Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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you build me up and then i fall apart — caesius

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Amethyste H. Rosenbach
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Mer 12 Mar - 22:30
Un sourire la ferait chavirer.
Quelques mots alignés, un prénom ou le dos d’un homme. Un simple regard, les racines vertes d’une plante encore bébé ; toutes les choses futiles du monde et de la vie. Le regard d’Amethyste était obstinément posé sur les plantes déposées dans un vase, la tête appuyée contre le froid de la table. Elle regardait à travers le verre transparent du vase ces racines flétries, atrophiées par le manque de la terre, prolongées dans des tiges qui penchaient déjà sous le poids de l’abandon. De jolies plantes, c’était. Des fleurs si belles et silencieuses, mourant lentement dans un magnifique vase déposé sur la table où Caesius et elle étaient assis. L’image était magnifique ; le bois au contrejour, de belles fleurs qui se fanent, une lumière légèrement brisée sur l’eau sale qui remplissait le vase, et les livres que Caesius ne semblait pas vouloir lâcher. On aurait dit l’une de ces images profondes capturées dans un film à un angle impossible, l’un de ces reflets un peu vagues qui creusent un peu plus la mélancolie.

Amethyste s’était souvenue de son plant de haricots, quand elle était petite. Elle n’avait pas le droit de jouer dans le jardin, de salir ses jolies robes et ses chaussures de poupée. Alors elle avait décidé de planter ses haricots dans un pot de yaourt rempli de coton. Elle les avait arrosés, et elle avait attendu. Le début de racine, verte et si fragile, qui avait alors commencé à éclater la membrane de la graine, avait en même temps éclaté celle, fébrile et encore enfant, du cœur d’Amethyste. C’était la première fois qu’elle avait vu une vie éclore grâce aux soins de ses petits doigts fiers.
Un souvenir provoquerait sa chute ; le souvenir d’une plante qui pousse ou d’une fleur qui se fane sur son cœur en velours de jeune fille vite blessée. Elle avait fermé les yeux, ignorant les bouquins ouverts devant elle, et elle avait chassé tous les souvenirs de sa tête.

Elle n’avait pas rouvert les yeux, de peur de fixer Caesius trop longtemps.

Le soleil poursuivait lentement sa montée, la lumière teintait de pourpre une énième matinée de décembre. Les matins de retenue en compagnie de Caesius étaient longs mais pressés, beaux et pourtant douloureux. Et Amethyste, cette fois, était aussi silencieuse que les fleurs dans le vase.
Le professeur s’était certainement habitué tant à son silence qu’à son fracas. Il avait toujours été là ; les matinées d’hivers comme de printemps, les matinées de colère et de silence. Il avait toujours eu le même sourire.
Et son sourire la ferait passionnément chavirer.

Amethyste avait alors ouvert les yeux, en quête de son sourire. Elle ne le trouvait pas, pas encore, et finalement, elle pouvait le fixer autant qu’elle voulait, il ne la verrait pas, il ne se poserait pas de questions ; c’est ce qu’elle pensait.

Amethyste connaissait les mains de Caesius par cœur, elle pourrait les dessiner courbe par courbe, les tracer veine par veine ; elle les avait longtemps et souvent fixées, parfois elle vérifiait et revérifiait qu’il n’y avait aucune marque d’alliance autour de ses doigts. Elle en rougissait légèrement, se trouvait stupide.
Elle avait soupiré en portant un regard vague et sans grand intérêt aux livres devant elle. Elle avait ensuite légèrement tiré sur la manche de Caesius, dans un geste mi-enfant, mi-irrité, et dans la voix agacée de l’ennui elle avait soufflé.

« Je ne trouve pas ta stupide plante. »

En réalité, elle n’avait même pas cherché.
Elle espérait secrètement que Caesius se pencherait à ses côtés, lui indiquerait une page, un nom. Elle pensait qu’il sourirait peut-être, qu’il recollerait ses morceaux en la faisant chavirer.

« À quoi ça te sert, de toute façon ? »


Elle ne voulait pas élever la voix entre les étagères muettes de la bibliothèque, mais le ton de sa phrase trahissait déjà assez la brûlure qui commençait à naître entre ses côtes. À quoi ça te sert, Caesius ? De me traîner derrière toi, d’encaisser les mots amers de l’immaturité dont je te crible à chaque réplique ? À quoi ça te sert de te trimballer mes douleurs en plus des tiennes sur le dos, de me parler, de me sourire, de me faire te détester ?
À quoi ça te sert de me reconstruire à chaque fois que je m’écroule si c’est pour me regarder tomber en morceaux entre tes doigts, encore et encore ?

Amethyste avait légèrement plissé les yeux, s’était forcée à détourner son regard vers le vase et ses fleurs flétries. Elle ne lui aurait jamais dit toutes ces choses. Pas encore, en tout cas.

« De chercher cette plante, je veux dire. À quoi elle va te servir, après ? »

Elle avait attiré le vase entre ses mains, et tapotait sur le verre du bout des ongles. Il fallait qu’elle évite de le regarder.
Il saurait peut-être que ce n’était pas la question qu’elle voulait poser.
Elle se souvenait encore de son plant de haricot.

Caesius avait sans doute l’habitude de faire pousser des plantes enfants, de les faire grandir avec ses belles mains, de les aimer le temps qu’elles vivent et de les voir ensuite se faner.
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Caesius Carthaigh
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Ven 14 Mar - 14:02

Il y avait ces moments où Caesius s'oubliait.
C'était si paisible – il oubliait tout. Il oubliait son souffle qui se dégageait de ses lèvres à peine ouvertes, il oubliait les chuchotis alentours, le hurlement des chaises que l'on racle sur le sol, le chant étouffé des oisillons qui pleurent au printemps.
Il n'entendait plus rien ; sa vue, droite, obsédée, brûlait tout sur les pourtours de son champ de vision. Il n'y avait plus rien à par lui et ce pli, là, devant son nez qui sentait si bon les pages parcheminées.
Qu'il était dangereux de repartir à la rencontre de son premier amour.

