Kalev digérait doucement leur défaite contre l'équipe de Serpentard, au dernier match ; ce n'était pas la première, ce ne serait pas la dernière. Ce qui le blessait réellement, au fond de lui, était plutôt son échec en tant que récent capitaine de Poufsouffle. Il aurait aimé faire ses preuves, prouver que malgré quelques uns de ses évidents défauts, il était capable d'aider ses amis à faire de leur mieux. Mais, non, il aurait dû s'en douter : donner des directives, ce n'était pas trop son domaine, bien qu'il puisse compter sur Garfield. Et puis maintenant, c'était fini. Il quittait Poudlard le mois suivant : il n'y avait plus de seconde chance.
L'étudiant déambulait distraitement dans les couloirs, hésitant. Il hésitait entre rejoindre son dortoir pour une petite sieste, flâner au soleil, retrouver des amis. Il y avait tant d'activités pour se changer les idées, lorsqu'on avait dix-sept ans ; puis le destin frappa de lui-même à sa porte lorsqu'il entendit son prénom derrière lui.

Kalev se retourna : il ne fréquentait pas énormément cette personne, mais il reconnaissait cette voix. Après toutes ces années à se battre les uns contre les autres, on finissait par reconnaître facilement les joueurs des équipes adverses. Une main dégageant des mèches blondes de son visage, le Poufsouffle adressa un sourire à demi-gênée à la capitaine de Serpentard.

- Ah, Astrid. Pas trop de bobos ? On n'a pas forcément les meilleurs batteurs de Poudlard, mais un cognard reste un cognard...-

Malgré son habituelle tendance à la logorrhée, l'adolescent s'interrompit. Astrid avait beaucoup de choses à lui dire, visiblement, alors il se planta droit sur le sol et l'écouta. Grand bavard, mais content de pouvoir offrir une oreille aux autres : Kalev était comme ça. Pourtant, la discussion prenait une tournure de reproche, en quelque sorte, mais il fallait accepter les choses comme elles venaient, non ?
Kalev planta ses mains dans ses poches, dans une allure assez décontractée, mais toujours un peu maladroite dans son expression générale, et tenta de faire le bilan de cette petite soufflée.

- Je suis désolééé. Pour plusieurs trucs, je veux dire, je vais pas t'être d'une grande aide. Dans le sens où je roule pas vraiment sur les gallions en ce moment, j'essaye de faire des cadeaux à mes amis avant de quitter Poudlard parce qu'ils vont me manquer les bougres... et puis, tu sais, je suis meilleure poète que... comment on dit ? Correspondant ? Et je suis pas très sûr que tes camarades aient franchement envie de supporter mes vers niaiseux. Mais si t'insiste vraiment, je peux toujours faire une petite lettre groupée quand même, même si ce sera pas fameux. Il marqua une pause, le temps d'un petit rire gêné et d'un regard fuyant. Je sais toujours pas franchement pourquoi j'ai accepté de passer de poursuiveur à batteur, c'était vraiment pas un job pour moi. Je suis assez désolé d'avoir blessé des gens, de Serpentard comme des autres maisons, même si l'infirmier répare tout le monde derrière.

Et voilà, il s'était étalé, encore ; dans un curieux mélange de sincérité et de légèreté. Kalev était connu pour être gentil, peut-être un peu trop ; mais il n'était pas complètement bête, et même sans cette histoire de cadeau, pourtant vraie, il n'aurait rien déboursé. Mais il comprenait pourtant qu'on puisse en vouloir un peu aux batteurs. Il en avait reçu, lui aussi, des cognards, et il savait combien la sensation était désagréable.

- Mais, t'en fais pas trop, comme je pars, le Quidditch c'est fini pour moi. Plus de batte, plus de cognard. Mais mon successeur sera bon, j'espère ! Moins par envie de voir l'infirmerie se remplir que parce que j'ai envie que Poufsouffle fête une jolie victoire, hein, s'empressa-t-il d'ajouter.

Serpentard étaient leurs grands rivaux, il fallait bien réussir à les renverser à nouveau un jour ! Kalev offrait toute sa confiance à ses camarades de maison. Il se perdit à imaginer de quoi l'équipe aurait l'air, l'année suivante, en point d'en oublier un peu la dernière requête de la fille face à lui, qui lui fut rappelée par ses pensées éparses au sujet du Quidditch.
Il l'avouait intérieurement, Kalev était un peu étonnée qu'Astrid s'intéresse à son frère. Ceux qui ne le connaissaient pas intimement avaient une image un peu trop glorieuse de lui, aussi bon frangin soit-il, mais Astrid était le genre de personne que l'adolescent imaginait la tête sur les épaules. Pas du genre à rêvasser sur le succès d'un joueur célèbre, mais plutôt à parachever ses propres ambitions.

