100 mots pour le Préfet Fayot

« PROFESSEUUUUR ! »

C’était une voix particulièrement forte pour une gamine de cinq ans. Le genre aigu, qui casse les tympans.

« PROFESSEUR ERUDIT ! »

Celestia Holly Morgan tenait son pantalon à travers une robe de sorcière trop grande pour elle, qui la faisait trébucher à chaque pas et lui donnait l’air de courir dans un sac de patates. Elle rattrapa son collègue aux abords de la forêt.

« Vous avez des jambes ? » s'étonna-t-elle, avant de s'écrier : « Oooh vous voulez faire du Quidditch ? »

Sans réaliser que la schtroumpf qu’elle était redevenue ne tiendrait jamais sur un balai.

L'Érudit avait longuement hésité. Cet évènement était un peu délicat pour lui, après tout ; à part si la potion choisissait de le transformer en tableau – ce qui serait très fortement ironique – il aurait l'occasion de faire un petit tour dans le monde des vivants. Probablement pas grand chose, puisqu'il n'était pas humain à la base, mais sait-on jamais. Alors quand on avait aspergé sa toile, il avait fermé les yeux très fort, un rien stressé. Pour les rouvrir dans la Grande Salle.

C'était bizarre, le monde normal. Très bizarre. La même pièce de tous les côtés, rendez-vous compte ! Habituellement, quand il tournait la tête à droite ou à gauche, il voyait les tableaux d'à côté, sans même parler de l'espèce de grosse vitre molle qui le séparait des humains et par laquelle il voyait généralement une petite partie de Poudlard à la fois. Là, 360 degrés d'unicité. C'était hautement perturbant. Oh, et, des gens tous autour... Enfin des gens... Des choses. Et des élèves transformés en tableaux. Il pria un instant pour qu'aucun n'aie l'idée d'aller farfouiller dans ses papiers ; non seulement il semblait que certaines personnes se vexaient d'être observées – alors que c'était pour la science, quelle idée vraiment – mais en plus il y avait les réponses d'examens qui traînaient quelque part. Tant pis. Il avait mieux à faire.

Par exemple, s'inquiéter de sa tenue. En effet, il était devenu une nymphe. Question physique, ça ne changeait pas tellement, à part qu'il était sans doute un peu plus mince qu'habituellement. Le problème, c'était les vêtements... Ou plutôt l'absence de vêtements. Un pagne en feuilles et en branches, une couronne de fleurs et quelques lianes par ci par là.

« Ciel. »

Écartant les bras, il s'examina un instant, perplexe... Et puis il se mit en route, bondissant presque. Le parc. De l'air. Des arbres. Il fallait qu'il respire de l'air frais, les murs le rendaient claustrophobe,  ce qui était tout de même étrange pour un personnage habitué à vivre dans un cadre. Enfin... Au moins, il allait retrouver un endroit qu'il n'avait plus vu que de très loin, à travers les fenêtres qu'il apercevait depuis les tableaux.

Le parc était cependant un peu trop propre pour une nymphe ; il n'y avait pas assez d'arbres, de mousse au sol ni de fraises des bois. Résistant à l'envie intense d'aller faire un câlin au Saule Cogneur, il se dirigea d'un pas résolu vers la forêt interdite. Pour faire un câlin à un autre arbre, évidemment.

« PROFESSEUUUUR ! » Aah. Enfin un arbre. Il se sentait beaucoup mieux. « PROFESSEUR ERUDIT ! »

...Quelle voix irritante. L'Érudit sursauta, retirant ses bras du magnifique tronc rugueux qu'il venait à peine d'enlacer à l'orée du bois et s'épousseta le, euh, pagne comme s'il avait été pris dans une situation honteuse. Et il scruta l'enfant.

« Vous avez des jambes ? »

« J'ai toujours eu des jambes. », dit-il, énonçant un fait scientifique. Elle lui disait quelque chose, la petite. Un air familier, quelque chose de...

« Oooh vous voulez faire du Quidditch ? »

Oh. Il plissa les yeux, incertain.

« Mrs. Morgan ? » En parlant de faire un câlin au Saule Cogneur... « Vous êtes... petite, aujourd'hui. Cela vous va à ravir, tout à fait charmant. » Après un grand sourire, il devint pensif un instant. « Je ne suis jamais monté sur un balai de ma vie. Je ne sais pas jouer au Quidditch. Vous devriez peut-être demander à un élève, certains semblent doués, à ce que j'ai entendu. »

Quand il était en vie, il était handicapé, et le vol ne l'avait jamais vraiment intéressé... Et il était pratiquement impossible de faire descendre les personnages de tableaux de leur balai quand ils en avaient un. Egoïstes.

