Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
poufsouffle
1189 pts
serpentard
918 pts
serdaigle
661 pts
gryffondor
612 pts

l'unité
203 pts
ligue des sorciers
223 pts

Caesius ▬ fondatrice retirée
Viridus ▬ administratrice
Kalev ▬ modératrice
Sloan ▬ modératrice
Flavian ▬ modératrice



 
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Erised stra ehru oyt ube cafru oyt on wohsi ✖ lucrezia

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& empois...infirmier de Poudlard



Absynthe Bridgestone
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Ven 28 Mar - 23:04
« Les miroirs sont des glaces qui ne fondent pas ; ce qui fond, c'est qui s'y mire. »


On aurait pu dire qu'Absynthe avait erré sans but dans les couloirs avant d'entrer dans cette pièce. Qu'il avait trop d'énergie pour dormir et que seule une marche hasardeuse dans Poudlard pouvait le calmer. Qu'il avait trop peur de croiser Destiny ou son collègue insomniaque le professeur Lovecraft, et que ses pas l'avaient menés dans un lieu où il se sentait en sécurité. On aurait pu dire tout cela, mais ça n'aurait pas été la vérité.
La vérité, c'est qu'Absynthe y avait pensé, consciemment, à entrer dans cette pièce en plein milieu de la nuit. Il n'avait même pas essayé de s'endormir. Comme souvent, il s'était couché en travers de son lit et il avait regardé son plafond sans grande conviction, les murmures étouffés des occupants des tableaux qu'il avait pris l'habitude de retourner contre les murs en fond sonore. Ils râlaient toujours un peu au début, mais ça l'aidait à s'endormir. Pas cette nuit.

Ses pas l'avaient menés ici. Il aurait dû trouver une occupation plus constructive, moins malsaine, mais cette nuit était particulière puisqu'elle faisait suite au départ de Caesius de l'infirmerie. Il s'était mis dans une telle colère... et lui aussi. Alors peut-être que, inconsciemment, il avait eu envie de le voir sourire.

Le miroir n'était pas couvert, ce qui le surpris. Non qu'il vienne souvent ici, n'empêche... il lui semblait que les lieux étaient laissés à l'abandon. Il ne se posa pas davantage de questions et contourna le cadre pour leur faire face. Ils étaient là. Tous les trois. Ils entouraient l'infirmière, et Absynthe réalisa qu'il avait presque oublié ce que cela faisait de la voir en couleur. Il ne réalisa pas tout de suite qu'il retenait sa respiration. Il souffla un bon coup en se sentant parfaitement stupide. Aux dernières nouvelles, le miroir n'allait pas le manger. Il n'était pas inoffensif pour autant, Absynthe le savait, se perdre dans la vision d'une vie rêvée était dangereux, on en oubliait de vivre, bla bla. Il était assez grand pour ne pas tomber dans la contemplation du reflet, surtout que ce dernier ne lui plaisait pas des masses, vie rêvée ou pas. Certains se voyaient réussissant leurs études, pratiquant le travail de leurs rêves, entouré des enfants qu'ils voulaient avoir, toutes des choses liées à l'avenir.

La vision d'Absynthe était coincée à mi-chemin entre le passé et un avenir impossible. Il aurait aimé retrouver ces visages souriants à ses côtés mais il savait que sa vision ne se réaliserait jamais. Pas dans sa totalité, du moins, et le détail manquant était bien le plus important.

Absynthe pencha légèrement la tête sur le côté pour déchiffrer la description incrustée dans le cadre du miroir. Il fallait la lire de droite à gauche, mais aussi ré-assembler les lettres en de nouveaux mots pour comprendre la signification de la phrase, et l'essence même du miroir du risèd. Comme si le reflet en lui-même ne faisait pas tout. Y'avait-il autre chose derrière ces sourires ? Absynthe avait du mal à se concentrer sur le sien, l'expression lui semblait étrangement factice. Il recula lentement pour échapper à la vision de ces trois visages trop heureux pour être vrais. Lorsqu'il fut assez loin pour que les contours du reflet deviennent vagues, il soupira de soulagement. Il avait beau savoir que rien n'était réel, cela le mettait mal à l'aise. Il s'en voulait de voir ces choses-là.

« I don't show your face, but your heart's desire »
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Ven 28 Mar - 23:50

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Under water, i can leave under water. ♪

Quelle heure il est ? Cette chanson trotte dans la tête de Lucrezia. Elle tourne, et tourne encore, comme un manège infernal. Elle finit par se lever, discrètement pour une fois, et sort dans son pyjama doré. Elle s'installe un instant dans le vieux canapé près du feu, dans la salle commune des poufsouffle. Mais même sa douce chaleur ne l'endort pas. Puis, un murmure. Elle lève la tête, totalement éveillée, ses yeux pâles écarquillés.

Achille ?

La voix de son frère. A t-elle rêvé ? Elle a le coeur qui bat à tout rompre. Puis, elle se décide. Elle connaît des secrets, elle aussi. Si Achille veut lui dire quelque chose, elle sait où aller. Et ça se passe au quatrième étage. Le miroir du riséd. On lui en a parlé. Quelqu'un.  Elle ne sait plus quand, ni où et ça n'a aucune importance.

Ce soir, alors que ses pantoufles râpent sur le sol froid, et que son peignoir arrive à peine à vaincre le froid, elle sait. Elle sait que ce froid ne vient pas de dehors, mais de dedans. Que son frère lui manque, à un point si cruel qu'elle a besoin de se bercer d'illusions éphémères. Elle court. Elle perd une pantoufle, elle s'en fiche ; elle a les yeux embués de larmes. Lucrezia continue d'entendre cette voix, un murmure, comme un souffle de vent ; allez savoir si c'est dans sa tête ou non. Sûrement. Toute l'école - ou presque - la croit folle, alors, hein.

Elle court encore. Puis, elle y est. Elle aura perdu son souffle, une barrette et un chausson. Le froid de la pièce s'engouffre en elle, mais elle est déjà glacée. Le miroir trône au milieu, couvert d'un linge. Elle le tire, et il suffit d'un instant. Un instant de vide, et il est là, à côté d'elle. Il a la main posé sur son épaule. Lucrezia baisse le visage, et pose sa joue sur les doigts du fantôme. Achille, achille, répète t-elle comme une litanie. Les larmes roulent sur ses joues, pathétiques diamants, cruels indices de son humanité. Elle, si souriante d'habitude, la voilà qui renifle, à moitié étouffée par ses sanglots.

Elle tombe à genoux, le front posé sur le verre glacé. Comme si ça pouvait la rapprocher de son jumeau. Dans le miroir, Achille lui sourit, doucement, tandis que son reflet roux l'observe avec perplexité. Elle a envie de griffer cette fille, ce moi idiot qui ne comprend pas la chance qu'elle a. Lucre serre contre elle le tissu de protection qui protégeait le miroir, comme un doudou, et enfoui son visage constellé de larmes. Elle se mouche à moitié dedans, à vrai dire, sans réaliser.

Achille ! Achille, reste avec moi ! Qu'est-ce qu'il y ...

Du bruit. Elle a entendu du bruit ! Achille lui indique un coin, plus loin, et rapidement, Lucrezia se roule en boule, sous le linge. On pourrait presque croire qu'il a été jeté là négligemment en un petit tas. Ses yeux, encore humides, sont cependant grands ouverts. Une silhouette se faufile aussi dans la pièce. Elle a du mal à le reconnaître, mais c'est bien lui. Absynthe, l'assistant de mam'zelle Euphrasie. Elle l'a rarement vu ; elle évite l'infirmerie. Rien de mieux que le rire comme thérapie, hein ? En ce moment, ce n'est pas exactement la joie qui l'étouffe. Elle serre un peu plus fort le tissu contre elle, le coeur battant. Elle ne voit pas ce qu'il voit, par contre, ce qu'elle voit ...

Tristesse.
Déception, peut-être aussi.

Ces émotions sont dessinées sur les traits délicats de l'infirmier avec une cruauté crûe. Qu'y voit-il, pour avoir l'air si triste ? Lucrezia sent son chagrin s'envoler un peu, remplacé par la curiosité. Il reste là, debout. Il est grand. Très grand même. Et très fin. Il lui rappelle un peu les héros des tragédies grecques. Ou peut-être - peut-être qu'elle se fait des films. Mais cette expression triste ... M'sieur Caesius a la même. Parfois. Ce même regard inexpressif, ou pire, si expressif qu'on dirait une lame de couteau. Une lame froide, qui le fouille, pour trouver la douleur. Lucrezia fronce les sourcils, et involontairement, renifle.

