Eleana MidnightMessages : 32 Age : 25 Date d'inscription : 05/03/2016
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Ven 8 Juil - 19:29 | Simple. Ce crépuscule était simple; pourtant composé de sentiments entremêlés. Le ciel d'un éclat rougeoyant berçait de sa sanglante douceur la verdure qui s'ombrait dans le soir tombant. Vide, quasi vide, monotonie du silence; des murmures, feuilles bruissant à la brise aigre-tiède d'un soir printanier - ou était-ce déjà le début de l'été. Les ombres gagnaient du terrain, avalant, dévorant les parcelles d'une lumière toujours présente; paradoxe du crépuscule, inverse de l'aube rosée, invitant à commencer un doux rêve éthéré. Pastel de ses couleurs, pourtant froides; matin. Le crépuscule accueillait, elle, les ombres et les nostalgies de la nuit; pourtant, chaude. Les couleurs s'entremêlaient sous leurs pieds, ombres et chaleurs s'enlaçant dans un dernier baiser; seulement pour une nuit, attendant patiemment la prochaine journée pour de nouveau, s'embraser dans une sombre intensité. Pourtant, il leur fallait aussi attendre un ciel dégagé; alors ils égrenaient leur Temps, le Temps des Amants. Celui qui nous rongeait de son air impassible, les secondes s'égrenant; inlassables.
Les cris lointains des enfants, évasifs, évadés. L'énervement, la fatigue des adultes; journée éreintantes pour ces Moldus privés de magie. Les espaces se vidaient peu à peu, les spectateurs lassés de l'éternel recommencement d'une union ponctuant leurs jours, leur vie. Définitivement, les ombres prenaient le dessus. En était-ce mal pour autant ? Sans doute pas. Les ombres apportaient leur secret d'antan, et le crépuscule flamboyant n'en était que plus attirant, plus rassurant de sa douce mélancolie, larmoyant. Simple mélodie.
Le vent souffla; feuilles vertes s'envolant dans le vide créé d'un simple accord tacite passé. Fin de journée. Pourtant, dans l'ombre d'un arbre imposant, une jeune fille était assise sur un banc, blanc de marbre. Impassible, les paupières à demi fermées; repos tendu. Ses pupilles d'or coulé transparaissaient à peine et pourtant discernables. Se tenant droit, ses longues jambes croisées; immobile. De longs cheveux de noir corbeau ondulaient, encadrant son fin visage, pâle, très pâle. Des cernes sombres creusaient sous ses yeux, persistantes. Les traits tirés, la jeune fille semblait fatiguée, éreintée. Aucun mouvement. Rien. Seule sa respiration soulevait sa poitrine; frêle corps soutenu par une volonté qui semblait pourtant parfois s'échapper.
- Eleana ? Eleana ! Hé, ELEANA !! Un visage souriant, un bruit insupportable. Bourdonnement incessant dans son crâne, une chevelure mordorée. Et...
La jeune fille ouvrit soudain ses yeux. Et esquissa une grimace; mal de crâne. Or mouvant de ses yeux de chats, elle tourna doucement la tête. Non, ne pas bouger. Les foules, ce n'était pas pour elle. Le tournoi, cela était vrai; elle était restée pour assister au duel de Elise; mais elle avait perdu. Pourtant, son ex-adversaire avait clairement l'avantage; le hasard pouvait être bien cruel. Elise avait été son seul intérêt pendant ce tournoi; cette belle adulte, jeune, qui avait quitté Serdaigle il n'y avait pas si longtemps. Leur duel avait sans doute été celui qui resterait le plus gravé dans la mémoire pourtant défaillante de la jeune Serdaigle; déni. Puis plus rien ne la retenant, elle était partie. Au diable le règlement, aucun duel n'avait plus aucune couleur à ses yeux. De plus, il lui fallait un endroit calme; Londres en regorgeait. Il fallait les trouver, et savoir l'heure; maîtriser le Temps joueur et d'un vicieux sans égal. Comme une simple Moldue, la jeune fille aux cheveux corbeaux avait marché jusqu'à ce doux espace, entourée par le vent, le sang du crépuscule; seule. La solitude était une amie d'enfance; la Nature la partageait. Ses pas légers ne faisaient presque aucun bruit sur le gravier blanc, poussiéreux de se faire piétiner tout au long d'une courte vie. Existence sans souffle, existence anonyme, monotone. Erronée.
Un moineau sur le même banc; amicale apparition furtive. La jeune fille assise dans sa solitude tourna gracieusement la tête, fixant avec douceur le petit oiseau; il ne fuya. Les oiseaux n'avaient pas peur de la jeune fille; instinct. Ils avaient tous deux peur des humains; défiance. Mais il y avait des exceptions, car toute règle commune a une exception qui penchait d'un côté ou d'un autre. Le moineau saute sur sa main, tendue comme un perchoir; habitude. Folie pour certains, lunée; lunatique, non. Eleana souffla doucement deux, trois murmures inaudibles à l'oiseau qui semblait l'écouter, attentifs; échanges de secrets. Secrets qu'elle ne pouvait partager qu'avec ceux qui ne pourraient jamais les révéler. Et dans le crépuscule grandissant, berçant de sa douce lumière ensanglantée, la jeune fille aux yeux dorés s'en allait chanter ses secrets aux oiseaux, voletant pour les transporter; la berceuse des temps nouveaux. |
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