DOUTES

Diego grommela en enlevant son pull afin de le remettre à l'endroit, laissant Elise nouer correctement sa cravate.
-C'est pas de ma faute, mes vêtements ont monté une conspiration contre moi.
Mais bien sûr. Cause toujours, on va te croire. Non, c'est juste que Diego, le matin, il ne faut pas trop lui en demander. Il fait le minimum possible, s'économise au mieux pour exploser d'énergie généralement après le petit déjeuner. Alors mettre ses vêtements à l'endroit, c'est beaucoup trop dur voyons.
La blonde lui demanda de lire sa lettre, soulevant aussi l'idée qu'il ne s'agissait peut être simplement que d'un canular. Cette idée transforma le sourire de Diego en une grimace boudeuse. Ça ne le dérangeait pas qu'on se moque de lui certes, mais ça, ce n'était pas drôle. Mais il avait confiance en cette lettre. Il SAVAIT qu'il y avait quelqu'un qui l'admirait dans cette école, et qui que ce soit, cette fille avait intérêt à être mignonne. Parce que sinon, ce serait embêtant pour le rouquin. Vous imaginez ? Un borgne poursuivi par une morue dans les couloirs de Poudlard. Beurk, c'est pas tellement ce que Diego cherchait. Lui, il voulait une gentille fille. Mignonne. Intelligente. Mais pas trop. Sinon c'est pas drôle, vous voyez.
Il reposa ses yeux sur la lettre et gonfla son torse de fierté tout en répondant à son amie.
-Impossible que ce soit un canular voyons, Elise, tu m'as vu ? Je suis trop cool pour ça. Tu sais quoi, je vais la lire cette lettre !
Alors il se mit à en faire la lecture en haussant la voix, de sorte à ce que la salle entière l'entende se vanter de cette lettre, en chuchotant bien sûr la partie sur son deuxième prénom. La lecture finie, il s'assit devant son assiette et continua à se vanter, tout content. Cependant, tout en mangeant, il réfléchissait. Le «Carlos », c'était pas normal. De toute l'école, seule Elise était au courant pour son deuxième prénom, et il doutait fortement qu'elle puisse l'avoir dit à quelqu'un d'autre. Il avait confiance en elle, après tout. Le rouquin tourna le regard vers son amie, son expression étant redevenue soudainement très sérieuse.

-Elise...C'est toi qui a écrit cette lettre ?

NOT FOOLED

« Essaye pas de me rouler. »

Elise continuait de détourner subtilement le sujet, évitant de répondre à la question du rouquin. Il la regardait, un air suspicieux sur son visage. Son attitude était bien étrange et ses doutes amplifiaient alors sur cette lettre. Il la connaissait trop bien, la blondinette. Comme un livre ouvert. Elle remplissait à nouveau son assiette de nourriture, espérant que Diego oublierait toute cette histoire en se remplissant l'estomac. Il faut dire que la plupart du temps, cette technique fonctionnait assez bien. Mais pas cette fois. Cette fois-ci, le borgne voulait savoir la vérité.

Alors il fit silence. Pendant quelques minutes, probablement. Il n'en savait rien, il n'avait pas de montre. Mais il se tût. Faisant mine de réfléchir. Espérant que le silence gênant qui s'était installé entre les deux Serdaigles ferait sortir plus vite la vérité de la bouche d'Elise. Il jouait avec ses doigts, prenait parfois un air plus concentré. A quoi pensait-il ? A cette lettre. A l'attitude de son amie. A la bouffe. A tout et rien. Il pensait qu'en réfléchissant un peu, la réponse allait s'afficher dans sa tête, comme ça, pouf.

Et puis si c'était elle qui avait écrit cette lettre ? Qu'est ce que ça lui ferait ?
Pas grand chose, à vrai dire. Si c'était le cas, elle l'aurait fait pour s'amuser, pour se moquer un peu du rouquin, ce dont elle avait parfaitement le droit. Il est normal de se moquer des idiots. Mais pourtant, dans un sens, il faut dire que ça embêtait un peu le rouquin. Qu'Elle se moque de lui. Qu'Elle l'ait fait marcher.

