Peut être que ce n’était que Sloan, ou bien le tapis aujourd’hui semblait la fixer d’un regard accusateur. Elle quitta son bloc, un instant, ses mèches brunes écrasant la moitié de son visage. Quelques coups de crayon semblaient former un semblant de dessin, mais depuis ce matin, la bleue n’avançait pas. Ôtant ses lunettes elle soupira, le salon des Serdaigle ne bougeait pas d’un cil. Littéralement. Cela devait être l’endroit le plus silencieux de Poudlard et le plus froid, aussi. En hiver, il fallait atteindre des seuils de survie extrêmes pour ne pas emmener la fausse peau de bête avec soi. A la place, on laissait les cheveux lâchés, ça empêchait les multiples courants d’air de vous glacer les sangs. Armée de courage, elle remonta par les escaliers, enfila ses bottines, le pull de quidditch tant apprécié, déposa délicatement ses lunettes de lecture sur son bureau avant de dégringoler vers le rez-de-chaussée.

Dégringoler était le mot juste parce qu’elle aurait été capable de tomber, mais son agilité était de son côté, ce jour-là. Holmes passa par la bibliothèque, pensant que Wesley serait occupé à réviser, ou avec Garfield, à essayer de. Et puis il y aurait eu une petite chance de croiser Ludovic ou Elise, mais c’était un peu plus mince. Elle se souvient un peu tard qu’elle avait annulé son petit debriefing avec Benedict à l’Arbre Cogneur, comme toujours, parce que la neige couvrait les trois quarts de l’école et qu’elle ne voulait pas l’embêter plus que ça, et puis ce serait embarrassant, elle n’aurait sans doute rien à dire. Tenter d’étudier certes lui traversa l’esprit, mais il y avait autre chose qui la tentait… qui lui faisait très envie même…

Aller au dehors, explorer les alentours ! La concernant plus précisément, se rétamer dans le neige en parcourant la distance château-forêt interdite. Le destin serait donc de la partie, il fallait que ça attire ses ovales océan endormi, il fallait qu’elle omette la présence de la maisonnette du Garde-Chasse. Sloan pensait que ça lui était passé, l’avide besoin de s’échapper, qu’un peu de calme lui ferait du bien, beaucoup de bien même. Elle se plaignait de ne plus respirer correctement et ici, l'air ne manquait pas.
Au lieu d'inspirer-expirer pour cracher ses poumons en pleine crise, quelque chose lui toucha l’épaule. La bleue se retourna d’un coup les joues en feu, tant elle réalisait avoir dévalé la pente plus tôt avec empressement. Elle était restée plus longtemps que prévu, à simplement regarder la nature faire son spectacle éphémère. Ce qu’elle pouvait l’aimer, son Poudlard. - revenons à ce poke lamentable qui l’a presque vue évanouie de précipitation - Juliet.

Juliet Windsor vient d’apparaître, d’une tête enflammée de mèches rousses, derrière un de ses sourires éclairés d’excitation, d’impatience, même. Ah, ce talent qui fait baisser les yeux de Sloan sur le corps de la Poufsouffle qui ne s’exhibe alors pas. Le vent souffle un coup, et la voilà qui sourit à son tour, un poil décontenancée. Elle se croirait dans le Hobbit.

“Juliet !” éclata-t-elle d'un sourire immense.

Mais elle avait vu juste, ça lui manquait, l’Aventure. La vraie.

“Est-ce-qu’il y a besoin d’un bouclier ? Parce que je n’en ai pas sous la main.”

Spoiler:

Juliet était bien contente d’avoir trouver Sloan. Les aventures, c’était chouette, mais c’était encore mieux lorsqu’on était accompagnée. Là, ça allait être fantastique. Et Sloan avait l’air d’avoir envie de la suivre ! Juliet, toute contente, laissa échapper un gloussement de plaisir. Parfait, vraiment parfait.

« Oh non, ne t’en fais pas, ta baguette suffira ! C’est la journée, il n’y aura pas trop de choses effrayantes dans… » Elle laissa planer un silence mystérieux - qu’elle gâcha en gloussant de nouveau, évidemment, puis continua d’une voix qu’elle voulait inquiétante : « la forêt interdite ! »

Elle observa le visage de son amie, cherchant un signe qu’elle était toujours partante. Après tout, c’était interdit, comme le nom de la forêt l’indiquait. Et elle ne connaissait pas Sloan si bien que ça après tout, peut-être qu’elle aurait peur, ou qu’elle voudrait la dénoncer, ou juste lui faire changer d’avis. Elle s’empressa d’essayer de la rassurer.

