21 years old girl • amethyste

Date d'inscription : 05/02/2014

Le sourire de Caesius l’avait frappée droit dans les côtes. Elle avait été tellement stupide de croire que peut-être il ne sourirait pas, peut-être même poserait-il des questions quand ? ou qui ? ou, pourquoi pas, est-ce que tu l’aimes ? Elle avait été si naïve, de croire qu’il aurait une autre réaction que ce terrible sourire qu’elle connaissait si bien. Il n’avait jamais eu que ça, Caesius, après tout. Elle se sentait tellement bête, maintenant, empêtrée dans son petit mensonge qu’elle ne pouvait plus retirer. Elle avait pris le risque de fermer la porte de l’espoir à jamais, dans l’attente puérile d’un frémissement de sourcils qui lui ferait croire que Caesius pouvait l’aimer, maintenant qu’aucune barrière ne pouvait l’en empêcher.

Mais Caesius avait peut-être encore des barrières dans son cœur qui lui étaient encore insoupçonnées.
Elle aurait souhaité préserver ses sourires, elle aurait tellement aimé avoir la force de continuer à parler. Mais elle restait Amethyste, après tout, avec cette même déception toujours logée au coin de ses lèvres, peu importait le nombre d’années qui essayait de l’effacer.
Elle n’avait plus la force de prétendre ; surtout pas maintenant, surtout pas ce jour-là où elle l’avait retrouvé.

Elle lui avait pourtant souri, et elle l’avait suivi, elle était entrée et elle s’était assise, sans vraiment faire attention à l’endroit où elle se trouvait. Que pouvait-elle lui dire à présent ? Était-elle satisfaite de l’avoir seulement revu ?
Elle pourrait continuer de rire, lui parler de tout et de rien et lui demanderait ce qu’il devenait, elle pourrait garder cette porte fermée à jamais. Elle pourrait ensuite prendre son train, une boule dans la gorge et pleine de regrets.
Ou alors elle pourrait le bouleverser comme l’avait déjà fait une fois par le passé.

« Tu ne m’aimeras jamais, n’est-ce pas ? »

Quelle stupide question à poser.
Elle n’avait pas arrêté de sourire.

Date d'inscription : 03/04/2013

Elle lui avait rendue un sourire et avait passé le pas de la porte.
L'auberge baignait dans un brouhaha chaleureux qui lui assaillit les tympans ; il lui semblait tout tout était trop vif, trop coloré, d'un coup, que le froid de l'hiver lui manquait et que les conversations gaies lui faisaient tourner la tête.

Mais il suivit Amethyste, jusqu'à une table, elle souriait et lui rendait son sourire. Il se dit qu'il devait sûrement lui offrir un verre – c'était la coutume, d'inviter l'autre, c'était normal, c'était ce qu'il fallait faire.
Il n'avait pas encore trop l'habitude des choses comme ça. Il faisait bien chaud, ici.
Il balaya la pièce bruyante d'une regard, le retourna vers elle.

« Que voudrais-tu boire ?
- Tu ne m’aimeras jamais, n’est-ce pas ? »

Elle souriait tellement.
Ça lui faisait remonter les joues, un peu. Elle avait les joues rouges à cause de la chaleur soudaine. Il la regardait.
Il laissa un long silence s'allonger entre eux.

Il ne comprenait pas.
Il ne comprenait pas pourquoi elle l'écrasait avec cette soudaine question et ce soudain sourire. Il n'en comprenait ni l'intention, ni le but ; ni la sincérité, ni la plaisanterie.
Il ne comprenait pas pourquoi, et l'incompréhension sur mua sur ses lèvres pétrifiées.

Il ne trouvait rien à répondre ; ses mains, posées nonchalamment sur la table de bois, se contractèrent un peu. Il n'arrivait plus à ne pas la regarder.

« Je croyais que - »

Il chercha au fond de sa gorge quelques mots égarés. Ses yeux s'échouèrent plus bas.

« Pourquoi tu me demandes ça ? »

Il n'avait plus de sourire, bien que sa douceur l'étreigne toujours.

