[Fluffy] Feral ♦ Aliénor (♥)

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Tu serres les poings. Tu ne comprends pas. Ton souffle est perturbé. Ton existence toute entière semble l'être. Tu n'arrives pas à en détacher ton regard. Pourquoi ? Pourquoi en ce jour ? Pourquoi elle ? Tu voudrais hurler. Tu voudrais jurer. Tu voudrais laisser libre cours à tes pulsions. Tu as l'impression de bouillonner. Que ton sang va s'enflammer d'une seconde à l'autre. Et en toi. Au plus profond de toi, il y a cette flamme. Cette chaleur si particulière. Ce rayon de soleil ibérique. C'est une véritable corrida qui se déroule en toi. Mais c'est ton cœur qui semble charger ta cage thoracique. Qui semble vouloir la faire voler en éclat. Réduire tout ce que tu es à presque rien. A une simple déclaration. A quelques mots.

C'est un sentiment sauvage qui se déchaîne. Que tu voudrais relâcher. Mais tu ne peux pas. Elle est là. Tu la vois. Assise à cette table. Et il te semble que plus rien d'autre n'existe. Qu'il n'y a plus qu'elle. Le monde s'est effondré. La vie a disparu. Mais elle est encore là, au milieu de tout. Au milieu de rien. C'est une obsession. Un besoin. Un désir quasi vital. Tu sens ton corps se lever. Tu te sens agir. Tu n'y peux rien. Tu n'es plus que pulsions. Tes racines refont surface. Le sang espagnol reprend ses droits. Tu marches d'un pas vif, empressé. Tu as l'impression de sentir ce soleil qui t'es si cher te caresser le visage à mesure que tu approches. Tu ne peux plus reculer. Tu n'as pas le choix. Ou du moins, tu ne l'as plus.

Tu approches de sa table. Tu vas vers elle, et, dans le plus grand mépris de tout ce qui se passe autour, tu l'attrapes par l'épaule. Tu as l'impression de sentir une déferlante de chaleur en toi. Tu la fais se retourner, lui adressant juste un mot.

Debout.

Tu ne lui laisses pas le temps d'agir, la soulevant presque de force. Tu fais volte face. Et tu la plaques contre le mur. Dans le plus grand calme. Mesurant chacun de tes gestes. Brusques. Mais pas violent. Tu ne veux pas la blesser. C'est hors de question. Ta main passe alors de son épaule à son col, que tu agrippes. Tu t'approches de quelques centimètres, ton visage proche du sien. Un mot. Deux.

Cahallan. Je.

Tu ne finis pas. Ton corps hurle. Ton esprit te torture. Et tu agis. Tu abandonnes toute forme de contenance, la tirant à toi, pour plaquer tes lèvres sur les siennes. Déclaration sauvage. Pulsions primaires. Tu ne peux les contenir. Tu ne veux pas les contenir. Tu ne veux plus les contenir.

Date d'inscription : 27/12/2013

Tout se passait bien pourtant. Un repas comme tous les autres, dans la joie, la bonne et la mauvaise humeur, dans le brouhaha constant entre les quatre grandes tables alignées qui représentaient les différentes maisons. Elle était assise confortablement sur le banc, entourée de cravates vertes et argent, prête à entamer son dessert tranquillement quand tout avait dérapé, et magistralement en plus. Des cris, des pleurs des cavalcades tout autour d'elle. Tout autour d'elle elle voyait des gens se lever subitement pour courir vers d'autres, des agressions plus ou moins légales et plus ou moins indécentes. Elle n'avait plus faim d'un coup. Un appétit coupé subitement tandis que tout son corps se tendait. Rien n'était normal, tout foutait le camp et cette situation la rendait particulièrement mal à l'aise.

Elle n'osait même pas se lever. Elle n'osait même plus regarder ses voisins de table, tout son cerveau était mobilisé à essayer de devenir transparente pour fuir cette folie le plus rapidement possible de cette salle subitement remplie d'hormones et de déclarations. Trop occupée à se concentrer pour trouver un moyen de fuite elle ne remarque même pas le boulet de canon qui est prêt à l'atteindre. Et c'est la collision, une collision qu'elle ne comprend pas. Qu'elle n'est même pas sûre de vouloir comprendre. Une main sur son épaule, une voix familière qui lui ordonne de se lever. Attendez, qui lui ordonne ? Même pas de temps pour protester, un force bien plus grande que la sienne la soulève déjà et ses yeux percutent le visage de la personne à la voix familière.

Qu'est ce qu'il te veut ? Ce n'est quand même pas lui qui va la sortir de là quand même, hors de question de lui devoir quelque chose.
Sauf qu'elle ne bouge pas, elle est coincée, et elle comprends encore moins, qu'est ce qu'il est entrain de faire exactement là ? Pourquoi il colle son dos au mur ? Non. Non. Non. Elle commence à comprendre qu'il ne tourne pas rond non plus alors qu'il prononce son nom de famille. Okay, on raye la possibilité qu'il l'ait confondue avec quelqu'un d'autre. Toujours est-il qu'il se rapproche, beaucoup trop. Il est carrément entrain d'envahir son espace personnel, ce qui provoque chez elle une panique sans nom.

- Attends, tu fais qu-

Un manque de temps encore, et surtout un choc émotionnel bien trop important. Un col tiré et c'est la fin de son monde. Elle est tellement choquée qu'elle ne songe même pas à le repousser dans les premières secondes. C'est le vide intersidéral entre ses deux oreilles, le temps que le tout monte au cerveau qui se remet subitement à marcher. Le temps qu'elle pousse sur ses deux bras pour au moins le décoller d'elle de quelques centimètres, poussant dans son dos contre le mur pour lui donner un peu de force, essayant subrepticement de se décaler sur un côté, créer une porte de sortie.

