Carys Ҩ Richard

How much more do I have to hurt to see your heart ? I wanted to tell you but tears are welling up. This is what I'm telling you, I only wait for you, because I love you. Because I couldn't hold on to you, because I could'tn stop. There are so many traces of you... Because to me it's you, I want you desperately to death. Because it’s only you, whatever it takes, I need to wait. So will you please take a step closer to me? You know that I only have you, please don’t leave me alone...

Carys plissa les yeux quand Richard ne recula pas, malgré qu'elle ait avancé. Elle ne voulait pas reculer non plus maintenant, elle ne voulait plus se laisser marcher sur les pieds par quiconque, surtout pas lui. C'était elle qui aurait du lui écrabouiller les orteils et faire bien pire que ça, si seulement il était encore abjecte avec elle. Mais là, ce n'était pas de la colère qu'elle ressentait. Ni de la joie. Carys était tout simplement perdue. On avait beau lui avoir donné tous les éléments, toutes les réponses, rien ne s'emboîtait, comme un puzzle impossible à réussir au premier coup d'oeil.

Il affirmait qu'il ne lui ferai plus de mal, qu'il ne pensait rien de ce qu'il avait dit ce jour là. Que toutes ces insultes auraient du se diriger vers lui et qu'elle n'était pas qu'un jouet pour lui. Il avait l'air sincère, et pourtant elle avait tellement de mal à le croire, elle ne voulait pas retomber dans le piège une deuxième fois. Jamais.

Pourtant, Carys eut l'impression que son coeur était tombé dans sa poitrine quand il lui dit s'être préparé quelque chose.

« Préparé quelque chose ? »

Elle le fixa dans le blanc des yeux, inquiète, beaucoup trop inquiète pour quelqu'un qu'elle était censée haïr. Avait-il utilisé un sort d'Oubliette ? Non, c'est impossible, on ne maîtrisait pas ce sort en cinquième année. Quoi. Il s'était drogué ? Ses deux mains se plaquèrent sur ses lèvres, presque horrifiée.

« Mon dieu, Rick, qu'est-ce que tu as fais...? »

Non, elle ne devait pas se mettre dans cet état comme ça. Il était peut-être en train de mentir. Ca ne serait pas la première fois après tout. Quand sa voix se brisa, il passa à nouveau sa main sur sa joue, et c'était horrible, tout bonnement horrible pour elle, de se rendre compte qu'elle ne voulait pas lutter pour qu'il la retire.

Richard lui demandait de lui faire confiance, de fouiller dans son esprit pour qu'elle vérifie son honnêteté. C'était tentant. Mais elle plissa les yeux, blessée. Elle retira sa main de sa joue, doucement, beaucoup trop doucement pour que ça ressemble à un pur rejet.

« Et puis quoi encore ? Je vais revoir toutes les filles que tu as conquis après moi ? Qu'est-ce que je ferai si jamais je me rends compte que si tu ressens tout ça, c'est uniquement parce que tu viens de te souvenir des sentiments que tu éprouvais pour moi il y a deux ans ? Je... Non. Je peux pas. C'est cruel, trop cruel et je ne veux pas souffrir encore.»

Plus jamais à cause de toi.

Richard ne répondit pas. Il n'en avait pas besoin, elle avait parfaitement compris ce qu'il voulait dire par là. Il s'était préparé de quoi l'oublier correctement et ne plus avoir à souffrir ou à porter le fardeau des actes qu'il avait commis. Oui, Richard avait eu cette lâcheté, mais il ne pouvait pas supporter de vivre avec ça sur la conscience. S'il ne lui avait pas montré cette scène, c'était tout simplement parce qu'elle n'aurait sans doute pas comprit ce qu'il faisait, mais était revenue dans sa tête en même temps que toutes les autres, claire comme si c'était la dernière chose qu'il avait fait de la journée.

Elle retira sa main de sa joue, mais Richard garda celle de Carys dans la sienne. Aucun d'entre eux ne s'était reculé et ils étaient donc encore très proches l'un de l'autre. Assez pour que Richard puisse apercevoir la couleur exacte des yeux de Carys, assez pour qu'il n'ai qu'à se pencher pour cueillir ses lèvres comme il en crevait d'envie, assez pour qu'il sente son odeur si délicate. Il se souvenait de cette odeur. Elle lui donnait envie de fermer les yeux et de plonger son nez dans ses cheveux pour mieux en capter toutes les fragrances, de redessiner la courbe délicate de son cou en y semant des baisers, de la serrer contre lui pour qu'elle ne s'en aille plus... Cependant pour le moment il ne pouvait que se contenter d'inspirer discrètement pour respirer son odeur.

-Tu n'as pas besoin de souffrir. Je ne te ferais plus souffrir, tu peux me croire. Tu dois me croire.

Il leva la main de Carys et la posa sur son cœur qui s'emballait légèrement à cause de ce geste. Il voulait qu'elle le sente battre, qu'elle sache qu'il existe. Qu'il pouvait l'aimer. Qu'il l'aimait.

-Tu le sens ? demanda-t-il sans la quitter des yeux, à voix basse.Il bat vite. Il a toujours battu vite quand tu étais là. Il ne survivrait pas si jamais je te faisais du mal, et moi je ne pourrais pas vivre avec ça encore une fois. On est pas obligé de souffrir. Tu n'es pas obligé de souffrir.