Date d'inscription : 05/02/2014

« Pourquoi je te demande ça… »

Avait-elle répété dans un murmure. Oui, pourquoi. C’était, après tout, une question dont elle connaissait déjà la réponse. L’espoir d’une réponse inattendue l’avait peut-être effleurée un instant – si bref mais tellement puissant qu’elle n’avait pas hésité à prononcer ce terrible verbe ; aimer, elle avait dit. Pour la deuxième fois, elle le disait à Caesius. Elle s’était arrêtée de sourire, ce ne fut pas très long, mais pendant un moment ses lèvres légèrement rosies étaient étroitement serrées, et elle avait regardé les mains de Caesius. Le temps ne semblait pas avoir marqué cet homme. Pas le moins du monde. Même ses mains étaient les mêmes, cruelles et inaccessibles. Il s’était déroulé, tout autour de lui, des années entières qui avaient emporté le turquoise des cheveux d’Amethyste, la tempête dans les éclats d’Amethyste, mais elles ne l’avaient pas touché, lui ; éternel et stupide Caesius.
Ses lèvres s’étirèrent à nouveau dans un petit sourire et elle commanda de la Bièraubeurre – tout simplement. Le goût lui rappellerait tellement de choses.

« En réalité, je n’ai pas vraiment de beaux-parents. Pour l’instant. Je voulais juste savoir si tu sourirais de la même façon que toujours. »

Elle avait ri.

« Il faut dire que tu n’as pas changé du tout. Je te connais encore un peu, ça me soulage. »

Encore un peu – je ne t’ai pas encore oublié. Elle voulait ajouter que ce serait impossible pour elle d’oublier, mais elle ne le fit pas.
Elle soupira légèrement ; c’était imperceptible, elle ne sentit presque pas l’air dépasser le seuil de ses lèvres. Elle tournait autour du pot, et Caesius était aveugle. Ça ne la menait absolument nulle part, tant qu’elle ne le disait pas avec les mots qui convenaient.

« Il y’a longtemps d’aujourd’hui, quand j’étais encore ton élève, je t’ai dit quelque chose. Ça m’a pris tellement de courage pour rassembler ces mots, mais je l’ai fait. Ils étaient sincères, ces sentiments, même si je ne savais pas du tout comment les gérer à l’époque. Ils étaient vrais. »

Elle prit la chope de Bièraubeurre qu’on lui servait entre ses deux mains. Elle était chaude ; c’était très agréable.

« Et ils le sont toujours. »

Date d'inscription : 03/04/2013

C'était une attente insoutenable et sans couleur – celle d'une jeune fille qui avait un sourire jeté à ses lèvres et qui, entre ses doigts blancs et vernis, tenait une choppe de bièreaubeurre chaude.
Caesius avait le silence abattu sur sa nuque – dérouté, ses cils contournant les pourtours de sa propre boisson, il écoutait d'une oreille bourdonnante.

Elle avait toujours eut cette habitude de le secouer – de faire claquer son esprit, même maintenant qu'elle avait les mains lisses et les cheveux foncés.
Et puis elle lui dit – ces mots, ses phrases crochetées les unes autres autres, ses lèvres prenant la mousse, son tympan à lui tremblant de plus en plus fort.

Il n'avait pas touché à sa boisson ; elle allait être froide, mais il s'en fichait, un peu.
Elle s'était tu – il était dans l'incapacité la plus brûlante de lui répondre.

Son visage s'était enflammé.
Il était devenu pourpre – comme si l'air commençait à lui manquer, mais cette claque s'était étendue jusque derrière na nuque et jusqu'au bout de ses oreilles.

Il était tellement ridicule quand il rougissait.
Elle avait ri – Amethyste, puis déroulé des choses comme ça, des choses qui rendaient la bouche de Caesius ballante. Il ne la regardait pas.

Avec lenteur, il remonta sa main jusqu'à son visage en l'enfoui dedans.
Il ne voulait juste pas qu'elle le voit ainsi, alors qu'elle avait le rire si facile sur ses lèvres.

