Richard sourit à Carys et fit mine d'envisager l'idée de la noyer pour lui apprendre à nager. Lui, il avait apprit à nager façon Morgan. Son père l'avait jeté à l'eau et avait crié « NAGE ! ». Il avait alors battu des bras avant de réussir brièvement à faire surface et à inspirer goulûment avant de sombrer dans les eaux pourtant calmes de la rivière où son père avait voulu lui apprendre à survivre. Bien entendu, il avait plongé le récupérer et Richard n'avait pas voulu se décrocher de ses bras avant d'être au moins à vingt mètres de distance avec l'eau. Ensuite, il avait été convenu à l'unanimité qu'il serait plus sage que la mère s'occupe désormais de l'apprentissage de la nage à leur progéniture, pour leur propre survie.

Donc non, il avait déjà donné pour la technique noyade. Merci bien.

-Hmmmmm... J'y réfléchirais, mais je crois qu'une autre façon de faire serait plus appropriée, déclara-t-il finalement.

Il se rengorgea sur le compliment qu'elle lui fit ensuite à propos de son sang, de ses capacités et surtout de sa famille. Oui, les Morgan avaient une longue tradition familiale dans le Quidditch. Sa tante, dont il était si fier, en était d'ailleurs l'exemple même et avait laissé une glorieuse marque dans l'histoire de leur nom avant de se faire rattraper par le tempérament parfois sans doute légèrement violent des Morgan.

-Merci, j'espère beaucoup de la saison de Quidditch qui va commencer.

C'était l'occasion de prouver qu'il pouvait faire aussi bien que son père, ses oncles, sa tante, et tout ceux qui s'étaient illustrés dans la Quidditch, que ce soit à Poudlard ou plus tard dans des clubs reconnus. Il ne rêvait que d'intégrer une grande équipe dans ce merveilleux sport, une fois sortit de Poudlard, mais il se demandait toujours s'il aurait le talent nécessaire pour ça. Enfin. Il se le demandait environs trois secondes. Ensuite il se disait qu'il était un Morgan et que si Holly avait réussi, il ne voyait pas pourquoi il échouerait.

Richard fronça les sourcils lorsqu'elle baissa les yeux et la fit lâcher son bras pour le passer autour de sa taille. Il la trouvait à la fois terriblement faible et incroyablement attendrissante. C'était étonnant la façon dont ses personnalités pouvaient se révéler à lui. Parfois elle ressemblait vraiment à une lionne, comme le rugissant félin emblème de sa maison, mais à d'autre moment, elle ressemblait plutôt à un chat timide se cachant dans un recoin sombre en miaulant de détresse.

-Je ne sais pas qui seront tes enfants, ni de qui ils seront, mais je suis sûr qu'ils seront les enfants les plus aimés du monde, avec toi comme Maman. Il fit une pause. Parler d'enfants à leur âge était vraiment très prématuré, mais le sujet lui importait puisqu'il venait d'une famille nombreuse. Et je suis sûr que tu sera capable de leur offrir l'enfance la plus magique qui soit.

En parlant de magie, de Poudlard et tout le reste, s'il se souvenait bien, il y aurait un certain événement qui aurait lieu bientôt et s'il voulait avoir ne serait-ce qu'une chance de se rattraper auprès de Carys et de reconquérir son cœur, c'était bien en se la jouant prince charmant pendant un bal de fin d'année. Les filles en raffolent. Enfin, c'est ce qui se disait. Il s'arrêta soudainement de marcher et se mit en face d'elle en la regardant droit dans les yeux. Il était lui-même. Il ne faisait pas de chichis hésitant comme il aimait en faire en cinquième année pour la séduire. Elle voulait l'authentique Morgan ? Voilà l'authentique Morgan.

-Carys ? Ça n'a rien à voir mais, est-ce que tu veux bien être ma cavalière pour le bal de fin d'année ?

Voilà. Cash. Morgan Style.

Can't remember • To forget you

 

Carys ignorait la façon dont Richard comptait lui enseigner l'art de la natation. Il n'y avait nul part où nager ici et quand bien même ça serait le cas, elle refuserait tout bonnement et simplement de le faire. Elle ne voulait pas apprendre, ce n'est pas comme si elle comptait passer sa vie tout près des eaux. Enfin si, elle aimait la mer, mais au moins on y avait pied jusqu'à un certain moment. Tandis qu'ici, pour le Lac Noir par exemple, elle avait entendu dire qu'on faisait le baptême des premières années de Serpentard en les faisant plonger dedans. Elle frissonna.

