L'heure fixée pour débuter le club de jardinage n'était pas encore arrivée que Gertrude était déjà là. Deux heures a l'avance. Un club tout nouveau tout beau qu'elle avait fondé a la sueur de ses pouces. Et avec un succès inattendu ! A la pensée de toutes ses inscriptions griffonnées sur son papier rose a fleurs, Gertrude se mit a sourire béatement.
Tripotant distraitement le sac a terreau, elle se dandina sur son tabouret, son jolie chapeau de paille bien enfoncée sur la tête. Violet avait été intransigeante. Si elle voulait faire ce club, elle devait se protéger du soleil.
Portant sa petite truelle jusqu'à l'ouverture du sac, elle la plongea généreusement dans la terre pour remplir un pot de fleur.
Et une pelleté pour Violet ! La terre tomba dans un doux « flop » jusqu'au fond du pot. Façon de rendre hommage a une amiecousine si intentionnée envers elle. Il restait tout de même beaucoup de terre a rajouter. Sortant distraitement ses grosses lunettes a verres épais d'une cachette tout a fait inattendue de ses vêtements, elle se décida a dédier toutes les autres pelletés aux gentilles personnes qui l'avait rejoins dans ce club. Il y avait des Gryffondors, des Serdaigles, des Poufsouffles et même des Serpentards. On lui avait dit qu'elle devait se méfier de ces derniers, que leur couleur ne voulait pas forcément dire qu'ils étaient écologistes, mis Gertrude avait simplement haussé les épaules. Ils étaient verts, si ils ne l'étaient pas aujourd'hui, il le serait demain.

Chantonnant une chanson qui reprenait un air connu, elle inventait ses paroles au fur et a mesure tant et si bien qu'elle n'entendit personne arriver.

- Ruru Barbe barbe barbe le professeur d’histoire ! Fla fla fla flamand rose professeur de ma maison a moi ! Viri riz riz riz c'est le plus gentiiiiiil.

Attrapant les graines d'herbes a chat, elle parsema la terre généreusement et chercha a tatton son petit arrosoir bleu alors qu'elle rangeait ses lunettes dans une nouvelle cachette de son vieux gilet.

Louis s'ennuyait. Il n'avait plus rien à faire ; il était à jour dans ses devoirs, il devait racheter de la laine pour coudre des peluches, et personne n'aimait jouer aux cartes, chez ces maudits sorciers. Et puis, bien qu'il se soit inscrit au club de jardinage, ça ne débutait que dans deux heures... mais quand même, il s'ennuyait. C'est pour cela que Louis finit par se décider à monter les marches des cachots, travers le hall, puis le parc, jusqu'à débouler dans les serres où...

- Oh, s'exclama l'enfant. Gertrude.

Le petit Serpentard fit quelques pas dans sa direction et s'accroupit à côté d'elle. Il tourna alors la tête et riva ses yeux sur son visage, l'air pensif. Elle était bizarre, quand même, Gertrude. C'était une sorcière, mais elle pensait différemment des autres. On disait qu'elle avait des ascendances vampires, mais ça ne se voyait pas tellement. Elle avait des passions étranges, mais était très gentille. Et surtout, elle faisait des smoothies délicieux. Comme ceux de sa maman. Louis adorait les smoothies de sa maman.

- Dis... tu plantes quoi ? dit-il en détournant les yeux et en rougissant, réalisant qu'il la fixait avec impolitesse. Dis, on aura de bons légumes bientôt ?

Sa main agrippa enfin l'arrosoir tant désiré. Le penchant avec legerté, une moue bizarre tendant sa bouche en avant fut le signe de son intense concentration. Elle devait arroser la terre bien sur, mais elle ne voulait pas faire bouger les graines en agissant comme un troll des bois.
Le filet d'eau trempa la terre avec douceur, tout était bien qui était bien en fait.
Se retirant un peu en arrière, elle sursauta pourtant avec violence lorsqu'elle entendit son prénom. Qui, quoi? Se retournant sur sa droite, elle cligna de nombreuses fois des yeux et adressa un superbe sourire au petit Serpentard.