- Wouwww.... Tu me prends un peu de court, par contre. Je m'en fiche, mon frère distribue des autographes comme des post-it, mais je pensais pas que tu.... enfin, que tu l'admirais ?

Peut-être avait-il mal compris et que la jeune fille s'offusquerait, mais bon. Qu'est-ce qu'il risquait de plus qu'une petite réprimande ? Alors Kalev osait, en songeant que, ce frère, tout de même, avait bien de la chance d'avoir un talent pour le Quidditch.

Kalev eut un rire franc ; bien sûr, tout capitaine désirait voir son équipe gagner. Il comprenait parfaitement ce sentiment. En tant que joueur, il avait souvent eu tendance à ne pas s'intéresser au résultat et à se contenter de prendre du bon temps avec ses amis ; mais, au poste de capitaine, la victoire lui était apparue subitement plus précieuse. Il avait désiré rendre fier ses camarades, minimiser les regrets et maximiser l'amusement. Il avait échoué, comme souvent lorsqu'il entreprenait quelque chose, mais il y avait mis tout son coeur, à sa façon, et il en tirait au moins cette satisfaction.

- Évite de gagner en envoyant trop de mes cadets à l'infirmerie, je tiens à eux. La vie serait vachement triste sans toutes ces têtes.

Toujours un peu étonné des soudaines envies de conversation d'Astrid, le Poufsouffle se prenait toutefois au jeu, et tentait de ne pas répondre de façon trop stupide. Il avait cru comprendre que ce n'était pas le genre de fille qui aimait beaucoup qu'on se moque d'elle. Néanmoins, sa question n'était pas simple. Le blond tentait toujours de ne pas trop penser à l'an prochain, parce qu'il devait l'admettre : il était bien perdu.

- Ahh.... bonne question ? entama-t-il avec un coup d'oeil au plafond. Je me vois pas étudier. Mes parents veulent que je devienne médicomage, mais ça va pas être possible, je suis pas assez futé pour ce genre de trucs. Je vais sans doute trouver un petit job pas trop prise de tête. Mon frère m'a déjà proposé de m'installer chez lui, j'improviserai après. Dans le pire des cas, il vivrait à ses crochets un mois ou deux, le temps de vraiment se décider sur le chemin d'avenir qu'il voulait emprunter. Puis, tu sais, le quidditch sans Poufsouffle, je pense que ce sera pas pareil. J'aime davantage mes coéquipiers que le sport en lui-même. Disons que c'est comme un gâteau, ça a pas la même saveur si tu le partages avec tes amis ou avec de parfaits étrangers.

Il n'était pas tout à fait certain qu'une métaphore alimentaire soit le meilleur moyen de se faire comprendre auprès d'une élève de Serpentard, mais il y avait des réflexes acquis avec sa maison qui ne le quitteraient pas de si tôt. Il se doutait de toute façon qu'Astrid ne partagerait pas son point de vue. Elle était de la famille du professeur Morgan, après tout. L'amour sans borne du quidditch, ça devait être inscrit dans ses gènes. Un peu comme son propre frère. Il avait dû hériter son talent et son énergie de leur mère, là où Kalev avait davantage hérité du caractère passible de son père.
Frère qui mettait la pauvre Astrid dans tous ses états. Kalev s'en était douté, que son commentaire passerait mal, et il avait vu juste. Pour une fois qu'il se montrait un minimum perspicace, c'était assez rare pour qu'il s'étonne de lui-même.

- Ok, ok, comme tu veux. Mais, tu sais, même si mon frère à des tas de défauts, je peux au moins lui reconnaître qu'il joue bien. T'as pas à avoir honte si tu l'apprécies. Et puis il n'a pas été à Poufsouffle lui, si c'est ce qui te dérange. Kalev haussa les épaules, nonchalant. Même si je pense que les différents entre nos maisons concernent davantage nos directeurs que les élèves. Ou peut-être que c'est juste moi qui vous apprécie, va savoir.

