Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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hysteria Δ nausicaa Δ 1969

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Pan E. Seweryn
Pan E. Seweryn
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Mar 5 Nov - 22:21


HYSTERIA


And I want you now, I want you now. I'll feel my heart implode. I'm breaking out, escaping now. Feeling my faith erode

Le jeune homme aux cheveux blonds clairs serra son père contre lui avant de le laisser partir, la nuit couvrant encore Berlin-Est de son lourd manteau sombre.  Les traits de son visage si doux étaient pourtant marqués par la fatigue et l'inquiétude, il n'avait que quinze ans, bientôt seize pourtant il était bien au fait des réalités de la vie que devait mener sa famille. Il ne voyait son père que quelques heures par semaines, celui-ci travaillant sans relâche pour apporter quelques Marks à peine suffisant pour leur payer de quoi se nourrir. La famille Seweryn avait fait partie de ces fratries qui avaient été tragiquement déchirée par ce mur dé béton, sa mère ainsi que sa soeur s'étaient retrouvées à l'Ouest tandis qu'il était coincé ici avec son père, sans moyen de les rejoindre. Cela faisait maintenant huit longues années qu'ils étaient séparés. Il n'avait jamais vu Wanda grandir, elle était encore si petite lorsqu'il l'avait vu pour la dernière fois. Il haïssait profondément ce mur, muraille de béton qui les retenait comme une meute de chiens malades à l'intérieur de leur propre ville. Ils auraient pu fuir jusqu'en Pologne,auprès du côté maternel de la famille, mais les conditions de vie étaient encore plus difficile que dans cette grande ville grise.  On était le vingt-deux juillet, il faisait une chaleur accablante, presque anormale. Ils étaient restés éveilles une bonne partie de la nuit, l'oreille accolée contre le poste de radio quelque peu bricolé et dont le son était entre-coupé d'interférences. Mais c'était le seul moyen de se tenir informer de ce qui se passait là-bas, à l'extérieur de ces murs de bétons. Ils avaient attendus, pantelant, les nouvelles de l'ennemi suprême de l'URSS. Ce même ennemi qui repoussait les limites envoyant un être humain sur la lune. La qualité était exécrable, ils comprenaient à peine ce qu'il disait, mais peut importe, le symbole était là. Un espoir nouveau. Une liberté qui avait été acquise malgré les règles universelles qui disaient que l'homme se devait de rester sur Terre. Keith Seweryn avait vu les yeux de son fils briller de détermination alors qu'il comprenait à demi-mots ce qu'il se passait, à des centaines de kilomètres de là. Une fois la re-transmission terminée, ils s'étaient dirigés tous les deux vers la fenêtre du salon, observant à travers les nuages cette lune sur laquelle se trouvait cet américain. Il entendit le soupire rêveur de son fils, lui ébouriffant les cheveux au passage avant d'aller se coucher, le père de famille se levant pour aller travailler trois heures plus tard.

Pan Seweryn, unique fils de cette fratrie était un adolescent expansif, un peu rêveur et qui portait avec fierté un sourire insolent aux coins des lèvres. Il avait réussi à garder une bonne humeur toute enfantine malgré la séparation brutale avec sa mère et sa soeur, sans possibilité de les revoir. Il était une sorte de Peter Pan, éternel garnement qui avait encore des rêves plein la tête et qui ne perdait pas espoir de voir un jour ces barbelés et ces miradors disparaitre pour lui laisser connaître la joie de retrouver les bras rassurants de sa mère. Il secoua la tête et sorti de ces sombres pensées, il se devait d'aller à l'école, au moins jusqu'à ses seize ans avant de penser pouvoir aider son père à gagner les Marks nécessaires pour obtenir des faux-papiers afin d'avoir l'autorisation de franchir le Mur. Rêve utopique. Chimère absurde. Pourtant il s'y accrochait, animé d'un espoir nouveau. Il ricana doucement avant d'aller allumer le vieux tourne-disque qui traînait dans un coin de la pièce, bientôt le rythme de guitares rythmées et de paroles anglaises emplirent la pièce. Doucement. Presque en murmurant. Il ne savait pas comment son père avait obtenu ce trente-trois tour, véritable bijou à ses yeux, qu'il lui avait offert pour son quinzième anniversaire. Il n'y comprenait rien, à peine quelques mots, mais il s'en fichait. Il se sentait tout simplement vivant en entendant ces musiques qui semblaient transcender son âme. C'est peut-être pour cela qu'il se retrouva, deux semaines plus tard, à courir le plus discrètement vers le Mur tant honnis. Les bombes cliquetaient doucement à chacun de ses pas, la sueur coulait le long de sa tempe, pourtant il ne s'était jamais sentit si exalté. Si vivant.

Il s'approcha de cette immense muraille de béton, il avait observé les tours de garde des soldats et de leurs compagnons canins, il avait vingt-cinq minutes pour faire son oeuvre. C'était peu. C'était beaucoup. Il se mit directement au travail, ses doigts jouant avec ces produits toxiques comme s'il était face au piano de son enfance. Il composait un chef-d'oeuvre ici-bas. Un tissu sombre masquait la plupart de son visage et il avait vissé un chapeau sur son crâne, se fondant ainsi dans les ombres inquiétante du Mur. La couleur prenait peu à peu position sur ce gris, rendant cette masse plus vivante. Bientôt on découvrit une immense lune, d'une jaune éclatant, à la surface cabossée, abîmée, comme le coeur de tous ceux qui avaient été séparés comme les Seweryn. Il continua son oeuvre, utilisant une couleur bien plus sombre pour la phrase qui s'enroulait, telle une volute d'étoile. « Second star to the right and straight on till' morning ». Il avait adoré ce dessin-animé que sa mère lui avait découvrir il y a de ça des années avant. C'était insignifiant. Ça voulait tout dire. Il y avait encore cet espoir de s'envoler, loin de ce monde distordu, brisé. Et puis il était certain que les soviétiques allaient appréciés son rappel de la compagnie américaine de Walt Disney. Et puis s'ils ne comprenaient pas le sous-entendu tant mieux. Il observa une dernière fois sa réalisation, avant de s'enfuir, entendant déjà au loin les aboiements sourds des bergers allemands.

Son pas souple et rapide, il ne pouvait empêcher un sourire de fleurir sur ses lèvres, il enleva le tissu qui couvrait son visage, il serait bien trop suspect avec cela dans les ruelles plus fréquentées de Berlin-Est. Ses yeux gris pétillaient d'une joie intense et enfantine, ainsi il ne remarqua pas le jeune homme dans lequel il fonça dedans. Il s'excusa distraitement, lui souriant grandement avant de bifurquer à droite et l'oubliant à l'instant. Il arriva de longues minutes plus tard au minuscule appartement qu'il occupait avec son père, monta les escaliers quatre à quatre en essayant de ne pas faire trop de bruit. Une fois à l'intérieur il se déshabilla complètement, ses vêtements avaient absorbés cette odeur lourde des produits chimiques. Peut-être que s'il arrivait à demander à Kurt un peu de savon de Marseille ça partirait. Il verrait demain. Flottant toujours sur son petit nuage, il se dirigea vers son lit, s'y affala avant de s'endormir comme un bien heureux, ne pouvant se douter des jours sombres qui se profilaient à l'horizon.







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Mar 5 Nov - 23:25






Nausicaa Tibo Lukas Hepburn.
Il avait vingt-quatre ans, et nous sommes en 1969.

Il aurait pu être mannequin, ou acteur, avoir une carrière brillante et des femmes sous chaque bras, même à ses pieds. Il aurait pu être la fierté de sa famille, il aurait pu être plus ouvert d'esprit, il aurait pu avoir sa propre vie sans qu'elle ne soit dictée par le système. Il aurait pu se battre contre lui, il aurait pu chercher à survivre et pourtant, le destin en a voulu autrement. Il était si beau, ses cheveux charbonneux et ses grands yeux bleus, sa jeunesse semblant traverser le temps. Il était comme bloqué dans le corps d'un adolescent arrivant à l'âge adulte, sa musculature peu marquée et son visage fin en témoignaient. Les Hepburn.
Ah.
Hepburn.
Ils venaient des Etats-Unis, en premier lieu, avec un pied en Allemagne. Du jour au lendemain, il y a déjà quelques générations de cela, la famille s'est implantée à Berlin, a vu passer Hitler et le nazisme, faire couler le monde dans un bain de sang monstrueux et a pu constater la construction de ses murs. Les Hepburn ont toujours été discret. C'est à peine si on sait qu'ils existent. Alors peut-être, oui peut-être, il aurait fallut que ce petit descendant ne les fasses émerger plutôt que de s'enfoncer dans les abysses du mensonge, de la propagande et de la manipulation. Son père était déjà un membre de la Stasi, dur, fier, il avait offert son idéologie politique à son unique fils. Unique fils, qui n'avait comme unique modèle ce père. Strict et cruel, qui n'en restait pas moins son père, malheureusement. Il n'a jamais vu le mal en lui. Simplement un homme qui suivait les ordres parce qu'il n'avait pas d'autres choix. Il a toujours su que le système était corrompu ; mais n'a jamais lutté contre. Sans doute parce qu'il avait son petit confort dans ce morceau de Berlin.

