Être sorcier dans le Londres magique, c'est vraiment tranquille... Sauf lorsque trois frères, les Bumblebee, décident de révolutionner le monde magique en proposant trois idées qui s'opposent : révéler les sorciers aux moldus, intégrer les créatures à la société, ou tout laisser en l'état en se méfiant bien des deux autres. Le monde magique anglais est en ébullition à mesure que les trois candidats s'opposent, laissant un peu leurs charges respectives à l'abandon au profit de leur campagne. C'est ainsi qu'à Poudlard, un joyeux bazar règne souvent en l'absence du directeur, et que les créatures de tous poils envahissent peu à peu les villes sorcières pour le meilleur comme pour le pire !
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why don't you save me ─ Caesius

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Lun 22 Juil - 17:59
Cela faisait cent quarante-six jours.
Cent quarante-six jours qu’il était mort aussi – qu’il paraissait un peu trop vivant pour ce qu’il avait dans les tripes : du vent. Du vide, du silence, de l’absence. Une douleur si immense qu’elle avait anesthésié ses pleurs, qu’elle avait coulé sur son corps comme une seconde peau. Il avait oublié qu’il avait mal – cela faisait cent quarante-six jours qu’il souffrait le martyre.
Une douleur si immense qu’il ne saurait comment souffrir davantage. Aucune autre épreuve ne serait aussi abominable.

L’existence toute entière lui semblerait moins difficile – elle n’était rien à côté de ça. Elle ne valait pas même la peine d’être abandonnée : elle n’était que vide. Un gouffre sans fond qui remplaçait les peines. Parce qu’à force de chagrin Ruber ne savait pas quelles tristesses lui appartenaient encore.
Il était perdu.

Il avait passé sa vie à ses côtés et là, en cet instant, sans elle, dans ce château qui avait conduit sa déchéance, il était perdu. Il y avait toujours été seul, il l’avait toujours abandonnée pour se rendre ici – pourtant il ne savait plus quoi faire sans elle. Il aurait aimé penser que c’était injuste, mais la réalité de l’évènement le frappait en pleine poitrine.
Elle était morte à cause de lui.
Il lui avait brisé le cœur – parce qu’il n’avait jamais su comment faire pour l’aimer correctement.

Pourtant sans elle, il était perdu, encore plus qu’avant. Il ne savait plus comment la pleurer correctement. Alors il ne pleurait pas, ne parlait plus et ne mangeait rien. Il s’engouffrait dans ces salles de cours sans savoir quoi faire, ne s’entendant plus prononcer la moindre parole, ne voyant plus qui se tenait devant lui – même lorsqu’il s’agissait du visage de sa fille. Il ne se sentait plus se réveiller, ne savait plus vraiment quand il dormait.
Elle n’était plus et il était mort, lui aussi.
Tout son monde s’était écroulé, et le pire étant que cela s’était effectué sans bruit. Aucun.

Dans une solitude absolue.

Il ne savait pas quel jour il était, ce qu’il devait faire, ni même si on l’attendait. Il s’était retrouvé ici, près du lac noir, une douleur vive dans le ventre comme si on lui avait lacéré la peau avec un couteau. De la culpabilité contre la nuque, des peurs à son front, l’échine courbée et seulement le bas du dos en contact avec un tronc d’arbre, assis par terre. Il avait replié ses jambes et ses bras étaient posés sur ses genoux, l’air vague, mal rasé, son manteau jonchant le sol à côté de lui. Il portait une cravate qu’elle lui avait offert. Elle était hideuse – c’était sa préféré.
Ruber n’entendait plus rien depuis cent quarante-six jours. Aucun son n’attirait son attention.

Pourtant cette présence heurta ses tympans, comme une évidence, il n’avait pas besoin d’esquisser le moindre geste ou de s’assurer de quoi que ce soit pour en être certain.
Il l’avait reconnu. Au simple bruissement des feuilles.

Comme à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, il avait l’impression que c’était la première fois – la voix claire mais les lèvres pâteuses et la gorge douloureuse. Une pulsation contre ses yeux, une faiblesse dans son regard. Il fixait l’horizon.
La douleur était si immense qu’aucune autre ne pourrait jamais l’atteindre.

Plus personne ne pourrait jamais atteindre Ruber.

    « Caesius. »

Cent quarante-six jours qu’il était mort.
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Lun 22 Juil - 21:50
Même les murs du château avaient tremblés.
Personne ne pouvait être plus exclu et plus intime à la fois ; personne ne pouvait y être plus indifférent et plus touché. Son pas y foulait la pierre depuis presque trente ans. Il avait d'abord été l'élève puis le professeur. Ce n'était pas le château ; il était le château.
Et ses murs vacillaient, chaotiques, prêt à s'effondrer dans une lenteur douloureuse.

