filles qui pleurent ne sont, à dire vrai, pas franchement belles. Ce n'était qu'un mythe. Il lui restait de chaudes larmes qui perlaient toujours le long de ses joues, de la rosée encore à la bordure de ses cils, et sur des paupières qui papillonnaient toutes les cinq secondes pour le pitoyable rendu des très en vogue "yeux de biche".  

- Ce n'est pas parce que tu me racontes une histoire que je vais arrêter de pleurer.

Pourtant, cela commençait déjà à faire effet. Elle léchait les quelques larmes qui étaient parvenues à se nicher dans le coin de ses lèvres. Et puis ses pupilles voletèrent dans les airs, suivant avec une grande concentration le moindre geste du Préfet. Elle l'imita presque tout de suite après, attrapant à son tour les petites étincelles qu'elle gardait un bref instant entre ses mains avant de les relancer au-dessus de leur tête. Elle sembla s'en ravir, faiblement, aucun sourire n'avait encore réussi à percer cette drôle de vague de tristesse. Mais c'était comme un rêve timide qui paraissait vouloir se réaliser, de façon un peu fausse et incertaine, elle n'avait qu'à fixer le haut plafond pour y imaginer tout un univers à échelle humaine, et à tendre la main pour se persuader qu'enfin, elle pouvait y décrocher les étoiles du ciel.

- Tu es mon préfet préféré.

Ou peut-être simplement le seul ami qui pouvait encore l'étonner en lui montrant nombre de petites merveilles qui tenaient aisément entre ses mains. 
Enfin, elle sentit ses muscles se détendre, et elle se laissa aller paresseusement contre le Bleu en attendant la suite du conte.

La belle amitié.

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Serdaigle
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Thomas Walter
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Dim 5 Avr - 13:26

Holes in the Sky
Deborah & Thomas


La voix de Deborah était saccadée.

Il sourit. Deborah était de cette fragilité infantile, absorbée par une histoire dont la fin était déjà tracée. "Des corbeaux", répéta-t-il dans un murmure. Elle semblait si fragile, dans le creux de son bras, si proche de lui, qu’il aurait pu la détruire en quelques mots, en quelques mouvements. Il l’avait toujours connue forte - un peu éphémère, un peu éloignée, avec des paroles frappantes et des histoires glaçantes, à vous en faire trembler l’échine. Ici pourtant, il voulait la protéger, il voulait qu’elle soit heureuse, qu’elle sourisse de nouveau, de ce sourire indéfinissable, méchant et pourtant si plein d’émotions sur lesquelles il ne mettait aucun adjectif assez précis.
Leur regard se croisèrent.
Elle avait les yeux gonflés, fatigués. Ses joues étaient mouillées, elle avait tout simplement pleurée. Il lui sourit. Et ses paroles le heurtèrent comme une flèche traversant son cerveau. Ce qu’il faisait ne servait donc à rien ? Les belles histoires avaient toujours laissé un goût de bonheur dans sa bouche salée de larmes. Il était peut-être trop sensible, alors qu’elle était un coeur plus fort. Malgré ça, elle ne semblait plus pleurer, ses larmes s’étaient arrêtées. Il l’observa un instant, se demandant pourquoi ses paroles et la réalité étaient si différentes. Alors il attrapa cette étincelle, lui rendit une vie, espérant qu’elle lui dise quoi faire. Et son regard se tourna discrètement vers Elle.

Thomas l’observa, voulant garder en mémoire à jamais ce moment. La douceur délicate de l’ambiance l’apaisait, élégante caresse chaude sur son visage. Deborah avait pleuré, c’était vrai. Ses yeux étaient gonflés, son nez mouillé. La beauté de l’instant était pourtant inégalable. Elle, jetant ces petites étincelles dans les airs. Thomas ne les regarda pas s’envoler de nouveau, ce moment était si beau qu’il en était resté interdit, immobile. Elle ne semblait pas si malheureuse. Il sourit pour lui-même. Peut-être se moquait-elle une fois encore de lui. Peut-être que -  
La distance qui les séparait se rapprochait, devint inexistante, les barrières étaient tombées. Il n’y avait que Deborah et Thomas pour comprendre l’importance de cet instant. Seuls et uniques acteurs de cette mélancolie. Il pouvait sentir contre lui la chaleur de Deborah, son odeur, les mouvements irréguliers de sa respiration. Sous son regard calme tomba le plafond, haut et froid. Une fenêtre, des étoiles. Il sourit. Son préfet préféré. Il arrivait donc à être quelqu’un dans la vie d’un autre. Existant. Il était possible que, de temps en temps, une pensée se tourne vers lui. Que l’amitié l’étreigne à temps partiel.
Il était son préfet préféré.
Son sourire s’effaça doucement. L’amitié se basait sur trop de choses. Elle échappait à son esprit, elle n’était que sable dans sa main. Deborah avait cet unique pouvoir de vous faire sentir important, comme si vous aidiez le monde entier. Vous vous sentiez protecteur, utile, et le lendemain, vous n’étiez plus rien. Un simple gars un peu trop naïf et rigolo, un peu trop maladroit et idiot. Ils n’étaient peut-être pas amis. Il n’était peut-être qu’un préfet et elle, une personne qu’il appréciait. Ce n’était finalement pas important. Ici, en ce présent, il se sentait bien. Son doigt, de sa main libre, doucement, alla taper le front de la jeune fille qui, faible et forte à la fois, avait réussi à introduire une nouvelle idée dans l’esprit du préfet. Avait-il un véritable ami ? Ce sentiment était étrange; il voulait se terrer sous terre, le bonheur l’envahissait d’un manteau de chaleur.

« Hey, c’est parce que je suis le seul à ne pas donner d’heures supplémentaires ? Tu sais, je l’ai déjà fait. Une fois, à un Gryffondor qui refusait d’arrêter de voler les affaires d’un plus jeune. Il le faisait tous les jours, et Cyryiel m’a dit de me ‘’montrer plus ferme’’. »

Son rire, si vrai, prit écho dans la grande salle à souvenirs. Il était incapable de donner des heures de colles, trop rapidement touché par le regard déçu, triste ou désespéré, de celui qui lui faisait face. Il culpabilisait à l’idée de l’avoir déjà fait. Se demandait s’il n'y aurait pas eu une meilleure solution. Mais on ne retournait pas dans le passé - jamais. Alors il fallait toujours faire les choix qu’on pensait les plus justes, les gestes qui étaient les plus sincères.

La réponse n’était pas venue. Il voulait qu’elle soit sa préférée, sa préférée de quelque chose. Il lui aurait dit, alors. Mais il n’avait pas trouvé de quoi elle pouvait l’être, alors il n’avait rien osé répondre d’autre. Il ne savait même pas, il n’arrivait pas à dessiner, devant ses yeux, qui pourraient être ses préférés, comment il pouvait les qualifier. Son corps s’alourdit; ses membres se relâchèrent, son dos se posa doucement sur l’armoire derrière eux. Il entendit deux objets à l’intérieur tomber, deux petites maladresses sans importance. Il posa son crâne contre le bois sombre, les yeux fixés vers le plafond. Il souffla; elles s’envolèrent une nouvelle fois, les douces étincelles.

« Un jour, le fermier ne sachant plus quoi faire, décida de mettre un éventail hurleur dans ses champs, afin de les protéger. Il était très laid, fait de paille, de tissu et de terre. Ses yeux étaient deux boutons noirs, son cri tel celui des sirènes.  Il se sentait très seul, dans ce champ où personne ne venait le voir, tant il faisait peur. Même la famille de corbeaux n’osait plus s’approcher. »

Faire les choix les plus justes, s’était-il dit un peu plus tôt. Continuer cette histoire était pour lui ce qu’il fallait faire, même si ça ne l’empêcherait pas de pleurer. Même si cela ne servait à rien; c’était pour lui la seule solution qu’il avait trouvée, et il voulait qu’elle marche. C’était ce qui lui paraissait juste, utile. Sa main tombait sur le haut du bras de la jeune fille. Il se demanda si elle n’était pas trop froide - s’il ne la dérangeait pas, dans ce moment secret.

« Chaque nuit, avec pour seul témoin la lune, l’éventail pleurait de solitude. Mais un jour, le plus jeune et courageux de la famille corbeaux, décida qu’il était temps qu’ils recommencent à se nourrir. Il prit son envol pour les champs; et le fermier jeta un sort sur lui. »



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Mar 14 Avr - 21:58




THOMAS & DEBORAH
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Deborah n’aimait pas mettre des mots sur les gens. Il ne lui importait guère de savoir en vérité, combien d’amis elle possédait, il lui importait peu, oui, de ne pas être capable de poser un nom, un concept très clair sur une relation. Juste, ce devait être une question d’émotions. La compagnie du sorcier lui était agréable. Peut-être qu’elle adorait le Serdaigle, sans même s’en rendre compte. Il lui suffisait de l’entendre rire, s’esclaffer pour en faire de même. Ou peut-être était-ce l’inverse. Deborah pouvait l’observer, le détailler avec une minutie presque déplacée, incongrue et inconvenante, le dévisager sans vergogne avec ses airs de petite ingénue, les yeux curieux et malicieux, des lèvres à la courbure espiègle, sans réellement réfléchir. Juste comme ça. Avec impudence, désinvolture. Puis elle sentait naître en elle ce curieux sentiment de joie qui la caractérisait tant, brusquement satisfaite. Non. Deborah ne voyait pas l’utilité de chercher en arrière plan des causes ou des explications autrement plus compliquées.