Son regard se fit plus pénétrant, plus intense. Il voulait sonder son âme et y trouver le pardon. Il voulait se perdre dans ses yeux et ne pas avoir à se retrouver. Il ne voulait pas penser à la façon dont il quitterait cette pièce, parce que ça signifierait la quitter elle, et il ne savait pas encore s'il pourrait la revoir après ça, si elle lui en laisserait l'autorisation. Il désirait plus que tout qu'elle l'accepte à nouveau, qu'elle lui prouve que leur amour n'était pas mort et qu'il pourrait renaître de ses cendres comme la vie qui refleurissait, plus belle, purgée de ses défauts, après un grand incendie.

Sans vraiment être sûr de ce qu'il faisait, mais étant bien plus vrai qu'il ne l'avait jamais été avec elle, Richard se pencha doucement sur Carys, répondant à cette envie, ce besoin profond qu'il avait de joindre encore ses lèvres aux siennes après ces deux années passées à ne plus la connaître, à ne pas la regarder, à l'éviter complètement.

-Fais moi confiance, Carys, chuchota-t-il, tout près d'elle. Il pouvait sentir son souffle contre son visage à présent, les yeux mi-clos, sa bouche semblant l'appeler alors que ses deux complices le poussait au crime. Tu n'auras pas à le regretter. Rien ne compte plus que toi.

Enfin, il acheva son geste et l'embrassa, tendrement, sa main toujours sur son cœur qui tressaillit lorsqu'ils se rejoignirent. Il serra un peu plus sa main dans la sienne. Elle aurait pu être posé directement sur son organe vital que ça n'aurait pas fait de différence tant il avait l'impression d'être lié à elle par ce simple contact qu’approfondissaient leurs lèvres scellées. Ce baiser resta chaste, simple caresse légère comme une plume, douce comme la soie, mais qui avait bien plus de signification que n'importe lequel des derniers baisers qu'il avait échangé avec qui que ce soit. Son autre main se posant sur sa taille sans chercher à l'attirer à lui, se contentant d'être là, présence aérienne mais présence quand même.

Il ne savait pas si ce baiser allait durer, craignant qu'elle ne rompe le baiser, qu'elle ne le repousse, qu'elle ne s'enfuit en courant en lui disant qu'elle ne voulait plus de ça, plus avec lui, plus jamais, qu'il allait trop loin et qu'elle regrettait tout, tout dans cette discussion, tous les souvenirs qu'ils avaient en commun, qu'elle aurait du elle même boire cette fichue potion pour ne plus rien avoir à faire avec lui.

Craignait qu'elle ne l'aime tout simplement plus.

Carys Ҩ Richard

How much more do I have to hurt to see your heart ? I wanted to tell you but tears are welling up. This is what I'm telling you, I only wait for you, because I love you. Because I couldn't hold on to you, because I could'tn stop. There are so many traces of you... Because to me it's you, I want you desperately to death. Because it’s only you, whatever it takes, I need to wait. So will you please take a step closer to me? You know that I only have you, please don’t leave me alone...

Il n'avait pas lâché sa main. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il ne le faisait pas ? Il avait dit que c'était du passé tout ça. Il avait même fait en sorte de tout oublier, pas avec le temps, en passant par un quelconque sortilège ou potion. C'était fou, c'était complètement fou, et ça aurait pu être dangereux aussi, il s'était donné tant de mal pour l'oublier et maintenant il ne voulait plus. Pourquoi ?

Richard s'approcha, trop près, un peu trop près pour être raisonnable, sans la quitter des yeux. Carys n'eut même pas le réflexe de reculer et ne sembla se rendre compte que maintenant que ses mains étaient devenues moites, et que l'une d'entre elles était dans celle du Serpentard. Elle se souvenait des ces jours insouciants où ils se tenaient la main le plus naturellement du monde pour se balader et à quel point ça ne la dérangeait pas. Est-ce que ça la dérangeait maintenant ?

Il disait qu'il ne la blesserait plus, et qu'elle devait le croire. Est-ce qu'il lui demandait une deuxième chance ? Et est-ce qu'elle serait prête à la lui donner ? Il lui avait fait tellement de mal. Même si elle n'avait jamais pleurer leur rupture, elle avait eut l'impression d'agoniser chaque fois qu'elle le voyait, et pire quand il était en train de séduire une autre fille, mais elle se faisait violence, elle se faisait violence pour ne pas pleurer justement, ne pas verser une seule larme, ne pas lui donner une raison de croire qu'elle était pathétique. Et parce qu'elle était persuadée que chacun de ses mots étaient vrais, qu'elle le savait pertinemment. Elle avait été une idiote de croire à tout ça et il n'avait fait que lever le voile du doute qui la hantait sans cesse depuis le début de leur relation. Qu'elle n'était juste pas assez bien pour qui que ce soit.

« Pourquoi je devrai faire ça. En quoi aujourd'hui serait différent d'il y a deux ans ? »

Elle le toisait durement, incertaine. Carys ne voulait pas à nouveau se faire avoir comme une idiote, elle voulait changer, ne plus jamais être rabaissée à nouveau ou être considérée une une imbécile faiblarde et peureuse.

Il guida sa main jusqu'à son coeur. Elle le laissa faire, incrédule, se demandant où il voulait en venir. Et elle sent. Elle sent ses pulsations irrégulières, ces battements saccadés qui la troublait plus que jamais. Mais non, elle ne devait pas se laisser avoir, pas comme ça, pas encore. Elle devait se resaisir, c'était peut-être un autre de ces tours, contrôler les battements de son coeur, c'était possible après tout. Peut-être. Elle ne savait pas, elle ne savait plus.