Le blondinet offrit un sourire doux et sincère, repensant aux bonnes rencontres qu'il avait eu avec des Serpentards. Et il repensait aussi à la fois où il avait redécoré leur salle commune, au passage. C'était de bonne guerre, ceci dit.

Tiens, nota Kalev en son for intérieur. Elle reconnaissait le talent de son frère. Il pensait, visiblement à tort, que sa fierté la ferait lutter davantage. Certaines personnes détestaient tant qu'on les perce à jour qu'elles continuaient de mentir, et de se mentir. Astrid avait curieusement la maturité d'admettre, au moins en partie, qu'Orion méritait qu'on lui demande des autographes.
Du moment que ce n'était pas pour son sourire, bien sûr.
Kalev était toujours désabusé de la façon dont son frère se pavoisait devant toutes les demoiselles qui se présentaient à lui parce qu'elles avaient bien aimé sa photo sur le Mensuel du Quidditch. Seulement, elles ignoraient tous du caractère du pauvre bougre et déchantaient bien vite. Si la vie sentimentale de Kalev était d'un vide absolue, celle d'Orion était au contraire beaucoup trop en mouvement. L'adolescent haussa les épaules.

- C'est dommage que je n'ai pas hérité du même talent que lui. J'aurais sans doute davantage réfléchi à faire mon avenir dans le quidditch.

Kalev plongea ses deux mains dans ses poches. L'avenir, c'était flou et compliqué. Il y avait les gens qui se posaient trop de questions à sont sujets, et d'autres pas assez. Kalev appartenait sans doute à la seconde catégorie. Il n'avait pas envie de trop se prendre la tête. Tout deviendrait vite assez galère comme ça. Grandir, c'était bien moins évident que de balancer le souafle à travers les anneaux de but.  Et à poser cette comparaison dans son esprit, il réalisait que son poste de poursuiveur lui avait manqué, cette année.

- En effet j'ai un furet, répondit-il avec le sourire, pas tant surpris que ça que l'information soit connue. Mais je doute qu'il soit capable de faire le trajet entre Londres et Poudlard comme un grand. Les furets ne volent pas, tu sais.

Kalev eut un rire en tentant d'imaginer son pauvre Jupiter reconverti en facteur. La bête aurait certainement refusé de but en blanc. Pas qu'il sache parler ; mais l'habitude qu'il avait de se rouler en boule dans les vêtements de son propriétaire lorsqu'il était contrarié témoignait assez bien de ses humeurs. Et du fait que ledit propriétaire laisait traîner ses vêtement partout dans sa chambre et son dortoir.

- Au pire, ça te donnera peut-être une occasion de venir à Londres pour le récupérer. Tu croiseras peut-être mon frère. Il dort presque tout le temps chez des amis ou nos parents mais ça lui arrive de rentrer chez lui aussi, parfois. Disons que ça lui prend généralement d'un seul coup de vouloir prouver qu'il est mature et autonome, mais il tient rarement plus d'une semaine tout seul.

Zut. Il venait encore de s'étaler sur des choses qui n'intéressaient personne. Bah, tant pis. On le connaissait, depuis le temps. On lui demandait l'heure, et il commençait à raconter n'importe quoi jusqu'à ce qu'on lui fasse remarquer que ce n'était ni le lieu, ni le moment.

Kalev fut particulièrement étonné qu'elle accepte aussi aisément de le revoir. Cette fille était décidément pleine de surprises. Il aurait parié que l'idée l'aurait rebuté. Après tout, il était à Poufsouffle, lui, et il n'avait pas le talent au Quidditch pour le sauver, et ils n'étaient pas vraiment proches. Enfin. Si ça lui convenait, tant mieux. L'appartement de son frère serait de toute façon bien assez grand pour accueillir des invités. C'était d'ailleurs un comble, de louer un joli logement dans lequel on ne rentrait qu'une fois par mois pour vérifier que personne n'avait cambriolé le coin.

- Mon frère n'a pas de hibou personnel mais il emprunte souvent un des hiboux de la famille. On en a plusieurs à la maison, mes parents adorent ça. Kalev haussa les épaules. Il préfère utiliser son patronus pour joindre ses amis. D'ailleurs, il s'obstine à penser que c'est un canard alors que c'est un cygne. Je comprends toujours pas où est son problème.

