Amethyste Rosenbach  & Klay Corswelt
"Exile"
Klay les regarda courir dans les couloirs. S’enfuir.

Lui aussi avait été en première année, et les plus grands s’en étaient aussi pris à lui. Un roux, fils de moldus, petit à l’époque, pas très doué en cours, une tête de turque parfaite pour les plus grands, souvent de Serpentard. Mais Klay, c’est Klay, et c’est avec nostalgie qu’il se remémorait à quel point il pouvait être d’une naïveté déconcertante, à un tel point qu’il finit par être aimé de tous, même de ceux qui étaient partis pour le bizuter. Tous étaient maintenant partis, devenus aurors, journalistes ou ministres, alors que lui restait ici, profitait encore de l’innocence puérile de Poudlard, couvé dans un cocon qu’il devrait bientôt quitter. Et il se voyait, ses premiers jours, à leur place, en train de s’enfuir ou d’éviter certains grands qui l’avaient repéré.  Eux aussi étaient à Griffondor, des nouveaux qu’il avait accueillis chaudement en début d’année.  Mais ces deux garçons ne fuyaient pas n’importe qui. Ils la fuyaient Elle.

Elle. Elle et ses longs cheveux bleus, elle qu’il avait déjà croisé plusieurs fois dans ces mêmes couloirs. Elle qui refusait qu’on l’approche, un chat sauvage indomptable blessé, qui ne s’attachait pas, qui refusait de discuter. Klay la regardait de loin. Que leur avait-elle fait, à ces pauvres enfants qui n’avaient rien demandé ? Encore, toujours, elle maltraitait, elle consumait sa rage de vivre sur ceux qui n’avaient rien demandé. Klay le comprenait. D’une certaine façon, lui aussi aurait pu finir comme ça, s’il n’avait pas, plus jeune, choisit la voie de la facilité, celle de s’entendre, de s’intéresser aux autres, de savoir aimer. C’est surement ce qui lui avait valu sa place chez les rouges, alors qu’elle était ornée de couleurs vertes. Il secoua la tête. Il pensait presque comme un vieux. La vérité, c’est qu’elle l’intriguait un peu, elle qui maintenant avait l’air fière de terroriser les petits. Des livres plein les bras, il finit par aller s'assoir en face d'elle, qui s'était esseulée pour une raison obscure. Il posa ses livres à côté de lui sur la table dans plus lui en demander et posa son regard droit dans ses yeux.

« Ces gamins m’ont demandé de « te faire avaler une grenouille morte. C’est assez glauque en fait ! ».

Klay marqua une pause. Il lui sourit.  Lui, jusqu’en troisième année, il était amoureux d’une grande. Il savait tout d’elle, son nom, sa classe, ses habitudes. Mais bien sûr il n’avait jamais réellement osé aller lui parler, il lui avait envoyé une lettre une fois mais elle n’avait jamais répondu. Il était beaucoup trop jeune mais le pauvre garçon semblait assez sensible au sang de Vélane, et encore à aujourd’hui il lui arrive de se retrouver à suivre certaines demoiselles sans comprendre pourquoi ou comment. Et s’il faisait partie de ces jeunes années, s’il perdait 4 ans tout de suite, surement qu’il aurait admiré Amethyste Rosenbach. Du moins, si elle avait été souriante, gentille, aimante. Là, elle n’inspirait que crainte, et se refusait à elle-même tout l’amour qu’elle pouvait attirer. Enfin c’est ce que Klay voyait, et ça le peinait, réellement, elle qui pouvait tout avoir. Mais c’était son problème, il ne s’en mêlerait pas, ne serait pas indiscret. Mais un petit peu quand même.

« En tout cas, ils ne t’aiment pas. » rajouta-t-il. « C’est dommage, t’as pas l’air d’un monstre pourtant ! »

Le sujet était en fait assez délicat à aborder, il ne savait même pas ce qu’il venait faire là, mais il ne pouvait pas s’empêcher de lui sourire, de lui donner un peu de lui. Ce n’était pas dans ses habitudes de se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais deux premières années face à une sixième… Il fallait tout de même qu’elle ait un adversaire un peu plus coriace à qui s’affronter. Le problème, c’est que cet adversaire, il n’avait rien de bien méchant, de bien cruel. C’était un amour d’adversaire.