« Oui, je crois aussi. »

Tiens, maintenant qu'il en parlait, il était vrai que la saison de Quidditch allait commençait. Inutile de préciser quelle équipe elle comptait encourager. Avec Jude, Drew, Charlie, Edgar et Sandy, qu'elle connaissait, ça faisait un paquet de monde qu'elle appréciait. Elle ne connaissait pas beaucoup Upsilon mais savait qu'il était ami avec Charlie, alors elle supposait que c'était un type bien. Quant à Ben, ça se passait de commentaire.

Elle fut étonnée que Richard dégage son bras. C'était lui qui avait cherché son contact non ? Ah non, elle s'était accrochée à lui comme un moule à son rocher lorsqu'il voulu s'approcher du lac. C'était un peu vexant. Ça aurait du être à elle de se dégager après tout, non ? Mentionner son enfance n'avait peut-être pas été une bonne idée. Il est possible qu'il ait eu de mauvais souvenirs comme tout le monde après tout. Ou alors il trouvait son enfance à elle ennuyeuse. Ce qu'elle comprendrait, puisque c'était le cas. On ne la laissait rien faire à part ses devoirs, lire et parfois sortir pendant une heure ou deux.

Carys baissa les yeux sur sa taille quand Richard y passa sa main. Est-ce qu'il pensait qu'elle avait besoin de réconfort ? Pourtant ça n'était pas le cas. Pas vraiment. Elle avait cru comprendre que l'enfance qu'elle avait eu était différente de celle des autres, mais elle avait été loin d'être malheureuse. Loin d'être heureuse aussi, certes. Elle sourit un peu timidement.

« C'est trop tôt pour le dire. Si ça se trouve, je n'aurai pas d'enfants. Ou bien ils ne m'apprécieront pas tant que ça. »

Chaque parent avait sa manière d'aimer après tout. Elle était convaincue que ses parents l'aimaient par exemple, mais qu'ils étaient extrêmement passifs et sévères, bien qu'ils ne voulaient que son bien. Étant donné qu'elle ne savait pas très bien quelle genre de mère elle ferait, elle ignorait totalement comment ses enfants la verraient. Et pourrait-elle vraiment leur apporter de la magie ? Zacchary avait prédit qu'elle finirait sa vie avec un sorcier pathétique et qu'elle finirait sa vie de manière tout aussi pathétique, autrefois. Elle refusait de lui laisser croire ceci cependant.

Puisque Richard s'arrêta et se plaça en face d'elle, elle s'immobilisa, haussant un sourcil. Puis elle entrouvre la bouche sous l'incompréhension, secouant légèrement la tête, avant de finalement croiser les bras.

« Pardon ? »

Oh, elle avait bien entendu. Du moins elle croyait avoir bel et bien entendu qu'il voulait l'inviter pour le bal. Elle en avait entendu parler et oui, c'est vrai, elle était curieuse, mais elle n'avait pas vraiment songer à y aller, encore moins avec Richard. Elle réfléchit.

« Hum... C'est d'accord. »

Carys ne savait pas danser. Elle n'avait même pas de robe pour cette occasion et n'avait pas prévu d'en acheter à dire vrai. C'était beaucoup d'argent pour un vêtement qu'elle ne porterait probablement qu'une seule fois dans sa vie.

« Seulement si tu réussis à battre Gryffondor au Quidditch. Mais ça ne devrait pas poser trop de problème à un Morgan. Pas vrai ? »

Comme si ça serait si facile. Comme si elle allait accepter sans poser de condition. Non Richard, tu rêves. Ça ne se passera pas comme ça.

© one more time.

Pour le Bumblebee Day:

Richard voulait un oui. Du moins, il aurait voulu un oui. Mais un vrai oui ! Un oui qui disait "Oui Richard, allons au bal, toi, moi, pour un jour, pour l'occasion qu'un bal pouvait nous offrir." Pourtant, Carys laissa dans l'air un instant, un court blanc sans affirmation. Puis, toujours sans un accord, Carys lui fit part d'un pari, proposition, condition à la validation, à son accord. Il avait d'abord à accomplir un kidnapping. Un kidnapping du vif d'or. Mais pas un vif au hasard, non ! Un vif qui, dans son poing, abattrait sur tout poils d'un lion l'humiliation d'un fiasco.