Carys laissa ses mots glisser jusqu'à ses oreilles, souffler sur son visage, pour finalement fondre sur ses lèvres. Elle n'avait même pas calculer, au début, ce qui était en train de se passer. C'était tellement léger et doux qu'on aurait dit une illusion, un rêve, qui se briserait si elle avait le malheur de bouger d'un millimètre. Pourquoi est-ce qu'elle se sentait à la fois si triste et... nostalgique ? Elle se rappelait des fois où ils s'étaient embrassés de cette façon, de comment sa main venait se perdre dans ses cheveux chaque fois qu'elle répondait, comme elle était en train de le faire maintenant.

Mais combien de filles est-ce qu'il avait embrassé de cette façon ? Combien de filles avait-il séduit juste pour faire ce simple geste qui représentait tant pour elle. Combien en avait-il touché comme il l'avait touché et comme il ne l'avait jamais touché ? Combien en avait-il embobiné avant elle ?

Carys s'écarta tout à fait, brusquement, brisant la magie. Quelle magie ? N'importe quoi ! Il se moquait d'elle, elle venait encore de se faire avoir. Idiote, idiote, idiote ! Elle était furieuse, furieuse contre lui, furieuse contre elle même. Elle avait peur. Elle était perdue. Elle lui en voulait terriblement pour ce qu'il l'avait fait, et elle s'en voulait encore plus de l'avoir laissé faire.

« Je ne suis pas venue pour ça.»

Pourquoi est-ce qu'elle était venue déjà alors ? Ah oui, il avait oublié, tout oublié, et elle voulait le lui rappeler. Pourquoi déjà. Oh oui, lui expliquer pourquoi elle était si froide avec lui. Eh bien c'était plutôt raté. Qu'est-ce qu'elle était censée faire maintenant ? Rien, absolument rien ne s'imposait dans son esprit. Elle devait le croire. Ou elle ne devait pas ? Pourquoi est-ce que c'était aussi compliqué ! Ou peut-être était-ce justement trop simple. Elle ne savait pas, elle ne savait rien. Dans son besoin de savoir, de connaître la vérité, d'y voir clair, elle sorti sa baguette et la pointa vers Richard.

« Legilimens»

Il n'avait pas intérêt à la décevoir encore une fois.

Pendant quelques secondes, l'instant fut parfait. Il tenait Carys contre lui, leurs lèvres jointes dans un baiser qui ne laissait pas de place au doute pour Richard. Il l'embrassait comme il l'avait fait ce jour là, au bord du lac et elle lui répondait avec autant d'hésitation et de timidité qu'alors. Cependant, tout s'arrêta lorsqu'elle le repoussa, les arrêtant brusquement. C'était un rejet pour Richard, un rejet qui le blessait plus qu'il ne l'aurait cru. Elle le dévisageait avec fureur et sa voix claqua dans l'air, dure comme un fouet, sanglant son esprit et son cœur.

Elle pointa sa baguette sur lui. Il ne dégaina pas la sienne.

Le sort le frappa de plein fouet, mais il ne pu s'empêcher de ressentir de la satisfaction lorsqu'elle pénétra son esprit. Elle voulait tout savoir ? Elle allait tout savoir. Ensuite elle ne douterait plus de lui. Il ne résista pas lorsqu'elle fouilla son esprit, disséquant son cerveau, ouvrant son cœur, cherchant des failles qu'elle ne trouverait pas. Il ne lui cacha rien de ses sentiments pour elle, tendres, sincères, sans tâches, comme lorsqu'ils étaient ensemble, comme lorsque tout allait bien entre eux.

Je veux que tout aille bien entre nous. Je veux que tu m'aimes comme moi je t'aime. Comme tu m'as aimé.

Il ne savait pas combien de temps l'examen allait durer, mais malgré sa bonne volonté, Richard ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise. Pas parce qu'il avait peur qu'elle découvre quelque chose de mal. Il n'avait rien à lui cacher. Simplement parce qu'elle était tout de même dans sa tête et que l'exercice était perturbant. Son esprit relevait du domaine du privé et si jamais ça n'avait pas été un cas de force majeur, sans doute aurait-il été tenté de lutter contre cette intrusion.

Pourtant il ne le fit pas. Carys avait besoin de preuves et il allait lui fournir des preuves. Toutes les preuves qu'elle voulait. Il n'avait qu'une idée en tête : la reconquérir. Il voulait retrouver la place autrefois occupée par lui dans son cœur, pas pour la jeter ensuite, pas pour jouer un instant avec elle avant de passer à autre chose, mais parce qu'elle était devenue soudainement indispensable à son bonheur et qu'il voulait être la cause du sien. Qu'elle ne pense qu'à lui pendant que lui-même ne pensait qu'à elle.

Richard se demanda l'effet que ça faisait de lire les pensées de quelqu'un, de pouvoir fouiller l'esprit, l'âme, le corps de cette personne sans qu'elle ne puisse rien faire à part elle-même revoir tout ce que l'autre souhaitait savoir. Ça devait être au moins aussi perturbant pour elle que pour lui d'être dans un cerveau étranger au sien, d'avoir accès à tout et de devoir se retenir de regarder tout ce qui n'était pour le moment pas important pour eux. Il n'était pas sûr de voulait savoir, il avait trop peur de se perdre dans l'esprit de l'autre, comme il avait eu peur de rester prisonnier de la pensine.