Caesius ne voulait pas perdre son château ; il en tremblait.

Il était comme tout le monde. Il entendait ces semelles poussiéreuses râper les dalles et ses épaules évidées érafler les portes. Il avait eut cette impression, avant de figer son regard tout en bas, que sa mâchoire était très dure et très molle à la fois – qu'il était incapable d'ouvrir sa bouche, mais que ses rares mots tombaient dans une apathie oppressante. Ruber avait toujours été un grand sorcier.
Ruber n'existait plus vraiment ; on lui avait craqué la colonne et sucé la moelle – atone.

Caesius ne voulait pas perdre son château – Ruber.

Il n'était pas – il n'était rien, pour lui. Un élève, peut-être, à qui il avait sauvé la mise une fois. Un collègue, cette fois, dont les lacunes d'expérience le rendait peu confiant. Il était juste quelqu'un, autour de lui – une ombre qui se meut sans le moindre bruit.
Il savait qu'il faisait parti des fantômes de la réalité et que Ruber n'y était plus.
Mais dans l'oeil enfant de Caesius, il était tellement plus que ce professeur qui lui avait sauvé la vie.

Et maintenant il connaissait la mort ; le cynisme de la tragédie l'avait fait vomir.
Il ne lui avait pas parlé depuis.

Caesius n'avait que vingt-trois ans et le silence plombant sa langue. C'est pour ça que son œil craintif glissait sur le dos de Ruber sans qu'il n'ose aller vers lui. Il avait ses poings serrés contre ses cuisses. Il voulait la détermination mais ne trouvait dans la rouille de sa bouche qu'un peu de peur humide.

Il savait ce que ça faisait, la mort – ce que ça lui avait fait.
Il savait que ce n'était rien – rien face à la ruine de l'âme de Ruber.

Il aurait voulu qu'il ne connaisse n'y la souffrance ni le chagrin dans un élan de naïveté qui le rendait furieux. Mais sa demande semblait écoutée ; Caesius ne voyait plus la douleur de Ruber.
Il ne voyait qu'un corps qui aurait reçu le baiser de la Mort.

C'était peut-être ce qui lui avait fait le plus peur, tellement peur que ça avait surpassé toutes les autres, dont celle de venir le voir. Les vacances étaient passées. La rentrée se couchait calmement sur Poudlard. Ces trois mois l'avaient tiraillés – surtout ceux où il ne le voyait plus.
Il ne pensait pas qu'il reviendrait.
Son cœur était monté si haut dans la gorge qu'il savait maintenant ; il ne pouvait pas rester comme ça.

Lui, Caesius, avec ses minables vingt-trois ans.
Il avait si peur qu'il ne comptait repartir en arrière, se cacher dans le château et se mordre la joue. Il ne pensait pas qu'il l'avait entendu. Ce fut comme une décharge d'argile dans ses veines.

« Caesius.
- Professeur. »

C'était partit tout seul – comme un coup de baguette dans la témérité. Comme une erreur, parfois ; mais pas ici.
Il s'avança prudemment parce qu'il ne voulait pas être blessant. Il s'avança lentement parce qu'il ne savait pas quoi faire et que sa langue était tombée dans sa gorge. Il déglutit.
Ruber allait si mal.

« Ruber. »

Se rattrapait-il avec douceur – il n'était plus son professeur maintenant. Il avait toujours été un peu plus. Avec maintes précautions, Caesius franchit les derniers pas qui le séparaient de son collègue, puis il s'assit auprès de lui sans un bruit.
Il était incapable de poser son regard sur lui.
Il avait peur de ce qu'il y verra. Le bout de ses phalange tordit un bout d'herbe, nerveux. Il pinça ses lèvres qui apparaissaient trop fines. Il tordit sa bouche un peu, avant de se ressaisir. Il y eut un silence où l'ont entendait plus que le soleil.

« Vous êtes revenu. »

Avec l'amer espoir qui coloriait le bout de ses voyelles.
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Lun 22 Juil - 22:40
Ruber ne savait pas ce qu’il faisait ici.
Il ne s’était pas vraiment demandé pourquoi il lui fallait revenir à Poudlard – pourquoi il en avait besoin, lui, qui n’aspirait plus à rien. Peut-être que certains ne comprendraient pas, peut-être dirait-on de lui qu’il faisait bien vite son deuil pour un homme amoureux. Il se souvenait, au mot près, des murmures adressés par sa belle-famille lors de l’enterrement : il les haïssait. Et lui qui avait aimé sa femme si fort, qui fut le seul à l’aimer comme ça, se retrouvait sur le devant de la scène avec le mauvais rôle. Devant cette famille qui l’avait renié il devenait le mari de pacotille, celui qui l’avait arraché à ses proches, le fautif.
Il ne s’était pas défendu.
Il reprenait la travail à peine l’été passé.