« Cette fois là. »

Sa gorge était cassée – cassée par les éclats cristallins d'une jeune fille qui avait la parole trop facile. Il se cachait encore – sa nuque irradiait.

« Je t'ai dit que tu étais mon élève. »

Il s'était toujours demandé pourquoi – pourquoi, il était Caesius, il était si affligeant.
Il était maladroit – vide, toujours, factice, égoïste, dans le moindre espoir d'un pli de l'avenir. Mais maintenant -
Dans sa bouche, une salive enflammée s'étrangla ; c'était un murmure, presque.

« Mais - tu ne l'es plus. »

Date d'inscription : 05/02/2014

Caesius ne me regardait pas. Caesius s’était perdu dans les méandres écarlates de ses propres tourments. Ses lèvres semblaient à jamais scellées, son regard semblait fuir loin, si loin du mien et pendant un moment j’eus l’impression que jamais il ne reviendrait. Je ne savais pas vraiment ce qu’il dirait, Caesius. Sans doute rien ; absolument rien du tout ou alors quelque chose qui sonnerait encore comme un deuxième rejet. Un rejet autre que ses sourires faciles et bon marché. Et j’aurais alors pensé qu’un silence serait moins cruel.
Pendant un court instant j’eus l’impression que Caesius allait se lever, et qu’il allait tout simplement partir. J’eus l’impression que, cette fois encore, il ne ferait pas face à l’inconfort de la situation ; qu’il fuirait. J’ai encore ces impressions là, de Caesius – des impressions vieilles comme les étoiles, qui remontent à très, très longtemps (quatre années entières sans lui étaient toute une vie), ces pensées douloureuses et fugaces qui me disent qu’il allait encore fuir, qu’il allait me blesser.
Qu’il était bien trop loin devant moi sur l’échelle des années et que c’était un gouffre que je ne pourrais jamais rattraper.

Un gouffre que le rouge de son visage creusait davantage encore entre nous.

C’est alors qu’il me parla enfin, dans une voix que je ne reconnaissais qu’à moitié.
Il n’avait pas fui, Caesius. J’imagine qu’il a quand même un peu changé.

Il avait dit des mots qui ne ressemblaient pas vraiment à du rejet ; des mots qui étaient si vagues dans ma tête un peu brumeuse. Il me fallut un certain temps avant d’assimiler. Avant de mettre, sur les mots confus de Caesius, une image, une réalité. Mon cœur avait bondi dans ma poitrine, puis avait chuté jusque dans mon ventre.

Caesius était si loin devant moi, je voulais l’embrasser, je voulais tenir sa main et la serrer. Mais je ne pouvais plus rien faire, ni sourire, ni parler.
Alors mon cœur avait gonflé encore un peu plus, et les larmes s’étaient à nouveau mises à couler.

C’était la première fois de ma vie que le soulagement me faisait pleurer.
Caesius était encore là. Caesius ne m’avait pas rejetée. Je pouvais enfin les dire à nouveau, ces mêmes mots terribles qui m’avaient assassinée, cinq ans auparavant. Je pouvais les dire à lui.

« Je t’aime encore. Tu es le seul, Caesius, tu l’as toujours été. »

C’était des mots que je n’aurais jamais cru pouvoir prononcer.

Date d'inscription : 03/04/2013

C'était à peine un aveu.
Ce n'était rien.
C'était juste un tremblement qui venait du fond de son ventre, à peine perceptible. Ses joues l'étouffaient – elles étaient en feu, c'était douloureux, ça lui arrachait la peau, mais il ne disait rien. Il avait ses doigts longs et blancs qui barraient son visage, et le rouge qui le cachait, et ses cheveux qui tombaient sous son front, ses épaules hantés par cette veste épaisse qu'il n'avait pas retiré.

Quelque chose s'étranglait dans sa gorge.
Il ne disait rien – il n'entendait rien, le brouhaha s'était tut soudainement pour laisser place à un horizon de silence. Il était assommé par tout ce qu'il n'avait jamais compris et ce qu'il n'avait jamais vu. Le choc qui lui avait ébranlé les côtes quand elle le lui avait dit une première fois, cette fois là, où il l'avait poussée non pas avec ses paumes mais avec l'absence de ses mots.
Et puis toutes ces choses qu'il n'avait jamais remarqué, comme quand il aimait son parfum, où quand il remarquait que ses cheveux étaient plus courts ou plus longs, quand elle était en colère et que ses sourcils fins se rejoignaient presque, quand elle était heureuse et que son visage devenait toujours plus clair quand elle souriait.