Elle l'écouta rire sans pouvoir le suivre, sans pouvoir l'interrompre, d'un air distrait. Elle laissa les grands éclats vifs de sa voix l'envelopper pour mieux la réconforter. Elle s'apaisait sûrement.

_ Non, c’est parce que je ne connais pas les autres.

C’était l’idée d’un choix par défaut, celui qui ne semblait pas être le pire de la liste. Naturellement ce n’était pas ça, pas que ça. Deborah ne voulait pas être méchante, d'ailleurs, rien dans son ton ne laissait entendre qu'elle souhaitait l'être. Bien sûr, elle donnait le premier nom qui lui venait à l’esprit, le premier visage qu’elle était capable d’assimiler à quelque chose, une fonction. Thomas était un Serdaigle avec des responsabilités. Parfois, cela lui paraissait risible. A d’autres moments, il arrivait qu’elle se souvienne des fleurs aujourd’hui fânées qu’il lui avait offert, et l’envie de se moquer lui passait, rien qu’un peu.  

Elle se frotta le front du revers de la main, comme cherchant à effacer une marque indélébile qu’aurait laissé le doigt sur sa peau claire. Elle resta songeuse, continuant à le fixer de ses grands yeux imbibés de larmes, toujours avec cette acuité marquée.

_ Et puis ça ne compte pas, je suis sûre que tu t'en veux encore. Tu n’es pas obligé de faire comme Cyryel, c’est pas grave tu sais, d’être toi. Gentil.

L’adjectif ne correspondait peut-être pas. Deborah pourtant ne le voyait pas autrement. Le seul ayant fait voeu de la retrouver alors qu'elle n'avait disparu que depuis quelques heures seulement, sans qu'on ait eu encore le temps de s'alarmer. Et puis il avait trouvé la salle sur demande, il l'avait déniché avant qu'elle ne s'enracine au milieu des pièces rapportées, là, dans sa solitude chagrine.
Deborah ne voulait pas que le grand Thomas s'affiche avec un air à la Cyryel. Thomas lui évoquait une sorte de légèreté fluide, lui inspirait une ivresse heureuse. Elle voulait qu'il continue à s'inquiéter de donner ses heures de colle, peut-être le seul et à la fois le plus terrible des châtiments divins auxquels il pouvait penser.
Mais en un sens, ce n'était pas juste de le résumer en un mot. A un gentil. Tout le monde se moque des gentils. On y voyait ni plus ni moins que du superflu, pour compenser tout le reste qu'ils n'avaient pas. Thomas dans la tête de Déborah, ça restait toujours plus que ça. C'était un peu bête après tout, à cet instant précis il ne pouvait pas être chose que cette espèce d'halo lumineux et sécuritaire.

Elle sursauta néanmoins au son dérangeant provenant de l'armoire, alors seulement, elle recommença à s'agiter, mollement. Deborah était à l'affût, biche craintive. Elle fit mine de vouloir se séparer de la masse corporelle qui l'encerclait. Cet épouvantail lui faisait peur, et, étrangement, elle se le représentait très nettement dans sa tête. C'était à peu de choses près l'image cauchemardesque qui revenait parfois flotter dans ses songes, son épouvantard bien à elle.

Elle s'inquiéta, et sa bouche se fendit d'une grimace. Elle poussa sur ses jambes pour remonter plus en avant vers le jeune sorcier, et presque instantanément, en un geste brusque mais instinctif, elle vint enfouir complètement son visage dans le creux de l'épaule du préfet, lui serra fort le bras entre ses doigts fins. Comme si elle n'avait jamais assez de cette tendresse tranquillisante, comme si elle cherchait à en recueillir toujours le plus possible.

Soudain, un spasme la secoua entièrement, violemment.
Quelques secondes s'écoulèrent, le temps nécessaire pour réfléchir à une nouvelle combinaison de mots, de notes chagrinées, d'une voix étranglée.

_ Est-ce que c'est une histoire qui finit bien ? Je n'aime pas le fermier, ni l'épouvantail, et je n'aime pas qu'on jette des sorts aux corbeaux. J'aime les corbeaux. Mais je n'aime pas les histoires qui finissent mal, ça me fait pleurer.

Deborah n'avait pourtant pas besoin de contes dramatiques pour se mettre à pleurer, parfois un rien lui suffisait, et d'autres fois pas même la mort d'un petit animal chétif ne saurait lui arracher la moindre larme. Deborah ne pleurait pas sur demande, mais bien dans l'instant, et toujours dans celui où on l'attendait le moins.

_ Tu n'as pas froid ?

Non, ça ne lui importait pas de savoir s'il avait froid ou non. C'était elle en réalité, qui tremblait comme sous une pluie froide et déferlante.


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Jeu 16 Avr - 23:25

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Deborah & Thomas


Il n’avait pas la carrure – pas les épaules, pas le courage, ni même la maturité. Pourtant elle était dans ses bras, ensevelie, et il lui promettait, au sein d’une simple étreinte, de la protéger. Il ne s’en sentait pas capable, pas assez fort d’assumer une telle responsabilité. Étrangement, il ne bougea pas, il la laissa venir, un peu plus contre lui, et il ne put rien faire d’autre que de resserrer son étreinte, de renforcer cette promesse éphémère. Elle semblait si fragile, et alors qu’il sentait que quelque chose n’allait pas – qu’il n’avait jamais fait ça pour personne avant, qu’il était un protecteur pour la première fois – il l’encourageait, indirectement, à continuer quand même, à être toujours plus près. Peut-être était-ce par gentillesse. Elle le lui avait dit, quelques secondes auparavant, qu’il était gentil, et ça l’avait fait sourire, il en avait même rigolé. Il n’était pas gentil – il n’avait rien de gentil. Il mentait, il se cachait, il n’avait pas d’attaches, il ne voulait pas d’attaches. Il était un être sans repère, sans pilier; il était bancal, incertain, il était fidèle à son image de maladresse. Mais il croyait, et c’était sa force – aux gens, il voulait les rendre grands. Il voulait La rendre heureuse, la protéger. La seule chose qu’il voulait était leur bonheur – ce n’était pas de la gentillesse, c’était de l’égoïsme. Celui de vouloir penser servir à quelque chose – d’avoir rendu ce monde un peu plus brillant.

« Non »

Et cela le fit rire, idiotement. Cette histoire ne finissait pas bien. C’était peut-être l’un des plus surprenantes qu’il avait eu l’occasion de lire – lorsqu’il l’avait lue, puis relue, elle lui avait laissé un goût amère dans la bouche, dans les tripes. Son regard tomba sur la jeune fille, du moins ce qu’il en voyait — avait-il froid ? Il ne s’était pas même posé la question, tant ce moment était à la foi unique et intéressant. Des frissons parcoururent son bras à cette simple question.

« Un peu. L’hiver n’est pas encore tout à fait passé, et je ne sais pas trop quelle heure il est. Tu as froid, toi ? »

Il rigola – encore, alors que son bras se resserrait un peu plus sur elle, pour qu’elle n’ait plus froid. Ou pour qu’il n’ait plus froid ? Pour profiter encore un instant de ce moment ? Soudain, son thorax se contracta, alors que la fin de l’histoire se formait, petit à petit, dans son cerveau. Comment avait-il pu être aussi idiot ? Il pensa un instant à inventer une autre fin; il était doué pour parler, oui. Mais pour inventer ?

« Ce – Cela dépend, si tu aimes les corbeaux, alors on peut dire qu’elle finit bien. Enfin – l’épouvantail décide de cacher le petit corbeau dans son chapeau, en lui demandant de garder pour secret qu’il n’est fait que de paille; il était son premier ami. Mais le lendemain, toute la famille corbeau, sachant que l’épouvantail n’était  pas dangereux, retourna picorer dans le champ. Et le fermier décréta que l’épouvantail ne servait plus à rien – alors il le brula, lors du crépuscule. »

C’était une histoire triste, pessimiste, sur le monde, sur la confiance. Thomas avait réagi dessus, réfléchis, aussi. Pourtant – elle ne lui avait nullement fait perdre sa foi. Lui avait la confiance de beaucoup – Thomas était un beau parleur, mais Thomas était un très bon entendeur. Il écoutait souvent, sans jamais réellement savoir quoi dire, ou faire; mais il était là, et il savait. Connaissait les passés, les secrets. Pourtant, jamais il ne trahirait – jamais il ne dirait, c’est ce qu’il se disait à chaque fois. Les quelques gaffes déjà commises furent pour lui un échec sans pareil ; un échec sur lequel il culpabilisait chaque jour, se maudissant d’être lui, de parler autant, de tout, de rien. Thomas se maudissait bien trop souvent.