SNIF.


Mince ! Elle écarquille les yeux, sûre et certaine d'être dans de beaux draps. Pas juste physiquement, hein. Si M'sieur Bridgestone la trouve, elle va avoir de sacrés ennuis. Elle serre encore plus fort le drap sur elle, comme si il pouvait la rendre invisible, mais elle renifle encore, sans pouvoir se contrôler. Il n'y a pas quinze endroits où se cacher. Alors, presque courageusement, elle se redresse ; le drap coule de ses épaules, tombant en froufroutant à terre. Et elle pose son regard encore brillant et humide sur M'sieur Absynthe. Et, comme pour le défier, elle renifle. Juste avant que son corps ne soit secoué d'un nouveau sanglot.

Sa propre tristesse reprend le dessus, alors que ses pensées fondent sur elle, comme des rapaces. Achille, Achille. Litanie, de nouveau. Prononce t-elle ce nom, vraiment, ou est-ce juste dans sa tête ? Dans sa tête, dans sa tête ; c'est là que vis Achille, à présent. Dans sa tête.

Cause all I need ; Is the love you breathe ...
And i can leave, under water.  ♪

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Sam 29 Mar - 15:39

Absynthe regarda autour de lui et croisa les bras comme pour repousser le reflet. Il ne se sentait pas beaucoup mieux, évidemment. Il ne savait pas ce qu'il était venu chercher ici. Qu'est-ce que la vision du risèd était censée lui apporter ? Un sentiment de soulagement ? Les souvenirs qu’il avait refoulés ? Sa culpabilité envolée ? Quelle blague. Il ne ressentait rien de tout ça. À vrai dire, il ne ressentait pas grand-chose. Voir les visages d’Euphrasie et de Caesius éclairés de bonheur près du sien n’avait fait que creuser davantage le trou de sa culpabilité. Ça sonnait vide. Ça sonnait faux. Ça voulait dire qu’il n’avait plus le droit à tout ça. Absynthe en aurait pleuré si cela avait été le genre de droit qu’il s’arrogeait encore. Et même s’il avait pu, ça n’aurait servi à rien. La seule chose qui lui faisait du bien, là tout de suite, était de serrer ses bras contre lui, comme s’il pouvait physiquement contenir le trou noir à l’intérieur.

SNIF.

Il sursauta. Ça ne venait pas de lui. Alors à moins que les reflets se mettent à parler... Merlin, non. Il chercha du regard d’où venait ce bruit étrange, les bras serrés contre son ventre comme un gosse effrayé dans le noir. Il ne voyait personne. Il n’y avait rien, à part... un grand drap au fond. Sûrement celui qui recouvrait le miroir. Quelqu’un avait dû le laisser là, en tas. Absynthe s’avança légèrement. D’autres reniflements, le drap trembla. Absynthe comprit. Il ne savait absolument pas comment réagir, mais il comprenait. Une petite silhouette sortit de sous sa cachette, et d’instinct l’infirmier recula. Reniflement. Sanglot. Il baissa les yeux.
Que dit-on dans ce genre de situations ?
Il avait oublié.

Miss Clevens, reconnut-il doucement.

Parce que c’était la seule chose censée à faire. Reconnaître sa présence, sa personne, se rappeler qui elle était. Absynthe ne l’avait pas vue souvent à l’infirmerie, de toute manière il oubliait toujours la moitié des noms de ses patients, mais l’élève ci-présente avait attiré son attention d’une manière différente.
Elle était toujours d’extrêmement bonne humeur.
Il la dévisagea un instant, puis se rendit compte que cela devait être gênant pour elle, qui était en train de pleurer. Il fouilla ses poches pour voir s’il n’avait pas un mouchoir ou quelque chose comme ça. Son autre bras restait serré sur son ventre. Ça n’allait pas du tout.

Ça va aller ? Tenez, prenez un mouchoir.

Ça n'allait pas du tout. Que voyait-elle dans le miroir ? Il y avait peu de chances que sa tristesse soit liée à autre chose. Elle était là avant lui, et il s'étonnait de ne pas l'avoir vue plus tôt. Elle s'était cachée, forcément. Les élèves étaient censés dormir à cette heure, pas se promener dans les couloirs. Mais les adultes aussi. Absynthe lui tendit un des paquets de mouchoirs roses à imprimés moutons qu'ils avaient toujours à l'infirmerie. Elle les aimait bien. Il n’osait plus regarder le miroir. Il n'osait pas trop s’approcher de Lucrezia non plus, il ne voulait pas la mettre mal à l’aise. Il n’était pas doué pour réconforter les gens avec des mots, et là en plus il n’était pas d’humeur. Il avait même envie d’un câlin. Un chocolat chaud, un bisou et dodo. Il n’allait pas le dire à Lucrezia, bien sûr, les adultes sont censés maîtriser ce genre de situations. Bonne idée, tiens. Agissons en adulte.

Qu’est-ce que vous faites ici en pleine nuit ? ... Je ne vais pas vous dénoncer, ne vous en faites pas.

Ou pas, en fait. Laissons tout ça de côté.
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Sam 29 Mar - 16:05

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Bursting through a blood red sky ; A slow landslide ; and the world we leave behind ... ♪

Il s'était approché. Curieux. Et pourtant, même avec ça, on sentant encore ... Quelque chose, au fond de ses yeux. Lucrezia savait ce que c'était. Elle voyait ce regard, dans le miroir, quand son frère lui souriait. Elle ne pouvait pas faire autrement que se montrer. Et au moment où elle aurait voulu être aussi intelligente qu'une serdaigle ou aussi courageuse qu'une gryffondor, elle laissa ses larmes rouler. Sincère comme une poufsouffle. Le fait qu'il la reconnaisse, qu'il prononce fut comme une formule magique.

Achille. Non, bien sûr que non, il n'avait pas prononcé son nom. Mais lui, lui, M'sieur Absynthe, il l'avait fait. Elle devait s'ancrer dans la réalité, petit bateau perdu dans l'immensité d'émotions plus grandes qu'elle. Dans cette mer chaotique, où elle dérivait habituellement en riant. Mais on ne peut pas éviter tous les écueils. Au moins, elle pleurait à peu près silencieusement, mis à part ces reniflements. Elle voulut essuyer ses yeux qui semblaient ne jamais se décider à cesser de fuir, mais M'sieur Absynthe lui tendit une boîte de mouchoirs. Elle en prit un, et se mit à rire, devant les moutons et la couleur. C'était mignon. Mignon à en continuer de pleurer. Elle se moucha bruyamment, et leva les yeux pour l'observer à travers le kaléidoscope des larmes.

Il évitait le miroir. Il évitait de le regarder. Qu'y voyait-il ? Mademoiselle Euphrasie ? Lucrezia était certaine d'une chose. La mort de l'infirmière avait formé le trou béant dans le coeur de Absynthe. Il suffisait de le voir la regarder. Ou plutôt, non ; de le voir ne pas la regarder. Toujours souriante, toujours douce, M'zelle Euphrasie. Comment ne pas l'aimer ? Comment ne pas mourir d'amour, quand on savait qu'elle ne pourrait jamais vivre ? Lucrezia prit soudain conscience de la dureté de la vie du pauvre infirmier. Si il aimait l'infirmière, quelle torture ce devait être !

Les paroles du jeune homme firent naître une espèce de panique en elle. Une étincelle, qui brilla dans ses yeux ; elle sécha ses larmes, les joues et le pourtour des yeux rouges. Quel tableau pitoyable elle devait former, en pyjama, un pied nu sur le sol froid. Elle ne devrait pas être là. Mais c'est uniquement là que ses rêves et ses espoirs pouvaient prendre forme, un instant durant. Malgré elle la peine se mua en une force, qui plutôt que de la faire pleure, crispa ses traits. Elle avait l'air bien plus mâture dans son chagrin, qu'habituellement où elle souriait d'un air idiot. C'était un peu une autre Lucrezia, celle sous le vernis de joie.

Monsieur Absynthe ... Je ...

Achille. Elle avait tourné la tête. Elle le voyait, dans le miroir, les observant tous les deux. Il y avait le reflet d'Absynthe, en face d'elle. Et derrière eux, un autre reflet, celui de son âme. Son jumeau, aux cheveux longs nattés, au regard un peu plus sombre que le sien, aux traits masculins. Elle en garçon ; un petit bout d'elle-même, tout simplement.