- MAIS TU FAIS QUOI. Mais. Mais tu fais quoi. Mais.

Une vivacité d'esprit à toute épreuve. Elle est rouge, très rouge, très en colère, très gênée et au fond, au fond il y a un truc qui ne colle pas rond. Elle déteste ce type et aussi loin qu'elle puisse s'en souvenir il n'a jamais eu envie de l'embrasser non plus. Il faut qu'elle se calme, maintenant la pression sur les épaules de Bartholomew pour ne pas qu'il retente ce qu'il vient de faire. Son cœur ne le supporterait pas et elle finirait par en mourir.

- ... Tu n'aurais pas croisé un type louche qui t'aurait donné un bonbon que tu as mangé comme l'imbécile que tu es j'espère. NE M'APPROCHE PAS PLUS. Il va falloir, il va falloir que tu m'expliques là. Ce n'est absolument pas drôle si tu t'ennuies va embrasser quelqu'un d'autre.

C'était déjà difficile à supporter comme ça, autant tenter la carte persuasion. D'ailleurs c'est un peu la seule chose qu'elle puisse faire. Elle est coincée entre le mur et... Bah et un Bartholomew carrément dingue. La panique commence à l'atteindre, elle ne sait absolument pas quoi faire et vu l'état des autres, personne ne va l'aider.

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Ce que tu fais ? Voyons. C'est évident. Tu laisses libre cours à tes sentiments. Rien de plus. Rien de moins. Pourquoi serais-tu à blâmer ? Tu la laisses agir. Tu lui laisses cette petite marge d'action. Temporaire. Ephémère. Tu te laisses repousser de quelques centimètres, gardant le tissu de son col en main. Tu la regardes. Tu la dévisages. Tu te noies dans ses iris. Tu ne l'écoutes même pas. Tu l'entends. Tu l'entends qui semble se plaindre. Mais tu l'as sous la main. Et tu n'as aucune raison de la lâcher. Ni même la moindre envie de le faire. Tu perçois juste un bourdonnement. Tu ne saisis pas le sens de ses paroles. Tu entends simplement sa dernière phrase. Embrasser quelqu'un d'autre ? Est-elle sérieuse ? Tu resserres ta prise sur son col. Tu passes ton autre bras autour de sa taille, la ramenant alors brusquement contre toi.

Quelqu'un d'autre ? Mais voyons, il n'y a que toi Aliénor.

Il n'y a qu'elle à tes yeux. Tu ne sais pas pourquoi. Mais c'est bel et bien le cas. Tu te rends comptr que tu l'as appelée par son prénom. Différence fondamentale. Changement brusque. Pour elle peut être. Pour toi sûrement. Mais est-ce vraiment important ? Non. Pas dans ton esprit. Pas dans ton état actuel. Tu souris. Tu l'appuies contre le mur, dans l'optique de briser le peu de résistance dont elle fait preuve. Tu te colles à elle. Ton corps contre le sien. Tu sens la chaleur monter en toi. Tu la sens t'envahir. Peu importe ce qu'elle peut dire. Ou même penser. Tout ça est bien secondaire. Toi même tu te contentes de laisser ton corps s'exprimer. Tu assouvis tes pulsions. Tu voudrais qu'elle se laisse aller. Qu'elle cesse de résister. Elle ne le pourra pas. Elle devrait cesser de s'épuiser pour rien.

Tais toi maintenant.

Tu accompagnes ton ordre d'un geste. Tu brûles d'envie de réitérer l'expérience. De reprendre le contrôle de ses lèvres. Mais tu approches ton front du sien. Te voilà collé à elle. Ton corps hurlant. Brûlant. Tes yeux plongés dans les siens. Tu passes une main dans ses cheveux, en enroulant quelques mèches autour de tes doigts. Tu souris. D'un sourire carnassier. Elle est ta proie. Tu es le prédateur.

Maintenant que je t'ai, je ne te lâcherai pas.

Tu finis alors par recommencer. Ton corps devançant ta pensée. Tu tires légèrement sur une mèche de cheveux alors que tu viens l'embrasser de nouveau. Brutalement. Sauvagement. Effaçant de ton esprit toute forme de tourment.

Date d'inscription : 27/12/2013

Elle était carrément coincée. Et c'était définitivement pas normal. Elle rit nerveusement, elle est perdue, elle ne sait plus quoi faire. Il ne l'écoute même pas, elle le connait assez pour le savoir. Il n'écoute jamais rien en même temps. Il ne l'écoute jamais particulièrement. Mais d'habitude il l'ignorait juste, là il se jette sur elle. Pourquoi il fallait que ça lui arrive à elle ? Elle était où la blague ? Mais le répit est de courte durée, il a tilté sur ses derniers mots. HEIN ? Qu'elle de quoi ? Qu'elle, de quoi, hein ?

Elle pédalait dans la semoule, un désert de semoule, un monde de semoule. Et alors qu'elle se concentrait pour ne penser qu'à de la semoule et pas à ce qui était entrain de se passer la réalité la percute en pleine face, comme le bras autour de sa taille. Ça n'allait pas du tout, pas du tout. Le provoquer serait risqué et sûrement peu efficace mais ne rien dire et ignorer en espérant qu'il reprenne ses esprits pourrait passer pour un aval, et ça, c'était hors de question. Et maintenant elle avait aussi une main dans ses cheveux.

- Mais arrête. Mais. De me donner des ordres. MAIS ARRÊTE CA. Mais. Mais bon sang de troll de Merlin de. Mais.