Ses yeux rouges sangs scrutant les yeux bruns de Louis, Gertrude ne fut pas choquée un instant de inspection en règle. Elle faisait de même la bougresse. Elle cherchait avec passion quelle avait été la vie antérieur du sorcier. Sans s'en rendre compte elle marmonna tout bas.

- Une grenouille pour devenir plus tard un prince charmant.

Satisfaite de sa réponse, elle recula son visage pour en revenir a ses graines.

- Dis... tu plantes quoi ? Dis, on aura de bons légumes bientôt ?

Caressant le pot du bout des doigts, elle le regarda de nouveau. Tient. Il était devenu tout rouge. Peut être que comme le reptile, il pouvait changer de couleur pour se fondre dans le décor. Les tomates en occurrence?

- De l'herbe a chat parce que celui d'une personne de ma maison tousse très fort en ce moment ! Jetant un coup d’œil aux autres pots, elle évalua sa réponse pour la question suivante. Les tomates sont prêtes, encore quelque jour. Les aubergines ça prendra encore un peu de temps par contre! Les épinards, eux, poussent vite.

Elle aurait bien encore continué longtemps la liste des légumes et fruits de saisons mais un jour on lui avait dit qu'elle parlait trop. Et elle ne voulait pas monopoliser la parole. Gentiment, elle tendit l’arrosoir au garçon.

- Tu es en avance, tu voulais venir faire de la sculpture sur melon avec moi?

Sculpture sur melon. Les gens en faisaient bien sur les citrouilles. Pourquoi pas les melons? Toute la subtilité Halloween lui avait toujours parfaitement échappée. Gertrude, elle, aimait faire des sculptures avec les légumes et les fruits tant qu'on finissait toujours par tout manger.

Farfouillant dans un bac a ses pieds, elle en tira d'un air vainqueur un petit canif tout rouge.

De l'herbe à chat ? Louis ne savait pas que les chats mangeaient de l'herbe. Dans leur maison, en Cornouailles, ils avaient un chien, mais pas de chat, si ce n'étaient les chats errants du quartier. L'enfant avait toujours naïvement cru que les matous mangeaient de la pâté et des croquettes ; mais de l'herbe...

- Et... tu crois que ça va soigner le chat de ton ami ? demanda-t-il avec hésitation. Et si le chat est allergique ? Son état va s'aggraver non ? Ton ami devrait consulter un vétérinaire je pense. C'est plus sage.

Quand leur chien était malade, à la maison, c'était ce qu'ils faisaient. Le vétérinaire savait toujours comment bien soigneur les animaux. Alors pas qu'il remette en question le bonne volonté de Gertrude, mais avec les sorciers, on ne savait jamais à quoi s'attendre, comme résultat.
Louis hocha la tête à l'énumération. Les tomates, c'était bon. Les épinards aussi. Les aubergines, il aimait déjà moins. Et... oh, quoi ?

- Sculpter des melons... ? Il avait décidément beaucoup de mal à comprendre la vampire de Poufsouffle. C'est... c'est pour décorer à la fête... ?

Louis n'avait pas tout compris, mais il en avait entendu parler, de cette fête ; mais de toute façon, il ne se sentait pas concerné, parce qu'aucune fille ne voudrait l'accompagner, et lui ne voulait d'aucune fille, donc l'affaire était réglée.

La jeune fille toujours son petit couteau à la main, le déposa sagement à coté de son pot d'herbe a chat. Bien sur elle aurait pu sortir sa baguette pour tailler le melon dévoué a la cause de l'art mais ca devenait alors soit trop facile soit trop compliqué. Finalement un canif s'était bien aussi. Le couteau en lui même n'avait rien de bien dangereux, pas très aiguisé, pas spécialement pointu, la vampire pouvait donc le manipuler sans trop avoir peur.
Parce que pour Gertrude, les armes blanches, c'était pas bien.