« En vérité, je n’avais même pas pensé à la fin, c’est juste la dernière histoire que j’ai lue. C’est un célèbre journaliste qui l’a écrite, après qu’on l’ait viré de la Gazette pour avoir révélé des choses compromettante concernant le directeur… Je suis désolé »

Je n’avais pas pensé à ça. Je ne pense jamais aux bonnes choses, j’aurais du plus réfléchir, penser à toi; tant de phrases qui lui venaient à l’esprit, tant de lamentations qu’il ne se permettrait pas de sortir tout haut. Thomas ne s’excusait pas souvent, jamais pour des futilités – ou alors il le faisait, en rigolant, pour l’une de ses gaffes, ou pour sa grande discrétion, à la bibliothèque. Une fois de plus, il avait échoué. Il n’avait pas été à la hauteur, à celle de la réconforter, de lui faire vivre un petit moment de bonheur quand elle n’allait pas bien; il ne lui avait pas même rendu le sourire. Il n’était qu’un incapable – maladroit jusque dans ses idées. Les yeux rivés vers ces petites étincelles, il ferma doucement les yeux; qu’est-ce qui clochait chez lui ? Quand la seule chose qu’il voulait faire était celle d’aider, il n’y arrivait pas. Quand la seule chose qu’il voulait était de consoler, il n’y arrivait pas. Gêné, par tant de maladresse, par ce malaise qu’il s’instaurait à lui même, il se redressa légèrement, cherchant à la faire s’éloigner de ce qu’il était – un incapable. Il voulait qu’elle se décolle de son corps – il ne voulait pas la protéger, comment l’aurait-il pu ? Il ne pouvait même pas faire le bon choix d’une histoire, pas même sécher ses larmes. Pourtant – pourtant il aurait voulu que ce moment reste une infinité, qu’elle ne bouge pas. Il n’aurait su l’expliquer, mais il était bien, ici. Elle était sa chaleur.

Et l’envie qu’elle s’éloigne se fit plus pressante, dotée d’une peur inconditionnelle. Il n’avait jamais fait ça avec personne – il ne voulait pas d’amis. Il avait peur, de devoir compter sur quelqu’un, il ne comprenait pas. Pas qu’elle était déjà son amie, et qu’il n’y avait pas de marche arrière. Une amie depuis de longues années – depuis qu’il lui avait touché les fesses, ce jour là, alors qu’il tombait. Depuis qu’elle lui avait pardonné. Il ne le voyait pas – refusait de le voir. Il était tellement plus simple de penser qu’il ne tenait à personne, qu’il était seul. Il chassa tout ça de ses pensées; il voulait tout oublier, déjà. Il se redressa un peu plus, de façon à ce qu’elle ne puisse plus réellement être bien installée, qu’elle s’éloigne à jamais. Mais il avait échoué – il devait réparer son erreur, malgré tout.

« J’ai une idée ! On pourrait inventer une fin heureuse ! Mais tu sais, je crois que tu as beaucoup plus de talent que moi pour les histoires. Je veux dire – enfin – je le sais ! Il doit bien y avoir une fin où tout le monde peut être heureux, comme dans les vrais contes. »

Il rigola, pourtant une main était sur sa nuque, signe concret qu’il était gêné, et son regard était ancré au sol, caché par ses cheveux devenus trop longs – il les aimait, indisciplinés, mais il faudrait qu’il les coupe, bientôt. Que sa mère le fasse pour lui – ou un ami. Non.
Une simple connaissance.
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Ven 17 Avr - 17:51




THOMAS & DEBORAH
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_ Non, je ne crois pas.

Non, elle ne croyait pas avoir froid. Mais elle ne voulait pas le lui dire, elle ne voulait pas qu’il regarde les petits points dressés sur sa peau, juste sous son cou, et qui étaient le signe de sa chair de poule.
Ca ne lui apportait rien de lui cacher ça. Mais ça ne lui apportait jamais rien. Tu sais, ce n’était plus qu’une question d’habitude, il n’existait plus de raison, juste une obstination un peu trop forte. Dissimuler la plus petite vérité.

Deborah pensa qu’elle pourrait aisément se mettre à pleurer, comme elle lui avait promis, qu’il suffisait de cligner des yeux un peu trop fort pour provoquer ce qui tardait à apparaître. Mais elle n’en fit rien. Elle resta songeuse sur cette fin un peu trop rapidement expédiée à son goût, comme s’il s’était rendu compte de son malaise et qu’il avait tenté d’en finir vite, trop vite. Thomas n’avait pas menti : cette histoire ne se finissait pas bien, et lui laissait malgré tout une délicate sensation, panique plutôt qu’amère. Son cœur se serra. Et comme c’était étrange ! Etrange de se sentir aussi bien sous l’étreinte du grand Thomas, dont il émanait cette chaleur ample, comme ces braises incandescentes au-dessus de leur deux visages, et qui lui rappelaient d’une certaine façon un feu crépitant dans l’âtre. Etrange, sa respiration saccadée, son souffle trouble, l’impression d’avoir sa trachée encombrée de fumée. Etrange, les mouvements tremblants qui allaient et venaient jusqu’au bout de ses doigts, d’une force fébrile, et qui serraient, relâchaient leur prise par vague. Etrange, l’atmosphère un peu lourde et à la fois confortable, agréablement et terriblement gênante, ou bien plaisante.

Il s’excusait, mais Deborah ne saisissait pas. Elle gardait une certitude. Thomas n’avait rien fait de mal. Mais elle le sentait s’éloigner, trop brusquement à son goût, sans qu’elle ne comprenne encore une fois pourquoi. Elle se sentit mal installée. Deborah ne se rendait pas compte que son étreinte, que ses mots, ses plaintes envoyées dans un souffle terrible jusque dans le creux de son cou, ses sourires morts, cette angoisse muette, pouvaient être pesants. Deborah se pensait légère. Elle ne s’imaginait pas de cette lourdeur désagréable et étouffante.
Le jeune sorcier ne la laissait pas insensible. Certes elle aurait pu, comme elle l’aurait fait avec n’importe qui d’autre, lui faire des reproches, refuser ses excuses, le voir bredouiller. Mais une fois, ça lui avait peut-être suffit. Une autre certitude plana dans son esprit. Elle ne voulait pas que Thomas soit mal-à-l’aise avec elle. Les fleurs pensa-t-elle encore. Les fleurs.

Elle lâcha enfin son bras, et releva son visage. Elle se détacha de lui, mais elle ne parvint pas à s’éloigner complètement. Elle trouva sa position accroupie, ses fesses sur ses chevilles, et ne tenant que sur le bout de ses orteils.  

_ Thomas. Appela-t-elle. Elle hasarda une main vers le visage baissé du sorcier, ses doigts coururent un instant dans la chevelure blonde, osèrent une caresse fluide. Ne t’en fais pas, ce n’est pas important.

Elle empoigna ses trop longues mèches blondes dans le creux de sa main, avant de les relever. Elle pencha la tête de côté, et toute sa masse de chevelure brune suivit le mouvement, tandis qu’elle l’observait. Deborah ne savait pas ce qui était important. Mais il lui semblait évident que Thomas ne devait pas croire que ça l’était. Elle chercha dans ses yeux. Quoi ? Elle ne savait pas. Il devait bien y avoir quelque chose, quelque chose qu’elle n’était pas capable de saisir chez lui. Quelque chose d’indéfinissable.
Elle pensa. La dernière histoire qu’il avait lue. Cela ressemblait bien à Thomas. Elle leva les yeux vers ses étoiles personnelles. Sans même s’en rendre compte, un premier sourire, enfin, vint éclore aux bords de ses lèvres charnues.
Ses pensées se tournaient tout entières vers l’étrange sorcier qui lui faisait face. Il était spécial Thomas. Elle songeait que quelque chose n’allait plus, et cela bien sûr, ne lui plaisait pas. Sa respiration se régulait toute seule. Elle sécha d’un doigt sa dernière larme. Elle n’avait plus qu’une idée en tête à présent, elle n’avait plus le temps de pleurer, ou de penser à ces affreux cauchemars. Elle n’avait plus le temps de s’inquiéter des boutons noirs. Elle n’avait plus le temps de rêver de cet épouvantard. Il était déjà loin enterré dans sa mémoire. Thomas l’avait brusquement enseveli sans le savoir. Oui voilà. C’était ça. Thomas. Il fallait s’occuper de Thomas. Voilà, ce qui lui semblait important.  

_ On pourrait donner une deuxième vie à l’épouvantail, lui donner de belles couleurs. On lui fabriquerait une couronne de fleurs. Et on lui dessinerait un beau sourire. On pourrait lui donner un nom aussi. Et peut-être qu’on trouverait un sort pour lui permettre de marcher… On lui donnerait une valise, un appareil photo ! Il irait partout ! Tu imagines Thomas ? Il irait parcourir le monde ! Et il nous enverrait des cartes postales !

Elle s’excita seule sur les derniers mots. Parcourir le monde. Ca la faisait rêver. L’épouvantail était tout entier absorbé dans ses rêveries les plus folles. Celui-ci ne pourrait plus lui faire peur.
La jeune sorcière s’empara des mains du garçon. Elle le secoua, le regarda avec la fièvre du bonheur. C’était tellement facile pour Deborah, de passer d’un extrême à l’autre.