Et alors que les larmes se mettaient à couler de nouveau, elle inspira, et les mots sortirent tout seul. Comme si elle avait eu besoin de déverser tout le poison qu'elle contenait. Comme si c'était un trop plein, un poids trop lourd. C'était sûrement le cas ; elle ne s'en était juste jamais rendu compte, trop naïve, trop innocente pour comprendre son propre chagrin.

Je suis vraiment désolée mais ... J'avais besoin de venir ici. Parfois, il arrive que ce miroir offre un ultimatum. Non, je m'explique mal ... Sa voix ondulait au gré de ses sanglots très doux, qui faisaient à peine bouger ses épaules. Son regard pâle, débordant de larmes, était soudé au miroir ; soudé à l'autre regard bleu, qui la fixait elle aussi. Il est des choses en ce monde dont on a besoin. Mais ... Mais il est possible qu'on nous les enlève. J'avais besoin de voir Achille !

Sa voix se brisa quand elle voulut dire le prénom. Sa main se leva, tremblante, et toucha le miroir. Elle aurait presque espéré pouvoir passer à travers. Ce qu'elle racontait n'avait aucune importance, dans sa tête ; ses lèvres bougeaient toutes seules, comme mû par une volonté propre.

Connaissez vous la sensation de perdre votre moitié, Monsieur Absynthe ? J'ai vécu cela, moi. On peut me prendre pour une folle, à parler toute seule, mais ils se trompent, tous. Je ne parle pas toute seule. Je ne suis qu'une moitié, parce que j'ai eu le malheur de perdre mon jumeau. Et ... Et même si je sais que regarder ce miroir est dangereux, qu'au fond, ça ne peut pas être vrai, A-Achille ... Il me manque ... C'est comme un trou là où j'ai mon coeur ...

La main droite toujours posée sur le miroir, elle porta sa main gauche à l'endroit de son coeur. Tragique, peut-être, mais elle voulait presque voir si il battait encore. Pourquoi le sien battrait-il, alors qu'Achille n'avait même plus de corps ? Pourquoi devait-elle vivre, moitié triste et fade d'un tout ? Puis, elle réalisa.

Pourquoi pleurer ? Achille ne pleurait jamais.

Il ne fallait pas pleurer. Cela ne résolvait rien.

Elle secoua la tête, faisant voltiger quelques larmes qui atterrirent sur le verre et y glissèrent, comme si l'objet lui-même pleurait. Puis, reniflant de nouveau, elle se tourna vers M'sieur Absynthe et sourit, ayant retrouvé sa joie. Elle rougit un peu et se gratta la nuque, ne sachant plus où se mettre à présent que son chagrin avait été comme aspiré.

Pardon ... Monsieur Absynthe ... Je ... Je voulais pas vous dire tout ça. Mais ... M'sieur Absynthe ? Je pense que ... Je pense que vous, vous pouvez comprendre, hein ?

Lucrezia n'en dit pas plus. Mais elle savait. Elle savait que lui aussi avait perdu quelque chose. Quelque chose d'important, de vital. Et qu'à présent, lui aussi n'était plus entier. Elle ne savait pas quoi, ni comment. Mais c'était presque réconfortant de se dire qu'une personne dans ce château ne la prendrait pas pour une folle. Peut-être que si, en fin de compte, mais qu'est-ce que cela changeait, hein ?
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Sam 29 Mar - 17:23
Elle rit un peu en prenant un mouchoir, et Absynthe sourit malgré lui, parce que c'était une réaction tout à fait normale. Lui-même, la première fois, avait haussé un sourcil étonné et s'était amusé des imprimés affreusement mignons. Comme s'ils pouvaient chasser le chagrin parce que, hé, c'étaient des moutons roses ! En même temps, ça correspondait tout à fait au genre de choses que l'infirmière vous offrait pour vous consoler, parmi sa douceur et sa gentillesse presque inhumaine. Absynthe ne connaissait personne qui soit aussi gentil qu'elle au naturel. Il essayait de prendre exemple sur elle, conscient que sa mauvaise humeur presque constante n'aidait pas les patients à aller mieux. Ici pourtant, il n'était pas à l'infirmerie. Il aurait pu donner ce mouchoir à Lucrezia Clevens et l'escorter jusqu'à son dortoir. Mais il ne pouvait décemment pas la laisser dans cet état.

Même si ce n'était pas de sa faute, il sentait que sa peine était liée au miroir, et la sienne était liée au miroir, et en un sens ils étaient liés par le miroir. Il n'osait toujours pas le regarder, mais elle avait tourné la tête vers lui, et Absynthe pensa oh. Ça n'allait pas. Ça n'allait pas du tout. Elle se remit à pleurer et Absynthe eut la confirmation que sa tristesse était liée à la même chose que lui. Il ne se tourna pas vers le miroir, conscient qu'il ne verrait pas la même chose qu'elle. De toute manière, elle lui donnait elle-même l'explication, maladroite, étouffée par les émotions : Achille.

Absynthe n'eut pas le culot de lui demander qui était Achille. Il ne savait pas qui il était, et en même temps, en voyant la façon dont la jeune élève de Poufsouffle en parlait, la peine dans sa voix et sur son visage, il savait parfaitement qui il était. Une excuse mourut dans le fond de sa gorge. Il regrettait d'avoir posé la question, de l'avoir forcé à en parler, comme si cela n'avait fait que renforcer sa peine. Absynthe savait bien que c'était idiot, qu'on avait pas besoin de ça, mais son cœur se serra quand elle posa la main sur le reflet - son regard l'avait suivi sans qu'il le veuille. Elle posait sa main près de Caesius. Elle ne pouvait pas le voir, bien sûr, mais la proximité des deux têtes rousses lui fit serrer son ventre à nouveau. Il croisa les bras et se força à ne pas regarder le miroir, mais c'était soit le miroir, soit Lucrezia, et les deux le rendaient triste.

Il ne connaissait pas sa peine, il n'avait pas de jumeau, jamais perdu de frère, et Merlin que c'était cruel pour quelqu'un d'aussi jeune qu'elle. Il se sentait un peu décalé, avec sa peine mal placée, puisque après tout, contrairement à lui, Lucrezia n'y pouvait rien. La vie était cruelle parfois, souvent, elle ne le méritait pas. Le contraste entre cette peine immense et ces sourires qu'il percevait parfois au détour d'un couloir le rendit plus triste encore, parce que ce qu'elle disait, c'est que les autres ne comprenaient pas, se moquaient d'elle pour cela, et c'était méchant, mais tout à fait le genre de réactions que l'on pouvait attendre de quelqu'un qui ne savait pas. C'était vrai, après tout. La gamine parlait toute seule ? Elle était sûrement un peu folle. Absynthe ne s'était jamais posé la question, simplement parce qu'il ne l'avait jamais vue de ses yeux, juste entendu les rumeurs. Peut-être aurait-il pensé la même chose que les autres.

Ou peut-être aurait-elle eu ce même regard, qu'il aurait reconnu. C'est comme un trou là où j'ai mon cœur. Absynthe sentit ses mains se crisper sur son ventre. *Je sais.* Il avait envie de hurler. Je sais, parce qu'il est là aussi. Combien de temps cela faisait-il ? Dix ans ? Il était toujours là. Les gens vous disaient que perdre un proche était douloureux, mais que ça finissait par passer, ça allait mieux, avec le temps. Ce n'était pas vrai. Absynthe regardait Lucrezia, et sa petite mine qui affichaient vaillamment un sourire. Comment ne l'avait-il pas reconnu, au détour des couloirs ? Elle était très courageuse. Et ce sourire, il aurait eu le même, s'il avait eu le même courage qu'elle.

La douleur ne passait pas, mais on finissait par s'y habituer. On souriait en se disant qu'ils n'aimeraient pas nous voir tristes à cause d'eux. C'était un peu délicat pour l'assistant infirmier, vu les circonstances, mais il se savait capable de lui sourire, à elle.

Pardon ... Monsieur Absynthe ... Je ... Je voulais pas vous dire tout ça. Mais ... M'sieur Absynthe ? Je pense que ... Je pense que vous, vous pouvez comprendre, hein ?

Absynthe desserra un peu ses bras autour de son ventre. Qu'elle sache ne le choqua pas autant que ça aurait pu le faire dans une autre situation. Là, avec le miroir et la tristesse encore palpable dans l'air, il se dit que Lucrezia Clevens était non seulement plus courageuse que lui, mais aussi plus observatrice. S'il l'avait été, lui aussi, il aurait reconnu ce regard. Il lui tendit un autre mouchoir.

Oui.