Quand a la stupéfaction du jeune homme quand a l'herbe a chat, cela fit monter chez elle le rose aux joues puisque pour une fois elle allait pouvoir expliquer quelque chose qu'elle avait elle aussi ignoré un jour.

- Mais non le but n'est pas de le nourrir mais de le faire vomir ! S'arrêtant là, elle leva les yeux au plafond, le nez froncé, se demandant si c'était suffisant comme explication. Elle jugea que non. Parce que les chats mangent de l'herbe pour se débarrasser des boules de poiles coincées dans leur gorge après avoir fait leur toilette!

Gertrude, petite fleur des montagne, se laissait très volontièrement bercée par les vent polaires qui pouvaient souffler sr certaine de ses discussions. Mais Louis n'avait pas encore trop l'air de vouloir aller voir ses MIP ou d'envoyer un hibou urgent a une grand mère qui avait besoin de savoir ce qu'il faisait la tout de suite.
Il s'étonna simplement de son activité de sculpture sur melon. Ce qui enchanta la sorcière qui attrapa avec une célérité remarquable le fruit qu'elle avait laissé en bout de table.

- Non c'est pour décorer mon goûter ! Une nouvelle pause se glissa dans ses paroles. Une fête? Ca lui disait vaguement quelque chose. On avait bien tenté de l'inviter a un anniversaire mais ne connaissance pas ce Blblbl, elle avait jugé pas très polie de s'inviter. SI Louis en parlait c'est qu'il était invité non? Si populaire  ! Wow tu y es invité? Il y aura qui d'autre ?

Le faire vomir ? Ce n'était vraiment pas ragoutant. Les lèvres de Louis s'étirèrent en une grimace qu'il ne put réprimer, dégoûté par la vision qui lui était venue en tête, l'espace d'un instant. Quelle idée, aussi, de manger ses poils... si son papa mangeait ses poils, lui aussi, il se serait étouffé depuis longtemps. Heureusement, le père de Louis était assez intelligent pour ne pas faire quelque chose d'aussi stupide. Par contre, il voyait bien Waël le faire. Waël était tellement bête...

- Mais le chat ferait mieux de se laver dans l'eau, fit remarquer le garçon. Comme ça, il avale pas ses poils et il vomit pas. Parce que bon, c'est quand même pas très... appétissant.

Il avait du mal à trouver le bon mot pour qualifier ça, mais ce n'était pas très grave, parce que Gertrude était déjà passée à tout autre chose. Bizarrement, ça n'étonnait pas beaucoup Louis, parce qu'il savait déjà qu'elle était bizarre et, en un sens, l'acceptait. Il acceptait la bizzarerie de la vampire beaucoup mieux que la magie des maudits sorciers alentours. Même si pour le coup, il avait un peu plus peur du canif que des baguettes.

- Te blesse pas, souligna l'enfant tout en tournant le melon dans ses mains. Je sais pas trop qui vient à la fête. Plein de gens je pense. On m'a dit que c'était un bal et qu'il fallait y aller avec un cavalier ou une cavalière mais je connais personne qui monte à cheval. Et de toute façon personne voudrait de moi donc moi j'irai pas parce que tout seul on entre pas. Et toi tu vas y aller ?

Louis leva un oeil curieux sur la directrice du club de jardinage. Gertrude était quand même jolie avec ses longs cheveux noirs et ses yeux rouges ; c'était original, et elle avait un visage gentil. Il y avait sûrement déjà plein de gens qui l'avaient invité.

Gertrude déplia le petit couteau. Attrapant un fruit, elle se mit a l'éplucher sur la partie supérieur en divisant bien le melon en deux en souriant. Ça lui faisait plaisir qu'on s'inquiète un peu pour elle. Sandy s'inquiétait ! Violet aussi. Mais généralement les gens préférait la laisser tranquille.
Son travail terminé, elle planta délicatement ses crocs dans une partie du fruit pour aspirer suffisamment de jus pour que tout ne lui dégouline pas sur les mains.
Le travail préparatoire terminé, elle se mit a tailler le fruit, retirant de ci de là des épluchures oranges qu'elle déposait dans une petite coupelle entre elle et le garçon pour qu'ils aient quelque chose a manger.