« Et puis tu sais, on ne risque rien sous ma cape d’invisibilité ! Tu vois elle est chouette, hein, je l’ai trouvée par terre, on ne me voit pas du tout quand je suis en dessous, tu vois ! » Dit-elle en faisant apparaître puis disparaître sa tête en la cachant sous la cape.

Elle espérait vraiment pouvoir jouer à l’aventurière avec Sloan ce jour-là. Et puis, elle ne voulait vraiment pas laisser passer sa toute première chance depuis des mois de revoir son acromentula, sa jolie Hakuna. Elle lui manquait tellement ! Elle aurait tant voulu être là lorsqu’elle apprendrait à parler. Maintenant, elle espérait surtout que l’araignée géante était heureuse dans sa nouvelle vie, qu’elle avait retrouvé sa maman peut-être, sa vraie maman, et qu’elle avait bien grandit. Elle espérait aussi qu’Hakuna se souviendrait d’elle, malgré tout le temps qui avait passé, malgré le fait qu’elle n’était qu’un bébé quand Juliet l’avait recueillie. Mais pour le moment, il fallait convaincre Sloan.

« Tu veux bien venir ? » Demanda-t-elle avec un grand sourire plein d’espoir.

HRP:

Hors de question de rater une excursion dans la Forêt Interdite, m’enfin ! Il faudrait être fou ! C’était là l’occasion d’une vie.
Le destin les déposait là, face à face et le regard embué de hâte. Sloan s’attarde une fois sur le château avant de hausser les épaules. Elle avait décidé cette année d’avoir un tempérament plus clair et plus direct, aussi n’étant pas une machine, c’était difficile de commander la manœuvre, mais les arguments de Juliet suffisaient à convaincre largement. La brume les attrapa dans une étreinte caractéristique, fraîche et revigorante, pendant que Holmes la regardait faire, la poitrine palpitant de son effort pour une météo pareille. La bleue inspira et rejeta toute la matière possible dans l’air, comme si elle se préparait à un grand marathon. Mais ne partaient-elles pas dans l’amusement et la précipitation ?

Sloan commençait a avoir un peu honte d’oublier sa baguette régulièrement, peut être bien qu’elle était trop loin de ses sortilèges et qu’il fallait songer à s’y appliquer plus souvent. Aussi la moue déterminée de son acolyte du jour lui remonta le moral et la serdaigle si facilement distraite approuva d’un fort mouvement de la tête pour finalement la suivre. Elle, s’occupait de rabattre le bonnet qui la protégeait un tant soit peu du froid, lançant machinalement quelques appels à la rousse poufsouffle, oubliant peu à peu le véritable objet de la quête. Pas qu’elle soit tête-en-l’air… mais. Et bien si, pour être honnête, elle l’était. Personne n’était pour ainsi dire fautif, Juliet n’était pas entrée dans les détails. Cependant il y avait un certain enthousiasme à s’approcher si près de “contrées” interdites. On ne pensait à ce moment que très peu aux conséquences et cela lui rappelait les années précédentes. Elle qui n’était plus tant que ça une enfant levait un regard différent sur la Forêt Interdite, plus déterminé sans doute. Holmes étudiait attentivement le tissu translucide de la vieille cape d’invisibilité, se rappelant doucement les cours d’Art et de Littérature Magique, dans le même temps, veillant à ne pas se prendre les pieds dans la cape. La jeune fille la fit rire, timide, étrange, elle n’était pas tant que ça gênée, ou quoi, mais Juliet était drôle et motivée. Sloan aurait aimé avoir un tas d’amis aussi colorés que Juliet ou Wendy beaucoup plus tôt. “Bien entendu que je viens ! Et que va-t-on chercher, d’ailleurs ? J’espère que tu ne veux pas te dégoter un poil de crinière de licorne ou autre. C’est comme qui dirait… un peu risqué.”