Il en avait été malade.
Il en avait été malade, lorsqu'elle l'avait trahi – et il l'était toujours avec ce suc amer qui remontait sur sa langue à chaque fois qu'il entrait dans la bibliothèque. Mais il y avait cette passion ardente, insolente qu'il se refusait mais n'arrivait pas à retenir.
Il y avait tellement de plaisir à sentir les pages glisser sous ses doigts et les mots enchanter son âme ; il était faible.
Il avait toujours été très faible et il le serait toujours. Il suffisait d'un rien pour lui faire courber l'échine et planter un étendard victorieux dans sa nuque ; les livres le volaient.
Il oubliait tout et s'oubliait.

Pourtant, ce n'était pas le plus passionnant des livres ; ça ne parlait ni d'un mystérieux sorciers qui auraient inventé la baguette la plus puissante, ni d'un animal magique dont l'existence n'aurait jamais été prouvée, encore moins d'une relique égarée. Ça parlait des plantes.
Caesius était professeur de botanique, mais il n'aimait pas les plantes plus que de raison ; il leur avait toujours préféré les livres.
Il y avait des tiges, des fleurs, des arbres et des buissons griffonnés avec une encre qui s'était grisée au fil du temps. Il y avait des gribouillis dont la courbure des consonne changeait au fur et à mesure des pages. Par moments, Caesius, butant sur ces écritures maladroites, fronçait les sourcils.
Ça lui faisait une ligne pourpre en bas du front, presque trop délicate pour l'homme grand et pataud qu'il était.
Quand il avait un livre entre ses paumes, il devenait gracieux ; c'était si rare, et c'était si silencieux.

Mais il y avait tant de retenue dans la façon dont il tournait les lourdes pages sépia.
Autrefois, il se serait courbé, presque avachi sur le livre, le nez plongé dans la reliure, le front plissé avide de connaissance, les doigts glissés derrière la page de droite pour la tourner au plus vite, l'autre écrasant la page de gauche comme pour affirmer que, c'est bon, celle là, il la connaissait déjà par cœur.
Maintenant, il se tenait à distance de la connaissance. Il avait appuyé sa pomette, à demi-nonchalante, sur sa main gauche tandis que son œil se tenait à bonne distance des mots.
Il n'avait plus ses doigts glissés derrière la page de droite ; seulement l'index.
Il y avait des habitudes qui ne nous quittaient pas.

Dans ces instants, il aurait tellement ressemblé à celui qu'il était plus jeune s'il n'avait pas un air si doux étalé sur ses paupières.
L'orgueil l'avait quitté depuis si longtemps qu'il s'en rappelait à peine.

Il ne sentait pas, dans son dos, le soleil matinal lui embrasser la nuque.
Mais pire encore ; il ne voyait pas, en face de lui, la chevelure éclatante d'Amethyste lui crever la rétine – il s'oubliait.
Pourtant, dans ce non-instant de vie, il lui suffit d'un morceau de voix, d'un petit tressautement cristallin pour l'arracher à son éclipse.

« Je ne trouve pas ta stupide plante. »

Caesius releva ses yeux vers Amethyste ; elle venait de retirer ses doigts de sa manche. Il ne s'en était même pas aperçu.
Il lui sourit.

C'est vrai ; elle était là, Amethyste.
Elle était là, toujours – presque chaque jour tant elle recevait de retenue, mais le plus souvent en fin de semaine. Elle était là – parfois en colère, râleuse, violente et téméraire. Elle était là – une boule ravageuse, destructrice qui avait ébranlé son existence.
Quelqu'un qui l'avait touché.
Il lui souriait ; elle était si paisible, aujourd'hui.

« Pardon, je sais que ce ne doit pas être la retenue la plus passionnante pour toi. »

Il avait décollé son œil bleu des parchemins pour la regarder.

« À quoi ça te sert, de toute façon ? »

Elle détourna soudain son visage et Caesius releva un sourcil ; il ne comprenait pas.
Il y avait trop de choses qu'il ne comprenait pas et qu'il cachait derrière ses sourires affables ; mais là, le sien s'affaiblit un peu pour laisser place à la réflexion.

« De chercher cette plante, je veux dire. À quoi elle va te servir, après ?
- Ah, ça ? »

Elle jouait de ses doigts sur le verre d'un vase.
Il n'avait pas remarqué qu'il y avait des fleurs sur le bureau. Replaçant son sourire sur les lèvres, il referma le livre qu'il lisait – il ne lui était pas utile finalement – et tendit sa main et son corps pour se saisir celui qui se trouvait au sommet d'une haute pile.

« Une de mes plantes est morte ce matin, commença-t-il à expliquer. Pas parce que je m'en occupais mal, mais parce qu'elle a une durée de vie limité. »

Il ouvrit le livre à la couverture auburn.

« Or, c'est une plante qui vit en symbiose avec une autre. Si je n'en retrouve pas rapidement, la deuxième plante va probablement mourir à son tour. Il faut que j'en retrouve une rapidement si je ne veux pas que ça arrive. »

Puis il se gratta la mâchoire, par habitude, sûrement. Il était concentré ; un peu nerveux.

« Je suis presque sûr de pouvoir trouver un spécimen dans la forêt interdite, mais je préfère juste – vérifier. »

Il buta un peu, comme un enfant chancelant. Un malaise grimpa subrepticement sur ses joues ; il reporta son regard sur Amethyste.

« Voilà pourquoi nous la recherchons. Mais si tu t'ennuies trop, tu peux aller chercher un autre livre et lire ce qui te plaît. »

Il avait, entre ses mains, un livre.
Il avait, devant lui, Amethyste.
Et c'était elle qu'il regardait, pour être sûr que tout allait bien, un sourire à peine dessiné sur ses lèvres, alors que son index se glissait sous la page de droite.
Elle avait l'air paisible aujourd'hui.

