Tu es bien avec Sandy. Ton cœur s’est calmé, la situation revient à la normale, comme si vous étiez un couple comme les autres. C’est quelque chose que tu aimes, quelque part, dans votre relation. Cette capacité à passer d’une vie à deux à une autre, cette capacité à vivre passions et tendresses séparément, mais étroitement liées. Tu ne t’ennuies pas, avec ton blond. Et même si tu commences à comprendre comment il fonctionne, il arrive encore à te surprendre, plutôt agréablement, d’ailleurs. Il vient frotter son nez au tien, dans ce contact intime que vous vous êtes créés, et tu ne résistes pas à l’envie de garder tes yeux grands ouverts, pour absorber chaque détail de son visage.

Tu es content qu’il fasse du quidditch, parce qu’au moins, personne ne saura qui est responsable de sa lèvre légèrement découpée. Vous pourrez toujours prétexter que ce n’est qu’un cognard. Enfin, tu fermes tes yeux, et tu apprécies la chaleur de son corps sur le tien, et la caresse du soleil sur ton visage. Presque simultanément avec lui, tu soupires de plaisir. Et le silence s’étire, et tu savoures chacune de ces secondes, en sachant que, bientôt, Sandy ne supportera plus ça et trouvera une connerie à faire. Bingo. Tu le connais bien ton amoureux, hein Emmet ?

Sans trop de surprise, tu subis une attaque de bisous, légers mais un peu poisseux. Ne réalise-t-il pas qu’il est en train de te balafrer de son sang, chaque fois qu’il pose ses lèvres sur ta peau. Tu grognes. Ce n’est pas très agréable, ce liquide visqueux qui colle et tire sur les pores du visage. Mais il est si mignon que tu n’as pas le courage de l’arrêter. Tu rouvres les yeux, et un petit rire heureux t’échappe, juste après qu’il t’ai embrassé, juste avant qu’il ne te retourne sans difficulté. Tu te retrouves au-dessus. Moins agréable, mais tu ne feras pas de commentaires sur ça… À tes yeux, tu as assez prouvé ta soumission pour des années.

« Mais arrêteuuuh. »

Ta voix est sortie comme celle d’un enfant, dans un petit cri de protestation qui te rappelle presque immédiatement tout ces couples heureux, que tu considérais comme faibles et ridicules. C’était toi, le faible et ridicule, en fait. Et il avait fallu un Sandy, un effronté Gryffondor, pour que tu le réalises. Tu protestes, donc. Et tu ne le fais que maintenant parce qu’avant, tu étais occupé à savourer ses baisers. Tu souffles sur ton visage et tu continues, sur un ton un peu plus sérieux.

« Tu m’as mis du sang partout maintenant, j’ai l’air d’un assassin. »

Un vampire assassin… Rien qui ne sorte de l’ordinaire, en y réfléchissant bien. Tes yeux se fixent sur ses lèvres.

« Attends, je vais nettoyer ça. »

Et puis, sans vraiment de pudeur, avec une infinie délicatesse, tu passes ta langue sur la blessure. La salive a des propriétés désinfectantes et cicatrisantes, tu l’as appris en cours de soin aux créatures magiques. Et puis, contrairement au commun des mortels, tu es loin de trouver cet acte repoussant, ou désagréable. Alors, tu lèches trois ou quatre fois ses lèvres, tes yeux plantés dans les siens, pour avoir un point fixe t’empêchant de perdre la raison. Et ça marche. Tu commences enfin à te contrôler, Emmet. Tu te recules, et tu souris. Il va probablement en faire de même, et re-craqueler tout ça, mais c’est pas grave. Tu es volontaire pour recommencer à l’infini.

Sandy perd le contrôle, et ça te fait plaisir, Emmet, de constater que tu n’es pas le seul en difficulté, dans l’histoire. Tu l’observes reproduire le même schéma que toi, et tu comprends. C’est vrai que c’est drôlement agréable, ces bêtises, tu pourrais toi-même perdre tes moyens, mais la fatigue te happe, petit à petit, et tu as juste envie d’un câlin. D’un bon gros câlin qui durerait toute la vie, blotti dans les bras de cet homme que tu considères comme ton amoureux. Ton corps se détend en conséquences, et tu profites de toutes ses petites attention, le laissant appuyer son étreinte, mais sans répondre particulièrement.

Et puis, il attrape ta nuque, et il t’embrasse. Il est plutôt tendre, comme s’il avait compris tes besoins… Comme d’habitude, en fait : tu ne vois même pas pourquoi ça devrait t’étonner. Délicatement, tu lui réponds, sans capter la frustration qui l’étreint. Toi, tu ne vois que la douceur dans vos embrassades, et c’est dans cette optique que tu glisses ta langue sur ses lèvres, qui sont déjà ré-ouvertes. Idiot. Un sourire t’échappe à cette pensée… Et Merlin seul sait comme il est difficile d’embrasser en souriant. Alors, ça coupe le moment. Tu es un peu le roi, pour ce genre de choses…

« Désolé. »

Tu t’excuses, plus pour lui faire plaisir que par réelle envie de t’excuser. Le goût de son sang sur tes lèvres te galvanise un peu, mais tu es trop en contrôle pour te laisser aller. Délicatement, tu glisses à côté de lui, et poses ta tête sur son torse. Tendre, si tendre… Et puis, tu fermes tes yeux, et laisse ta main gauche vagabonder sur sa peau, y traçant de vastes arabesques que vous êtes seuls à pouvoir comprendre. Tu es bien, comme ça, blotti contre lui. Ces moments là sont au moins aussi bons que les autres. Alors, dans un murmure, trois mots t’échappent :

« Je t’aime… »

Tu l’as enfin dit, pour de vrai, tellement bas que tu n’es même pas sûr qu’il t’ai entendu. Mais dans cette situation, tu ne voyais rien d’autre à faire. Doucement, tu resserres ton étreinte, bien décidé à ne plus bouger de cette délicieuse position jusqu’à l’heure du repas, heure à laquelle vous devrez vous séparer. Terrible situation, à laquelle tu évites de penser, car plus le temps passe, plus les secondes paraissent longues, sans lui.