Il se sentait soudain très embarrassé devant cet aveu, et ils étaient deux au final, à rougir légèrement. Merlin. Ça se voyait tant que ça ? Il jeta un coup d’œil au reflet du risèd, mais les trois sourires lui firent un peu moins mal qu'auparavant. Peut-être parce qu'il sentait qu'il n'était pas le seul à en voir dans le miroir.

Je suis désolé pour votre frère. Je peux comprendre que vous ayez envie de... de venir le voir. Il ne savait pas quoi dire, il était vraiment très mauvais pour trouver des mots de réconfort. Il ne savait pas réagir à ce genre de situation, même s'il en connaissait la peine. Il n'avait jamais su gérer la sienne, comment vouliez-vous qu'il réagisse correctement ? Mais il savait aussi que Lucrezia n'avait pas besoin d'entendre les bêtes mots d'encouragement qu'on répète habituellement. C'est courageux de votre part.

La jeune Poufsouffle de quatorze ans était plus courageuse que lui, ancien Gryffondor de vingt-sept ans. Il sourit, un sourire un peu crispé certes, mais c'était toujours ça.

Et, hum. Vous n'avez pas besoin de vous excuser pour ça. Je comprends, et eum... excusez-moi.

Il rougissait furieusement maintenant, soudain conscient de la force avec laquelle elle devait percevoir sa tristesse à lui. Il ne savait pas très bien pourquoi il s'excusait tout d'un coup, mais il était terriblement gêné. Il pensait que ça ne se voyait pas, qu'on prenait sa tristesse pour de la mauvaise humeur, tout simplement. Il ne faisait rien pour avoir l'air joyeux, il n'en avait pas le courage, mais il n'avait jamais voulu qu'on le sache triste, il n'avait pas besoin qu'on le prenne en pitié, sûrement pas. C'est sans s'en rendre compte qu'il lâcha :

La plupart des élèves pensent que j'ai un sale caractère au naturel, mais je ne veux embêter personne avec ça.
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Sam 29 Mar - 18:05

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Lucrezia l'observait, lui, à présent. Son chagrin était toujours là, palpable dans l'air, mais maintenant qu'elle avait deviné ce qui se cachait derrière le masque de mauvaise humeur de l'infirmier, elle se sentait touchée. Elle n'avait nulle pitié pour lui ; c'était un autre sentiment, plus doux, plus agréable. La compréhension, tout simplement. Et ce regard nouveau qu'elle avait sur le jeune homme lui donnait l'impression d'être bien plus mature qu'à l'accoutumée. Comme si ce qu'ils partageaient, ce lien diffus de douleur et de tristesse, cet écho de morceau de coeur manquan, ça pouvait les lier. L'homme grandit dans les peines, mais c'est dans ses plus grands moments de noirceur que peuvent réellement se lier des gens. La jeune fille avait entendu une phrase dans ce genre, un jour. Elle décelait un fond de vérité dedans ; pourtant, sa bonhomie reprenait tranquillement le dessus, et la peine qu'on pouvait lire dans son regard si pâle disparaissait au fur et à mesure que les secondes passaient, pour redevenir cette force de vaincre, cette force tranquille, cette sûreté qu'elle vivait, et qu'elle devait vivre.

Un mot. Un seul.

Et tout s'envole.

Oui, bien sûr, qu'il pouvait la comprendre. Du haut de sa toute petite taille, elle lui lança un regard doux, comme une caresse ; c'était comme pour le rassurer. Lui dire que tout irait bien. Qu'elle ne dirait rien aux autres, aux autres dehors qui étaient aveugles et qui ne comprenaient pas. Leurs regards retournèrent vers le miroir ; peut-être que leurs reflets étaient différents, mais ils aspiraient à la même chose, sans aucune doute.

Non, ce n'est pas vraiment courageux. Mais c'est gentil de dire de telles choses. Ca me fait plaisir.  

Elle ne se trouvait pas courageuse. En quoi continuer à vivre était-il courageux ? A son avis, c'était mourir, choisir de mourir qui était le pas vers le courage. Elle ne se sentait cependant pas lâche pour autant. Elle se laissait un peu bercer par la vie ; elle avait encore le temps. Lucrezia détourna le regard pour l'attacher au visage du jeune homme. Il semblait mal à l'aise. Son sourire était figé, comme si il hésitait à réellement sourire. La poufsouffle haussa les sourcils : elle ne savait pourquoi, mais elle devinait que ce qui se passait dans cette pièce, ce soir, risquait de changer quelque chose. Risquait de renverser des pions sur l'échiquier de la vie.

Elle eut un petit sourire ; ils s'excusaient l'un et l'autre, c'était plutôt drôle. Voir M'sieur Absynthe, qui était quand même un grand - il avait sûrement plus de vingt-cinq ans ! - s'excuser, c'était presque drôle. Le voir rougir, aussi, c'était étonnant. Il avait d'habitude une mine d'outre-tombe. Voir des émotions se dessiner sur ce visage aux traits fins était un bonheur. Comme si il revivait. Lucrezia l'observa encore, penchant la tête sur le côté, curieuse.

Moi, je ne pense pas que vous êtes mauvais. Ou que vous avez mauvais caractère.  

Sans s'en rendre compte, elle s'approcha de lui, et, ô geste étrange, lui prit la main et la pressa dans la sienne. C'était comme si, après avoir été réconforté, c'était elle qui lui rendait la pareille. Elle leva son visage vers lui - merlin qu'il était grand ! - et sourit délicatement, comme face à un animal farouche qu'elle ne voulait pas effrayer.

Vous savez quoi ? Je devine que vous êtes quelqu'un de bien. Vous êtes humain, et vous ressentez des émotions, mais vous vous préoccupez tellement des gens que vous ne voulez pas les ennuyer avec ça. Vous préférez vous murer, quitte à faire jaser. C'est peut-être ça, qui est courageux. Porter le pois de ses émotions, plutôt que d'envenimer les émotions des autres.

Une dernière pression de la main sur la sienne, tiède, masculine, humaine. Puis Lucrezia retira sa main, consciente de l'ambiguïté qu'un geste pareil aurait pu avoir, au dehors. En dehors de cette bulle qui était créée ce soir, et qui avait pour centre le miroir. Elle s'étira un peu, et se mordilla la lèvre inférieure.

Lucrezia voyait encore Achille dans ce miroir. Mais peut-être était-il temps de laisser son frère tranquille. Il souriait, lui aussi ; ils se ressemblaient, tous les deux, et Absynthe se découpait entre eux comme si le miroir voulait passer un message. Comme pour faire une séparation distincte. Que voyait-il, lui ? Ca n'avait pas d'importance.

Vous êtes plus courageux que vous ne le pensez, Monsieur Absynthe.  

Elle continua de sourire doucement. Sans trop savoir pourquoi, elle appréciait déjà Absynthe. Ils avaient sûrement plus en commun qu'ils ne pouvaient le deviner eux-même. Elle se retint de le serrer contre elle, mais son visage exprimait une douceur et une affection sincère, bien qu'étonnante. Même si elle ne connaissait pas grand chose de lui ... Elle voulait l'apprécier. Elle eut un petit rire bas.

Achille a l'air de bien vous aimer. Vous êtes donc forcément une personne bien.

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Dim 30 Mar - 7:28
Contrairement à Lucrezia, Absynthe pensait que la chose la plus courageuse à faire était de continuer à vivre avec sa peine, de l’accepter, d’aller de l’avant dans la vie - chose qu’il n’arrivait pas à faire, bien sûr. Pour être honnête, il ne se voyait pas aller de l’avant dans la vie ; à chaque fois qu’il se projetait dans le futur, il était toujours à la même place. Mais tout arrêter aurait été trop effrayant, trop lâche aussi. C’était de sa faute, il n’avait pas le droit de se défiler maintenant. À lui de vivre avec ce fardeau, c’était sa punition, à défaut d’Azkaban (il se demandait parfois si les Détraqueurs seraient si horribles que cela) (la réponse était oui). Il ne faisait pas grand-chose, à part se planquer, mais il continuait en espérant trouver une solution un jour. Peut-être inverser sa place et celle d’Euphrasie ? Ou peut-être, tout au fond, espérait-il encore apprendre à aller de l’avant.
C’était stupide.
Il n’était pas courageux, à se planquer avec sa peine, et sa culpabilité plus loin encore. Il sourit tristement à Lucrezia et murmura :

Oh, c’est plus courageux que de refuser de regarder la vérité en face, vous savez.