Il y a quatre ans, il n'avait jamais remarqué ça. Il avait été trop obsédé à nier sa propre existence pour savoir ces choses comme ça si discrètes et si ténues, si brillantes.

Caesius ne la regardait pas.
Mais elle parla – ses mots se détachèrent avec la même distinction que quatre ans auparavant quand ils s'étaient abrités sous le toit de la serre et qu'il était un peu trop tard.
C'était un autre tremblement.

Sa bouche était vide de tout – de toutes réponses et de toutes pensées. Il n'avait que cette brûlure qui venait le dévorer de sa bouche béante jusqu'à ses côtes.

Alors, il releva ses yeux, et ils s'écartèrent lorsqu'il vit toutes ses larmes glisser sur ses joues.
Aussitôt, il se releva et se pencha en avant. Il n'eut aucun mal à se pencher au dessus d'elle parce qu'il était grand – il déposa un baiser sur son front.
Deux fois.
En s'approchant, il avait pris sa main dans la sienne. Il resta là, immobile, au dessus d'elle, un peu tremblant et ridicule. Il souffla.

« Ne pleure plus. S'il te plaît. »

Peut-être l'avait-il déjà trop fait pleurer.
Ça, c'était quelque chose qu'il avait remarqué, à la fin – qu'il lui avait peut-être fait beaucoup de peine, cette fois là, et qu'il ne voulait plus.

Date d'inscription : 05/02/2014

La main de Caesius était grande et tiède.
Amethyste connaissait cette main par cœur ; pendant cinq ans elle l’avait fixée. Pendant cinq ans elle l’avait voulue, sur son épaule, contre ses joues, entre ses mains ou, lorsqu’elle grandit un peu plus, dans ses cheveux et sur ses lèvres. C’était des envies brèves qui la prenaient parfois ; jamais trop spécifiques. Elle se surprenait parfois à les avoir, lorsqu’il était trop près, lorsqu’elle pouvait respirer son odeur et plonger ses yeux lagon dans les siens. Elle ne se posait jamais trop de questions. Elle ne se disait jamais – c’est mon professeur, non, il ne faut pas que je pense à ses mains. Elle se demandait plutôt, tout simplement, si la main de Caesius dans la sienne aurait la même chaleur qu’elle se l’imaginait.
La main de Caesius était sur la sienne ; elle avait la même chaleur qu’elle lui avait toujours imaginée.
Il s’était approché, ainsi, elle ne l’aurait pas cru. Elle n’aurait jamais cru qu’il se pencherait sur elle, qu’il la regarderait après tout ce qu’elle avait dit.
Et puis ses lèvres se posèrent sur son front. Une fois ; puis deux. Son cœur s’était remit à battre si fort dans sa poitrine qu’elle eut peur qu’il l’entende. Et pour une fois, pour un petit instant, elle se sentit terriblement gênée. Tellement gênée que ses joues se colorèrent en ce rose qu’elle connaissait si bien sur le visage de Caesius. Comme elle était stupide de rougir ainsi.
C’était la première fois que Caesius l’embrassait.
Caesius l’avait embrassée ; il avait franchi cette limite, il avait aboli cet interdit. Elle restait immobile, elle remâchait ses tendres mots comme elle le faisait si souvent. Dans son cœur il y’avait l’hystérie, et le soulagement que plus jamais elle n’aurait à souffrir à cause de cet homme comme elle avait souffert avant.
Alors elle serra ses doigts contre les siens, et releva la tête vers lui. Il était toujours penché sur elle, son visage était si près. Elle pouvait distinctement voir ses cils clairs ; ça lui semblait vraiment très étrange, de voir le visage de Caesius aussi proche.
Elle aurait voulu lui demander de l’embrasser.

