Ce matin Cyryiel  n’avait pas cours, elle en profita pour aller rendre visite à Cornélia, le tableau amnésique. Elle essayait de passer la voir régulièrement, même si Cornélia ne se rappelait pas forcément d’elle. La préfète des bleus aimait bien le couloir de tableaux, elle adorait voir les personnages peint s’animer, parler. Ils étaient au courant de tout ou presque dans le château, depuis des siècles ils voyaient tout ou presque de ce qui se passait ici. C’était un couloir reposant, quand il n’y avait pas d’élèves on entendait juste les chuchotis des personnages des tableaux qui se promenaient d’un univers à un autre. Cela pouvait être assez surprenait de trouver un prêtre du Moyen Age en pleine discussion avec un ingénieur du dix-huitième siècle, mais c’était toujours intéressant.

C’est en marchant dans le couloir déserté par les élèves qu’elle entendit une voix. Et flute, elle arrêta de marcher et se demanda un instant si elle n’allait pas faire demi-tour. Mais sa conscience lui disait d’aller voir ce qui se passait, elle était préfète et se devait d’aider les élèves. Elle prit son courage à deux mains pour mettre en pratique les enseignements d’Icarus. Elle soupira et se dirigea vers la source de la voix. Elle entendit un pathétique « Au secouuurs? ». Qu’est-ce qui pouvait bien se passer ?

Elle arriva dans le couloir et tomba nez-à-nez avec un jaune, jaune qui virait aurait bleu à cause de sa cravate qui l’étranglait, celle-ci s’était coincée dans une porte. La scène était comique, on aurait dit un chien attaché, enfin dans son cas, un blaireau attaché.  Mais elle ne laissa rien paraitre de ses émotions, le pauvre était déjà dans une situation peu reluisante, autant qu’elle n’ajoute pas à son malheur en se moquant de lui, surtout qu’il faisait plus pitié qu’autre chose.
La préfète sortit sa baguette et lança un difindo sur ladite cravate qui arrêta d’étrangler son propriétaire. Elle se savait maladroite mais à l’évidence il y avait encore pire qu’elle, ça ne lui était encore jamais arrivé de coincer sa cravate dans une porte. Celui-ci semblait immensément soulagé.  Cyryiel se présenta :

- Tu es sur que ça va tu es encore tout…bleu ? Oh, oui, désolée pour ta cravate, mais je vais te la réparer.

Elle reprit sa baguette et avec un sort ouvrit la porte pour récupérer le bout de tissus aux couleurs des Poufsouffle qui se retrouvaient coincé. Elle saisit la cravate qui était toujours accrochée au cou de son camarade pour coller approximativement les bouts ensemble, le sort ferait le reste :

-Reparo !

Et comme par magie la cravate reprit son apparence initiale…

Cyryiel s’attendait à tout dans l’école, mais alors qu’on lui demande si elle avait besoin de quelque chose, comme ça, de façon spontanée, alors qu’elle avait juste fait ce que tout élève normalement constitué et pas trop méchant aurait fait, ça c’était une première. Bon, à la rigueur elle se doutait qu’il y aurait eu quelques élèves prêts à le laisser tirer sur sa cravate comme un chien tire sur sa laisse, mais il aurait put y laisser la peau. Et un fantôme mort par strangulation cravatienne, non merci, on pouvait s’en passer.

-Oh, non, c’est gentil, mais n’importe qui aurait fait pareil. Tu n’as pas à me remercier, c’est normal.

Le Poufsouffle était encore tout bleu, un jaune bleu, et bleu en matière de nouage de cravate jaune, c’est du moins ce que révélait sa mésaventure de cravate. Il ferait peut être bien d’apprendre à la nouer correctement, mais peut être ne savait-il pas ?

Il n’avait pas non plus l’air de se rendre compte de ce qu’il venait de dire, si il était tombé sur une personne mal intentionnée il aurait put être chargée de toutes les plus basses taches de toute l’école. Il semblait assez innocent, un peu étourdi. Mais pas méchant pour deux sous. En tout cas il lui serait les mains avec une telle ferveur qu’on aurait put croire qu’il venait de voir une apparition en personne. Il gratifia la pauvre porte voisine d’un regard tellement haineux que Cyryiel faillit laisser échapper un rire.

-Euh, bon, je sais que ça me regarde pas mais, euh, comment tu t’es retrouvé coincé dans une porte par ta cravates, c’est une plaisanterie ou de la maladresse ?