Holly ne tenait pas en place. Elle s'appuyait sur une jambe et puis sur l'autre, se balançait d'avant en arrière, tournait sur ses pieds, se mettait sur la pointes de ses orteils, mais n'arrangeait pas vraiment sa taille que la potion avait fait régresser à celle d'une enfant de cinq ans. Et comme tous les enfants de cinq ans, Holly Morgan avait à présent une capacité de compréhension limitée. Elle n'avait pas réalisé qu'elle dérangeait l’Érudit dans sa, euh... communion avec la nature. Mais cela, même adulte elle ne l'aurait pas vu. Enfin, la Holly-enfant se serait probablement excusée si elle avait su, elle n'avait pas été élevée chez les harpies. Elle dévisagea son collègue alors qu'il répondait, et un sourire éclatant s'étala sur son visage lorsqu'il la reconnut :

« OUIII, C'EST MOI ! » s'exclama-t-elle joyeusement en levant les bras.

Elle rougit un peu au compliment, même si elle ne captait pas tout, parce que l’Érudit était gentil, et les compliments de gens gentils faisaient toujours plaisir. Heureusement qu'elle avait aussi cinq ans dans sa tête.

« Et vous professeur, on dirait une fleur » pouffa-t-elle en le pointant du doigt comme si elle n'avait jamais vu de nymphe de sa vie.

Ce qui n'était pas faux, en fait. Holly n'était pas le genre de sorcières qui se promenait dans les bois pour croiser des créatures de la forêt et faire ami-ami avec les écureuils et les petits oiseaux. Mais comme elle n'arrivait pas à réfléchir à la même question plus de deux minutes, elle cessa bientôt de plisser ses petits yeux pour essayer de comprendre ce qu'était devenu son aîné exactement. De toute manière, elle avait sûrement oublié pourquoi elle-même était dans cet état. Oui, Holly avait vraiment de la peine à analyser la situation. Tout ce qu'elle voyait lui semblait d'un intérêt certain, même ce petit brin d'herbe à ses pieds, qui brillait joliment parmi les autres. La Holly Morgan adulte l'aurait probablement écrasé sans y prendre garde, mais son enfantine personne s'accroupit pour mieux voir, tout en écoutant d'une oreille distraite la réponse de son collègue - réponse à une question qu'elle lui avait elle-même posée, soit-dit en passant. Mais on n'a jamais dit que les enfants de cinq ans étaient toujours polis.

« Ooooh mais non y'en a des très nuls aussi, vous avez, je suis sûre que vous seriez pas nul, vous, vous savez tellement de choooooses ! Mais qu'est-ce que vous faisiez là si c'était pas pour faire du balai ? Il est drôle votre slip, on dirait une feuille de banane. »

Ni qu'ils avaient une sacrée capacité de concentration. Ses propos l'avaient quand même choquée, elle était surprise qu'il n'ose pas tenter sa chance sur un balai. Après tout c'était l’Érudit, celui qui savait tout, et Holly l'avait toujours considéré comme intellectuellement supérieur à n'importe quelle créature vivante ou morte dans le château - et peut-être même le monde entier. Déjà élève, elle l'admirait beaucoup. Sans oser lui dire, bien sûr. Elle n'avait jamais eu le courage de s'excuser pour la baisse d'intérêt dont elle avait fait preuve pour ses cours à partir de sa cinquième année, non plus. Alors sa moitié enfant avait ressenti le besoin de le rassurer. Il devait dire ça parce qu'il n'avait pas été "dehors" depuis longtemps, se disait-elle. Et son pagne était vraiment très drôle.

Merlin miséricordieux. Il ressemblait à une fleur, une grosse fleur. Avec un, euh, slip en feuilles de bananes ? De son temps, on portait plutôt des collants, bien que celle qui avait peint son tableau ait eu des goûts particulièrement épurés et avant-gardistes en lui offrant – merci pour lui – un pantalon et une chemise intemporels. Il ne savait pas trop ce que c'était, un slip, mais si ça ressemblait à ce qu'il portait, c'était sans doute l'espèce de jupe en feuilles. Il faudrait qu'il songe à complimenter les dames sur leur slip, si c'était de bon ton.

« Je... Merci, Mrs. Morgan. J'imagine que ressembler à une fleur est une bonne chose, lorsqu'on se retrouve transformé en être des bois ; ce doit être plutôt réussi. »

Il s'inclina légèrement, en témoignage de son respect. Ce n'était pas parce qu'elle était haute comme trois pommes qu'il devait se départir de ses bonnes manières et, de toutes façons, lesdites bonnes manières lui collaient étroitement à la peau. Rajustant sa couronne de fleurs en se redressant, il se sentit encore vaguement gêné par sa tenue, mais elle le rendait tellement plus proche de la nature que ce n'était pas trop grave. L'Érudit sentait le vent sur sa peau, et ce n'était pas arrivé depuis trois bonnes centaines d'années autre part que sur le visage et les mains. Il lissa son pagne, histoire d'éviter de ressembler à cette actrice moldue blonde qui aimait à se placer sur les grilles de ventilation, parce que ç'aurait tout de même été gênant.