« Je ne pleure pas, regarde. »
Ses larmes n’avaient pas encore séché sur ses joues. Elle rougissait.
Elle serra la main de Caesius encore plus fort contre la sienne ; elle ne voulut plus jamais la relâcher.

« Je ne pleurerai plus jamais à cause de toi, Caesius. »

Date d'inscription : 03/04/2013

Il était toujours là, comme ça, debout sur ses genoux fléchis parce que ses jambes étaient trop grandes, courbé par dessus la table ronde en bois chaud, ses lèvres juste au dessus du grand front blanc de Amethyste.
Il était toujours là, tout immobile là où juste ses lèvres tremblaient parce qu'elles étaient trop brûlantes encore de la peau qu'elles avaient embrassé.
Deux fois – il l'avait fait deux fois, il ne savait même pas pourquoi.

Peut-être avait-il eut juste envie ; mais il avait si peu l'habitude d'écouter ses envies.
Surtout, il s'agissait d'Amethyste - il sentait son sang bourdonner jusque dans ses joues qui s'étaient embrasés.

Elle avait relevé son visage vers le sien et il pouvait voir la courbe ronde du bout de son nez. Il était blanc, pâle, mais moins que lui.
Un rose délicat s'étalait sur ses pommettes – ça fit redoubler le sien.

Et il ne savait plus quoi faire.
Et elle continuait de lui dire ses choses qui le faisaient brûler jusqu'à sa nuque qui prenait la même couleur de ses cheveux. Il laissa sa bouche un peu ouverte, silencieuse, pendant un long moment.
Il n'avait pas bougé. Quand il réussit à parler, sa voix était rocailleuse comme s'il s'était tut pendant des siècles. Quelque part, c'était peut-être un peu ça, ses silences infinis.

« Bien. »

Un autre silence.

« Enfin, j'espère. »

Elle serra sa main si fort – il venait de s'en apercevoir et ça lui embrasa le ventre. Une confusion commença à battre dans ses temps parce qu'il se sentait maladroit, et parce qu'il était perdu.

Mais Caesius, aussi, se sentait si heureux.

« Enfin non, pas j'espère – je veux dire, je ne veux pas te faire pleurer. Vraiment, je - »

Il se racle la gorge.

« Enfin, tu comprends je - »

Ça fait trois fois qu'il le dit.
Il semble se rendre compte, soudain, qu'il est dans une position étrange depuis un moment et qu'il est ridicule. Son sang se propage partout sur son visage, il a envie de bafouiller et il tâche de remettre son grand corps maladroit à sa place – brusque, il repart en arrière, mais sa main libre bouscule sa boisson intacte qui se renverse partout.

Il lâche sa main.
Il n'en avait pas envie.

« Rha, pardon - »

Comme trop perturbé, il cherche dans sa poche sa baguette pour nettoyer tout ça. Il ne la trouve pas – est-ce qu'il ne la range pas là, normalement.
Il est débout, rouge, la bièraubeurre goutte lentement de la table ronde en bois. Il a les bras le long de son corps trop grand, il la regarde.
Il soupire.
Et dans son œil bleu il s'excuse, encore une fois, de toujours tout mettre par terre sans jamais le vouloir.

Date d'inscription : 05/02/2014

Un rire s’échappa des lèvres d’Amethyste.
Depuis quelques secondes, d’éternelles secondes, Caesius n’était plus si près.

Il avait le don d’offrir à leurs moments cette douce magie silencieuse qui diffusait dans l’air une agréable chaleur de chez soi ; il avait le don de transporter entre ses larges épaules un sentiment profond de sécurité – et il avait aussi le don d’interrompre cette magie avec une brève maladresse d’enfant. Ça la fit rire, surtout après tout ce temps. La trace de ses baisers lui brûlait encore le front, la joue, et ses doigts qui s’étaient retirés des siens lui semblaient encore entremêlés aux siens. Et en le voyant ainsi s’agiter, chercher sa baguette et rougir de plus belle, la certitude de ce que son cœur lui criait désespérément à coups de battements de tambours la frappa en plein ventre, en pleine poitrine.