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Amethyste H. Rosenbach
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Lun 24 Mar - 19:22
Caesius lui avait finalement souri, c’était tellement prévisible. Elle le savait, elle verrait presque ce sourire brûlant bien avant qu’il ne se dessine ; elle le voulait, le détestait et l’anticipait avec la même ardeur à chaque fois. Il avait le même pour tout le monde, et un autre un peu plus particulier pour elle ; un peu plus naturel et teinté d’habitude. Amethyste connaissait tous les sourires de Caesius, ainsi que tous ses non-sourires. Lorsqu’il se penchait sur ses ouvrages, lorsqu’il réfléchissait ou lorsqu’il semblait partir très loin dans des pensées qu’elle n’arrivait pas à imaginer – à quoi pouvait bien penser Caesius durant ses moments de profonde méditation ? -, lorsqu’il faisait ces choses où il était livré à lui-même, il ne souriait plus. Il avait le sourire pour les autres mais jamais pour lui, et Amethyste trouvait ça très triste et très étrange.

Elle ne comptait pas vraiment tendre l’oreille à ses explications, après tout, elle ne lui avait pas posé la question dont elle voulait la réponse. La raison de leurs recherches lui importait assez peu, tant qu’elle était là avec lui et qu’elle jouait au jeu de la princesse désintéressée. Elle continuait de tapoter sur le verre, fébrile et silencieuse, les sourcils froncés, à écouter ses excuses et ses explications, à écouter le timbre de sa voix changé par de légers sourires. Le temps filait avec une rapidité douce, et les minutes d’Amethyste et de Caesius, longues dans leur lenteur, s’épuisaient. Son histoire ne l’intéressait pas –pas encore, mais elle ne voulait pas qu’il se taise ; oh non, pour rien au monde. Quand il parlait elle n’avait pas à le faire, elle n’avait pas à se fâcher, elle n’avait pas d’excuses. Les paroles de Caesius se déposaient délicatement sur sa peau comme la lumière du matin sur les pages ancestrales de ses livres, et elle les absorbait, les mâchait et remâchait sans les comprendre derrière ses lèvres nouées dans la moue de l’indifférence. Elle avait appris à le faire depuis longtemps. Parfois elle ripostait, parfois elle criait parce que ses paroles bloquaient quelque part entre les enchevêtrements flous de son silence à fleur de peau, de sa colère encore dormante, parfois même ça l’agaçait, qu’elle absorbe toutes ses paroles dans le silence doux d’avant la tempête alors que tout ce qu’il disait était gorgé du fiel sucré de la douceur. Elle aimait écouter Caesius parler et elle détestait ses mots –tristesse et tendresse mélangées, ses mots maladroits.
Les mots qu’elle ne saurait jamais dire parce que l’amour d’Amethyste est trop grand pour être étalé, trop enfant aussi, perdu à mi-côte sur une route déserte qu’elle laissait abandonnée.

Ses doigts s’arrêtèrent ensuite de tapoter sur le verre ; Caesius avait cessé de parler. Un silence s’était alors installé, une seconde éternelle de silence qu’elle avait forcé entre eux. Éternelle, pourtant trop courte pour qu’elle relève ses yeux étincelles sur les lèvres soudées de Caesius, dans l’espoir de ramasser un dernier sourire. Elle l’avait pourtant fait, le mouvement lui semblait infiniment long. Ensuite elle remonta ses yeux dans le profond bleu du regard de Caesius ; elle avait le regard à la fois curieux et las d’une adolescente détachée.

«  Elle est énormément bête ta deuxième plante quand même. »

La plante n’était pas bête. En réalité, Amy pensait qu’elle était vraiment courageuse, même si elle ne comprenait pas du tout comment deux êtres pouvaient vivre en symbiose. Grâce à l’amour, peut-être ; elle n’y croyait pas plus que ça. Elle n’avait jamais remarqué une quelconque profonde connexion entre ses parents –le seul couple qu’elle ait jamais suivi aussi longtemps du haut de ses seize printemps et le seul exemple qu’elle ait jamais eu jusque là-, sauf peut-être celle de la responsabilité partagée. Elle n’avait jamais cru à l’amour fusionnel, au jamais la vie sans toi. Comment un être pouvait-il dépérir sans la présence de l’autre alors qu’il était fondamentalement indépendant, alors qu’il possédait ses propres systèmes de croissance et de protection ? Comment deux êtres pouvaient-ils devenir ainsi enchevêtrés l’un dans l’autre et dans la vie ?

« Est-ce que l’amour est une forme de symbiose ? »

Était-ce une question qu’il fallait poser à un professeur ? Et pourquoi pas, déjà ? Si elle la posait à sa mère, cette dernière se contenterait tout simplement de hausser les sourcils et de lui sourire comme si sa fille avait complètement perdu l’esprit en plein méandres de l’incertitude et des premières amours. De toute évidence, sa mère ne comprendrait pas le fond de sa question. L’amour aux yeux de sa mère –Amy l’avait remarqué dès sa tendre enfance- n’était pas très différent du besoin. Et par besoins elle pensait principalement aux besoins éphémères des choses et des objets. Sa mère aimait les choses parce qu’elle en avait besoin, parce qu’elles lui étaient utiles, et Amethyste l’aimait parce qu’elle avait besoin d’elle et de son rôle de maman, parce que c’était dans l’ordre naturel et primordial des choses ; elle n’avait pas à y penser, ni à se poser de questions. Elle aimait son mari parce qu’elle partageait un foyer avec lui, parce qu’elle l’avait épousé par commodité.
Amethyste se demandait ; aimait-elle Caesius parce qu’elle en avait besoin, parce qu’il lui était utile ? Son amour pour Caesius était-il une forme de symbiose, ou était-il vain dans la mesure où le concerné n’avait absolument aucune idée de l’existence de ces sentiments ?

« Tu vas aller dans la forêt interdite alors, après. Est-ce que je pourrais t’accompagner ? »

Le regard d’Amethyste ne s’était pas détaché des yeux de son professeur. Elle savait qu’il allait refuser.
Après tout, Amethyste ne pouvait rien lui communiquer dans la simple lueur de son regard. Elle savait, tout au fond, qu’elle ne l’aimait pas par besoin.
Elle l’aimait parce qu’elle le haïssait, et son amour ne serait jamais une forme de symbiose.
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Caesius Carthaigh
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Mar 25 Mar - 14:39

Elle avait la moue aux lèvres et lui avait arraché un sourire.