_ Tu es content, Thomas ? Dis-moi que tu vas bien.

A moins que tout ne soit faux. Que tout ne soit qu'une mise en scène pour le jeune sorcier.
Mais comment savoir ? Deborah ne dirait rien.
Elle sourit. A s'en rompre la mâchoire. Ce n'était pas faux, pourtant. Les sourires de Deborah ne la trahissaient jamais. Mais ce n'était pas un sourire heureux. C'était un sourire qui espérait, et qui attendait un retour.

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Dim 19 Avr - 14:29

Holes in the Sky
Deborah & Thomas


Un frisson, inconvenant, alors qu’il sentait sa main dans ses cheveux, près de son visage. Il ne bougea pas, pourtant. Ses mots raisonnaient dans son esprit, heurtaient son coeur qui s’était emballé, alors qu’il ne comprenait pas. Ce n’est pas important;

Ca ne l’était pas. Des choses étaient beaucoup plus importantes, dans ce monde, que des simples questions personnelles et sans réponses. Toutes ces maladies incurables, toutes ces morts qui n’auraient pas du se produire; les handicaps injustes, ces bagarres pour un casse-croute, ces disputes pour une fille. Des choses étaient beaucoup plus grave – des mots, des gestes, ceux des autres. Deborah avait raison, et le sourire revint doucement perler le visage de Thomas, sans qu’il ne relève encore sa tête. Il pensa à toutes ces choses plus importantes – préserver la nature, tous ces animaux qui devaient se nourrir, ces guerres incessantes, il y avait aussi le bonheur. Le bonheur était plus important que le reste, et elle lui avait rappelé, alors qu’elle n’avait aucunement connaissances des peurs qui s’étaient emparées de Thomas, quelques secondes auparavant. De ces questions sans réponses, qui s’étaient imposées entre eux. Deborah était chaleureuse – elle ne le montrait pas, c’était vrai. Mais au fond de ses yeux, qu’il fixait avec surprise alors qu’elle avait relevé quelques unes de ses mèches encombrantes – il ne voyait que de la tendresse, qu’une douceur qui lui était propre. Et ce bonheur, que soudain, elle dégagea, de sa voix.

Le bonheur était vrai – qu’il soit simulé, ou inventé, ou tout simplement contenu, Thomas le savait. S’il pouvait être simulé, c’est qu’il existait. Et à mesure que les mots de la jeune fille défilaient, les yeux de Thomas se perlaient d’une lueur inexplicable. Deborah était inconditionnellement gentille, Deborah était inconditionnellement touchante, était inconditionnellement Elle. Les rôles s’étaient comme inversés – lui là, à l’écouter, et elle, à essayer d’être là pour lui. Mais Thomas n’allait pas mal – Il ne savait pas ce que c’était, que d’aller mal; car ce n’était pas grave. Il rigola – il rigola sincèrement. Il voulait la rapprocher, il voulait de nouveau l’avoir dans ses bras, la remercier, de lui ouvrir les yeux, si simplement. Il voulait la sentir contre lui, juste – juste être près d’elle. Pour la première fois de sa vie cependant, il ne fit pas quelque chose dont il avait envie. Pour la première fois de sa vie, il retint cette pulsion, mais ce n’était pas se priver du petit bonheur qui était le leur, non. C’était s’épargner des choses qu’il s’imaginait, pourraient être plus graves. Alors il se contenta de rire, de profiter du contact de leur mains un instant, de son enthousiasme, de sa tête penchée, qui faisait tomber ses cheveux dans le creux de son cou, de ces cendres qui flottaient au dessus d’eux, encore allumées.

Thomas pencha sa tête du même côté que celle de Deborah, pour l’observer un peu plus. Il lui sourit, de ces sourires sincères, qui lui appartenaient; il était heureux qu’elle s’inquiète pour lui, et ce sentiment – bien trop égoïste – le couvrit d’une certaine chaleur. Oui, il était content Thomas, il était toujours content. Mais à ce moment un peu plus qu’à un autre. Parce qu’elle souriait – du plus grand sourire, du plus beau sourire qu’il n’ait jamais vu. Il n’était peut-être pas vrai, simplement simulé, mais Thomas ne le verrait pas, trop aveuglé par une naïveté poignante. Mais ce simple sourire le réconforta encore un peu plus. Elle souriait, de nouveau, ne pleurait plus, et c’était la plus belle victoire que Thomas n’aurait jamais pu avoir. Et il voulait crier, à ce moment là – relâcher cette boule de bonheur acide qui rongeait son thorax. C’était étrange – d’être aussi content, en un simple instant. Il voulait encore plus l’approcher contre lui, la remercier, la couvrir de ce bonheur qui allait le faire exploser; mais il ne le fit pas. Thomas avait bien trop peur – que la peur le gagne de nouveau, s’il s’y aventurait. Et il était lâche, le petit préfet. Pourquoi n’avait-il pas eu ce sentiment en arrivant ? Pourquoi n’avait-il jamais eu ce sentiment avant ? Avec quelqu’un d’autre, n’importe qui ? La même peur le tourmentait pourtant toujours – trop s’attacher, devenir dépendant, rendre quelqu’un malheureux. La distance était bien plus sécurisante – alors pourquoi, en arrivant, n’avait-il pas hésité à l’encercler dans ses bras, à la prendre sous son aile, à l’avoir près de lui ? Il rigola légèrement – il n’en avait aucune idée, et c’était frustrant, de ne pas savoir. De ne pas comprendre. Peut-être était-ce parce qu'il sentait que maintenant, elle n'avait plus besoin de lui. Que maintenant, elle allait mieux, sans qu'il n'explique comment, ou pourquoi. Ses mains glissèrent des siennes pour les recouvrir. Elle ne devait pas le protéger. C’était à lui d’être là pour elle – d’être là pour tous.
Même s'il n'y arrivait pas.

« J’espère que notre épouvantail sera aussi content que ce que je ne le suis. Merci ! »

Il rigola, innocemment, un instant, puis relâcha ses mains. Il s’accroupit de la même façon qu’elle – ses avants-bras allant se poser sur ses genoux. Thomas tombait souvent – n’avait aucun équilibre, Thomas pourtant semblait étrangement à l’aise, dans cette position. Son sourire était doux – à ce moment là.

« On devrait y aller, tu sais. Je ne voudrais pas tomber sur un épouvantard – je rêve assez du calamar géant comme ça. Quand on avait appris à s'en débarrasser en quatrième année – ou l'année dernière ? Il m'avait fallu plusieurs mois pour y arriver et – et je ne sais pas si j'arriverais à le refaire. Je veux dire, il est terrifiant et il parait si réel !  »

Rire. Il ne voulait pas y aller – c’était étrange, comme il se contredisait. Mais il ne voulait pas partir, laisser derrière eux ces petites étincelles qui s’éteindraient, lorsqu’il se serait éloigné. Il ne voulait pas oublier cette ambiance, ce moment. Mais il souriait – comme si ce soir, rien de ce qu’il voulait ne convenait à ce qu’il était. Comme si tout ce qu’il voulait était – pour la première fois – tout ce qui le terrifiait trop pour faire un pas en avant. Mais à ce moment précis, il le savait – ils avaient créé une petite éternité qui leur appartiendrait, à jamais. Il se releva, d’une souplesse assez étonnante pour Thomas – il gardait certains secrets, certaines choses qui lui appartenaient, des passions qu’il ne partageait pas avec le monde qui l’entourait. Il tendit une main chaleureuse, un sourire débordant, à Deborah, à sa sauveuse, pour l'aider à se relever. Car lui n’avait rien fait – elle était celle qui l’avait sauvé, lui, ce soir. Et il ne la remercierait jamais assez – c’est ce qu’il se disait, idiotement.

« Je te raccompagne ? »

Oui. Thomas était content – Thomas était heureux.
Il en était persuadé.

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Dim 19 Avr - 20:18




THOMAS & DEBORAH
Le vent l'emportera tout disparaîtra mais le vent nous portera la caresse et la mitraille et cette plaie qui nous tiraille le palais des autres jours d'hier et demain le vent les portera

Il lui sembla retrouver dans ses vastes sourires candides la tranquillité à nouveau protégée du jeune sorcier. Car Thomas riait, encore et encore. Indéniablement il riait. Deborah pensa pour une fois qu’elle ne réussirait pas à s’en lasser, et cela lui parut merveilleux. Elle continua à le fixer calmement, la mâchoire douloureuse. Rien ne paraissait plus compter à cet instant précis que cette euphorie douce, envahissante, ces regards teints de cette tendresse mystique, ces sourires qu’ils pouvaient s’échanger, penchés l’un face à l’autre, sans malaise, sans gêne, seulement avec cette indiscrétion caressante. Deborah se noyait dans un jais lumineux de ce bonheur un peu ivre, qu’elle croyait voir couler, dégouliner de ces iris bleus, et qu’elle ne reconnaissait que chez lui.
C’était amusant. Il la remerciait, mais elle ne savait pas de quoi. Elle ignorait même ce qu’elle devait lui répondre. Elle songea que, peut-être, sa joie naïve alliée à la sienne devait largement leur suffire.