Ou de la poisse ? Mais elle n’osa pas lui demander, elle aurait eu l’air fin de lui afficher sa malchance sous le museau.  Elle aurait put lui demander n’importe quoi, mais elle ne voulait pas, il semblait déjà suffisamment mal en point comme ça. D’ailleurs, elle se rendit compte qu’elle ne savait même pas son prénom, elle savait juste qu’il était chez les jaunes, et qu’il était maladroit. C’était déjà un bon début…

-Oh, je ne me suis pas présentée, Cyryiel, Cyryiel Song, je suis en sixième année et toi ?

Alors qu’il lui broyait les doigts dans une poignée de main plus qu’énergique tout en souriant, elle vit le Poufsouffle se figer et lâcher sa main aussi vivement qu’il la serrait quelques instants auparavant. Il touchait son visage comme pour s’assurer qu’il n’y avait pas de grosses pustules dessus, mais un étranglement, ça ne donne pas de boutons ? Si ? Enfin, si il espérait voir sa couleur en touchant sa peau, il devait ou avoir des pouvoirs étranges, ou être…bizarre ?



-Euh, tu es sûr que…


Timothy avait recommencé à parler, il semblait toujours aussi paniqué, sauf que ce qui le préoccupait le plus c’était son apparence physique. Il enleva sa cravate, comme si elle était encore responsable de son malheur


-Laid, je sais, pas, enfin, tu sais, tu ne vas pas rester comme ça éternellement. Si ça peux te rassurer, d’ici à peu prés cinq minutes tu seras de nouveau…normal (?)


Un sort ?! Un sort contre l’afflux sanguin que sa cravate avait provoqué ? Et bien, non, techniquement il ne devait pas y avoir de sorts, pourquoi y en aurait-il eut besoin alors que d’ici quelques minutes il allait redevenir jaune, enfin un jaune pas bleu quoi, bref, vous avez compris. Il tapait du pieds, légèrement paniqué, encore.


-Euh, si tu veux, même si ça ne servirait pas à grand-chose, attends, si tu veux j’ai quelque chose à manger dans mon sac.



Tu parles, elle avait toujours une plume en sucre avec elle, non pas qu’elle fasse de l’hypoglycémie, mais bon, voilà. Cyryiel se pencha pour extraire ladite plume, pas encore commencée et le tendre au Poufsouffle.


En espérant qu’il retrouve son calme, parce que choc pos traumatique ou autre, c’était pas encore ça…

Evidement, il n’allait pas rester bleu toute sa vie, encore heureux, mais il semblait quand même rassuré par ce que Cyryiel venait de dire. Plus elle parlait avec lui, plus il lui apparaissait flagrant que le choix du choixpeau quant à sa répartition était adapté. Non pas qu’il soit bête ou quoique ce soit, mais il ne semblait pas très éveillé. Plutôt perché, ou à l’ouest (mais pas que géographiquement).  Remarque, après avoir été étranglé par sa cravate dans une porte elle ne voyait pas très bien qui pouvait être en grande forme.

Le sourire que fit le Poufsouffle était éblouissant, dans le sens ou on aurait dit qu’on venait de lui offrir le trésor le plus précieux du monde, il se saisit de la plume quelques secondes après, comme si il n’avait pas vu qu’elle la lui tendait. Singulier personnage. Enfin il en faut peu pour être heureux, selon une célèbre chanson moldue. A voir son air possessif avec la plume la sorcière avait envie de rire, mais se retint à temps, seules les commissures de ses lèvres légèrement relevées indiquaient qu’elle trouvait la situation comique.

-Non,non, vas-y, tu peux tout prendre si tu veux.

Elle n’avait pas encore mangé mais comptais se rendre aux cuisines pour aller grignoter un peu. Il semblait décidément assez choqué, peut être que la plume aiderais, mais sinon elle connaissait un autre moyen pour lui changer les idées. Peut être le connaissait-il déjà. Peu importe, dans ce cas il pourrait venir avec elle au mieux ça le remettrais d’aplomb.

- Suis-moi, je vais t’envoyer quelque part.

Sans savoir si son camarade allait la suivre elle tourna les talons pour se diriger vers le fond du couloir. Si il le faisait, sans doute le choc de ce qu’il allait voir risquait de le faire délirer encore plus, enfin, si c’était possible. Enfin, si c’était son état normal, ben, la définition de normalité était encore plus tordue que ce qu’elle pouvait imaginer.

Elle se dirigea vers le fond du couloir, vers les escaliers qui menaient aux sous-sols et aux cuisines.