«  Elle est énormément bête ta deuxième plante quand même. »

Il avait claqué plus vite coup, plus lumineux qu'un rayon qui vient soudain trancher une joue en deux morceaux pâles. Il avait été si brusque, si sincère qu'il en était chancelant – même pour lui.
Caesius n'avait pas l'habitude de sourire pour de vrai. Il en avait l’œil un peu luisant, et sa lèvre supérieure dégageait un éclat de ses dents.
Caesius souriait – il arrêta vite, une gêne s'agrippant à sa nuque, il cacha ses dents et baissa ses cils. Ses commissures frémissaient toujours.

C'était Amethyste qui lui arrachait toujours ces sourires. Elle ne le faisait pas exprès – sa spontanéité brutale le dérobait.
Elle ne lui laissait pas le temps de faire semblant ; un air tiède glissa sur son front.

« Non, elle n'est pas bête. Elle est juste, comme ça. »

Sa voix chancela sur la fin – il se pensait lui-même comme porteur du flambeau obscur d'une grande bêtise. Son lui orgueilleux et fier était mort en même temps que les chairs d'une infirmière – c'était juste comme ça.
Il était juste comme ça, trop grand, trop roux, trop tacheté de marques sur les joues et l'arrête du nez, trop silencieux et souriant, trop affable et atone.
Ce n'était même pas de l'indolence ; la bêtise s'ancrait dans son ventre.

Il l'avait toujours admiré, du haut de son grand corps et de son esprit brisé ; elle avait la force de cogner la vie. Il n'avait jamais pu. Le livre entre ses doigts blancs, il n'y pensait pas.

« Est-ce que l’amour est une forme de symbiose ? »

Ses yeux qui courraient sur les lignes d'encre fade s'arrêtèrent net. Ses joues s'empourprèrent de pigments diffus – le bas de ses paupières chauffa.
Il n'avait pas l'habitude de se genre de question ; il releva vers elle deux rangées de cils troublés.

C'était dépitant de penser qu'il ne connaissait rien à l'amour – juste une vague sensation qui remontait à l'adolescence et qu'il avait étouffé de ses dix doigts en même temps que sa propre fierté. Juste quelques baisers, des caresses dont il avait oublié les frissons, la chaleur contre sa peau.
Ses pommettes rougeoyaient d'un rose timide. Il avait arrêté de survoler ses pages.

« Je – je n'en ai aucune idée. »

Sa salive glissa dans sa gorge, trop sèche. Ses doigts vinrent gratter sa nuque qui se teintait elle aussi de rouge – une respiration profonde l'apaisa.

« J'imagine que non. Ça ne doit pas être aussi nécessaire. Je n'en sais rien. »

Il avait conclut sur le doute – c'était tout ce qu'il savait faire, à présent.
Caesius n'avait plus le courage d'affirmer ses croyances, quand bien même il soit allé les chercher de ses propres mains au fond des pages parcheminées.
Les problèmes sur l'amour ne se trouvaient pas dans les livres – c'était un érudit qui lui avait apprit ça, un jour.

Il rabaissa ses paupières vers le grand livre qui gisait entre ses avants bras. Il était mal à l'aise – ce n'était pas son environnement.
Son espace se résumait a une tiédeur faiblarde, deux poignets tendus vers l'autre et une auto flagellation constante ; c'était creux. Amethyste ne l'était pas.
Il déglutit un peu.

« Tu vas aller dans la forêt interdite alors, après. Est-ce que je pourrais t’accompagner ?
-Pas question. »

Elle lui avait arraché son refus aussi vite qu'elle lui prenait des sourires. Sa bouche était droite mais son œil conservait sa douceur commune.
Il n'était jamais dur avec Amethyste – même lorsqu’elle explosait soudain et que la déflagration lui serrait les côtes. Il continua, serein.

« C'est trop dangereux, je ne veux pas t'impliquer là dedans. »

Il n'avait jamais voulu blesser personne – il ne voulait pas que le futur blesse qui que ce soit. La forêt interdite était le sanctuaire du danger, qu'elle brandissait comme un étendard au bout de ses branches décharnées.
Il n'aimait pas imaginer Amethyste là dedans – elle pourrait se blesser, faire des bêtises. Elle aussi, elle avait une forte propension à la bêtise, quand sa colère montait à ses tempes.
Il releva ses yeux vers elle et ajouta dans un sourire.

« Tu le sais, en plus. »

Caesius était creux ; c'était à se demander comme elle arrivait à lui arracher encore quelque chose, surtout ces sourires qui étaient plus denses que d'habitude.
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Amethyste H. Rosenbach
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Mer 26 Mar - 18:51
Caesius ne croyait pas en l’amour ; c’est ce qu’Amy pensa au début, en cueillant avec silence sa voix tourmentée et le rouge démesuré de ses pommettes. Sa réaction n’était pas si différente de ce qu’elle aurait pensé de sa propre mère, trop différente pourtant de celle qu’elle espérait. Amethyste savait qu’il allait rougir, elle s’en amusait peut-être en secret. Amethyste espérait seulement qu’il lui dise oui, qu’il lui dise des choses sur l’amour étranges et inimaginables qu’elle n’aurait jamais devinées du haut de ses seize ans, elle espérait qu’il lui raconte l’amour avec les mots de la maturité, mais non. Il avait réagi comme elle l’aurait fait, comme sa mère l’aurait fait.
Et la vérité l’avait alors frappée, et elle la balaya d’un soupir. Caesius n’avait peut-être jamais été amoureux, après tout.

La colère d’Amethyste bouillonna derrière ses paupières levées, brûla son regard et la fit détourner la tête. Elle était déçue, et elle était confuse. Elle ne savait pas si cette réalisation la rendait heureuse ou encore plus susceptible. Ses idées s’entrechoquaient entre elles, animées par la brûlure qui naissait au creux de son cœur, et les mots amers de la colère grimpaient le long de sa gorge, prêts à être recrachés. Elle n’avait plus beaucoup de temps avec Caesius, et elle allait laisser Caesius seul dans cette bibliothèque, s’apprêtant à partir vers la forêt interdite, sur les paroles acides de la déception. Caesius non plus, ne comprenait pas. Caesius était emprisonné dans sa bulle amorphe de sourires, de gentillesses, de contradictions. Et Amethyste détestait cette part de lui ; ce côté qui faisait qu’elle ne sache pas s’il était terriblement creux ou terriblement rempli, à l’intérieur. S’il savait tellement de choses sur l’amour et la douleur ou s’il n’en avait absolument aucune idée.