Il y  avait du regret dans sa voix, et une pointe de colère. Pas dirigée contre Lucrezia, bien sûr ; il était persuadé qu’elle voyait cette vérité mieux que certains. Ce n’était pas parce qu’elle parlait à son frère qu’elle n’acceptait pas sa mort. Chacun gérait le deuil à sa façon. Mais certaine personnes niaient en bloc tout ce qui touchait à ce deuil, et donc leur deuil en lui-même. Absynthe soupira.
Il était encore très en colère contre Caesius, finalement.
Mais il se détendit un peu. Il refusait de se fâcher contre lui à cause de ça, mais Merlin, il agissait vraiment comme un gamin buté. Il comprenait ses raisons, mieux que quiconque. Ne pouvait l’empêcher d’agir différemment, était mal placé pour. Mais parfois, il avait envie d’aller le chercher jusque dans sa serre et de lui donner un bon coup de pied au derrière.

Moi, je ne pense pas que vous êtes mauvais. Ou que vous avez mauvais caractère.

Comme on pouvait s’y attendre, cette remarque n’arrangea pas la teinte plus colorée qu’avait pris son faciès. Absynthe était quelqu’un de sensible, au fond, et les compliments l’embarrassaient énormément. Surtout quand « la vérité sortait de la bouche des enfants ». Ce n’était peut-être pas vrai, mais c’était ce qu’elle pensait, et ça suffisait à l’embarrasser sérieusement. Il ne savait pas pourquoi il avait fait cet aveu, il ne cherchait pas spécialement à ce qu’elle le rassure en lui disant cela, mais c’était l’effet que ça avait eu. Un peu. Il sursauta légèrement quand elle lui prit la main, c’était complètement inattendu et en même temps... étrangement approprié à leur situation. Il ne fit pas un geste, effrayé à l’idée de se montrer maladroit, mais aussi touché par ses paroles, sa douceur et sa gentillesse. Comment pouvait-elle affirmer tout cela ? Elle ne le connaissait pas ? Et pourtant, ses mots remuaient quelque chose, au fond de lui. Il baissa le nez et se demanda si elle était Legilimens ou quelque chose comme ça.

C’était simplement quelque chose que personne ne lui avait jamais dit.

Mais Absynthe n’avait jamais parlé de sa peine à qui que ce soit ; même sa famille proche. Ils étaient tous un peu maladroits avec ce genre de choses. Et savoir qu’ils savaient suffisait à l’empêcher d’en parler avec eux, puisque comme le disait Lucrezia, il n’avait pas envie de les ennuyer avec ça. C’était un peu différent avec l’élève de Poufsouffle ; elle savait elle aussi, mais pas tout. Absynthe eut honte, un temps. Elle n’aurait probablement pas cette réaction si elle savait. Si elle savait. Mais personne ne lui avait dit ces choses-là auparavant et, très égoïstement, il en avait besoin.

C’est gentil à vous. Les mots lui semblaient insuffisants pour exprimer sa gratitude. Il lâcha un rire nerveux : J’ai l’impression que vous en savez plus que moi sur moi-même. Mais, vous savez, tout ce courage dont vous parlez, vous avez le même. Vous n’exprimez peut-être pas les mêmes émotions que moi, et ça vaut mieux si vous voulez mon avis, mais toute cette joie que vous montrez, elle vaut cent fois ma mauvaise humeur.

Soyons honnêtes, elle était bien plus agréable à vivre. Un coup d’œil au miroir qui devait renvoyer le reflet d’Achille mais n’affichait que ceux de Caesius, Euphrasie et lui, et il ajouta avec un sourire :

Vous m’en voyez soulagé.

Il était sincère. Et se fichait bien de savoir si elle avait ds visions et entendait des voix, ou si elle était la seule à voir le fantôme de son frère. C’était sa façon de porter le deuil, c’était à elle et à personne d’autre - Achille était à elle. Son frère avait été une part d’elle, et le serait probablement toujours un peu. Comme sa culpabilité à lui dans son ventre, ou les sourires que le fantôme d’Euphrasie lui offraient chaque jour.
Il ne répondit pas à la deuxième affirmation par contre, tout à fait décidé à ne pas lui expliquer pourquoi il n’était pas tout à fait un type bien. Ça ne la concernait pas, c’était entre sa conscience et lui, comme Achille était à elle et à personne d’autre.

Est-ce que vous voulez le regarder encore un peu, ou je peux couvrir le miroir ? demanda-t-il très doucement.

Comme si on avait pu l’entendre de l’autre côté de la porte. Comme si cela avait pu constituer un secret entre eux deux.
C’était probablement déjà le cas.
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Dim 30 Mar - 10:10

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Regarder la vérité en face ? Etait-ce cela, le vrai courage ? Au fond, Lucrezia était certaine d'une chose - en fait, la jeune femme avait tendance à toujours être certaine de quelque, dans le fond de son petit corps, et c'était parfois totalement faux, totalement stupide, mais elle en était si foncièrement convaincue que ça en devenait presque vrai autour d'elle ; elle était certaine que chaque personne avait son propre courage. Que tout le monde en avait une vision différente, et pouvait être courageux d'une façon spéciale. Peut-être que Absynthe avait une idée sur cela, mais qu'il agissait différemment. Mais ça ne signifiait pas qu'il était lâche. Pas aux yeux de la demoiselle en tout cas. Elle ne se fondait pas sur grand chose, bien sûr, ne connaissant pas son passé, mais à son avis - pas si humble que ça - il était aussi courageux qu'elle.

Il n'avait pas reculé, quand elle lui avait prit la main. Oh, elle n'en avait pas abusé ! Mais, quelques fois, quelques mots dit avec un geste, une pression, un contact, sont plus forts, ont plus d'impact. Et puis, c'était un peu pour lui signifier qu'elle était là. C'était un peu stupide, un peu enfantin. Mais elle avait l'habitude, Lucrezia, de réconforter en serrant les gens contre elle. Ce qui n'était pas toujours au goût de tout le monde. Tout le monde, un jour, a besoin qu'on lui dise qu'il mérite d'être aimé. Tout le monde le mérite, au fond, car qui mériterait d'être haï à jamais ? Tout le monde a besoin d'amour. Même ceux qui ne s'en rendent pas compte. Lucrezia lui sourit délicatement, devinant sa gêne et son embarras devant son rire aigrelet et son visage. Il semblait si expressif, soudain, et c'était beau. Absynthe était beau, dans ses émotions.

Alors, nous sommes deux personnes qui savons trouver le courage l'un de l'autre. C'est déjà beaucoup.

Beaucoup, parce que parfois, certaines personnes ne trouvaient rien chez l'autre. Une relation devait apporter quelque chose : de la joie, de l'amusement, une émotion, tout simplement. Et Absynthe lui donnait du courage. Lui donnait envie de faire comprendre qu'il était un jeune homme bon. Lucrezia était parfois trop naïve ; comment pouvait-elle être convaincue de ça si profondément qu'elle désirait que tous voient comme elle ? Etait-ce de l'égoïsme que d'avoir une vision de quelqu'un et de vouloir la transmettre aux gens ? Elle songea à M'sieur Mordred. Etait-ce égoïste d'essayer de le défendre, un peu, quand les gens se moquaient de lui ?

La voix d'Absynthe la ramena dans la réalité. Elle porta son visage vers le miroir, et ses lèvres se fendirent d'un joli sourire sincère. Non. Il était temps. Il ne fallait pas se noyer dans ce reflet factice. Elle secoua très très doucement la tête, et ferma les yeux, comme pour couper court à la vision d'Achille. Mais ce n'était pas ça ; elle conservait, au contraire, pour quelques temps son jumeau au doux sourire. Juste pour elle.

Non, il est temps.

Elle parlait comme une grande personne, sans s'en rendre compte. Puis, à présent que le temps était venu de rentrer, que le temps alloué à voir son frère était effacé, elle se rendait compte qu'elle avait froid, qu'elle avait un pied glacé qui lui faisait un peu mal. Elle frissonna et serra un peu plus fort son peignoir contre elle. Si Lucrezia avait été un peu plus grande, peut-être aurait-elle rougi de cette tenue étrange - être vue par l'infirmier en pyjama, tout de même, n'était-ce pas indécent ? Mais elle était à un âge où, encore, ça n'avait aucune importance.

Ah, mince, j'ai perdu une pantoufle fit-elle d'une petite voix lointaine, comme si elle revenait à elle, comme si la jeune fille un peu enfantine reprenait sa place dans ce petit corps frêle.

Puis, contre tout attente, elle eut un petit rire joyeux, pas très fort mais qui résonnait dans la pièce presque vide. Elle leva un peu son pied, à quelques centimètres du sol, et fit remuer ses doigts de pied. Peut-être s'était-elle cogné quelque part ; l'un d'eux était rouge et gonflé. Douloureux. Elle haussa les épaules, frissonna de nouveau, et planta de nouveau son regard sur l'infirmier, pendant qu'elle reposait le pied par terre. Brr, c'était glacé.