Dans tous les cas, Nausicaa avait suivi le modèle de son paternel – n'ayant jamais connu sa mère. Il avait grandi dans les histoires morbides, et pour atteindre la Stasi, il avait dû faire face à des interrogatoires qui ressemblaient en tout point à une véritable torture. Pourtant il ne bronchait pas, il était sobre, calme, détendu.
Froid.
Horrible.
Comme son père.

Et pourtant, il était si beau.

Dans son uniforme, la chemise blanche donc le col entourait sa gorge et sa cravate la lui serrant, il avait traversé la ville pour arrivé dans une petite maison éloignée. Si simple. Si innocente.

Et pourtant.

Accompagné de plusieurs hommes derrière lui, il frappait une, puis deux fois contre la porte de l'entrée.

« Ministère de la Sécurité d'Etat, ouvrez ! »

Il était sec.
Aboyant.

Dire qu'en vérité, il détestait ça.
Faire du mal.
Devoir interroger.
Devoir tuer.


© charney

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Pan E. Seweryn
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Mer 6 Nov - 0:10


HYSTERIA


And I want you now, I want you now. I'll feel my heart implode. I'm breaking out, escaping now. Feeling my faith erode

Pan était jeune.
Pan était insouciant. Sans doute trop.
Il papillonnait tel un électron libre, son large sourire au coin des lèvres. Il agissait et réfléchissait par ensuite. Depuis quelques années il faisait attention certes, mais pas assez. On ne fait jamais attention. Surtout dans cette ville. Le roman devenu réalité. Une société contrôlant des humains devenus pions sur le grand échiquier de la vie. On les manipulait telle des marionnettes.
Le pantin se réveilla en sursaut en attendant les coups frappés à sa porte. Durs. Violents. Ils montraient à eux tout seul l'intention de ses visiteurs. La vieille Kathy frappait tellement doucement qu'il avait parfois du mal à l'entendre, et quand c'était Sophia, c'était de légers coups, comme les pas d'un oiseaux sur le bois. Son père entrait toujours sans rien dire à part un habituel j'suis là. Et même Kurt se contentait de deux coups brefs, légèrement masqués dans le bruit ambiant qui régnait dans ce quartier délabré. Le martèlement ici était brut. Pas long. Juste ce qu'il faut pour signifier sa présence. Et son autorité.
Le jeune homme sursauta en entendant la voix autoritaire déclamer son identité. Merde. Il enfila un vieux pantalon en toile, d'une couleur informe, il envoya bouler son jeans en dessous de son lit, sa collection de vinyle le rejoignant. Ce n'était pas assez pour qu'il finisse au trou. C'était bien assez pour un interrogatoire. Il était encore fatigué de la veille, de léger cernes violets ceignaient ses yeux gris vaguement rougis par le manque de sommeil. Ses cheveux blonds s'éparpillent autour de son visage comme des épis de blés mal coupé. Il a fier allure. Il ressemble à un épouvantail.
Il se présente ainsi. La peur au ventre.
L'assurance réchauffant sa poitrine.
Arrêt sur image. Sourire poli.

▬ « B'jour messieurs. Que puis-je pour vous ? »

Il se sait débraillé. Il a envie de sourire. Provocation. Peut-être celle de trop. Il n'y en a jamais assez dans son esprit rebelle. Il voit la vieille voisine qui regarde la scène par l'entrebâillement que lui permet son loquet. Il a envie de lui offrir un sourire rassurant, il n'en fait rien. Son attention est entièrement focalisée sur cet homme qui se tient devant lui. Fier. Droit. La chemise impeccablement repassée. Les cheveux élégamment gominés. À gerber.
Il sait ce que ce gars représente. Les emmerdes. Pas celles qui arrivent lorsqu'on vole l'épicier du coin de la rue. Pas celles qui promettent une bonne déculottée Made in Seweryn une fois le soir venu. Nan, les embrouilles dont s'occupent ces gars-là sont autrement plus graves que ça. Ces mecs-là, il en a entendu parler. À demi-mots. On ne les cites jamais vraiment. Ici-bas les murs ont des oreilles. Il aurait dû le savoir. Son sourire flanche un instant, avant de revenir. Intact. Il s'écarte de l'encadrement. Autant jouer l'ingénu. C'est ce qu'il sait mieux le faire.

▬ « Mon père est absent pour le moment, mais vous pouvez patienter en attendant qu'il revienne. »

Il joue avec le feu. Et il risque bien de se brûler. Il sait pertinemment que Keith n'a rien fait de répréhensible. Ses projets ne sont connus que de lui et de son fils. Il n'a rien à cacher. Ou presque. À part cette vieille radio trafiquée qui traîne dans un coin de sa chambre. À part ces vinyles qu'il offre depuis trois ans aux anniversaires de son fils. À part son espoir inépuisable de retrouver sa femme et sa vie un jour. C'est Pan le fautif aujourd'hui. Et il le sait très bien. Sa poitrine brûle. Et il continue de sourire. Pour sauver les apparences. Pour sauver sa peau.
Ils ne sont peut-être certains de rien. Mais il en doute. Ils n'interviennent que lorsqu'ils ont toutes les cartes en main. Pas une seule bavure. Pas une seule erreur. Une machine bien huilée. Efficace. Implacable. Et pourtant, cette flamme brûle toujours au fond de ces iris couleur orage. Cette même flamme qui lui a donné cette folle idée de défier ce pouvoir. De défier ce Mur, infâme muraille qui le sépare de sa famille. C'est cette détermination qui embrase ses sens qui lui permet de rester droit. Ne pas flancher. Pas tout de suite. Il est encore en terrain connu. Pour le moment.
Pan est optimiste.
Pan est un utopiste.
Pan est jeune.
Pan est con.





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Mer 6 Nov - 14:43






Nausicaa Tibo Lukas Hepburn.
Il avait vingt-quatre ans, et nous sommes en 1969.

Dire qu'en vérité, il détestait ça.
Faire du mal.
Devoir interroger.
Devoir tuer.


C'est vrai. Quel plaisir peut-on exercer en envoyant ses semblables à l'abattoir ? Il n'était même pas sûr de l'endroit où ils étaient emmenés, mais la seule chose dont il pouvait être certain, c'est que personne n'en était revenu jusqu'à maintenant. Nausicaa fait parti de ce genre de jeunes hommes ayant été sur les bancs de l'université il y a seulement quelques années – c'était il y a si peu de temps que ses souvenirs étaient encore nets. Il se souvenait de toutes ses fois à devoir écouter les enregistrements de certains interrogatoires, parfois difficilement tenable. Le bourreau qui martyrise sa victime, presque en direct, une victime qui se meurt, qui tombe de fatigue, et puis qui craque, qui pleure, qui avoue tout, alors qu'il n'y avait sans doute rien à avouer. Lors d'une écoute, l'un de ses camarades dont seul le prénom Izaak lui revenait, avait dit : « c'est inhumain ! » et plus jamais il n'a été revu par la suite. Hepburn se souvient juste avoir regardé le professeur noter quelque chose sur un papier. Dire que des choses si insignifiantes pouvaient vous coûter la vie. Adieu la liberté. Adieu l'expression. Oui à l'esclavage et aux pensées monopolisées par des idées fausses et utopiques.