À cause de cette bulle, Amethyste avait du mal à voir Caesius comme un être complet, à part entière ; elle percevait mal ses douleurs. Elle ne connaissait de lui que les regards affables, un calme à toute épreuve et des sourires à faire chavirer son cœur. Elle ne lui parlait qu’en cours, ou pendant les heures de retenues, et quand elle le voyait dans les couloirs elle ne lui parlait pas –ou seulement quand elle avait une excuse pour le faire. Jamais elle n’eut le courage de lui poser des questions personnelles. Elle n’avait plus que deux années devant elle à Poudlard et celle-là s’épuisait à petit feu, et pendant tout ce temps, toutes ces années, elle n’avait jamais rien demandé à Caesius.
Elle avait grandi. Et elle voulait lui demander. Toutes sortes de choses.

Elle voulait connaitre Caesius en tant qu’homme et pas seulement en tant que professeur de botanique qui s’occupait de ses heures de colle. Elle l’avait toujours voulu, mais d’une certaine façon, être à ses côtés à cracher son venin sur lui était suffisant jusque lors. Mais ne l’était plus du tout à cet instant précis.

« Si ça se trouve… »

Elle porta ses mains à ses propres cheveux, arrangea une mèche perdue derrière ses oreilles. Le matin même elle les avait laissés relâchés, parce qu’elle allait voir Caesius. Elle pensa brièvement qu’ils étaient devenus trop longs.

Ces premiers mots étaient teintés de colère. Elle se rendit compte qu’elle parlait plus haut que tout à l’heure, et baissa la voix. Elle ne changea pas de ton, pourtant.

« Si ça se trouve tu n’as jamais été amoureux, tout simplement. »

Il n’y avait pas de limites à dépasser, avec Caesius.

« Je suis déjà allée dans la forêt interdite. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas, avec toi. Si c’est pour des raisons académiques… »

Elle tapota nerveusement du bout des ongles sur le bois de la table, la colère ne tombait pas.

« Tu me fais venir ici pour plonger dans ces stupides bouquins, toutes ces choses théoriques, mais quand il s’agit de m’emmener voir de mes propres yeux tu refuses parce que tu as trop peur. Tu as peur des ennuis que ça pourrait provoquer. Alors ne me dis pas que c'est parce que c'est dangereux pour moi, c'est juste une couverture. »


Il y’avait des reproches dans la voix d’Amethyste, beaucoup, beaucoup de reproches. Ce n’était pas seulement contre son refus qu’elle s’indignait, mais contre tout le reste ; de sa vision molle de l’amour et du silence derrière ses paroles.
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Caesius Carthaigh
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Jeu 27 Mar - 22:15
Cela faisait six ans qu'il la connaissait ; six ans qu'il l'avait observée sauter sur le tabouret du choixpeau magique, quand elle avait encore ses cheveux bruns ; six ans qu'il avait vu sa colère éteinte, enfler, s'apaiser, gonfler, se geler, exploser ; six ans qu'il voyait ses poings si serrés que les jointures en blanchissait ; six années pendant lesquelles les retenues s'étaient amoncelées, le forçant à intervenir pour qu'elle ne s'attire pas plus d'ennuis ; six ans d'une brûlure stridente quand elle crachait son mal être ; six ans où elle arrivait à lui arracher des sourires parfois tristes, souvent heureux, amusés, des grimaces abruptes quand il encaissait tout ; six ans qu'il donnait tout pour l'aider ; six ans d'Amethyste.

En six ans, il n'avait jamais su prédire l'instant où la situation basculait, ce moment subtil où l'atmosphère se gonflait d'un danger qui annonçait la rupture future.
Ses ongles claquaient sur la table de bois dans un geste bref et répétitif. Caesius ne s'en rendait pas compte ; les vibrations faisaient à peine frémir la chair ses bras dont les manches avaient été remontées jusqu'aux coudes.

Pourtant, il lui avait dit non ; Caesius disait rarement non.
Le refus lui était difficile, amer, se perdait dans le trajet de sa gorge, trop éreintant ; pourtant, il lui avait dit non. C'était plus simple avec Amethyste – c'était plus simple, car il avait appris à la connaître, parce qu'il avait passé du temps avec et peut-être, parce qu'il se retrouvait lorsqu'il était là, face à ses cheveux électriques.
Elle lui avait appris à dire non ; mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne serait pas en colère.

L'air grésilla ; l'orage approchait.

« Si ça se trouve… »

Il releva ses yeux, la regardant par dessous ses cils ; elle parlait plus fort, trop fort pour une bibliothèque, mais il ne lui dit rien.

« Si ça se trouve tu n’as jamais été amoureux, tout simplement. »

Il la regardait toujours quand elle lui lâcha l'invective au visage ; il resta immobile quelques seconde, impassible, avant de détourner son œil bleu foncé.
Si, il avait déjà été amoureux. Ça avait été trop bref – c'était mort si vite, quelques semaines à peine, un amour inconnu, sans nom ni prénom. Il l'avait tué lui même.
Caesius ne pensait pas être un de ces hommes qui avait le droit à l'amour ; mais même si il connaissait Amethyste depuis six ans, du moment où elle avait sauté sur le tabouret à celui où elle avait frappé les cognards avec sa batte, il ne lui répondrait pas.
Un non-dit clouait ses lèvres trop fines.

Ses doigts continuèrent à tambouriner la surface boisée et attirèrent le regard de Caesius, dont il tâchait de conserver la douceur, pendant que le ton montait ; elle réagissait mal, parce qu'elle était Amethyste, parce qu'elle voulait aller dans la forêt interdite, et parce qu'elle avait des arguments.
Il l'écouta attentivement ; les mots qui sortaient de sa bouche étaient emprunts de colère, mais aussi d'une vérité percutante.