Mais il n'allait pas l'écouter surtout. Et il avait prononcé son prénom. Et c'était bizarre, et pas bizarre dans le bon sens. Tout foutait le camps, elle commençait à avoir vraiment peur, surtout en comprenant qu'avec le bras enserrant sa taille et avec la force de Bartholomew elle avait très peu d'espoirs de fuite. Mais elle pousse quand même sur ses jambes et bras, avant de sentir plus que voir un front se coller au sien, ce qui a pour effet de la faire cesser tout mouvement, elle songe trois secondes à faire la morte mais renonce vite préférant éviter de penser aux réactions de l'autre fou. Et son visage est à nouveau trop près. Bien trop près pour être innocent, comme s'il était innocent de toute manière.

- Non, ne recommence p-

Trop tard, encore. Sauf que là c'est encore pire. Il est plus brutal et ne lui laisse aucun moyens de se dégager, il l'a carrément plaquée contre le mur, se plaquant par dessus, un beau sandwich. Il n'y absolument plus aucune distance entre les deux corps et elle en est tellement mal à l'aise et choquée qu'elle en tremble, poussant de nouveaux sur ses bras, mais avec encore moins de force. Elle est plus rouge qu'un coquelicot et les larmes lui montent aux yeux alors que pour au moins le faire réagir et pouvoir se dégager de ce baiser infernal et carrément brutal elle referme ses dents sur sa lèvre et le mord violemment, tant pis q'il saigne.

Elle essaie de décaler une épaule pour au moins se tourner vers la porte de la grande salle, loin. Trop loin, surtout qu'elle n'arrive même pas à faire un quart de tour. Mais au moins elle n'est plus en face, et pourrait à la limite lui balancer un coup de pied. Sauf qu'elle déteste frapper les gens Aliénor et même si elle sait que ça ne sert à rien dans la situation actuelle elle tente une ultime fois de le raisonner.

- Bartholomew lâche moi. Ressaisis toi. Et. Et arrête ça, c'est pas drôle, vraiment pas.

En espérant que l'entente de son prénom le fasse reprendre conscience. En espérant surtout que ça n'ait pas l'effet contraire. C'est un enfer, de semoule, de ketchup, de clafoutis, de ce que vous voulez, c'est un enfer. Dont elle n'a aucune idée de comment en sortir. Et elle en tremble toujours.

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Elle se débat. Elle hurle, mais tu ne l'écoutes pas. Tu ne veux pas l'écouter. Tu as bien d'autres choses en tête. Elle aura beau geindre. Se débattre. Tu ne peux pas. Tu ne peux simplement pas cesser. Ton corps agit. Ton esprit s'est effondré. A l'instant où elle est entrée dans ton champ de vision. Ah. Si seulement tu avais pu oublier tes lentilles. Si seulement tu avais pu te présenter à ce repas sans rien y voir. Tu serais arrivé en aveugle. Et tu en serais reparti comme tel. Mais non. Non. Tu ne pouvais pas. L'obscurité t'effraie bien trop. La peur de perdre la vue. Et par là même, de perdre la notion de tout ce qui se déroule devant toi. Seulement, la seule chose que tu voies en ce moment même... C'est elle. Et rien qu'elle. Ta conscience aura beau hurler. Ton orgueil aura beau pleurer. Ton être aura beau se déchirer, tu ne peux pas t'arrêter. C'est comme si tu n'étais qu'un simple spectateur de ta propre décadence. Tu a conscience de ce que tu fais. Mais l'as-tu jamais vraiment aimée ? L'as-tu un jour vraiment désirée ? Tu te le demandes. Et ton corps répond. Il te montre que oui. Mais tu n'en es pas convaincu. Ton esprit est embrumé. Il ne te répond plus.

C'est alors que tu recules légèrement. Surpris. Un goût de sang commence à se répandre dans ta bouche. Et tu la lâches. Stupidement. Tu portes les doigts à tes lèvres. Du sang. Ton sang. Elle vient de te mordre. Et tu n'arrives pas à réagir autrement qu'en lui lançant un regard chargé d'incompréhension. Tu aimerais lui dire de dégager. Te venger pour ce qu'elle vient de faire. Mais ton corps s'y refuse. Tu te contentes de la regarder. De cet air hagard. Blessé. D'avantage dans ton amour propre qu'autre chose. Elle vient de te rejeter. Tu l'entends te dire de cesser. Encore une fois. Tu voudrais bien. Tu voudrais pouvoir t'y résoudre. Mais c'est plus fort que toi.

Pourquoi. Pourquoi. Explique moi pourquoi.

C'est impensable qu'elle ne comprenne pas. Qu'elle ignore à tel point tes sentiments. A tes yeux du moins. Alors tu t'arrêtes. Tu recules de quelques pas. Et tu la regardes. Tu ne comprends pas. En es-tu seulement capable ? Tu ne sais pas. Probablement pas. Mais tu voudrais savoir malgré tout. Tu voudrais qu'elle te laisse l'aimer. Mais elle te repousse. Elle te rejette. Et tu ne comprends pas. Tu ne comprends plus. Tu ne comprends rien. Tu ne vois qu'une chose. Qu'une personne. Elle. Et rien d'autre ne compte.