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Amethyste Rosenbach  & Klay Corswelt
"Exile"
Klay la fixa quelques instants, sans répondre. Elle avait raison, que voulait-il ? L’aider parce qu’il était conscient de son mal-être ? La comprendre pour pouvoir mieux l’accepter ? Être son ami pour qu’elle ne soit plus seule ? Dans tous les cas, il se mêlait de choses qui ne le regardaient pas.
Et Klay ne se mêlait jamais de ce qui ne le regardait pas.
Mais il gardait son étrange sourire. C’est vrai qu’elle faisait un peu peur, avec son sourire sadique. Mais elle était allée croire qu’il attendait d’elle quelque chose, qu’il allait lui demande un service, ou plus. Ca le peinait un peu, de voir qu’elle pensait de cette façon. La seule chose qu’il voulait réellement, c’est qu’elle sourit. Qu’elle se rende compte qu’elle n’était pas obligée de faire souffrir autrui pour exister. Qu’elle était belle et bien vivante, belle et bien présente, jolie, qu’on la voyait sans qu’elle n’ait besoin de crier, et surtout, que se faire craindre ne la mènerait nulle part si ce n’est dans cette solitude dont elle ne pourrait pas se défaire.

« Pas grand-chose ! Si je voulais quelque chose tout de suite maintenant, ce serait comprendre. Mais j’en demande pas autant ahah. Mais toi Amethyste, à quoi tu joues ? Ils t’avaient rien fait ces gamins. »

En fait, Klay ne savait même pas si elle était consciente de la peine, de la peur qu’elle inspirait aux autres. Surement, puisqu’apparemment c’était le but souhaitait. Mais en était-elle satisfaite ? Il ne comprenait pas, comment on pouvait autant désirer être détesté. Il se doutait bien qu’elle voulait se protéger de quelque chose, mais il ne comprenait pas sa tactique. Lui, qui avait si peur de la solitude, faisait en sorte de ne jamais être seul, s’aveuglant d’une quantité d’amis impressionnante qui n’était pas forcément le cas. Peut-être d’ailleurs qu’inconsciemment, c’était ce qui l’avait mené à cette table. Peut-être qu’au fond, ils se ressemblaient, elle avait peur de s’attacher, il avait peur d’être détaché. Klay lui sourit de nouveau. S’il continuait comme ça elle allait croire qu’il faisait une fixette sur elle. Ce n’était pas le cas, il n’y pensait que quand il la voyait, parce qu’elle n’avait jamais voulu le laisser pénétrer sa carapace. Mais Klay n’abandonnait pas, pour lui il ne pouvait pas la laisser dans cette détresse qu’elle n’assumait même pas. Est-ce qu’au moins elle la voyait ?

« Mais je te ferai pas avaler de grenouilles, c’est trop dur à se procurer. Normalement, c’était le deal que j’avais passé avec eux pour que tu gardes tes points, et qu’ils ne rapportent rien. Je leur dirai que tu m’as laminé. Après tout, ce n’était qu’entre eux et toi. Ou contre toi et toi, parce que eux, ils n’avaient rien contre toi avant ça. ».

Il ne savait pas réellement ce qu’il essayait de dire, Klay il parlait, il disait ce qui lui venait à l’esprit sur le moment, sans se soucier des protocoles, de ce qu’on pouvait penser de lui, de la cohérence de ce qu’il disait. Il était de ceux qui pensaient et qui parlaient, qui ne se posaient pas de questions. Un peu simple d’esprit, un peu naïf, mais il ne changeait pas, lui-même inconscient de ses propres défauts, comme de ses qualités. Klay, il aimait bien ce sourire un peu violent, un peu menaçant qu’elle avait. Il lui trouvait du caractère, du pepss, quelque chose que les autres n’avaient pas. De la méchanceté aussi, mais là, il comprenait qu’elle ne soit pas gratuite. Après tout, Klay, que faisait-il à part l’emmerder. Et le pire, c’est qu’il le savait. Mais son regard était plongé dans le sien, et il l’affrontait de ses yeux brillants et de son sourire naïf.

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Amethyste Rosenbach  & Klay Corswelt
"Exile"
Il la regardait, impartiale, cruelle, telle qu’elle était. Il s’était toujours foutu de savoir si quelque chose était bien ou mal, et n’était pas là pour rétablir une quelconque justice, puisqu’elle n’existait pas, de son point de vue du moins. Le bien et le mal étaient pour lui des valeurs personnelles et basés sur des désaccords qui pouvaient tuer des pays entiers, c’est pourquoi il n’aimait pas juger. Mais il savait se mettre à la place d’autrui, il l’avait toujours fait, même avec les inconnus, ces deux enfants qui venaient de se prendre un sortilège qu’ils n’avaient pas mérité. Et le fait est qu’il n’arrivait pas à se mettre à la place d’Amethyste, engendrant une vague de frustration qui le poussait à aller de l’avant et essayer de la comprendre. Elle haussa les épaules, comme si rien ne l’importait. Comme si elle était loin du monde, inconsciente de ce qu’elle faisait. Comme si la vie n’était qu’un jeu, quelque chose qu’on pouvait recommencer à l’infini, quelque chose qui au final, n’était pas si important que ça. Raaaah cette fille était un casse-tête pire que les autres !