Enfin, le sort se rompit et Richard du se retenir à la pensine pour ne pas tituber. Il avait l'impression qu'on venait de le retourner de l'intérieur, ce n'était pas une sensation agréable. Il l'imaginait sans doute. Peut-être qu'il n'en était rien et qu'il se contentait d'imaginer cette mauvaise impression suite à un examen pointilleux sur tout ce qui touchait à ses sentiments pour elle. Laissant échapper un petit rire un peu nerveux après ce qu'il venait de vivre, il passa une main dans ses cheveux pour les remettre en arrière et chercha le regard de Carys.

-Est-ce que je t'ai convaincu ? demanda-t-il en se doutant de la réponse.

Il appréhendait tout de même. Et si elle ne croyait même pas ce qu'elle avait vu ? Et si elle avait trop peur pour lui laisser sa chance ?

Carys Ҩ Richard

How much more do I have to hurt to see your heart ? I wanted to tell you but tears are welling up. This is what I'm telling you, I only wait for you, because I love you. Because I couldn't hold on to you, because I could'tn stop. There are so many traces of you... Because to me it's you, I want you desperately to death. Because it’s only you, whatever it takes, I need to wait. So will you please take a step closer to me? You know that I only have you, please don’t leave me alone...

Carys fut déjà rassurée qu'il se laisse faire. C'était désagréable de lutter pour fouiller dans les esprits ou les souvenirs de quelqu'un, elle l'avait déjà fait et les conséquences ont toujours été désastreuses. Elle maîtristait presque entièrement l'art de la légilimancie maintenant, mais ça n'en restait pas moins assez éprouvant puisqu'elle n'utilisait pas son don si souvent que ça. Elle allait voir, elle aller enfin juger, dans sa vérité nue, ce qu'il pense, ce qu'il ressent. Pas de mensonge cette fois, pas de cachotteries, c'était impossible.

Elle ne savait pas ce qu'elle s'attendait à voir pourtant. En revanche, elle savait ce qu'elle ne s'attendait pas à voir. Qu'il l'aime, ça, c'était la dernière chose dont elle se serait douté. Il voulait qu'elle revienne vers lui comme il était en train de revenir vers elle. Elle pouvait ressentir le malaise qu'il avait à la laisser pénétrer dans son esprit, mais qu'il n'avait rien à lui cacher. Rien d'intentionnel tout du moins. Elle sentait la détermination qu'il avait pour la récupérer, et l'angoisse qu'il avait à l'idée qu'elle le rejette cette fois. Elle voyait qu'il voulait la rendre heureuse et qu'elle-même le rende heureux il la voulait elle, en toute innocence, en toute honnêteté. Elle revivait ce sentiment de violence qu'il avait eut pour ne pas retourner dans cette salle ce jour là, et comment il lui criait intérieurement de le rattraper pour l'empêcher de partir. Elle l'entendait lui demander de l'aimer comme il l'aimait.

Richard l'aimait. Encore. Toujours.

Carys ne comprenait pas. Peut-être était-ce simplement motivée par le fait qu'elle ait été son premier et son dernier vrai amour. Elle avait beau chercher, elle ne voyait pas, la seule chose qui s'imposait dans son esprit — dans celui de Richard, c'était qu'il l'aimait à un point que ça lui faisait mal de voir qu'elle hésitait tant, avec un envie furieuse de fuir loin de lui.

Mais elle, elle ressentait quoi ?

Elle rompu le sortilège. Carys en avait assez vu, elle le croyait. Que pouvait-elle faire d'autre ? Elle ne pouvait pas nier l'amour qu'il avait pour elle, aussi fou que ça puisse paraître, aussi désespérant que c'était. Elle recula pour s'adosser contre un mur, ayant légèrement le tournis. Fatiguée aussi, entre la pensine, les révélations et la télépathie.

« Oui. »

Il ne pouvait pas en être autrement. Elle était convaincue, peu importe si on lui disait qu'elle était stupide de le croire, elle, elle savait ce qu'elle avait vu, entendu, lu, ressenti. Et pourtant elle ne savait toujours pas quoi faire.

« Mais... »

C'était déjà ça. Il y avait un "mais".

« Tout comme tu as essayé de m'oublier, j'ai cherché à le faire aussi. De manière un peu moins radicale que la tienne...»

Un peu, c'était un euphémisme. Elle avait juste choisi un processus nettement plus lent et contraignant qu'une potion d'oubli. En se refermant d'avantage sur elle-même pour ne pas risquer de se faire duper à nouveau, en fuyant dès qu'elle voyait quelqu'un arborant les couleurs de Serpentard, n'accordant sa confiance qu'à de rares, très rares personne.

« Mais j'ai réussi. Je crois. Je ne suis plus amoureuse de toi. Ou en tout cas, ce que je ressens pour toi maintenant ne ressemble pas à ce que j'éprouvais pour toi il y a deux ans.»

Alors pourquoi tu as répondu à son baiser, idiote.