Puis elle pensa que si Juliet et elles rentraient tard, il y avait pour avantage une magie qu’elles possédaient toutes les deux, un simple Lumos leur sauverait la mise et elle s’en amusait car cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas emmenée en promenade si au moins elles ne tombaient pas sur le garde-chasse. Aussi Sloan examina les alentours, comme attendant quelqu’un. Elle espéra voir Wendy sortir d’une cachette quelconque comme le ferait le meilleur ami de Wesley; Drew, joggeur professionnel entraîné avidement une grande partie de sa scolarité par Miss Morgan. Il n’en fut rien. La brune se détacha de l’idée saugrenue car, après tout pourquoi fallait-il forcément se réunir par trois pour faire des bêtises ? Dix-sept ans et une pensée encore gamine, ah si elle pouvait se cacher la tête dans un trou, là de suite. Elle voyait enfin l’épisode du lac comme une simple erreur de calcul, ayant le recul nécessaire pour ne pas se morfondre bêtement d’un chagrin inutile. Sloan tenta de rire mais l’image encore apeurée de Wendy lui revint en tête et aujourd’hui, elle souhaitait simplement faire bonne figure, au moins auprès de Juliet.
Puis, comme cela était un peu égoïste, Sloan se promit d’aborder le sujet au moins une fois, sans bien sûr préciser de quoi il était question.

Juliet était ravie d’être tombée sur Sloan. Elles allaient passé une excellente journée pleine d’aventures, elle en était sûre, et comme ça elle aurait plein de choses à raconter à Wendy ce soir-là. Elle eut un petit rire ravi lorsque la Serdaigle accepta de l’accompagner. Elle écarta la cape d’invisibilité pour en recouvrir son amie elle aussi. Elles étaient serrées l’une contre l’autre, rigolant un peu, pas très discrètes. Juliet expliqua :

« Je veux retrouver une vieille amie. C’est une acromantula, » précisa-t-elle sur le ton de la confidence. Seules Loka et Wendy savaient pour Hakuna, pour le moment, mais elle savait qu’elle pouvait faire confiance à Sloan. « Je l’ai recueillie quand elle était bébé, parce qu’elle s’était blessée, mais ensuite elle a du retourner dans la forêt. » Cette fois-ci, parler de la petite acromantula ne fit pas disparaître son sourire, au contraire. Elle allait la revoir. Peut-être même qu’elle serait assez grande pour parler cette fois. Pas une seconde elle ne pensa que Sloan puisse avoir peur d’Hakuna ou de se retrouver face à face avec des araignées géantes.

Sur ces mots, elle entraîna la Serdaigle sur ses pas vers l’orée de la forêt. Elle pouvait déjà voir combien elle était sombre, alors la petite rouquine sortit sa baguette et lança un « lumos » en chuchotant. Elle n’avait pas peur, mais elle n’avait tout de même pas envie d’attirer toutes les créatures dangereuses de la forêt.

« Je me demande comment elle est maintenant, Hakuna, » murmura-t-elle. « Ca fait un an que je ne l’ai pas vue tu sais. Elle aimait bien quand je lui chantais des chansons, et quand je lui caressait le dos après qu’elle ait mangé. J’espère qu’elle se souvient de moi. Tu penses que ça a une bonne mémoire les acromantulas ? »

Ca faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas parlé d’Hakuna, parce que le sujet la rendait triste, que maintenant elle se sentait presque incapable d’arrêter son flot de paroles. Hakuna était là, et elle allait la revoir.

Un pas de plus dans la neige et son visage s’animait de petits élans simples, dans lesquels elle se retrouvait. Y faire semblant d’un sourire, cela arrivait mais Juliet l’embarquait comme Peter Pan aurait attrapé Wendy. Certes moins égoïstement… beaucoup moins, même. Sloan revivait cette flamme engloutie ailleurs, au profit d’un euphorique soupir qui la fatigue à descendre les pentes compliquées menant à la forêt. Sous la cape tout s’entend, même les cliquetis des différentes vies continuant à se manifester de part et d’autre. Car la nuit et le jour d’accoutumée si différents ici se joignent en amis. Et il y a, petit à petit l’appréhension qui disparaît. "Wendy ne viendra pas ?"

Comme on lui exposerait un plan machiavélique, Holmes prend en compte progressivement les informations. Pour elle, par le passé ce n’était une confession, ou même une discussion; c’était une révélation qui valait par n’mporte quel moyen de se crier sur les toits. Juliet à cette impatience à la sortie des phrases qui fait remuer Sloan d’un petit coup d’épaule à la jaune et elle lui fait un distrait clin d’œil, manquant presque d’en oublier la gravité et son équilibre avec ! “Une acromantula… et bah ça alors…” commentait-elle tout en les guidant d’un second lumos pour appuyer le sien. Aucun frisson ne parcourait l’échine, sinon celui de l’excitation, de l’aventure et du besoin de s’enfoncer plus encore.