Il ne savait pas ce qui l’avait poussé à faire cela. Il ne réfléchissait plus à rien.
Un jour il avait regardé sa baguette magique et avait hésité à la briser ; finalement il en avait été incapable. Lui qui était vide à l'intérieur sentait peut-être que rompre tout contact avec la magie, c’était perdre tout ce qu’il lui restait. Le seul lien avec sa fille.
Pourtant il ne réfléchissait plus.
Aucun patronus ne sortirait de cette baguette dorénavant.
Ses pouvoirs avaient faiblis – il était revenu ici en perdant son poste de professeur de défense contre les forces du mal. Il ne saurait dire si cela lui avait fait de la peine.

Il avait trop mal.
Il s’était brisé la voix lors du discours d’ouverture de l’année – il ne saurait se souvenir d’un seul de ses mots, mais il savait qu’il en avait peu dits. Il avait baissé les yeux en voyant cette vie qui continuait ; tout lui semblait si fade. Il avait toujours été un homme propice à la retenue et l’impassibilité ; sauf que c’était différent.
Tellement plus violent.
Il avait perçu la mort de plein fouet.

Tout lui était fade. Et il avait toujours mal.

    « Ruber. »

Il eut un mouvement imperceptible en sa direction, sa tête le lançait et son cou craquait avec la pression. Il ne pensait à rien, le vent glissait contre sa nuque noueuse et ses cernes qui le vieillissaient atrocement.
Pourtant, dans ces yeux agités, au bord des larmes, il semblait enfantin. Il avait perdu son seul et unique repère – et sa fille, sa fille, il s’en fichait. Il ne l’aimerait peut-être jamais autant qu’il le devrait. Plus rien n’avait d’importance.

    « Vous êtes revenu. »

Il avait mal partout – au dos, au ventre, dans les bras et les jambes. Il devait probablement être là depuis des heures, sauf qu’il n’en avait aucune idée. Des secondes passaient et il se demandait à qui il parlait – comment, pourquoi, depuis quand. Il ne savait pas.
Pourtant la réponse vint à ses lèvres.
Sa voix était étrangement douce : remplie d’une peine tangible, elle vacillait sous le poids des mots.

    « Je n’avais nulle part où aller. »

Il aurait pu exploser en larmes, sans raison – mais il était vide à l’intérieur, trop faible.
Comme un gamin perdu, aussi jeune que ce gosse qui s’était assis à côté de lui.

    « Je pensais que le monde allait s’arrêter avec elle. Mais ça n’a pas été le cas. »

Tout ce bruit, tout ce bruit dans Poudlard – tous ces élèves et tous ces professeurs. Ce monde si vivant, si magique. Toutes ces couleurs.
Pourquoi, pourquoi le monde n’était-il pas mort avec elle ?
Pourquoi était-il encore là ?

    « Caesius. »

Ruber sourit.
C’était le sourire le plus abominable qu’il n’eut jamais fait de toute sa vie – toute sa peine y était dessinée. Lui, cet homme insipide, semblant si indifférent, à qui on reprochait tous les vices, montrait là sans pudeur tout son désespoir. Ce qu'il n'avait jamais dit.

Il ne sourirait plus jamais après cela.

    « Je ne sais pas quoi faire. »

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Mar 23 Juil - 0:01
Son ongles griffèrent presque férocement la tige d'herbe qu'il avait saisit entre son pouce et son index. Ce n'était pas qu'il était en colère ; il était désespéré.
Sa gorge le brûlait, incapable de gémir le moindre réconfort. Ses doigts remontèrent jusqu'à son cou pour gratter sa jugulaire, puis le sommet de sa nuque. Il replongea ses doigts dans l'herbe, les bougeant subrepticement.

On hurlait à l'aide et il était impuissant ; c'était la plus horrible des sensations, comme un harpon dans les entrailles. Il se sentait éventré – mais pour lui, ça devait être pire.
Caesius trouvait ça dur et injuste. Il y avait de la dureté dans la droiture qu'il devait s'infliger pour ne pas céder lamentablement. Il y avait de l'injustice dans le fait qu'il ait ouvert sa bouche, pour lui.
Il avait parlé pour lui – Caesius. Caesius n'était qu'un jeune homme sans grande valeur ; il ne le méritait pas, il n'allait pas être capable de l'aider. C'était injuste et il n'aurait pas dû lui parler.
Il avait juste voulu l'aider mais il avait oublié qu'il ne savait pas aider les autres.

Caesius détourna son visage loin de Ruber pendant qu'il parlait ; ses mots tombaient encore plus âcres contre son tympan.