Elle voulait pour toujours le sentiment de sécurité contre le corps de Caesius, la chaleur de ses sourires. Cette réalité, qui lui avait pourtant si évidente, ébranla brusquement tout son être, son cœur s’affaissa dans sa poitrine et son rire s’évanouit. Elle avait mal et quelque part elle aimait cette douleur, elle éprouvait la douleur de l’amour – la plus belle de toutes.

« Caesius. »

Elle se mordit nerveusement la lèvre. Le son avait traversé sa gorge comme une prière ; sa voix était claire et ce simple prénom portait entre les courbes de ses voyelles la certitude des pensées qui l’assaillaient en tornade.

« Je ne veux plus jamais qu’on se sépare. »

Elle ne se rendait pas compte du poids des mots qu’elle prononçait. Il fallait qu’elle exprime cette douleur au fond du ventre sinon elle finirait par l’étouffer. Elle ne voulait plus rien étouffer.

« Je ne veux pas ne plus te voir, ne plus te parler, je n’en serai pas capable. Je ne veux pas monter dans un train en fin de journée en pensant que je ne te reverrais peut-être plus. En pensant qu’au final je n’ai eu aucune réponse et que malgré tout ce que je t’ai dit les choses resteront comme elles sont. »

Doucement sa voix se cassait un peu plus à chaque mot. Elle n’allait pas pleurer, elle avait dit qu’elle ne le ferait plus.

« Je ne veux pas que les choses restent comme elles sont. Je veux qu’elles changent. Je veux qu’on les change, tous les deux. »

Date d'inscription : 03/04/2013

Emmitouflé dans la chaleur orange et jaune des Trois Balais, Caesius n'osait plus fléchir ses genoux pour s'asseoir. Il n'osait pas non plus décrocher sa mâchoire pour parler, agiter sa langue pour prononcer des consonnes et sa gorge pour des voyelles. Immobile, ses paupières s'agitaient à peine, et sa baguette qu'il avait déniché dans les mille plis de son manteau pendait entre ses doigts encore rougis par le froid.

Il avait fait disparaître la bièraubeurre qu'il avait heurté de son coude et n'avait plus rien à boire et plus rien à faire. Le vide creusait ses paumes, l'anxiété ses côtes et le bonheur son cœur. C'était un mélange aigre-doux dans lequel il se sentait aspiré et rejeté à la fois, là où des brûlures naissait sur le bout de ses lèvres et où des craintes fantasmatiques enrubannaient ses pensées.

Caesius écoutait les confession de Amethyste avec un tremblement au cœur.

Il n'avait jamais remarqué comme la lueur des flammes se reflétait en mille spinelles sur les joues de Amethyste.

Elle disait tant et lui volait ses gestes et ses mots ; ses révélations avaient le goût d'une trop vieille incantation dont il n'aurait jamais imaginé percé le secret. C'était une lourde couverture de laines qui venait se coucher sur ses épaules, une main tiède qui venait cueillir sa joue. Beaucoup de responsabilités venaient se lover dans les rondeurs que formaient sa bouche, un peu de peur, peut-être, et tant d'avenir.

Caesius percevait ses phrases comme des petits carrés imagés, et dans chacune de ces figure ne dérogeait jamais ses doigts entremêlés aux siens.
Son visage était plus rouge que jamais, comme s'il l'avait embrassé sur les lèvres et non pas sur le front.

Mais il ne l'avait pas fait.

Caesius était toujours incapable de s'asseoir alors qu'il n'avait comme seul désir que de s'élever à la hauteur de Amethyste.

« C'est - »

Même sa main, qui voulait venir masser sa nuque et casser sa gêne dans ses mimiques éternelles n'avait plus assez de sang. Son visage, rose, rouge, et pragmatique dit :

« D'accord. »

Avant que ses yeux ne viennent glisser vers les siens, trop sûrs et trop maladroits à la fois et que ses lèvres précipitent cet aveux puisé tout, tout au fond de son ventre, là où se déroulent théâtralement les chamboulements millénaires.

« Je crois que je t'aimais déjà à ce moment là. »

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