Ses mains disparurent sous les siennes. Il était grand Thomas, il avait de belles mains de garçon, longilignes comme elle pensait que cela devait être. Il poussait Thomas, encore et toujours plus haut qu’elle. L’idée qu’il puisse atteindre le ciel de sa tête la fit doucement rire à son tour. Oui, il était immense Thomas, aussi immense que ses sourires, aussi immense que la chaleur qu’il dégageait du simple éclat de sa voix. Elle songea que, s’il voulait bien, il pouvait les garder ses petites mains entre les siennes, qu’elle ne lui en voudrait pas.

Thomas avait cet étrange effet qui relevait sans doute d’un don magique méconnu, il lui provoquait une sorte de sincérité dont peu l’aurait cru capable, et ce dans une éclosion paisible, qu’elle lui accordait volontiers, sans plus réfléchir. Elle la lui donnait dans son intégralité sans émettre le moindre regret, comme si l’idée même du bonheur aurait pu se transmettre d’une poignée de main à une autre. En fait il s’agissait d’une sincérité qu’elle possédait déjà, dans une affection dont on ne saurait dire si elle tenait d’un attachement purement enfantin sinon maternel, et qu’elle portait sur l’existence même, qu’elle montrait bien plus souvent qu’on ne le pensait dans de vagues sourires dont on ne comprenait pas toujours la signification. Thomas devait exacerber ce sentiment. Thomas devait bien le comprendre. Il le fallait, se disait-elle tout simplement. Elle pensa qu’il savait, que ce sourire-là qui ne se destinait à personne en temps normal, sinon à ceux qui pouvaient le percevoir dans son intégrité, lui revenait de droit aujourd’hui. Oui. Il le méritait.

Elle l’observait. Elle se disait injustement qu’il allait tomber, parce que Thomas était maladroit, Thomas était trop grand pour tenir sur ses orteils. Ses jambes devaient avoir besoin d’espace. Les grandes jambes devaient rester tendues, rapprocher leur propriétaire encore du ciel, toujours plus. Les petites jambes comme les siennes, ce n’était pas grave si elles se pliaient, elles détenaient déjà le corps sur terre. Alors son sourire disparut aussi pour une moue surprise. Thomas parvenait sans encombre à tenir sur une position qu’elle avait elle-même mis du temps à réussir, à force de séances de yoga. Ce sorcier était plein de ressources.

Deborah eut à nouveau envie de le taquiner, comme cela lui prenait parfois. Ses yeux brillaient d’espièglerie.

_ Tu as raison. Ils les cachent peut-être ici, en attendant de s’en servir. Peut-être qu’ils t’espionnent en ce moment même. Mais je ne pourrai pas te protéger, je n’ai pas ma baguette magique, tu te souviens ? Je me demande si tu arriverais à t’en sortir…

L’idée de protéger le grand Thomas lui sembla étrange. Mais elle pouvait le faire, songeait-elle doucement. Deborah était débrouillarde, Deborah savait s’occuper d’elle-même. Il semblait qu’elle le faisait bien. Elle pouvait veiller sur Thomas aussi, oui, cela n’avait rien d’invraisemblable. Etrangement, l’inverse lui paraissait difficile. Elle n’avait après tout pas tant l’habitude qu’on s’occupe d’elle. Mais peut-être que cette perspective ne lui déplaisait pas non plus. Parce qu’avec de grandes mains comme les siennes, on pouvait sans doute tout faire.

_ Si le calamar géant apparaît, je te promets de le manger. Même lui ne pourra rien contre une fourchette !

Elle suivit son redressement, comme on observerait une cabriole vraiment étonnante. Et elle le fixait de ses grands yeux ébahis. Vu d’en bas, il avait la tête au milieu de ces petites étincelles qui lui étaient si chères. Il venait de réaliser quelque chose d’incroyable.

_ Thomas ! Tu as réussi, tu as la tête dans les étoiles !

Deborah ne voulait plus rentrer. Elle ne voulait plus disparaître. Ou peut-être que si. Elle n’attrapa pas sa main, ferma ses yeux très fort, et joignit ses mains. C’est à ce moment-là qu’elle perdit son équilibre, et qu’elle retomba brusquement sur son postérieur. Mais elle ne s’en rendit pas même compte. Elle priait. Elle pria pour disparaître, mais pas toute seule, ce n’était pas drôle, elle pria pour disparaître avec Thomas. Elle pria égoïstement, en se disant qu’il ne lui en voudrait pas, parce qu’après tout, ce n’était jamais que Thomas. Et puis. Un autre petit souhait creva les commissures de ses lèvres.

_ Si je pouvais être grande, si je pouvais être grande, si je pouvais être grande, si je pouvais être grande... Elle se stoppa, leva encore la tête vers la haute silhouette qui se dessinait devant elle, et puis annonça avec ce quelque chose d'énigmatique. Peut-être que je ferai un cadeau à Thomas.




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Lun 20 Avr - 16:49

Holes in the Sky
Deborah & Thomas


Deborah avait ce quelque chose de terrifiant, dans ses paroles – comme si elle savait, connaissait les pires choses que Thomas aurait pu imaginer. Ses paroles étaient pourtant douces – peut-être était-ce sa voix ? Ou alors la perception que Thomas en avait. Dans cette sombre pièce, avec pour simple lumière ces petites étincelles, il n’aurait pu la protéger, d’un épouvantard, de ses peurs – il ne l’avait pas fait quand elle en avait besoin, après tout. Mais elle ne semblait pas terrifiée par cet endroit. Elle semblait si forte, Deborah, maintenant que ses larmes étaient séchées. Il l’admirait presque – de pouvoir, si facilement, se sentir en sécurité alors que lui, à mesure qu’elle lui parlait, se sentait pris au piège. Rire. Aurait-il pu s’en sortir, face à un épouvantard, face à la panique de la peur; il n’y avait rien de plus traitre que ce sentiment, celui de se sentir vulnérable, de ne pas pouvoir se protéger. Ne pas pouvoir la protéger.

Elle avait du lire dans son regard – elle avait du se rendre compte de la peur qui avait consommé Thomas, car déjà, elle le rassurait. Lui promettait de manger le calamar géant. Ce n’est pas ce qu’il voulait – l’idée lui parut saugrenue, mais il ne put retenir un rire amusé. Il voulait la remercier, encore une fois. Cela commençait à faire beaucoup, en une dizaine de minutes. Peut-être que cela faisait plus ? Le temps semblait si dérisoire, ici. Il n’y avait pas de temps – il n’y avait qu’eux deux pour profiter.

Il explosa de rire. Oui, il touchait les étoiles. Il attrapa une petite cendre dans ses mains, et la magie fit qu’il ne se brûla pas. Elle s’éteint simplement dans le creux de sa main; il aurait voulu l’offrir à Deborah, elle qui semblait si passionnée par les étoiles. Mais il ne pouvait pas. Alors il tendit sa main pour l’aider à se relever, mais elle ne l’attrapa pas – comme si elle refusait son aide. Thomas ne comprit pas – pourquoi faire ça ? Il cligna des yeux, mais il la vit retomber sur ses fesses, et alors qu’il avait voulu la rattraper, il avait été trop tard.

« Tu vas b– ? »

C’était lui, normalement, qui tombait. Et il l’aurait fait rire, à travers ce simple mouvement. Mais Thomas ne savait pas rire de ce genre de chose – peut-être parce qu’on riait déjà trop de lui, ou peut-être qu’il se faisait assez rire tout seul pour ne plus en rire. Mais ses paroles le réconfortèrent – elle semblait aller bien. Elle n’était pas tombée de très haut – pour ne pas dire de quelques centimètres. Il lâcha un soupire de soulagement alors qu’elle parlait, doucement. Et ses yeux s’écarquillèrent, encore une fois. C’était étrange, comme Deborah pouvait le surprendre, presque à chacune de ses paroles. Lui offrir un cadeau ? Il n’aurait pas pu l’accepter, pas ce soir. Pourtant, il aimait les cadeaux Thomas, comme il aimait offrir, et voir les sourires s’agrandirent. Il se disait qu’en acceptant ces cadeaux, il donnait aux personnes le même bonheur que lui ressentait, en offrant.