« J'étais là pour... » Il adressa un regard amoureux à son arbre. Heureusement que les nymphes n'étaient pas parentes des chiens, sinon on aurait pu supposer qu'il était sur le point de marquer son territoire. « Et bien. La forêt appelle les nymphes, bien que l'endroit soit en soi intéressant. » Il pointa du doigt un champignon, un joli chapeau rouge à pois blancs. « Saviez-vous par exemple que les Amanita muscaria entrent dans la composition de très nombreuses potions, dont certaines étaient utilisées il y a des siècles pour décupler la vigueur au combat ? Il y a tant de choses à dire sur chaque plante... Les voir devant moi me rappelle beaucoup de choses. »

L'Érudit avait toujours aimé les plantes. Il avait d'ailleurs été un excellent potioniste en son temps, bien que les techniques de l'époque aient été moins perfectionnées. Même s'il n'avait pas été attiré là par la douce odeur de l'humus avec cette note entêtante de rosée du matin, il aurait de toutes façons visité le parc. Tant de spécimens remarquables, tant de créatures à observer !

« Néanmoins, si tel est le bon plaisir de ma Dame – ma Demoiselle, mes excuses – je pourrais me risquer à approcher un balai – bien que je ne puisse garantir le succès de l'opération. », dit-il pensivement. De toutes façons, il finirait par retourner dans son tableau au bout d'un moment, autant en profiter, pour la première fois qu'il était humain et valide. Et puis il ne fallait pas négliger la curiosité scientifique. « A la condition d'une tenue décente, bien évidemment. Même si ces feuilles sont remarquablement agréables à porter. A se demander pourquoi ce n'est pas la mode. Des robes de sorcier en feuilles seraient tellement... aérées. »

La concentration sur un seul sujet de conversation n'était pas son fort non plus. Mais bon. Il avait exprimé son acceptation du bon vouloir de Holly. L'Érudit était toujours d'accord pour essayer de faire plaisir aux gens au mieux de ses capacités. Une gentillesse qui lui attirait souvent des ennuis, d'ailleurs, comme c'était peut-être le cas à présent.

Holly sourit de toutes ses dents, ou presque, en hochant vivement la tête à la réponse de son aîné :

« Oh oui, ça vous va bien, c'est très zoli. Z'avez pas froid ? »

Les pagnes en fleufleurs, c'était pas son genre, à cinq ans comme à quarante, mais elle trouvait que ce style un peu baba-cool collait étrangement bien au professeur d'Histoire de la Magie. Et puis c'était rare de le voir sans son cadre, non ? C'était déjà bien qu'il soit là, peu importe qu'il se balade en robe de sorcier ou en tutu rose. Elle trépignait un peu, la gamine, sautillant sur place en regardant tout ce qui l'entourait comme si chaque chose avait un intérêt propre, qui lui demandait au moins cinq bonnes secondes d'attention, avant qu'elle ne se tourne vers un autre petit caillou ou une autre petite fleur. Elle s'agenouilla du mieux qu'elle le put dans l'herbe - avec ses vêtements trois fois trop grands - et examina attentivement le champignon que lui désignait l’Érudit :

« Décupler la vi... vigueur au combat ? »

Soyons honnêtes, elle ne comprenait que le dernier mot, mais ça lui semblait être le plus important. C'était utilisé pour un truc de combat. Donc c'était bien. Holly se gratta le nez :

« Moi j'croyais que ceux-là ils étaient toxiques et qu'on pouvait MOURIR ! » fit-elle en écartant grand les bras - comme si l'amanite tue-mouches provoquait une explosion.

Notez quels genres de détails elle retenait. Déjà violente à cinq ans, pauvre petite. Elle reprit vite le contrôle de son pantalon et se gratta le nez de plus belle, un truc la démangeait, mais quoi ? Peut-être qu'elle était allergique aux fleurs ? Faut dire qu'elle n'avait pas l'habitude de se trouver si près d'elles, habituellement elle était un peu plus haute quand même. Tant qu'elle ne faisait pas une allergie au professeur-nymphe, tout irait bien ! Ben oui comment voulez-vous qu'elle lui apprenne à monter sur un balai, sinon ? Elle hocha la tête à sa proposition et sourit de plus belle en imaginant le professeur sur un balai dans sa tenue de nymphe. Mouais. Peu de gens avaient envie de voir ça - même si la Holly de cinq ans trouvait l'image très rigolote.

