Il s’agissait d’un match totalement insignifiant. Poufsouffle contre Serdaigle, un des trois matchs du premier tour dans lesquels Viridus n’avait que très peu d’intérêt. Ceci dit, il était quand même là, parce qu’il n’avait vraiment rien de mieux à faire. En voyant qui squattait la tribune des professeurs, il se dit qu’il n’aurait pas dû.

Avec un soupir à fendre l’âme, il s’était installé devant un micro pour présenter les joueurs. Il détestait avoir la sensation que personne ne l'écoutait, tout particulièrement quand il avait une apparence d’enfant ; tous les regards étaient dirigé vers le Ministre de la Magie qui s’était assis dans les gradins du personnel pour observer le match. Pourquoi il était là à un match aussi mineur, Viridus ne savait pas, mais les paparazzis qui le suivaient partout allaient très vite devenir pénibles.

- Bonjour Poudlard, bienvenue à ce match visant uniquement à déterminer qui affrontera Serpentard en finale.

Même si le ministre était un utopiste imbécile, il aurait quand même dû venir voir ses chatons plutôt que les autres incapables. Ce n’était pas juste.

- A droite, Serdaigle, mené par Holmes au poste de batteur. A gauche, Poufsouffle mené par Jefferson, poursuiveur. Au delà des piètres choix que constituent les dirigeants d’équipes, nous avons Steele et Jenkins aux postes de poursuiveurs, Steadworthy en attrapeuse du côté Serdaigle. Sovany et Weatherfield attrapent la baballe pour Poufsouffle, avec Andersem et Cox qui se chargent des cognards.

Comme toujours, les perturbations sur le terrain ne découragèrent pas l’arbitre dans son lancer des balles. Viridus soupira contre ce jeu stupide.

-  Steele récupère la balle et fonce vers les buts. J’imagine que c’est toujours mieux qu’un joueur adverse.

S’il ne pouvait pas être pour Serpentard il serait pour Serdaigle.

L'atmosphère sur le terrain rendait Garfield ronchon. Il avait toujours détesté les photos, et les flashes lui rappelaient cette passion stupide qu'avaient ses parents pour les portraits où il était soit caché derrière son frère, sa soeur ou le Chat, soit en train de tirer une tête de six pieds de long. Si on ajoutait ces mauvais souvenirs aux petites étoiles que les soudaines lumières lui faisaient voir partout - et qui, elles, lui rappelaient une certaine fée, ce n'était pas mieux - ça ne faisait pas vraiment un bon point de départ.

Il avait déjà envie de balancer sa batte par terre, alors ce ne fut pas étonnant qu'elle lui échappe des mains au premier cognard. On aurait pu croire que tout lui était arrivé après trois ans de Quidditch, mais balancer une batte à pleine vitesse sur quelqu'un c'était tout nouveau. Et en plus, c'était pour la tête de Sloan. Super. Il était sensé taper la poursuiveuse avec le cognard, il avait tapé la batteuse avec la batte.

- ... désoléééééé...

Il se passa une main désoeuvrée dans le cheveux en se demandant s'il avait le droit de lancer un accio pour récupérer son outil de travail. Si pas, ça allait être coton.

CLIC. CLIC. clic clic clic clic. Oui, c'était comme une pluie de paparazzis qui s'abattait sur le terrain. Elle voyait les groupies dans les gradins qui dansaient à la façon des canards dans - la fameuse chanson moldue que je vais pas citer. - Leurs popotins remuaient en bon rythme, pendant que Sloan réfléchissait à une stratégie. Il y aurait pu ne pas avoir de transition entre son petit regard attendri pour Wesley Jefferson les pancartes en bas avec des petits cœurs dessus et Eileen filant droit devant, mais c'était sans compter le talent de Garfield à ce petit jeu.

Elle lui aurait bien dit 't'as un coup de maître.' Ironiquement, c'était le cas, mais elle sentait plus du tout son visage, la capitaine. Et alors que Sloan se remettait du choc en levant une main tremblante pour éviter de lâcher son propre instrument de mort, elle se demanda si elle retrouverait toutes les sensations qu'étaient capables de naître sur les pores de son visage.

Bon, après cette entrée en matière fort revigorante ( c'était le cas de le dire elle n'avait plus un teint de cadavre mais celui d'une tomate bien mûre ) il suffit à Sloan de hisser son mat ( lol pardon je voulais dire, sa batte ) pour frapper bien fort.
Ainsi et très harmonieusement, le gardien eu droit à sa propre partie de flipper en tête à tête avec les anneaux.

Spoiler:

C’était un match particulièrement important que celui d’aujourd’hui: c’était un match avec le Ministre de la Magie. En personne. Lui-même. Au sourire aussi étincelant que les flashs des appareils photos!

Et quelque part, ça mettait Peggy Renner à l’aise. Si toute l’attention de tout le monde était reportée sur monsieur Candidus, alors personne n’allait faire attention à elle. Elle était libre. Libre de dire tout ce qu’elle voulait dans son coin. On n’en avait rien à faire. C’était extrêmement libérateur et un petit peu déprimant.

« Bonjour Poudlard, » fit-elle d’une voix étonnament fluide en prenant le micro. « Ce match démarre en fanfare! »

« Eileen Steele, poursuiveuse de Serdaigle, a récupéré le Souafle. Elle file vers les buts sans que personne ne puisse le reprendre. Les batteurs de Poufsouffle sauront-ils l’arrêter? »

C’était comme quand elle répétait ses cours de théâtre toute seule cachée dans un placard. Elle arrivait à tout dire d’une voix sûre et professionnelle comme il fallait. Peggy se tourna vers lesdits batteurs. « Hélas non! Garfield a perdu sa batte, et c’est la tête de Sloan qui l’a rattrapée. »

Elle commentait le match d’une manière très calme, pendant qu’un petit coin de son esprit était en train de remarquer que le match avait à peine commencé que déjà les joueurs commençaient à se ridiculiser. Si tout le monde était ridicule, ça ne valait pas la peine de paniquer à la moindre attention, non? Si, en fait si. Qu’est-ce qu’elle était en train de s’imaginer-là! Elle avait presque envie de se mettre à pouffer. Bref. Peggy continua son commentaire que personne n’écoutait.

« Sloan ne se laisse pas démonter! Elle montre à Garfield ce qu’il faut faire. Le gardien des Poufsouffles est hors-jeu! Eileen marque! C’est le premier but du match, qui donne dix points à Serdaigle. »

Un silence. Le calme était revenu sur le stade, le temps que tout le monde reprenne ses marques et que le jeu se relance.

« Victoria récupère le Souafle, et, euh, voilà. »

Peggy resta devant le micro, gardant une attitude tout à fait décontractée et professionnelle, le visage de marbre virant petit à petit au rouge au fur et à mesure qu’elle se rendait compte de ce qu’elle venait de faire.

Candidus ou pas Candidus, tout le monde avait du l’entendre. Surtout les deux autres personnes derrière elle.

« Je, je laisse le micro à, à, à Kelsey. »

Et, comme un petit animal craintif, elle couina quelque chose d’inintelligible, avant d’aller se réfugier bien vite au fond de la salle. Euh. Voilà. Elle était désolée? Voilà. A Kelsey! C’était mieux quand c’était Kelsey de toutes façons, voilà. Voilà voilà. Peggy ne savait plus trop où se mettre.