« Tu m'as blessée plus que n'importe qui. Et ça, c'est quelque chose que je n'ai jamais pu oublier, en revanche. »

Même Ben Whitsett et son Diffindo ne l'avait pas faite plus souffrir que les paroles de Richard dans la salle des armures. Parce que le Gryffondor n'avait jamais été proche d'elle, il ne l'avait jamais aimé et ne l'avait jamais caché. Richard l'avait embobiné, il s'est rapproché d'elle pour les mauvaises raisons, et il s'est servi de tout ce qu'elle lui avait dit pour mieux lui faire du mal. Et même si c'était justement le but, qu'elle le déteste, ses mots avaient été marqué aux fers rouges dans son esprit. Une marque plus présente que leur histoire.

« Je... Je ne sais pas quoi faire. »

Toute cette histoire n'avait servi à rien, elle ne savait toujours pas quoi faire. Carys avait toujours été comme ça, indécise. Elle récidivait, elle faiblissait encore. C'était mauvais.

Oui. Un mot, un seul. Pourtant il valait tout une encyclopédie pour lui. Elle le croyait. Elle était entrée dans son esprit et y avait découvert qu'il ne lui mentait pas, que sa sincérité était établie. Est-ce que cela voulait dire qu'elle allait lui laisser une chance ? Qu'elle lui pardonnait ? Pourrait-elle un jour lui pardonner pour ce qu'il avait fait ? Il l'espérait. Il espérait au moins qu'elle comprenne. Il voulait la prendre dans ses bras à présent. Rattraper le temps perdu. Ne plus être sans cesse à la recherche de quelque chose qu'il venait tout juste de retrouver. Il fit un pas vers elle.

Pourtant il y avait un ''mais'', et ce ''mais'' le fit s'arrêter alors qu'il allait faire un deuxième pas dans sa direction. Ils étaient si proches, alors pourquoi sentait-il comme un fossé creusé entre eux ? Ça ne devait pas se dérouler comme ça, il ne devait pas ressentir une telle chose. Il devrait être rempli de félicité, se sentir entier, totalement, mais il y avait ce ''mais'' et ce ''mais'' gâchait tout. Elle avait aussi cherché à l'oublier. Oui, il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça après ce qu'il avait fait. Elle avait voulu le faire sortir de sa vie comme lui-même l'avait éjectée de la sienne.

La suite de ce qu'elle dit fut pas constituée de mots, mais bien de poignards, de poignards à lames incurvées pour pouvoir lui causer le plus de dégât possible en s'enfonçant dans sa chaire, dans son cœur. Elle avait réussi. Elle n'était plus amoureuse de lui. Richard accusa le choc, ayant l'impression que le fardeau d'Atlas tout entier venait de s'effondrer sur ses épaules.

Qui permettait ça ? Comment ? Pourquoi ? Est-ce qu'ils ne seraient jamais heureux ? Est-ce que la seule façon pour eux d'être ensemble serait de se souvenir ? Les instants de bonheur innocents volés à un pari honteux, monstrueux seraient-ils les seuls qu'ils partageraient jamais ? Des souvenirs faux ? Teintés d'une amertume sans fin et d'un regret éternel des deux côtés de la même pièce qu'ils formaient ? Richard pouvait-il laisser faire ça ? Pouvait-il vraiment se dire que maintenant qu'il se souvenait, il lui fallait oublier à nouveau, d'une façon naturelle cette fois ?

Non. Il ne le permettrait pas.

Son visage se ferma, son expression devenant plus dure, plus sérieuse. Il dévisagea Carys avec détermination. Elle n'était pas uniquement un objectif. Elle était le seul qui semblait vraiment en valoir la peine au milieu de tous les autres. Il lâcha la pensine et s'approcha à nouveau.

-Comment est-ce que tu peux affirmer une chose pareille ? Si tu ne ressens pas la même chose que moi, pourquoi continuer à m'écouter parler, pourquoi avoir fouillé dans mon esprit ? Il t'aurait suffit de marcher jusqu'à cette porte en me disant que c'était fini, que je ne valais plus rien à tes yeux, mais tu es restée.

Il lui prit la main sans desserrer l'étau de son regard sur le sien, ses yeux s'adoucissant tout de même légèrement.

-Si tu ne m'aimes plus, pourquoi me laisser te toucher ? Pourquoi est-ce que tu n'as pas reculé ? Pourquoi est-ce que tu as laissé ta main sur mon cœur ?

Il reposa la main de Carys sur son torse, plus pour qu'elle le touche que pour autre chose désormais, souhaitant simplement sentir ses mains sur lui.

-Si tu ne m'aimes vraiment plus, pourquoi est-ce que tu ne me repousses pas ? Pourquoi avoir laissé ta main dans la mienne pendant qu'on regardait mes souvenirs ?

Il leva son autre main et la posa sur le cou de Carys, son pouce caressant sa joue. En même temps, il se pencha à nouveau, comme pour l'embrasser une fois encore.

-Si tu ne m'aimes pas, pourquoi est-ce que tu as répondu à mon baiser ? murmura-t-il simplement. Pourquoi est-ce que tu hésites ?

Carys Ҩ Richard

How much more do I have to hurt to see your heart ? I wanted to tell you but tears are welling up. This is what I'm telling you, I only wait for you, because I love you. Because I couldn't hold on to you, because I could'tn stop. There are so many traces of you... Because to me it's you, I want you desperately to death. Because it’s only you, whatever it takes, I need to wait. So will you please take a step closer to me? You know that I only have you, please don’t leave me alone...