Date d'inscription : 27/12/2013

C'est comme tout s'arrêtait de nouveau. Comme si les choses avaient deux temps qui avaient des soubresauts. Elle a du sang dans la bouche et d'un coup elle se retrouve posée avec un Bartholomew qui ne comprend pas à son tour. Sauf qu'elle n'en sait rien elle, c'est lui qui devrait lui expliquer. Et il la regarde mais pas comme il était habitué à le faire il y a quelques instants. Et c'est elle qui se sent mal, parce qu'elle n'est pas foncièrement méchante et qu'au fond il a vraiment l'air blessé. Mais avant même d'y réfléchir elle commence par s'éloigner de trois bon pas. Adieu le mur. Mais elle ne sait pas si elle va arriver à partir comme ça. Son instinct lui hurle de courir, quelque part, loin. Alors elle recule encore, mais à reculons, tournée vers lui. Elle est perdue, elle est blessée, elle a toujours les larmes aux yeux et le rouge aux joues. Elle a les jambes qui tremblent et du mal à reprendre son souffle. Alors elle s'arrête, à une bonne dizaine de mètres de distances, quand même, au cas où.

- Mais. Je. Je ne sais pas pourquoi. C'est toi qui. Mais.

Mais elle n'en sait rien elle, c'est tout qui n'est pas normal, ça ce n'est pas normal. Ce n'est pas normal qu'il agisse comme ça. Il y a à peine quelques jours ils ne se supportaient pas alors elle ne comprend pas. Elle ne sait pas comment expliquer, il ne se souvient pas ? C'est la première fois qu'elle aura dit autant de mais. Et elle ne sait pas quoi dire d'autre, elle déglutit un peu, ça a le goût du fer. Elle est toujours plantée sur ses deux jambes qui tremblent, ne sait pas quoi faire, se dandine d'une jambe sur l'autre, un coup d’œil derrière elle, un regard devant elle sur le garçon un soupir, un gémissement.

- Tu n'es pas amoureux de moi. Je ne pense pas. Enfin, je crois. Non tu ne l'es pas. Et. Et c'est pas normal tout ce qu'il se passe. Tu comprends ?

Elle est trop gentille parfois. Mais elle ne peut pas regarder et juste... Le laisser comme ça. Même si elle ne s'approchera pas. Pas de nouveau, trop gentille peut être mais pas conne. Elle ne va pas se jeter en avant pour aller consoler quelqu'un qui vient juste de l'agresser. Elle voudrait seulement qu'il reprenne ses esprits, elle voudrait simplement comprendre, elle voudrait que tout redevienne comme avant. Elle a l'impression d'être un monstre et une victime en même temps. Alors elle attend, elle attend de voir. Voir ce qu'il va se passer. Encore un pas en arrière, sans quitter la scène des yeux, peut être que si elle s'en va tout ira mieux, pour lui comme pour elle. Peut être qu'elle devrait faire ça, peut être qu'elle le fera. Après avoir essayé une dernière fois de lui faire entendre raison.

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Tu sens tes mains trembler. Comme un alcoolique. Comme un drogué. Comme une personne en manque. En manque de quoi. Tu ne sais pas. Tu sens un poids en toi. Tu la regardes qui se recule. Tu ne comprends pas. Tu vois la peur dans ses yeux. Tu vois ses larmes. Tu ne comprends pas. Et tu tends la main, pour tenter de la rattraper. Mais elle est déjà loin. Tu fais un pas, hagard. Puis un deuxième. Non. Non, tu ne comprends pas. Elle aura beau te le demander encore et encore, tu ne comprends pas. C'est toi qui serais en faute ? Tu ne serais pas amoureux ? Amoureux. Quel bien grand mot. Un mot que tu n'aurais su définir. Mais tu sens un pincement. Un déchirement en toi. Il est toujours présent, et il fait des siennes. Tu voudrais faire taire ton coeur. Faire cesser tout cela. Effacer ces sentiments. Cette douleur. Et tu fais un nouveau pas.

Et tout s'effondre. Tout. Ton corps lui même semble s'écraser sur lui même. Tu sens la douleur. Tu sens ce poids dans ta poitrine. Tu sens ce vide béant. Comme si un trou noir venait de s'ouvrir dans ton ventre. Comme s'il voulait t'engloutir. Dans cet océan de pénombre. Dans cet océan de peine. Tu ne les sens pas monter. Mais elles commencent à couler. A te brouiller la vue. Tu pleures. Sans pouvoir t'arrêter. Tu tends la main. Mais tu ne peux pas l'atteindre. Il est bien loin le jeune homme sauvage. Tu tombes à genou. Tu la regardes qui garde ses distances. Tu ne peux rien y faire. Tu es totalement impuissant. Tu aurais pu perdre la vue définitivement à cet instant, tu n'y aurais pas plus prété attention. Tu voudrais effacer cela, mais... Tu ne peux la chasser de ta tête. De tes pensées. Tu serres les dents. Tu ne peux pas lutter. Tu sens la peine t'engloutir. Le chagrin te submerger.

Non. Non... Putain, non.

Tu frappes alors le sol du poing, dans un craquement sinistre. Tu ignores la douleur de ta main. Tu ignores le sang qui en coule. Et tu tombes. Tu chutes sans pouvoir t'arrêter. Tu ne peux pas te relever. Tu ne le pourras plus. Tu restes là. A genoux. Elle est si proche. Si loin. Et tu ne peux pas l'atteindre. Tu n'as pas la force de te lever pour la rattraper. Tu n'as plus rien. Tu n'es plus rien. Plus rien qu'un amas de tristesse. De désaroi.

Date d'inscription : 27/12/2013

Un horrible sentiment l'envahit, entre l'horreur, la culpabilité et le malaise. Elle s'est totalement arrêtée, regardant avec des yeux ronds ce qui est exactement entrain de se dérouler sous ses yeux, sans réussir à y mettre des mots, pas des mots cohérents en tout cas. Elle a l'impression d'être debout sur un détonateur, une limite à ne pas franchir si elle ne veut pas provoquer la mort de la personne en face. Et elle a beau le détester actuellement ce n'est plus le Bartholomew qu'elle a connu. Et même si elle le voulait elle ne pourrait décemment pas le regarder dans cette situation et ne rien faire, la provoquer et tourner les talons. Ce n'est pas elle, et des deux il faut bien qu'un garde la raison.