« Je ne suis pas sûr de le mériter tu sais. Je n’ai pas choisi une assez bonne histoire. Enfin – pas assez dans le contexte; je veux dire, il aurait fallu une belle histoire, avec des chevaux et un prince charmant ! »

Il rigola, idiotement. Il ne savait pas trop quel genre d’histoire aurait convenu – mais certainement pas celle qu’il avait raconté. Il regarda Deborah – rêvait-elle de prince charmant ? Il en était soudain moins sûr – elle aussi, semblait innocente. L’était-elle réellement, derrière ces sourires qu’elle faisait,

« Mais la prochaine fois que je te raconterai une histoire, ça sera une belle histoire, avec des dragons, et des crabes de feu ! Ça sera une histoire épique, digne des plus grands sorciers, remplie de joie et de légendes. Et on y rajoutera notre épouvantail, heureux et aventurier. »

Il voulait la voir sourire – il voulait voir ses yeux se remplir d’étoiles, il voulait réussir à la faire rêver – il voulait lui donner un bonheur infantile. C’était étrange, comme il s’imaginait déjà ce moment où, de ses mots, il l’emmènerait dans un autre pays – lui donnerait une autre vie. Une vie où elle ne pleurerait jamais – où elle n’aurait jamais peur. Il lui ferait découvrir la France, l’Italie – peut-être même les Etats-Unis ! Ils s’allieraient dans une aventure, ensemble, et il la protègerait. D’une simple histoire, on pouvait tellement imaginer. Il voulait lui offrir tout ce qu’ils n’avaient pas, ici à Poudlard. Il était comme ça, Thomas – il n’avait pas d’envies, pas d’envies à lui. Sa vie était dictée par le bonheur des autres, par le besoin de les rendre heureux. Voyager, choisir un métier, ça n’était pas de son ressort – tout dépendrait des autres. C’était idiot, de trop s’en remettre, de ne compter que sur le fil de la vie pour le guider – mais il y avait un auteur à son histoire, et ce n’était pas lui.

« Ce jour-là, j’attendrai ton cadeau avec impatience. »

Il sourit, un peu trop gentiment – un peu trop comme Thomas souriait, tout le temps. Sa voix avait été plus calme – un peu plus grave, que celle qu’il employait habituellement, appuyant sur la sincérité de ses mots, sur une maturité un peu bancale, mais qui commençait doucement à s’immiscer dans sa vie, sans qu’il ne le veuille, sans qu’il ne l’accepte, ou ne s’en rende compte. Comme Elle.
Ce n’était pas de l’impolitesse – il ne refusait pas son cadeau. Il le reportait à plus tard, peut-être parce qu’il ne le méritait pas, c’est ce qu’il disait. Peut-être qu’il en avait peur aussi; un petit peu. Mais Thomas adorait les cadeaux – Thomas s’émerveillait de tout ce qu’on pouvait lui offrir. Deborah lui avait déjà fait le plus beau cadeau qu’elle pouvait, ce soir – elle lui avait souri, et Thomas s’était un instant demandé pourquoi elle ne souriait pas de cette façon tout le temps. Il l’avait trouvée tellement jolie, à ce moment précis, qu’il était resté sans mots. Et cette image, qui s’était gravée dans sa tête, n’aurait jamais d’équivalent. Tout le matériel qu’on pouvait lui donner ne pouvait pas avoir la même importance – s’il s’était à peine douté, du cadeau qu’il loupait.

« Si j’étais petit, si j’étais petit, si j’était petit… Je serais bien frustré ! Peut-être que si je t’aide à remonter, tu pourras toi aussi toucher les étoiles ! Ou peut-être que l’année prochaine, tu y arriveras. Mais tu sais– Je pense, que tous les gens sont des petites étoiles. Des soleils, qu’il faut parfois juste réveiller, ou allumer. Toi aussi, tu peux les toucher. »


Chaque parole touchait un être humain, chaque geste, chaque pensée. Il suffisait de bien les choisir pour les rendre heureux – pour qu’ils s’illuminent, à l’image des étoiles. Le monde de Thomas était beau. Le monde de Thomas était si innocent. Le monde de Thomas était si faux, si optimiste. Surement un peu trop pour qu’on le pense normal – surement un peu trop pour qu’il ne soit pas fou. Parfois il se disait qu’un jour, il finirait à Sainte Mangouste, fou et enfermé. C’était étrange – mais il ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était vrai. Sa folie lui allait – il l’affectionnait, peut-être parce qu’elle le constituait tout entier. Mais qui n’était pas un peu fou ? Il aurait tout le reste de sa vie pour croire que les plantes ne sont que des plantes, et que les gens ne sont pas tous si idéaux. Aujourd’hui, et demain, et encore plusieurs années,

« Toi aussi tu es une étoile Deborah, ne l’oublie pas. D’accord ? »

Promets moi. De t’aimer autant que tu admires ces astres du ciel, tu le mérites. Il rigola, idiotement. Peut-être qu’il était réellement trop naïf, dans le fond. Mais cela le réconfortait, et le faisait rire en même temps. Peut-être qu’il n’avait pas assez de retenu, sur ses pensées, par rapport à ce qu’il disait. Qui dirait-ça ? Il en prit soudain conscience, comme s’il sortait d’un rêve qui touchait à sa fin. Il se demanda un instant s’il ne l’avait pas vexée, ou mise mal à l’aise – s’il n’était pas allé trop loin. Il se sentait rougir, un peu trop.

« Enfin ! Non mais tu sais. Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut que– Hm. Je n’arrive pas à l’expliquer ? Comme tout le monde, tu peux briller, alors. Enfin– »

Il rigola et lui fit dos un instant, tentant de calmer son malaise soudain – sa timidité. Il ébouriffa ses cheveux, essuya ses mains sur son pantalon scolaire, il se concentra sur des choses futiles de la salle qu’il arrivait à distinguer. Mais ses pensées dérivaient – Deborah était comme un rêve.  Une étoile parmi tant d’autres, parmi toutes ses personnes sur la terre. Il se demanda si elle était spéciale – son ours polaire ? Peut-être pas. Après tout, Thomas était un émerveillé. Il aimait le monde entier, et toutes les étoiles. Pourtant. L’idée de la porter jusqu’au dortoir lui effleura doucement l’esprit, avant qu’il ne se souvienne qu’il pourrait la faire tomber – et caetera.  Thomas avait 16 ans – ne voulait pas être si grand. Pourtant, il voulait jouer au protecteur ce soir, à l’homme qu’il n’était pas, et il s’en sentait ridiculisé, intérieurement. Il ne pouvait pas faire toutes ces choses là – porter, faire danser, faire sourire, une jeune fille. Il ne savait pas – on ne lui avait pas appris à danser avec quelqu’un. Seulement seul. Il se remercia d’avoir cette présence d’esprit, celle de ne pas essayer. De ne pas la soulever vers ces étincelles, comparées aux étoiles du ciel. Celle de finalement, rester cet enfant, de contrer ces envies inexpliquées. Il se tourna de nouveau vers elle, et lui tendit encore sa main – il n’abandonnait pas Thomas, jamais. Malgré les refus, malgré les offenses. Et il lui sourit, encore rougi.

« Je te promets que je ne tomberai pas si tu me laisses t’aider. Et je ne te laisserai pas tomber, non plus. Enfin, c’est ce qui parait logique – non ? »

Il rigola – il était sincère.


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Ven 1 Mai - 16:13




THOMAS & DEBORAH
Le vent l'emportera tout disparaîtra mais le vent nous portera la caresse et la mitraille et cette plaie qui nous tiraille le palais des autres jours d'hier et demain le vent les portera

Elle se demandait bien qui pouvait être plus méritant que Thomas. Deborah ne voyait personne, en ce moment précis, qui aurait pu arriver à la cheville du sorcier. Après tout, il était dans les étoiles. Ca lui semblait incroyable. Elle le regardait, son petit air étonné, avec cette idée complètement folle que Thomas n'était pas un terrien, sinon un visiteur venu tout droit d'un astre lunaire. Il était grand Thomas oui, mais il avait des sonorités de Petit Prince. Elle aurait voulu lui offrir quelque chose, à sa hauteur. Quelque chose que, dans le fond, il n'avait pas besoin de mériter. Deborah ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas ce que pouvait bien vouloir lui dire le garçon. A cet instant précis, elle était bien trop captivée par la liste de merveilles qu'elle aurait pu voler dans le ciel, elle s'imaginait déjà jeter un reducto sur la grosse Jupiter, pour la faire tenir dans ces grandes mains. L'univers devait bien pouvoir se passer d'une planète. Il devait en avoir tellement. Mais. Finalement, elle devait à son tour se montrer reconnaissante qu'on ait laissé Thomas s'échouer avec elle sur cette même planète bleue. Il avait tellement raison, Thomas. Il ne la connaissait pas tant que ça, c'était étrange comme il ne voyait que le bien, qu'il ignorait cette autre facette factice et mensongère que bien des gens connaissaient bien. Deborah mentait à Thomas, comme elle mentait à tous les autres. Ce n'était pas une chose qu'elle contrôlait toujours à son gré. Mais avec Thomas, elle songeait, éveillée, de rêveries tièdes et flottantes qui prenaient le pas sur tout le reste. Deborah aurait aimé avoir un bateau. L'appel de la mer devait lui venir de son père, de ses récits précieux qu'il racontait à chaque retour de mission. Le prince charmant, elle n'en rêvait pas. Ou peut-être que si, comme la silhouette vague et rassurante de son père dans son fier uniforme et qu'elle ne voyait toujours que très rarement, car presque toujours au large. Mais le prince charmant prenait alors une figure du manque. Elle chassa cette vilaine pensée.

- Mais Thomas, les histoires de princes charmants sont pour les princesses. Et je ne suis pas une princesse.