Son regard quitta ses doigts pour retourner sur son visage. Caesius ne souriait plus ; ses commissures étaient mortes petit à petit.
Il laissa un silence, une hésitation, avant d'aller chercher un soupir au fond de son ventre.

« Très bien, tu as raison. »

Il avait fermé ses yeux un instant avant de se reprendre. D'un geste délicat, il ferma l'énorme livre posé devant lui ; de toute façon, il avait trouvé cette plante depuis un moment déjà.

« Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose alors que tu es sous ma responsabilité, se corrigea-t-il. »

Elle avait les yeux plus foncés que ses cheveux.

« Et ce n'est pas une question d'ennuis ; ce n'est juste pas quelque chose que je pourrais me pardonner si ça venait à arriver. »


Puis, il se tut.
Devant lui, le livre était clos ; il n'avait plus rien à rechercher. Il restait un peu de temps encore, pour cette retenue. Il aurait pû se lever, aller replacer l'ouvrage dans l'étagère. Mais la retenue n'était pas finie. Il la regardait, Amethyste, toujours accompagnée de sa colère, et il irait replacer l'ouvrage dans l'étagère quand le temps ce serait écoulé.
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Amethyste H. Rosenbach
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Lun 31 Mar - 21:04
Les paroles de Caesius avaient réveillé en elle une question, terrible et douloureuse. Une question égoïste qu’elle détesterait poser. Une question qui commençait déjà à la consumer alors qu’elle y pensait et qui risquait d’ouvrir une brèche béante sur son cœurs, ses sentiments.

Il leur restait du temps encore avant que leur matinée ensemble s’émiette comme tant d’autres passées et à venir. Il leur restait une poignée de minutes, une poignée de secondes qu’Amethyste s’était promis de laisser vides et creuses de silence. Elle se disait qu’elle ne répondrait pas, qu’elle soutiendrait son regard et qu’elle le crible de ces reproches muets qui font si mal, elle voulait qu’il se sente coupable, elle aurait presque voulu qu’il change d’avis par culpabilité si elle avait une once d’espoir qu’il le fasse. Il ne le ferait pas. Pour des raisons qu’elle ignorait, Caesius était très lâche.
Elle savait ces choses sur lui sans savoir les raisons derrière. Elle avait du mal à l’imaginer élève, comme elle, boudant son professeur parce qu’il lui refusait un caprice. Il était certainement très calme à seize ans, Caesius. Oui, il avait dû être toujours calme et gentil comme il l’était maintenant, se disait-elle. Le contraire d’elle-même. Stable, studieux et silencieux. Elle enviait Caesius comme elle n’aurait jamais envié personne ; elle enviait ses sourires si faciles et le sang froid de sa voix, elle qui n’arrivait même pas à retenir ses éclats.
Caesius était une statue aux yeux d’Amethyste ; le genre d’hommes inébranlables qui ont toujours su qui ils étaient.

Elle voulait soutenir son regard et rester silencieuse. Il avait fermé son livre et ne disait plus rien ; il avait tout simplement admis. Il avait reconnu. Il avait omis l’accusation qu’elle avait osé lui faire : tu n’as jamais été amoureux. Il n’avait rien dit, et ça embrasait sa colère encore plus.
Caesius était une statue et il y’avait un mur entre eux, un mur si épais bâti pendant de longues années, couche après couche. Il était son professeur et elle n’avait pas le droit de lui demander de la laisser passer à travers ces remparts. Il n’avait pas le droit de la laisser. Elle pensait qu’elle trouverait une échelle par elle-même et qu’elle grimperait ce mur autant de temps qu’il le fallait, pour voir ce qu’il y’avait de l’autre côté. Pour voir ce Caesius cachait réellement derrière ses souries et ses faux-semblants, derrière tous ce silence qui la criblait, et s’assurer qu’il y avait réellement quelque chose là-dessous, que ce n’était pas que du vide.
Amy n’est encore qu’une enfant quelque part ; elle ne comprend pas la douleur des autres, elle ne comprend que trop mal leurs silences.

Elle voulait rester silencieuse mais elle était Amethyste et Amethyste ne restait pas silencieuse lorsque son cœur bouillonnait. Elle s’est retenue d’entrouvrir ses lèvres de longues, longues minutes mais finalement le trop plein l’avait emporté, et dès que le premier mot sortit tous les autres avaient suivi ; comme des pluies acides ils avaient franchi le ciel de sa poitrine et s’étaient abattus en déluge sur les pages ancestrales des livres de botanique que Caesius avait fermés.

« Alors quoi, maintenant ? Tu vas me regarder jusqu’à ce que ça soit fini ? Tu l’as trouvée non, ta fichue plante ? Alors va-t-en, va la chercher. Je vais pas bouger d’ici jusqu’à ce que ma retenue soit terminée, je te le promets. Je serai une fille sage. »

Un sourire amer qui scinde l’amertume de ses lèvres et ses yeux étaient déjà loin de ceux de Caesius.
C’est tellement stupide, un chagrin d’enfant.

« Tu ne seras plus là et je ne serai plus sous ta responsabilité. Et s’il m’arrivait quelque chose alors tu t’en fouterais. »

Le silence de Caesius avait réveillé en elle une question terrible qu’elle n’arrivait plus à retenir.
Deux mots, c’étaient.
La chute que le silence de Caesius avait provoquée.

« Pas vrai ? »
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Caesius Carthaigh
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Jeu 3 Avr - 0:10
Amethyste avait eut la violence de lui apprendre la délicatesse.
Elle l'avait forcé, l'avait poussé dans cet apprentissage difficile avec ses cris, ses coups, ses regards mortels et ses commissures tranchantes. Il y avait des milliers de colères dans les éclats d'Amethyste – il n'y en avait pas une, ni deux, mais des nuances subtiles, des mouvements irréguliers, des aspérités dangereuses.
Chaque reproche, chaque venin quelle crachait avec tout le mal qui rugit dans ses côtes avait son propre poison ; il avait fallut qu'il apprenne à les soigner tous, un par un, lorsqu'ils touchaient sa peau et rongeaient son épiderme.