- Un cavalier ? Redressant les yeux elle s'arrêta quelques instant, le sourire victorieux de la victoire sur les lèvres. Moi j'ai grimpé sur le dos d'un canari géant. Tu crois que ça marche ?

Se remettant au travail, elle se demanda quoi répondra a sa dernière question. C'était la deuxième personne a lui demander. Peut être que finalement Blblbl la connaissait et qu'elle, elle avait oublié. Ses yeux se remplires de larmes, donnant a ses globes oculaires un aspect d'océan de larme de sang. C'était trop triste. Comment avait elle pu oublier Blblbl. Elle était une sorcière indigne.

- Tu crois qu'on m'en voudra si j'y vais ? Je veux pas qu'on m'en veuille.

Et si Blblbl la trouvait hypocrite ? Peut être qu'elle devait ramener un beau cadeau.

Un... un canari géant ? Décidément, Gertrude était pleine de ressources et de surprises, songea le deuxième année d'un air hagard. Mais tout de même, cette sorcière là, c'était bizarre, mais elle l'inquiétait moins que les autres. Il n'essayait même pas de le convaincre de ne pas utiliser la magie tellement elle vivait dans son monde. Et, d'un autre coté, il s'inquiétait encore plus pour elle ; la voir manier ce canif était réellement effrayant. Louis craignait de la voir se blesser d'un instant à l'autre, aussi préférait-il détourner le regard. Les tomates étaient très intéressantes.

- Peut-être que ça marche, je sais pas trop. Au pire on nous a surtout dit de venir accompagné, alors "cavalier" ça désigne peut-être autre chose... Lui était trop jeune pour connaître tous les sens de ce mot. Mais personne t'en voudras si t'y vas, c'est fait pour. Je crois. C'est une fête, c'est fait pour s'amuser, logiquement, donc vas-y. Moi je sais que j'irai pas mais toi tu peux.

En réalité, le petit Serpentard mourrait d'envie d'y aller. Parce que c'était un bal ; ce n'était pas magique, un bal, et qu'un bal, ça rappelait les dessins animés qu'il regardait avec sa petite soeur à la maison, et ça c'était génial. Les joues rosies, Louis aurait bien aimé se fondre dans les tomates.

- Tu sais, à part Andrea, j'ai pas trop d'amis, mais ça me dérange pas, mais du coup je trouve que cette fête c'est un peu injuste parce que si t'as pas d'ami pour venir en duo avec toi bah tu peux pas y aller. Louis soupira. Mais bon, toi t'es grande, jolie et gentille alors des tas de garçons vont t'inviter je pense. T'as de la chance.

Il n'y avait de jalousie, dans sa voix, juste une pointe de déception. Tout le monde allait s'amuser alors que lui... lui, il lirait la Gazette du sorcier dans la salle commune de Serpentard tout en écrivant une lettre à ses parents pour leur dire qu'il rentrait bientôt, puisque l'été approchait. En même temps, il ne pouvait en vouloir qu'à lui-même : il était sans doute trop insupportable pour qu'une fille veuille bien l'inviter. Et, de toute façon, les filles, c'était nul. Parole d'un enfant de mauvaise foi.

La sculpture allait bon train, pouf, elle découpait, pouf elle mangeait ce qu'elle éliminait. Elle aurait bien chantonné un air mais on lui avait dit un jour que c'était pas gentil de faire ça quand on lui parlait.
Le gout sucré dans sa bouche et la fraîcheur du fruit dans ce décor lui donnait l'impression d'être un oiseau dans une forêt tropicale. Et du coup elle savait voler. S'arrêtant pour la millième fois, elle apprécia cette soudaine métamorphose avant de retourner affiner son travail. Les larmes qui s'étaient devinées dans ses yeux s'asséchèrent avec les mots du jeune homme et par sa faculté a passer a autre chose. Relevant la tête, elle demanda pourtant d'une vois timide.