Une histoire de conte moldu, de ce qu'en savait Kalev. Il ne comptait plus le nombre de fois où Orion lui avait envoyé son soi-disant canard toquer à sa fenêtre, durant l'été, pour lui annoncer qu'il avait remporté tel ou tel match, ou eu un rendez-vous avec telle ou telle fille. Orion aimait bien raconter sa vie ; un des trucs en commun qu'il partageait avec son cadet.

- Je devrais passer mon permis de transplanage cet été, si je le réussis, ça pourra se faire. Faudra juste que tu me dites où t'habite pour que je puisse venir te chercher. Je pense pas que tu vas remonter à Pré-au-lard en plein mois de juillet, je me trompe ?

Kalev n'avait pas très hâte d'apprendre à transplaner, mais c'était un mal nécessaire. A dire vrai, il était mort de trouille à l'idée de finir désartibulé. Tout ce qu'il avait pu lire à ce propos lui semblait atroce. Ses parents devaient souvent soigner des pauvres bougres qui n'avaient pas bien maîtrisé leur sortilège, et l'essence de dictame devait être une des rares potions dont Kalev connaissait la composition par coeur sans jamais l'avoir réalisé, à force d'entendre sa mère en faire la liste des ingrédients pour les courses.

Enfin, à bien y réfléchir, peut-être que ça dérangeait Astrid d'être perturbée durant ses vacances. Il n'avait aucune idée de ses projets à ce propos. Et passer du temps ensemble ne l'intéressait certainement pas, même pour un autographe.

- Mais je comprends qu'un hibou t'arrange si tu préfères. Ceci dit, je peux pas te jurer, mais peut-être que mon frère sera là. On sait jamais quand il rentre, alors tout peu arriver.

Quoi qu'il advienne, la proposition était faite. A Astrid de juger ce qui était le mieux pour elle.

Kalev esquissa un sourire. Il était plutôt content d'avoir un nom de plus à ajouter à la liste de ses futurs visiteurs, même s'il ne l'exprimait pas vraiment. Il avait tellement peur de se retrouver seul et perdu, une fois à Londres, qu'il prenait de l'avance et s'assurait que tous ses amis d'aujourd'hui lui rendraient visite demain. C'était sans doute la première fois de sa vie que Kalev se lançait dans ce genre de petite manipulation, aussi discrète et peu méchante soit-elle.
Ceci dit, il ne se serait jamais attendu à glisser Astrid dans le filet de ses contacts. Comme quoi, tout peut arriver. En plus, elle avait de vraiment bonnes idées. Kalev claqua des doigts, comme pris d'un éclair de génie.

- Mais oui, les cheminées ! Je suis bête. C'est encore ce qu'il y a de plus simple. Je vais sans doute devoir désencombrer le salon connaissant mon frère, mais c'est tout aussi bien si t'arrive directement là-bas. J’utilise tellement peu la poudre de cheminette que ça m'est pas franchement venu à l'esprit.

Il eut un rire désolé et confus à son adresse, une main dans ses cheveux blonds. Les quelques familles sorcières que côtoyaient ses parents vivaient à proximité, alors ils n'avaient ni vraiment à transplaner, ni à utiliser les cheminées. Quant à son usage des portoloins, les derniers dataient des Bumblebee Day des ans passés. De vrais sédentaires, chez les Hopwar. Enfin, si on oubliait le fils aîné qui devait vagabonder de match en match.

Ceci dit, Kalev trouvait un peu dommage qu'Astrid ne se déplace que pour un maigre autographe. Il devrait sans doute se montrer hospitalier et préparer un repas sympathique, ou au minimum un bon goûter. Sa mère était bonne pâtissière, elle lui apprendrait bien une recette ou deux durant l'été.

- Hmm.... et puisque tu y seras, eut-il subitement l'idée, si ça t'intéresse, il y aura l'équipement de mon frère. Il adore l'exhiber alors ça devrait lui faire plaisir qu'on s'y intéresse. Même si en soit il s'agit surtout de ses vieux balais, de sa robe de joueur de Gryffondor, des trucs comme ça. C'est un peu son musée personnel, je crois. Il se prend déjà pour une célébrité.

Il rit franchement. Bien sûr, son frère était un bon joueur, mais une célébrité ? C'était discutable. Ce n'était pas parce qu'on l'appréciait aujourd'hui qu'on se souviendrait de lui dans dix ans ; ni qu'on ouvrirait un musée de Quidditch à son nom.