Richard haussa un sourcil. Quoi ? Non pas un accord, non pas la validation qu'il souhaitait, mais un pari ? Pour lui ? Richard Morgan ? A propos d'un match, sportif, d'un balais supportant un Morgan ? Un MORGAN ? Un individu dont la saturation du sang avait pour artisan l'air glissant sur sa toison ainsi qu'un bois soumis à son bon vouloir ? Un pari sur du Quidditch ? Sur un vif d'or dans sa main ? Il rit.

Carys, signait là son abandon. Carys s'abandonnait à lui. Il avait dans sa main, dans son sang la vocation lui assurant la satisfaction qu'il aurait dans l'humiliation du lion rugissant sur un pavillon flottant dans la maison rubis.

-Tu choisis la complication alors. Soit. Pour toi, l'or finir dans mon poing, assura-t-il.

Un Morgan n'avait aucun choix. Il gagnait, ou il gagnait. Un match opposant rubis, Morgan, lion, basilic, gryffondor ou dragon. Un gain pourtant plus haut qu'un gros tas d'or ou plutôt, qu'un gros tas smaragdin. Il sourit. Il s'imaginait au bal, l'accompagnant, Carys à son bras. Pourrait-t-il y avoir un Roi du bal plus absolu qu'un Morgan à son instar ? Il n'imaginait pas qui pourrait. Surtout si Carys l'accompagnait, à son bras pour au moins un bal.

-Nos coloris vont s'assortir. Rubis pour toi, sapin pour moi. Dit-il.

Il n'allait pas subir l'humiliation d'un fiasco. Il allait sortir gagnant. Il tourna sa vision sur l'imposant bastion qu'il nommait « maison ». Un cours allait ouvrir dans un brin. Il irait, mais il souhaitait jouir aussi d'un instant. Carys. Lui. Un lac. Carys n'avait jamais voulu souffrir sa vision. Carys l'avait honni. Son ban l'avait fait souffrir tout du long.

Richard n'avait pas d'amis. Tout instant sans conflit, main dans la main ou Carys à son bras lui paraissait charmant, divin, voir parfait. Il n'irait pas si Carys continuait à vouloir sortir, à vouloir voir Richard.

Richard. Un vrai Morgan. Arrogant. Vivant, mais pour du Quidditch. Son air disait « Quidditch ». Son futur criait « Quidditch ». Son corps voulait du Quidditch, il implorait pour du Quidditch, il avait soif d'un match ou plus ! Quidditch toujours ! Quidditch partout ! Morgan toujours, aussi ! Morgan partout ! Pour lui ! Pour son bon plaisir ! Dans son sang ! Mais il y avait Carys aussi. Carys qui pariait pour qu'il ait droit à l'avoir pour lui au bal. Carys qui pariait pour un lion. Mais un basilic valait plus qu'un lion. Carys finirait par saisir ça.

On verra bien. Richard sourit, confiant. L'équipe de Gryffondor ne lui faisait pas peur. En fait, aucune équipe ne lui faisait peur. Ils avaient deux Morgan dans l'équipe et en plus de ça, Astrid leur faisait faire un entraînement des plus corsés. Par contre, le match contre les Gryffondors n'était pas le premier qu'ils feraient, il fallait d'abord qu'ils battent les Serdaigles et qu'il y ai quelques matchs avant que celui les opposant aux rouges ne soit lancé.

Il était prêt à patienter le temps qu'il faudrait pour ça. Il ne comptait pas y aller avec quelqu'un d'autre que Carys de toute façon. Carys était son défi du moment, mais aussi quelqu'un qui avait énormément compté pour lui et qui continuait de compter maintenant qu'il se souvenait d'elle. Ça lui tenait à cœur plus qu'elle ne le pensait, d'y aller avec elle. En plus les bals étaient des occasions idéales pour des rapprochement stratégiques. Il comptait bien se mettre sur son trente-et-un pour l'impressionné et était assez impatient de voir dans quel genre de robe elle allait venir. Il lui sourit.

-Eh bien, c'est notre dernière année. Il faut bien profiter des occasions qu'on nous donne. À la fin de l'année on va devoir sortir de Poudlard et commencer à passer d'autres examen pour faire le métier qui nous plaît. Les bals de Poudlard, on en connaîtra plus. Il haussa un sourcil, assez amusé. Dit moi, tu ne comptes pas rester assise sur une chaise toute la soirée au moins ?

En vérité, il n'avait rien contre les bals. Pour Richard, c'était le moment de se faire beau, d'impressionner la galerie et d'afficher à son bras quelqu'un qui ne manquerait pas de faire baver d'envie toutes les personnes autour. Richard adorait se la jouer People. Parfois, ça effrayait un peu son entourage lorsqu'ils pensaient à ce que pourrait bien donner un Richard Morgan rendu célèbre par des exploits au Quidditch si jamais il réussissait à intégrer une équipe connue.