- Tu le penses? Et pourquoi toi t'irais pas si moi je peux y aller alors que normalement j'étais pas invitée et que toi tu l'étais ?

Une nouvelle fois elle put admirer la jolie couleur rose qui vint maculer les joues du garçon. Le rose lui allait bien avec ses jolies boucles chocolat. Il disait des choses bizarres comme quoi il avait pas d'amis autre qu'Andrea et qu'elle était jolie. Il n'y avait que Sandy pour le lui dire. Ca lui faisait tout drôle de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre.
Regardant le fruit qu'elle tenait entre les mains, la vampire posa son couteau et lui tendit un melon qui ressemblait désormais très fort au jeune garçon qui lui faisait face. Face de melon. L'on est content quand on a un cadeau. Do...
Se mordillant les lèvres, elle demanda un peu chagrine.

- Et moi je suis pas ton amie ? Tu veux pas m'inviter ?

Louis piqua un morceau de chute de melon et le porta à ses lèvres, tout en continuant de regarder les tomates mûrir, un processus lent mais fascinant. Bien sucré, tout en restant doux, c'était un bon melon, et le Serpentard trouva presque dommage qu'il termine en sculpture de... lui.... d'accord. Il ne savait pas vraiment s'il devait se trouver flatté d'avoir servi de modèle à une artiste, pour peu que Gertrude soit une artiste, ou s'il devait se sentir vexé, alors dans le doute, il haussa un sourcil dubitatif et eut un rire nerveux.

- C'est... c'est beau, on dirait les têtes des présidents dans les falaises de l'Amérique. Il ne connaissait pas le nom du monument. Et il est bon ton melon, je pourrais en donner à Violet et Andy ? Il repensa alors à Ginkgo. Tu... tu sais si le melon c'est toxique pour les chevaux ?

Puis, comme c'était souvent le cas avec Gertrude, le sujet de conversation changea encore du tout au tout. On aurait dit une mauvaise partie de ping-pong. Louis était plutôt sportif, mais n'avait jamais été bon au ping-pong. Il regarda la directrice du club de jardinage de haut en bas, puis de bas en haut, puis de haut en bas, puis s'arrêta sur le chapeau de paille, puis détourna les yeux, puis déglutit péniblement, puis sentit son rythme cardiaque s'accélérer d'un seul coup et il manqua d'air.

- Je... c'est... je... enfin... ude... nghn... tu... tu... enfin, t-t-toi aussi t'es invitée, je crois, que t-t-t-out le monde est invité, en fait ; enfin, tu es invité si tu viens accompagné par q-q-quelqu'un, je....

Il en perdait son latin. Passé de rose à rouge vif, comme le joli plant de tomate à côté de lui, Louis se tritura nerveusement les doigts, alignant difficilement deux pensées cohérentes. Il avait chaud, très chaud, il se sentait littéralement brûler, et il songea que le soleil tapait très fort aujourd'hui et que Gertrude avait bien fait de se couvrir d'un chapeau.

- Je... je sais pas si t'es mon amie... ? réussit-il finalement à murmurer après une longue inspiration. Moi je t'aime assez bien mais c'est à toi de me dire si je suis ton ami. D'habitude les gens aiment pas être mon ami parce que j'ai mauvais caractère et que tu le sais, moi je déteste la magie. Mais... mais... si tu veux bien de moi je... je... je veux bien t'inviter... mais... on a pas le même âge, et puis tu as sans doute des garçons mieux et qui ont hâte de t'inviter alors que moi...

Il avait vraiment du mal à aller jusqu'au bout. Et il n'arrivait plus du tout à regarder la Poufsouffle dans les yeux. Pour sûr, c'était davantage l'amour du smoothie que de la magie qui les avait rapproché, et leur principal lien consistait à arroser des graines sous les serres, mais il était vrai que l'idée d'aller au bal avec Gertrude n'était pas désagréable, bien qu'un peu gênante pour le tout jeune garçon qu'il était.