Elle sursaute lorsqu'il frappe le sol de son poing, les larmes finissant par couler, de trop plein. Trop de tout, trop de peur, trop d'appréhension, trop d'incompréhension, trop de douleur en face d'elle, trop de gestes brusques. Elle regarde partout, les yeux brouillés, il doit bien y avoir quelqu'un qui sait ce qu'il se passe, un prof, quelqu'un. Mais le seul prof qu'elle voit quitte la salle en courant et en pleurant. D'accord, ils sont seuls pour le coup, et ce n'est pas pour la rassurer. Il parle, des syllabes presque murmurées mais pourtant à peine criées.

- Non ? Non, non quoi ? Bartholomew, ça va ? Euh. Non. Apparemment pas. Euh. Ça va aller ?

Comme si ça allait aller, comme si c'était si simple. Elle fait un pas dans sa direction, la main presque tendue pour le rassurer. Mais elle a peur, encore. Elle ne veut pas réitérer l'expérience, alors elle s'accroupit un peu plus proche, sans pour autant baisser sa garde. Elle a presque mal pour lui, même dans ses plus grosses colères elle ne lui aurait pas souhaité ça. Elle passe une main sur ses yeux, massant ses tempes, elle rajuste son col encore froissé. Et comme elle ne sait pas quoi faire face à sa détresse elle fait la seule chose qu'elle sait faire devant quelqu'un qui pleure.

- Désolée. Je ne voulais pas te faire mal. Mais. Je. Pardon.

Elle a sauté à la conclusion la plus logique, elle l'a mordu trop fort. Que personne ne se demande demain pourquoi il a une marque rouge sur la lèvre hein. Si tant est que ça ne dure pas éternellement, cette situation. Parce que pour l'instant il y a un grand type qui pleure au milieu de la grande salle et une minuscule sorcière blonde, à distance raisonnable, accroupie qui est limite entrain de pleurer aussi sans savoir quoi faire. Et que si la situation perdure plus d'une journée ils vont sûrement devenir fous. Ou alors il y aura une vague de suicides. En attendant ils sont toujours là, et elle tends la main, très doucement pour toucher du bout des doigts son épaule et la tapoter, pitié qu'il se calme sinon elle allait mourir de culpabilité.

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Désaroi. Peine. Tout se mélange. S'entrechoque. Tout se mêle et se démêle, dans une débacle de sentiments. Contradictoires. Complémentaires. Ton esprit est traversé par antithèses et absurdités. Tu n'arrives plus à penser. Tu n'y arrivais déjà pas jusque là. Mais les choses sont pires maintenant. Tu n'arrives pas à stopper tes larmes. Tu pleures. De la voir partir. Et tu pleureras sans doute ta dignité par la suite. Mais pour l'instant, l'orgueil a disparu. Le monde s'est effondré. Et tu es seul.

Du moins le croyais-tu. Tu entends une voix. Pas n'importe laquelle. Sa voix. Tu redresses légèrement la tête. Dents serrées. Vision embrouillée. Tremblant. Sanglotant. Tu n'arrives pas à répondre. Tu n'y arrives pas encore. Tu restes là. Tu voudrais bouger. Tu voudrais te relever. Donner une meilleure image de toi. Mais ce n'est pas possible. Et tu restes là. Incapable et stupide que tu es. Puis, tu le sens. Ce contact. Cette main qui se pose sur ton épaule. Cette impression d'apaisement. De calme. Cette sensation qui t'envahit. Qui te submerge. Tu sens le poids qui t'écrases s'estomper légèrement. Sa présence te calme. Te rassure. T'apaise. Tu sens ton flot de larmes se calmer. Tu reprends ta respiration. Difficilement. Mais tu reprends le contrôle.

Tu finis par te calmer. Tu inspires. Tu fermes les yeux. Tu bouge ta main valide. Tu viens prendre sa main. Pas un mot. Pas un geste brusque. Tu serres sa main. Doucement. D'une pression légère. Tu serres les dents. Tu déglutis difficilement. Et tu te décides à expirer. Tu te sens mieux. Tu te sens bien mieux. Et tu finis par te redresser un peu, pour passer tes bras autour d'elle. Sans brusquerie. Tu l'étreins. Tu murmures.

Je. Me laisse pas. Putain, Aliénor, me laisse pas.

Tu ne veux pas revivre ça. Sa présence te rassure. Te calme. Et tu ne veux pas ressentir ça à nouveau. Tu ne veux plus de cette déchirure interne. De cet effondrement. De cette tristesse. Et c'est idée absurde te reviens. Tu veux juste qu'elle soit là. Tu voudrais juste pouvoir l'aimer. Ou qu'au moins, elle accepte les faits. Qu'elle ne te rejette pas. Pas encore une fois.

Date d'inscription : 27/12/2013

Rien n'allait droit, très bien. Il fallait faire avec. Elle allait faire avec, elle n'avait aucun autre moyen. Décemment elle ne pouvait pas le laisser là tout seul, pas dans cet état et elle ne voulait pas non plus que ça dure outre mesure. Sauf qu'elle ne savait pas quoi faire, les professeurs étaient aux abonnés absents et l'infirmerie trop loin pour y aller. Même si ça aurait été la meilleure chose à faire, surtout avec sa main dans cet état. En réprimant un soupir elle se dit qu'elle aurait bien aimé penser qu'après elle lui en ferait voir de toutes les couleurs, sauf qu'elle pense qu'elle optera plutôt pour la fuite, plutôt mourir que de devoir lui expliquer exactement ce qu'il est entrain de se dérouler, encore moins en détails. Autant prier pour qu'il comprenne tout seul et ne cherche pas à savoir plus avant.