Carys leva à peine les yeux vers Richard quand il s'approcha à nouveau. Son regard avait l'air différent de tout à l'heure, mais ça ne la rassurait pas vraiment. Là où il essayait d'être tendre, déterminé et désolé, il était maintenant sérieux, presque froid. C'était assez... intimidant, voilà. Il lui demandait comment elle pouvait être aussi sûre de ses sentiments, et pourquoi elle restait là à l'écouter au lieu de partir. Elle fronça les sourcils. C'était par... politesse non ? C'était elle qui l'avait amené ici, ça n'aurait pas été correct de s'en aller comme ça.

Non, bien sûr que non, ça n'a rien à voir avec ça. Elle aurait pu partir oui, si elle le voulait. Pourquoi est-ce qu'elle ne l'avait pas fait alors ? Parce qu'elle ne le voulait pas ? Si. C'est ce qu'elle voulait non, laisser le passé derrière elle, changer, grandir, chasser ses démons, elle était censée sortir de cette salle plus forte, après avoir dit ses quatre vérités à cet homme qui l'avait détruite.

Peut-être était-ce pour ça qu'elle était restée. Elle ne se sentait pas plus forte. Pas du tout.

Il lui prit à nouveau la main pour la poser à nouveau sur lui. Elle sent encore les pulsations saccadées de son coeur sous sa paume, si perturbants. Perturbants et perturbés. Il continue de l'assaillir de questions auxquelles elle ne peut pas répondre. Elles tourbillonnent dans sa tête en cherchant une réponse, une solution, alors qu'il continue de se rapprocher.

Carys brise à nouveau le contact. Elle ne peut plus reculer, étant contre le mur, mais elle se détourne de lui en un quart de tour, évitant son regard, entourant ses bras autour d'elle-même, crispée.

« Je ne sais pas, d'accord ?! Je n'en sais rien du tout ! »

Elle avait besoin de réfléchir, seule, au calme. Elle n'était pas censée hésitant pourtant, la réponse aurait du être un non catégorique. Elle se met à parler plus vite.

« Tu me demandes comment je peux être sûre de mes sentiments. Je n'en suis pas sûre, tout ce que je sais c'est que tu es différent de la personne que j'ai aimé — que j'ai CRU aimer, je ne sais pas jusqu'à où tu étais sincère ou pas ce jour là, si tu étais aussi gêné et embarrassé naturellement ou si c'était un jeu, mais tu n'es plus comme ça. Regarde toi. »

Carys fit quelques pas en avant et se retourna en le regardant de haut en bas.

« Tu as changé, d'une façon que je n'aime pas.»

Et elle ne parlait pas de son physique. Les cheveux longs, c'était autre chose. C'est son attitude, son orgeuil qui semblait avoir doublé, sa façon de traiter les filles et de leur courir après, cette manie de les déshabiller en duel. Non, elle détestait ça.

« Alors oui, tu es sincère, je veux bien le croire. C'est parce que tu penses que je n'ai pas changé depuis deux ans. Mais c'est le cas. Et si je n'aime pas la façon dont tu as changé, il se peut très bien que tu n'aimes pas la façon dont moi j'ai changé. »

Si elle n'avait aucune réponse à ses questions, si elle hésitait autant, c'est parce qu'elle essayait d'être raisonnable, de s'assurer par tous les moyens possibles qu'elle ne risquait rien, de ne pas retomber dans le piège. De ne pas être déçue ou blessée encore une fois.

Comment est-ce qu'il pouvait lui garantir ça ?

Richard ne résista pas lorsqu'elle voulu rompre le contact. Il n'allait pas la forcer, ce n'était pas son intention, ni son genre. Il voulait qu'elle revienne vers lui, mais il avait peur qu'elle ne puisse pas retrouver ses sentiments. Si jamais elle sortait d'ici sous prétexte qu'elle devait réfléchir et qu'elle finissait par admettre qu'elle ne l'aimait plus assez pour ça, comment réagirait-il ? Richard avait toujours eu peur de se faire rejeter, c'est pour ça aussi qu'il ne draguait jamais qu'une seule fille à la fois. Ça pouvait paraître dangereux, mais au moins il en gardait sous le coude s'il se faisait repousser et ça avait moins d'impact sur lui.

Mais Carys... certes, il y avait encore des filles qu'il draguait en ce moment même, comme par exemple cette Poufsouffle avec qui elle semblait bien s'entendre, ou bien la demi-vélane de sa maison, cependant son rejet le dévasterait tout autant qu'il s'était lui-même dévasté il y avait deux ans. Il ne voulait pas qu'on le repousse, il avait peur, mais il ne voulait pas qu'elle le voit avoir peur, il ne voulait pas qu'elle le trouve faible et pitoyable. Il avait changé, c'était vrai, mais il restait toujours le même sur un point : il avait peur de l'indifférence des autres, peur d'une façon maladive et plus il aimait la personne, plus cette indifférence le rendait mal. C'était pour ça qu'il mourrait à petit feu dès qu'il voyait sa cousine et qu'il ne pourrait pas supporter que Carys ne se détourne de lui. Il savait qu'elle ne le détesterait pas, en revanche elle pouvait décider qu'il n'avait plus rien à faire dans sa vie et l'en faire sortir, certes en douceur, mais de la pire manière qui soit pour lui. Il préférait encore qu'elle la haïsse.

-J'ai changé oui, en deux ans c'est inévitable. Tu prétends ne pas aimer ce que je suis devenu, mais tu ne le sais pas réellement. Je suis un type bien Carys ! Je peux l'être ! Demande à ma tante Holly ! Demande à Astrid ou demande à Dylan, ils savent tous qui je suis vraiment même si Astrid refuse de l'admettre.