« Je n’avais nulle part où aller. »


Les mots de Ruber étaient simple et logiques, mais il avaient la puissance dévastatrice que confère l'aura du deuil. La gorge de Caesius commença à cet instant à se serrer et elle finirait presque par le faire suffoquer.
Quelque part, Caesius comprenait cette pointe ci ; il était revenu à Poudlard, lui aussi. Quand on on perd ce qui nous est le plus cher, Poudlard est le dernier endroit ou se réfugier.
C'était peut-être le seul endroit capable encore de le sauver.

Il y avait mille ans de souffrance dans les confessions de Ruber. Elle s'écrasaient d'un coup sur les épaules maigres de Caesius. Il les écoutait car il savait qu'elles avaient été vierges de toute prononciation. Que Ruber en était arrivé à un point – une limite, un mur – où l'infection débordait d'elle même. C'était sa bouche vide qui laissait couler les mots comme une rasade d'eau.
Il lui écrasait le cœur.

« Caesius. »

Quand il lui sourit, il le lui brisa.
Caesius, en regardant le visage de son professeur, eut une forte envie de pleurer qui lui fit trembler les lèvres. Mais ça aurait été d'un irrespect honteux et d'une faiblesse indigne.
Le malheur de Ruber était si pesant, si envahissant, qu'il se demandait comment cette homme tenait encore debout après l'avoir enduré seul pendant tous ces jours.
Il renifla un peu.

« Je ne sais pas quoi faire. »

Caesius laissa tomber son regard le long de la joue de Ruber, avant de le planter plus bas que le sol – il ne voulait tellement pas croiser son regard.
Non, c'était un cauchemar – il ne voulait pas croiser son regard.
C'était le regard de l'homme le plus malheureux au monde, et il n'avait aucune idée de comment il réagirait en le croisant. Il voulait fermer les yeux si fort.
Il ne savait pas quoi dire.

Il aurait voulu dire : « Moi non plus ».
Il avait l'impression que ce n'était pas ce qu'il fallait – il avait l'impression que rien n'irait.

Parfois, il n'y avait pas de mot pour contrebalancer la lourdeur d'un chagrin. On parlait là de la destruction d'une vie ; une parole ne serait qu'un cailloux dans une flaque sale.
Il lui avait hurlé son désespoir à la face dans le plus pauvre des sourires, et Caesius n'avait toujours rien dit.

« Ruber. »

Il ne pouvait dire que ça, son prénom. La supplication faisait danser ses cordes vocales. Sa voix vacillait plus qu'il n'aurait voulu le lui montrer.
Il savait qu'on ne pouvait pas reprendre la vie d'avant après – après ça. Il détourna son visage plus loin.

« Je suis soulagé que vous soyez revenu. »

Il y avait quelque chose de très déplacé dans son vocabulaire – presque égoïste, et d'une maladresse prévisible. Ce n'était pas vraiment le bon mot, il aurait voulu dire qu'il était heureux qu'il soit là.
Mais le prononcer devant lui aurait été une injure vulgaire.

C'était un chuchotis qui avait répondu à son hurlement.
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Sam 27 Juil - 0:41
    « Je suis soulagé que vous soyez revenu. »

C’était la pire chose qu’il pouvait lui dire.
Il n’y avait rien à répondre à ça – il ne pouvait rien lui dire, à lui. Il était l’incarnation même du pourquoi il avait gâché son existence ici, pourquoi il avait toujours fait passer cette école avant la personne la plus importante de sa vie. Il était ce vide, cette indifférence fulgurante qui prenait place dans son cœur quand il espérait matérialiser un patronus.
Il avait gâché sa vie pour quelque chose qui n’en valait pas la peine.

Caesius n’en valait pas la peine.
Ni Poudlard, ni la magie, ni les autres élèves. Rien n’en valait la peine – pourtant il l’avait abandonnée, elle, au détriment de toutes ces choses futiles, toutes ces choses qui étaient si peu à ses yeux. Il avait failli tout arrêter, un jour.
Le problème, c’est qu’il n’aurait jamais dû revenir, jamais.

A dix-sept ans sa première erreur fut de passer ses ASPICs.
A vingt-quatre ans sa deuxième erreur fut d’accepter ce poste de professeur.
A trente-neuf sa dernière erreur fut d’y être encore accroché. Parce qu’il n’avait rien d’autre – il n’avait vraiment plus rien d’autre.

    « Tu crois que ça en valait la peine ? »

Tout ce travail, toutes ces années. Sa dévotion sans faille, son manque de sommeil, son talent irréprochable. Sa vie de famille ruinée, tous ces cœurs brisés – Caesius, toi qui a tué quelqu’un, dis-moi si ça en valait la peine.
Si ça en valait la peine pour devenir celui que tu es à présent.

Un rien du tout.