Elle se tend quand il passe les bras autour d'elle, mais ce n'est pas brutal et elle a comprit qu'elle ne peut rien y faire, se débattre ne sert à rien mais au moins l'agression présente est plus facile à supporter. Alors elle le laisse juste faire, tapotant son bras posé sur ses épaules, calmant ses sanglots qui ne servent à rien. Il faut à présent qu'elle soit rationnelle pour deux, faire des efforts, supporter un minimum de contact et attendre que ça passe. En espérant que ça passe, justement. Sauf que ça reste assez bizarre de l'entendre prononcer son prénom comme ça, à tout bout de champ.

- Non, non. Ne t'inquiètes pas, je vais rester là, je vais rester. Calme toi, ça va aller, on va trouver une solution.

Enfin, oui. Vous devez trouver une solution. Enfin. Elle doit trouver une solution, d'abord se lever, faire trois pas, se souvenir de ne pas trop s'éloigner, revenir sur ses pas et saisir sa main. Comme un enfant voilà, elle doit penser qu'elle promène en enfant par la main. Bon. Un grand enfant, qui fait plus de 20 centimètres de plus qu'elle, mais un enfant. Elle se dirige vers une table, les élèves sont tellement mélangés qu'elle ne sait même pas à quelle maison elle appartient. Qu'à cela ne tienne elle le laisse s'asseoir sur le banc en lui donnant un verre d'eau. Peut être que ça va lui permettre de reprendre un peu ses esprits, et tant qu'à faire elle s'en sert un à elle aussi parce que bon. Là pour le coup ça fait du bien, juste de se calmer. Elle s'affale à moitié à côté sur le banc en passant ses mains sur ses yeux, inspirant fortement.

Du coin de l’œil elle regarde sa main, bon elle ne l'aime pas beaucoup, certes, mais elle a du mal à ignorer ça. Ça doit faire mal quand même. Elle se retourne pour attraper une serviette apparemment propre qu'elle humidifie avant de lui tendre, en évitant soigneusement de le regarder. Elle ne pas pas non plus tout faire à sa place, faut pas abuser.

- Tiens, pour ta main, il faudrait aller à l'infirmerie mais avec toute cette agitation ça va être compliqué. Pour l'instant ça devrait faire l'affaire. Enfin. Soulager la douleur quoi. Enfin. Je ne sais pas.

Pitié qu'il prenne le pansement de fortune vite, elle est déjà assez ridicule comme ça sans pour avoir à tenir la serviette plus longtemps, il ne pourra pas dire qu'elle n'a rien fait pour lui.

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Tu l'écoutes te réconforter. Tu ne sais pas pourquoi mais. Sa voix te rassure. T'apaise. Tu ne t'en étais jamais rendu compte jusque là. Et tu écoutes sa voix. Tu bois ses paroles. Comme si rien ne comptait plus que ça. C'est comme une mélodie. Comme une île salutaire pour toi, naufragé, rescapé en plein milieu d'une mer noire d'encre. Une mer déchaînée. Une mer de sentiments. Et toi, tu t'accroches à ce que tu peux. Tu t'accroches à elle. A sa voix. A son contact.

Tu te tends en la sentant se dégager. Tu sens cette torsion au ventre te reprendre alors qu'elle s'éloigne. Tu. Tu paniques. Tu ne sais pas ce que tu es sensé faire maintenant. Mais tu la vois revenir, te prenant la main. Tu sens un poids s'envoler de nouveau. Tu sens la pression retomber. Tu attrapes la main tendue, et tu finis par te relever. Enfin. Et tu la suis. Simplement. Presque docilement. Tu aimerais pouvoir t'arrêter. Arrêter le temps. Figer tout. Mais ce n'est pas possible. Tu sais dans un coin de toi que ce n'est pas possible. Et tu t'asseois avec elle, souriant lorsqu'elle te tend un verre d'eau. Qui aurait presque un goût particulier une fois servi de sa main. Presque. Mais tu n'y prêtes pas attention. Tu la regardes. Elle semble épuisée. Et la fatigue ne fait que réhausser la beauté que tu lui attribues. Tu sens tes sentiments affluer. T'envahir. Et tu tentes de les contenir.

Mais comment. Comment aurais tu pu ignorer les palpitations de ton corps. Ignorer les battements de ton coeur. Ignorer ses cris, ses hurlement incessants. Et tu finis par lever la main, pour aller lui caresser les cheveux. Si proche et si loin. Elle est a portée de main. Pourtant elle t'as déjà rejeté une fois. Et la voilà qui te semble inaccessible désormais. Tu prends la serviette humide qu'elle te tends. Mais la blessure de ta main n'est rien. Rien comparée au dilemme qui te déchire. Tu voudrais lui faire une déclaration enflammée. Lui hurler ton amour. Mais. Tu ne sais pas comment. Tu ne sais plus. Et tu restes là. Figé. Serrant cette serviette de toutes tes forces. Jusqu'à t'en faire blanchir les jointures. Ignorant les blessures physique. Te contentant de l'observer. De l'admirer. Et encore et toujours, de l'aimer.

Date d'inscription : 27/12/2013

Elle oublierait presque ce qu'il s'est passé il y a quelques minutes, presque. Il reste tranquillement assis à côté d'elle en prenant soin de sa main. Ses muscles se détendent enfin alors qu'elle arrive à se calmer, même si tout n'est pas encore parfait au moins c'est plus calme, il faut juste faire abstraction de sa grande main dans ses cheveux. Tant que ça reste les cheveux ça va, elle peut encore le supporter. Surtout qu'elle a fini par se faire une raison, il y a quelque chose qui cloche et tout va rentrer dans l'ordre à un moment ou à un autre. Il faut juste prendre son mal en patience, ce qui risque d'être compliqué vu qu'elle n'arrive déjà plus à le regarder en face, toujours assise sur son banc.