Il était contre tout ça. Il a toujours été contre, mais que pouvait-il y faire ? Il n'était juste qu'un jeune homme sans histoire, sans conviction, qui vivait au jour le jour, né peu de temps après la guerre, il se souvient de son enfance à voir ces visages abattus par la souffrance, les traits creusés par la fatigue et même la mort des anciens déportés libérés. Il s'en souvient. Alors peut-être que oui, il voulait se rattacher à ces visions idiotes en se disant que les choses ne pourront pas recommencer si on se fit à un tel système, et peut-être que dans une volonté de se prouver quelque chose à lui-même, il s'était engagé dans la Stasi. Doux rêve enfantin.
Puis le soir, Nausicaa oubliait tout. Il se lançait à corps perdu dans les fêtes et les rencontres amicales. En ce moment, il avait juste revêtu sa tenue d'agent, son regard morose et son absence de sourire réel. Un jeune homme lui avait ouvert la porte, les cheveux blonds, presque blanc, la peau laiteuse et des traits mêlant la sensibilité et la sensualité. Un adolescent parmi tant d'autres, et pourtant.
On venait de le faire entrer, Hepburn souriait maigrement en faisant signe à ses hommes de rentrer.

« Ce ne sera pas nécessaire. Voici un mandat pour fouiller les lieux, alors maintenant si vous le permettez... »

Plaquant sous le nez le morceau de papier, il fit un signe de tête pour que les types derrière lui s'aventurent dans la maison. Puis tout commençait, des recherches, des coussins ouverts au couteau à la recherche de... quelque chose.

« Ca ne prendra pas longtemps, ne vous en faites pas. »

Et encore une fois, il l'avait dit en arborant un sourire écœurant.
Il y avait toujours besoin de fouiller la maison des suspects, à la recherche de quelconques objets ou documentations ayant pu traverser le mur par on ne sait quel miracle.
Pendant ce tête à tête, le jeune homme et l'adolescent se regardait et notre membre de la Stasi pu lui dénicher une beauté unique, enivrante.

Ah, ne l'avais-je pas précisé ? Autant pour moi.

Nausicaa est ce que l'on peut appeler un homosexuel. Mais comment survivre dans une telle société en se disant qu'il y a presque trente ans les personnes comme lui étaient exterminé ? Alors non. Lui, il s'était tu, n'avait jamais précisé son orientation sexuelle et ce, pour le bien du nom Hepburn, pour son bien à lui. Pour faire bonne figure, il s'était même fiancé à Alessia Boehmitz. Alessia Boehmitz qui allait devenir d'ici cinq mois Alessia Hepburn. Il ne l'aimait pas, et se doutait bien que cela était réciproque. Devoir s'offrir à une femme le dégoûte, mais il le fallait bien. Le mariage avait tout l'air d'être un arrangement, autant pour l'un que pour l'autre, elle une belle jeune femme dans la mode et lui un beau jeune homme à l'avenir brillant qui commençait tout juste. Leur relation a toujours été complexe. En public, ils semblent amoureux, se tiennent par la taille, la main, se disent des mots doux et s'embrassent avec passion. Puis, à la maison, ils sont comme deux étrangers. Comme deux acteurs après la tombée du rideau.
Il est vrai que Nausicaa a des relations parallèles mais là n'était pas vraiment le problème.

« Monsieur Hepburn, on a quelque chose. Lançait un homme revenant vers la pièce d'entrée.
Quoi donc ?
Des vinyles, des vêtements et des journaux de l'Ouest.
Bien. Emmenez ça. »

Sur ces mots, il s'était tourné vers Pan Seweryn.
Et oui.
Il connaissait déjà son nom.
Son âge.
Tout.

« Pan Seweryn, nous vous demanderons de bien prendre la peine de monter dans la voiture devant la maison. Sachez que votre coopération pourrait vous éviter de nombreux problèmes. »

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Mer 6 Nov - 17:09


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And I want you now, I want you now. I'll feel my heart implode. I'm breaking out, escaping now. Feeling my faith erode

Pan observa les lèvres de l'étranger bouger au rythme de ses paroles, leur sens se dissipant dans l'air comme une volute de fumée un soir d'hiver. Ses yeux étaient fixés sur ces deux lippes à peine rosée, trop pâle à force d'avoir été serrées l'unes contre l'autre trop souvent. Amertume. Désapprobation. Dégoût. Elles ne devaient pas connaître la chaleur de comparses, délaissées, esseulées. Elles formaient une ligne exsanguine qui barraient son visage aux proportions parfaite. Une jeune fille en fleur l'aurait qualifié d'ange. Lui tout ce qu'il voyait c'était ces yeux bleus délavés qui avaient perdu toute lueur. Il semblait mort de l'intérieur, comme si rien ne l'atteignait, comme si sa volonté était entièrement dirigée vers la bonne application de son travail.
Il sait ce qu'il va se passer. Ils le savent tous les deux, se regardant dans le blanc des yeux. Ils jouent aux polichinelles, à celui qui craquera le premier. Pourtant il n'y a aucun jeu, aucun challenge, tout était déjà décidé lors de leur arrivée. Il voit revenir les hommes de mains, il espère qu'ils n'ont pas trop foutu le bordel, sinon son père va l'engueuler. Sourire désabusé. Il sait pertinemment qu'il ne va pas revenir. C'était comme avec le père de Johann. Il revendait des magazines de l'Ouest qu'il obtenait on ne savait comment. Et un jour il s'était fait chopé. Et depuis on ne parlait plus du père de Johann. C'était devenu comme un tabou. Un interdit implicite. Malgré cela il était resté dans les mémoires. Comme un exemple à éviter. On taisait son véritable nom. On avait oublié son véritable nom. Il n'était plus qu'un anonyme dans une foule de personnes sans visages qui avaient disparues du jour au lendemain à Berlin-Est. Et il allait devenir uns de ses inconnus, dont on ne connaissait qu'à peine l'existence avant et dont on oubliait totalement la vie après.

Il allait perdre son identité propre.
Fini. Disparu.
Le fils de Keith.
Voilà comment on le surnommera dans trois semaines. Car la mémoire ici est faible. Car la loyauté ici est une denrée rare, pour ne pas dire inconnue. Si ça se trouve c'était la vieille Agatha qui avait rapporté avoir entendu de la musique satanique. Ou alors simplement que le Ministère avait eu vent par un quelconque commérage de son activité illégale. Et dire que Outre-Atlantique on venait d'ouvrir de nouveaux horizons, ici on vissait des oeillères de plus en plus serrées.Tout en faisait miroiter des droits illusoires. La musique était devenue une arme de destruction massive et sa propagation était telle une vague, englobant tout sur son passage et remettant tout en question. Sauf ici. Parce que les habitants de Berlin-Est n'avaient plus le droit à ce espoir. À ce renouvellement culturel. Ils sombraient tous peu à peu dans la pauvreté matérielle et intellectuelle. Tels des naufragés s'accrochant de toutes leurs forces à un radeau fait de bois pourri jusqu'à la moelle.

Et le verdict tomba. Comme il s'y attendait, ils avaient trouvés ses vinyles et ses magazines achetés au père de Johann. Rien d'intéressant, quelques critiques artistiques. Mais à travers leurs yeux, c'était des hymnes à la révolution, pour oser se débarrasser des chaînes soviétiques qui enserraient Berlin-Est depuis bien longtemps maintenant. Il n'avait pas connu la ville alors qu'elle était encore allemande. Il été né sous la domination de l'URSS et il mourra certainement sous le drapeau rouge du communisme. Tels un rouleau compresseur, cette union écrasait tout sur son passage, sans se soucier des dégâts collatéraux. Il était le fruit d'uns de ces nombreux dégâts. Séparé de sa mère, seule voix de raison. Isolée avec son père, bourru et maladroit. Il ne pouvait que mal tourner. Ah ! S'il était le profil-type de la néo délinquance dans ses ruelles, la ville ne s'en porterait que mieux. Il retint un rire sec et analysa ses possibilités.
Zero.

Il était fichu, il devait le savoir au plus profond de lui depuis cette fameuse nuit. Mais il y avait cru, et il y croyait toujours. Ses prunelles grises volèrent vers la fenêtre au fond de la pièce. Même s'il se mettait à courir de toutes ses forces, ils auraient tôt fait de le rattraper. La porte était bloquée par cette statue d'ange démoniaque qui semblait mort de l'intérieur. Il croisa le regard apeuré de Kathy, il l'observa en silence un instant avant de lui offrir un sourire doux. Il est condamné, alors à quoi bon. Il pourrait ruer, crier, hurler. Mais ça ne changerait rien. Bande de couards. Il n'en veut pas à se vieille voisine d'avoir refermé la porte. Elle risque gros elle aussi, alors elle préfère le sacrifier, malgré tout la gentillesse présente en elle. Chacun pour soit hu ?