    « Tu es soulagé que je sois revenu ? »

Et la colère dégoulinait de ses paroles – Ruber n’avait pas encore élevé la voix. Elle était morte dans sa gorge, écrasée, détruite.
Il aurait pu hurler toute sa peine si seulement elle ne se drapait pas d’une haine sans nom. Lui et sa tristesse, il se levait – comme s’il se réveillait d’un long sommeil.

    « Ça te fait plaisir ? Comme ce jour où je t’ai sauvé la mise. »

Parce qu’on en est toujours au même point Caesius, après toutes ces années.
Tu es resté dans ta misère.
Et moi j’ai tout perdu – tout, tout, tout, tout, parce que mon univers, c’est elle.
Le reste n’est rien.

Je ne veux pas être comparé à toi – on a ruiné nos vies tous les deux, alors qu’elles avaient tout à offrir. Je l’ai réalisé trop tard – et toi tu n’as jamais ouvert les yeux.

    « Tu crois. »

Il frappa une fois sur le tronc d’arbre qui lui faisait face : ses ligaments fatigués se déchirèrent aussitôt dans un bruissement inaudible – on n’entendrait rien d’autre que ce cœur qui se brisait.
Cette âme qui se libérait d’un millier de châtiments.

    « Que ça en valait. »

Deux fois, trois fois, quatre fois.

    « LA PEINE ? TU CROIS QUE ÇA EN VALAIT LA PEINE ? DIS-LE MOI ! »

Encore et encore et encore, jusqu’à ce que le sang recouvre ses mains, tâche ses vêtements. Jusqu’à ce que la douleur soit plus forte. Plus forte que le reste. Que sa voix se brise sans s'adresser à personne d'autre que lui-même.
Parce qu’il haïssait Caesius en cet instant, comme il détestait le monde entier – parce qu’il ressentait enfin quelque chose après cent quarante-six jours d’errance sans but. Parce qu’une ardeur nouvelle et terrible naissait dans son corps épuisé.
Comme s’étant réveillé d’un long, très long sommeil plein de rancœur et de tristesse.
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Jeu 1 Aoû - 1:44
La digue éclata ; Ruber lui explosa au visage.
Il auait pû lui enfoncer ses phalanges dans l'arrête du nez et lui décoller le cartilage que ça aurait été plus doux ; la douleur n'aurait pas provoqué cet amère suffocation, et la peine ne lui aurait pas tailladé la gorge.
Surtout, ça n'aurait pas été aussi lent.

C'était si lent – si peu naturel et à la fois, si sensé, si attendu, que Caesius eut l'impression se sombrer dans les mâchoires même du malheur de Ruber.
C'était monté, petit à petit, coup après coup – crescendo – empoignant sa nuque, pressant ses doigts, écarquillant ses paupières d'horreurs, vidant sa bouche de sens.
Il avait assisté, terrifié, à l'explosion – l'explosion si violente de la tristesse de Ruber ; il n'avait rien connu de si violent.
Même lui – même Absynthe, ou Euphrasie, ça n'avait pas été aussi acide à l'intérieur de ses joues. Il voyait le monde s'écrouler à nouveau – une deuxième fois pour chacun d'eux. Chaque morceau habituellement engonçé à sa place s'écrasait par terre, le faisant trembler.
Il avait peur.

Caesius était terrifié – rien ne s'était encore produit.
Il savait, quelque part, sûrement dans son ventre, qu'il allait tomber avec lui.

« Tu crois que ça en valait la peine ? »

Il n'aurait jamais – jamais – dû ouvrir sa bouche.
Le silence aurait été plus banal – moins impressionnant – mais tellement plus utile. Tellement plus respectueux ; tellement moins incisif. Il avait déjà le pus du regret au bord des lèvres.
Il avait fait une erreur dans ses mots.

« Tu es soulagé que je sois revenu ? »

L'arme dans les mots, il senti la pointe de son égoïsme glisser le long de son œsophage. La reproche sonnait, cinglante, ça allait sombrer, exploser – un anéantissement brutal.
Il voulait dire qu'il voulait juste l'aider – c'était juste ça, au fond, son désespoir ; son erreur.
Personne ne peut aider un homme mort.

« Ça te fait plaisir ? Comme ce jour où je t’ai sauvé la mise. »

Il devint livide. Le sang quitta ses lèvres ; il avait comme empli sa bouche. Elle avait un sale goût de rouille et de peur.
Il parlait – entrecoupé.
Il frappa – Caesius sursauta. C'était là, palpable, c'était là.
C'était trop tard.

« Que ça en valait. »

Un coup, deux coups, trois coups – il sursaute, sursaute, sursaute.
Il a le cœur au bord des lèvres et la face pétrifiée – il veut vomir, fermer les yeux, partir, hurler, pleurer, et tout ça à la foid.