Il n'avait pas l'air ravi de son cadeau. Peut être qu'il avait pas l'habitude qu'on lui en donne ? Elle observa très attentivement ses réactions. Son sourcil avait envie de prendre son indépendance alors que sa voix n'était plus trs naturelle. C'était de sa faute. Elle n'aurait pas du tailler son visage dans le fruit, a bien y repenser, elle non plus n'aurait pas aimé manger son propre visage. Elle aurait aimé dire quelque chose mais rien ne lui venait... Finalement ce fut encore Louis qui la consola en lui disant qu'au moins il avait bon gout.

A ses questions, le jeune sorcier devint tout rouge. C'était passionnant. Il avait des couleurs si vives en stock alors qu'elle, elle était si pâle. Et puis il bégayait beaucoup. Elle se demanda si il avait mangé du melon de travers. Peut être devait elle lui taper dans le dos? Se triturant les doigts, elle observait le Serpentard de plus en plus inquiète. Finalement il lui avoua qu'il ne savait pas si il était son ami, invoqua sa liste de défauts et leur différence d'age. Un aspect culturel encore inconnu dans le bataillon qui lui servait de cerveau.
La seule réponse qu'elle trouva ce fut...

- D'accord. On se retrouvera ou ?

Si il l'aimait bien alors tout allait bien non ? Parce que pour Gertrude, il n'y avait aucune raison pour que Louis ne soit pas son ami. De nouveau toute souriante, elle laissa enfin ses mains tranquilles pour caresser le bois de la table. Elle était heureuse qu'on l'ait invité a l'anniversaire de Blblbl et surtout d'être accompagnée de quelqu'un qui la trouvait gentille et jolie. Elle se remit a chantonner spontanément.

- Lou lou loutre il aime pas la magie mais il aime bien les vampireuuuu ♫

Louis manquait cruellement d'air, alors qu'à contrario, beaucoup trop de sang stagnait au niveau de son visage. Le cerveau, mal oxygéné, envoyait des signaux de détresse que le reste du corps ne recevait pas et, en finalité, Louis tenta de faire passer la pilule en picorant le melon plus que de raison. Au moins, s'il commençait à réellement s'étouffer, il pourrait faire croire qu'il avait avalé de travers. C'était certainement bien ridicule que de s'étouffer parce qu'on était devant une fille plus âgée, et qu'on avait douze ans, et qu'à cet âge-là, il se passait des choses bien étranges, lorsqu'on était face à une fille.

- Je.. je... devant ta salle commune... ? Ce sera sur mon chemin, donc, si tu veux bien, ce serait... bien.

Le garçon se flagella mentalement. Il n'arrivait même plus à parler correctement, c'était vraiment risible. Et le voilà qui se dandinait de droite à gauche, incapable de tenir en place, gêné au possible et, vraiment, ce qu'il faisait chaud dans les serres ! De toute sa vie, Louis n'avait jamais ressenti ça. Il fallait dire que, de toute sa vie, Louis n'avait jamais été invité par une fille et que, au demeurant, il ne s'était jamais vraiment rendu compte des rapports que pouvaient entretenir les filles et les garçons. Il arrivait à un âge où l'on ne restait pas simplement amis ; et si cela n'était pas encore très clair pour lui, les premiers pavés de la route vers la compréhension était posés. De façon plutôt douloureuse et déconcertante, mais posés.

- Je... si tu veux, je... je pourrai te faire... une robe... proposa-t-il tout bas, timidement, les yeux baissés vers ses mains nerveusement jointes sous la table. Il... il faudra juste que tu me dises tes... tes mesures...

Il lui avait déjà dit qu'il aimait bien la couture, dans ses souvenirs, mais il n'avait encore jamais réalisé de vêtements. Et encore moins pour quelqu'un d'autre. Mais l'idée, d'une certaine manière, lui faisait plaisir. Même si une question lui taraudait toujours l'esprit.

- Tu... tu es sûre que ça va aller ? T'es quand même en sixième année, et moi deuxième, et puis... toute ma maison me déteste, ou presque, alors on risque de beaucoup t'embêter à cause de moi...