Mais il n'avait jamais appris à éviter ça – la déflagration.
Comme si, après tout ce temps, il n'arrivait toujours pas à comprendre, ni sentir, ni voir germer cet instant, le moment où Amethyste va exploser. Le moment où il a dit la chose qu'il ne fallait pas, ce mot qui blesse, ce refus qui vexe, ce sourire qui irrite.
Désormais, il devait tendre des doigts longs et blancs, un peu maladroits, et la manipuler avec la plus grande des précautions. Ne pas trop serrer sa pince, ni même bouger ses phalanges brusquement, encore moins la laisser glisser entre ses doigts. La moindre de ses gaucherie hésitante la fracasserait – et elle s'écraserait sur lui.

C'était pour ça qu'il avait du apprendre la délicatesse, avec beaucoup de violence et beaucoup de peine – et même incomplète, il ne la devait à personne qu'elle, la jeune fille aux cheveux bleus.

Caesius se prit son verbe en plein visage et ne dit rien ; sa bouche, comme à chaque fois que le sérieux le gagnait trop fort, devint une ligne fine, dure, presque disparue.
Caesius soutint son regard.

Caesius soutenait rarement le regard de quelqu'un. Il détournait toujours son œil, trop tremblant, le rouge montant à ses joues et à sa nuque, sa lèvre frémissant.
Mais là, ce n'était pas quelqu'un, c'était Amethyste ; et son œil bleu était tranchant, mais doux aussi, droit, mais délicat.
Parce qu'il en fallait toujours avec elle.

« Amethyste. »

Ce n'était absolument pas brut – c'était presque un soupir, qu'il avait lâché du bout de ses lèvres, retenant difficilement sur sa langue la tristesse qu'il l'avait empoigné.
Ses paroles avaient été volontairement blessantes, injurieuses ; il n'était pas sur que lui montrer sa peine, comme une colère trop plate et trop morte, soit la solution de cette attaque – peut-être qu'elle apprécierait ça, quelque part, comme une victoire.
Même s'il était certain qu'elle gagnait toujours sur lui, et que malgré son œil relevé et ses cils noirs, Caesius flanchait face à la douceur qu'il avait pour elle.

Cette délicatesse qu'il ne comprenait pas.

« Je ne - »

Il lâcha un soupir – c'était plus fort, et il baissa les yeux un instant avant de les reporter sur elle et son visage amer.
Ça lui serrait presque les côtes, quand il la voyait avec ces traits là. C'était juste parce qu'elle avait mal compris, parce qu'il s'était mal exprimé, et il devait apprendre à redresser ses mots comme il redressait ses plantes.

« Tu sais très bien que je ne moquerai jamais de ce qui pourrait t'arriver. »

Il marqua une pause – cherchant la phrase, l'intonation à prendre, le regard à avoir, la douceur à expirer, et c'était difficile, parce que Amethyste était parfois sauvage et imprévisible.
Il finit pourtant par ajouter.

« Je ne m'en suis jamais moqué jusqu'à maintenant. »

Et il n'aurait jamais pu dire quelque chose de plus sincère, lui, Caesius, l'homme qui était toujours trop faux et pas assez honnête.
Il prit une grande inspiration, comme pour détendre ses doigts qui s'étaient crispés d'eux même, inquiets. Il s'appuya un peu plus en arrière, contre le dossier de sa chaise.

« Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Et je sais que ça ne te plaît pas, mais je resterai jusqu'à la fin de ta retenue. Après tu seras libre de faire ce que tu veux. »

Il s'était adouci. Mais il rajouta tout de même, à la fin, avec un œil si sérieux que ça ressemblait presque à une supplique.

« Mais ne fais pas de bêtises. »

Ses veines frémirent un peu. Il ne savait pas si c'était son regard, où sa moue agressive, c'était quelque chose entre, peut-être.
Mais il avait la certitude que cette fois, elle ne l'écouterait pas.
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Ven 11 Avr - 1:15
Sur les lèvres de Caesius s’était gravé le prénom d’Amethyste à jamais ; elle l’avait fixé de ses grands yeux d’un bleu frigorifiant et sur la pointe de ses cils s’accrochaient déjà les prémices de l’espoir.
Elle avait aimé comment il disait son prénom, elle avait aimé la chaleur au bout de ses lèvres, les terribles rondeurs de son accent, son regard et les non-dits, toutes les couleurs derrière les replis que pouvait contenir Amethyste. Elle s’était perdue un moment dans ce qu’il disait, s’était enchevêtrée dans les mots de Caesius comme un papillon dans une toile d’araignée.
Tous ses mots lui réchauffaient le cœur.

Elle regarda ensuite ses mains, encore une fois. Elle s’était remise à tapoter du bout des ongles sur le bois de la table, elle ne s’en était pas réellement rendu compte. Ses ongles étaient vernis ; un rose très léger, presqu’imperceptible. Ça ne lui ressemblait pas, les couleurs aussi ternes. Mais elle voulait être jolie, pour une fois qu’elle avait eu un de ces rares élans de féminité qui viennent sans crier gare ; pour une fois –une énième fois– qu’elle avait des heures à partager avec Caesius.
Elle ne savait plus vraiment quoi lui répondre, il était là devant elle, avec son regarde obstiné. Il resterait, il avait dit. Ces phrases-là, dites par Caesius, ne voulaient certainement pas dire plus que ce qu’elles disaient déjà platement. Il restera jusqu’à la fin de la retenue. Pourtant, dans la tête d’Amethyste ça se répercutait autrement, et elle les remâchait déjà pour leur ajouter une dimension, leur donner de la profondeur et ça la faisait légèrement sourire. Elle avait tellement aimé qu’il dise ça ; qu’il resterait.

« Non, je ne sais pas. »

Elle avait attendu qu’il finisse de parler, qu’un silence encore plus long que tous les précédents s’installe entre eux. Elle avait attendu, digéré ses mots encore entre les replis de son cœur, et elle lui avait répondu en le regardant dans les yeux.

« Tu es gentil avec tout le monde, après tout. Donc je ne sais pas. Je ne sais jamais quand tu es sincère. »

Elle lui avait souri.

