Il avait entrelacé ses doigts aux siens, encore une fois et Edgar ne savait pas pourquoi ça lui plaisait. Il se sentait rassuré par ce geste, non, par Timothy. C'était bizarre, tellement bizarre qu'il se laissa emporter.

La bibliothèque était un endroit jamais vide mais où s'isoler était bien trop facile, quand il réalisa où avait choisi de s'installer Timo il faillit le tirer vers une table plus proche du bruit. mais ça aurait paru étrange et il se surprit à ne pas vouloir l'être, pas encore. Alors il se laissa tomber sur son siège, laissant le Poufsouffle partir au milieu des étagères.

Un soupir s'échappa de ses lèvres et il laissa ses bras qui soutenaient sa tête glisser sur la table jusqu'à ce que son front touche le bois froid. Ce n'était pas désagréable, mais tout ce qui remuait son crâne s'en fichait. Il soupira une nouvelle fois, il ne savait plus où il en était, ce qu'il fallait faire pour reprendre totalement les rênes.

Il releva la tête, le menton appuyé sur la table. Il était entouré de livre et ça le calmait à peine, il avait tenté de reprendre pied avec Timo, mais à chaque fois ce n'était que temporaire, il. Le Poufsouffle. Mince : Il se leva et sans réfléchir pris un livre qu'il ouvrit tout en retournant sur son siège. Les premières lignes furent difficiles à avaler, dérangées par le bruit constant de sa cervelle perturbée. Et puis, lentement, le livre fit ce qu'il faisait toujours : il le rassura.

Il ne savait même pas de quoi ça parlait, mais les mots, c'était ça l'important. Le sens, pourquoi faire ? La beauté des lettres, de l'assemblage logique et méticuleux des termes pour former une phrase lisible et qui pourtant résonnait à ses oreilles avec une clarté toute particulière, c'était l'important. Il aimait ça d'une passion irrationnelle, au point que lorsque Timothy revint il ne l'entendit pas avant qu'une avalanche de livre tombe sur la table, faisant redresser sombrement le regard d'Edgar - il n'aimait pas être dérangé en pleine lecture - mais un coup d’œil à la pile de livre puis à Timothy lui fit oublier complètement ce qu'il tenait entre les mains.

-T'avais parlé d'un seul lire, sourit-il, amusé, et non, ça va, c'était pas long.

En réalité, il n'en savait rien.

Il l'observa venir s'asseoir à ses côtés, il eut envie de tendre la main, de récupérer la sienne, il faillit le faire mais s'arrêta avant. La surprise venait de se dissiper et soudain il réalisait qu'ils étaient seuls. Sa main trembla. Il la rangea vite contre son livre. Pourquoi en six ans n'arrivait-il toujours pas à prévoir ces stupides situations ? Et surtout à les éviter ?

Et puis, comme un courant d'air, au delà du son des pages que Timothy tournait il entendit des voix, des bruits. Des gens. L'Angoisse se terra au fond de lui, effrayée au moindre bruit, à la moindre preuve que même isolés, ils n'étaient pas seuls.

Edgar sembla ainsi enfin voir, le calme revenu - ça n'avait duré que quelques secondes - le livre que le jaune et noir tenait. Il se pencha légèrement, mais de plus en plus avide de voir, de savoir, de connaître la chaleur des mots qui peuplaient ces pages.  

-C'est celui-là ?

Il posa le livre qu'il tenait contre lui, sans quitter des yeux l'autre entre les mains du brun.

-Tu trouves quelque chose d'intéressant ? Tenta-t-il de demander.

Ça se sentait plus que ça ne se voyait, selon Edgar, la passion pour les livres. C'était quelque chose d'incompréhensible, mais qui était là, juste là. Un sourire apparut sur les lèvres du jeune Gryffondor alors qu'il l'observait bouger les pages, poser le livre, parler.

Son regard capta les mots immédiatement après que le livre fut posé face à lui, et il n'y résista pas. Il fut enveloppé par cette jolie mélodie au sens si terrible. Une légende. Il rêvait.

Il lut la page entière, avide, avant de recommencer avec plus de calme, d'attention. Il lui fallait toujours lire les choses plusieurs fois, heureusement qu'il lisait vite maintenant. Un fois le sens, le style, les lettres bien introduits dans sa tête, il posa ses yeux sur Timothy, cillant un peu devant son intérêt et puis, d'un seul coup tremblant non plus d'Angoisse, mais d'excitation. Il reposa les yeux sur le livre et tourna les pages, fouillant les lignes du regard alors qu'il parlait :

-C'est intéressant, passionnant même ! Se dire qu'il y avait une bête mortelle dans l'école, dans Poudlard ! C'est extraordinaire ! Et puis, il cessa de regarder le livre pour passer à Timothy, pourquoi nous y amener pour le bal ?

Il venait de poser la même question que lui avait adressé le brun, c'était stupide mais il ne s'en rendit pas compte, continuant son cheminement à voix haute :

-Je ne pense pas qu'on risque encore quelque chose... mais... Mais ça ne peut pas être un simple bal, pas venant du directeur. Ce serait trop simple. Ou justement ! En partant du principe que l'on imaginera des trucs de dingues il nous surprendra en faisant une simple fête ?