« D'accord ! On a qu'à prendre des z'uniformes de regan... rechange dans les vestaires de Quiddich ! » Elle remonta son pantalon à travers sa robe de sorcière trop grande pour elle. « Je veux des nouveaux z'habits aussi. »

Peut-être qu'elle trouverait un uniforme taille onze ans. Ce serait toujours mieux que celui qu'elle avait là. Elle souleva du mieux qu'elle le put sa robe et son pantalon qui traînaient lamentablement au sol et avança vaille que vaille en direction du terrain de Quidditch, qui lui semblait soudain loin... si loin. Sans compter que sa tenue l'obligeait à faire de grands pas pour ne pas se marcher dessus, mais qu'elle devait reprendre son équilibre presque à chaque fois, bref : elle n'avançait pas vite, l’Érudit-nymphe aurait le temps d'admirer le paysage.

« Ça fait longtemps que vous z'êtes pas sorti du château, professeur ? »

À le voir comme ça, il était parfaitement à l'aise dans son corps de nymphe, dans son élément, en communion avec la nature, mais Holly se rappelait qu'elle l'avait toujours vu dans un tableau, et elle n'avait pas le souvenir que les peintures puissent sortir gaiement prendre l'air. Peut-être même n'y avait-il pas de tableaux accrochés dehors ? Du coup, le professeur sentait le renfermé du château tout le temps ?! Holly ouvrit de grands yeux à cette idée. Impensable ! Du sport, de l'air frais (et une nourriture saine), voilà la recette d'une vie équilibrée ! C'est du moins ce que ses parents lui répétaient tout le temps, et ce qu'elle répétait elle-même à sa progéniture, même si elle ne s'en souvenait pas là tout de suite. À cinq ans, on pense pas trop à ses enfants.

Froid ? Non, il n'avait pas froid, et c'était assez étrange d'ailleurs, puisqu'on était à Halloween. Sans doute une marque de sa nouvelle condition. Habituellement, même quand il traversait des paysages de neige, il était habillé de pied en cap, et couvert de son grand manteau rose. Il sourit.

« J'imagine que les nymphes n'ont pas froid, sinon elles seraient un peu plus habillées. » A ce sujet, d'ailleurs, il nota qu'elle souhaitait une autre tenue. Hm. Tout en répondant à ses questions, il se concentra un peu, juste pour voir s'il en était toujours capable. « Tout dépend des dosages, j'imagine. Évidemment, Mrs. Mantis sera très certainement plus indiquée pour vous renseigner sur le sujet, si vous êtes intéressée. »

Il murmura quelques mots en latin, tout en marchant. POUF. Un petit nuage de fumée rose autour de l'enfant. La concentration ça marchait pas mal. L'Érudit avait été un grand magicien, dans son temps, même si ça faisait longtemps qu'il ne faisait plus de magie. Enfin, plus vraiment ; il ne pouvait pas trop modifier son environnement habituel, alors l'usage qu'il faisait de sa baguette – quand il utilisait sa baguette – était plutôt de lancer des accio pour retrouver des choses dans son fourbi. Ou éventuellement un flambios ou l'autre pour écrire des dates pendants les cours. Rien de bien folichon.

Il avait eu deux trois doutes, mais il arrivait toujours à faire de la magie dans le « vrai » monde, même sans sa baguette. Parce que, honnêtement, je vous interdis d'imaginer d'où il l'aurait sortie, avec une tenue pareille. Et voilà que Mrs. - Miss – Morgan avait une tenue à sa taille, parfaitement ajustée. Peut-être même un peu trop, en fait.

Bon, elle n'avait peut-être pas envie de ça. Mais l'Érudit, il faisait avec ce qu'il connaissait. Du coup, le petite Holly ressemblait à peu de choses près à l'infante d'Espagne. Ou à une meringue, selon le point de vue. En rose et blanc. Avec des noeuds. Des jupons. Des froufrous. Un gros noeud rose dans les cheveux. Et un corset, pas trop serré heureusement. Il s'arrêta un instant pour admirer son oeuvre. C'était plaisant de refaire de la vraie magie, après autant de temps, et en plus pour faire quelque chose d'aussi joli.

« Beaucoup mieux. Si je peux hasarder un compliment, vous êtes absolument ravissante. Allons-y. » Il se remit en route vers le terrain de Quidditch, tout guilleret, reprenant la conversation comme si de rien n'était. « Il me tarde de retrouver un pantalon. C'est une invention fabuleuse, le pantalon, vous ne trouvez pas ? » Fabuleuse en effet. Il réfléchit un instant. « Quant à votre question, pardon, je me suis laissé égarer, je pense que l'on parle d'à peu près... Voyons. Deux siècles ? Un peu moins de trois siècles, en fait. Les choses n'ont pas tellement changé, vous savez, et... »

Aaah, le bonheur de retrouver un endroit qu'il avait chéri par le passé. Cela le rendait loquace... Et complètement inconscient.