Elle ne savait pas trop pourquoi. Peut-être étaient-ce ses mots et les caresses tièdes qu’ils avaient laissées sur son cœur. Peut-être préférait-elle finalement faire la paix, ce matin-là, elle ne savait pas. La colère ne partait pas, pourtant ; elle voulait toujours lui hurler dessus, avec la même intensité, et Amethyste ne savait pas contrôler sa colère, elle n’en avait jamais éprouvé le besoin. Peut-être que cette fois elle ne l’avait pas contrôlée, mais l’avait tout simplement exprimée dans un sourire.

« Je ne fais jamais de bêtises. »

Elle s’était alors levée, presqu’en silence, tout lentement. Elle avait sorti sa baguette, la dirigea sur le vase qu’elle n’avait pas arrêté de fixer depuis le début de sa retenue, et d’une voix douce avait murmuré le sortilège. Elle ne savait pas trop pourquoi elle avait voulu les arroser, ces fleurs qu’elle trouvait si jolies et qui allaient bientôt se flétrir. Ce n’était pas des plantes magiques ; elle les trouvait infiniment plus belles encore.
Elle était sincère, elle le pensait. Elle ne faisait jamais vraiment des bêtises ; à ses yeux, en tout cas. Tout ce qu’elle faisait et qui ennuyait les autres découlait généralement d’une impulsion, une envie très soudaine et irrépressible d’évacuer quelque chose, elle ne savait jamais trop quoi ; elle n’y voyait aucun mal. Parfois, elle l’admettrait, les situations sortaient un peu du contrôle de tout le monde et elle ne pouvait s’empêcher d’en rire.
Amethyste rit beaucoup, après tout.

« Si un jour je deviens professeur de botanique j’emmènerai mes élèves voir ces plantes de leurs yeux, même si elles se trouvent dans des lieux dangereux. Je ne suis pas froussarde comme toi. Regarde, il ne reste plus que cinq minutes. Tu pourrais y aller, ce n’est pas comme si j’allais mettre le feu au château si tu t’en allais maintenant. »

Elle avait pointé sa baguette sur lui, le sourire toujours aux lèvres.
Sa mère lui avait toujours dit que pointer du doigt, c’était très malpoli.
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Sam 12 Avr - 23:11
Il devait être agaçant.
Ennuyant – horripilant, parfois, avec sa façon à lui d'être si tiède et si mou. Avec ses sourires pâles, toujours si peu colorés, même quand il était très heureux (il n'avait jamais aimé montrer ses dents). Même quand le soleil lui giflait la nuque, l'ensuquait un peu, sommeillait ses paupières, Caesius restait agaçant.

Il devait l'être extrêmement pour elle – pour s'être imposé tout ce temps, depuis toutes ses années qui s'égrainent, d'avoir forcé sa présence pour s'occuper de toutes ses sanctions. Aussi, pour toutes les fois où elle avait été furieuse et qu'il n'avait rien dit – qu'il n'avait pas su comment lui répondre et comment la gérer, comment retenir ses mains blanches qui se serraient en poings et la furie qu'elle éjectait de sa bouche.
Il avait vraiment du être ennuyant d'avoir voulu rester.

Un peu comme maintenant.
Il comprenait son silence ; elle avait tout pour détruire. Elle avait beaucoup d'armes et beaucoup de lames, Amethyste – ses hurlements, ses folies, ses silences, ses sourires ; là, elle souriait.
Elle souriait doucement, comme si elle s'était apaisée, comme si elle avait ravalé les nuages électriques qui crapahutaient tout autour de son crâne.

Caesius la regardait et la chaleur de l'après-midi commençait à amollir son cou et liquéfier ses yeux.

Il ne chercha même pas à lui répondre – ça ne servait à rien. Elle avait cette subtilité taquine – des phrases à dire, à demi-voix, presque trop doucement, qui auraient pu le blesser (qui le secouaient quelquefois), mais qu'il ne relevait pas.
Il préféra abaisser ses cils, esquisser un maigre sourire – de ceux qu'il fait en tout temps et en toutes circonstances, même si sa commissure droite était plus étirée que d'habitude.

Caesius était trop gentil ; c'était horripilant, et si malhonnête.
Caesius était un menteur ; mais sa langue se faussait rarement avec elle – peut-être, un conte d'habitude.

Il avait fini par basculer sa tête sur son poing, sa joue mollement appuyée contre ses doigts repliés. Il tournait son regard vers elle ; elle se leva, fit sa démonstration, avec ses cheveux bleus qu'il ne remarquait jamais que par leur couleur.
Les fleurs n'allaient pas se rengorger de suite – elles ne se rengorgeraient jamais.
Il le voyait, de son œil apathique, qu'elles étaient déjà mortes.

« Je suis certain que tu ferais un meilleur professeur de botanique que moi ».

Et ça, il le pensait si viscéralement ; il n'était pas un bon professeur.
Caesius était un trouillard – il ne prendrait jamais aucun risque, l'effroi l'étranglait trop vite.

Mais une baguette pointa soudain entre ses yeux et il ne cilla pas. Il releva son regard vers elle et son attitude désinvolte.
Il lui sourit.

« Tu as tant envie que ça que je parte ? »

Puis il se redressa, gardant ses deux avants bras trop grand posés sur la table de bois. Il avait tourné son visage pour pouvoir la regarder correctement ; il était affable.
Il écarta ses mains un peu.

« Je suis curieux de savoir quel sortilège tu ferais pour me faire partir. »

Son sourire s'écarte un peu plus, il détourne sa face, fixe ses mains, présente sa nuque blanche, cache le reste et même ses lèvres ; une voix à demi.

« Tu ne t'es même pas dit que, peut-être, je souhaitais tout simplement rester encore un peu. »

Et ce rire fébrile qui agite sa gorge ; il la regarde, à nouveau.

« Alors, ce sortilège ? Je vais y aller, de toute façon, ne t'en fais pas. »

Il lève sa main, gratte sa mâchoire, sèche.
C'était un trouillard tiède – Caesius était tellement agaçant.

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