Dans les contrebas il y a un silence religieux, comme une ode mystérieuse, une énigme gigantesque; telle que la Forêt Interdite ! Ah si seulement Wesley pouvait voir ça, il serait sans doute à l’étroit sous une cape, bien sûr, mais ça donnait beaucoup trop envie de courir partout. Ouais, s’envoler de droite à gauche, oublier le temps qui passe, s’élancer comme cinq avant, se donner les minutes sans les compter, fiche la main dans celle de Juliet et ne plus voir si petit. Voir très grand !

“Hakuna c’est très joli, comme non. Je suis persuadée que la mémoire des acromantulas est tout à fait remarquable.” C’était peut être à simple titre amical, pour rassurer, pour se montrer encourageante. “Fais pas des yeux si tristes. Tu sais faut y croire, si tu veux la retrouver, et je sais qu’t’y crois, Juliet !” Un petit rire échappe, la voilà qui parle, si petite, si enchantée. “Une des choses qu’on voit c’est que t’es obstinée. J’suis sûre que ça va aller.” Puis elle se tait, bavarde et un peu trop inquiète de faire fuir les merveilles d'ici.

Wendy et Juliet semblaient beaucoup s’amuser pendant que mademoiselle restait à l’intérieur à préparer les BUSEs, ça la rendait un peu irritante de s’installer dans un coin et de simplement travailler, alors on pouvait dire que cette sortie allait l’empêcher de devenir insupportable. Sloan, c’est un peu un Gremlins, il faut l’occuper pour qu’elle ne se mette pas à faire des bêtises. Il serait tant de comprendre mais à défaut de se retrouver au milieu de probables catastrophes avec Miss Windsor, elle n’allait en rien améliorer sa situation de robot condamné à ses cours plutôt qu’au côté très lucratrif de Poudlard. Puis elle finirait la tête dans les mandragores, à trop se laisser distraire, en tout cas, elle se mettait une mission en tête : couvrir Juliet en cas de problème.

Ce n’était pas son genre de croire les fillettes qui venaient lui dire de ne pas aller jusque la Forêt Interdite; parce qu’elle portait bien son nom ! Sloan, c’était un peu une Tomb Raider ratée qui ne tenait pas tant que ça à fouiller dans des tombeaux, mais elle aimait bien l’odeur des arbres et elle aimait se perdre, aussi. Comme des enfants, s’aventurer là où il ne faudrait pas, pour ne pas affoler tout le château. Enfin, elle n’envisageait pas de faire marche arrière, pas une seconde, malgré son dos qui se contractait pour la réduire à l’état de tortue apeurée. Puis, Sloan, elle voulait avoir quelque chose à raconter de vrai à Elise, la prochaine fois qu’elle lui demanderait si elle sortait à nouveau du dortoir. Parce que c’est vrai que Holmes, elle commençait à prendre des airs de serdaigle bien aigrie, ce n’était pas joli à voir, ni pour Juliet, ni pour les autres.

“Moi peur ? Ahahahah j’imagine que.”

Ses bottines s’enfoncent dans les bois, autant que leurs petites silhouettes pas bien coriaces, vues de loin, même pour de courageuse petite membrs de l’équipe de quidditch bleue et girouette très curieuse jaune respectivement. A écouter Juliet, elle s’entendait déjà déglutir, le Lumos très effectif, enfin pas tant que ça, elle se retourne sous la cape dès que le pauvre buisson innocent à sa droite se manifeste.

“Oui j’ai un peu peur pour être honnête.”

Une main à la nuque, elle se retient de rire, un peu paniquée, mais ça c’est parce qu’elle pense trop.

“Je pense que la récolte de goodies au profit de Wendy, on la fera si bonus de vie au compteur, hein ?” Silence. Longue pensée pour sa Grand-Mère. "Y a des hm... trucs méchants ici ?" Pour le vocabulaire sherlockien, on repassera.

Une main occupée à se tenir sous la cape, Sloan est soulevée par la vapeur qui encadre les trois quarts de son visage, la barre de vie pixelisée se dessinant calme au dessus de ses oreilles. Juliet joue très bien le superhéros confortable, mais bien évidemment le chateau de cartes ne tarde pas à s’effondrer. Et puis comme la lande couvre la moitié de la distance entre l’aile sud et la forêt, on ne voit plus grand chose, ce qui tend à faire battre le coriace amas de chair et de nerfs au fond de sa petite cage. Sloan, happée par l’adrénaline se laisse aller à un rire nerveux, elle ne sait pas franchement si les mètres perdus la rassurent ou la paniquent un peu plus qu’il ne faudrait, mais aujourd’hui, elle n’a pas vraiment le choix. C’est elle l’aînée, si elle commence à couvrir sa voix derrière son écharpe, c’est la fin du rêve sherlockien. Pour certaines raisons, la bleue n’est pas prête à y renoncer. Faible rictus qui court sur son visage une seconde, elle secoue, distraite ses gants couverts d’araignées qu’elle imagine déjà.