Merci. Merci beaucoup, Monsieur Absynthe.

Ce n'était pas un merci de politesse, un mot creux et factice, mais un mot où résonnait une reconnaissance si énorme qu'elle devait sûrement contenir toute l'émotion du monde. Merci pour m'avoir aidée ; merci pour le mouchoir ; merci d'avoir été là, d'avoir été présent pour m'avoir fait réagir. Merci pour m'avoir empêchée de me rouler en boule autour du noyau de ma douleur. Et égoïstement, ou humblement peut-être, elle ne se rendait pas compte elle-même du bien qu'elle avait fait. Souriant doucement, elle renifla une dernière fois.



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Jeu 3 Avr - 1:09
Absynthe n'osait pas le dire tout haut, mais il avait un peu peur que Lucrezia refuse de quitter la salle et s'abîme dans la contemplation du reflet de son frère. Il pensait bien qu'elle avait conscience du danger, mais il savait aussi ce que cela faisait de se perdre à mi-chemin entre le rêve et la réalité.

Non, il est temps.

Elle fermait les yeux et en les ouvrant à nouveau, elle avait l'air plus mature, presque adulte dans son corps de petite fille enveloppée dans son peignoir. Absynthe baissa les yeux et se rendit compte qu'il lui manquait un chausson. L'avait-elle réalisé ? Elle se mit à frissonner et Absynthe regretta de n'avoir rien à lui donner pour qu'elle se couvre - il était lui-même en t-shirt, celui qu'il portait pour dormir. Elle réalisa la situation avec un petit air lointain et l'infirmier se permit un léger sourire. Il hocha la tête en ramassant le drap :

Ne me remerciez pas, d'accord ?

Il ne pouvait pas lui dire qu'elle l'avait aidé à sa façon, elle aussi. Il aurait l'air bête et elle ne comprendrait pas pourquoi il disait cela. Toutefois... il hésitait à lui conseiller de ne pas revenir. Lui-même savait qu'il n'en avait pas envie, et il supposait qu'il en était de même pour elle. Revoir son frère, oui, en pleurer, non. Absynthe se demandait si c'était son absence ou sa présence qui lui faisaient le plus mal. Lui-même n'avait jamais souffert de l'absence d'Euphrasie, du moins pas de sa présence, mais de l'image d'elle que lui renvoyait le miroir. Celle de Caesius en revanche... il avait réalisé à quel point il en souffrait quand il l'avait revu. C'était malin. Et il le détestait. Bien.
Absynthe jeta le drap par-dessus le miroir en adressant un dernier regard, un peu dur, aux trois reflets. *Pas la peine de me regarder comme ça.* Le risèd disparut derrière le voile, et leurs désirs aussi. Il se retourna vers Lucrezia :

Je vous raccompagne à votre salle commune. Nous chercherons votre pantoufle en chemin.

Il s'avança presque timidement vers la porte, attendant qu'elle le suive pour l'ouvrir. Un courant d'air secoua la pièce et Absynthe mit le pied dehors en ayant l'impression de sortir d'un four. Trop d'émotions. Mais il pouvait les laisser derrière ; il s'en rendait compte. Il pouvait les laisser derrière. Il frissonna à son tour et se retourna vers Lucrezia avec une petite grimace :

Ça va aller ? Le château n'est pas très bien chauffé la nuit.

Il ne savait pas pourquoi il disait cela, sur le ton de l'excuse ; ce n'était pas comme s'il avait une solution à lui proposer. Ou comme si c'était de sa faute. Sa remarque ne changerait pas les choses, il aurait pu se taire. Il l'aurait sûrement fait, mais il sortait de la salle du miroir du risèd, et il y avait cette petite fille en pleurs qu'il avait laissée derrière lui. Il n'avait pas envie que la grande attrape froid. Cette pensée le gêna. À croire qu'il était responsable d'elle ! Absynthe enfonça les mains dans les poches de son jeans et secoua la tête. Son ton était un peu sévère quand il reprit la parole :

Si jamais... si jamais vous revenez. Évitez de le faire en pleine nuit.

Il ne savait décemment pas exprimer l'inquiétude.

Je veux dire... un autre adulte que moi aurait pu entrer et, et votre frère n'aimerait sans doute pas que vous vous attiriez des ennuis pour lui. Enfin... je n'en sais rien, peut-être que ce n'était pas dans son caractère, il était comment ?

Mais. MAIS TAIS-TOI. Il se mordit la langue. Il ne voulait pas... il ne voulait pas juste passer pour un adulte moralisateur avec elle, parce qu'il n'était, définitivement, pas un adulte moralisateur. Parfois il n'était même pas adulte du tout dans sa tête. Le souvenir de sa dispute puérile avec le professeur de Botanique lui revint en mémoire et il secoua la tête. Il ne voulait pas se montrer dur avec Lucrezia, parce qu'elle avait été là dans cette salle, et elle lui avait dit exactement ce qu'il avait besoin d'entendre pour ne plus avoir envie de voir ce reflet - plus pour un bon moment, en tout cas. De la même façon, il ne voulait plus s'énerver. Il avait été assez acerbe pour la journée. C'était peut-être faire du favoritisme que de dire qu'il n'avait pas envie de traiter Lucrezia comme n'importe quel autre élève qu'il aurait surpris dans cet endroit. Mais, hé, elle l'avait mérité.

Ce que j'essaye de vous dire, c'est qu'il ne faudrait pas revenir. Moi non plus, je ne reviendrai pas.

Ça sonnait presque comme une promesse. Il se demanda si c'était aussi du favoritisme que de faire une promesse à une élève.
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Jeu 3 Avr - 11:00

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Il était étrange de songer combien cette nuit était spéciale. Etait-ce un coup du destin que de mettre deux êtres aussi creux sur le chemin l'un de l'autre ? Lucrezia se contenta d'un petit sourire vers le miroir, alors que M'sieur Absynthe y remettait le drap. Le visage doux, les cheveux roux et longs disparurent, et ce fut tout. La magie avait disparue. Obéissante, elle suivit M'sieur Absynthe au dehors, et l'air froid la gifla, la réveillant totalement et réveillant aussi l'engourdissement de son pied. Avait-il fait si chaud, dans la salle, ou était-ce leurs émotions qui les avaient tenus douillettement ? La jeune fille leva les yeux vers Absynthe et hocha la tête. L'endormissement et le chagrin avaient également disparu, envolés grâce à la compagnie du jeune infirmier.

Oui, ça ira, ne vous inquiétez pas.

Il était gentil, à s'inquiéter comme ça, mais elle en avait vu de pire qu'un simple chausson perdu. Si elle devait faire la liste des farces dont elle avait été la victime, les plus méchantes auraient eu un dénouement bien plus désagréable que le froid dans un pied. Mais elle ne dit rien, se tut comme toujours sur la cruauté de certains de ses camarades, comme si elle voulait les sauver. De qui, de eux-même ? Peut-être.

Alors qu'ils avançaient à une lenteur d'escargot - Lucrezia n'avait jamais été très rapide, sauf quand il s'agissait de courir aider les autres - les propos de l'infirmier la heurtèrent gentiment. Elle tourna son regard bleu pâle sur lui, avec curiosité. Il semblait un peu perdu, un peu gêné. Lucrezia devinait pourquoi : tout le monde était toujours étrangement embarrassé quand on parlait de Achille. Mais il ne fallait pas. Elle eut un sourire délicat.

Non, vous avez raison. C'est la nature de tout grand frère, non ? Protéger sa famille, mais aussi ses frères et ses soeurs plus jeunes. Achille était comme ça. Même si il n'avait eu que quelques secondes de plus que moi, il était mon grand frère. Mais, M'sieur Absynthe, ne vous inquiétez pas. Je ne reviendrais pas. Cette nuit, j'étais nostalgique et triste. J'avais besoin de voir son visage sur quelque chose de gravé. Mais peut-être que vous m'avez poussé à réfléchir. Peut-être que j'ai enfin compris que ce miroir n'est pas entièrement bon, et qu'au fond, je dois me concentrer sur le présent.

Ces propos dans la bouche d'une adolescente de quatorze ans pouvaient détoner, mais Lucrezia était par bien des points plus mature que d'autres enfants. Plus stupide et naïve aussi, sur bien des points, comme pour compenser. Mais en ce qui concernait le deuil et la perte d'un être cher, et la philosophie qui allait avec, Lucrezia était forte.