Ruber lui fait si peur.

« LA PEINE ? TU CROIS QUE ÇA EN VALAIT LA PEINE ? DIS-LE MOI ! »

Ruber le terrifie.
C'est l'horreur sur le visage de Caesius qui s'étend pour tomber presque. Et les coups de Ruber cognent si fort qu'il en voit le sang le salir, et sa voix perce mille trous dans le thorax de Caesius qui n'arrive plus à respirer. Il respire presque trop vite, trop fort maintenant – il a si peur face à la folie de Ruber, cette folie macabre inspirée par son désespoir.
Il n'aurait jamais dû assister à ça – il n'aurait jamais voulu assister à ça.

Il a les yeux trop craintifs pour pleurer ; mais dans son ventre, c'est la panique qui prend le dessus et qui fait résonner tout son cœur dans sa tête.
Quand Ruber cogne, ça cogne contre lui – il a peur, qu'est-ce qu'il doit faire ? Il ne veut pas bouger, il ne peut pas bouger.
On ne peut pas bouger quand un meurtri frappe un arbre. Il est si blanc – et lui, si rouge, le bruit l'effraie.

Il se redresse d'un coup – il n'aime pas les cris.

« NON ! »

Non – non, ça n'en valait pas la peine.
Non, Ruber, ne te blesse pas – il ne savait pas trop. Sûrement un peu de tout – un gros non face au vertige de la vie.
Il a si peur. Il sort sa baguette.

Caesius pointe Ruber avec sa baguette.
Caesius – point Ruber avec sa baguette.

Il ne savait pas trop pourquoi – ce n'était pas pour le soigner. Ca aurait été un mensonge.
C'était un appel au secours à sa folie, son explosion. Il ne pouvait la supporter – il ne voulait pas qu'il continue.
Il ne voulait pas qu'il souffre.

« Ruber, arrête immédiatement. »

Il souffle dans la panique ; la crainte danse dans son œil fébrile. Sa main tremble.
Caesius n'était pas idiot – il savait qu'il n'avait aucune chance contre lui, véritablement. C'était comme ça qu'agissait les hommes désespérés. Il faisaient des choses désespérées – qui blessent, autant les autres que soi-même.
Ruber et Caesius étaient des hommes désespérés.

Il n'avait pas baissé sa baguette.
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Lun 9 Sep - 0:09
    « Ruber, arrête immédiatement. »

Il ne pouvait pas comprendre – Caesius n’avait jamais été vivant, ou du moins il ne l’était plus depuis longtemps.
Il n’avait plus de sang dans les doigts, il n’aurait pas pu s’écorcher même s’il avait frappé de toutes ses forces sur ce tronc d’arbre. Il n’avait plus de battements au cœur ni de courage au fond du ventre – rien, rien d’autre que du vide. De l’absence, du regret, des remords.
Il ne pouvait pas comprendre parce qu’il n’avait jamais aimé. Jamais comme lui.

Il ne pouvait pas comprendre.
Il n’aurait jamais pu expliquer pourquoi Ruber frappait ainsi, comme si la douleur physique était seulement plus supportable. Caesius n'avait aucune idée de ce à quoi il faisait face. Il était bête – et il était vide.
Il avait eu pour seul acharnement toute sa vie de continuer à ce que ce soit toujours le cas.

Ruber s’arrêta, gardant ses mains abîmées contre cet arbre donc il avait presque arraché l’écorce. Il tremblait, des doigts jusqu’aux épaules, il tourna lentement son visage vers lui. Cette baguette levée vers lui ne lui faisait ni chaud ni froid. Une lueur dédaigneuse passa dans ses yeux.

    « Qu’est-ce que tu attends ? Vas-y. »

Il laissa tomber le silence, comme un coup de canon.

    « Morveux. »

Lâcha-t-il vers lui-même, se concentrant sur les spasmes furieux qui commençaient à se répandre le long de son corps. Il posa son front contre ses paumes ensanglantées. Il lui faisait perdre son temps, ça l’agaçait tellement, tellement. Il ne réalisait pas que c’était la première fois qu’il ressentait quelque chose depuis cent quarante-six jours. Une flamme au fond des tripes, de la douleur contre sa peau. Il avait si mal – comme si, à chaque instant, il était capable de fondre en larmes. Comme un homme, véritable, Caesius n’avait jamais pleuré.

Il n’avait jamais pleuré quelqu’un.

Il ne pouvait pas, non.