Il parlait vite, utilisant ses mains pour illustrer ses dires, c'était une manie, une façon de faire qui lui avait toujours échappé quand il était à l'aise, en public habituellement.

-Mais je pense sérieusement... qu'on va subir des genres d'épreuves. C'est bien son genre. On va se retrouver dans cette fichue salle, et peut-être qu'il aura réveillé le monstre... juste pour voir ce qu'on ferra. Sans danger évidemment... J'espère. rigola-t-il finalement, anxieux au fond.

Il ne connaissait pas le directeur, comment aurait-il pu avoir la certitude que l'homme étrange qui était à la tête du château se sentait concerné par des étudiants figés ou morts ?

Edgar entrevoyait à peine les différents changements sur le visage de Timothy, il ne cherchait pas à les voir, fixé sur ses mots, le livre, seulement ça, il y avait moins de risques, beaucoup moins que détailler l'air rêveur du Poufsouffle.

Mais, alors que ses paroles fuyaient sa bouche à grand flot, il sentit une main contre la sienne, à peine. Il s'arrêta. Il le regarda, lui et sa main. Puis, il reprit sa tirade qui finit bien vite, les yeux toujours sur ses doigts qui normalement auraient dû être entre les siens. Mince, pourquoi cela était-il devenu normal ? Pourquoi. Ah ! Il pinça les lèvres et remonta ses pupilles sur le front de Timothy.

-Mais clairement, c’est un plagia d’Anaconda ! Le film,  j’sais pas si tu connais… Bref, j’pense pas qu’il soit aussi énorme et méchant que ce qu'ils disent.

Edgar grimaça.

-Ouais, je connais...

Et il ne pensait pas que ce soit une bonne chose de comparer ce film et ce monstre. Ça n'avait rien de rassurant.

-Mais celui-là a l'air plus gros, continua-t-il en lui montrant les tailles estimées à côté de l'image.

Du coin de l’œil il vit le sourire de Timothy, provoquant le sien et puis...

-Au pire, s’il arrive quelque chose, je serai là pour toi.

Le sourire d'Edgar s'agrandit et il tendit la main, à peine, avant de retenir son geste et de la laisser retomber sur la table :

-C'est moi le Gryffondor ici, Timo, c'est à moi d'être le chevalier, rigola-t-il, alors je serai là.

Purée, mais qu'est-ce que tu racontes Edgar ? Si seulement il le savait...

Il l'écouta avancer son idée sur les épreuves et acquiesça, baissant légèrement les yeux dans ce mouvement, entrevoyant de jolies dents mordiller la lèvre inférieure de Timothy. Il releva les yeux.

-J'ai... J'ai du mal à croire que ce sera un truc à notre niveau, ce serait trop facile sinon. Un peu de difficultés et on s'amusera plus !

Il gratta de l'ongle, sans s'en rendre compte, le verni de la table.

-Et puis , c'est bizarre que seul les c-ceux accompagné puissent venir... Ça a sûrement un rapport, non ? Un cache-cache en duo ?

Un sourire impatient se dessina sur son visage, il sentait qu'ils avaient peut-être quelque chose.
Ou pas.

Il réfléchissait à ce que leur directeur pouvait bien leur préparer, pris dans ses pensées, et brusquement, comme un coup de vent, il oublia ce qui habitait sa tête. Il y avait sa main sur la sienne. Un instant, il voulut la retirer, par instinct, et puis il se souvint que c'était normal, que c'était agréable, qu'il voulait sa main là. Ça le dérangea pourtant un peu : il ne bougea pas les doigts, pas de suite, pas assez vite, pour attraper ce qui aurait dû être contre sa paume. Immobile, il suivit du regard cette main lorsqu'elle le quitta pour reprendre le livre, même s'il aurait préféré - sans se l'avouer ouvertement - que Timothy reste en contact avec lui, qu'il soit passé de lui au papier le... flattait ? Il sentait dans les gestes de son vis-à-vis l'intérêt que lui-même portait à ces trésors. Alors, il laissa la main du jaune et noir vaquer à ses occupations, sans exiger qu'elle lui revienne.

Il ne la lâcha cependant pas des yeux jusqu'à ce qu'il parle. Timothy n'avait pas tort, il y aurait aussi des premières années... Ed hocha la tête en signe d'approbation. C'était difficile, ils cherchaient sans être sûrs de rien.

-Peut-être même que ce ne sera qu'un simple bal, commença-t-il à penser à voix haute, tout ce qu'il y a de plus normal et amusant. Pas d'épreuves, de sang, de morts.

Non, juste un bal où il danserait... avec Timothy. Il se passa une main sur le visage - celle qui n'était pas restée figée sur la table. Bordel.
Il inspira un grand coup et revint au front du brun, mais alors que cela aurait dû être un endroit sûr pour poser ses yeux, il fut englouti par l'air sérieux, curieux, intéressé, passionné de Timothy. Il déglutit et ne capta que la fin des paroles du jeune homme. Oups. Il se remit à gratter la table, la regardant cette fois-ci avec beaucoup d'intérêt.

-On peut quasiment tout faire à deux, sauf les sports d'équipes. Il faudrait trouver un truc qui ne se fasse qu'à deux, uniquem. il s'arrêta, gratta la table avec plus de force sans arriver à rien, elle devait être ensorcelée, fin, quelque chose d'autorisé dans le règlement. finit-il par murmurer.