Il glissa une main sur sa nuque, les sourcils froncés, contrarié de ne pas réussir à lui faire comprendre ce qu'il voulait. Lui qui avait toujours réponse à tout, pourquoi est-ce qu'il ne réussissait pas à trouver les mots maintenant que c'était vraiment important ? Peut-être était-ce justement parce que ça l'était, important. Il ne pouvait pas jouer au plus malin avec Carys car elle se braquerait, deviendrait méfiante et c'était l'effet inverse qu'il cherchait. Il soupira de frustration et alla s'appuyer à deux mains sur la bassine à souvenirs, plongeant son regard à l'intérieur et captant des extraits de leur vie.

-Peut-être que je suis aussi faux que tu le prétends, avec les autres en tout cas. Il se redressa et se tourna vers Carys. Mais pas avec toi. Je n'ai jamais dit ''je t'aime'' à personne après toi, parce que je n'ai jamais aimé personne à part toi. Tu as peut-être changé, mais ça ne me fait pas peur. Je ne crois pas au grand amour, ça n'a aucun sens pour moi. La seule chose en laquelle je crois ce sont les sentiments que j'éprouvais pour toi à ce moment-là et que j'éprouve encore en te voyant. Je crois que tu ne te rends pas compte de l'impact que tu pourrais avoir sur moi. Tu ne fais ressortir que mes bons côtés et je suis sûr que tu n'as pas assez changé pour souhaiter les faire disparaître pour toujours, donc je sais que ça sera toujours le cas.

Il détourna le regard de la pensine et le porta à nouveau sur Carys.

-Tu as changé. C'est vrai. Je m'en suis déjà aperçu. Tu n'es plus exactement la fille timide et anxieuse que j'ai rencontré en cinquième année. Tu as prit de l'assurance, j'ai pu le voir quand tu as défié ton propre préfet en duel, ou quand tu m'as traîné dans cette salle pour me rendre mes souvenirs. Ça ne me déplaît pas, au contraire. Laisse-moi ma chance. Laisse-moi te prouver que je peux revenir dans ta vie sans te blesser, que je peux t'aimer sans que tu souffres, et qu'on peut avoir une histoire qui ne finira pas mal.

Il lui tendit la main pour qu'elle s'approche et la prenne, l'air à la fois résolu et suppliant.

-Mais il faut que tu saches que si tu refuses aujourd'hui, je reviendrai demain. Si tu refuses demain, je reviendrai après demain et je continuerais jusqu'à ce que tu acceptes, jusqu'à ce que tu ne puisses plus douter une seule seconde que si je fais ça c'est pour toi, peu importe que tu aies changé ou pas. Je ne veux que ton bonheur, certes, mais je veux que ton bonheur, ça soit moi qui te le donne et je veux que tu me donnes le mien.

Carys Ҩ Richard

How much more do I have to hurt to see your heart ? I wanted to tell you but tears are welling up. This is what I'm telling you, I only wait for you, because I love you. Because I couldn't hold on to you, because I could'tn stop. There are so many traces of you... Because to me it's you, I want you desperately to death. Because it’s only you, whatever it takes, I need to wait. So will you please take a step closer to me? You know that I only have you, please don’t leave me alone...

Carys refusa toujours de le regarder, fixant une dalle aléatoire de la salle. Elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel en secouant la tête quand il affirma être quelqu'un de bien, usant de sa famille comme preuve. Séduire la moitié des filles de Poudlard sans jamais chercher au moins une histoire sérieux, ça n'était pas bien. Quelqu'un qui se reposait sur ses lauriers sous prétexte qu'il se croyait le meilleur partout et par rapport à tout le monde n'était pas bien. Déshabiller les gens en duel, ce n'était pas bien ! Dieu seul sait quels autres méfaits il accomplissait.

Elle lutta pour ne pas se boucher les oreilles quand il continua à parler, crispant d'avantages ses mains autour de ses bras. Elle sentait qu'il la regardait de nouveau et elle tourna encore plus la tête dans le sens opposé et dégagea son front en passant ses mains dans ses cheveux nerveusement. Elle ne pouvait pas rester insensible au fait qu'il ne lui ait réellement réservé de "je t'aime" qu'à sa personne. Elle savait qu'il disait vrai, elle l'avait vu. Et pourtant il s'enfonce en disant qu'il ne croyait pas au grand amour. Dans ce cas qu'est-ce qu'elle était ? Si elle était confuse par rapport à ses sentiments, lui non plus n'avait pas l'air très clair.

« Si ça se trouve c'est qu'un effet de la potion que tu as bu. Tu étais censé oublier et maintenant que tes souvenirs sont revenus, tes sentiments aussi. Ils vont s'évaporer d'ici là. »

Excuse minable, mais pas impossible. On ne sait pas ce qu'il a mit dedans, peut-être qu'il ne s'en souvenait même plus ! Quel imbécile d'avoir joué au petit chimiste pour une histoire pareille ! Et Rick qui continue à lui demander une deuxième chance. Non, elle ne devait pas se faire avoir, pas encore. Mais il était sérieux non, il était sincère cette fois ! Oui et alors ? C'était une raison pour lui donner une seconde chance ? Il avait changé, en mal. Pas vraiment en mal. Juste en quelque chose qui ne lui plaisait pas. Qu'est-ce qui se passera s'il finissait par se lasser et que elle non ? Non, ça ne pouvait pas se passer comme ça.