Il sourit, toujours en face d'elle, lorsqu'elle confirma sa pensée que leurs deux maisons s'accordaient parfaitement malgré les rivalités. Pouvait-on dire « malgré » d'ailleurs ? Peut-être était-ce justement à cause de cette rivalité récurrente entre les maisons que les couples s'y formaient aussi facilement. On ne pouvait pas nier la passion qui animaient les deux maisons lorsqu'elles essayaient de se dénigrer, de se descendre l'une l'autre.

Son regard se fit légèrement plus provoquant. La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvé l'un en face de l'autre, à côté de ce lac, Richard l'avait embrassé et Carys avait aimé ça. C'était son premier baiser. Il n'en savait rien pour Carys, mais il aimait se dire que c'était le sien aussi. Ils en avaient fait du chemin, depuis. Une personne extérieure n'aurait sans doute jamais reconnu Richard, vu son évolution, mais Carys aussi avait changé. La voilà préfète maintenant. Physiquement elle était restée sensiblement la même, mais son mental avait évolué, s'était sans doute affirmé aussi.

-Oui, le vert me va bien. Et puis je ne passerais pas à côté d'une occasion de représenter ma maison.

Richard était très fier d'être un Serpentard. Pour lui, cette maison étaient la meilleure de toute, ne serait-ce que parce qu'il était dedans, ainsi que sa cousine. En plus de ça, le vert faisait ressortir ses yeux de la même couleur. Pourquoi se priver d'une occasion de se mettre à son avantage dans ce cas ?

-Tu sais que je vais tout faire pour gagner, pas vrai ? Enfin, encore plus qu'avant. Je veux vraiment que tu viennes au bal avec moi.

Et il voulait l'impressionner aussi. Il voulait impressionner tout le monde. D'abord sa famille, puis elle juste après. Il voulait lui montrer qu'il avait de la valeur, ne serait-ce que dans le Quidditch. Qu'il trouve un peu grâce à ses yeux.

Richard ne pu s'empêcher d'avoir un petit rire. La danse n'était pas non plus son sport de prédilection. Enfin, "sport". C'était un sport pour fille, donc pas vraiment un sport, selon lui, mais il était sûr que les professeurs n'allaient pas leur imposer que de la musique de chambre, donc il y aurait de quoi s'amuser un peu sur la piste sans forcément danser réellement.

-Je ne sais pas très bien danser non plus, mais j'aime bien aller sur la piste lorsqu'ils passent de la bonne musique.

Il fut content lorsqu'elle déclara vouloir trouver une robe aux couleurs de sa maison. C'était une bonne chose, de son point de vue. Il n'aimait pas les Gryffondors, mais voir ensemble un vert et un rouge sera sans doute plutôt beau à voir. Il avait déjà son costume et savait qu'il avait l'air royal dedans, donc ils ne risquaient pas de faire guirlande. A vrai dire, il avait hâte d'y être.

Lorsqu'elle soupira, il songea qu'elle devait déjà penser à sa robe. Ça prouvait bien qu'elle savait qu'il allait le gagner, ce match. Ou alors que quoi qu'il arrivait, elle viendrait avec lui au bal. Il avait bien aimé ce petit sursaut d'orgueil qui l'avait poussée à se mettre en prix pour une victoire. Elle s'élevait ainsi et se mettait à la hauteur d'un Morgan. Il avait presque l'impression d'être l'un de ces chevaliers moldu des histoires qui devaient jouter pour la plus belle. Aucun doute pour lui que les meilleurs jouteurs seraient les Morgan. Leur équipe pétait le feu. Ils étaient tous efficaces et prêt à en découdre. Il était sûr qu'il pourrait même gagner la coupe elle-même !

Lorsqu'elle lui sourit, il su que ça en valait la peine. Il se redressa légèrement, bien qu'il se tenait déjà bien droit et leva légèrement le menton avec arrogance.

-Ne t'inquiète pas pour ça. Je ferais en sorte que tu portes ta robe pour le bal. Parole de Morgan.

Les cours la ramenèrent à la réalité et Richard lança une œillade au château. Oui, ils ne devaient pas louper le début de leurs leçons. Il tendit donc son bras pour que Carys le prenne et la ramena jusqu'au château en continuant de discuter sur un ton léger. Une fois devant les portes, ils se séparèrent, non sans que Richard lui ai renouvelé sa promesse de gagner le match pour elle.