Kalev s'était douté que remettre l'appartement de son frère sur pieds ne serait pas une mince affaire, sans même l'avoir vu récemment. Il connaissait les tendances bordéliques de son aîné, pour avoir eu sa chambre voisine à la sienne durant toute son enfance. Si, typiquement, Orion pouvait changer dix mètres carrés en champ de bataille, pas de doute que tout un appartement vivrait la même chose.
Alors, depuis son installation, Kalev rangeait et faisait le ménage. Il avait commencé par sa chambre, parce qu'il voulait se sentir à l'aise ; puis celle de son frère, profitant qu'il n'y dormait pas en ce moment. Puis la cuisine, la salle de bain, et, maintenant, le salon.

La tâche avait été si colossale que, le jour d'arrivée d'Astrid, il n'avait toujours pas fini de mettre le pauvre salon en ordre. Tant pis, se dit-il. Il avait au moins dégagé les vieux magazines de Quidditch qui encombraient le devant de la cheminée pour les ranger dans une étagère, et, alors qu'il venait de sortir des gâteaux du four et de reprendre son classement des multiples volumes de Quidditch Professionnel : comment défaire vos adversaires, son invitée débarqua en trombes.
Et couverte de suie.

Comme à chaque fois qu'il était gêné, Kalev passa une main dans ses cheveux et eu un modeste rire.

- Pardon, pardon. Je suis sur le ménage depuis une semaine, mais ça prend du temps ces choses-là. Orion n'a pas dû nettoyer depuis l'été dernier.

Ce qui coïncidait bizarrement au moment où leur mère était venue retourner tout l'appartement pour apprendre à son fils aîné à entretenir son environnement. Un cuisant échec. De ce point de vue là, Kalev était un meilleur fils, bien qu'il avait encore beaucoup de mal à plier son linge propre et à le ranger dans une armoire,comme tout le monde.

- J'ai préparé des trucs à manger si tu veux. C'est pas grand chose mais ce sont des pâtisseries maison. Et je peux te servir à boire aussi si tu veux.

Il lui montra une table ronde dans le salon, nettoyée et bien rangée, pour qu'elle puisse s'installer. Il finit de trier les livres qu'il avait sur les genoux avant de se relever et d'attendre sa réponse.

Kalev eut un léger rire nerveux. Elle n'avait pas tout à fait tort. Il rangeait largement plus de dix minutes par jour, mais il ne résistait pas à l'appel de la sieste. Ce n'était pas sa faute : depuis sa tendre enfance, il avait pris l'habitude, tous les étés, de s'installer l'après-midi dans le jardin de ses parents pour dormir au soleil. En quelque sorte, son métabolisme nécessitait des siestes lors des journées d'été.

- Non non, t'embête pas, je vais nous chercher à boire, je finirai ça demain, c'est pas pressant.

Se dirigeant vers une toute petite cuisine, il se mit sur la pointe des pieds pour aller chercher des verres en haut du placard ; le gros défaut d'être plus petit que son frère. Plus petit qu'une majorité des hommes, en fait. Il prit aussi du jus de fruit et vint rejoindre Astrid, la servant dans la foulée. Les verres étaient illustrés avec des vifs d'or. Digne d'Orion.

Voyant que son invité n'hurlait pas que ses gâteaux étaient infects, Kalev se permit d'en prendre un et d'y goûter aussi. Maintenant qu'il se permettait une petite pause dans ce grand ménage de printemps, il devait bien avouer avoir faim.

- Orion était là y'a pas longtemps, mais il a reçu un patronus de son entraîneur, désolé. Une histoire de nouvelle manœuvre à travailler en urgence pour le prochain match, je crois. Il a transplané il y a une heure, je dirais ? Il rentrera peut-être ce soir avec un peu de chance.

Kalev se doutait que ce n'était pas une bonne nouvelle pour Astrid, mais bon, ce n'était pas sa faute, n'est-ce pas ? Au moins, l'autographe était prêt. Il lui donnerait lorsqu'ils auraient fini de manger. Rien ne servait de se presser, dans l'absolu.
Et, par ailleurs, la question d'Astrid le fit à moitié s'étouffer avec un petit muffin. Kalev baissa les yeux.

- Ahah, si je te dis le travail que je me suis trouvé, tu vas rire, je suis pas sûr d'en avoir très envie.

Instinctivement, quelque chose lui disait que le baby sitting n'était pas considéré comme un vrai travail par les Serpentards.