Elle sent quand même que rien n'est fini, elle regarde ses mains, qui blanchissent au fur et à mesure qu'il serre la serviette. Elle fronce les sourcils, posant ses doigts dessus pour qu'il ne se fasse pas plus mal. Elle ne lui souhaite pas quand même.

- Tu vas finir par te faire mal.

Oui, elle s'inquiète un peu, elle n'a pas envie de s'en vouloir après, pas non plus envie qu'on lui reproche quoi que ce soit. Et actuellement elle est la seule personne qui semble pouvoir le calmer un minimum. Elle regarde la grande salle, c'est toujours le chaos et elle comprend une nouvelle fois que quelque chose ne va vraiment pas. Ils semblent tous pris de frénésie, un peu comme Bartholomew quelques temps auparavant. Elle jette quand même un regard à son visage, pour contrôler avant de se retourner, portant de nouveau le verre à sa bouche, refrénant un soupir. Elle voudrait bien le
questionner mais elle n'est pas sûre d'obtenir des réponses cohérentes. Elle décide quand même de tenter le coup, au cas où.

- Heum. Bartholomew, tu as mangé quelque chose d’inhabituel ? Tu as fait quelque chose qui sorte de ton quotidien ?

Pas sûr que ça donne quoi que ce soit de potable mais au moins elle aura tenté le tout pour le tout. Elle lui fait un sourire, si ça l'encourage à se souvenir c'est toujours ça de pris. Elle lisse sa jupe, réajustes son col et ses chaussettes montantes, elle évite de penser, parce que penser serait comme essayer d'être rationnel, ça ne servirait à rien dans le moment présent.

Invité **Invité**

Les choses semblent se clamer dans ta tête. On dirait que tout retombe. Que la pression s'évacue petit à petit. Et pourtant. Tu continues à serrer le poing. La douleur n'est pas réelle. Tu as l'impression de la sentir flotter. Est-ce si grave ? Non. Probablement pas. Il y a plus important. Nettement plus important en réalité. Et l'important... Tu l'as sous les yeux. Tu l'as à tes côtés. Tes pensées recommencent à vagabonder. Elle est là. A portée de main. Et pourtant... Pourtant elle paraît si loin. A tel point que tu ne pourrais la saisir. Même si tu essayais de toutes tes forces. C'est ce que hurle ton esprit. Elle n'est pas pour toi. Elle t'a déjà rejeté une fois. Et pourtant. Et pourtant. Tu desserres ta pression sur la petite serviette. Tu fermes les yeux. Et tu poses tes doigts sur les siens. Tu reprends ce contact avec elle. C'est comme une addiction. Tu en as besoin. C'est presque vital. L'alcool, la cigarette, la drogue. Ce ne sont que des sucreries pour enfants en comparaison. Tu as besoin d'elle. De sa proximité. De son contact. De son odeur. C'est une addiction. Une addiction que tu ne peux expliquer.

Et tu restes là, ta main sur la sienne. Son contact te rassure. Il t'apaise désormais. Ce grondement sourd qui se déchaînait en toi se calme petit à petit. Mais il n'est pas apaisé pour autant. Et tu ne sais pas comment le calmer. Tu ne sais pas comment t'en libérer. D'ailleurs tu ne veux pas. Tout est très bien comme ça. Tu te sens bien. La douleur ? Tu ne t'en soucies pas. Elle est là. Près de toi. C'est amplement suffisant. Tu n'as besoin de rien d'autre. Tu l'écoutes évasivement. Tu ne saisis pas tout. Tu es trop occupé dans ta contemplation. Tu la contemples, oui. Comme une œuvre d'art. Comme un chef d'oeuvre de beauté. Et tu glisses tes doigts vers son visage. Tu lui caresses la joue, en dépit de tout ce qu'elle pourra bien en dire. Rien n'a d'importance. Rien sinon elle. Tu sens la gêne te ronger. Tu la dévisages.

Je. Non. Je t'aime. C'est tout.

C'est tout ce que tu peux en dire. Tout ce que tu peux exprimer en ce moment même. Ton cerveau a comme cessé de s'occuper d'autre chose que de ce sentiment. Ce sentiment mièvre. Niais. Et pourtant, tu as bien prononcé les mots que tu as prononcé. Parce que ça te reprend. Parce qu'il revient à la charge, ce tambourinement dans ta poitrine. Parce que tu ne seras pas tranquille avec tout ça. Parce que tu l'aimes. Parce que tu dois l'aimer. Parce que tu n'arrives à rien d'autre en ce moment.