    « Tu ne peux pas comprendre. »

Lui qui avait une voix si dure, tranchante, solide – comme la lame d’une épée. Lui qui avait toujours été si solide.
Il était brisé, à l’intérieur – comme sa voix, comme ses bras. Caesius ne pouvait pas comprendre il n’avait jamais été aussi grand : il n’était pas tombé d’aussi haut, il avait seulement pris plaisir à porter le fardeau du monde sur ses épaules. Abject. Ce gamin n’avait rien à faire là. Il était trop jeune, il serait un enfant éternellement. Ruber ne vieillirait jamais plus, il mourrait à trente-neuf ans.
Ce n’était pas au rôle de ce gamin de voir chuter l’un des plus grands sorciers du château, il n’avait pas à assister à sa mort. C’était injuste, lui qui l’avait sauvé il y avait de cela des années.

Cette situation était odieuse.

    « Si tu n’as rien de mieux à faire, fiche le camp. »

Il s’adossa à l’arbre, du sang sur la chemise et jusqu’à son cou.

    « J’ai eu tort de croire. »

Que tu pourrais m’aider.
Mots qu’il ne prononcerait jamais plus – Ruber n’avait jamais, jamais eu besoin d’aide avant.
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Caesius Carthaigh
Caesius Carthaigh
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Mer 2 Oct - 21:55
L'injustice était cinglante ; si violente qu'elle lui brûla la cornée.
Ses doigts moites tremblaient tout autour de la baguette en bois de rose. Ils étaient près à la lâcher, lâches – en vérité, il ne demandait que ça.
Il y avait toute sa gorge qui se déployait dans une contorsion douloureuse pour lui hurler de s'enfuir. De laisser là l'homme brisé – cet homme qu'aucune parole, qu'aucune étreinte n'aurait pu extriper du Tartare pour le ramener dans les monde de vivants.
Mais c'était cet homme là, précisément, qui lui avait sauvé la vie.
Et lui, de quoi était-il capable pour lui ?

Absolument rien.
Il crachait une vérité lamentable – morveux.
Il n'était que ça, il n'était qu'un vulgaire rien qui avait à peine embrassé la vie le temps d'un baiser. Il n'avait rien vécu, rien souffert, rien connu ; étouffé dans une chute dont il n'avait pas su se relever.
Infanticide de son existence.

Mais quelle avait été cette arrogance, douce et naive, qui lui avait fait poser le bassin à côté de son professeur, près du lac, l'oeil vide et les lèvres tremblantes ? Quelle avait été cette témérité qui lui avait fait prononcer ces phrases, si affreusement banales, si affreusement brutales ?
Il aurait dû – oh, oui, il aurait dû détourner son chemin.
Il aurait dû savoir qu'il ne serait jamais assez fort pour aider un homme si grand, et si cassé que Ruber Brabury.

Caesius et sa petite suffisance ; son orgueil, sa prétention.
Caesius et son combat vide, son désir écrasé.
Que pouvait-il faire quand le squelette d'un homme s'écrasait devant ses yeux ?

Pas un seul instant il n'aurait pensé à contredire Ruber, avec ses mots teintés de mort. Il avait juste les yeux qui brûlaient.
Ca devait être le soleil qui s’écrasait sur l'eau du lac.
Ca lui brûlait les paupières, et il ne put empêcher son nez de renifler, et son avant bras de venir essuyer ses cils humides.

C'était tellement injuste.
C'était tellement injuste, tout en étant sa seule et unique faute. S'il n'avait pas voulu l'aider – ah, c'était là, le problème. S'il n'avait pas cru qu'il pouvait l'aider, il n'aurait pas eut à subir cet acharnement.

Il avait juste voulu l'aider.

« J’ai eu tort de croire. »

Il courba la nuque, comme il l'avait toujours fait face à lui.
Il n'avait plus rien à dire. Sa langue était sèche et son palais, rugueux. Il avait toujours sa baguette en bois de rose nouée entre ses doigts. Mais il avait tendu ses bras le longs de son corps, vidés de toute combativité.
Ruber n'était pas un homme qu'on combattait.
Ruber n'était pas un homme qu'on aidait.

« Personne ne pourra vous aider. »

La mort brûle les chemins, en venant ; elle ne laisse que les cendres des hommes sur ses pas.
Il avait la gorge nouée, cassée. Ruber avait de la force ; c'était comme s'il l'avait empoigné.
Il ne le regardait plus.

« Et j'ai eu tort - »

Affligeant mimétisme – il pinça ses lèvres.

« J'ai été bête de penser que je le pouvais. »

Il pencha sa tête sur le côté, tendant les muscles de sa nuque. Ça lui faisait mal, de baisser la pointe de son nez comme ça.
Il n'avait plus la témérité de se dresser devant lui. Il ouvrit la bouche encore une fois. Il fallut plusieurs secondes pour que les syllabes s'arrachent au voile de son palais.

« Personne - »

Il ferma la bouche, déglutit, leva une main jusqu'à son cou, la reposa contre sa cuisse, osa un regard, l'abaissa.
Personne ne pouvait l'aider – et surtout pas lui et sa grande bêtise.