Et puis, cette promesse qu'il fit lui donna un frisson. Son regard bleu s'écarquilla un peu. Qui protégeait-il, elle ou lui ? Les deux, sûrement. Et, loin de le prendre comme un avertissement, Lucrezia se sentit touché qu'il fasse ça. Qu'il se donne autant de mal pour elle. Et puis, les mots sortirent tout seul. Comme un amas de gravats. Peut-être se sentait-elle le droit de faire un pas vers cet endroit, ce trou dans le coeur d'Absynthe ; peut-être allait-elle casser ce moment magique.

Votre peine doit atteindre le ciel. Ce doit être dur, tous les jours ...

Elle s'approchait dangereusement de la vérité, sans le savoir. Mais elle ne savait pas. Elle avait juste deviné qu'Absynthe aimait Mademoiselle Euphrasie, au point que sa présence le rende triste et heureux en même temps.

Vous êtes gentil. Vous devez l'aimer énormément, Mademoiselle l'infirmière, pour rester à ses côtés. Sa présence vous blesse, parce que vous tenez à elle. Mais vous ne devez pas oser en parler, de tout ça. Parce que ce n'est pas votre genre. Vous êtes trop embarrassé, trop dur avec vous même, pour oser lui expliquer combien vous tenez à elle. Mais moi, je vous comprends, un peu je crois.

C'était dit très maladroitement, mais c'était sincère. Lucrezia espéra qu'elle n'avait pas été trop loin, et lança un petit coup d'oeil à Absynthe. Ils s'étaient arrêté au milieu d'un couloir désert. Son pied sans chausson s'engourdissait, mais elle n'y faisait pas attention. Les mots qu'elle avait prononcé, elle les devinait vrais. Absynthe aimait l'infirmière ; depuis combien de temps ? Depuis toujours ? Une lueur d'admiration naquit dans ses prunelles pâles : Absynthe était courageux. Il avait tord de ne pas le croire. C'était le vrai courage que de rester chaque jour avec la personne que l'on aimait, sans plus d'espoir de la toucher jamais. Ce serait un amour à sens unique, de toute évidence, et il était extrêmement brave de sa part de ne pas en parler, de tout garder pour lui. Lucrezia n'osa pas, mais si elle avait osé, elle se serait approché de lui et l'aurait serré contre elle. Les rôles étaient inversés en quelque sorte.

Est-ce que vous m'autorisez à venir vous voir, quelques fois ? On n'aura pas besoin de parler. Pas de tout ça. Parce qu'on saura. Et que, dans le fond, c'est ça qui compte, non ? Ma peine est peut-être importante, parfois, et même si je la cache, elle est là. Pourtant, savoir que quelqu'un, au château, me comprends ... C'est merveilleux.

Lucrezia n'exagérait pas. Pour elle, m'sieur Absynthe était un cadeau. Quelqu'un qui comprenait sa peine, et qui n'aurait plus besoin d'en savoir plus, parce que tout ce qu'elle avait l'aiguillait déjà. Parce que ce chagrin, ce trou, ce creux en elle, il le ressentait aussi. Et elle espérait, la petite rouquine, qu'elle pourrait combler un peu ce vide. Même juste un petit peu. Avec des mots, rassurants et doux, comme des caresses. Elle voulait qu'il soit heureux. Parce qu'ils le méritaient, tous les deux.

Elle en était certaine.


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Sam 5 Avr - 0:49
Absynthe n'était pas très doué avec les mots, surtout quand il fallait aborder les sujets délicats. Il était trop direct. Il semblait excessivement sérieux et bougon au quotidien, mais la vérité, c'est qu'il cachait très mal ses émotions. Il ne savait jamais comment s'y prendre, et les exprimer tout haut - avec justesse - était un véritable challenge. L'avantage avec Lucrezia, c'est qu'ils n'avaient eu besoin que de quelques mots, un bref moment, pour se comprendre. Il avait eu de la chance de tomber sur elle. Il avait peur de tout briser, maintenant. Même la brise légère qui s'engouffrait dans les couloirs avait quelque chose d'envahissant, de déplacé, qui voulait casser l'instant et les ramener à la réalité. Absynthe avait peur que les mots qu'il choisissait ne soient pas les bons, que Lucrezia le prenne mal, car il n'avait jamais su, au fond, parler de ces choses-là.

Mais elle, qui n'avait que quatorze ans, semblait décidément plus mature que lui sur bien des points. La façon dont elle avait de parler de son frère, et du reflet, surprenaient Absynthe. D'un autre côté, c'était malheureusement le genre de choses que l'on attendait d'un enfant qui avait perdu un proche. Grandir. Trop vite. Absynthe était plus âgé que Lucrezia quand ça lui était arrivé, bien sûr, et il avait dû grandir. Mais il avait l'impression parfois que seul son corps avait évolué. Il avait encore des peurs toutes bêtes dans la tête, des peurs adolescentes, qui ne l'avaient pas forcément préoccupé avant. C'est fou comme les choses pouvaient changer... Les élèves qui embêtaient Lucrezia étaient ainsi. Ils ne pouvaient pas savoir. On ne pouvait pas leur en vouloir. Pas vrai ?

Non. Cette jeune fille avait une gentillesse et une sensibilité qui n'excusait pas les actes de ses camarades. Trop de sensibilité, peut-être...

Votre peine doit atteindre le ciel. Ce doit être dur, tous les jours...

Ah. Oui. Il pencha la tête sur le côté, pensif... et soudain il réalisa. Il ne lui avait pas dit. Il n'avait rien dit. Pas comme ça.

Vous êtes gentil. Vous devez l'aimer énormément, Mademoiselle l'infirmière, pour rester à ses côtés...

Non, non, non. Il n'avait rien dit. Il avait juste... il avait juste supposé qu'elle supposait qu'il était triste de la mort de l'infirmière, que cela se voyait en quelque sorte sur son visage, et que peut-être, éventuellement, son reflet montrait quelque chose de similaire à Lucrezia : la perte d'un être cher.
C'est là qu'il comprit son erreur.

Vous, euh... êtes Legilimens ? Il mit sa main devant sa bouche, proprement halluciné. Elle avait deviné. Ça se voyait. ... n'êtes pas censée savoir ça.

Sa gêne avait des balbutiements adolescents, mais c'était un coup de cœur qui avait laissé un bleu immense, une flamme qui avait grandi avec le temps, nourrie par le brasier de sa culpabilité, là, dans son ventre. Absynthe eut un coup de chaud, tout d'un coup. Il se sentait jeune et bête. Vulnérable. Pourquoi ? Ce n'était qu'une élève de quatorze ans. Une adolescente de quatorze ans qui mettait les mots exacts sur ses sentiments. C'était effrayant. Elle n'avait pas entièrement raison, pourtant. Il n'était pas "trop dur avec lui-même". Il était juste. Aussi juste que possible. Ce n'était qu'un honnête retour des choses : il ne le méritait pas. Il ne méritait pas d'éprouver ces sentiments, encore moins de les avouer, et si jamais ils avaient été réciproques - il en doutait, mais ça lui faisait peur - ça aurait été pire. Mais Lucrezia ne pouvait pas savoir. Ne devait pas savoir. Il réussit, tant bien que mal, à esquisser un sourire un peu crispé. Elle pouvait le prendre comme de la gêne, il savait cacher sa culpabilité.

Vous pouvez venir à n'importe quel moment. Évidemment. Il n'ajouta pas "je comprends", elle savait déjà. Il fit un pas en avant, ils devaient continuer. Voilà les escaliers. Je serai là si vous avez besoin de parler. Mais, s'il vous plaît...

Ne m'obligez pas à le faire. Il savait déjà qu'elle ne le ferait pas. Ne le dites à personne. Ça semblait si puéril. Pourtant, il ne voulait pas. Il ne voulait pas que ça se sache. Que dirait-on ? Oh la la, pauvre Absynthe, amoureux d'un fantôme ! Pauvre Absynthe en effet. Amoureux de celle qu'il avait tuée. Quelle blague ! Comme s'il pouvait se permettre que l'on... comme s'il voulait... qu'on le prenne en pitié. Sa paume trembla contre sa bouche et il se rendit compte qu'il s'était empêché de continuer. Il baissa les yeux ; l'autre main était à nouveau serrée sur son ventre.
Il avait envie de s'asseoir, tout d'un coup. Ce qu'il fit, en plein milieu des escaliers.
C'était... ce n'était absolument pas l'attitude qu'il aurait due emprunter, ce qu'il aurait dû montrer. Ce n'était pas censé l'atteindre autant. Pas aussi fort. Pas comme ça. Pas maintenant. Pas devant quelqu'un, tout simplement.