Quand Carys se tourna vers lui, il lui tendait la main. Richard lui disait qu'il ne lâcherai pas l'affaire même si elle refusait. Il était tenace, elle le savait, il avait cette habitude pour obtenir une fille qu'il convoite. Mais Carys n'était pas n'importe qui, elle n'était plus n'importe qui.

Elle se décrispa et le fixa avec une expression indéchiffrable.

« Prouve-le. »

Et sur ces deux mots, elle tourna les talons et quitta la pièce.

Non, Carys n'était plus n'importe qui. Carys avait des crocs, Carys avait des griffes. Carys était brave, Carys était fière. Carys était lionne, Carys était reine.

Et Richard, Richard était bien bas.

 

Elle ne le regardait pas, mais Richard sentait que chacun des mots qu'il lui adressait la touchait. Elle ne semblait pas dédaigneuse, elle ne semblait pas en colère. Elle semblait perdue, presque apeurée, ne voulait pas le croire ou craignant de le faire. Bien sûr il l'avait faite souffrir. Bien sûr elle n'oublierait pas les tords comme ça. Cependant Richard ne souhaitait pas lui faire oublier. Il voulait qu'elle se souvienne, qu'elle repense à ses sentiments pour lui, que toute cette discussion tourne dans sa tête, sans cesse, sans pause, qu'elle ne puisse penser qu'à lui, jusqu'au moment où elle comprendra que la seule chose à faire était de revenir vers lui, dans ses bras, dans sa vie et de recommencer ce qu'ils avaient avant, en plus fort, en plus authentique et en plus réel.

Richard eut un petit rire de gorge lorsqu'elle parla d'un potion qui pourrait effacer ou faire revenir les sentiments. Ça n'existait pas, à la rigueur on pouvait travestir des sentiments, mimer des sentiments, mais pas les faire revenir. Richard n'était pas sous l'effet d'un souvenir trop puissant qui lui ferait revivre des émotions enfouies tout au fond de lui avant de les laisser faner lentement. Richard était sujet à quelque chose de réel qu'il n'avait visiblement fait que retenir et qui désormais s'exprimait plus fort que jamais.

-Rien ne va s'évaporer. Je te le prouverais.

Elle se tourna vers lui, le regard indéchiffrable, semblant enfin se détendre un peu. Allait-elle prendre la main qui lui était tendue ? Le cœur de Richard s'emballa à cette idée, l'idée qu'il pourrait avoir une nouvelle chance avec elle sans avoir à se battre. Ça pourrait être facile pour une fois, tellement facile. Ils pourraient se contenter d'être heureux ensemble. Ça pourrait fonctionner. Rien ne les en empêcherait, il était libre et elle l'était aussi après tout. Ils n'avaient pas de responsabilité, sa famille serait heureuse de le voir enfin casé, celle de Carys... devrait faire avec et elle même ne serait plus blessée par personne. Il serait là pour elle.

Cependant la belle dédaigna sa main et d'un air impérial, elle le fixa,  puis ne lui accorda que deux mots avant de sortir de la pièce, la tête haute, la démarche royale, l'air insupportablement supérieur des Gryffondor plaqué sur le visage. Ces deux mots auraient pu être la fin de tout pour Richard. La façon dédaigneuse dont elle avait ignorer son nom aurait pu signer l'arrêt définitif de tout espoir, de toute possibilité d'accéder au bonheur avec elle. Ils auraient pu le détruire.

Richard serra le poing et l'abaissa lentement, le regard fixé sur la porte qu'elle venait de sortir. Cependant, ni la tristesse ni l'abattement ne venaient troubler ses traits. Il n'y avait point non plus de désespoir, pas plus que de la résignation. À la place, un léger sourire éclairait son visage. Il s'approcha de la pensine, songeur, et regarda défiler les souvenirs qui y tournaient avant de récupérer les siens. Ils étaient précieux pour lui désormais. Ils ne devaient plus disparaître.

Carys ne lui avait pas asséné de refus. Elle ne l'avait pas non plus rejeté. Au contraire. Ce que Richard voyait dans ces deux simples mots était une invitation à s'accrocher, à tenter sa chance une nouvelle fois et à ne surtout pas la gâcher. Richard s'écarta de la bassine de pierre et regarda à nouveau la porte d'un air calculateur. Carys n'était pas n'importe qui, il allait devoir s'appliquer et prendre des mesures pour lui prouver son envie d'être à nouveau avec elle, mais aussi des mesures pour se protéger contre elle. Il n'aimait pas la façon si simple dont elle pouvait disposer de son esprit. Devenir occlumens serait donc un bon début. Ensuite il allait devoir cesser de draguer d'autres filles. La partie la plus délicate du plan. Sans compter les grands protecteurs de la Gryffondor qui s'étaient tous retrouvés à l'infirmerie en même temps qu'eux. Ils n'allaient pas être ravis de les voir se rapprocher. Peut-être qu'en laisser un le tabasser serait une bonne idée pour qu'elle le prenne en pitié et décide de passer plus de temps avec lui ? Sans doute. Il verrait au moment venu.

Richard sortit de la salle à son tour, perdu dans ses pensées, mais l'esprit tranquille. Il venait enfin de la trouver. La bonne raison de se battre pour quelque chose.