Elle haussa les épaules, comme si la question de Miss Poufsouffle l’avait un peu calmée. “Quelques uns”, elle enchaîna, la baguette à proximité, elle avait l’habitude des duels, maintenant elle n’allait pas dire qu’affronter un troll était sa plus grande hâte. “AAAAAAAH. M-MERLIN !” A la manière dont couina soudain la rouquine, Sloan la tira en diagonale vers une zone plus sûre - c’est à dire pas du tout, priant pour que la cape soit pour le coup mieux qu’invisible. Par exemple, para-méchants. Sloan, elle était un peu trop curieuse, elle regardait à droite à gauche, l’air contrarié, on essayait de la déstabiliser. De toute manière, son karma bloquait un peu dans le négatif, dernièrement. “Sûrement pas le professeur Mantis.” Petit et poilu, la bestiole gigota, avant de passer, avec le plus de naturel possible, "...peut-être Emerald ?" dans une forêt débordant des pires retours, puis après une seconde, Sloan saisit Juliet aux épaules. “Bon. Allez. Trouvons Hakuna, c’n’est pas la petite bête… qui va manger la grosse.”

L’aventure. Les chevilles se lassent, mais Sloan retrouve le sourire, sur deux pieds bien décidés à trouver Hakuna. Hakuna c’est le rêve des enfants, c’est les pattes qui s’agitent entre l’herbe et la boue, l’espoir l’année d’avant de retrouver en elle l’amie aux paires d’yeux démentiels. Hakuna, c’est une belle histoire, Sloan, elle aime les histoires. Quand c’est compliqué, c’est encore plus joli, en fait. Juliet a un bonheur étrange dessiné entre les tempes et le reste de sa figure rousse, tachetée et à la jointure amicale. Il y a ce silence tranquille, au début. Hakuna, elles la trouveront peut-être, nichée entre deux troncs, occupée à profiter de la fin de l’hiver. Le début du renouveau, comme lorsque Juliet se décide à chercher la douce acromantula. "C'est un vrai plaisir... tu vois. Longtemps que je n'avais pas attrapé une vieille cape pour fuir un peu Rowena. Et les autres."

Invisibles, les deux âmes affairées s’élançaient dans la forêt, comme on tracerait la route à un enfant, s’efforçant de trouver un sentier praticable plutôt qu’un carrefour inquiétant. Ici tout et rien se croiser, des chants harmonieux aux croassements retentissant, l’ensemble donnait envie de se retourner à chaque mètre dépassé. On ne parlait plus de bravoure, ou parlait de détermination; celle qui les feraient atteindre l’objectif, là où Sloan soupire quand un buisson se révèle être l’antre diabolique d’un lièvre quelconque. Mais voilà, aussi approfondies se révélèrent les recherches de Sloan effectuées sur le sujet, il y avait son cerveau pour la convaincre que la trouille était un argument six fois plus vendeur que quoique ce soit concernant les champignons prodigieux des clairières nord. Elle s’en fichait, des champignons, elle voulait un peu de force mentale, un peu de sa fougue de quelques années auparavant.

“Dis est-ce-que Wendy va bien, en ce moment ?” Holmes leva le bras pour la voir par dessous la cape, les traits confus de la serdaigle allumaient son visage d’une gêne passagère, elle tenait sa baguette de l’autre main, un fin espoir monté entre ses deux lèvres pâles. “Je veux juste… en profiter pour discuter, tu sais c’est… nerveux.” Petite, elle n’était pas du genre à se justifier, elle fonçait dans le tas, quitte à en faire un tas de bombabouse monstre. Sloan, elle ne connaissait pas bien le tact, mais sa dernière rencontre avec la patiente Weatherfield lui avait prouvé qu’elle n’était pas encore bien à l’aise dans ses nouvelles bottes. Il y aurait un temps d’adaptation et, en toute franchise, elle avait été soulagée de tomber sur Juliet, une des rares capable de lui rendre conscience plus légère. Bref, c’était pas très cool, assez pataud niveau stratégie (domaine dans lequel elle excelle avec une batte et quelques neurones en plus), mais Hakuna l’aidait psychologiquement et socialement parlant aujourd’hui.