▬ « Et bien je vous suis Monsieur Hepburn »

Son sourire poli est de retour sur ses lèvres. Il ne ferra pas d'esclandre. Il ne les suppliera pas. Il les suivra sans faire d'histoires. Et peut-être qu'il pourra revoir la lumière du jour d'ici une semaine. S'il a de la chance. Il a toujours été malchanceux. Ces taupes savent beaucoup de choses. Mais pas tout, elles ne sont pas infaillibles. Et ces vinyles ne lui vaudra pas une condamnation lourde. Sauf s'ils s'acharnent. Ils en sont bien capable. Bâtards.
Charognards.

▬ « Enfin si vous voulez bien m'accorder l'immense honneur d'aller chercher une chemise, je vous en serait infiniment reconnaissait vôtre grâce. »

Ton grinçant. Regard moqueur.
Il effectue une petite courbette ridicule.
Pan est joueur.
Pan est narquois.
Pan est jeune.
Pan est con.





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Mer 6 Nov - 17:54






Nausicaa Tibo Lukas Hepburn.
Il avait vingt-quatre ans, et nous sommes en 1969.

Dire qu'en vérité, il détestait ça.
Faire du mal.
Devoir interroger.
Devoir tuer.

Et cette rencontre allait changer le restant de sa vie.


Dans le ton du jeune homme, il y avait du mépris, de la haine, de la peur. Ses sentiments étaient normaux, Nausicaa y avait fait face à maintes reprises et si cela était difficile à encaisser, de rentrer chez soi une fois la nuit tombée en se remettant en question, et surtout en se répétant merde, je viens de tuer quelqu'un. Puis petit à petit, tout devient anodin, les disparitions ne sont qu'une maigre partie de l'existence, on y pense un peu moins au départ, et à la fin, ou a oublié. Il ignore le nom des personnes qu'il a pu interroger l'année dernière, ils ne sont que des ombres dans un monde déjà si sombre, et il pensait que ce serait le même cas avec cet adolescent. Si seulement il savait que Pan était la clef du reste de ses jours.
Quelle douce ironie.

Hepburn hochait la tête, autorisant l'enfant à s'habiller de sa chemise et puis voilà, il lui prit le bras, avec délicatesse et presque protection – le bon paradoxe – avant de l'amener jusqu'à la voiture. Noire. Vitres teintées. Celle que l'on ne prend qu'une fois. Celle que l'on regrette d'avoir vu. Puis voilà.
Ils prenaient la route.
Ensemble.
Mais c'est aussi là que leurs chemins allaient se séparer.

L'officier de la Stasi était enfin arrivé à destination et ses hommes rejoignaient leurs postes initiaux, les affaires de l'Ouest de la famille Seweryn sous le bras. Jamais ils ne verront le jour, eux non plus. De son côté, Nausicaa entraînait Pan avec calme dans la salle d'interrogatoire numéro cinquante-six.

Dans le fond de la salle, près de la porte, un homme en uniforme, droit, comme une statue. Il y avait un large bureau, les murs étaient délabrés et la pièce plongée dans l'obscurité. Tout ça pour quoi ? Pour faire perdre la notion du temps. Seule une lampe à l'ampoule grinçante résidait.

« Asseyez-vous. »

Les chaises n'étaient pas banales, elles non plus.
L'on y avait incrusté, entre deux morceau de bois, un tissu qui va s’imprégner de l'odeur de la personne assise. Cette odeur, à la fin de l'interrogatoire, sera placée dans un bocal, rangée précieusement pour ensuite être fournie à des chiens spécialisés dans la traque si la personne en question tente une escapade... Ce qui serait fort dommage.

Nausicaa retirait sa veste et s'assit sur un fauteuil bien plus confortable. Le stylo en main, il fixait l'adolescent comme s'il s'agissait d'une rencontre chez le médecin. Et c'est avec cette même assurance inquiétante qu'il dit :

« Avant toute chose, j'aimerai avoir votre nom complet, votre date de naissance, votre âge, votre lieu d'étude et si vous avez de la famille à l'extérieur des murs. Il serait fort fâcheux de nous mentir, après tout. »

Et la séance pouvait continuer.

© charney

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Mer 6 Nov - 18:54


HYSTERIA


And I want you now, I want you now. I'll feel my heart implode. I'm breaking out, escaping now. Feeling my faith erode


Il regarda l'horloge murale qui trônait sur le mur décrépit de leur logement. Les aiguilles semblaient figées, comme si le temps s'était arrêté à l'instant où il était entré.
Sombre connard.
Ses gestes étaient lourds, comme emplit de plombs. Il boutonna sa chemise lentement. Comme s'il pouvait espérer de ces quelques secondes de répit un miracle salvateur. Son père entrant tel un super héros, sa hache à la main. Il en aurait été capable. Il sourit au vide avant de finir sa besogne. Il n'eut pas le temps de dire adieu à cette maison qui l'avait accueillit pendant tant d'années avant de se faire embarquer durement, comme du bétail. On le balança à l'arrière d'une voiture. Un corbillard plutôt. D'un noir d'encre. Ah, pour ce genre de modèle, on trouvait toujours de l'argent dans les caisses du ministère. Et puis après, on s'étonnait que le peuple cherchait un peu de réconfort dans une culture libérée, qui en faisait rêver plus d'un.
Le trajet sembla durer des heures. Ou alors quelques minutes. Il avait perdu toute notion d'un temps, coupé ainsi de l'extérieur par ces vitres sombres. Alors il s'était intéressé aux coutures du siège. Et puis au semblant de sol qui s'étendait sous ses pieds. Et puis à l'arrière de la tête du conducteur. Tout sauf regarder cet ange sorti tout droit des enfers. Il allait avoir le temps de le détailler. De connaître les moindres détails de son visage, les nuances de bleus présentes dans ses prunelles éteinte, ses cheveux sombres qui tombaient comme des centaines d'épis fous autour de sa figure aussi blanche que de la craie. Il avait affaire à un cadavre. Il avait l'air plus vivant que lui, malgré les couleurs éthérées de son physique. Kurt disait toujours qu'il ressemblait au fils de la lune. Ils rigolaient à cette ineptie, puis ils passaient à autre chose, perdu dans des délires enfantins. Et pourtant, malgré ses cheveux clairs, ses yeux passés et sa peau blanche, la flamme qui dansait au creux de ses prunelles le rendait infiniment plus vivant que ce Hepburn.

Ils descendirent rapidement, on le dirigea vers sa future demeure. Il observa du coin de l'oeil les couloirs sombres et crasseux, ces portes munies d'une petite trappe qui défilaient devant ses yeux, les numéros allant en s'accroissant. Cinquante-quatre. Cinquante-cinq.
Cinquante-six. Arrêt. Le voilà arrivé.

Son nouveau domaine. Il scruta la pièce d'un oeil critique. Elle sentait la sueur et le renfermée. Il y avait également une odeur métallique qui flottait dans l'air. Des tâches sombres maculent le sol. Il a un petit sourire amer. Voilà qui explique tout. Tout est mis en oeuvre pour le mettre mal à l'aise. Défi réussi. Il s'avance alors qu'on lui ordonne de s'asseoir. Cette chaise est charmante. Pourtant il ne rechigne pas. Pas maintenant. Pas tout de suite. Son regard se perd sur les murs nus et vides, crasseux. Comme tout le bâtiment. Le garde dans un coin de la pièce ne le rassure pas. Etrangement, il a eut le temps d'apprivoiser la présence de l'ange démoniaque. Il n'aime pas ce nouveau paramètre. Ils connaissent bien leur boulot. Chacals.

Un nouveau sourire apparait sur ses lèvres, sarcastique.
Petit geai moqueur.

▬ « Just as every cop is a criminal, and all the sinners saints. As heads is tails, just call me Lucifer » chantonne-t'il, ses yeux pétillant encore vaguement. Joueur. Encore. Il ne continue pas sa sérénade et s'applique à répondre à son nouveau bourreau « Pan Eosphoros Seweryn, né le seize août 1953, quinze ans, étudiant à l'école publique de Mitte, j'habitais à Berlin-Ouest alors oui, il me reste de la famille à l'extérieur des murs. Mais je ne vous apprend rien je suppose.   »

La rancune est tenace. Il les tient pour responsable de sa séparation forcée avec sa mère et Wanda. Même s'ils n'ont rien à voir. Ils sont coupables. Mais malgré cette haine envers les représentants de cette autorité absurde qui règne sur Berlin-Est, il a répondu de façon honnête à leurs questions. Les on-dits et les rumeurs ont souvent leur part de vérité. Et il sait pertinemment qu'ils connaissent déjà tous ces renseignements personnels à qui n'importe qui à accès. Il étend ses jambes lentement, tandis que son dos touche à peine le dossier dur de la chaise. Ce n'est pas confortable. Loin de là. Il ne fallait pas rêver. Ses épaules sont crispées, il essaye de les détendre. Sans trop de succès.