Alors il se retourna vers la blonde et reposa sa question, la voix grave et sérieuse.

- Tu n'as pas répondu Elise. C'est toi, oui ou non ?

OH PLEASE , WHAT A JOKE

Le rouquin frissonne en sentant la main froide de son amie sur sa joue.
Il avait raison. C'était bien elle qui avait écrit cette lettre. D'un seul coup, toute son excitation était retombée au point mort et il se contentait de la fixer, l'air neutre. Une simple blague. Du même genre qu'il faisait tout les jours. Il l'écoutait avouer, parler. Il se sentait mal. Il ne voulait pas qu'elle se sente coupable.
Alors il reprit la lettre. Promena ses yeux sur les mots, fit semblant de la relire. A chaque ligne, son sourire s'élargissait jusqu'à éclater en fou rire alors qu'il finissait sa relecture. Diego riait, de plus en plus fort, enfouissant son visage dans ses mains, sentant son corps se secouer à chaque éclat de rire.
«Jouons, mais jouons bien.»
Il se calma petit à petit, essuyant une petite larme aux coins de ses yeux. Sa tête se tourna vers son amie, et il lui répondit d'une voix encore essoufflée de son fou rire.

-Ah, je m'y attendais pas à celle là ! Bien trouvé, Elise ! Bien trouvé !
Et il pouffa de rire à nouveau.
Quel bon acteur ce rouquin.
En vérité, qu'est ce que cela lui faisait après tout ? Oh, pas grand chose. Un peu de déception, certes, mais bon, il s'était habitué. Il faut dire que c'était tout de même une petite surprise. Souvent, c'était lui qui jouait des tours, mais il n'était pas souvent piégé. L'arroseur arrosé, comme disent les moldus. Mais surtout, il ne voulait pas qu'Elise se sente mal à propos de cette lettre. Alors effaçons cette mine et rions, amusons ! Il valait mieux ça, après tout.
La comédie, c'est beau.

Let's joke around

Diego s'arrêta de rire, considérant son amie qui se sentait coupable, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Elle gigotait, réfléchissait à chaque mot qu'elle disait et l'hésitation se faisait clairement dans sa voix. Il en avait peut être fait trop, finalement. Il ne s'arrêta pas de sourire pour autant. Elle était adorable, quand elle doutait comme ça, c'était clair. Oh, ce n'était pas gentil de jouer avec elle comme ça, certes, mais n'avait-elle pas commencé la première avec sa fausse lettre ? Et puis, comme elle disait «Qui aime bien châtie bien» et «Tu te vengeras n'est ce pas ?» Oh, mais la vengeance commence maintenant ma chère.
Alors il perdit son sourire, qui se transforma en moue, et prononça tout doucement:

-Tu sais, ça m'a fait mal quand même, tout ça.
Rajouter une poignée de tristesse dans la  voix et le tour est joué. Pourquoi faire ça ? Disons qu'il ne pouvait pas s'empêcher de l'embêter, cette Elise. Il aurait tout le temps de s'excuser par la suite, mais maintenant, autant jouer avec elle un peu plus. Pas si innocente, la bestiole.
Il baissa la tête et fit mine de regarder cette lettre avec un air mélancolique. Tout au fond de lui, il avait une envie irrépressible de rigoler, mais il se retenait l'air de rien.

-Je ne pensais pas que tu aurais pu faire ça...Toi...Toi mon amie...
Puis il imita des reniflements et cacha son visage dans ses mains. Bon d'accord, Diego ne jouait pas très bien la tristesse, mais ne savait-t-on jamais. Peut être qui si Elise était sourde et aveugle ça pouvait passer.
Haha.