Il était comme ça, Louis. Derrière ses airs rebelles et de gros dur, se cachait quelqu'un d'attentif au confort des autres.

Posant sa joue sur le bois, continuant a passer la paume de sa main dans une douce caresse sur la surface, la voix de la sorcière s'éteignit pour écouter son tout nouveau cavalier qui avait l'air d'avoir un cheval mais qu'il ne montait pas. Ce contact avec le bois lui parasitait l'esprit. Alors qu'elle était émerveillée par l'esprit pratique du Serpentard, elle se demandait quel effet cela faisait d'être un arbre. Et de voir que son boit voyageais partout dans le monde en amour avec son sorcier.

Louis lui proposait de la rejoindre devant sa salle commune parce que c'était sur son chemin. Gertrude n'y aurait pas pensé. Elle aurait proposé les serres, le soir elle se serait perdue (même si elle voyait parfaitement dans le noir, c'était psychologique), puis aurait envoyé son patronus chercher Louis, se serait encore perdu et finalement ils se seraient rejoins trop tard et auraient loupé la fête.
DU bout des lèvres, Gertrude laissé échapper un pardon muet. Être un arbre c'était quand même moins compliqué qu'une semi vampire.

- D'accord je t'attendrais !

La proposition qui suivit ne manqua pas de la prendre au dépourvu. Une robe ? Elle n'y avait pas pensé. Elle s'était imaginée venir en uniforme avec son plus beau gilet. Se sentant rougir avec talent, Gertrude, appuya un peu plus sa joue contre le bois en lachant pas le garçon du regard. Elle n'avait pas besoin de regarder ce qu'elle faisait pour être précise, sa main trouva celle de Louis et elle la pressa doucement, ne sachant pas cacher la vague de bonheur qui la submergeait.

- C'est vrai tu veux bien? Il y a une règle dans le tiroir si tu veux?

Elle était tellement contente qu'elle aurait aimé câliner la tabler plus longtemps. Son ami lui disait des trucs bizarres mais elle y mit fin rapidement.

- Les gens ne m'embêteront pas, je leur donnerais du melon. Et puis ils ont pas le droit de t'embêter non plus je te serrerait fort la main.

Elle ne savait pas quoi dire sur le point soulevé sur leur age. Elle ne comprenait toujours pas en quoi cela posait problème. Il avait dit qu'elle pouvait y aller avec n'importe qui non ? Et bien elle avait décidé d'y aller avec lui.

Bon, au moins, le point de rendez-vous était déterminé, c'était déjà ça. Il ne lui resterait vraiment plus qu'à faire son maximum pour créer une jolie robe ; c'était bien le minimum, pour remercier Gertrude de sa gentillesse. Elle faisait partie de ces très rares individus qui lui redonnaient un peu foi en les sorciers et... et c'était quoi cette main sur la sienne ?!
Si cela était possible, Louis rougit encore plus. Il n'existait pas tomate plus mûre que lui dans cette serre. Crispé et maladroit, il peine grandement à garder son calme et, en fait, n'y arriva pas. De nouveau en manque d'oxygène et tout tremblant, il fit un effort surhumain pour ne pas trop bafouiller.

- Je... une règle c'est pas assez grand et... demande à quelqu'un dans ta salle commune... de prendre tes mesures ? Une amie à toi ? Et t-t-tu me diras, par message ou. ou n'importe q-quoi...

Parce que décemment, non, il ne se voyait pas prendre un ruban à mesure et faire le tour de la vampirique sorcière. C'était trop gênant. Déjà que rien que cette main sur la sienne le mettait affreusement mal à l'aise... c'était tout de même bizarre. Gertrude était la première fille à le rendre... comme ça. Et Louis ne comprenait vraiment pas. C'était nouveau et plutôt déconcertant.