▬ « Est-ce que mon nom ou mon âge me rend condamnable à vos yeux monsieur Hebpurn ? »

Il déteste décidément ce nom. Et le personnage. Ainsi que toutes les valeurs qu'il incarne. Putain de pion sans âme. Il préférait vendre la sienne aux suppôts de Satan, à sa musique diabolique et à ses pensées anarchistes plutôt que de se laisser embrigader dans ce système, tel un mouton suivant le berger. Il recommence à murmurer.

▬ « But what's confusin' you is just the nature of my game »

Pan est jeune.
Pan est con.





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Mer 6 Nov - 20:25






L'oreille de Nausicaa avait été agréablement surprise, et son sourire se dessinait tout doucement en entendant les paroles des Rolling Stones, groupe de rock qu'il appréciait depuis qu'il l'avait découvert par le biais de fouilles dans les maisons des disparus. Il avait levé son crayon, et alors qu'il s'apprêtait à appuyer sur la boîte d'enregistrement audio cachée dans le tiroir de son bureau, il s'était arrêté, et avait simplement continué :

« So if you meet me, have some courtesy, have some sympathy, and some taste. Use all your well-learned politesse or I'll lay your soul to waste... »

Il riait, un petit peu, cela semblait si anodin, et si simple. Il ne pouvait pas se permettre de partager des conversations diverses avec les personnes assises sur la chaise en face de lui, mais néanmoins, il pouvait ressentir une forte envie. Une envie de s'approcher, de découvrir, de connaître, d'apprendre, et ce, sans juger, sans rien noter, sans rien apprendre. Mais il ne le pouvait pas. Alors, de sa plume, il commençait à écrire quelques lignes comme le sujet TD-07 chante les Rolling Stones. Il annonce son véritable nom, la situation de sa famille ainsi que son lieu d'étude comme il lui a été demandé.
Un sujet.
TD-07.
Quelque chose qui n'a rien d'humain.
Qui est bon pour le bétail.
Mais c'était ainsi.

« Les Rolling Stones hein... Je vois que vous avez une belle culture rock malgré les murs. »

Qu'y répondre ? Oui ? Non ? Ne rien dire ? Nausicaa laissait le bénéfice du doute. D'un geste de la main, il obligeait l'autre homme à partir.
Ca y est.
En face à face.
D'homme à homme.
De victime à victime.
Victimes du bourreau qu'est la société.

Le jeune homme laissait un silence s'installer et tac, la machine était lancée. Désormais, chaque mots seront retenu par l'engin, qu'ils soient mensonge ou vérité. Peut-être qu'il était temps désormais de passer aux choses sérieuses. Nausicaa réajustait sa liasse de papier, ses yeux ne quittant pas ceux de l'adolescent, exerçant une pression involontaire, et enfin, il commençait.

« Bien sûr que je sais déjà plein de chose sur vous. Mais c'est bon départ ; au moins vous ne m'avez pas menti, nous pouvons ainsi commencer notre séance sur de bonnes bases. »

Dire qu'il arborait un charmant sourire. Un sourire de prince, de mannequin, de toutes ses dents blanches et alignées à la perfection.

« Savez-vous au moins pourquoi vous êtes ici ? »

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Jeu 7 Nov - 19:08


HYSTERIA


And I want you now, I want you now. I'll feel my heart implode. I'm breaking out, escaping now. Feeling my faith erode


Pan observa l'homme face à lui, encore, toujours. Ce visage qui semblait figé dans le marbre, telle une statue de la Grèce antique. À la figure éternellement parfaite, le nez droit, le menton fier, des sourcils sombres parfaitement arqués qui s'étendaient au dessus de deux perles d'un bleu aussi pur qu'un ciel d'été. Définitivement un démon au faciès de chérubin. Il ne lui manquait plus que les boucle blondes comme le blé et le portrait serait complet. Pan observa une nouvelle fois avec répugnance ce sourire étirer ces lèvres rosées. Des pétales de cerisier. Cette pièce le rendait lyrique.
Cet homme était un vrai mystère, il savait presque tout de lui et a ses yeux il restait un parfait inconnu. Il ne connaissait que son nom, et encore ce n'était pas lui qui le lui avait donné. Ce n'était pas un rapport d'hommes à hommes qu'ils entretenaient. Tout au plus d'individu à chose. Que c'était gratifiant. Il eut un petit sourire narquois en entendant ces paroles sortant de la bouche de cette machine. Ce n'était pas lui dans l'équation précédente. Il avait encore une foi, des rêves, des choses a exprimer et a dire. Pas comme lui. Et pourtant, sous ses yeux, il devenait un peu plus vivant. Comme les paroles de cet hymne au diable lui donnait une autre perspective, comme si cet homme était une pièce dont les côtés piles et faces s'alternaient sans aucun rythme pré-établi. Il aurait voulu parler des Rolling Stones avec ce jeune un peu plus âge que lui. C'est certainement ce qu'il aurait fait, entrant dans un bar enfume des bas-fonds ou il b´avait pas le droit de paraître mais la ou il passait ses soirées depuis qu'il avait quatorze ans. On le connaissait la bas, il était devenu leur mascotte en quelques sortes. C'était un établissement clandestin où on écoutait du rock et on y buvait un coca dans son cas.

Il aurait aimer débattre avec lui de la portée de telle ou telle chanson, peut-être seraient ils devenus amis dans de telles conditions.
Douce utopie.

Une remarque sarcastique se meurt au bout de ses lèvres sèches. Il a soif. Mais il doute que son nouveau bourreau soit dispose a lui offrir un verre d'eau. Il a de nouveau envie de lui envoyer le bureau a la figure. Disparu ce jeune homme dont le petit rire l'avait enchanté. Il voulait cracher toute sa verve, tel un chat en colère. Bien sur qu'il avait fallu qu'il se débrouille pour ne pas devenir une des ces tristes personne qu'il voyait déambuler en bas de son immeuble, tel des spectres sans couleurs. Ses yeux gris s'assombrirent, ressemblant à un orage sur le point d'éclater. Il observa une tâche brune sombre sur le sol, essayant de calmer la colère qu'il sentait gronder en lui.
Inspire. Expire. Inspire. Expire.

Son caractère de feu lui avait déjà valu de nombreuses embrouilles, autant de pas en rajouter une autre, bien plus grave, au compteur. Il releva la tête, ses prunelles plus claires qu'auparavant et offrir un petit sourire à cet homme. Toujours cet homme. Encore cet homme.

▬ « Mes voisins se sont plaint parce que je chantais trop fort All you need is love ? » demande-t'il d'un air faussement innocent. Un espoir étreint encore fermement son coeur. Inutile.  « Ou alors ils ont été choqués par la vue indécente que j'offrais en portant, ohmondieu, comble de l'horreur un .. jeans !    »

Ce sourire toujours moqueur au coin des lèvres. Il mériterait une baffe. Peut-être qu'il en recevra une plus tard. Sûrement. Il connait ses chefs d'accusations. Du moins il présume. Mais rien que la détention de ces vinyles et de ses magazines de l'ouest, montaient sa forte tendance à l'envie d'une liberté dont il était privé entre ses murs. Il était un danger potentiel pour les bonnes moeurs de cette partie de la capitale allemande. Il ferrait bien une leçon de morale à ce fonctionnaire qui notes quelques mots sur sa feuille. Comme un psy. Ah. Il ressemble à un foutu psy. Mais tout va bien dans sa tête, certes, il peut se montrer légèrement inconscient et casse-cou, mais rien d'irréfrénable.
Il sentit sa colère, mouvant au creux de son estomac se manifester, grondant à son oreille de se lever et de lui envoyer une vérité trop souvent détruite par son institution. Une vérité à laquelle plus personne ne croyait. Sauf les plus fidèle. Sauf Monsieur Hepburn. Ses sourcils se froncent alors qu'il se rend véritablement compte qu'il est face d'un esclave dévoué du système. Uns de ces chiens qui n'hésitent pas à détruire toute volonté à ses pairs, sous prétexte qu'ils ont voulu un peu de liberté.