Holly n'était pas vraiment intéressée par le sujet des plantes et des potions, surtout si elle devait aller poser la question au professeur Mantis - elle se demanderait vraiment ce qu'elle comptait faire avec cette information, si c'était une nouvelle technique d'intimidation - mais elle aimait le ton que prenait l’Érudit pour répondre. Ça lui rappelait quand sa maman lui racontait des histoires ou que son papa commentait un match de Quidditch ; il y avait de la passion dans sa voix, et les gens passionnées étaient très appréciés d'Holly. Elle respectait beaucoup ceux qui avaient un but, qui était animés par ce même petit feu au fond d'eux, même s'il n'alimentait pas les mêmes choses qu'elle. Et puis, le professeur Érudit avait une façon intéressante de présenter les choses, qui lui donnait envie d'écouter.
Elle ne se le rappelait pas encore, dans cet état, mais c'était quelque chose qu'elle avait apprécié quand elle était son élève. Elle hocha la tête en suivant tant bien que mal, trop concentrée sur ses déplacements pour formuler une réponse claire. Et là...
Pouf.
Un nuage rose. Holly toussa, c'était peut-être dans sa tête, mais ça sentait bizarre. Elle comprit qu'il avait lancé un sort - sans baguette ? trop fort ! - quand elle baissa les yeux. Mais ce qu'elle vit ne lui plu pas. Pas du tout du tout du tout.

« C'est. quoi. ce. ROZE ARGH ! »

Elle leva les yeux et fusilla le professeur-tableau-nyphme, à peine consciente des réponses qu'il lui avait données. La mini Holly fulminait, son visage était devenu tout rose de colère - comme la robe en fait - et elle serrait ses petits poings. À cinq ans déjà, elle ne supportait pas de se voir affublée de vêtements "de fillette", elle le disait bien à sa mère. "Pourquoi je dois porter des trucs tout serrés tout berk ? Aeddan et Edwen et Llewlyn tu les obliges pas !" Son regard se fit moins dur, moins méchant, plus boudeur et... déçu.

« Pourquoi vous z'avez fait ça ? » demanda-t-elle sur un ton pleurnichard. « C'est messant ! »

Pour entendre Holly pleurnicher, il fallait vraiment qu'elle soit chamboulée.

« Et puis ze croyais qu'il fallait une baguette pour lancer un sort ! »

Ou alors on lui avait pas tout bien expliqué. Ou alors elle avait pas tout bien écouté en cours - plus probablement. Elle fronça davantage les sourcils en fixant le professeur, une petite moue boudeuse accrochée aux lèvres... légèrement tremblantes. Dans son état, elle était incapable de balancer des coups de batte - et elle n'aurait jamais osé, contre le professeur - mais elle pouvait encore piquer des crises, attention si la réponse ne lui plaisait pas ! Ou s'il lui rajoutait un nœud, argh. Elle essaya bien de faire un effort, mais rien à faire : elle ne pouvait pas marcher dans ces vêtements-là. Et pas uniquement parce qu'ils ne lui plaisaient pas : elle ne savait pas marcher avec une robe. Le pire auraient été des talons, heureusement l’Érudit avait su adapter l'accoutrement à son âge. Et elle était mignonne, c'est vrai, plus mignonne qu'elle ne l'avait jamais été à cinq ans - ou même après.

« C'est. quoi. ce. ROZE ARGH ! »

L'Érudit finit par arrêter de parler tout seul. Et d'avancer, parce qu'il se rendit compte sur cette exclamation que Miss Morgan ne suivait pas. Y avait-il un problème ?... Manifestement oui. Sous ses yeux ébahis, la demoiselle se mit à pleurnicher. Il sentit ses sourcils se froncer. Que se passait-il ? Elle n'aimait pas le rose ? A sa connaissance, la plupart des dames aimaient le rose. Lui-même aimait le rose – heureusement, sinon il aurait été obligé de dépouiller un autre personnage de tableau pour changer de manteau.

« Vous n'aimez pas le rose ? »

Vraiment, il était profondément étonné. C'était en plus au point qu'elle le traite de méchant, et cela lui faisait un coup au coeur. Il n'avait pas voulu être méchant, enfin, il avait voulu rendre service. Il s'accroupit pour être à la hauteur de la petite fille, qu'elle n'ait pas à se croquer le cou pour discuter ; à force de changer sans arrêt de taille dans les tableaux, il en oubliait parfois qu'il était en fait assez grand.

« Je pensais que vous vouliez une autre tenue. Auriez-vous préféré... Du vert ? Du bleu ? » Il ne s'imaginait pas que c'était plutôt la forme le problème. Il hésita un court moment. « Je vous présente mes excuses, j'espère que vous ne me tiendrez pas rigueur de mon faux pas... Dites-moi ce que vous souhaitez. »

Il avait l'air sincèrement malheureux. Probablement parce qu'il l'était, en fait. Ceci dit, sa collègue souleva un point intéressant, qui ramena l'ombre d'un sourire sur son visage. Il était assez fier d'avoir maîtrisé ce petit tour, qui lui avait pris un certain temps, et particulièrement content de ne pas l'avoir perdu avec les siècles.