"Klay, tu ne risques pas, de toute façon, de me faire avaler des grenouilles, tu n'es pas assez fort pour ça. Et je t'aurais laminé quoi qu'il arrive. Ensuite, j'aimerais que tu... tu te taises en fait. Tu m'énerves."

Klay haussa à son tour les épaules. En vérité, il était totalement nul dès qu’il s’agissait de lancer un sort, alors peut-être qu’elle avait raison, mais il avait une alliée de taille, la chance, et même si elle ne l’avait jamais fait gagner – on s’en souviendra avec son duel où il finit totalement dénudé face à Zelda – ô non, il ne fallait pas penser à ça, nonononon -  il savait qu’il s’en sortait toujours à peu près indemne. Oui, il pouvait avoir confiance en sa chance ! Mais là, on s’en fichait, puisque de toute façon, aucun grabuge n’allait avoir lieu – pas vrai ? Il la regarda sans réellement répondre. Qu’avait-elle, un problème de confiance en soi, quelque chose qui n’allait pas ? Toutes leurs rencontres étaient les mêmes, il se voyait se faire remballer, et c’était fini, il restait sur sa faim, sa soif de connaissance. Peut-être devrait-il prendre des cours d’occlumentie… Il laissa passer plusieurs secondes dans le silence, perdu dans ses pensées, une moue boudeuse sur les lèvres, ne relevant même pas sa sorte de défi. Il s’en fichait, de savoir si elle le battrait ou pas, pour le moment, se confronter à quelqu’un incapable de se confronter à lui-même l’aurait ennuyé plus qu’autre chose. Il tourna sa tête vers la table des professeurs. Mama Oudie était là, ça le fit sourire. Zelda venait de s’assoir à la même table qu’eux, c’est vrai qu’il s’était installé chez les Serpents ! Elle lui avait fait un coucou de loin auquel il répondit par un simple clin d’œil et un petit geste de la main, en évitant de se faire remarquer par la mandragore qui, la tête dans ses bras, refusait de lui adresser la parole. Alors il reporta son regard sur elle.

« Dis, Amethyste. Qu’est-ce qui ne t’énerve pas, en fait ? »

Sa question était toute simple, toute bête. Il l’avait posé sur un ton tellement doux qu’il s’en était lui-même surpris. Par cette question il venait de lui révéler sa curiosité envers elle, son amour de la connaissance de l’être humain, sa hantise de ne pas pouvoir comprendre. Mais elle n’irait pas chercher aussi loin, il le savait, les gens s’arrêtaient souvent sur les superficies, sur le paraître. Il posa son coude sur la table et sa tête dans sa main. Il ne comptait pas partir et le lui faisait comprendre, mais il pouvait se taire si vraiment elle le désirait, et rester ici des heures à la fixer comme ça, ignorant ses complaintes, ses demandes. Il était normalement compréhensif, la volonté d’être seul était légitime, c’était souvent nécessaire à l’espèce humaine pour pouvoir mieux réfléchir, mieux s’affaiblir. Mais pas pour elle. Il pensait – une pensée stupide au fond – qu’à force de vouloir être seule, elle espérait qu’on reste avec elle. Alors il le faisait, en pensant simplement que c’était la bonne chose à faire. Si ce n’était pas le cas, eh bien tant pis, il lui aura fait perdre son temps mais n’aura pas perdu le sien ! Il attendait qu’elle le regarde et qu’elle lui réponde, droit dans les yeux. Il crevait d’envie de lui dire plein d’autres choses, mais pour le moment, il s’arrêterait à ça. Parce que chaque chose venait en son temps.