▬ « All the dreams we held so close seemed to all go up in smoke. Let me whisper in your ear. »

Il chantonna une nouvelle fois, sa voix pas tout à fait muée, donnait des accents parfois détonnant à la musique, pourtant la mélodie restait la même. Il se pencha en avant, comme s'il allait réellement dire un secret, avant de répéter la même phrase qu'il avait dit quelques minutes plus tôt.

▬ « But what's confusin' you is just the nature of my game »





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Ven 8 Nov - 18:30






Dans cette société, arrêter quelqu'un pour sa tenue vestimentaire n'est pas choquant.
C'est un acte normal.
Parce que ces personnes ne sont pas normales.
Parce que ces personnes se doivent d'être façonnées à la manière du nouveau système qui s'imagine perfectionniste.

Si utopique.

Si illusoire.

Contrairement à bon nombre d'officiers de la police d'Etat, Nausicaa avait déjà ouvert les yeux et avait arrêté de plonger dans cet abysse de mensonges. C'est vrai, ce n'est pas facile de reprendre son souffle, de tenir le coup et de tenir à la surface quand les griffes acérées des manipulateurs vous ramène vers le fond en espérant vous y noyer. Alors lui aussi, il avait fait semblant de se faire tout petit et d'avancer, de faire honneur au nom des Hepburn alors qu'il n'y attachait qu'une importance quelconque. L'unique chose qui pourrait faire son bonheur ? Être la fierté de son père.
Un père si froid et si distant qu'il ne méritait même pas son titre. Peut-être que notre jeune homme aurait dû l'appeler Commandant, ou Chef, pendant toute son enfance, cela aurait eu bien plus de sens désormais... Il soupirait, écoutant les dires insolents d'un enfant qui ne savait pas ce qui l'attendait. Il aurait voulu se jeter sur ses lèvres, l'empêcher de prononcer les mauvais mots, de marcher sur le mauvais chemin et l'empêcher de poser le pas sur une bombe merveilleusement bien cachée, il aurait voulu lui éviter que sa voix soit entendue par l'enregistrement mais c'était trop tard. L'adolescent se remettait à chanter, fixant dans le blanc des yeux le membre de la Stasi avec provocation, mépris, et beaucoup de malice.

Les nerfs de notre homme commençaient à être titillé mais il lui en fallait beaucoup pour le voir hors de ses gonds. C'est une qualité.. comme un défaut. Garder son sang froid et sa gentillesse, et ce, qu'importe la situation. Il n'en restait pas moins intelligent. Loin d'être naïf, il ne se laisse pas prendre au jeu si facilement, même s'il semble du genre à vouloir s'amuser.

« Ne t'en fais pas, on arrête pas les gens parce qu'ils portent le mauvais pantalon même si c'est contre les règles, tu le sais bien. »

Et pour le moment, il n'avait toujours pas précisé la raison de la venue de Pan.
Nausicaa s'était levé de sa chaise, les mains liées dans son dos, il marchait d'un pas presque militaire, mais ses iris restaient attirés par le blondinet. Son chemin s'était arrêté dans son dos, et tout doucement, il s'était penché, sa bouche si proche du creux de son oreille il dit :

« Si tu veux un conseil, tu devrais plutôt chantonner :
Help, I need somebody.
 »

Puis il lâchait un rire.
Amusé.
Etrange.
C'était murmuré.
Lui seul pouvait l'avoir entendu chanter ce court refrain des Beatles.
Même la machine ne pouvait pas l'entendre.

Hepburn avait tourné les talons et repris un regard plus chaleureux, son fessier s'asseyant sur le bord du bureau avant de commencer :

« Tu es ici parce que tu as tagué le mur, et ce en toute connaissance de cause.
Mais le pire dans tout ça, c'est que tu as profité d'attirer notre attention ainsi pour laisser ton camarade de classe Marvin Dinkelbauer passer de l'autre côté en ce même temps, félicitations. Voilà pourquoi tu es ici.
 »

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Ven 8 Nov - 19:59


HYSTERIA


And I want you now, I want you now. I'll feel my heart implode. I'm breaking out, escaping now. Feeling my faith erode


Il commença à pianoter doucement sur l'accoudoir de son siège, ses longues légèrement trop longs frappant en rythme le bois, dans une expression de ses états d'âmes intérieurs. Pan est quelqu'un d'expansif, de vivant. Un sourire d'idiot toujours collé aux lèvres. Un sourire moqueur. Un sourire triste. Un sourire amer. Mais toujours et encore un sourire. C'était un jeune homme fondamentalement gentil et rêveur, il ne se trouvait pas hypocrite. Pourtant ce sourire constamment présent sur ses lippes prouvait le contraire. Il ne voulait pas inquiéter la vieille voisine. Il ne voulait pas inquiéter sa petite soeur. Il ne voulais pas inquiéter sa mère. ni son père. Il ne voulait causer du soucis à personne, alors malgré son attitude agaçante, il continue à plisser ses lèvres plus ou moins fort. Comme si cela agissait comme un argument. Comme une excuse. Comme des mots doux.
Alors Pan, dans cette salle lugubre et austère, continua de sourire. Il voulait jouer avec son bourreau. Il était encore bien trop jeune. Bien trop naïf malgré ses idées bien arrêtées sur la réalité. C'était comme demander au lion de jouer à la chasse avec une gazelle.
Acte stupide.
Folie dangereuse.

Son nouveau gardien lui parle, ses yeux bleus semblant fouiller son âme. Il ne sait plus quoi penser. Il doit le détester. Ou peut-être ressent-il juste de l'indifférence envers cet homme plus âgé que lui. Non, il le hait. Pas en tant que personne, mais en tant que pièce de ce système où le moindre individu avait son importance. Malgré sa tâche lambda. Malgré son air bien sous tout rapport. Cela lui rappelait les histoires de son grand oncle. Des récits qu'aucuns enfants ne devrait avoir à entendre. La haine de la différence était sortie de sa vieille bouche gercée comme des torrents de mélasse infâme, marquant à jamais un tendre enfant de sept ans à peine. Il avait apprit des choses qu'il aurait préférer oublier. C'est peut-être pour cela qu'il se révoltait autant contre le système en place. Ou simplement parce qu'il était avide de cette liberté qui était autrefois la sienne.
Il avait envie de vomir.
La nausée le prenait à la gorge alors que toute la réalité lui sautait à la figure. Il savait que cette nation était pourrie jusqu'à la moelle. Il savait faire des choses répréhensibles pour les bonnes moeurs des soviétiques. Mais jamais il n'avait réalisé qu'il faisait quelque chose de formellement interdit. Les on-dit, les rumeurs. Tout cela n'a pas d'importance lorsque ça ne se rapplique pas à une loi officielle. Et il prit la pleine mesure qu'il se trouvait imbriqué profondément dans un système qui punissait le port d'un vêtement dont le concept venait simplement d'un pays ennemi. Fichu Berlin-Est. Fichus soviétiques.

Pan eut un violent frisson en sentant la présence de l'autre homme dans son dos, penché au dessus de son épaule. C'était une sensation oppressante. C'était une sensation plaisante. Il sentait son souffle chaud balayer une partie de son cou ainsi que de ses clavicules dévoilées par sa chemise blanche boutonnée à la va-vite. Il percuta à peine ses paroles, se perdant dans le timbre bien plus rauque et sourd, bourdonnant à son oreille. Le son de son rire lui tira un nouveau frisson. Personne n'avait ainsi ricaner aussi près de lui. Il pouvait presque percevoir les vibrations de l'air de sa voix, tellement ils étaient proches l'uns de l'autres.
Bien trop proches.
Heureusement, son nouveau bourreau s'écarta de lui pour se placer devant son bureau, s'appuyant légèrement dessus. Il lui parla de quelque chose. Il ne se souvient plus de quoi. Ses yeux étaient fixés à ces jambes qui semblaient interminables dans ce pantalon à pinces noirs. Finalement il releva la tête en sursaut, ses oreilles ayant perçu une information importante.

▬ « Marvin s'est échappé ? » Il n'avait pas simplement passé le mur. Il s'était véritablement évadé de cette prison aux dimensions trop grandes pour savoir qu'ils étaient tous véritablement enfermés ici. « Et je l'aurai aidé ? » Pause. Regard légèrement incrédule. « Vous êtes sérieux ? »

Il était surprit, son sourire s'était à moitié effondré, relevant tout de même sa lèvres supérieure en une moue narquoise à l'intention de l'agent qui menait son interrogatoire. Puis la surprise fit place à l'indignation. Ce bâtard de Marvin. Il ne l'avait pas prévenu. Putain de coïncidence. Et dans sa tête, c'était certes clair, mais ça devait l'être beaucoup moins dans celle de l'autre homme. Et Marvin qui était parti. Libéré de ses chaines. Il n'en avait parlé à personne. Forcément. Comme il n'avait parlé à personne de son projet. Ce genre d'informations restaient cachées, dissimulées à l'écart des oreilles indiscrètes.