« Aah. Quand j'étais vivant, je perdais tout le temps ma baguette. Trop de désordre dans mon laboratoire, apparemment... Les elfes de maison se plaignent encore de mon bureau, alors imaginez quand je pouvais accumuler des objets moi-même. »

Il eut quelques secondes de silence, une pause empreinte de nostalgie. Il avait toujours été un collectionneur, le chaos régnant dans son tableau et dans sa classe pouvaient en témoigner. Il était comme un enfant devant les objets intéressants, et l'intérêt d'en avoir beaucoup était qu'il pouvait les oublier puis retomber dessus par hasard pour les découvrir à nouveau sous un tas d'autres trucs.

« Enfin. J'ai fini par en avoir assez d'être privé de magie à chaque fois que j'égare ma baguette. Donc je me suis documenté, je me suis entraîné, et je ne dois presque plus l'utiliser. » Il sourit. « Cela prend du temps, et puis... C'est presque inutile dans un tableau, vous savez. Je suis content d'être sorti un peu. Les choses ne sont pas pareilles, là dedans. »

L'Érudit aimait bien son univers, il y était habitué et il n'avait pas vraiment de raison d'en sortir, mais ce n'était pas pareil. Et puis... Dans les tableaux, il n'y avait pas beaucoup de gens intéressants. La plupart des personnages ne se battaient plus contre leur condition, et finissaient par répéter les mêmes phrases en continu. Parfois, c'était tentant de se laisser aller et de devenir juste un élément de décoration, mais il y avait les gens en dehors qui comptaient sur lui. Pour donner cours, pour écouter, pour renseigner. Sentir du vent sur sa peau lui rappelait l'importance de tout ça.

Le pauvre professeur d'Histoire de la magie ne pouvait pas comprendre, évidemment que ses normes n'étaient pas les mêmes que celles d'Holly. De nos jours encore, on accorde toujours instinctivement le rose aux filles et le bleu aux garçons. Holly n'était ni la première ni la seule à y voir une gêne, mais elle pensait l'exprimer assez fortement dans son attitude pour que ce faux-pas malencontreux de son collègue la peine plus qu'autre chose. C'était presque comme insulter le Quidditch.
Peut-être aurait-elle dû en parler avec lui, il aurait sûrement compris, ou en tout cas ce serait intéressé à la question, comme un phénomène scientifique à disséquer. Et Holly aurait sûrement pris du plaisir à lui expliquer son point de vue, qu'elle jugeait inné. C'était bien ça le problème, d'ailleurs. Ça lui semblait tellement logique, dans sa façon d'être et de penser, qu'elle supposait toujours que les regards extérieurs comprenaient au premier coup d’œil.

Ce fichu dégoût pour le rose.

« C'est pas le roze. »

La petite Holly prit une brève inspiration. C'était pas gentil de discriminer les couleurs, en plus monsieur Érudit avait toujours son manteau rose, et il avait l'air triste, elle voulait pas qu'il soit triste parce qu'elle comprenait qu'il avait pas compris. Ce qui était étrange pour un homme qui savait tant de choses, mais drôle aussi, elle allait lui apprendre quelque chose, peut-être. Cette idée la calmait un peu.

« Z'aime pas les habits de filles. »

Ça pue. Elle retint le dernier mot, se rappelant que sa maman n'aimait pas qu'elle soit ompo, inplo, impolie avec les professeurs.

« Ze préférerais un pantalon. S'il vous plaît », ajouta-t-elle en se souvenant que le professeur n'avait fait cela que pour l'aider.

Il n'était pas obligé, il aurait pu la laisser se dépatouiller dans une robe de sorcière trop grande pour elle. Elle fit la moue. Elle n'avait pas été très gentille, alors que le professeur était très gentil, et ça jouait sur sa conscience. Contrairement à la Holly adulte qui avait plutôt tendance à secouer les gens trop doux pour leur propre bien. Mais c'était parce qu'ils faisaient de trop bonnes victimes.
Elle s'inquiétait pour eux.

« Ranzer c'est nul, z'aime pas ranzer non plus. »

Remercions les elfes de maison et ayons tous une petite pensée émue pour les élèves qui doivent passer leurs retenues à nettoyer le "bureau" du professeur Morgan. Amen. Holly se rendait compte que l’Érudit était bien plus qu'un tableau vivant et parlant et connaissant beaucoup de choses de son temps. Ça avait aussi été un terrible sorcier. Elle avait toujours eu un peu de peine à le voir, avant. Elle le savait, bien sûr, c'était logique, la plupart des tableaux avaient eu un modèle vivant. Mais elle ne s'attardait pas sur le sujet (la peinture c'est pas pour les bonhommes) et considérait simplement le modèle comme différent de sa représentation picturale.

« Vous z'êtes entré dans le tableau ? » murmura-t-elle inconsciemment.