Peut-être en était-elle une. Elle se languissait le jour dans son grand château magique, du haut de la tour Rowena, à regarder l'horizon, scruter les profondeurs du Lac, tenter d'apercevoir les créatures peuplant la forêt interdite, et enfin fixer la voûte céleste en espérant peut-être se faire enlever par un gigantesque dragon. Alors oui, elle était une princesse. Il n'y avait pas de raison après tout. Que fallait-il pour être une princesse ? Etre jolie sûrement, il ne manquait plus que ça. Elle avait du charme, Deborah, pas de cette beauté outrageusement maquillée par des artifices vieillissants ou par des vêtements épousant à merveille ses courbes. Deborah était jolie par cette simplicité même, dans ses tenues fleuries, ses salopettes de toutes les couleurs pour ses rendez-vous champêtres aux serres, des fleurs dans les cheveux, la peau laiteuse, l'allure délicate, un festival de couleurs sur ses pommettes saillantes, une foule de sourires qui se pressaient aux coins de ses lèvres. Mais elle ne le savait pas, Deborah, ou alors s'en doutait-elle vaguement. On la trouvait mignonne.

Elle disait qu'elle n'était pas une princesse, ça ne la rendait pas triste. Elle n'avait peut-être pas besoin de l'être. Deborah ne rêvait pas de ces choses-là. Elle l'avouait ainsi, un sourire pudique sur sa frimousse, sans avoir besoin de gêne. Mais elle regardait ailleurs, et elle écoutait tout sans en perdre une miette. Tout semblait parfait, et formidable. C'était étrange comme ils rêvaient tous les deux de la même chose. Elle s'en rendait seulement compte, après tout ce temps passé ensemble.

- ...

Mais elle se taisait. Qu'aurait-elle pu ajouter ? Thomas avait déjà tout dit. D'une certaine façon, cela lui tardait. Il était bizarre, cet instant. On ne se raconte plus vraiment ce genre d'histoires abracadabrantesques à seize ans. Il lui semblait revenir en enfance. Il lui semblait qu'ils n'étaient que deux enfants. Elle imagina autre chose. Elle imagina ce qu'ils auraient pu créer s'ils avaient grandi dans la même ville. Deborah n'avait pas eu beaucoup d'attaches dans ses premières années. Les enfants d'un cirque itinérant dont les acrobaties, les éléphants avaient nourri son imaginaire, une grande partie.

- J'aurai aimé que tu sois mon voisin, tu sais, pas à l'école, en vrai. J'aurai bien aimé faire des courses avec toi, je t'aurai invité à tous mes anniversaires, et ma mère fait les meilleurs gâteaux, avec du chocolat et de la fraise, on aurait pu aller au cirque aussi, et jouer au ballon. Mais tu dois trouver ça bête, ce sont des activités de Moldus après tout.

Elle était née-moldue. Elle était peut-être la seule de la famille, mais elle ne l'espérait pas. Deborah se plaisait à penser qu'une jeune fille, un jeune garçon, d'une autre génération tellement plus vieille, à une autre époque, se soit aussi découvert des pouvoirs un jour. La banalité d'une vie de moldu ne l'intéressait guère, mais elle gardait toujours cette nostalgie tendre pour ses premières années qu'elle avait passées un peu loin de tout, dans un cocon douillé qu'elle n'avait jamais vraiment quitté, puisqu'elle s'appliquait consciencieusement à créer le sien sur la moindre parcelle de terre que ses jambes foulaient.  

Mais elle tourna son visage vers lui comme elle l'entendait répéter ses mots. Si Thomas était petit ? Elle plaqua une main sur ses lèvres pour retenir un rire. Il avait dû l'être un jour, personne ne naît déjà grand. Cela lui donnait une envie supplémentaire, de voir à quoi le Petit Thomas ressemblait, savoir s'il disait autant de jolies choses que le Grand Thomas.

Et puis. Il y eut quelque chose d'absolument inattendu. Thomas lui tournait le dos, s'éparpillait pour se justifier. Mais il n'en avait pas besoin. Ses joues s'étaient teintes d'un rouge criard, redonnait une vitalité, animait les traits délicats de son visage. Elle était une étoile. Deborah tremblait, non pas de froid mais d'une tendre euphorie qu'elle avait du mal à contenir autrement que par un sourire, non pas immense mais d'aise, un sourire assoupi et rêveur, rassuré peut-être. Thomas ne mentait pas. Elle se disait qu'il ne pouvait que lui dire la vérité. On ne lui avait jamais dit une aussi jolie chose. C'était précisément la raison pour laquelle elle restait pétrifiée, pétrifiée d'une joie béate. Elle n'aurait jamais imaginé cela possible.

- Je suis une étoile ? Mais depuis quand ? Tu ne me l'as jamais dit !

C'était comme si elle ne l'avait jamais su, comme si on venait de lui révéler une étrange vérité à son sujet. Elle l'interrogeait sans comprendre. Elle n'avait jamais eu une estime aussi haute pour sa propre personne.
Elle déposa sa petite main dans la sienne, sans même s'en rendre compte, de façon tout à fait hasardeuse semblait-il. Bien sûr qu'elle lui faisait confiance, c'était son préfet préféré. Et puis elle était une étoile, et lui une planète, perdus tous deux dans le même univers. Il n'avait plus qu'à la tirer physiquement vers le haut, comme il le faisait déjà depuis le départ. Elle prenait le risque de tomber avec lui, mais après tout ce n'était pas grave, ils n'auraient plus qu'à se relever si cela se produisait.

Une autre pensée, fantasque, lui échappa.

- Et si on choisissait une étoile et qu'on lui donnait nos noms. L'étoile de Thomas et de Deborah. L'étoile T&D. Tu veux bien dire oui ?



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Lun 4 Mai - 23:42

Holes in the Sky
Deborah & Thomas


L’idée lui sembla si belle qu’il se demanda un instant, si c’était le froid, si c’était la beauté de sa voix, l’envie de réaliser cette idée, ou sa main dans la sienne qui frissonna dans sa colonne courbée. L’étoile T&D. Cela semblait si joli; Thomas n’avait jamais pensé à une telle chose, s’approprier l’univers. Ses rêves s’étaient toujours arrêtés un peu tôt – il n’avait jamais pris le temps de les construire assez. Il n’avait pas de rêve, si ce n’est celui de voir le monde heureux – de voir un monde trop brillant pour qu’on ne s’en lasse pas. Si ce n’est le rêve des autres; celui de pouvoir les réaliser. Il imaginait celui de Deborah doux, incertain. Elle rêvait peut-être de voyager, de voir le monde d’une autre façon, contempler ces paysages, ces aurores boréale — cette magie qu’ils n’avaient pas ici, à Poudlard; ici, la magie était autre, différente. Ses rêves étaient utopiques – ceux de la jeune fille le rendaient ludique. Il ne souriait plus, ce jeune homme émerveillé – son regard était bien trop captivé par cette idée, rempli d’étoiles invisibles, que lui seul voyait. Il se noyait dans les yeux de Deborah – dans un il ne savait quoi. Il y avait ses doigts, cette chaleur dans sa main. Une pression sur ses jambes, une autre dans son bras – et il la faisait voyager, de quelques centimètres, vers le ciel qu’il atteignait. Il ne le voyait pas vraiment – l’imaginait, comme elle le faisait; parce que son regard, le monde qu’elle lui offrait, semblait si beau, rempli de magie et d’innocence, qu’il voulait le voir, le partager. Lui voler son regard, le temps d’un instant, d’une soirée.

Bien sûr qu’il dirait oui – les non sonnaient si mal, à son oreille, avec sa voix; c’est peut-être pour ça qu’il ne refusait jamais grand chose, le Thomas. Ou c’était peut-être les larmes de déception, qui le terrifiait. Elles n’étaient pas toujours visible, ce pouvait être une simple moue, un simple mouvement; il n’osait refuser qu’à lui même, ses envies, ses pulsions: il n'avait pas peur d'être triste, Thomas, il se disait qu'il ne pouvait pas l'être. Et cela semblait si vrai, qu'il s'en était persuadé; il ne connaissait plus ces sentiments de vide ou de solitude. Il les embrassait avec passion, il les acceptait et en profitait; la tristesse même le rendait heureux. Il pleurait, Thomas, comme elle avait pleuré dans ses bras. Puis il rigolait, et c'était fini; ce n'était que des minutes nécessaires à son bonheur.

Elle n’était pas si petite qu’elle l’imaginait, Deborah. Il la voyait grande, il la voyait entière, construite; il la voyait bien plus grande qui lui, alors que sa tête était baissée. Grande dans son esprit. C'était étrange — comme plus rien n'avait d'importance, comme le temps et l'espace semblaient ne plus exister. Il ne lui suffisait que de lever les yeux au ciel pour y voir la jeune fille — il aurait pu la voir jusque dans ses rêves, dont il ne se souvenait jamais.

« C’est la plus belle chose que personne n’ait imaginé ! »

Et il y avait toujours sa main, dans la sienne. Ses doigts glissèrent doucement des siens — peut-être quelques secondes trop tard, pour que cela paraisse anodin. Il aurait voulu la garder, juste pour lui. C’était un sentiment trop égoïste, se dit-il, une fois encore. Il n’avait rien à rajouter, étrangement. Il parlait plus, habituellement, pourtant, elle lui avait comme coupé tout souffle — il se sentait si fragilisé qu’un mot encore de sa bouche, et il se serait senti tomber, s’écrouler d’un étonnement chaud et apaisant. Mais pour choisir cette étoile, ils devraient s’enfuir, quitter ce cocon qu’ils s’étaient créés. Aller ailleurs — leur salle commune, ou les jardins, une tour, si haute qu’ils seraient invisibles au reste du monde. Juste elle, et lui. Il sourit, de ces sourires gentils, de ces sourires amusants.