▬ « putain de bâtard » marmonna-t'il à l'intention de son ami. Il était heureux qu'il se soit échappé de cet enfer. Mais il aurait voulu lui confier un message pour sa mère et sa soeur. Juste pour leur donner de ses nouvelles. Il releva ses yeux gris vers ceux bleus de son interlocuteur et demanda avec une innocence presque non-feinte. « Et c'est quoi cette histoire de tag ? Faudrait déjà que je sache dessiner pour en faire un .. »

Certes, il était vrai qu'il n'était pas né avec un crayon entre les mains, mais il savait néanmoins se débrouiller. Mais l'homme n'était pas sensé le savoir et de toute façon cette information ne lui servirait absolument à rien. Il se gratta légèrement le crâne, fourrageant dans ses cheveux clairs avant de reposer son bras, sa question toujours en suspend.





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Sam 9 Nov - 0:50






Il jouait la carte de l'ignorant.
Beaucoup le font.
Tous le font.
Tous étaient étrangement absents lors des faits.
Que les faits ne leur sont jamais parvenu.
Un jeu d'acteur.
Presque parfait.
Oui, presque.

Nausicaa avait appris à séparer les menteurs des francs, et pourtant, Pan faisait preuve d'une véritable complexité, mettant notre officier de la Stasi dans de beaux draps : il ne savait pas dans quelle case rentrer l'adolescent. Drôle d'effet, oui. Des frissons lui parcouraient les bras, les jambes, lui titillaient la nuque et le bout des doigts, le bout des lèvres. Il restait le fixer et le silence fut. Pesant. C'était là tout le poids de la société qui reposait sur ses épaules. Sur leurs épaules. Il ne dessinait donc pas ? L'Etat se seraient-ils trompés ? Impossible. On arrête pas un enfant pour un rien, un homme oui. Un enfant, non. D'un côté, Hepburn avait un peu une sorte de gêne lorsqu'il le qualifiait d'enfant après avoir trouvé ce dernier attirant mais avait chassé bien rapidement cette idée de sa tête pour retourner sur le sujet principal.

Sujet fâcheux.

« Vraiment ? »

Sans gestes brusques et agressifs, l'officier de la Stasi avait attrapé le bras de l'adolescent et doucement, ses doigts en caressèrent le majeur dont une petite bosse pouvait y être visible, et dans un léger sourire satisfait, il lançait :

« Tu as pourtant la bosse de l'écrivain.
C'est une petite boule qui apparaît sur le doigt à cause du frottement du stylo, alors soit vous écrivez beaucoup soit vous dessinez beaucoup. Et au vu des nombreux objets de l'Ouest dans votre appartement, je ne douterai point de la facilité avec laquelle vous avez pu obtenir des bombes de couleur.
 »

Lâchant la menotte presque avec une moue de déception – il aurait presque pu soupirer – Nausicaa était retourné à sa place initiale, reprenant quelques notes sur son papier. Lui aussi avait cette bosse sur le majeur. Elle était apparue en écrivant des textes comme celui-ci.
Des textes qui décidaient de la vie.
Mais surtout de la mort.

« Vous ne gagnerez rien à me mentir.
Vous resterez ici jusqu'à m'avoir avoué que vous êtes impliqué dans la fuite de Marvin Dinkelbauer. S'il le faut, vous ne dormirez pas. S'il le faut, vous ne mangerez pas. J'ai tout mon temps de mon côté, et je pense que mes autres collègues seront moins patients et vous enverrons au trou sans chercher à vous écouter.
 »

Et s'il le fallait, Nausicaa saurait utiliser la manière forte.
Peut-être douloureuse.

Inhumaine.


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Sam 9 Nov - 12:37


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And I want you now, I want you now. I'll feel my heart implode. I'm breaking out, escaping now. Feeling my faith erode


Pan ricana.
Sourdement. Comme si ce son était étranger à sa gorge. Comme s'il devait fournir un effort pour le former. Cette situation était irréelle. Elle était issue d'un rêve dangereux. D'un cauchemar sordide. Il ne savait pas trop. Tout ce ambiance était pesante. Cette pièce le rendait mal à l'aise. Malgré son attitude pseudo-rebelle. Malgré ses yeux gris qui semblaient animés d'une vie propre sous la lumière criarde de cette ampoule nue qui pendant du plafond. Cette bulle de verre dans laquelle grésillait un petit fil qui s'entortillait sur lui-même était la personnification de toutes les personnes qui étaient passés par cette pièce. Qui s'étaient assis sur cette chaise. Qui avaient répondu à ces questions. Qui avaient résisté aux tortures. Et puis qui avaient abandonnés. Il était mis à nu. Durement. Violemment. Sans vraiment avoir la chance de répliquer. Tout ce qu'ils pouvaient faire c'était de continuer de sourire pour certains. D'autres de garder le silence.
Leur seule arme ici-bas c'était leur langue acérée. Les mots qui sortaient de leurs bouches avaient autant d'effet que des mouchettes. Mais ils s'en fichaient. C'était la dernière expression de leur liberté. Alors il s'y accrochaient désespérément. C'était leur bouée de sauvetage dans cet océan de violence qui n'allait pas tarder à se déchaîner. La vague arrivait. Ils le savaient tous. Comme une sorte de sixième sens commun. Et il s'agissait d'y résister le plus longtemps possible. Ou alors de simplement céder et de se noyer. Ici-bas ils n'étaient plus rien. Moins que des chiens. Ils perdaient leur statut d'être humain, et ainsi, la conscience de leur bourreau ne le travaillait plus, une fois le soir venu, alors qu'il abandonnait son prisonnier dans sa cellule.

Il eut un mouvement de recul en voyant la main de son bourreau s'approcher de lui.
Instinctif.
Pourtant, il sentit avec une acuité troublante les doigts d'Hepburn entourer son bras. Tirer sa main vers lui. Caresser ses propres doigts avec douceur. Il entendit à peine ses paroles. Comme toujours lorsqu'il y avait un moindre contact entre eux. Son souffle contre son cou le troublait. Ses doigts contre sa paume aussi.  Il frissonna doucement en sentant ses ongles racler avec une douceur malvenue cette bosse. Il eut envie de rire. De ricaner. De répliquer. Pourtant tout resta coincé dans sa gorge. Comme si la présence de cet homme trop proche de lui l'empêchait de parler. De s'exprimer. De se défendre. Il replia son bras contre son torse lorsqu'il le lâcha enfin. Sa main formant une boule sur sa poitrine alors qu'il l'enveloppait de sa paume gauche. Il chercha le regard troublant de l'autre. Il ne trouva que ses yeux baissés sur sa feuille.
Fuyant.
Couard.

Il a envie de rire face aux menaces du fonctionnaire. Sa gorge nouée l'en empêche. Il sait au fond de lui qu'il ne rigole pas. Qu'il est sérieux. Après tout, avait-on déjà vu un membre de cette organisation gouvernementale rigoler avec bon coeur avec des prisonniers ou des prétendus anarchistes ? Il chercha une nouvelle fois ces yeux bleus. Il voulait les confronter. Obtenir une confirmation. Mais rien. Comme s'il n'était qu'un objet de la pièce. Toujours-là, au même endroit, malgré les jours qui passent et qui se ressemblent, dans cette salle sans fenêtres. Il se redresse sur sa chaise, replaçant ses bras sur les accoudoirs et se penchant légèrement en avant. Il souhaite le faire réagir. Marquer sa mémoire à défaut d'autre chose. Il ne veut pas n'être qu'une donnée auxiliaire qu'il oubliera une fois qu'il aura avoué ce qu'il souhaite entendre. Il veut qu'il se souvienne de lui une fois rentré chez lui. Il. Il.
Cette pièce le rend peu à peu fou.
Cet homme le rend fou.