C'était, en fait, sa manière de questionner les réflexions du vieux tableau qui prenait l'air comme s'il s'était enfermé dans une salle d'étude sombre et poussiéreuse pendant deux siècles avant de se rappeler que la lumière du jour existait - et éclairait diablement mieux que les lampes à pétrole. Alors qu'en réalité, le tableau était... un tableau. Holly fronça ses petits sourcils, à la fois dubitative et inquiète.

« Professeur, vous vous rappelez ? »

La sensation du vent. Le ciel et les oiseaux, l'herbe. C'est un vrai souvenir ?

L’Érudit parlait de ces choses en souriant, comme s'il était juste nostalgique, vraiment, mais content de sa situation. Elle n'y sentait aucun regret, aucune tristesse, mais peut-être était-elle trop petite pour voir cela. Et elle ne comprenait pas, vraiment, qui était le modèle et qui était le tableau. La nymphe lui semblait bien réelle.
Elle ne voulait pas la bousculer trop fort.

« Oh, euh, bon, on avance hein ! Faut pas traîner le terrain est bondé à cette heure ! »

Certaines choses ne changeaient jamais, même avec l'âge. Les équipes réservaient toujours les lieux aux mêmes heures. Certains souvenirs non plus : Holly connaissait le planning par cœur. Bien sûr, elle ne réalisait pas que la moitié de l'école gambadait sous des formes diverses et variées, peu préoccupée par le Quidditch à cette heure.

L'Érudit comprenait régulièrement les choses de travers ; c'était sans aucun doute lié à une perception du monde altérée à la fois par sa condition, son âge, et une folie douce qui avait toujours été là. Néanmoins, l'enfant expliquait, et il écoutait avec une attention toute dévouée à la moindre de ses paroles.

Ce n'était pas la couleur, comme il l'aurait cru au premier abord. Les enfants étaient connus comme de petits êtres souvent capricieux, aussi s'était-il attendu à une explication bien plus compliquée que celle qui suivit. Elle n'aimait pas les habits de fille. Le visage de l'Érudit s'éclaira dans une soudaine compréhension. Il était vrai qu'il n'avait jamais vu sa collègue en robe, d'aussi loin qu'il se souvienne, mais il avait mis cela sur le compte de la matière qu'elle enseignait, qui ne se prêtait pas vraiment aux extravagances vestimentaires.

« Bien sûr. »

C'était un peu étrange, de ne pas aimer les habits de filles, lorsqu'on en était une, mais l'Érudit voyait des choses fort étranges concernant les genres dans les couloirs de Poudlard, par rapport à son époque où tout était extrêmement bien défini sur cette question. Peut-être moins que chez les moldus, cependant ; les tâches magiques ne nécessitaient pas de force physique, après tout, ce qui rendaient les choses plus égalitaires, mais cela restait différent. Pour en rajouter encore un peu, le vieux tableau représentait le descendant d'une vieille famille au sang pur, il y avait quelque part dans son éducation un certain formatage.

Néanmoins, il avait vu au fil du temps les dames mettre effectivement des pantalons. Ce n'était pas grand chose à côté de ces garçons qui embrassaient des garçons en public, questions nouveautés sur le sujet. Il s'appliqua une nouvelle fois et, pouf ! Le fameux pantalon. Gris, en plus, pas rose, avec une chemise blanche. Un peu semblable à ce que lui portait quand il était dans son tableau, sans le manteau rose dont il soupçonnait tout de même que la couleur n'était pas la préférée de Miss Morgan. Chacun ses goûts après tout.

Les choses rentrées dans l'ordre, la dame – petite fille – posait de nouvelles questions. Il lui était un peu difficile d'y répondre, dans les faits. Il ne songea même pas qu'il aurait pu appliquer son tour de passe-passe à lui-même pour être plus décent que dans ce pagne de vahiné, avec toutes ces fleurs sur la tête ; il faut croire que sa nature de nymphe répugnait à s'en débarrasser, dans le fond, malgré une pudeur qui aurait normalement dû ressurgir. Il s'appliqua plutôt à éclairer les réflexion de Holly.

« J'ai été peint sur le tableau, mais ça ne change rien au fait que j'ai les souvenirs de la personne que je représente. D'une certaine manière, je – il, selon comment vous le voyez... Je suis... Deux en un ? J'ai des souvenirs d'une vie d'humain, et d'autres souvenirs d'une vie de tableau, donc même si moi, le personnage de tableau, je n'avais jamais senti le vent sur ma peau, mon modèle savait, et je suis lui. Ou il est moi, puisqu'il n'existe plus. Je ne sais pas trop comment ça fonctionne, mais il a des choses d'humains que je sais, et puis d'autres pas. C'est parfois un peu confus. »

L'Érudit ne savait pas, en réalité, s'il était l'équivalent d'un fantôme ou une simple représentation, mais dans le fond, ça ne changeait pas grand chose à ce qu'il disait. Il se rappelait de l'air frais, mais pas du goût de certains aliments, et il avait longtemps perdu son nom alors que les dates les plus insignifiantes de l'histoire de la magie ne lui avaient jamais échappé ; il était comme un vieux livre endommagé, où le temps aurait rongé certaines pages plus que d'autres. Cependant, il en faisait état avec beaucoup de sérénité.