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Il l'avait énervée. En fait Klay avait deux dons très particuliers : le premier était celui de toujours être au mauvais endroit au mauvais moment, autrement dit, toujours dans les emmerdes, et le second - celui qui nous intéresse ici - celui d'agacer les gens. Fallait pas déconner, on était un casse-cou ou on l'était pas ! Il soupira en voyant la demoiselle serrer les points. Il allait encore se prendre une rafale d'insultes pour être allé trop loin. Bon, il aurait compris ça, au moins. Il lui aurait même pardonné si elle lui avait pété la tête à coups de balais. Mais au lieu de ça, elle lui répondit et en plus de la surprise à recevoir une réponse, c'était une réponse sincère dite calmement. Klay sourit. Bah voilà, il savait, il le savait qu'elle était normale ! Ydan, tu lui devais 1 gallion. C'est ça de se frotter à Klay Corswelt en pari...

Comment ça, pas demander pourquoi ? Mais il voulait savoir ! Maudite Amethyste, plus maléfique que Mama-Oudie, avait-elle le pouvoir de lire dans les pensées ?! Klay se renfrogna et garda son regard sur elle. Les pourquoi étaient sa spécialité, il y avait toujours une réponse à un pourquoi, une réponse qui amenait plus loin à une réflexion plus profonde. En fait, peut-être qu’elle ne savait tout bonnement pas, et lui poser la question l’emmènerait à chercher trop loin, voire à lui faire peur. Bon okay, il comprenait, finalement. Klay se retourna pour voir la table des Gryffondors, les deux premières années à qui il avait parlé le fixaient, comme s’ils avaient peur de la suite des évènements. Klay leur fit un coucou avec un grand sourire – gamin – et se retourna vers la vipère. Il s’installa finalement dans la même position qu’elle, les bras repliés sur la table, la tête sur ses deux mains, de façon à tout de même rester en contact visuel.

"Il doit bien y avoir des trucs qui t'énervent pas, j'sais pas, les chats, les dragons.... Un sport, une matière, la musique ? Je sais pas trop ce qu’aime une fille de ton âge mais… Même certaines personnes ! Le Quidditch, une fille, un garçon ? "

Bon, il ne comptait pas sur cette dernière possibilité, et encore moins sur le fait qu'elle se confie à ce sujet. Et puis Amethyste, secrètement amoureuse, il n'aurait sûrement pas parié un gallion là-dessus. Mais rien que pour la taquiner un peu, il prit un petit sourire en coin complice - oh Merlin elle allait le lessiver. Bon après tout il fallait partir du principe qu'elle était normale - ahem - c'était donc, très très très indirectement, un compliment, tellement qu'en fait, ce n'en était pas un. Du moins pas un qu’il avait forcément voulu faire. BREF. Il la regarda. Amethyste, elle était jolie, et en un sourire, elle aurait eu tous le monde à ses pieds, avec des sourcils moins froncés, elle aurait conquérit le monde, parce qu’elle était ambitieuse, et puis forte aussi. Mais Amethyste, il ne voyait rien qu’une adolescente en rébellion, une enfant torturée, quelqu’un qui ne sait pas comment se comporter. Qui ne sait pas quoi faire. Est-ce qu’au moins, elle s’aimer, comme ça, pas gentille, détestée ? Est-ce qu’on pouvait avoir une simple estime de soi dans la position qu’elle tenait ? Klay, en fait, il avait tellement d’espoir en elle, il savait qu’elle serait quelqu’un de grand, il voulait juste la rendre quelqu’un de grand heureux. Pourquoi ? C’était parti d’une simple folie d’aller lui demander pourquoi, de la suivre dans les couloirs, de se faire remballer. Et ça continuait, et il continuait, et il continuerait, jusqu’à ce que oui, elle soit grande, mais surtout que oui, elle soit heureuse. Elle lui importait, pour une raison inconnue. Il n’allait pas jusqu’à penser à elle tout le temps, mais elle faisait partie de son quotidien, et ça, elle non plus ne pouvait pas le leur enlever. Ouais, au fond, eux aussi, ils étaient liés ! Comme Klay était lié à la moitié du château, qu’Amethyste venait de se lier à ces deux petits lions. Ouais, Ame, il voulait qu’elle soit heureuse.

«  Et puis il y a ta famille aussi ! Tout le monde aime sa famille. Sans compter les liens fraternels. Les miens sont une mine de haine. »

Klay n’avait jamais rien eu à cacher à personne. Menteur. Il ne parlait jamais de Zelda, mais ça c’était à part. Aussi se confier, même au premier venu, n’était pas difficile pour lui. On pouvait répéter, juger, il savait que rien ne prendrait jamais trop d’ampelur, parce qu’il avait confiance. En tout le monde, même en Amethyste. Et puis, a qui pourrait-elle réellement le répéter ? Et ce n’était pas comme un frère et une sœur qui se détestent. Eux n’avaient aucune attache, elle pouvait se faire attaquer, qu’il serait le premier à lui cracher dessus, sans aller même à son enterrement. Il ne l’aimait pas, seule réelle personne qu’il détestait. Coupable. Bon, il savait qu'elle s'en foutait, mais c'était comme ça. Il parlerait autant qu'il en aurait envie, et elle devait bien être consciente que malgré le fait qu'elle ne soit pas son psy, il ne partirait pas. Et ne lui donnerait pas de gallions.