« On choisira une étoile brillante, facile à repérer ! Et dès qu’on sera triste ou que — peu importe, on la regardera ! Et — »

Et elle ne pleurerait plus jamais, il l’espérait. Une main incertaine s’aventura vers son visage — une mèche qui l’encadrait; il la frôla à peine, avant de la laisser tomber, sur l’épaule de Deborah. Il aurait voulu la choisir maintenant, cette étoile, que le plafond se transforme en un ciel étoilé, rempli d’astres et de lumières. Il aurait voulu que tout soit si rapide que son coeur s’en était accéléré, que son souffle se saccadait. Ces choses là n’étaient pas possible, pas ici. Pas dans cet endroit confiné, où il se sentait si bien.

« Il faudrait rentrer à la salle commune. De là, on y voit toutes les étoiles, et on pourra choisir notre préférée. »

Sourire. C’était son endroit favori, avec ce dôme, qui s’ouvrait sur le ciel, sur la nuit et le jour. Qui laissait place aux rêves et aux histoires. Il se dit soudain que Serdaigle lui correspondait. Il ne se trouvait pas très intelligent, Thomas, un peu trop naïf pour espérer réfléchir à des choses que tout le monde sait. Peut-être que ce n’est pas ce qu’autrefois, Rowena cherchait. Ce n’était peut-être que cette immaturité, ce besoin de rêver, qui l’avait conduit dans la maison bleue. Il avait après tout ça en commun avec Deborah; et le destin avait fait qu’ils soient dans la même maison, qu’ils se cotoient. Il se souvenait encore de ce jour où, pour la première fois, ils s’étaient parlés, deux étrangers assis à la même table pour la première fois. Et de cette fois, qui avait marqué leur relation inespérée. Et puis — de sa gentillesse, de l’avoir pardonné. En y réfléchissant, tout était peut-être déjà tracé; il n’avait pourtant pas fait exprès, de tomber, de la toucher, de l’humilier. Mais les requins volants planaient toujours dangereusement dans son esprit; il avait été si étonné, lorsqu’il découvrit que son épouvantard était encore bien pire !

Et soudain il aurait voulu, lui aussi. Manger les gâteaux de sa maman — lui offrir les plus beaux cadeaux pour ses anniversaires; il en avait déjà loupé quinze, avait simplement crié un merveilleux anniversaire le jour venu; et il aurait profité de ces instants si souvent. Soudain, il aurait aimé, l’avoir connue plus tôt, faire les courses avec elle. Et puis — lui faire partager son enfance, qu’elle voit son monde, surement si différent du sien. Il se demandait bien, Thomas, comment elle avait pu grandir. Et soudain, tout était si intéressant; comment était sa maman ? Était-elle aussi jolie qu’elle ? Elle ne pouvait que l’être; et son père, était-il aussi terrifiant et fascinant , aussi captivant ? Ils ne pouvaient que l’être — il voulait déjà les connaitre, leur offrir des fleurs et. Pour la première fois, rencontrer des moldus ne le dégoutait pas. Après tout, les parents de Deborah ne pouvaient pas polluer la planète: et il leur aurait pardonné, s’ils le faisaient, parce qu’ils avaient créé la plus belle étoile que le monde connaitrait. Elle l’était depuis sa naissance; elle l’avait toujours été. Tout le monde l’était; il ne le lui avait pas dit alors, trop absorbé par la main qu’elle lui avait rendu.

Sa main glissa dans le vide, et il fit un pas en avant, puis un deuxième. Et alors qu’il marchait, avec pour seule envie celle de rester, de faire demi-tour et de recommencer, pour que ce moment jamais ne s’éteigne, il se dit que peut-être, il avait une idée. Un peu trop étrange pour qu’il ose se retourner, la regarder.

« Tu sais, je me disais. Si un jour tu fais des cauchemars, ou que tu as peur de t’endormir ou – enfin. J’ai réussi à faire une potion onirique, que le professeur Mantis a validé alors. Si tu veux, je t’en donnerai la moitié, quand on sera rentré. Si on la boit ensemble, je pourrai venir dans tes rêves pour – Enfin, c’est une idée. »

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Serdaigle



Deborah Bolton
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Sam 9 Mai - 20:53




THOMAS & DEBORAH
Le vent l'emportera tout disparaîtra mais le vent nous portera la caresse et la mitraille et cette plaie qui nous tiraille le palais des autres jours d'hier et demain le vent les portera

Une sorte d’excitation joueuse secouait son corps d’innombrables tremblements. Elle le fixait avec cette fougue aux accents encore timides, et tantôt emportée par toutes ces images rêveuses, stellaires, qui n’appartenaient qu’à eux. Elle voulait qu’ils aient ce point lumineux dans la clarté de la nuit, leur marque à eux parmi tant d’autres dans ce trop vaste univers, et dont eux-seuls connaîtraient le nom. Avec cette idée excentrique, qu’ils ne seraient que deux à l’entrevoir. Elle s’imagina brutalement six ou sept ans plus tard, dans un lieu qui n’importait pas tant que ça, reconnaître l’étoile T&D, et songeait que Thomas aussi de là où il se trouverait, pourrait à son tour l’observer. Deborah ne voulait pas oublier Thomas. C’était bête comme on finissait toujours par partir chacun de son côté, c’était bête de ne garder que des souvenirs vagues des gens, oublier ces moments si particuliers qui avaient pourtant comptés, l’espace d’un instant. Bien sûr, elle voulait chérir ces fractions de temps, elle vouait d’ailleurs un véritable culte au souvenir mélancolique. Mais en un sens, étrangement, elle ne voulait pas que Thomas se transforme en une silhouette floue, dont elle oublierait peu à peu les traits. Et cela la rendit triste. Elle voulait pouvoir fermer les yeux, revoir son sourire de manière toujours aussi nette. Mais en même temps elle gardait cette joie naïve en l'écoutant. La plus belle chose que personne n'ait jamais imaginé. Elle ne savait plus quoi choisir, quoi ressentir. Il y avait comme des oscillations, des relents d'inquiétude mélangés à des raz de marée d’enivrement prospère.  

Elle ne fit aucun mouvement quand elle sentit sa main approchait de son visage. Ils étaient dans une bulle confortable. Elle se demanda si cette complicité disparaîtrait une fois qu'ils auraient quitté la salle. Elle espéra que non. Elle se demanda s'ils pourraient marcher l'un à côté de l'autre comme elle s'était cachée sous son bras lorsque tout n'allait pas. Elle se demanda si les autres remarqueraient les traces, les indices, les sourires, d'une proximité furtive. Elles espéra que non. C'était un moment qui, comme leur nouvelle étoile, n'appartenait encore qu'à eux. Mais pourtant, elle ne désirait pas que ces dernières minutes s'oublient ici toutes seules, avec le reste des objets insolites qui figuraient dans la liste des objets perdus. Elle se retourna, détailla d'un oeil tranquille l'endroit où ils s'étaient assis un peu plus tôt. Le sol y semblait moins poussiéreux. Combien avant que le temps se réapproprie les lieux, ensevelissant leurs deux ombres, encore visibles contre la vieille armoire.

Elle le vit s'avancer, sans se retourner. Elle l'écouta encore, les yeux comme deux billes luisantes. Il voulait venir dans ses rêves. C'était la proposition la plus folle qu'elle n'ait jamais entendue. Elle savait déjà pertinemment ce qu'elle voulait lui montrer. Elle l'imaginait déjà dériver parmi les étoiles. Elle lui fabriquerait un casque de cosmonaute, elle voulait lui faire visiter la moindre parcelle de son esprit, glisser sur de la poussière d'étoiles, faire escale sur la Lune, jouant au grès de l'atmosphère, pour mieux retomber ensuite dans un océan coloré avant d'escalader tour à tour des montagnes enneigées. Deborah se réjouissait.

S'il lui avait fait face, il aurait vu son pas vif et décidé, l'ouverture béante de ses bras, cette approche rapide, cette détermination dans son regard. Elle lui fit la surprise. Elle lui fit la surprise de lui rentrer dedans, littéralement. Ses bras l'entourèrent. Elle le tenait. Et elle le serra, du plus fort qu'elle pouvait, comme elle ne se serait jamais crue capable de serrer quelqu'un avec autant de vigueur, la joue écrasée dans son dos.

_ Tu es le sorcier le plus génial du monde, Thomas Walter.

Puis elle s'en sépara, le dépassa d'une course rapide, et disparut enfin au détour d'une rangée, d'un couloir de draps en tout genre, les joues encore rougies par le ton très solennel de sa voix, par cette pulsion soudaine qui l'avait poussée dans cette étreinte. Elle lui cria pourtant au loin.

_ Rejoins-moi dans la salle commune !




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