« Je vous suis, mes excuses. »

Il lui était un peu difficile de s'éloigner de la forêt, d'autant plus qu'il accélérait pour le bon plaisir de la fillette, faisant usage de ses longues jambes sans se rendre compte que les siennes étaient bien plus courtes. Il se demanda vaguement ce qui arriverait lorsque la potion ne ferait plus effet, s'il n'était pas à côté de son tableau, mais cela ne le préoccupait pas tant que de ne pas être à côté d'un arbre.

Holly restait très impressionnée par les capacités du professeur d'Histoire de la Magie. En quelques secondes à peine, elle passait de bonbon rose à une version plus petite de la bonne vieille Holly Morgan.

« Merci beaucoup, professeur. »

Elle lissa un peu sa chemise et fit un tour sur elle-même pour admirer le merveilleux pantalon gris qui venait de chasser la robe inconfortable.

« C'est très zoli », ajouta-t-elle.

Elle se doutait que la première intention de son collègue avait été de lui donner de jolis vêtements, pas de l'humilier, mais ils n'avaient pas les mêmes critères et il ne pouvait pas savoir. Après tout, il était né en... en... Elle grignota sa lèvre inférieure en réfléchissant. Il l'avait probablement dit un jour mais elle avait oublié. Elle écouta attentivement ses explications, du moins autant que son cerveau d'enfant le lui permettait. Puis elle essaya de traduire audit cerveau les informations qu'il recevait. Le professeur avait été peint sur le tableau pour représenter "une vraie personne", quelqu'un dont il partageait les souvenirs et les sensations. Le reste n'était que charabia.

Holly ne s'y connaissait pas assez en arts magiques pour savoir si l'occupant du tableau avait été peint avant ou après le décès du modèle. Parce que dans le premier cas, le modèle avait dû continuer sa vie de son côté et acquérir des souvenirs et des connaissances que le tableau ne possédait pas. Dans l'autre cas, le tableau était la continuation du modèle, en quelque sorte, sa façon de vivre après la mort. Oula, ça devait être bizarre s'il avait un fantôme aussi. Holly se gratta la tête. Trop de réflexion.

Pis si ça se trouvait, c'était comme les tableaux des directeurs de Poudlard hein, rien de plus. D'ailleurs elle se demandait parfois si Bumblebee n'avait pas déjà sa propre toile, ça expliquerait qu'on ne le voit jamais. (Ça se trouve il était mort et on le savait même pas.) Elle rit bêtement. Sa maman aurait trouvé ça méchant mais la petite Holly trouvait juste l'idée complètement loufoque – et donc tout à fait appropriée à cette école.

« Ze peux vous demander en quelle année le monsieur dont vous êtes peint est né ? » demanda-t-elle – maladroitement certes – pour faire la conversation, alors qu'ils reprenaient leur marche vers le terrain de Quidditch.

Elle ne remarqua pas son malaise, le manque d'arbres, elle ne s'y connaissait pas assez en créatures magiques pour cela. En fait Holly s'y connaissait en peu de choses, pas parce qu'elle était bête, mais parce qu'elle avait laissé de côté toutes les connaissances qu'elle avait acquises à l'école pour se concentrer sur sa passion innée : le vol. Ils arrivèrent enfin en bordure du terrain de Quidditch, et elle s'accorda une pause, les mains sur les hanches. Officiellement, c'était pour admirer de plus près ce bel édifice qui avait l'air encore plus immense maintenant. Officieusement, elle avait de la peine à reprendre son souffle, ayant accéléré l'allure pour ne pas se faire distancer par les branches qui servaient de pattes à l’Érudit.

« Vous z'aimez ? C'est beau, hein ? Vous... vous l'aviez dézà vu avant ? »

Elle avait bien capté que ce n'était pas vraiment lui mais son modèle, mais on ne savait jamais, peut-être que quelqu'un avait accroché un tableau dans le coin. Et puis de toute façon, cette différence modèle - tableau était bien trop enquiquinante à mentionner. Le premier n'était plus là pour se plaindre, alors à quoi bon ? Il y avait juste le tableau, le gentil tableau du professeur d'Histoire de la Magie.

« Vous étiez dézà professeur avant d'être un tableau ? » enchaîna-t-elle, sautant du cocatris au centaure.

Elle entra par la porte des vestiaires et ajouta, dans le même état d'esprit :

« Z'espère que vous z'avez pas le vertize. C'est touzours plus difficile avec les élèves qui ont le vertize. Ça prend plusse de temps. »

Elle disait ça sans y penser car elle ne s'en rappelait pas vraiment, mais le temps leur était compté.