Par chance, d'autres personnes avaient certainement décidés que le club de jardinage débutait trop tard à leur goût, car un trio de sorciers s'avançaient bras dessus bras dessous vers les sculpteurs de melon. Louis jugea cette occasion parfaite pour amorcer un retrait stratégique et sauver son pauvre petit coeur qui, su'il continuait de pulser aussi fort, allait imploser. Il eut donc un rire gêné, retira sa main de celle de Gertrude et entama un pas vers l'extérieur des serres.

- Je... je vais voir comment vont les fleurs au pied du saule cogneur, d-d-d'accord ? Je vous laisse sculpter des m-melons...

Et sans plus attendre, Louis courut loin, très loin, pour remettre ses idées en place. Bon sang ! Il était un garçon fort et sûr de lui ! C'était vachement honteux, de se retrouver aussi misérable devant une sorcière...

Il lui fallait donc l'ami amical pour brandir moult points significatifs sur son cuir blafard dans un bouquin qui irait droit aux mains du charmant Louis.
Mais qui ! Pas d'individus jouant aux poupins. Mais Sandy? Il n'allait pas la punir d'un non si Trudy priait fort son appui. Soldat droit dans son pantalon, Sandy Gryffon pour la situation.
Souriant au compagnon discutant dans un mono discours, l'alpha du club avait foi. Il allait la couvrir sans accrocs.

Mip mip son ami allait courir jardin puis couloir, portant son propos.

Louis avait l'air fort dans l'art du fashion. Louis accompagnant la rani sans canasson mais toujours plus noblaillon. Oh soucis! Oh abandon ! Trudy pondait un fruit polis par un canif mais son art puait vis a vis du brio du garçon.
Trudy la souillon, Trudy la Bio avait un soucis. Son compagnon faisait tout. Poids lourd du duo ? Zut, sapristi ! L'alpha du club voulait adoucir son chagrin. Un Futur bijou floral allait finir ici, motivation pour Trudy d'unir son travail au travail du tissu fait par Louis.

Soupir dissout par la crispation du garçon qui n'avait pas l'air satisfait. Avait il un soucis ? Sa main vola pour mollir sur son flanc droit. Pardon ? Il fuit l'adroit gamin! Mit mal par son contact, Louis rougit. Puis Louis disparaît sur un mot, partant courir l'inspiration.

Saluant sans voir qui rigolait, Trudy offrit un passionnant coucou aux arrivants.

L'alpha du club cacha la situation, n'ayant pas la soif d'avis sur sa proposition, s'amusant du futur. Puis il fallait mûrir un don pour Blblbl.
Sac brillant, radis croquants, miroir d'or, mini banjo , slip kangourou, yo yo , mouchoir blanc tout doux, ballon rond fluo, tong marrons à talons gris trop swag, parfum, shampoing aux litchis, Whisky ? Ou un dragon. Mais l'animal divin coûtait son prix.  Trudy savait pas quoi choisir. Blblbl, inconnu dans Poudlard avait un goût a part. Un loisir qui lui plaisait ? Trop ardu a savoir. Il lui fallait un don pour offrir du plaisir au plus grand quorum. Courir au bourg joint a Poudlard pour offrir bonbons ou produits sportif a l'instar du quidditch. Vif d'or, cognard, ou balais ? Chamallows, carambar, fitzzwibizz, dragibus, chaudron au chocolat ou nids a cafards ? Ou la chanson pour la satisfaction. Tout droit sorti du ciboulot du truc qui kiffait Twilight. La chanson amusant, plaisant aux marmots, si Blblbl avait 12 ans il aurait du plaisir.

Mais bon. L'alpha du club clama un plan du jour pour agir aujourd'hui sur la plantation. Raison ? Radis ? Chou ? Il y avait aussi du romarin, potiron, ail, oignon, thym, kiwi, litchi, ananas, haricots Pourquoi pas. L’arrosoir a son bras, Trudy pointa du doigt un pot a truc a chat.

- Vio tu voulais du miam a vomir pour chat? aucun soucis.

Louis avait pas pris son portrait. Trudy l'attrapa pour lui offrir plus tard. Au salon commun façon sapin, Trudy irait saisir un individu ani pour offrir par lui son fruit.