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Une vague de froid. Des frissons. Klay se sentit envahi, étouffé par la serpentine qui pointait cette baguette sur son front. Il ne bougeait plus et la fixait, sans démordre de son sourire, sans autant la détester. Mais ses poils étaient dressés, sa nuque, pleine d’épines. Il la fixait, droit dans les yeux, cette jeune fille démesurée d’orgueil. Klay ne lui ferait pas de mal, pas par sexisme, mais bien parce qu’elle souffrait déjà assez. Alors il ne bougea pas et se contenta de sourire. Encore. Ineffaçable sourire. Klay n’éprouvait pas de colère contre elle, elle qui se défendait. Il n’était envahi que par cette vague de tristesse qui l’avait refroidi de tout son être. Cette baguette sur son front ne lui faisait rien. Une menace, une de plus sur la liste noire d’Amethyste. Elle retira doucement sa baguette de son front, ayant fini de cracher ses paroles comme une vipère qui se défend. Il venait de trouver son talon d’Achille, sa faiblesse intime, alors il ne disait rien, restait silencieux. Il avait même doucement perdu son sourire.

Elle tourna les talons. Le temps était ralenti, plus rien ne se passait normalement. Ô, il avait noté les élèves qui s’étaient tournés vers eux, curieux de voir si un duel allait commencer, une dispute ou même une bagarre. Il avait remarqué le silence qui s’était installé à la table des Serpentards le temps de quelques secondes, pour les observer et voir ce qu’ils se disaient, mais vite les chuchotements reprirent. Klay n’avait pas d’image à tenir, pas de fierté à défendre, il se fichait de savoir ce qu’on n’en pensait, ce qu’on en avait parié. Tous ici connaissaient les deux individus, tous ici, qui parlaient, ne jugeaient pas. Il soupira. Elle avait du caractère Amethyste, elle était si fragile, et elle se pensait forte, si forte qu’elle aurait conquérit le monde. Gâchis. Mais sa famille le lui en avait empêché, en l’enfermant dans ce qu’elle était, cette colère rongeuse. Klay se redressa sur la table, comprenant un peu plus, la fixa. Il n’était ni son ami, ni son psy, ni son chat, heureusement. Mais elle était comparable à ces chats sauvages, indomptables, qui s’enfuient à peine tente-t-on de les toucher, elle était comparable à ces psys, froids, distants qui ne font rien d’autre que d’être silencieux, à une amie, qui s’en va pour ne pas faire de mal à quelqu’un. Pour ne pas se faire de mal.

« Un bras cassé et quelques coupures ne vaudront pas ce qui te ronge. Mais c’est grâce à cette culpabilité qu’on peut dire qu’on est humain. Alors… Fais comme tu veux, Amethyste. »  Il se leva et lui tourna le dos à son tour. S’arrêta. Il pencha légèrement sa tête vers elle, sans pour autant se retourner. Il ne la voyait pas, il ne voyait que ses pieds, mais ça lui suffisait. « Je serai aux trois Balais Samedi à 16 heures, si jamais tu n’as rien à faire. ».

Clap. Un pas. Il s’éloignait. Il venait de l’inviter à le revoir, bien sûr qu’elle ne le ferait pas, mais elle avait échoué, il ne la détestait toujours pas. Clap. Un autre pas. Il ne la détesterait pas. Ses raisons d’être ce qu’elle est, elle les avait, comme tous, et d’agir de cette façon aussi. Personne ne mérite la mort, personne ne mérite d’être jugé ; il lui laisserait autant de chances qu’elle en aurait besoin. Clap. Amethyste, il lui pardonnerait, parce qu’en vérité, il n’attendait rien d’elle, rien d’autre que de se sentir mieux. Alors elle ne pourrait pas le décevoir. Clap. Il s’était éloigné d’elle. Et il serait aux trois balais, sans l’attendre. Et pourtant, Klay il avait toujours de l’espoir. Et il savait qu’un jour, elle changerait, et si ce n’était pas par lui, alors ce serait par quelqu’un d’autre. Clap. Son dernier pas.

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