Soudain, il eut un grand soupir.
Comme ses soupirs qui désamorcent les conflits, mais en manqué – comme ses soupirs qui donnent un peu de contenance, un peu de courage.

« Mais je – je serai là. J'écouterai – je vous écouterai. »

Une chute glacée lécha son échine, là où la brûlure de l'anxiété lui enflammait le visage – c'était absurde, stupidement absurde, vide, incohérent.
Puéril – Caesius, n'était qu'un enfant qui voulait sauver plus grand, bien plus grand que lui.
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Dim 26 Jan - 23:40
Il se souvint peut-être à cet instant précis ce que lui avait dit cet homme à l’enterrement.
Il ignorait son nom mais son sourire lui avait semblé réconfortant – il était peut-être le seul à ne pas l’avoir regardé avec mépris durant la cérémonie. Le seul à avoir partagé sa douleur juste l’espace d’une seconde, avec un regard plein d’empathie qui signifiait bien que la tristesse, quand elle atteignait un point trop élevé pour être exprimée, ne se manifestait plus que dans les sourires. Avec le recul, il se disait que ce petit bonhomme au visage trapu devait être un ancien ami, un voisin – un de ceux qu’il n’avait jamais pris la peine de rencontrer, alors qu’Ella avait insisté des centaines de fois.
Il lui avait posé la main sur le bras, lui disant simplement « Dans ces cas-là, on aimerait bien prendre sa tristesse et l’envoyer dans la figure de quelqu’un d’autre, pas vrai ? » ; en levant les yeux il avait compris qu’il parlait de sa belle-famille. Oui, il aurait aimé leur crier sa haine – et Ô combien Ella avait souffert toute sa vie d’être en conflit avec eux, eux qui ne lui pardonnaient que le jour de son enterrement.

A la place, il se dit que peut-être il pourrait balancer sa tristesse à la tête de Caesius – que lui il ne ferait rien, comme il n’avait jamais rien fait.
Sur le moment, il ne pouvait pas encore savoir comment ça se passerait. Si, d’une minute à l’autre, il pourrait lui hurler toute sa haine et son désarroi, sans lui laisser le temps de répondre ou de respirer, juste pour le libérer. Il ne savait pas de quelle manière ça se ferait, ni pourquoi, ni même si Caesius le méritait vraiment.
Malgré ce qu’il lui disait, il suffisait d’entendre les tremblements dans sa voix, l’hésitation qu’il avait à chaque mot – comme s’ils étaient toujours trop lourds - pour comprendre qu'il n'avait pas les épaules pour ça.

Ruber se redressa ; il avait l’impression de s’être purgé de quelque chose, sans véritablement savoir quoi puisque la pression sur son ventre était toujours aussi forte, la peine dans son cœur l’anesthésiait tout autant et son dos semblait à jamais incapable de se redresser totalement. Il ne dit rien pendant un temps, regardant ses phalanges dont le sang avait déjà caillé. Il tenta de l’essuyer avec ses doigts, la douleur piquante que ça lui procurait était d’un étrange réconfort.

    « Je n’ai plus rien à dire. »

Et il ne dirait plus rien, jamais.
Il ne parlerait plus de sa femme, de sa peine, il ne poserait plus de question, il ne s'épancherait pas sur son épaule, il ne pleurerait pas, il n’attendrait rien, il ne lui demanderait plus quoi faire. Il n’y avait rien à faire – il en était ainsi. Et Caesius, même si c’était par son incompétence, lui avait certainement permis de comprendre ça.

Sans un mot de plus, et sans même relever les yeux vers lui, il fit quelques pas, ramassa sa veste et enleva les feuilles mortes avec l’aide de sa baguette. Il l’enfila et commença à partir, alors que le Soleil commençait à disparaître à l’horizon et que la nuit l’attendait déjà au château.

    « Caesius ? »

Il s’était arrêté, tourné vers lui.
Il l’attendait, en vérité.

    « Tu viens ? Le dîner nous attend. »

Comme s’il ne s’était rien passé.
Ruber lancerait à la figure de Caesius toute la tristesse qu’il avait au fond du cœur – sauf qu’il le ferait sur les années. Il ne suffirait pas d’une seule fois ; à chaque instant, dès qu’ils se parleraient, dès qu’ils passeraient du temps ensemble. Ruber lui enverrait sa haine à chaque seconde de chaque minute et jusqu’à la fin de sa vie. Quand il n’aurait plus rien d’autre au fond du cœur que de l’apaisement.
Et si Caesius le pouvait vraiment, s’il n’avait pas menti, alors il ferait avec.
Et il comprendrait que Ruber le considérait comme l’un de ses seuls amis.
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