... je peux compter sur votre discrétion à ce sujet ? Ce n'est pas... c'est un peu compliqué.

Oui, il aimait Euphrasie. Autant qu'il se détestait.
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Dim 6 Avr - 13:13

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Absynthe Bridgestone | Lucrezia Clevens



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M'sieur Absynthe semblait un peu perdu, un peu pensif. Gêné, aussi. Ce qui fit sourire Lucrezia, d'un air rassurant, presque maternel. Elle devinait qu'il avait un peu peur : il avait l'air si secret, c'était normal qu'il soit effrayé à l'idée qu'elle aille raconter ça partout. Il aurait pu nier, mentir, mais non. Il hésita, sur ses mots, sans pour autant la disputer ou avoir des réactions d'adulte. Il y avait quelque chose, au contraire, de très enfantin dans sa gêne. La pouffy resta un instant à ses côtés, puis se posta devant lui alors qu'ils s'étaient arrêtés en plein milieu d'un escalier.

Ses tremblements créèrent chez la rousse une terrible tristesse. Elle n'avait pas voulu le mettre dans cet état ! Elle posa sur lui son regard bleu. Sa tristesse à lui était différente de la sienne, sans qu'elle devine à quel point. Là où elle voyait la gêne d'un homme secret se cachait un terrible puits sans fond de culpabilité. Elle ne comprenait pas pourquoi il devait cacher son amour pour Euphrasie, mais après tout, ce n'était pas ses affaires. Elle s'approcha de lui et lui toucha la main, comme précédemment. Un fin sourire étira ses lèvres, petit sourire courageux face aux émotions qui planaient au-dessus du pauvre infirmier, miasme grouillant de sentiments négatifs.

Pourquoi irais-je le crier sur tout les toits ? M'sieur Absynthe, se sont vos sentiments. Ce n'est pas à moi d'en parler. Vous pouvez compter sur moi, je n'en parlerais jamais à personne. Et vous pouvez me croire. Elle ajouta d'un ton vaguement boudeur : Ici, les adultes semblent penser que, tant que l'on a pas atteint sa majorité, les personnes restent des enfants. Pourtant, je suis quelqu'un sur qui on peut compter, vous savez ? Ce n'est pas parce que j'ai juste quatorze ans que je ne réfléchis pas.

Elle soupira mais continua de rester là. Comme un pilier sur lequel Absynthe aurait pu s'appuyer. Comme une voix de fond, pour lui montrer que jamais il ne serait seul avec sa tristesse ou sa gêne. Comme une élève avec qui il partageait bien des points communs, et qu'un miroir avait lié d'une façon étroite. Lucrezia reprit la parole, d'une voix douce et basse comme un murmure :

Tout cela ne me regarde pas, et j'ai peut-être été indélicate d'en parler, je suis navrée. Pourtant ... Vous n'avez pas à vous cacher d'aimer quelqu'un, vous savez ? L'amour est une émotion fière, qu'il faut porter non pas comme un bouclier mais comme ... Je ne sais pas. Je suis désolée, je ne devrais pas avoir à dire tout ça. Mais sachez une chose : je n'en parlerais plus. Ni à vous. Ni à personne. Vos émotions vous regardent. Même si j'ai un peu vu en vous, je garde ça pour moi. Promis.

Une promesse, une seconde fois. Comme pour insister sur ce fait : jamais elle ne dévoilerait cela. Même si m'sieur Mordred semblait hésiter quant à sa capacité à être mature, elle savait au fond d'elle qu'elle pouvait l'être. Et cette situation l'exigeait. Elle l'exigeait d'elle même. Non pas que cela demande des efforts, mais elle se refusait à penser à ça. Ce n'était pas ses oignons. C'était bien la première fois que Lucrezia Clevens décidait de ne pas se mêler des affaires des autres.

Songeant qu'ils avaient assez discuté su sujet, et que m'sieur Absynthe méritait de retrouver ses esprits, elle retira sa main dans la sienne et remonta quelques marches. Son pied nu formait un bruit mat sur la pierre.

Vous voudriez bien m'aider à retrouver ma pantoufle, avant que je ne retourne dormir, s'il vous plaît ? demanda t-elle, en cherchant autour d'elle ladite pantoufle.

Puis, avec une espèce de lucidité stupide, elle déclara :

Tiens, vous ne trouvez pas que Pouffsouffle, ça ressemble à pantoufle ?

Lucrezia était capable de sortir des bêtises plus grosses qu'elle. Elle continua à chercher, dans des endroits totalement improbables, notamment derrière une statue et dans une vitrine exposant des objets magiques. On ne savait jamais, peut-être que les elfes de maison avaient joué avec ?

Spoiler:



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Dim 1 Juin - 17:15
Absynthe releva les yeux quand Lucrezia le toucha. Les rôles étaient comme inversés, il avait l'impression d'avoir dix ans et de chouiner sur un petit bobo. Il avait l'habitude, alors, que sa mère ou ses frères viennent gentiment le sortir de sa bouderie pour le consoler ou lui changer les idées. Jamais une de ses petites sœurs n'avait pris ce rôle rassurant qu'avait Lucrezia Clevens en cet instant. L'idée lui faisait de la peine, il était le plus âgé, il n'aurait pas dû se retrouver dans cette position où elle devait se montrer adulte pour le rassurer. Et pourtant son attitude avait l'effet escompté, puisque rassuré, il l'était. Un peu. Il n'avait pas l'habitude qu'on le rassure, ce n'était sûrement pas arrivé depuis ses dix ans. Il hocha un peu la tête, embarrassé. Il ne voulait pas entrer dans un débat sur ses sentiments, qui n'étaient décidément pas présentables. Et puis, il la ralentissait dans sa recherche. Il se releva et fit quelques pas, méditant sur les paroles de l'adolescente qu'on prenait pour moins mature qu'elle ne l'était en réalité. Elle n'avait pas tort. La plupart des enfants le restaient aux yeux de leurs parents, et des adultes en général, pendant longtemps. Même après leur majorité, pour certains... Cela lui arrachait un léger sourire.

C'est vrai que l'on vous accorde très peu de crédibilité sous prétexte que vous êtes jeunes... je crois que c'est parce que la plupart des adultes étaient terriblement immatures à votre âge.

Lui le premier. Il avait compris en grandissant, que tous les adultes avaient été des enfants, certains plus longtemps que d'autres. Ils l'étaient encore, parfois, sous certains aspects. Cela le faisait sourire intérieurement. Et le rassurait, car il n'était vraiment pas le plus mature de tous, même s'il avait dû grandir très vite. En parlant de faire quelque chose rapidement, pourquoi pas retrouver la pantoufle de la Poufsoufle ? Cela lui éviterait de se coucher trop tard, il y avait cours le lendemain... Il imita Lucrezia qui cherchait dans des recoins pas possibles, lorsqu'elle ajouta que Poufsouffle ressemblait beaucoup à "pantoufle". L'idée lui avait déjà traversé l'esprit, il ne pouvait décemment pas en rire tout haut. Mais entre Gryffondor qui ressemblait à "Gryffon d'or" et Serdaigle qui sonnait comme "serre d'aigle"...

Je ne sais que penser de Serpentard, murmura-t-il en sortant sa baguette. Essayons quelque chose... Accio pantoufle !

Il attendit quelques secondes... rien. Absynthe baissait sa baguette, dépité, quand un bruit étouffé retentit au fond du couloir.

Vous avez entendu ? Allons voir.

La pantoufle avait peut-être été touchée par le sort d'attraction, mais était resté coincée derrière une porte ou une armure. Cette partie du château étant un peu plus sombre, il utilisa sa baguette pour éclairer leurs pas. Il pouvait très bien s'agir d'autre chose que l'objet de leurs recherches... un fantôme, un esprit frappeur... rien de terriblement dangereux, probablement, mais il ne voulait pas être surpris. Et s'il s'agissait d'un préfet ou d'un autre adulte, il leur dirait qu'il raccompagnait Clevens à sa salle commune. Il aurait préféré éviter ce dernier cas de figure, n'aimant pas particulièrement mentir à ses collègues. Mais il refusait d'avouer qu'il l'avait surprise dans la salle du miroir du risèd après le couvre-feu, il aurait l'impression de se trahir lui-même. Entre Lucrezia et lui, c'était comme une promesse d'enfant, les plus sacrées de toutes, probablement. Plus inviolables que le serment du même nom.
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