Date d'inscription : 27/12/2013

C'est comme un retour à la case départ, elle sent à nouveau sa tête se vider, elle ne comprend rien, pourtant ce n'est pas une fille bête Aliénor, c'est peur être une fille méchante à ses heures, colérique, provocatrice, fourbe mais pas bête. Et ne pas réussir à comprendre ce qu'il se passe la plonge dans un état presque second, comme une spectatrice de sa propre vie, elle n'envisage plus, elle n'arrive même plus à faire des déductions simples. Elle ne se reconnaît plus, elle est incapable de savoir qui elle est, ce qu'elle fait là, pourquoi elle y reste, pourquoi ça se passe comme ça. Elle est fatiguée, elle est vidée de toute énergie, elle vient juste de subir un choc psychologique majeur. Elle regarde dans le vide, voyant à peine l'agitation anormale de la grande salle, elle sait qu'un truc est très louche dans cette affaire mais elle n'essaie même plus de comprendre quoi, elle se demande juste pourquoi c'est tombé sur elle, et pourquoi sur lui aussi, du coup, pourquoi lui. De tous c'est sûrement la personne dont elle n'aurait jamais pensé entendre ces mots là. Ce n'est juste pas possible. Ou. Ou alors il jouait très bien la comédie. Ce qui n'est absolument pas logique vu que si c'était le cas il ne se serait pas jeté littéralement sur elle d'un coup. Et cette incompréhension la désempare, elle est habituée à comprendre les choses, quand elle se donne la peine d'y réfléchir, mais ça c'est juste incompréhensible, même les élèves les plus intelligents de Poudlard ne doivent pas totalement saisir ce qu'il se passe.

Elle pose une nouvelle fois les yeux sur sa main abîmée en grimaçant, elle essaie de se convaincre que ça ne la regarde pas, que c'est son problème mais elle ne peut s'empêcher de se sentir concernée par tout ça, parce qu'au fond elle est concernée, elle est là, elle a en partie provoqué son précédent acte de folie et même si jamais rien n'est de sa faute elle ne peut pas tout simplement ignorer les choses. Un frisson d'appréhension la gagne quand elle se dit que si ça se trouve rien ne reviendra jamais à la normale et que ça sera comme ça tout le temps. Ça ne peut juste pas se passer comme ça. Ce n'est même plus une question de sentiments mais si jamais ça restait comme ça alors elle ne pourrait plus s'éloigner de lui de plus de quelques mètres... à vie ? Elle sursaute à cette idée en chassant ces pensées qui la glacent, elle ne sait déjà pas comment elle va en sortir moralement et sentimentalement alors autant se focaliser sur la situation actuelle. Mieux vaut ne pas penser à ce qu'il se passera après. Elle lève ses yeux toujours sur sa main vers son visage quand elle sent un contact chaud sur sa joue. Et elle n'a pas la réaction qu'elle aurait aimer avoir, elle préfère mettre ça sur le compte de la fatigue.

- Mais. Mais. Je.

Elle rougit, très fort, et elle bafouille. Et elle se maudit, surtout. C'est très embarrassant, ce n'est pas elle, ce n'est pas la réaction qu'elle devrait avoir. Et ça ajoute à sa confusion, elle fronce les sourcils, toujours rouge pivoine en fuyant volontairement son regard. Surtout, ne pas le regarder sinon elle sent que ça va encore déraper. Alors elle regarde ailleurs et tente de calmer sa respiration, de se calmer tout court, de redevenir elle même. Elle murmure, les yeux volontairement accrochés au mur d'en face.

- Je ne comprends pas.

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Alié' x Barth' : SERPENTOUFFLE 2.0

Elle ne comprend pas ? Toi non plus en fait. T'as mal. Ton poing te fait souffrir. Et pourtant. Pourtant c'est pas ta première préoccupation. Tu penses à autre chose. A elle. Pourquoi ? Tu sais pas. Mais c'est là. Gravé dans ta tête. Tu te l'expliques pas. Et même si tu voulais comprendre, t'en serais pas capable. Même dans ton état normal, tu serais pas foutu de trouver une explication. Mais là. Là, c'est pire. C'est étouffant. Obsessionnel. Ca te colle à la peau. Ca résonne sans fin dans ton pauvre crâne. Ton pauvre crâne, vidé de tout. Où on a juste daigné laisser un nom. Le sien. Et tu la regardes rougir. Tu voudrais pouvoir décoller ton regard de sa personne. Mais non. Non. C'est simplement impossible. Et tu souris. Sans comprendre pourquoi. Sans que ça sonne comme un sourire. C'est plus triste. Plus mélancolique. Comprendre...

Ca te rappelle quelqu'un. Ca te rappelle une autre personne. Elle aussi elle voulait comprendre. Mais t'as oublié son nom. Tu te rappelles d'elle. De tes conneries. De pas lui avoir laissé le moyen de comprendre. L'incompréhension. C'est encore ça. Encore ici. Encore maintenant. Et tu souris. Pas charmeur. Pas heureux. Nostalgique. Tu sais pas pourquoi. Tu comprends pas cette remontée d'émotions. T'es perdu. Complètement perdu. Et y'a qu'une chose à laquelle tu peux te raccrocher. Qu'une seule personne qui puisse te servir de bouée de sauvetage. En l'état des choses, tu peux pas te détacher d'elle. C'est compliqué. Trop compliqué. Et t'arrives même plus à penser.

Les gens veulent toujours tout comprendre de toutes façons.

Tu as lâché ça. Sans savoir pourquoi. T'as des souvenirs qui remontent. T'as toujours pas son nom. Mais elle aussi elle a voulu comprendre. Mais t'es trop con. Et t'as pas voulu lui expliquer. Tu l'as laissée tomber. Tu sais qu'elle en a souffert. Que t'as tout gâché. Que ça aurait pu bien mieux se passer. Mais non. T'es débile. Et tu prends sa main au creux de la tienne. Machinalement. Tranquillement. Sans brusquerie. Le regard perdu dans le vide. Tu l'as perdue. Et maintenant, t'as juste ce nom en tête. T'as son visage de gravé en mémoire. T'as l'impression de remplacer quelqu'un. D'oublier quelqu'un. Mais tu sais que ce quelqu'un, tu l'as perdu. Alors pas encore une fois. Pas cette fois. Tu veux pas la laisser partir. C'est presque instinctif. T'as peur de lâcher sa main. Et t'es perdu. Complètement perdu.

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