▬ « Belle déduction Sherlock. » Son sourire a reprit place sur ses lèvres, autant lui laisser le souvenir d'un battant plutôt qu'une loque. « C'est vrai que je ne suis pas du tout un étudiant qui doit prendre note des cours environs dix heures par jour.  » Regard joueur. Sur ce coup-là, il ne pourra rien dire. « Pas du tout. »

Il a envie de rire. Son sourire lui mange la moitié du visage. Malgré les menaces. Malgré la peur de mourir de faim ou de fatigue dans ce lieu immonde. Il est heureux. Simplement parce que la théorie de monsieur Hepburn ne tient pas la route. Simplement parce que dans sa tête, il a gagner une bataille. Pas la guerre. Certainement pas. Il est trop faible. Il est trop isolé. Mais rien que cette victoire, aussi minuscule soit elle, le remplit de félicité. Il continua sur sa route. S'approchant du soleil, au risque de se brûler les ailes et de retomber au sol.

▬ « Vous allez accuser tous les étudiants de l'école publique de Mitte d'avoir aider Marvin à s'échapper alors ?» demande-t'il, son sourire toujours présent. « Car pour l'instant ma présence ici ne tient qu'à ça, et au fait que je possède quelques vinyle de musique. Allez vous aussi arrêter les amateurs de Jazz' ? Ou ceux qui écoutent Stravinski ?»

Il ne veut pas se rendre. Jamais. Il tient à ce semblant de liberté qu'il possède. Il souhaite réaliser ses projets et un jour s'échapper d'ici. Ce n'est pas en pourrissant dans ce bâtiment qu'il y arrivera. Alors il contre-attaque, dans la mesure de ses moyens.

▬ « C'est tout ce que vous avez comme chef d'inculpation Monsieur Hepburn ?»





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Sam 9 Nov - 14:46






Tout doucement un sourire s'étirait.
Un sourire carnassier
Presque grimaçant.
Plein d'éclats.

Les yeux de Nausicaa brillaient eux aussi.
Il y avait de la beauté.
Une beauté incomparable.
Comment trouver beau quelqu'un qui tente de se sauver ?
Comment trouver beau quelqu'un qui sait déjà ce qu'il va lui arriver ?

Boum boum
Boum boum
Le sang affluaient dans ses veines et il restait rivé sur l'enfant.
Il était silencieux.
Son regard était expressif pour la première fois. Et personne ne pourrait y donner une quelconque explication.

Il avait arrêté de noter, il avait abandonné l'encre et le papier. Il avait croisé les bras et légèrement courbé l'échine, penché sur son bureau, portant son attention sur chacun des dires de l'adolescent comme pour ne pas en manquer une seule miette. Intelligence et malice.
Voilà ce qui résumait le personnage qui lui faisait face.
Un adversaire de taille.
Un adversaire qui lui fera sans doute poser le genoux à terre.

« Ce n'était qu'une simple supposition voyons. Je ne me fis pas à mes... talents absents de détective pour vous inculper ainsi. Non.
Sachez juste que...
 »

Il plantait ses mirettes azurées dans les perles grises de l'adolescent avant de prononcer en un faible murmure :

« Nous avons des yeux partout. Alors nous savons. »

La pression s'agitait dans la pièce, l'adrénaline le rendait dingue et pourtant, il restait d'un calme impassible. Hepburn reprenait une position normale sur son fauteuil et, croisant ses jambes, il reprit :

« Êtes-vous liés à la fuite de Marvin Dinkelbauer ?
Réfléchissez bien à votre réponse, il serait fort dommage qu'en plus de ne jamais revoir son fils, votre cher père se retrouve au fond d'une cave jusqu'à la fin de ses jours à trier des enveloppes.
 »

© charney

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Pan E. Seweryn
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Sam 9 Nov - 17:30


HYSTERIA


And I want you now, I want you now. I'll feel my heart implode. I'm breaking out, escaping now. Feeling my faith erode


Bleu contre gris.
Captivité contre liberté.
Bourreau contre victime.
Voilà ce qu'ils étaient, rien de plus, rien de moins.

Leurs regards se croisent. Ils se cherchent. Se trouvent. Disparaissent derrière des cils sombres. Se cachent derrière des mèches claires. Ils dansent un ballet inconnu. Etranger. Secret. Prohibé. Ils ne devraient pas. Ils devraient se regarder dans le blanc des yeux. Ils devraient se lancer des piques à la figure. Pan devrait souhaiter retrouver sa liberté. L'autre devrait vouloir enfermer son prisonnier pour l'éternité. C'était ce qui était écrit. Mais le scénario n'est plus que cendres. Et les deux protagonistes dansent sans se toucher. Ils s'écartent pour mieux se rapprocher. Et pourtant, ils se tiennent immobiles sur leurs chaises. Ceci est un duel. Ceci n'est pas un entraînement.
Ils sont deux anti-thèses qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Qui n'auraient jamais dû se percuter. Telles deux météorites qui explosent en un millier de gerbes incandescentes. Ils ne se connaissaient pas. Un nom. Un visage. Des paroles. Une chanson. Rien. Ils vivaient une simple illusion. Un coup à la porte pourrait les ramener à la réalité d'une minute à l'autre. Et pourtant ils continuent leur jeu. Souriant. Se provocant. S'observant avec une attention non feinte. Curiosité. Envie. Jeu. Tout se mélange alors que les mots sortent de leurs lèvres, essayant de faire plier l'autre en premier, essayant de le détruire en premier. Pour mieux embrasser ses plaies par la suite. Et puis pour planter définitivement un couteau dans le dos.
Dangereux.
Tout cela était bien trop risqué. Interdit. Sanctionné. Et c'est pour cela qu'ils continuaient.
Bleu contre gris.

La menace tombe. Les mains se crispent sur les accoudoirs. Ses ongles s'enfoncent dans le bois. Il grimace. Ses yeux s'assombrissent alors qu'il n'a qu'une envie. Se lever. Aller lui fracasser sa gueule d'ange contre le bois du bureau. Voir son sang si impur souiller cette pièce déjà tellement immonde. Il lui voulait du mal. Alors que quelques secondes auparavant il souhaitait lui laisser un souvenir impérissable. Ce n'était pas contraire cela-dit. Il ne bougea pas de sa chaise. Ses épaules crispées. Son pied battant la mesure d'une chanson pour essayer de se calmer.
Salaud.
Connard.
Fils de pute.

Il a envie de lui cracher toutes ses insultes à la figure. Mais il se retient. Il ne sait pas trop comment. Il fait tout pour ne pas exploser. Se calmer. Ne pas le laisser le troubler. Trop tard. Il bout déjà comme un volcan sur le point d'entrer en éruption. Alors il ne se cache plus. Son sourire fond comme neige au soleil. Il n'a pas envie de lui offrir ce plissement de lèvres qui lui est caractéristique. Pas après ce qu'il vient de dire. Pan peut accepter beaucoup de chose. Qu'on le traine dans la boue est une chose. Qu'on menace son père en est une autre. Alors il ne se retient plus et crache son venin.

▬ « Vous avez tellement peu de preuves que vous essayez de faire pression sur moi ? » demanda-t'il en grondant, ses yeux encore plus assombrit si possible. « Bande de bâtards impuissants. Elle est belle la Stasi à menacer un adolescent par le biais de son père. » Il s'énerve. C'est mauvais. Mais il n'arrive pas à se retenir. « T'arrives encore à dormir le soir en rentrant chez toi ? T'arrives à oublier tout ce que tu as fait tout au long de ta journée une fois que tu te couches aux côtés de ta femme ? »

Il se tait, la respiration légèrement hachée après son discours. Il essaye de reprendre sa respiration. Difficilement. Il fusille toujours des yeux le fonctionnaire face à lui. Mais la première colère reflue peu à peu. Il s'est emporté parce qu'on s'en est prit à son père. Son modèle. Son idole depuis qu'il est en âge de savoir appréhender le monde autour de lui. Il aurait tellement souhaiter lui ressembler. Le rendre fier. Au lieu de ça, il se faisait chopper par la Stasi. Il avait fait le con. Et maintenant il savait que son père devait se faire un sang d'encre.

▬ « De toute façon, vous lui avez prit sa femme, sa fille et maintenant son fils. Vous pourrez jamais faire pire. » souffle-t'il doucement. « Ça vous amuse de détruire des familles comme ça hein. Bordel. J'me demande comment vous pouvez arriver à survivre en détruisant tellement de foyers et de personnes. »

Il n'avait pas envie de se montrer magnanime. Pas envers cet homme. Cet homme qui le rendait fou. Fou de colère. Fou de culpabilité. Fou de honte. Il releva son regard et le scruta lentement, sans plus rien dire.
Bleu contre gris.  





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