Absynthe n'était pas allé au club de duels depuis un petit moment, principalement parce que c'était un tout petit peu trop violent pour qu'il ne reparte pas avec des bleus, et quelques patients pour l'infirmerie. Il se contentait toujours de regarder mais là, il s'était dit que c'était une nouvelle année et qu'il devrait prendre de bonnes résolutions, comme faire un peu de sport.
Ouais non, c'est surtout qu'il y avait une pile de dossiers à classer qui l'attendait sur son bureau. Il n'avait pas du tout envie de s'y mettre, alors il avait trouvé cette excuse. Il fut un tout petit peu emprunté lorsqu'il constata que son adversaire n'était pas un élève mais un fantôme. Bon, ça serait un patient potentiel en moins pour l'infirmerie.

« Euh. Bonjour. »

Sauf que c'était Superbia. Non qu'Absynthe ne l'aimait pas (ils ne se côtoyaient pas assez pour ça) mais disons qu'ils n'avaient, euh... pas les mêmes valeurs. Assurément, Absynthe ne partageait pas les goûts vestimentaires du fantôme de Serdaigle, comme en témoignait sa tenue traditionnellement débraillée. (Enfin non mais presque.) Mais ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait apprendre à mettre une cravate. Il salua son adversaire comme si de rien n'était et engagea le duel :

« Avis », dit-il d'une voix peu convaincue.

Sa première attaque avait fonctionné mais Absynthe ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou non. Dans le doute, il grimaça. Cela n'empêcha pas Superbia de répliquer avec une attaque tout à fait digne d'elle :

« Fashionam ! »

Absynthe se retrouva instantanément vêtu d'une chemise blanche et d'un polo bleu clair, trop serrés pour lui. Ne parlons même pas du pantalon. Il baissa les yeux et constata qu'il portait des mocassins d'une grande marque, tout cirés. C'était sans compter les accessoires bling-bling que nous ne citerons pas ici.

« Aïe. »

Ça ne faisait pas mal, sauf à son égo. C'était juste très serré, très désagréable. Il avait du mal à se mouvoir et il regretta instantanément sa bonne vieille chemise froissée et trop détendue à force d'avoir subi ce que nous appellerons "le cycle de la vie d'un habit". Clairement, elle aurait dû reposer en paix depuis bien longtemps, cette pauvre chemise. Mais Absynthe considérait que c'était du gaspillage de jeter un vêtement tant qu'il n'était pas troué - ce qui arrivait parfois avec certains produits de l'infirmerie.
Cette tenue ne le rendait pas plus habile en duel, au contraire, en revanche elle le mettait de mauvaise humeur. Il grommela un sort un peu moins sympathique, et visa bien la tête du fantôme :

« Aguamenti. »